Portrait d’une plante médicinale oubliée, l’aurone mâle

Aurone mâle fleurs

(Artemisia abrotanum)

C’est une « artémise » peu connue (au regard des armoises, estragon et autres absinthe) que nous abordons aujourd’hui. Pratiquement oubliée de la médecine, même l’herboristerie ne lui rend plus guère hommage à travers phytothérapie et aromathérapie entre autres. Pourtant, on la découvre encore dans certains « jardins de curé » parmi d’autres simples. C’est dans un de ces jardins que je l’ai récemment rencontrée. Bien que son nom me soit familier, l’aurone a longtemps été pour moi une de ces plantes un peu mystérieuses dont le fabuleux passé ne fait pas de doute. Cette plante, reléguée aux oubliettes, sent bon l’apothicairerie d’antan. Mais point de nostalgie. Tentons plutôt de dresser un portrait moderne de la belle.

Chez les anciens Grecs et Romains, on trouve une plante qui répond au nom d’abrotonon (ou habrotonon). Ce sont essentiellement Pline et Dioscoride qui évoquent cette plante du sud. Que l’on indique que le mot grec artemisia signifie « intégrité », et par extension « bonne santé », et l’on aura déjà une belle idée de ce dont l’aurone est capable. Quant à l’adjectif abrotanum, il provient d’un autre mot grec, abrotès (bonheur, prospérité, magnificence, délicatesse, raffinement), lui-même issu d’abrotos, lequel confine au divin et à l’immortalité qui le caractérise. Pas mal pour une plante tombée depuis en désuétude. De là, on peut donc tranquillement dérouler l’existence multimillénaire de l’aurone, à moins que… Oui, en effet, avant de poursuivre, il est incontournable de mentionner le fait suivant : dans les textes anciens, on ne trouve pas qu’une seule aurone, mais deux ! Celle à laquelle cet article est dédié est dite mâle, l’autre femelle. C’est un usage assez répandu chez les Anciens que d’appliquer une dichotomie sexuée à deux plantes, ce qui est d’autant plus délicat que nos deux aurones appartiennent à deux genres bien distincts. Chacune d’elle possède des propriétés bien spécifiques, et l’on se doit de les connaître bien pour ne pas employer l’aurone mâle en lieu et place de l’aurone femelle, et inversement. Malgré cette distinction apportée lors de l’Antiquité, bien des confusions eurent lieu par la suite, ce qui est dommageable eu égard au caractère relativement dangereux de l’aurone femelle. Un petit dépoussiérage s’impose pour mieux comprendre la suite de notre affaire :

– Aurone mâle = Artemisia abrotanum = Aurone
– Aurone femelle = Santolina chamaecyparrus = Santoline

La première est assez proche botaniquement de l’absinthe, alors que la seconde s’apparente à la tanaisie. Malgré tout, cela n’empêchera pas Pline de déployer pour l’une des deux (sans notifier laquelle !) un éventail de pouvoirs. Si pour les anciens Grecs l’ensemble des artémises sont des plantes femelles, l’aurone, qui est bel et bien une artémise, occupe une place à part, puisqu’elle a été dite mâle (on l’appelle old man en anglais et eberrkraut en allemand, deux termes qui renforcent le caractère masculin de cette aurone). Pour la santoline, en revanche, l’adjectif femelle renvoie à des propriétés communes avec les armoises femelles, à savoir qu’il s’agit là de plantes de la Femme. Au contraire, l’aurone, plante mâle, présuppose un pouvoir aphrodisiaque : « On dit qu’une branche d’habrotonum placée sous l’oreiller, était aphrodisiaque et que la plante était très efficace contre les maléfices qui causent l’impuissance » (Ducourthial citant Pline, Flore magique et astrologique de l’Antiquité, p. 213). Les Grecs, très portés sur la question du nouage et du dénouage d’aiguillette, ne me donnent pas véritablement l’impression d’avoir fait l’erreur d’employer l’une ou l’autre aurone de façon indifférenciée. Ainsi, l’aurone mâle, contrairement aux autres artémises, était tenue comme aphrodisiaque, alors que la santoline, qui n’est pas une artémise, est englobée dans le groupe des plantes femelles aux côtés de ces mêmes artémises que sont armoise et absinthe. Effectivement, symboliquement tout oppose l’aurone mâle de l’aurone femelle. Si l’une est aphrodisiaque et génère la vie, la seconde est susceptible de l’ôter ! Les données scientifiques modernes l’attestent : l’aurone femelle, c’est-à-dire la santoline, est neurotoxique et potentiellement abortive (son huile essentielle contient un important taux de cétones qui la place au coude-à-coude avec la sauge officinale, l’hysope officinale et l’absinthe). La confusion manifeste entre aurone mâle et aurone femelle provient du fait qu’elles permettaient selon les anciens Grecs d’extirper des corps étrangers fichés dans la peau, et que cela leur a valu, par analogie, la propriété de faciliter la délivrance des femmes. De là à faire des aurones, qu’elles soient mâle ou femelle, des plantes emménagogues, il n’y a qu’un pas. S’il s’agit de délivrance, en aucun cas elle ne concerne la phase terminale de la grossesse, il s’agit bien plus d’une délivrance avant terme. Si l’aurone mâle semble finalement peu aphrodisiaque, elle n’est pas abortive comme l’aurone femelle. De même, cette dernière n’est pas emménagogue. Pour comprendre les analogies dressées par les Anciens, il est indispensable de prendre connaissance du cadre conceptuel qui leur permettait d’attribuer telle ou telle propriété à ces deux plantes. Si on les a toutes les deux qualifiées d’abortives, c’est qu’elles permettent de chasser les vers hors du corps (intestin) et de la peau (parasites cutanés). Comme le souligne Jacques Brosse dans sa Magie des plantes, « en bien des traditions […], le fœtus est considéré comme un parasite qui vit au détriment de l’organisme maternel » (p. 174). Ayant apparenté le fœtus à un ver, les Anciens firent donc de nos deux aurones vermifuges des plantes abortives. Vermifuges, elles le sont toutes les deux à la manière de la grabkraut allemande – l’absinthe –, mais seule la santoline est abortive. Par voie de conséquence, ces deux plantes étaient aussi protectrices contre les vers du tombeau, c’est pourquoi on les trouve encore parfois plantées dans l’enceinte de certains cimetières.

Aurone mâle

Au Moyen-Âge, l’aurone mâle a encore très belle réputation puisqu’elle est inscrite au Capitulaire de Villis, ce que souligne un peu plus tard Walafrid Strabo dans son Hortulus : « Le nombre de ses vertus est égal aux fibres de sa chevelure ». On recommande l’aurone mâle contre la toux, les maux d’estomac, les affections du cuir chevelu, les tumeurs et, enfin, contre tout ce qui peut représenter une présence inopportune dans le corps humain : le venin des insectes et des serpents, la teigne ainsi que toute la vermine, véritable plaie médiévale. Parmi ces recommandations, l’on ne sera pas surpris de découvrir qu’à cette époque encore, l’aurone mâle permettait d’extraire de l’épiderme des corps étrangers. De là à penser qu’il pouvait s’agir d’objets ensorcelés, le doute est autorisé. Cependant, il est vrai que l’aurone mâle fut employée dans des formes de délire furieux apparemment provoquées par possession ou envoûtement. Elle était, quoi qu’il en soit, suffisamment précieuse pour être ramassée agenouillé, en direction de l’est, tout en récitant des formules avant de la cueillir.

Après le Moyen-Âge, on retrouve l’aurone mâle chez bien des auteurs. La Renaissance, en la personne de Matthiole, indique l’aurone mâle comme vermifuge majeur, propre à nettoyer les plaies infectées et suppurantes, prévenir l’alopécie. Plus tard, Horst (1660) la dit fébrifuge. Lémery, fin XVII ème, qui relate son caractère amer, insiste sur ses propriétés vermifuges et antiparasitaires. Il la qualifie aussi de détersive, de vulnéraire et de résolutive, un ensemble de propriétés jouant un rôle d’importance dans des affections que soulignera Cazin au XIX ème siècle : gangrène, ulcère putride, ulcère vermineux. Lémery, comme plus tard Schulz, notera aussi une action de l’aurone mâle sur la sphère gastro-intestinale : apéritive, digestive et carminative, notre plante intervenait en cas d’entérite et de diarrhée.

Au XX ème siècle, la confusion règne encore entre les deux aurones. Dans les années 30, le docteur Leclerc évoque l’aurone femelle dans son Précis de phytothérapie, mais il lui attribue les surnoms vernaculaires de l’aurone mâle que sont citronnelle, garde-robe et arquebuse (des termes que l’on expliquera plus loin). De la santoline, il ne mentionne guère que ses propriétés anthelminthiques et passablement aphrodisiaques (ce qui est une erreur comme l’indique Antoine Mézauld cité par Leclerc dans le passage qu’il accorde à la santoline). Plus proche de la tanaisie que de l’armoise, la santoline est effectivement antiparasitaire intestinale et cutanée, antifongique, mucolytique et, comme nous l’avons dit plus haut, neurotoxique et potentiellement abortive (huile essentielle interdite chez le nourrisson, chez la femme enceinte, chez la femme qui allaite). En revanche, Valnet, s’il n’aborde pas la santoline, fait de l’aurone mâle un portrait fidèle. Tonique, détergente, stomachique, cicatrisante et vermifuge, le docteur Valnet préconisait l’aurone mâle en cas de parasitoses intestinales (oxyures, ascarides…) et de difficultés digestives. Il souligne aussi les propriétés emménagogues de l’aurone en cas de règles difficiles (ce qui fait de l’aurone une proche cousine de l’estragon), enfin en cas de plaies infectées et d’ulcères cutanés.
Tout comme l’estragon, l’aurone mâle n’est pas une plante indigène en France, où elle aurait été introduite au XV ème siècle. Assez proche du génépi dans certains de ses usages populaires, elle prend parfois le nom d’arquebuse en Dauphiné, où on la cultive encore pour produire un apéritif du même nom. Il est vrai que la subtile et légère odeur de citron que dégage cette plante aura rendu favorable son usage médicinal par ce biais (même si bien des boissons médicinales sont devenues, au fil du temps, de simples boissons de confort…). C’est son parfum qui a donc valu à l’aurone le surnom si usité de citronnelle.
Sous-arbrisseau d’environ un mètre de hauteur, le feuillage « chevelu » de l’aurone est découpé en très fines lanières légèrement grisâtres. Ce sont ses feuilles, ainsi que les denses capitules formés de nombreuses fleurs jaunes, que l’on suspendait autrefois dans les armoires pour prémunir le linge des mouches et des mites, ce qui explique son autre nom vernaculaire de garde-robe.

Peu plébiscitée aujourd’hui en France, l’aurone mâle est cultivée en grand dans des pays comme l’Égypte. Distillée à la vapeur d’eau, l’aurone fournit une huile essentielle dont la cherté n’a d’égal que la pauvreté des sources françaises à son sujet. C’est pour cela que je ne l’aborderai pas sous le prisme de l’aromathérapie.

© Books of Dante – 2015

La verveine citronnée

verveine citronnée

(Lippia citriodora ou Aloysia triphylla)

La plante dont on va aujourd’hui parler répond à de si nombreux noms vernaculaires qu’on pourrait légitimement être tenté de penser qu’ils désignent des plantes différentes les unes des autres, tant certains sont surfaits et d’autres pourvoyeurs d’idées fausses. J’ai donc spécialement collecté pour vous un petit nombre de ces appellations parmi les plus courantes. Petit florilège : citronnelle, verveine citronnelle, verveine odorante, verveine citronnée, verveine des Indes, thé arabe. Entre des localisations géographiques variées et des rapprochements avec d’autres plantes, il est vrai qu’il est parfois difficile de faire de nettes distinctions. Certains noms doivent impitoyablement être rejetés :

– Verveine des Indes : la plante à l’étude n’est pas originaire d’Asie. Verveine des Andes eut été plus juste puisque notre plante provient d’Amérique du sud.
– Verveine citronnelle, citronnelle : c’est un emploi abusif du mot citronnelle, lequel qualifie des plantes asiatiques.
– Thé arabe : bien que largement cultivée et employée en Afrique du nord, la verveine n’appartient pas à la famille du théier. Malheureusement, le terme générique de « thé » a fini par regrouper des plantes dont on fait une infusion.

En revanche, les autres dénominations sont largement convenables :

– Verveine odorante : si on l’oppose à la verveine officinale – quasiment dénuée d’odeur – cet adjectif est parfait.
– Verveine citronnée : ici l’on sait que la verveine est odorante, puisque son parfum rappelle celui du citron.

Par ailleurs, d’autres plantes qui ne sont pas des verveines sont parfois désignées comme tel :

Verveine indienne : lemongrass (Cymbopogon flexuosus)
– Verveine Yunnan : litsée (Litsea cubeba)
Cela, très certainement, en raison du fait qu’elles présentent de forts points communs avec la verveine citronnée (parfum, propriétés et usages thérapeutiques).

Bien. Ceci étant dit, passons dès à présent à la suite de cet article, dans lequel j’utiliserai le nom de verveine citronnée pour nommer la plante du jour.

La verveine citronnée, originaire d’Amérique du sud (Chili, Pérou, Bolivie…), n’est connue en Europe que depuis le XVIII ème siècle. Sur ses terres natales, elle pousse à haute altitude et naturellement en pleine terre, ce qui n’est pas toujours le cas en Europe. En effet, un climat un peu trop froid peut lui être fatal. Craignant le gel, il faut alors opter pour une plantation en bac que l’on prend soin de mettre à l’abri durant la saison hivernale. Dans le sud de la France, elle peut pousser en pleine terre ; pailler le pied peut parfois lui être profitable.
Cet arbuste, dont la taille varie de un à trois mètres, est pourvu de longues tiges ligneuses qui portent des verticilles de feuilles lancéolées, rugueuses et à la forte odeur de citron lorsqu’on les froisse. Entre juillet et septembre, c’est la période de floraison. Discrète, la verveine se pare de panicules pyramidaux de petites fleurs blanches qui ne fructifient pas en Europe.
Depuis son introduction européenne, on la cultive en Espagne, en Afrique du nord (Maroc, Algérie, Tunisie), ainsi que dans le midi de le France. Afin de répondre à une demande croissante, l’Inde, la Réunion et les Antilles produisent aussi de la verveine citronnée.

verveine citronnée

La verveine citronnée en aromathérapie

Huile essentielle : description et composition

Très odorante comme l’indique son nom, l’huile essentielle de verveine citronnée développe une caractéristique odeur de citron et de cédrat, mais sans présenter le côté piquant et frais de ces derniers. Ici, c’est plus doux, plus herbeux, floral aussi, rappelant le géranium bourbon. Se dégagent également des relents épicés évoquant de très loin le curcuma. D’incolore à jaunâtre, elle peut légèrement foncer avec le temps. Une tonne de feuilles fraîches est nécessaire pour obtenir un à sept kilogrammes d’huile essentielle de verveine citronnée. Nous avons affaire à un très faible rendement (0,1 à 0,7 %), ce qui explique pourquoi cette huile essentielle est souvent coupée avec d’autres huiles (lemongrass, citronnelle de Java, litsée…).
Les rameaux feuillés, distillés à la vapeur d’eau, produisent une huile essentielle dont la composition biochimique peut évoluer en fonction de la période à laquelle la verveine est récoltée :

  • Avant floraison : feuilles vert cendré, parfum subtil et léger.
  • Après floraison : feuilles plus riches en huile essentielle, parfum plus prononcé mais moins fin.

On peut tout de même indiquer quelques chiffres :

  • Aldéhydes : 20 à 40 %
  • Sesquiterpènes : 25 à 30 %
  • Monoterpènes : 15 à 20 %
  • Monoterpénols : 8 à 15 %
  • Sesquiterpénols : 5 %
  • Oxydes : 5 %
  • Esters : 4 %

Propriétés thérapeutiques

  • Anti-infectieuse (plus ou moins variable selon le profil biochimique) : antibactérienne, antivirale, antifongique, antiparasitaire, antiseptique atmosphérique
  • Anti-inflammatoire puissante (bien davantage que lemongrass et litsée)
  • Antispasmodique
  • Stimulante endocrinienne (vésicule biliaire, pancréas, rate, thyroïde, gonades mâles et femelles)
  • Stomachique, apéritive, digestive
  • Litholytique (qui permet de drainer les lithiases)
  • Hypotensive
  • Négativante
  • Cicatrisante
  • Active sur le SNC : sédative puissante, calmante, anxiolytique, neurotonique, antidépressive

Usages thérapeutiques

  • Troubles cardiovasculaires : hypertension, tachycardie, extrasystole, fatigue cardiaque, palpitations, coronarite
  • Troubles gastro-intestinaux : entérocolite, colite, amibiase, dysenterie amibienne
  • Maladies auto-immunes : maladie de Crohn, sclérose en plaques
  • Troubles rénaux et urinaires : lithiase rénale et urinaire, inflammation rénale, cystite, cholécystite
  • Douleurs articulaires, rhumatismales, névralgiques et tendineuses
  • Fatigue et faiblesse oculaire
  • Infections parasitaires, fongiques et virales : grippe, herpès labial et génital, leishmaniose, maladie de Chagas, malaria,
  • Psoriasis
  • Stress, anxiété, angoisse, déprime, dépression, fatigue nerveuse, trouble du sommeil, insomnie, manque de concentration, somnolence, apathie

Modes d’emploi

  • Voie orale raisonnée
  • Voie cutanée diluée
  • Diffusion atmosphérique, olfaction

Précautions d’emploi, autres usages

  • En cas d’usage cutané, cette huile essentielle peut occasionner des démangeaisons, des érythèmes avec sensation de chaleur, si elle est utilisée pure ou insuffisamment diluée. De même, la diffusion atmosphérique peut être à l’origine d’une irritation des muqueuses. L’employer en faible quantité accompagnée d’autres huiles essentielles peut être profitable.
  • Certains lots d’huile essentielle de verveine citronnée contiennent parfois des furanocoumarines dont la phototoxicité est bien connue. Attention à l’exposition solaire après application cutanée.
  • Attention aux contrefaçons. L’huile essentielle de verveine citronnée est rare et chère, donc…
  • On évitera l’emploi de cette huile essentielle durant la grossesse.
  • En phytothérapie, on retrouve la verveine à l’état de feuilles sèches. Attention de ne pas abuser de son infusion. A hautes doses, la verveine peut irriter les muqueuses stomacales.
  • En cuisine, les feuilles, tant fraîches que sèches, aromatisent certaines préparations culinaires : sauces, marinades, gâteaux, glaces, sirops, liqueurs (Verveine du Velay), etc.
  • En parfumerie, elle est réservée aux produits de luxe.

© texte : Books of Dante – 2015
© photos : Pescalune Photography

verveine citronnée

Le poivre noir

poivre_noir_grains

Il est probable que les premières traces écrites faisant référence au poivre aient été rédigées dans sa terre natale, l’Inde. (Des textes ayurvédiques ? Possible, sachant que cette épice est encore très employée par cette médecine.)
Lors de l’Antiquité, très tôt, dès le IV ème siècle av. J.-C., Théophraste évoque déjà deux types de poivres : le Piper nigrum et le Piper longum. Ce qui laisse supposer qu’il existait déjà des échanges entre l’Asie et le bassin méditerranéen à cette époque. Peut-être même qu’Alexandre le grand a été pour quelque chose dans l’introduction du poivre en Occident, car ce puissant personnage de l’Antiquité grecque sera parvenu jusqu’à la vallée de l’Indus.
Plus tard, le médecin grec Dioscoride fit l’erreur qui consiste à penser que poivre blanc et poivre noir sont issus de deux plantes différentes. Mais n’ayant jamais vu de poivrier, l’erreur était presque inévitable. (Il faudra attendre le VI ème siècle ap. J.-C. pour que le marchand et géographe grec Constantin d’Antioche fasse une rigoureuse et complète description du poivre et de sa culture.)
Chez les Romains, le poivre est à la fois une drogue médicinale et une substance culinaire. Une très forte demande de poivre durant l’Antiquité romaine amena le poivre à être l’objet de falsification. Pline l’ancien rapporte qu’on le mélangeait à de la poudre de graines de moutarde ou de baies de genévrier. C’est souvent le cas des produits rares et chers (cf. le safran). Nous verrons que cette tendance à faire usage de faux ne restera pas l’exclusivité de l’Antiquité. Le poivre présente tant d’attrait (pour ceux qui n’en ont pas ou peu) que lors du sac de Rome par les Goths menés par Alaric à l’été 410, ceux-ci exigèrent non seulement de fabuleuses quantités d’or et d’argent comme tribut de guerre, mais également 3 000 livres de poivre !

Au Moyen-Âge, on parle plus que jamais du poivre, et ce d’autant plus qu’il se raréfie. Il est alors l’épice la plus convoitée et estimée, donc la plus chère. Vendu au prix de l’or chez les apothicaires, il devient rapidement « l’or noir », une monnaie d’échange à l’instar du « blanc », le sel. Les actuelles et communes salières et poivrières ont été l’objet d’une véritable frénésie médiévale. Posséder du poivre était signe de richesse et d’opulence. D’ailleurs, certaines expressions font référence à cet état de fait : cher comme poivre, payer en espèces (en épices), etc.
Si le poivre a été l’épice centrale des tables des riches notables de l’époque (en compagnie de la cannelle, du clou de girofle, du gingembre et de la muscade), il fit aussi son entrée en médecine. L’école de Salerne lui reconnaît une capacité à adoucir la toux et à chasser la fièvre ; de plus, il est un stimulant de l’appétit et de la digestion. Hildegarde le connaît également bien. Selon elle, en compagnie du galanga, le poivre permet de limiter l’abondance d’humeurs dans les viscères. Ce en quoi elle a raison, puisque le poivre purge le fois et les intestins, et, de par ses qualités expectorantes, nettoie les poumons des mucosités qui peuvent les encombrer. Chaud et sec, sa force bouillonnante permet de lutter contre le refroidissement de l’estomac (des fois, je me demande si Hildegarde n’a pas été initiée à la médecine traditionnelle chinoise ^^). Il ouvre l’appétit et combat la nausée avec anis vert et cumin, ainsi que la mauvaise haleine. Fébrifuge, il vient à bout des fièvres tierces (accès fébriles revenant tous les trois jours). Enfin, information non des moindres, le poivre permet d’éviter les états splénétiques, un mot qui se doit d’être ici expliqué. C’est-à-dire que le poivre aide l’atrabilaire et la mélancolie qu’il éprouve. On sait que l’atrabile, la bile noire, est une humeur nocive secrétée par la rate. Et qu’elle serait à l’origine de la mélancolie. Aussi, le poivre noir serait l’antidote du spleen. Nous verrons plus loin en quoi cette observation est fort judicieuse, le poivre semblant entretenir une relation avec le méridien de la rate/pancréas.

Tout cela est bien beau, mais cela ne peut faire oublier la relative pénurie de poivre au Moyen-Âge. Pourtant, il a eu une chance en la personne de Marco Polo. Ce célèbre marchand vénitien du XIII ème siècle s’est rendu en Inde et a foulé la terre natale du poivre, la côte de Malabar. Il a transcris cela et bien d’autres choses dans ses écrits, mais ne fut pas véritablement entendu par ses contemporains. Cela n’allait pas arranger les affaires du poivre en Europe médiévale. Il resta encore et toujours rare et cher. Cette cherté s’explique par bien des facteurs : une origine lointaine, un pays de naissance fantasmagorique, hanté disait-on, dangereux (ou supposé comme tel), des voies de communication aléatoires (très longues et lentes par la route, semées d’embûches par la mer), la contrebande, etc.
Malheureux Marco Polo ! Ce sont les marchands arabes qui firent transiter le poivre des ports de la côte de Malabar jusqu’à… Venise ! (Tout en passant par Aden et Alexandrie.) Cependant, au siècle précédent, les Vénitiens comprirent dans quelle mesure l’occupation chrétienne de la Terre Sainte lors des trois premières croisades pût leur être profitable. Grâce aux récits de Polo, on eut une idée un peu plus précise du chemin qu’empruntait le poivre pour parvenir jusqu’en Europe. Malgré cela, les Arabes conservèrent longtemps le monopole du poivre, un commerce fleurissant qui s’exprima à travers des villes islamiques prospères.
Du poivre parvenait donc à nouveau en Europe dans des quantités plus importantes. De Venise, il voyageait en direction des autres grands ports italiens et français, gagnait les Alpes et la vallée du Rhône, avant de se répandre plus au nord : la capitale, les Flandres, l’Angleterre… Son prix vint-il à baisser ? Que nenni ! Sa cherté s’explique par le fait qu’il est encore très recherché. (Il le restera jusqu’au XVI ème siècle, au moins.) S’il reste onéreux, c’est parce qu’il est lourdement taxé et imposé, d’une part par les Arabes, d’autre part par les Vénitiens. Vous voulez du poivre ? Payez ! La recherche du poivre s’accompagne de celle des bénéfices, ce qui multiplie grandement son prix.
Celui que les Vénitiens appelaient graine de paradis (c’est ainsi qu’ils nommaient tous les poivres sans exception) n’allait pas tarder à attiser la convoitise d’autres puissances européennes qui entendaient bien briser le monopole vénitien du poivre (et plus largement des épices) en Europe.
Pour s’affranchir de ce monopole, les Portugais décidèrent de grandes explorations. Les voyages de Christophe Colomb procèdent de cette intention, même s’il revint sans poivre ni épices. C’est Vasco de Gama, quelques années plus tard, qui, empruntant un autre chemin maritime, parvint aux Indes. De là naquirent les échanges entre Portugal et Orient. En 1522, en vit arriver le premier navire chargé d’épices dans le port d’Anvers. A partir de là, les cours du prix du poivre chutèrent en Europe. Mais les Portugais n’attendirent pas pour imposer, eux aussi, leur monopole sur les épices, avant d’être détrônés par les Hollandais. En France, il faut attendre le milieu du XVIII ème siècle pour que le pays puisse se soustraire à ce jeu de chaises commerciales. Un homme au nom prédestiné, Pierre Poivre, fut l’artisan du développement de la culture des épices (poivre, clou de girofle, cannelle…) sur un territoire anciennement désigné « l’île Bourbon » : la Réunion.
Malgré tous ces efforts pour rendre le poivre accessible, il sera encore falsifié, d’autant plus facilement lorsqu’il était vendu sous forme de poudre. La tâche des faussaires s’en trouvait ainsi facilitée. Il se vendait alors des poivres en poudre auxquels on mêlait de la farine, de la terre, de la poussière de craie et parfois les balayures de l’échoppe qui en faisait le commerce ! Ces mélanges frauduleux seront tardivement interdits puisque ce n’est qu’au XVIII ème siècle que des décrets tentèrent d’y mettre fin.

Aujourd’hui, le poivre est utilisé dans de nombreuse régions du monde, pour ses vertus culinaires surtout, médicinales dans une plus petite mesure. Il n’est plus aussi charismatique en Europe occidentale qu’il ne l’a été au Moyen-Âge par exemple. Qui se battrait pour une poignée de poivre ? Qui engagerait une guerre commerciale pour une once de ces grains ? Il a subi, comme beaucoup de plantes, une banalisation en raison de sa communauté dans nos cuisines. Il a certes perdu son lustre et son luxe d’antan, mais cela ne saurait faire oublier le caractère sacré que le poivre a en Inde. Le poivre blanc a été l’objet d’un véritable culte sur la côte de Malabar, comme le rapporte Antonio Murchio, un prêtre italien qui s’est rendu aux Indes au XVII ème siècle pour y inspecter les missions chrétiennes. Le poivre, tenu en grande estime, était offert aux divinités, raconte-t-il dans ses récits de voyages. D’autres Italiens, les Vénitiens encore une fois, ne comparaient-ils pas les grains de poivre aux étoiles ?

Comme cela a été le cas pour le gingembre, on aura surtout retenu le caractère aphrodisiaque du poivre. Une expression comme « avoir du poivre entre les jambes » et une autre telle que « être au poivre » (avoir la syphilis) en témoignent. Cette caractéristique érotique du poivre s’illustrait encore dans les compagnes françaises au XIX ème siècle. Une soupe traditionnelle, la soupe aux mariés, était assaisonnée de poivre et d’autres épices afin de stimuler les époux à la veille de leur nuit de noce. On administrait aussi du poivre aux coqs pour des raisons identiques.

Tout comme la clématite ou le lierre, le poivrier est une liane qui pousse sur les sols alluviaux riches et ombragés des zones tropicales chaudes et humides. Vivace à tiges robustes, le poivrier porte des feuilles en forme d’as de pique, marquées de fortes nervures longitudinales. Ses fleurs blanches minuscules s’organisent en grappes. Ce sont elles qui produiront les grains de poivre, des baies tout d’abord vertes puis rouge foncé.
Le poivrier est aujourd’hui cultivé en dehors de l’Asie : en Afrique (Madagascar) et en Amérique du sud (Brésil). Pour en faciliter la récolte, cette liane doit être aidée d’un support comme un tuteur pour s’élever dans les airs, sans quoi elle ramperait sur le sol et s’enracinerait de loin en loin.

poivrier

Le poivre noir en aromathérapie

Huile essentielle : description et composition

Aussi banal que puisse être le poivre en cuisine, son huile essentielle n’est pas forcément très courante ni très sollicitée. Si nous savons que les appellations poivre noir, poivre blanc et poivre vert désignent toutes la même plante, celui qui nous intéresse en tant que partie végétale distillée est le premier. La couleur de l’huile essentielle de poivre noir s’oppose à celle de la baie dont elle est tirée : en effet, cette huile est incolore. Très fluide et mobile, elle est assez légère (densité : 0,87). Selon l’analyse biochimique, elle se répartit pour 55 à 65 % dans les monoterpènes et pour 30 à 35 % dans les sesquiterpènes. Parmi ces deux classes moléculaires, on retrouve des noms connus : le limonène (20 %), l’alpha-pinène (12 %), le béta-pinène (13 %), le béta-caryophyllène (20 %), pour n’en citer que quelques-uns. Aussi, par cette voie, serait-on tenté d’attribuer à cette huile essentielle une odeur citronnée et résineuse, additionnée d’une large touche de maniguette, mais cela représente un portrait robot inexact. Le bon sens voudrait que l’on retrouve dans son parfum l’odeur chaude, piquante et sternutatoire du poivre moulu. Mais non. Les principes qui sont à l’origine du caractère épicé du poivre – dont la pipérine entre autres – ne se retrouvent pas dans l’huile essentielle de poivre noir.

Propriétés thérapeutiques

  • Antiseptique aérienne, antibactérienne
  • Expectorante, fluidifiante des sécrétions bronchiques, anticatarrhale
  • Apéritive, stimulante du système digestif, stimulante hépatopancréatique, détoxifiante hépatique, protectrice hépatique, détoxifiante intestinale, promotrice d’absorption au niveau intestinal, carminative, antinauséeuse, régulatrice du transit
  • Antalgique, odontalgique
  • Immunostimulante
  • Antioxydante majeure
  • Tonique et stimulante du système nerveux
  • Fébrifuge
  • Aphrodisiaque

Par ailleurs, cette huile essentielle jouit de propriétés que l’on rencontre rarement. Elle rehausse et dynamise d’autres huiles essentielles en potentialisant leurs effets. Par exemple, elle renforce l’action intestinale des huiles essentielles de gingembre et de curcuma, ainsi que l’action mentale de l’huile essentielle d’oliban. Ce sont là d’intéressantes informations, liant tout à la fois la sphère digestive et la sphère mentale. L’action du poivre sur l’intestin a un effet indirect sur le psychisme. Comme l’indique Michel Faucon, « l’intestin secrète beaucoup de neuromédiateurs. » On sait que l’intestin contient des neurones, dans une proportion certes moins importante que celle que l’on trouve dans le cerveau. En réchauffant l’appareil digestif, le poivre apporte quiétude, équilibre et bien-être. Nous sommes donc bien en présence d’une huile essentielle qui semble révéler la communication existante entre ce que l’on appelle de plus en plus communément les deux cerveaux. Ce qui, du reste, s’exprime également de manière énergétique, puisque le chakra couronne (la « tête ») entretient d’étroites relations avec le chakra du plexus solaire (le « ventre »).

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère digestive : par augmentation de la sécrétion des sucs pancréatiques, autorise une meilleure digestion des hydrates de carbone et des graisses, insuffisance digestive et hépatopancréatique, inappétence, atonie digestive, constipation, infection intestinale, flatulence, ballonnement
  • Troubles de la sphère respiratoire : laryngite, angine, maux de gorge, bronchite, bronchite chronique
  • Troubles ostéo-articulaires et musculaires : rhumatismes, arthrite, entorses, foulure, lumbago, courbature
  • Odontalgie (en application locale comme les huiles essentielles de clou de girofle, de menthe poivrée et/ou de laurier noble)
  • Fièvre
  • Goutte
  • Asthénie sexuelle

Vous avez remarqué à quel point une épice chaude peut donner naissance à une huile essentielle qui calme bien des inflammations ? :-)

D’un point de vue psycho-émotionnel…

  • Il y a chez l’huile essentielle de poivre noir une légèreté que l’on retrouve beaucoup moins dans le poivre sous forme de grain. Le poivre noir, lorsqu’il est moulu, laisse s’échapper cette légèreté, c’est-à-dire les arômes (les molécules volatiles). Lorsqu’il est tuteuré, le poivrier, en tant que liane, vit entre ciel et terre, mais jamais assez proche du soleil pour être extrêmement brûlant, comme le piment. Son huile essentielle exprime assez bien cet état de fait. Aérien, le poivre ? Oui, eu égard aux monoterpènes ainsi qu’aux sesquiterpènes positivants que son huile essentielle recèle, il est relié à l’élément Air, une caractéristique soulignée par le climat nécessaire à sa croissance : chaud et humide (cf. les 4 principes déterminant les quatre éléments et dont j’ai parlé dans cet article). Aérien, il l’est aussi par sa volatilité. L’huile essentielle de poivre noir déposée sur la peau se dissipe très rapidement sans la brûler. On peut dire qu’elle est une chaleur qui s’élève, contrairement à une huile essentielle de cannelle de Ceylan « écorce » présentant une chaleur qui stagne sur la peau, à tel point qu’elle peut lui infliger de sévères rougeurs.
    A travers cette huile essentielle, il y a circulation, sécrétion et excrétion, on est dans un dynamisme de l’échange, de la communication relative à l’Air.
  • Le méridien des poumons n’est donc pas très loin. Une énergie défaillante à ce niveau peut induire de la mélancolie, de la tristesse et du chagrin (rappelons-nous des paroles de Hildegarde), mais également des problèmes que l’on retrouve dans la liste des usages thérapeutiques ci-dessus : refroidissement, bronchite, immunodépression…
  • Puisque nous parlons de mélancolie – cette fameuse bile noire en serait à l’origine – rendons-nous auprès du méridien de la rate/pancréas. On connaît l’action majeure de l’huile essentielle de poivre noir sur cette sphère. Cette huile essentielle peut intervenir sur ce méridien en cas de manque de dynamisme et de tonus, de blues (le spleen ?), de déprime… mais également sur son corollaire, le méridien de l’estomac. Si l’énergie vient à manquer dans ce méridien, l’on n’a plus les pieds sur terre, on exige plus d’effort pour se concentrer, etc. Si le poivrier est aérien, il demeure tout de même solidement fiché en terre par ses racines, il ne saurait, pour survivre, se priver du substrat qui le porte. C’est en cela que l’huile essentielle de poivre noir peut être utile au méridien de l’estomac.

Modes d’emploi

  • Voie orale
  • Voie cutanée
  • Diffusion atmosphérique, olfaction

Contre-indications et autres emplois

  • Contrairement à ce qui est dit dans certains livres, l’huile essentielle de poivre noir n’a rien de dermocaustique, tout au plus est-elle irritante pour la peau en raison de la présence de molécules potentiellement allergisante (limonène, pinène).
  • En phytothérapie, il est possible d’utiliser du poivre noir concassé en infusion par exemple. Cependant, sous cette forme, il implique bien des contre-indications qui ne concernent pas son huile essentielle : hypertension, hémorroïdes, gastrite, ulcère stomacal.
  • En cuisine, on ne le présente plus, tant il est « épice universelle », condiment indispensable avec le sel. Rares sont les tables de restaurants où l’on ne trouve pas de poivrière au côté de la salière.
    -Poivre noir : cueilli avant maturité (il est alors vert) puis séché au soleil.
    -Poivre vert : cueilli avant maturité puis surgelé (c’est ainsi qu’il conserve sa couleur)
    -Poivre blanc : cueilli à maturité, lorsque la baie est rouge vif. On la débarrasse ensuite de cette enveloppe pour n’en garder que le cœur se présentant sous forme de petite bille blanchâtre.
    -Poivre gris : c’est un mélange de poivre blanc et de poivre blanc.
    -Poivre rose : abusivement qualifiée de poivre, celle que l’on appelle plus communément baie rose n’est pas une plante de la même famille que celle du poivrier.
    -Poivre de Sichuan : ce n’est pas non plus un poivre, cette plante appartient à la famille des Rutacées.

Selon les usages que l’on souhaite faire du poivre en cuisine, on l’emploiera tantôt entier tantôt moulu. Dans ce dernier cas, mieux vaut l’utiliser le plus tard possible afin d’éviter que ses arômes ne s’éventent et qu’il ne conserve que son piquant.

© Books of Dante – 2015

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