Le reishi (Ganoderma lucidum)

Voici le premier champignon thérapeutique abordé en pas loin de 12 ans de publication sur le blog ^.^ C’est donc l’occasion pour moi d’initier une nouvelle catégorie « Mycothérapie ». On verra bien si avec le temps d’autres compagnons viendront rejoindre le spécimen du jour : le reishi dit « rouge ».

Bonne lecture et beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : reishi rouge, ganoderme luisant, conque vernie, polypore laqué, champignon de l’immortalité.

Synonymes latins : Ganoderma reishi, Ganoderma resinaceum.

Si dans toute l’Asie extrême-orientale il existe un champignon qui peut le disputer au noble roi ginseng, c’est bien du reishi dont il s’agit : de l’Inde au Japon, partout il a su jouer un rôle plus ou moins appuyé : c’est le cas en Corée du Sud, où il porte le nom de young-ji-beo-seot, mais surtout au Japon où il s’est imposé comme champignon médicinal de premier plan. Pour comprendre que cette réputation est bien plus vaste que le territoire de ces deux petits pays, il faut considérer le nom commun par lequel on l’appelle : reishi. Ce terme japonais est l’altération d’un nom chinois plus ancien, ruishi, bien différent du nom que ce champignon porte en Chine, c’est-à-dire ling zhi. Mais où que l’on se situe de part et d’autre de la mer Jaune, il est une chose frappante : quels que soient les noms que l’on a attribués au reishi, ils appartiennent tous au même champ sémantique : par exemple, reishi, « champignon de bon augure », entre en parfaite résonance avec les autres substantifs japonais que sont mannentake, « champignon de 10 000 ans » ou encore saiwa-take, « champignon de la bonne fortune ». Du côté chinois, l’on décortique ling zhi comme suit : zhi désigne un champignon qui pousse sur les arbres et à la fois une substance permettant de concocter des élixirs d’immortalité. Quant à ling, cet idéogramme englobe les concepts de pluie et de chaman. Passées ces explications quelque peu complexes, contentons-nous d’apprendre que le ling zhi chinois est considéré comme le « champignon divin de l’immortalité et de la puissance spirituelle », un état de fait auquel il va falloir donner quelques éclaircissements. En Chine, le compte rendu des bienfaits thérapeutiques du reishi, ainsi que sa notoriété bien établie de drogue d’immortalité, transparaissent autant dans les écrits religieux que dans les textes médicaux. Les prêtres taoïstes, qui faisaient usage du reishi afin d’apaiser leur esprit, considéraient ce champignon comme permettant d’accroître les compétences du domaine de l’esprit (ne dirait-on pas une grande oreille qui expose son large lobe en direction des cieux ?). Wang Chong, penseur chinois du Ier siècle apr. J.-C., qui n’était ni prêtre ni médecin, disait pourtant qu’« inclure le reishi dans le régime alimentaire peut entraîner un excédent de longévité, car c’est la nourriture des dieux. » Cette proximité avec les dieux et les cieux confine à la légèreté éthérée des hautes sphères. C’est ce qui ressort bien souvent au sujet du reishi au cours de plusieurs millénaires successifs. Effectivement, d’après la médecine traditionnelle chinoise le reishi est censé procurer au corps la légèreté. C’est ainsi que l’on retrouve cette propriété dans le Shennong Ben Cao Jing : « Si on le mange habituellement, cela rend notre corps léger et rajeuni, allonge notre existence et nous transforme en immortel qui ne peut pas mourir. » S’affranchir du fardeau de la vieillesse et de ses conséquences morbides, c’est cela qu’il faut entendre par « légèreté », ce champignon de longue vie assurant la pleine santé, l’équilibre et la tonification du Qi, portant son influence sur pas moins que le cœur, le foie, les poumons, les reins et la rate, c’est-à-dire auprès des cinq principes de la médecine traditionnelle chinoise que sont le Feu, le Bois, le Métal, l’Eau et la Terre. De plus, ce « roi des champignons » est également nourrisseur du Shen, la forme la plus subtile du Qi, ce qui nous mène encore tout droit vers l’éther et la grâce (si ne plus sentir la torpeur du corps et sa pesanteur exagérée par l’âge et les maladies entre dans les prérogatives du reishi, l’idée même même de légèreté est encore plus simple à comprendre). L’utilisation plurimillénaire du reishi nécessite cependant d’être nuancé dans nos propos, l’enthousiasme faisant parfois écrire bien des exagérations : on s’imagine enfoncer le clou en surenchérissant, mais cela peut occasionner un effet exactement opposé. Les références documentées qui portent sur le reishi ont tout au plus 2400 ans d’âge, ce qui nous éloigne fort des 4000 ou 5000 ans que l’on lit ici ou là. Cependant, un document daté avec précision de telle ou telle année, ne peut exprimer à lui seul toute l’étendue d’un usage, ni la localité de cette utilisation. Lorsqu’on avance que les preuves documentées (= les traces historiques) les plus reculées concernant le reishi remontent à 2400 ans, il ne faut pas se borner à croire que l’histoire conjointe du reishi avec les hommes débute en cette limite temporelle-là. Pour sûr, l’usage a commencé bien plus tôt, mais n’a pas laissé de traces (c’est tout ce que l’on peut supputer, et cela nous confronte à la frustration de l’historien). Aussi, méfions-nous des « sources » invérifiables qui recherchent l’effet d’annonce sensationnelle plus que l’exactitude des faits historiques.

Dès le IIIe siècle apr. J.-C., le reishi, remède très convoité, devint un apanage limité aux seuls nobles et empereurs. Parce que c’était un champignon fort rare à l’état naturel, il fut sans doute aisé de broder une relation entre lui et les têtes couronnées, puisqu’à la royauté l’on a presque toujours associé l’idée d’immortalité. Si la noblesse et la gente aisée de l’époque préférèrent le reishi, cela ne fut pas tant pour ses aptitudes médicinales, mais en raison de ses supposés vertus porte-bonheur. Ainsi, à défaut de prolonger la vie ad vitam æternam, au moins pouvait-il faire en sorte qu’elle s’envisage et se poursuive dans les meilleures conditions de santé possibles. Ce qui pour un empereur présente bien des avantages et une importance difficile à dénier. Représenter un sceptre impérial sous la forme stylisée d’un reishi ne tenait donc en rien du hasard, de même que le reproduire entre les mains de hauts dignitaires, de figures royales ou divines. Durant la dynastie Yuan (1280-1386), il était fréquemment visible dans l’iconographie. Il ne me semble pas étonnant qu’on ait désiré en tirer un motif ornemental, tout comme l’on fit de la feuille de ginkgo, qui proliféra et prospéra tant elle était prisée. Ce symbole de divinité et de longévité qu’est le reishi, tout comme l’exquise feuille bilobée du ginkgo, prenait place aussi bien en tant qu’ornement architectural des bâtiments (cf. le palais d’été de Pékin), qu’à l’intérieur des habitations, sur les meubles et les tapis. Peintures, gravures et sculptures n’étaient pas en reste, de même que des objets de la vie quotidienne tels que broderies et vêtements, bijoux, flacons de parfum, peigne à cheveux, etc. A le faire ainsi paraître partout, il est aisé de comprendre que l’on ait cherché à tirer parti de son renom en tant que porte-bonheur, parfois véritable talisman que l’on portait sur soi afin d’écarter les esprits perfides et les présages funestes. On lui concédait un tel crédit qu’un seul spécimen de ce champignon pouvait parfaitement convenir comme dot : pénétrer dans une famille avec un tel ticket d’entrée, c’était non seulement s’assurer le succès du mariage, mais aussi garantir au couple un gain de pérennité. On trouve également trace du reishi dans la littérature chinoise et coréenne. Par exemple, la mythologie expose l’histoire de Magu, la déesse taoïste du chanvre. Initialement figurée sous les traits d’une jeune fille, elle tira puissance de l’eau de la montagne issue de treize sources différentes afin d’élaborer un élixir de reishi dont la maturation occupa treize années entières. Magu, buvant le breuvage fin prêt, devint immortelle, perpétuant pour toujours sa jeunesse et sa vitalité. Vouée aux malades et aux indigents, protectrice des plus faibles, Magu est une guérisseuse qui prodigue ses bienfaits aussi bien physiquement que spirituellement. Elle est dépeinte tenant un reishi à la main, en compagnie d’un cerf, animal au fort pouvoir symbolique de longévité.

Le reishi est de ces champignons qui vont à l’encontre même de l’idée que l’on se fait d’un champignon, dans l’idéal imaginaire je veux dire, c’est-à-dire un chapeau parfaitement rond, légèrement bombé en son sommet et dont le revers est strié de fines branchies fragiles et élégantes, le tout juché sur un pied assez quelconque que l’on oublie généralement de considérer (moi du moins ^.^). Avec le reishi, on observe une silhouette tout à fait différente, typique des champignons à tablettes : d’un pied, qu’il est plus convenable d’appeler stipe, haut de 4 à 20 cm, charnu et ligneux, de couleur noirâtre, émerge ce que l’on qualifie abusivement de chapeau, plus ou moins arrondi, du moins réniforme et décentré par rapport à l’axe du pied, au point qu’il peut se développer, surtout lorsque le sujet est juvénile, d’un seul côté, brisant la symétrie parfaite que nous avons décrite au sujet du champignon idéal. Il adopte alors une caractéristique allure de pommeau de douche. Tout d’abord jaunâtre à orangée, cette tablette rougit avec le temps (d’où le nom de reishi rouge que porte parfois ce champignon), avant de brunir au fur et à mesure que le champignon forcit et prend de l’âge. En l’observant avec davantage d’attention, l’on peut y voir des crêtes circulaires qui font comme des cernes de croissance d’un arbre. La tablette de ce champignon rustique et robuste est recouverte d’une cuticule cornée qui brille à la lumière et lorsque le champignon est humide : cela justifie l’adjectif latin lucidum et un certain nombre de ses autres noms vernaculaires. Si l’on retourne ce champignon, il est plus loisible d’en inspecter le revers du chapeau : ici, pas de branchies, mais une constellation de petits trous qui ponctuent une surface blanc mat pareille à de la céramique : il s’agit de pores (le reishi est un champignon dit polypore), par lesquels s’échappent les spores, tout comme des grains de sel d’une salière. Il pratique le saupoudrage, en somme (on parle de champignon sporophore). Le reishi est une espèce de champignon sylvestre qui dépend essentiellement de la présence d’arbres pour assurer son développement, mais à la condition que ceux-ci soient déjà morts ! Selon les régions, il peut élire domicile aussi bien sur le vieux tronc d’un feuillu (chêne, etc.) que d’un résineux (pruche, etc.). Il y pousse isolément ou bien en petits groupes de quelques individus. Bien que ce champignon procure l’immortalité, il est lui-même sujet à quelques fragilités : en effet, il est sensible aux maladies, aux insectes, ainsi qu’à diverses pollutions. Cela explique pourquoi il est rare qu’un beau champignon de qualité parvienne au stade ultime de son existence dans la nature. C’est par exemple le cas au Japon où le reishi, traditionnellement associé aux tronc de vieux pruniers morts, se raréfie à l’état sauvage. Mais il faut savoir aussi considérer plus largement le reishi : Ganoderma lucidum n’est pas circonscrit qu’à quelques rares vallées humides et ombrageuses des hautes montagnes de la Chine et du Japon, en ces lieux presque mythiques où l’humidité atmosphérique est à couper au couteau. Effectivement, il est également présent en Amérique du Nord (Canada, États-Unis), en Europe (Espagne, France, Serbie, République tchèque, Hongrie, Grèce, Ukraine, Russie), ainsi qu’au nord de l’Inde et au Népal. Cette vaste répartition explique que dans plusieurs des pays que nous venons de citer, on le cultive pour les besoins thérapeutiques. C’est le cas en Asie (Chine, Taïwan, Japon, Corée du Sud) où des fermes de culture ont été mises en œuvre depuis les années 1960-1970, mais également en Amérique septentrionale, ainsi qu’en Europe (la France compte parmi les pays qui cultivent le reishi, parfois biologiquement. Ce qui peut être utile à savoir). Dans certains cas, le reishi de culture se comporte de très étrange manière, arborant une allure dite en « bois de cerf », résultante d’un niveau de CO2 plus élevé dans l’atmosphère environnante et d’un manque de luminosité (cf. photo ci-dessous).


Ganoderma lucidum en bas. Illustration tirée du XIVe volume de la Flora batava (1800) de Jan Kops (1765-1849).


Le reishi en mycothérapie

Bien qu’étant peu accoutumé à l’étude des champignons, il m’est pourtant indispensable de tracer minutieusement le profil biochimique des « parties aériennes » du reishi, à savoir son « pied » et son « chapeau ». A bien considérer les études scientifiques, deux grands groupes moléculaires se distinguent nettement l’un et l’autre : des triterpènes peu solubles dans l’eau froide et qui préfèrent l’extraction à l’eau chaude ou à l’éthanol. Deuxièmement, des polysaccharides (glucides complexes). Dans le premier groupe, on trouve de nombreux triterpènes (issus du lanastane) dont bien des noms s’inspirent du nom latin de notre champignon : les acides ganodériniques, ganolucidiques, ganodériques A-Z et ganodériques α, β, γ, δ, ε, ζ, η et θ. A cela, il faut encore additionner les acides lucidémiques, le lucidumol, le ganodériol, le ganodermanontriol, le ganodermatriol, le ganodermamonol enfin les ganodérols A et B. Du côté des polysaccharides (qui représentent environ 11 % du poids sec d’un champignon reishi), on croise les célèbres β-glucanes très étudiés, mais aussi des hétéroglycanes et des peptidoglycanes (tels que les ganodéranes A et B, par exemple). Au-delà, nous constatons une large fraction de protéines (7,3 %) dont des acides aminés (glycine, thréonine, serine, alanine, adénosine, proline, valine, acides aspartique et glutamique), ainsi que cette protéine immunomodulante précieuse que l’on a baptisé LZ-8 (LZ pour ling zhi). Parmi les corps gras, on distingue des acides gras et des phytostérols (ergostérol, ganodermadiol, etc.). Pour finir, mentionnons l’existence de lactones (lucidones A, B et C, lactone lucidémique), d’alcaloïdes (lucidinines A-D), de vitamines (B9, C), enfin de micro et de macro-éléments (fer, zinc, manganèse, germanium, et dont les plus nombreux sont sans doute aucun le magnésium, le calcium et le potassium).

Le reishi est un champignon à texture coriace, au goût fort et terreux, un peu amer à très amer, mer d’absinthe sur laquelle surnage une douceur sucrée un peu cacaotée. Il faudra s’en souvenir au moment de consommer le reishi ^.^

Propriétés thérapeutiques

  • Adaptogène (augmente les performances physiques et mentales, procure une énergie douce et constante qui surprend par sa fiabilité, procure davantage de force et une résistance à l’effort ainsi qu’au froid plus élevée1), apaisant du système nerveux, améliore l’humeur, réduit la latence du sommeil et en augmente la durée (plausible activité sur le neurotransmetteur GABA)
  • Anti-oxydant, anti-inflammatoire, antinociceptif, antiradicalaire (radicaux hydroxyles), protecteur face au stress oxydatif
  • Stimulant puissant de l’immunité, immunomodulant (le reishi exerce un effet stimulant sur les globules blancs (leucocytes, monocytes), les macrophages, les NK (natural killer), les LAK (cellules tueuses activées par lymphokines), les TIL (lymphocytes infiltrant les tumeurs, etc.), augmente la sécrétion d’IFNγ (= interféron gamma : il s’agit d’une cytokine essentielle à l’immunité innée)
  • Anticancéreux, antitumoral
  • Anti-infectieux : antibactérien, antiviral (HSV-1, HSV-2, VSV (virus de la stomatite vésiculeuse), VIH-1 (in vitro))
  • Cardiotonique, régulateur cardiovasculaire (fait chuter la viscosité du sang et du plasma, abaisse la glycémie sanguine, anti-agrégeant plaquettaire), hypotenseur (par inhibition du nerf sympathique), antihypertenseur, tonique circulatoire
  • Hépatoprotecteur, trophorestaurateur hépatique, antifibrotique hépatique (inhibe les dépôts de collagène dans le foie), anti-hépatotoxique, favorise la détoxification du foie, rétablit les fonctions hépatiques après un épisode morbide
  • Tonique digestif, améliore l’appétit
  • Tonique cutané, procure bon teint
  • Expectorant
  • Anti-androgène (inhibiteur de la sécrétion de dihydrotestostérone)
  • Renforce les os et les tendons
  • Inhibiteur de l’acétylcholinestérase

Usages thérapeutiques

  • Troubles du système nerveux : amélioration des fonctions cognitives (mémoire, attention, clarté mentale, concentration), réduction du stress (physique et psychique), inquiétude quotidienne, pensées obsédantes, anxiété, nervosité, neurasthénie, troubles du sommeil, insomnie, dépression
  • Troubles de l’immunité : faiblesse immunitaire, chute de l’immunité et de l’énergie totale (personnes âges surtout), immunodépression, immunité fortement sollicitée par une infection virale ou bactérienne, patient en chimiothérapie conventionnelle et radiothérapie (fatigue diminuée, effets secondaires atténués), amélioration du rétablissement post-opératoire, leucopénie
  • Fatigue, faiblesse, manque de vigueur, surmenage
  • Troubles de la sphère respiratoire : asthme, allergie respiratoire (rhinite allergique), rhume et autres infections respiratoires hivernales (grippe), bronchite chronique, toux
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : dyspepsie, ulcère gastrique, indigestion
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hypertension, artériosclérose, arythmie cardiaque, angor
  • Affections cancéreuses : leucémie, cancer hormonodépendant (prostate, sein), tumeur ovarienne, hyperplasie bénigne de la prostate
  • Troubles de la sphère génitale : alopécie androgénique, syndrome ovarien polykystique, syndromes de la ménopause, douleur mammaire cyclique
  • Affections cutanées : dermatite de contact, éruption herpétique, névralgie post-herpétique, zona, lupus
  • Hépatite chronique
  • Douleur articulaire
  • Empoisonnement aux champignons de type amanite

Modes d’emploi

  • Poudre de champignon reishi cru : il faut compter 6 à 12 g par jour. On peut mêler cette poudre à une boisson chaude (thé, café, cacao) ou à tout autre liquide de son choix. Certains choisissent de l’ajouter à une soupe ou de la saupoudrer sur leurs plats.
  • Décoction de champignon reishi sec : s’il ne s’agit pas de poudre, mais du champignon découpé en tranches fines, il importe de les émietter davantage afin d’aider la libération des β-glucanes qui sont séquestrés dans les parois dures et fibreuses du champignon. Pour augmenter ses chances d’obtenir une boisson convenable, il faut aussi faire durer longuement cette décoction jusqu’à réduction au tiers. Ainsi fait-on : dans deux litre d’eau, déposez 2 à 15 g de reishi sec. Portez vivement à ébullition, puis réduisez le feu dès les gros bouillons passés. En faisant réduire le liquide des 2/3 environ, on obtient finalement 75 cl de décoction, quantité satisfaisante pour la journée et que l’on absorbera en deux temps distincts.
  • Macération vineuse : dans un demi-litre de vin rouge, placez 90 g de reishi sec et laissez macérer le tout pendant dix jours. A l’issue, passez, exprimez bien les champignons gorgés de vin et filtrez bien. On compte généralement trois prises de 10 ml de ce vin médicinal par jour.
  • Extrait pulvérisé : sous forme de gélules, comprimés, poudre libre parfois (bien que ce soit moins pratique sur la question du dosage). Concernant la posologie, référez-vous aux préconisations du fabricant.
  • Teinture hydro-alcoolique ; comme nous savons que les composants biochimiques du reishi ne sont pas tous intégralement sensibles à l’eau ou à l’alcool, le mieux est encore de conjuguer les forces de ces deux éléments à travers l’élaboration de cette teinture. Dans un bocal d’un litre de contenance, entassez des champignons reishis frais (jusqu’à la moitié) ou secs (jusqu’aux deux tiers). Cela fait, ajoutez de l’alcool jusqu’au collet du bocal. Verrouillez-le bien et laissez macérer son contenu pendant quatre à six semaines en un lieu frais et sombre. Pendant tout ce temps, remuez énergiquement le bocal une fois par jour. Puis procédez aux habituelles opérations de filtrage, d’embouteillage et de stockage. On prendra soin de récupérer les champignons détrempés afin de leur faire subir une décoction aqueuse cette fois : dans deux litres d’eau, faites cuire à feu très doux l’équivalent de deux tasses de champignons. On mène cette décoction pendant suffisamment de temps pour réduire le volume d’eau au tiers. En tous premier lieu, nous avons obtenu un extrait alcoolique alors que cette seconde opération nous offre un extrait aqueux. En mélangeant les deux, on se procure un extrait hydro-alcoolique qui combine la composition et les vertus de l’un et de l’autre.

Note : le commerce de détail spécialisé dans le type de produits qui nous occupe regorge de spécialités dans lesquelles figure le reishi, que l’on trouve mêlé à de l’acérola, du curcuma, du guarana, du café, d’autres champignons, etc. Toutes ou presque recherchent la stimulation de l’immunité, la résistance, l’accroissement du tonus et de la vitalité. Le reishi est aussi présent dans des boissons énergisantes, des barres chocolatées, etc.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Effets secondaires : exempt de toute cytotoxicité, le reishi peut néanmoins provoquer quelques désagréments dont voici les principaux : désordres gastro-intestinaux, sécheresse de la zone ORL, démangeaisons et/ou irritations cutanées, de même que saignements de nez ou, plus grave, survenue de selles sanglantes. On a aussi observé des cas de réactions allergiques avec « essoufflement, gonflement du visage (yeux, lèvres), urticaire ou autres éruptions cutanées, nausées, vomissements, transpiration, pouls rapide et basse pression artérielle »2. Ces derniers effets sont surtout provoqués par les spores du champignon.
  • Interactions médicamenteuses : comme elles sont assez nombreuses, il est préférable d’en prendre connaissance avant toute décision de s’adresser au reishi pour une raison ou pour une autre. Tout d’abord, sachons que le reishi entre en conflit avec des antipsychotiques (chlorpromazine), des barbituriques (barbital, pentobarbital) et un certain nombre de médicaments liés à la sphère cardiovasculaire et circulatoire, tels que des hypotenseurs (réserpine) et des anticoagulants (c’est pourquoi le reishi est déconseillé avant tout acte chirurgical, ainsi que durant la période qui précède l’accouchement chez la femme enceinte). De par sa puissante action sur le système immunitaire, le reishi est contre-indiqué dans les cas où une immunosuppression est induite par un médicament de ce type. Pour cela, les personnes greffées doivent se prémunir du reishi.
  • Tout champignon merveilleux qu’il soit, le reishi n’est pourtant pas du tout psychotrope. Il est donc inutile de rechercher des hallucinations grâce à son aide ^.^
  • Sauf avis médical, le reishi n’est pas conseillé durant la grossesse ni pendant l’allaitement.
  • Avant tout achat, soyez précautionneux quant à la provenance du reishi que vous souhaitez vous procurer. La contamination aux pesticides et aux métaux lourds étant aisée, c’est là une précaution bien nécessaire à prendre à propos d’un champignon qui provient, bien assez souvent, de l’autre côté du monde, précisément là où les critères de contrôle de qualité diffèrent de ce qu’ils sont par chez nous. Par ailleurs, des marchands peu scrupuleux proposent à la vente la racine du champignon (avec laquelle vient un peu du substrat sur lequel il pousse…) à la place des parties aériennes. Il est donc de bon ton de se méfier des adresses auprès desquelles on désire s’approvisionner, en particulier si elles ne font pas toute la démonstration d’une clarté dans l’identification stricte du produit soumis à la vente. Par exemple, à l’aide de contrôles, l’on sait maintenant que certaines poudres de reishi n’en contiennent pas la moindre once !
  • Bien qu’étant de longue conservation à l’état sec, le reishi n’apprécie pourtant ni l’exposition au soleil ni celle à la chaleur.
  • Parfois, dans la littérature dédiée aux champignons thérapeutiques, on insiste pour désigner Ganoderma lucidum sous le nom de red reishi (reishi rouge). En existerait-il d’autres peints en couleurs différentes ? Oui, mais bien qu’ils portent aussi le nom de reishi, ces champignons appartiennent tous à d’autres espèces : le reishi pourpre (Amauroderma rugosum), le reishi noir (Ganoderma sinensis), le reishi jaune (Laetiporus sulphureus), le reishi bleu (Trametes versicolor) et le reishi blanc (Lariciformes officinalis).

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  1. « Il aide le corps et l’esprit à s’adapter de manière fluide aux facteurs de stress sanitaires et à maintenir l’allostasie. L’allostasie est le processus de maintien de l’homéostasie par le changement adaptatif de l’environnement interne du corps pour répondre aux demandes existantes et anticipées » (Source).
  2. Source.

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Figurine en jade représentant un reishi. Chine XVIIIe siècle. MET, New-York.