Nouveau livre – L’Ogham : divination et langage symbolique des arbres

« Le langage populaire a presque toujours et presque partout représenté le développement de la vie humaine avec des images de l’observation de la vie des plantes »1. Quelle docte et fort sage remarque du professeur de sanskrit Angelo de Gubernatis (1840-1913) ! Il écrivit cela dans son fameux ouvrage dédié à la mythologie des plantes, dont le premier tome comporte des pages qui regorgent de précieuses informations portant sur ce lien extrêmement ténu qu’entretiennent la Nature et l’homme du peuple (n’est-ce pas lui qui la connaît le mieux, celui qui en est au contact le plus entier et le plus régulier ?).

Ainsi demande-t-on à un homme quelles sont ses racines pour savoir de quelle souche il est issu. Devant son enfant, que l’on n’a pas vu depuis longtemps, l’on s’exclame : « Qu’il a poussé, ce petit ! » Et de son père, qui est un homme bâti comme un colosse, les plantes des pieds profondément enracinées dans la terre qui l’a vu naître, l’on dit qu’il est bien planté, tandis que l’homme nostalgique, éloigné de sa patrie, passe pour déraciné.

L’on pourrait poursuivre jusqu’à l’infini, je pense, la liste des expressions qui marquent l’évidente interrelation unissant l’arbre à l’homme. A cette étude, l’on constaterait que, de manière quasi universelle, l’homme a constamment été vu comme issu des arbres, en particulier des arbres creux, des vieilles souches ancestrales et, dans l’ensemble, de ces arbres générateurs dont le caractère sacré ne fait pas de doute. Cette coïncidence était autrefois si marquée qu’à la naissance d’un enfant l’on avait pour coutume de planter un arbre, parce que, à l’instar de l’homme, il pousse, il s’accroît, il s’élève. Ce type d’événement faisait grandir tout à la fois le peuple de l’homme et le peuplement forestier.

De cette materia prima qu’est le bois, émerge comme une forme de conscience, attendu qu’il participe de la sapience. D’ailleurs, à travers les âges, « le symbolisme général du bois reste constant : il recèle une sagesse et une science surhumaine »2, auprès desquelles s’abreuver puisque qui connaît le langage des arbres peut apprendre d’eux le passé et la sagesse du monde. Conscient de tout ce qui se passe dans l’humanité, l’arbre enveloppé d’une infinité de feuilles, incarne donc le rôle d’émissaire de la forêt. Or, celle-ci, « qui sait tout, peut aussi tout apprendre »3, puisqu’elle est le « symbole de la matière primitive, chaotique et désordonnée de l’Être, d’un monde sauvage où tout peut arriver »4, gigantesque réservoir des manifestations de la vie et des connaissances mystérieuses.

Une autre des caractéristiques de l’arbre et de la forêt, c’est qu’ils ont des oreilles et une langue, ils parlent et écoutent. Ainsi, les organes de l’arbre « les plus vivants, feuilles et fleurs, ne pouvaient manquer de connaître les plus précieux secrets, et par suite de les livrer à ceux qui sauraient les consulter. Voilà pourquoi les anciennes magiciennes et sibylles s’entouraient la tête de feuilles »5. La croyance populaire prétend avoir doté l’arbre de la parole après lui avoir accordé une âme. Mais ne la possédait-il pas déjà, avant toute chose ? N’est-ce point présomptueux de la part du bipède pensant, qui ne comprend pas que ce n’est pas toujours le vent qui fait frémir les feuilles d’un arbre, mais l’être vivant caché à l’intérieur ? Ce langage, bien que muet la plupart du temps, mystérieusement emblématique, s’il ne sait pas toujours se rendre intelligible, se fait néanmoins entendre (l’entente ne coïncidant pas toujours avec la notion de compréhension). Mais la ténébreuse forêt n’ajoute-t-elle pas du mystère en retranchant cette capacité de pénétration qu’il faut aller chercher sous les sombres arcanes des bois qui forment temple, cette forêt sanctuaire, celle-là même au sein de laquelle officiaient les druides ? Mais le temple, c’est avant tout le ciel que l’épaisse forêt dissimule aux yeux du profane…

[…]

Système d’écriture assez méconnu et surtout relativement tenu secret, l’Ogham – si jamais on devait le comparer aux runes – demeure avant tout du domaine de l’initié et du mystère.

Par l’occasion qui m’est ici offerte, je vais m’attacher à articuler cette incontournable grille de lecture de la Nature qu’est le langage symbolique des arbres à la divination, puisque les oghams sont aussi des instruments par lesquels interroger le destin.

Pour ce faire, les vingt-cinq arbres oghamiques sont minutieusement détaillés, accompagnés d’annexes et complétés par des index facilitant les recherches.

  • Format 23.5 x 15.5, intérieur noir & blanc
  • 270 pages
  • ISBN : 978-2-9546426-6-6
  • Illustration couverture : Gilles Gras

Tarif France : 18 € (+ 7,50 € de frais de port) ↓

Tarif Europe : 18 € (+ 14,20 € de frais de port) ↓

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  1. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 1, pp. 36-37.
  2. Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 135.
  3. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 1, p. 74.
  4. Jean Turnel, Approche symbolique in Perceval le Gallois, p. 136.
  5. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 1, p. 141.

© [Books of] Dante – 2023

Animaux-totems & Roue-médecine : retour en stock !

Après plusieurs mois passés dans ses orageuses et sombres montagnes de l’Ouest, l’Oiseau-Tonnerre s’est enfin décidé à redonner de la voix. Passé maître dans l’art de la dissimulation, il en a profité pour lustrer ses plumes et améliorer son vol, mais dans le fond, il est toujours aussi sauvage et farouche.

TARIF FRANCE : 9 € + 5,15 € de frais de port

TARIF EUROPE : 9 € + 9,65 € de frais de port


L’Oiseau-Tonnerre vous remercie !

© Books of Dante – 2023

Nouveau livre : le jardin d’Hécate

Hécate… Les trois petites syllabes qui forment son nom contiennent en elles-mêmes bien des mystères, terme suggérant une initiation muette. Or, dans ces pages, il sera question de rapporter les paroles de la déesse à travers les nombreux symboles qui la caractérisent depuis des milliers d’années. Par exemple, le chiffre trois est l’un d’entre eux. Mais il en existe bien d’autres encore, que nous aurons l’occasion de rencontrer au fur et à mesure de nos pérégrinations qui nous mèneront parmi les plantes qu’abrite le bois sacré de la déesse.

Son jardin n’est pas qu’une simple collection de plantes établie dans la hâte et selon un ordre fantaisiste à l’initiative d’un jardinier insouciant. Il est surtout le fruit d’une réflexion menée il y a des centaines d’années et qui, de gré à gré, effleure dans certains textes antiques, alors que d’autres – rarissimes – donnent en partie l’identité de ces plantes, bien que, en aucun cas, on puisse parler de savoir encyclopédique à cet endroit. Ce legs, qui souffre parfois d’inexactitudes, quand il n’est pas ponctué de dubitatifs points d’interrogation, est néanmoins une précieuse matière. Cependant, il faut rester conscient qu’un long temps nous sépare de la genèse de ce savoir. Les informations dont nous disposons aujourd’hui, aussi lacunaires soient-elles, nous rappellent les biais impondérables existant entre la source d’un texte et celui qui en prend connaissance. La distance qui nous éloigne de ces anciens écrits, les traductions multiples qui en ont été faites, les interprétations contradictoires qui en ont été données parfois, sans compter cette « manie » qu’avaient les anciens auteurs grecs et latins d’utiliser un seul terme pour désigner plusieurs objets et différents mots pour n’en signifier qu’un seul, tout cela suscite une sensation de tâtonnement qui résulte en ceci : l’idée que je me fais de telle plante décrite dans tel ouvrage, concorde-t-elle avec ce qu’il cherche véritablement à transmettre ? De la vessie à la lanterne, bien qu’elles éclairent toutes deux, la nuance n’est pas mince. Aussi, moins bien qu’imaginée, pouvons-nous dire que la flore qui pousse dans le jardin de la déesse Hécate confine à l’imaginaire et à une forme de perception qui ne saurait se soumettre à une seule et stricte observance scientifique, même si, nous le verrons, des éléments de cette nature, empruntés à une époque plus moderne, seront conviés au fil du texte afin d’en conforter la thèse.

Les quelques dizaines de plantes présentes au cœur de l’ensemble qu’est le bois sacré n’ont pas pour seule vocation d’être ornementales, quand bien même chacune d’entre elles possède une forme de beauté qui lui est personnelle. En effet, comment ne pas s’extasier devant la délicate architecture des fleurs de l’aconit ? De même, est-il possible de passer outre le velouté soyeux des feuilles du dictame, de négliger le pédoncule serpentin du cyclamen ? Nous aurions encore mille raisons de tomber en admiration devant ces plantes qui, au-delà d’être des assemblages botaniques complexes, sont aussi ce que l’on appelle des simples, c’est-à-dire des entités naturelles dans ce qu’elles ont de plus pur. Malgré la singularité qui les particularise, ces plantes n’en sont pas moins douées de qualités dont l’ambivalence apparente pourrait les distinguer en raison d’un truchement artificiel consistant à les ranger dans des groupes solidement étiquetés. A l’examen attentif du jardin d’Hécate, il n’est guère possible de se borner uniquement à en catégoriser les plantes à l’aide d’associations arbitraires, puisque, dans le cadre qui nous intéresse, les clés de détermination dépassent la simple logique de l’herbier.

Le jardin d’Hécate transpire d’une forme d’harmonie dont on ne peut faire l’économie sous prétexte de ne considérer que les divers éléments qui le constituent, en omettant au passage le fait que chacune des plantes de ce jardin entretient des liens parfois fort ténus avec la déesse. Après les avoir analysées, il a été possible de faire « parler » Hécate.

Dans cet ouvrage, nous ne nous contenterons pas exclusivement de dresser un « inventaire » médico-magique de la flore dont Hécate est la maîtresse. Si, en effet, le jardin de la déesse est l’axe médian de ce travail, il est souhaitable de préciser qu’un certain nombre d’étapes préalables devront être franchies avant de pouvoir pénétrer au sein de ce jardin. C’est sur la base de cette volonté que nous mettrons en évidence la corruption dont a été victime la déesse Hécate au fil des siècles, une divinité qu’on a accusé d’être malfaisante au point que les noirs desseins qu’on lui a souvent prêtés ne pouvaient se réaliser sans ses prétendus talents d’empoisonneuse. Or, l’étude minutieuse des plantes qui peuplent son jardin dément cette idée ; elle est aussi un excellent outil permettant de nuancer les paroles de ceux – tous des hommes – qui cherchèrent à habiller la déesse des oripeaux de la vilenie, quitte à en faire un avatar « diabolique ».

Comme c’est le cas de beaucoup d’autres figures féminines – de la Déesse-Mère à la Femme en réalité –, Hécate a subi, bien malgré elle, les méfaits d’une patriarcalisation excessive. C’est pourquoi ce livre, dans toute sa modestie et son imperfection, se veut un hommage rendu à une divinité dont on a beaucoup à apprendre, et cela qu’on soit une femme ou un homme.

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J’espère que cela vous a plu. Si vous êtes convaincu et que vous en voulez davantage, c’est par là :

ISBN : 978.2.9546426.5.9
Format royal (16*24), 212 pages, intérieur noir & blanc
Couverture : Édouard Muller/Gilles Gras
Prix (y compris frais de port et traitement) :

Tarif France : 24,45 €

Tarif Europe : 31,15 €

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