Parfums sacrés : introduction

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Depuis la Préhistoire, différentes civilisations ont montré un intérêt certain pour les plantes aromatiques – plantes à parfum par excellence.

Ici, nous évoluerons bien loin de l’industrie de la parfumerie dont les grands noms constellent l’espace public d’une multitude de publicités toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Exit donc les Chanel, Guerlain et autre YSL.

Nous nous attacherons non pas à ce que l’Homme a pu exercer d’influence sur des plantes rigoureusement manipulées afin de jouer aux apprentis sorciers, non. Nous dépasserons cela afin de nous départir du paradigme qui consiste à considérer le parfum comme produit de luxe dont les verreries flamboyantes ou parfois plus sobres font presque oublier d’où viennent les effluves qui s’en échappent…

Oui, nous irons à l’essentiel à travers ce que la Nature végétale a fait de mieux en matière d’odeurs : les huiles essentielles extraites de différentes plantes provenant d’un peu partout dans le monde.

Loin de la mode et de ses froufrous pailletés, nous chercherons à pénétrer au plus profond de l’âme des plantes qui ont eu la sublime idée de concocter aux creux de leurs cellules des molécules enchanteresses.

Nous outrepasserons donc le statut de « sent bon » tel qu’on l’applique trop fréquemment au parfum, tout en mettant en évidence l’impact indubitable qu’ont les huiles essentielles sur notre psyché induisant des modifications tant humorales que comportementales, ainsi que sur notre façon d’appréhender le monde.

Nous irons à la rencontre de l’énergie et des vibrations que développent les huiles essentielles tout en n’oubliant pas d’indiquer dans quelle mesure cela peut représenter un intérêt sinon une manière d’assouvir une meilleure compréhension de soi-même.

Considérer les huiles essentielles comme des fées, plus exactement comme des sylphes, n’est pas en soi une gageure. C’est pourquoi aujourd’hui nous vous présentons la petite famille des huiles essentielles dites sacrées, c’est-à-dire celles qui ont marqué les Hommes depuis des temps immémoriaux.

Abandonnez donc vos préjugés et ouvrez grand vos narines.

© Gilles Gras, 2012.

Aromathérapie : quelques définitions

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Qu’est-ce qu’une huile essentielle ?

Une huile essentielle est une substance volatile (qui s’évapore au contraire des huiles végétales) et odoriférante secrétée par une plante aromatique. Non pas seulement les plantes que l’on appelle « aromates » mais les plantes capables de dégager une odeur par au moins l’une de leurs parties. Une huile essentielle est donc la « signature » aromatique d’une plante.

Dans la nature, les plantes aromatiques présentent ce que l’on appelle des poches sécrétrices (ou glandes aromatiques) qui contiennent les essences aromatiques. Ces poches se situent sur les différentes parties des plantes, tantôt dans les feuilles, tantôt dans les pétales, etc. Parfois, on trouve sur une même plante plusieurs huiles essentielles (c’est le cas de l’oranger amer, par exemple). Ci-dessous, nous retrouvons ces différentes parties végétales et une plante pour exemple :

Les feuilles : mélisse officinale.

Les pétales : rose de Damas.

Les tiges et sommités fleuries : romarin officinal.

L’écorce : cannelle de Ceylan.

Le bois : santal blanc.

Le rhizome : gingembre officinal.

Une huile essentielle est une alchimie de multiples composants, des molécules biochimiques dont on distingue différentes familles (phénols*, cétones*, etc.). Ces familles moléculaires sont présentes d’une façon qui est particulière à chaque huile essentielle et leurs proportions peuvent varier en fonction de l’origine d’une plante (comme c’est le cas du romarin officinal dont l’huile essentielle varie en fonction de la provenance du romarin : France, Corse, Afrique du Nord, etc.) mais aussi en fonction de la période de l’année (l’huile essentielle de mélisse officinale ou de verveine odorante n’est pas la même avant et après floraison).

Chaque huile essentielle est unique, subtile mélange de composants dont le nombre est parfois très important. Par exemple, on trouve près de 70 constituants dans l’huile essentielle de romarin officinal, plus d’une centaine dans celle de ciste ladanifère, alors que l’huile essentielle de clou de girofle n’en contient guère plus d’une vingtaine.

Les huiles essentielles contiennent donc de la manière la plus concentrée qui soit les molécules aromatiques contenues dans les parties de la plante utilisées pour les extraire. Par exemple, l’huile essentielle de petit grain bigarade issue de la distillation des feuilles de l’oranger amer ne contient pas les mêmes molécules ni les mêmes propriétés que l’huile essentielle de néroli issue de la distillation des fleurs de ce même oranger.

L’extraction par distillation (cf. chapitre III) modifie par phénomènes thermiques la composition des huiles essentielles. Ainsi, l’huile essentielle de menthe poivrée extraite des feuilles de cette plante ne possède pas exactement les mêmes propriétés que cette même menthe poivrée quand celle-ci est utilisée dans le cadre d’un usage phytothérapeutique.

Qu’est-ce qu’une essence aromatique ?

Toute comme l’huile essentielle, une essence aromatique est une substance volatile et odoriférante extraite d’une plante aromatique. Une essence est donc également la « signature » aromatique d’une plante.

C’est le mode d’extraction (cf. chapitre III) qui détermine si l’on a affaire à une essence aromatique ou à une huile essentielle.

Une autre différence tient au fait qu’une huile essentielle étant issue d’une distillation à la vapeur d’eau est donc le résultat d’un traitement thermique d’une plante alors que l’essence aromatique ne subit aucun traitement thermique. Ainsi, l’essence contenue dans le péricarpe (le fameux zeste) d’un citron est de même nature que ce que contient un flacon d’essence de citron. Malheureusement, l’étiquetage de nombreux laboratoires entretient cette idée et fausse la définition stricte qui existe entre les huiles essentielles et les essences aromatiques. Ainsi donc, ne sont pas considérées comme huiles essentielles, les essences suivantes : citron, lime, orange douce, bergamote, pamplemousse, mandarine, etc.

La turquoise

Peut-on dire de la turquoise qu’elle est bleu verdâtre ou bien vert bleuâtre ? Qu’importe ! De toute façon, il existe tant des turquoises bleues que des vertes. Par exemple, les turquoises d’Arizona sont bleu canard alors que les turquoises chinoises tendent davantage vers le vert comme nous le voyons sur les deux images ci-dessous. Dans les deux cas, elles présentent le plus souvent des inclusions brunâtres.

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Lorsqu’on observe une carte mondiale des principaux gisements de turquoise, on se rend compte qu’elle met en lumière plusieurs foyers qui correspondent, d’une part à l’utilisation artisanale de la turquoise par différents peuples, d’autre part aux mêmes différents peuples considérant cette pierre comme sacrée.

01/ Iran: on y trouve des gisements, la turquoise est une pierre sacrée pour les Perses. De plus, elle est utilisée dans la joaillerie.

02/ Égypte : on y trouve également des gisements (Sinaï), pierre sacrée comme en Perse, la turquoise était utilisée pour fabriquer des colliers, des bagues, ainsi que les fameux scarabées.

03/ Tibet : on y fait, de ce gemme sacré, un usage abondant. Par exemple, dans les monastères, on trouve des conques ciselées d’argent et de turquoises. Plusieurs instruments de musique dont le kangling et le gyaling sont habillés de turquoise et de corail.

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L’un des objets des plus étonnants est sans doute le perak, une coiffe féminine faite de plaques de turquoise. C’est un signe de prospérité et de richesse d’une famille. Protecteur du foyer, il repousse les esprits impurs. Chez les Tibétains, la turquoise a un rapport avec le feu et le Soleil. Elle porte une connotation de chaleur, de bien-être physique et psychique.

04/ Mexique : chez les Aztèques, on fabrique, à l’aide de turquoise, des objets sacrés en association avec d’autres matériaux. Comme au Tibet, la turquoise évoque le feu et le Soleil au zénith dans les cultures méso-américaines.

Le dieu du feu, Xiuhtecuhtli, est aussi appelé le Maître de la Turquoise alors que Hutzilopochtli, le dieu aztèque de la guerre est surnommé le Prince de Turquoise. C’est dire l’importance de la turquoise pour les Aztèques.

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05/ Tribus amérindiennes (Pueblo, Navajo, Apaches) : les gisements d’Arizona, du Colorado, du Nevada et du Nouveau Mexique fournissent de quoi fabriquer des objets en argent et en turquoise comme des bagues, des bracelets, des colliers, des ceintures, des diadèmes, etc.

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Chez beaucoup de peuples amérindiens, la turquoise représente une protection contre le mauvais œil et les mauvais sorts.

Un peu partout dans le monde, on reconnaît depuis des millénaires les pouvoirs de protection de la turquoise. Raison pour laquelle on en a fait un talisman contre le mal (empoisonnement, intoxications, mauvais œil, noyade, naufrage, accidents, etc.), raison pour laquelle on lui prête vertu de courage, de réussite et d’accomplissement.

Bon, alors… Protectrice, nous l’avons dit.

D’un point de vue physique : Contre la douleur (crampes, etc.), elle est anti-inflammatoire. Protectrice des muqueuses oculaires entre autres, elle permet de lutter contre la cataracte. Elle combat les problèmes respiratoires, régule le système nerveux, booste le système immunitaire.

D’un point de vue émotionnel : La turquoise favorise l’amitié via ses capacités à décupler la générosité, la sincérité et l’affection. De plus, fortifiante du cœur, elle apporte joie, prospérité et bonheur. Comme elle permet une libération de la respiration, elle permet de lutter contre les problèmes de communication en facilitant les relations sociales et en engageant au dialogue. Enfin, elle lutte contre la négativité et la basse estime de soi, ainsi donc, elle peut aider à combattre la déprime et la dépression.

Purification : Eau distillée sans sel.

Chargement : Amas de quartz, peu de soleil (ce qui est étonnant pour une pierre solaire comme la turquoise).

Précautions : Attention à l’alcool contenu dans les parfums qui peut altérer la couleur de la pierre.

© Gilles Gras, 2012.

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Le cuivre

Le cuivre est un élément métallique de couleur rouge clair tirant parfois jusqu’au rouge brun. A l’état pur, il est vivement coloré en surface mais a tendance, comme l’argent, à s’oxyder facilement : il tourne alors au vert-de-gris qui, lui, est une substance toxique !

Il s’agit d’un métal mou et malléable dont la dureté est inférieure à 3 (par exemple, il ne raye pas le verre mais il est rayé par ce dernier). Sa densité est bien moins importante que celle de l’or ou de l’argent, cependant, elle se situe tout de même autour de 9.

Les formes cristallines sont arborescentes et dendritiques, mais le plus souvent, il est mêlé à de l’azurite et/ou de la malachite qui sont deux minerais de cuivre.

Les gisements les plus importants se situent en Russie, en Australie, en Allemagne, aux USA (où l’on a trouvé près du Lac Supérieur un bloc de 420 tonnes !)

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L’extraction du cuivre est relativement ancienne, elle remonte au moins à 10 000 ans. Il est donc plus que probable que le cuivre ait été le premier métal récolté puis utilisé par l’être humain d’autant plus que ce métal et la plupart des minerais de cuivre sont relativement abondant dans la Nature et que leur travail est aisé. Ainsi donc, la refonte du cuivre remonte-t-elle à 5 000 ans, des traces du travail du cuivre ont été repérées en Chine et dans les Andes, par exemple. C’est en l’alliant à un autre métal – l’étain – qu’on aura obtenu le bronze et l’âge du même nom.

Le cuivre est un métal opaque et, tout comme l’or, il présente la particularité, lorsqu’il est laminé en très fines feuilles, de laisser passer une lumière qui devient verte. A ce titre, et bien qu’il soit rouge, le cuivre a toujours été associé au vert en Russie (Oural), aspect très clairement présenté à travers la légende de la Maîtresse de la Montagne de Cuivre laquelle porte les yeux verts et une robe de malachite et dont on dit que sa rencontre est néfaste puisqu’elle peut faire mourir de nostalgie qui la croise.

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C’est aussi ce que l’on appelle un oligo-élément présent dans le corps humain à hauteur de 0,0004 %. Les besoins quotidiens sont estimés à 2 mg chez l’adulte, 5 mg chez le nourrisson du fait que le lait maternel en soit relativement dépourvu. Parce que le corps a besoin de cet élément qu’il ne peut fabriquer, les apports extérieurs sont nécessaires (noix, oignon, navet, etc.).

Le cuivre est anti-infectieux (bactéricide, antifongique), immunostimulant, anti-inflammatoire, antioxydant, anticoagulant sanguin ; de plus, il favorise la productions des tendons et des ligaments. Il a aussi un rôle majeur en rapport avec le sang : outre qu’il le purifie et qu’il le débarrasse de ses toxines, le cuivre participe à la fixation du fer et entre ainsi dans la fabrication des globules rouges et de l’hémoglobine. Une carence en cuivre s’accompagne toujours d’une anémie ferrique mais également d’autres troubles tels que des infections bactériennes, des inflammations, etc. Raison pour laquelle le cuivre est préconisé dans des cas d’états infectieux viraux (grippe), d’affections fébriles aiguës, de rhumatismes articulaires, de polyarthrite rhumatoïde, d’immunodépression, etc.

En revanche, l’excès de cuivre dans l’organisme peut également occasionner de sérieux dommages : vomissements, destruction de la muqueuse intestinale, diarrhées, atteintes rénales irréversibles, chute du taux de globules rouges, nécrose du foie, etc. Une fois de plus, c’est la dose qui fait le poison.

L’importance du cuivre dans la bonne santé d’un sujet n’avait pas échappé à Hildegarde de Bingen dès le XII ème siècle ! Elle propose diverses recettes pour lesquelles les ingrédients qui les composent doivent être cuits dans un récipient en cuivre. Elle indiquait déjà le cuivre pour lutter contre l’arthrose mais également la goutte et les intoxications alimentaires. Pour cela, elle faisait cuir du vin et y plaçait une barre de cuivre ou laissait macérer de la limaille de cuivre dans du vin ou du vinaigre. On est assez proche de l’oligothérapie dans la démarche de Hildegarde puisqu’elle a reconnu l’importance des besoins physiologiques de l’organisme en cuivre à doses infinitésimales.

Le cuivre est connu pour être un excellent conducteur. En cela, il est particulièrement adapté au chakra coronal car le cuivre joue le rôle d’antenne. Reynald Boschiero l’appelle donc fort à propos la « racine du ciel ». Car l’enracinement ne se fait pas seulement par la Terre via le chakra racine mais également par le Ciel par l’intermédiaire du chakra de la couronne.

Sa purification n’est que très rarement nécessaire du fait de l’excellente conductibilité des énergies qui le caractérise. En revanche, son rechargement devra être fréquent, et, on s’en doute, plus particulièrement au soleil mais aussi sur une druse de cristaux de roche.

En association avec une azurite, une tanzanite ou une améthyste, le cuivre favorise méditation, voyage astral, télépathie et divination.

© Gilles Gras, 2012.

Artémis

On la dit née de Zeus et de Lato et sœur jumelle d’Apollon, miroir céleste de ce solaire Phoebus, ce qui lui vaut d’être parfois nommée Phoebée.

Elle concentre des aspects bien contradictoires mais complémentaires si l’on se penche sur la question de savoir qui elle est.

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Artémis est traditionnellement opposée à Aphrodite, déesse de l’Amour. Est-ce à dire qu’Artémis est déesse de la haine? Que nenni, les choses ne sont point si simples.

Ce qui permet de l’opposer à Aphrodite réside dans le fait qu’elle soit Vierge (au sens propre de pure), qu’elle soit ombrageuse, vengeresse, farouche et indomptable.

Elle demeure impitoyable face aux femmes qui cèdent aux attraits de l’Amour (dans sa forme fornicatrice), mais reste néanmoins la protectrice des femmes enceintes, puisqu’elle symbolise autant la fertilité que la fécondité, et protège aussi bien les porteuses d’une vie à venir (la femme, la femelle animale) que les avatars de ces mêmes porteuses de vie (l’enfant, la jeune fille, le jeune animal, etc.)

Douce et aimante face à ceux qui incarnent jeunesse et pureté, il n’en demeure pas moins qu’elle peut devenir extrêmement cruelle aussi bien avec l’Homme qu’avec l’animal. Du moins, c’est ce que l’iconographie et l’imaginaire ont retranscrit d’elle. On présente souvent Artémis avec un arc, sauvage déesse de la Nature, Dame des fauves, etc.

Tout d’abord, il faut s’entendre sur le terme de « fauve » qui n’a aucun rapport avec celui que nous utilisons communément aujourd’hui. Les fauves d’Artémis, ce sont simplement les bêtes sauvages.

« Artémis la bruyante, sagittaire à l’arc d’or, la sœur de l’archer », nous dit Homère. Or, elle n’a pas toujours été présentée ainsi. L’Artémis avec arc et carquois et croissant de Lune dans les cheveux trouve son origine au 4 ème siècle avant JC environ. Il y a eu une Artémis bien plus archaïque, symbolisée par un tronc d’arbre ou une pierre.

Plus tard, elle sera personnifiée et on lui fera porter une torche ou une fleur et on la couvrira d’une chlamyde, une sorte de manteau très en usage chez les Grecs et les Orientaux, particulièrement prisé des voyageurs et des chasseurs.

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La chasseresse. Artémis chasse et massacre les animaux sauvage. Cruelle? Rédemptrice? Alma Mater? En réalité, il faut percevoir dans ces actes non de la barbarie, métaphoriquement, les bêtes fauves représentent les instincts inséparables de l’Homme qu’il importe de dompter et de canaliser.

Elle sait faire preuve de cruauté, elle est capable de châtier cruellement quiconque lui manque de respect en le transformant en animal sauvage qui périra sous les crocs de sa meute ou sous les coups portés par son arc.

La légende d’Iphigénie nous la montre à la fois cruelle et pleine de mansuétude. C’est Artémis qui a réclamé la mort d’Iphigénie mais, alors que cette dernière se trouve sur le bûcher qui doit la voir périr, Artémis lui substitue une biche, puis emporte la jeune fille dans les airs avec elle.

Elle règne sur le monde animal (la force brute et instinctive) et l’être humain n’y fait pas exception. Farouche face aux hommes, elle est protectrice de la Femme. Non pas seulement de la vie de la femme, mais de la vie en la femme, autre facette de l’Amour.

Artémis Séléné se rattache au cycle de la fécondité et, en tant que Vierge, préside aux naissance à travers cet acte qui s’incarne d’un être à l’autre, dans une forme de continuité.

Cependant, Artémis peut également être le symbole de l’aspect jaloux et castrateur de la mère. Comme l’indique le Dictionnaire des symboles, « avec Aphrodite, elle constituerait le portail intégral de la femme, si profondément divisée en elle-même tant qu’elle n’a pas réduit les tensions de ce double aspect de sa nature. » La Femme comme mère et la Femme comme amante?

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© Books of Dante – 2012.

Pte San Win

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C’est la faim qui permit aux Lakotas d’entrer pour la toute première fois en contact avec Pte San Win, la Femme Bison Blanc. En effet, il y a des lunes et des lunes de cela, les ventres affamés des membres des différentes tribus que comportait la nation sioux obligèrent deux pisteurs à partir en quête d’un bison qui demeurait introuvable. Ils marchèrent longtemps, errant du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Mais rien n’y fit, nulle part ils ne trouvèrent le moindre bison encore moins la trace de son passage.

En proie au désespoir le plus complet, à bout de forces, les deux hommes prirent la décision de repartir au camp, mais avant qu’ils ne rebroussent chemin, l’un d’eux s’exclama : « Mon frère, je vois un bison, au loin, qui vient vers nous ! » L’autre guerrier observa la direction indiquée par son compagnon et répondit, interloqué : « Ce n’est pas un bison, mais une femme qui vient par là ! » Et quelle femme ! D’une si rare beauté qu’elle la rendait irréelle presque… Vêtue d’une robe de peau de daim blanche, longs cheveux aux vent, elle avançait avec assurance au devant des deux guerriers. Avant même qu’elle fut assez proche d’eux, l’un des deux hommes eut des paroles et des pensées libidineuses à son endroit. L’autre, davantage doté de perspicacité, avait bien remarqué qu’elle flottait au-dessus du sol plus qu’elle n’y marchait. Il n’eut pas le temps de faire recouvrir la raison à son ami qu’un furieux nuage s’abattit sur l’homme aux paroles insensés. Il ne restait de lui plus qu’un petit tas d’os.

La Femme Bison Blanc, parce que c’était elle, indiqua au guerrier encore en vie que son compagnon avait péri par excès d’orgueil. Elle lui expliqua une multitude de choses qu’il s’empressa d’aller conter à son peuple en ces termes : « J’ai rencontré une femme merveilleuse alors que nous désespérions de trouver un seul bison. Elle nous demande de préparer un tipi spécialement dédié à sa venue toute proche ».

Ce qui fut dit fut fait. Le lendemain, tout était fin prêt pour accueillir cette femme que tous virent arriver à l’aube naissante. Sans un mot, elle pénétra dans le tipi et s’assit à la place d’honneur. Elle tenait dans ses mains la Chanunpa – la Pipe sacrée – dont tous comprirent que sa provenance était supra-humaine, une offrande de Wakan Tanka. Elle présenta la pipe aux quatre directions, de l’Ouest au Sud, adressant une prière particulière à chacune d’entre-elles. Elle présenta la pipe vers le ciel, et, enfin, au-dessous pour honorer Maka, la Terre Mère.

Le chef de la tribu, subjugué, était très malheureux. Les Indiens ont pour coutume d’offrir à manger à chacun d’entre leurs visiteurs, quels qu’ils soient. Hélas, en ces temps de disette, il n’avait pas de quoi offrir le repas à cette femme dont il savait très bien qu’elle était wakan. Contrit, il lui offrit une tresse de foin d’odeur qu’elle accepta de bonne grâce tout en souriant et en adressant au chef ces mots : « Il est des nourritures qui ne se mangent pas mais qui sont douces au cœur des hommes, je te remercie ».

Mais elle ne partit pas sans avoir révélé et expliqué à la tribu les 7 rites sacrés de la nation sioux que sont l’Inipi, la quête de vision, la danse du soleil, la garde de l’esprit, le rite de la puberté des jeunes filles, l’apparentement et le lancer de la balle.

Ce n’est qu’au bout de quelques jours qu’elle décida de partir, sa tache achevée. S’adressant à tous, elle dit alors : «  Un jour je serai de retour, et cela sera pour toujours. Alors commencera une nouvelle vie, et une nouvelle intelligence ». Ils la regardèrent s’éloigner dans la prairie, tous nimbés d’une pieuse admiration pour cette mystérieuse femme. Alors qu’elle allait passer la colline, elle se métamorphosa en jeune bison blanc qui poursuivit le chemin sans se retourner. Éberluée, la tribu toute entière emprunta le même chemin, gravit la colline où avait disparu le bison blanc. Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir de l’autre côté de la colline un troupeau de bisons si immense qu’ils n’en virent pas les limites !

© Gilles Gras – 2012

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La légende de l’Oiseau-Tonnerre

Partout en Amérique du Nord, il existe des légendes qui concernent celui qu’on appelle Wakinyan chez les Sioux ou Sanuwa chez les Iroquois.

Il y a des lunes et des lunes de cela, les hommes passaient beaucoup de leur temps à se battre les uns contre les autres. Chacun d’entre-eux cherchait à s’arroger qui une forêt qui une rivière, et pensait que, de ce fait, cela lui donnait le droit d’y chasser et d’y pêcher. Mais, incapables de s’entendre, ils se disputaient la forêt et la rivière. Autant dire que les fruits de la chasse et de la pêche furent rapidement réduits à néant. Et que la survie de chacun fut rapidement menacée.

C’est alors qu’un immense et sombre nuage est monté en virevoltant dans le ciel. Un vent rugissant et une grêle assassine s’abattirent sur les hommes, soufflant les tentes comme des fétus de paille, coulant les canots, brisant les armes. Tant bien que mal, un conseil fut organisé afin de trouver une solution quand un oiseau gigantesque vint de la mer. Chacune de ses ailes avait la longueur de deux canots de guerre, de son bec sortaient des bruits terribles et de ses yeux jaillissaient des éclairs de lumière qui frappaient le sol. Terrifiés, les hommes se couchèrent au sol, pensant la fin du monde toute proche.

L’Oiseau-Tonnerre – puisque c’était lui – survola ce qu’il restait du village des hommes. Ses battements d’ailes si puissants firent trembler l’air tant et si bien que des tornades en naquirent.

Dans les serres de l’oiseau se tenait un épaulard, l’Oiseau-Tonnerre rejoignit la mer à tire d’ailes, déposé délicatement sa prise dans les eaux puis revint aux hommes. Et leurs adressa ces paroles : « La Terre appartient à la Terre, la Mer appartient à la Mer. Je suis le gardien de la Terre et mon frère Épaulard est le gardien de la Mer. Désormais, quoi que vous posséderez, vous le donnerez à votre ennemi afin d’instaurer la paix et de faire cesser vos querelles stupides. Ainsi, vous tous pourrez profiter de ce que la Mer et la Terre pourront vous donner afin de vous nourrir. »

C’est ainsi qu’est née la pratique du potlatch.

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© Books of Dante – 2012.

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Le symbolisme du noir

Jéroboam avait pour mère une veuve.

Elle dit en son cœur : je ne suis pas veuve,

Je suis noire mais je suis belle.

S’il n’existe aucune plante aux fleurs noires dans la Nature, ça n’est pas pour rien. Si l’on sait la capacité du noir à absorber la chaleur, on comprendra aisément que les plantes cherchent leur propre bien-être en arborant des fleurs clairs parce que leur intérêt n’est pas de se brûler les ailes, bien au contraire.

De là à en déduire que la couleur noire est forcément négative, il n’y a qu’un pas que nous nous refusons de franchir allègrement.

Chaque couleur représente une énergie vitale, en cela le blanc et le noir n’y font pas exception. Ainsi, selon les traditions, le noir a-t-il été associé à la Mort, comme le blanc d’ailleurs.

L’Occident alloue au noir une connotation malsaine et irréfléchie, irrationnelle presque. Elle est donc, cette ineffable noirceur, symbole de mort, de condamnation, de renoncement face aux vanités terrestres. Elle renvoie aux dangers que représentent les forces hostiles, aux peurs profondes et insondables. Symbole du mal également, c’est elle qui peint les avatars du Malin et des sorcières que sont chat noir, chauve-souris et autre corbeau.

Pour l’Occident, le noir est donc résolument néfaste. Chthonien, il représente le monde souterrain du caveau qui évoque la lourdeur et la stagnation, ainsi que la stérilité [selon l’héraldique médiévale, le noir porte le nom de sable].

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Perceval face aux dangers que représente sa condition d’homme privé de mémoire

En Inde, le noir conserve bien certains de ces aspects. Symbolisant le temps, le noir est couleur de Kali, destructrice des formes et des couleurs. Alors que chez les Égyptiens antiques, on observe une certaine ambivalence sur la valeur accordée au noir. Couleur de la fécondité et de la renaissance d’une part, il n’en reste pas moins, d’autre part, que la colombe noire représentait la femme qui restait veuve jusqu’à la fin de sa vie, le noire représentant ici « l’éros frustré et la vie niée ».

Cependant, si l’on quitte ces noirs territoires et que l’on cherche au-delà de ce que le noir cherche apparemment à nous faire voir [selon l’optique ci-dessus entrevue, pas grand-chose à dire vrai… :D], nous pouvons nous arrêter un moment sur l’arcane XIII du Tarot de Marseille, la Mort :

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Après un cycle de douze, le renouvellement est à l’œuvre par le biais de la faucheuse. Le noir, en tant que valeur chthonienne, représente davantage le ventre de la Terre-Mère, le lieu ou s’opère la régénération du monde diurne, l’humus – terreau fertile – duquel émergera la plante qui cherchera alors le blanc de la lumière solaire.

Cette symbolique, nous la retrouvons également du côté des traditions amérindiennes pour lesquelles l’obscurité est reconnue comme un lieu d’initiation et de changement. C’est ce que l’on retrouve dans la cérémonie de l’inipi qui se déroule dans une tente à sudation, lieu obscure visant à la purification.

[Cette obscurité] « favorise l’émergence du pouvoir intérieur personnel provenant de la confrontation avec la peur. Ces traditions enseignent que le moi que nous pensons être au quotidien, n’est qu’un ensemble de croyances que nous avons forgé, notamment à cause de nos réactions émotionnelles remontant à l’enfance »[Jennie Harding, op. Cité, p. 204]. La peur du noir, quand cela n’est pas celle du loup, est emblématique à ce titre.

Pour les alchimistes, l’œuvre au noir est l’étape qui précède l’œuvre au blanc. L’œuvre au noir est dissolution. Considérons les trois couleurs primaires que sont le magenta, le bleu cyan et le jaune primaire. Mélangeons-les à parts égales. Nous obtiendrons une couleur très proche du noir mais qui n’en est pas. Il s’agit d’un noir dans lequel subsistent quelques traces de blanc, à l’image de la partie Yin du fameux symbole que nous connaissons bien.

Maintenant, considérons à nouveau ces trois mêmes couleurs primaires à l’aide desquelles nous fabriquerons un disque chromatique formé de trois secteurs de 120° chacun. Remplissons chacun des secteurs par l’une des couleurs primaires. Faisons tourner selon l’axe notre disque chromatique. Les trois couleurs se mélangent, non pas pour donner du noir, mais un blanc, un blanc qui n’est pas parfait, un blanc dans lequel subsistent quelques traces de noir, ce qui, bien entendu, n’est pas sans évoquer l’autre partie – Yang, cette fois – du même symbole.

Ces deux expériences mettent surtout en lumière le fait que le blanc parfait n’est qu’une illusion, que le noir parfait n’est, lui aussi, qu’une illusion.

Pour Reynald Boschiero, le noir est la couleur de la conscience. « Protectrice et rassurante, elle absorbe la lumière mais la garde en son sein, nous dit-il avant de poursuivre ainsi : profonde, épaisse, […] ses ténèbres recèlent un trésor ». A l’image d’une pépite dans une gangue. Ce qui n’est pas sans évoquer l’une des lames de l’oracle de la Triade qui porte à merveille son nom : Nadir. Tant il est vrai qu’aller au charbon est l’une des façons de connaître mieux son Zénith.

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Œuvre au noir, charbon, Boschiero… Le lien est assez évident : un grand nombre de pierres de protection sont noires ! Schorl, obsidienne noire, onyx, spinelle noir, shungite et j’en passe. Et là, étrangement, la couleur noire de ces pierres n’effraie pas leurs porteurs ^^

Le noir peut donc être de bon conseil. N’est-ce pas du silence de la nuit qu’émanent les rêves et les songes qui permettent de mettre en lumière certains aspects de la vie diurne ? ^^

Sources :

Symboles et signes, origines et interprétations, Miranda Bruce-Mitford & Philip Wilkinson, Larousse, 2009.

Le langage secret des symboles, David Fontana, Éditions Solar, 1994.

Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Robert Laffont, 1982.

Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, Rombaldi, 1977.

Perceval le Gallois, Chrétien de Troyes, Éditions Ipomée-Albin Michel, 1997.

Oracle de la Triade, Dominike Duplaa, Éditions du Gange, 1998.

Signes et présages dans la vie quotidienne, Jean-Louis Victor, Éditions De Vecchi, 1997.

L’univers des cristaux, Jennie Harding, Le courrier du livre, 2007.

Le guide des pierres de soins, Reynald Boschiero, Éditions Vivez Soleil !, 1999.

Conseils et guide d’achat pour bien choisir vos pierres, cristaux et minéraux, Reynald Boschiero, Éditions Vive Valèque, 2010.

Dante

L’argent

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Alors que nous avons dit que l’or était actif, mâle, solaire, diurne, autant dire Yang, il appartient à l’argent d’incarner l’aspect Yin : il est donc dit passif, féminin, nocturne, lunaire… Il est l’expression de la solidification des énergies lunaires car, tout comme la Lune, l’argent peut se voiler, se ternir bien que le mot « argent » dérive d’un terme sanskrit signifiant blanc et brillant. Du reste, c’est comme cela qu’il se présente à l’état pur, sa mise à jour entraînant rapidement une pellicule du sulfure d’argent, raison de plus de le conserver à l’obscurité, de là son caractère nocturne.

L’argent est éminemment féminin. Pour cela, il suffit d’admirer les fils enchevêtrés pareils à une chevelure de femme, aspect qu’il arbore le plus souvent même s’il lui arrive parfois de se présenter sous forme de pelotes, de feuillets, de lamelles, de pépites ou de cristaux, quand ce n’est pas avec d’autres minéraux, formant alors des minerais d’argent (argentite, etc.).

Dans de très nombreuses cultures, il est associé à la pureté, il a également un rapport très étroit avec l’eau, alors que dans une symbolique chrétienne, il occupe une position ambivalente. S’il est d’une part l’expression de la sagesse divine, il est d’autre part traîtrise et félonie (cf. par exemple les 30 deniers de Judas). Devenant objet de convoitise et de cupidité, il symbolise alors l’avilissement de la conscience et la perversion de sa valeur céleste. A ce titre, l’une des plus importantes entreprises ayant été organisées pour s’emparer de métaux et de pierres précieuses s’incarne à travers la colonisation de l’Amérique Centrale et de l’Amérique du Sud, la découverte des Amériques s’étant soldée par l’extermination de millions d’Amérindiens. L’argent du sang, donc.

L’argent est utilisé depuis des temps très anciens. Des bijoux furent découverts dans des tombes chaldéennes vieilles de plus de 6 000 ans !

D’importantes mines situées en Espagne furent exploitées par divers peuples dont les Phéniciens, les Carthaginois et les Maures. Plus tard, au environ du VII ème siècle ap. JC, les grands centres d’extraction se situèrent en Saxe et en Bohème.

Après la découverte des Amériques, alors que l’or et l’argent européens avaient une valeur marchande identique, l’argent « bon marché » rapporté du Mexique et du Pérou entraîna l’effondrement des cours européens de l’argent, ce qui ruina les extractions européennes, juste retour des choses pour cet argent spolié au fil de l’épée. Que n’ont-ils pas fait en ton nom? Convoitise et cupidité, nous le voyons bien…

M. Boschiero indique dans son Guide des pierres de soins que l’argent donne confiance en soi, ainsi qu’assurance et autorité. Mais qu’à l’excès – comme tout – il est susceptible de poser problème. Nous l’avons vu plus haut. Il dit également de l’argent que c’est une matière minérale de modération, de justesse d’appréciation et qu’elle vise à l’objectivité. Autant dire que celui qui se laisse berner par le caractère mirobolant de l’argent a tout faux. Les conquistadores en sont un exemple frappant. Bref.

On l’appliquera de préférence sur le chakra de la gorge, on le purifiera à l’eau distillée non salée et on le rechargera sur macle, exposé à la lumière solaire et/ou lunaire.

L’argent – en oligothérapie – associé à ses copains Or et Cuivre joue un parfait rôle bactéricide et bactériostatique d’importance. Il intervient dans des affections relativement bénignes telles que l’angine mais également dans des cas plus graves et incommodants (rhumatismes, polyarthrites chroniques évolutives, etc.), en passant par les syndromes dépressifs.

Malléable, ductile et flexible comme l’or (ce qu’exprime sa dureté comprise entre 2,5 et 3), l’argent est bien moins dense que son illustre cousin, mais bien plus courant : alors que la plus grosse pépite d’or jamais trouvée n’excédait pas 70 g (excusez du peu ^^), on a découvert en Amérique du Nord des blocs d’argent bien plus conséquents (612 kg au Canada, 1350 kg aux États-Unis, etc.).

Sources :

La grande encyclopédie des minéraux, Rudolf Dud’a/Lubos Rejl, Gründ, 1986.

Encyclopédie des minéraux, J. Kourinsky, Gründ, 1977.

Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier/Alain Gheerbrant, Robert Lafont/Jupiter, 1969.

Le langage secret des symboles, David Fontana, Solar, 1994.

Le guide des pierres de soins, Reynald Boschiero, Éditions Vivez Soleil, 1999.

Logos, Bordas, 1976.

Books of Dante – 2011