Comment soigner et guérir une verrue avec trois fois rien

Chélidoine-2

Les verrues sont des tumeurs bénignes qui enquiquinent l’être humain depuis des lustres. Entre procédés magiques et techniques empiriques, l’homme n’aura eu de cesse de mettre en œuvre une foule de moyens pour se débarrasser de ces excroissances.
La recette que j’expose ici ne nécessite ni de courir la campagne à la recherche de la fameuse « herbe aux verrues » (Chelidonium majus ci-dessus) ou de faire l’achat de tout un tas d’huiles essentielles. Aujourd’hui, on se débrouille avec les moyens du bord, fort simples au demeurant, puisqu’on les trouve dans toutes les cuisines. Il nous faut donc :

  • Un citron
  • Du vinaigre de cidre ou de vin rouge
  • Du sparadrap

La veille du jour où vous avez l’intention d’entamer le traitement, préparez vos ingrédients. A l’aide d’un couteau, découpez dans le zeste du citron de petites lamelles de la taille d’une pièce de monnaie. Placez-les dans un petit récipient et couvrez-les de vinaigre. Laissez macérer une nuit entière.

Le lendemain matin, lavez-vous soigneusement les mains (ou les pieds selon l’emplacement de la verrue). Prélevez un petit morceau de zeste de citron qui sera alors bien imbibé de vinaigre. Placez-le sur la verrue à traiter et maintenez-le à l’aide du sparadrap, sans trop serrer la bande adhésive.

Le soir du premier jour venu, enlevez votre pansement usagé. Laissez votre peau sécher et respirer pendant une à deux heures avant de replacer un nouveau pansement pour la nuit. Procédez de cette manière (un pansement le matin pour la journée, un pansement le soir pour la nuit) pendant autant de fois que nécessaire.

Jour après jour, prenez le temps d’observer comment votre verrue se comporte. Au bout de 3 ou 4 jours de traitement, elle devrait commencer à brunir et presque noircir. Cela signifie qu’elle est en train de « mourir ». Peut-être aurez-vous la chance, tout comme moi, de voir cette excroissance se détacher sans difficulté après 4 jours.
Dès lors que la verrue est « tombée », à son emplacement la peau est à vif mais ne saigne pas. Vous avez plusieurs possibilités pour achever le travail :

  • Appliquez pendant 1 à 2 jours de nouveaux pansements vinaigrés/citronnés. Attention, ça picote ! A terme, une croûte (du sang séché) se forme et joue le rôle de bouchon de cicatrisation.
  • Abandonnez citron et vinaigre, et appliquez de l’argile verte en cataplasme sur la zone. A renouveler autant de fois que nécessaire.
  • Préparez une petite synergie antiseptique et cicatrisante à l’aide d’une huile végétale et d’une ou plusieurs huiles essentielles (pin sylvestre, cèdre de l’Atlas, lavande fine, arbre à thé, ravintsara, etc.).

15 jours après avoir démarré votre traitement, en lieu et place de votre verrue, il ne devrait y avoir plus qu’une cicatrice :-)

© Books of Dante – 2014

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L’anis vert

Synonymes : anis d’Europe, petit anis, boucage odorant, pimprenelle.

Anis_fleurs

La présence de l’anis auprès de l’Homme ne date pas d’hier. Il était cultivé en Égypte il y a 4 000 ans (et on ne sera pas étonné de le retrouver au sein du papyrus d’Ebers). En Inde, certains auteurs estiment qu’il est connu depuis le V ème siècle av. J.-C. Mais, figurant dans les Véda, il y a de fortes chances pour que son ancienneté remonte à plus loin dans le temps. Ayurvéda et médecine traditionnelle chinoise en firent l’usage et indiquaient déjà le rôle galactogène de l’anis.
Durant l’Antiquité classique, on retrouve l’anis sur les tables ainsi que dans les armoires à pharmacie. Aux temps de Pythagore puis d’Hippocrate, on vanta sa capacité qui permettait aux femmes d’accoucher plus facilement en respirant le parfum de cette plante, ce que d’antiques auteurs lui dénièrent. Mais, ceux-là, l’Histoire les a oubliés. Ce qui n’est que justice, puisque les deux célèbres Grecs avaient raison. On en fit même des pastilles antivenimeuses, ainsi que des amulettes qu’on plaçait sous les oreillers afin qu’elles permettent aux dormeurs de chasser les mauvais rêves. Plus tard, Dioscoride indique que l’anis facilite la respiration, qu’il soulage les douleurs et qu’il apaise la soif. Ce qui, à ce jour, est toujours d’actualité. Pline l’Ancien note des usages condimentaires (l’anis est le digestif post-orgie des Romains) et médicinaux (indigestion, flatulences, halitose, hoquet…). Chez les Grecs, on l’appelle tragion (1), pimpinella chez les Romains (mot qui désigne aussi les pimprenelles qui n’ont pas de rapport avec l’anis).
Le Moyen-Âge évoquera lui aussi les qualités thérapeutiques, aromatiques et culinaires de la plante à travers le Capitulaire de Villis, l’école de Salerne et Albert le Grand.
Cultivé en grand en Alsace au XIX ème siècle, il est vrai que cette « semence chaude » (terme par lequel on désigne la coriandre, le fenouil, l’anis et le carvi) n’est pas issu de ces terres froides. En effet, il est originaire du Proche-Orient (Syrie, Turquie…). Ainsi, selon son aire de culture, la couleur de ses graines peut changer, ses qualités aromatiques également. Par exemple, on dit de l’anis de Tunisie qu’il est vert et doux, alors que l’anis russe, noirâtre, est de piètre qualité.

L’anis est une petite plante annuelle de 20 à 50 cm de hauteur. Les feuilles, portées par des tiges creuses et cannelées, sont de deux sortes (typique chez les Apiacées) : longuement pétiolées, arrondies et dentées à la base, pennées, étroites et en éventail dans les parties hautes de la plante. En fin d’été, on voit apparaître des capitules de fleurs blanches qui produisent des akènes vert grisâtre : les graines d’anis !

Anis_vert_graines


  1. Le mot grec tragion s’explique ainsi : cette plante était consommée par les boucs blessés par des flèches ! Une autre histoire de bouc transparaît à travers l’un des noms de l’anis, boucage odorant. Si elle a été appelée ainsi c’est en raison du fait que toute la plante dégage une forte odeur, de la à dire qu’elle pue, il n’y a qu’un pas. On a donc fait une relation entre cette plante et le bouc, ce qui a mené d’anciens astrologues grecs à faire de l’anis une des plantes de la constellation du capricorne ! Un truc à rendre chèvre, en somme !

1. Huile essentielle d’anis vert : description et composition

  • Phénols méthyl-ethers : trans-anéthole (90 à 96 %), cis-anéthole (0,4 %), chavicol méthyl-ether (0 à 2 %)
  • Anisol (0,3 à 3,5 %)
  • Coumarines (traces)
  • Composés soufrés (traces)

Huile essentielle incolore ou jaune très pâle, liquide et mobile, au parfum chaud et anisé. Rendement compris entre 2 et 6 %. Attention aux falsifications : on trouve parfois de l’huile essentielle de badiane ou anis étoilé (Illicium verum) vendue en lieu et place de l’huile essentielle d’anis vert.

2. Propriétés thérapeutiques

  • Apéritive, digestive, carminative, stomachique
  • Cholagogue et cholérétique
  • Emménagogue, galactogène, oestrogen like
  • Antiseptique, antibactérienne, vermifuge
  • Antispasmodique neuromusculaire, antalgique
  • Stupéfiante légère, psychoactive
  • Positivante puis négativante
  • Expectorante

Globalement, on considère cette huile essentielle comme tonique cardiaque, respiratoire et digestif.

3. Usages thérapeutiques

  • Troubles gastro-intestinaux : dyspepsie, gastralgie, colite spasmodique, entérocolite, entéralgie, aérophagie, flatulences, météorisme, vomissements et nausées d’origine nerveuse, parasitose, indigestion, halitose, colique (y compris celle du nourrisson)
  • Troubles respiratoires : toux quinteuse, toux bronchique, spasmes bronchiques, asthme, bronchite asthmatiforme, congestion pulmonaire, pharyngite
  • Troubles gynécologiques : aménorrhée, oligoménorrhée, règles irrégulières, douleurs menstruelles, ménopause, préménopause
  • Troubles cardiaques : fausse angine de poitrine, palpitations, cardialgie
  • Troubles neuromusculaires : paralysie, spasmophilie
  • Lactation insuffisante
  • Migraines, céphalées, vertiges
  • Hygiène buccale (désinfection, blanchiment des dents)

4. Contre-indications et autres usages

  • Sur la question de la toxicité de l’huile essentielle d’anis vert, il est bon de mettre les choses au clair. Si le trans-anéthole est une molécule délicate, « le cis-anéthole est redoutable sur le SNC à la dose > 2,5 mg/kg » (Michel Faucon, p. 644). Malgré la faible présence de cette dernière molécule dans l’huile essentielle présentée dans cet article, il est bon de rester prudent, d’autant qu’hépatotoxicité et tératogénécité sont toujours possibles (le trans-anéthole peut affecter le développement du fœtus en cas de prise per os). On comprend alors difficilement ce que certains auteurs déjà anciens déclarent à son sujet. Pour eux, l’huile essentielle d’anis vert « n’est pas toxique. Ils ont pu donner, sans le moindre signe d’intoxication, jusqu’à 3 g d’essence d’anis […] par kilo d’animal et en ingérer eux-mêmes pendant un mois des doses variant entre 0,5 et 1 g. »
    Si l’on considère qu’un gramme de cette essence représente 40 à 50 gouttes (compte-gouttes type B), on dépasse le seuil de toxicité. Dans ce gramme, on trouve 950 mg de trans-anéthole ce qui, chez un adulte de 80 kg équivaut à 12 mg/kg ! Sachant que cette molécule est un toxique neurologique à haute dose et sur le long terme, je vous laisse tirer les conclusions qui s’imposent. Les signes d’intoxication à l’huile essentielle d’anis vert sont les suivants : ralentissement circulatoire, parésie musculaire, somnolence, tremblements, ivresse (troubles d’absinthisme chronique), hébétude, congestion cérébrale et pulmonaire, convulsions de type épileptiforme, fonte des réserves lipidiques et perte de poids, etc. L’on se rend donc bien compte des dégâts que peut occasionner cette huile essentielle, en particulier d’un point de vue neurologique. C’est particulièrement vrai en compagnie d’alcool éthylique. L’union des deux forme les pastis et autres anisettes, de mauvais produits dotés de valeurs bio-électroniques extrêmement médiocres. Si on en a fait une huile essentielle à délivrance spécifique (idem pour celles de fenouil et de badiane), c’est qu’il y a une bonne raison à cela. En effet, on soupçonne l’emploi de ces substances pour la fabrication clandestine de produits alcoolisés de type « pastis ».

  • En raison de ses propriétés oestrogen like, on évitera l’huile essentielle d’anis vert en cas de mastose, de cancers hormonaux-dépendants et de pathologies liées à un excès d’œstrogènes. On fera de même avec toutes les huiles essentielles présentant la même propriété (sauge officinale, sauge sclarée, verveine citronnée, fenouil, badiane, etc.).

  • Étant neurotoxique comme nous l’avons précédemment souligné et potentiellement abortive, on bannira l’emploi de cette huile essentielle auprès des nourrissons, des jeunes enfants, des femmes enceintes ou allaitantes. Pour bénéficier de ses effets galactogènes en cas d’insuffisance lactée, on préférera l’infusion de graines d’anis. De même si l’on souhaite faciliter la délivrance le jour de l’accouchement, l’infusion reste le moyen le plus sûr.

  • Comme c’est le cas de beaucoup d’autres Apiacées, l’anis vert, sous forme d’huile essentielle, est photosensibilisant.

  • L’anis est populaire dans les cuisines européenne, indienne et arabe. Les graines, broyées ou entières, apportent une note douce et épicée à plusieurs plats. Cependant, vu qu’elles perdent rapidement leur arôme une fois broyées, il est préférable de ne les conserver qu’entières et de les passer au mortier qu’en petite quantité au moment d’un usage ponctuel. On les emploie dans différentes recettes (pains d’épices, pickles, curries), en confiserie (les fameux anis de Flavigny), en apéritif (raki, ouzo…). Les jeunes feuilles parfument soupes, salades et légumes, à la manière des feuilles de coriandre et de persil. Tiges et racines relèvent soupes et plats mijotés. Enfin, les fleurs parsemées sur une salade de fruits la parfume agréablement.

  • On utilise aussi cette huile essentielle en cosmétologie (dentifrice, bain de bouche…) ainsi qu’en parfumerie, bien qu’on utilise davantage l’anis étoilé dépourvu de coumarines phototoxiques. Enfin, elle permet de masquer l’amertume de certains médicaments.

© Books of Dante – 2014

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