Aujourd’hui, nous poursuivons notre exploration du domaine de la mycothérapie avec un champignon qui est non seulement thérapeutique mais également adaptogène : on l’appelle crinière de lion (je préfère, ça confère davantage de noblesse à son caractère) ou hydne hérisson (ce qui est moins glorieux, le hérisson étant une créature moins intrépide que le lion, mais néanmoins sympathique).
Bonne lecture et beau week-end :)
Gilles
Synonymes : hydne hérisson, hérisson commun, barbe de hérisson, barbe de satyre, barbe de capucin (le singe ou le moine ?), tête de singe, peigne à ronce, pompon blanc, yamabushitaké (au Japon).
Synonymes latins : Hydnum erinaceum, Hericium commune.
Lorsqu’on évoque le caractère ancestral de l’utilisation de la crinière de lion, l’on se contente généralement d’affirmer que ce champignon fait l’objet d’un emploi par les Chinois depuis plus de 2 000 ans. Pour preuve, est présenté, au sein du classique Shennong Bencao Jing, le hou tou gu (« champignon tête de singe »), notamment signalé comme thérapeutique par la médecine traditionnelle chinoise, à l’instar du reishi. Ce système médical, de même que la médecine traditionnelle japonaise, assurent que le yamabushitaké (« champignon de moine de montagne ») est apte à soutenir le système cérébral et la santé neurologique. Ces deux médecines prétendent même que la crinière de lion est un reconstituant qui permet de conserver bonne mémoire et de retarder le vieillissement. C’est d’ailleurs pour cette raison que les moins bouddhistes avaient pour usage de délayer de la poudre de crinière de lion dans leur thé afin de bénéficier de la puissance de ce tonique cérébral, qui avait pour effet recherché d’accroître le degré de concentration au cours des exercices méditatifs des moines. Lorsqu’on creuse un peu, on s’aperçoit que la crinière de lion n’est pas uniquement dévolue au seul art de soigner, mais que, bonne pâte, elle se laisse aussi manger plus largement en Asie orientale, comme à Taïwan par exemple. Cela ne suffit pas à en faire un champignon typiquement asiatique, puisqu’il est également endémiquement présent en Europe et en Amérique du Nord. D’ailleurs, en homme averti, le docteur Roques le connaissait parfaitement. Il y a deux siècles, ce grand amateur de champignons comestibles allait le cueillir dans les environs de Paris. Il y était récolté seulement dans un but alimentaire, puisque l’heure des champignons thérapeutiques n’avait pas encore sonné. Aujourd’hui, il faut bien se l’avouer, on ne l’y trouve plus tellement. A cette époque, on le connaissait sous le nom latin d’Hydnum erinaceum accordé par Pierre Bulliard en 1780, avant d’être transféré en 1797 par Christiaan Hendrick Persoon dans son genre actuel. C’est depuis cette dernière manipulation, que la crinière de lion porte son actuel nom latin. C’est au nom donné par Bulliard qu’il faut le chercher dans les ouvrages de Roques. Au cas contraire, on fouille ailleurs et on ne l’y déniche donc point. Roques n’avait pas fait le constat de la raréfaction de ce champignon (en tous les cas, si tel était déjà le cas, il n’y fait pas référence), se contentant de nous apprendre que l’« on rencontre ce champignon, en automne, sur les vieux chênes ; il est sessile ou à pédicule court, cylindrique, peu régulier, d’où naissent une multitude d’aiguillons minces, qui pendent tous perpendiculairement et se terminent par étages [NdA : il décrit les hyphes du type « stalactite » (cf. photo supra). Il existe aussi un type « boule de coco givrée » ^.^ (cf. photo infra]. Cette plante (sic), d’une assez grande dimension, est toute blanche, ensuite d’un jaune pâle. »1 Effectivement, ce champignon charnu s’épanouit préférablement dès la fin de l’été (de septembre à décembre : il peut revenir plusieurs années de suite au point sur lequel il s’est originellement fixé) sur les vieux arbres vivants ou morts (chêne, mais pas seulement : hêtre, érable, bouleau), avec, comme « cibles » de prédilection, les arbres abattus, endommagés, blessés, etc., en bon champignon saprophyte qu’il est (du grec saprós, « putride », qui souligne son appétence pour la matière organique en décomposition). Un élément d’explication à sa raréfaction tiendrait à celle de ces vieux arbres que l’on fait plus souvent promptement disparaître au lieu de les laisser sur place achever leur vie et en promouvoir bien d’autres. De plus, comme la crinière de lion apprécie les forêts très humides, il en disparaît d’autant qu’elles reculent et qu’elles recèlent moins de ces grands arbres qu’elles abritaient autrefois. En agissant sur le milieu, il ne faut pas s’étonner de n’y plus remarquer un champignon qui dépend essentiellement de conditions que l’on supprime ou à qui l’on fait perdre du terrain, dans l’inconscience du fait que la « gestion » de la forêt porte un grand coup au réseau mycélien qui se propage à l’ensemble du sol des espaces forestiers et que les semelles de nos chaussures rencontrent à chaque fois qu’elles font un pas sur le sol du sous-bois. Car nous n’appréhendons d’un champignon que sa partie émergée, autrement dit son sporophore (autrefois, on utilisait le terme carpophore désuet) dont l’ultime fonction est l’émission terminale de spores, mais qui ne nous dit jamais rien du mycélium souterrain qui occupe, à lui tout seul, la majeure partie du stade végétatif d’un champignon.
Aujourd’hui, ce gros champignon (15 à 30 cm pour un poids maximum de 1,5 kg) est encore répandu à une aire très vaste bien qu’il y soit rare partout. « On » le dit abondant au centre de la France. Euh… Non, sa raréfaction est partout constatée. Dans ce cas, comment se fait-il que je vais bientôt m’apprêter à exposer ici les vertus médicinales de la crinière de lion ? Vous exhorterai-je à vous jeter sur ses derniers représentants ? Bien évidemment que non. Fort heureusement, ce champignon se prête, et c’est fort heureux, à l’exercice de la culture, que l’on mène en maints endroits dans des fermes à champignons (dont en France), afin de pourvoir, selon les pays, aux besoins culinaires traditionnels, mais aussi aux impératifs thérapeutiques, alimentant les nécessités du marché mondial en matière de suppléments alimentaires qui représentent la bagatelle de 7,6 milliards de $ annuels. Parmi cette somme astronomique, l’on constatait en 2021 que plus de la moitié était destinée à la seule problématique de la mémoire et des moyens de l’améliorer. Qu’est-ce que cela peut-il bien suggérer ? Recherche-t-on à mieux mémoriser, ce qui serait une excellente nouvelle ? Ou bien à mémoriser plus, ce qui ferait, hélas, écho à la domination hégémonique du règne de la Quantité, visible partout, dans la taille des SUV, la durée illimitée des appels téléphoniques, les disques durs externes, toujours plus puissants, qui ont remplacé depuis belle lurette les trop humbles clés USB, et tous le reste à l’avenant. Sur la question de la qualité vs quantité, consulter Le règne de la quantité et les signes des temps de René Guénon. Espérons que la crinière de lion ne soit pas l’un des supplétifs nombreux utilisés par la tyrannique quantité afin de perpétuer son emprise sur le monde…
La crinière de lion en mycothérapie
Nous sommes plus habitués à consommer les champignons pour leurs parties visibles et ignorons bien souvent que la mycothérapie se satisfait des mêmes parties pour en tirer des remèdes employables tels quels. Mais, cette cerise sur le gâteau qu’est le champignon, cet aliment délicat dont la noblesse s’incarne parfois dans le cèpe et la truffe, nous fait oublier un peu vite que la plus grande partie de ce qui constitue véritablement un champignon se dissimule dans le sol sous la forme du mycélium, que l’on ne considère presque jamais à sa juste valeur, et pour cause, il nous demeure parfaitement invisible.
Du mycélium d’un champignon à sa forme fructifiée, c’est-à-dire le sporophore, l’on observerait des compositions biochimiques assez similaires, ce qui laisserait entendre à certains que l’un peut aisément se substituer à l’autre, ce qui n’a rien de bien véritablement exact, puisqu’à chaque stade de développement – mycélium/sporophore/spores – l’on observe une variété de composés biochimiques différents. Avant d’en arriver à faire un inventaire précis de ceux-ci, il est intéressant de mettre en évidence que, au travers de la culture de champignons thérapeutiques, mycélium et partie fructifiée aérienne viennent se placer dos-à-dos, comme s’ils n’avaient aucun rapport l’un avec l’autre. Quoi qu’il faille le deviner… car, en général, des mycélia, l’on parle très peu, étant indisponibles dans les chaînes d’approvisionnement auprès desquelles se fournir en poudre de champignons. Bien pire, l’éleveur de champignons thérapeutiques cultive ses champignons sur ce que l’on appelle des « lits de culture » dont il se débarrasse par la suite (ils sont jetés après la récolte des corps fructifiés). Or, ce sont très exactement ces « lits » et surtout les mycélia qui s’y trouvent qui intéressent une frange de la recherche scientifique. Pourtant, le mycélium est trop souvent mis à l’écart, certains n’hésitant pas à aller à son encontre, comme ici : « Pour obtenir le supplément de champignons fonctionnels le plus puissant et de haute valeur, des extraits doivent être fabriqués à partir du champignon (fructification), plutôt que du mycélium sur le grain. »2 D’autres insistent, en précisant sur les produits qu’ils vendent, qu’ils ne mélangent pas les torchons avec les serviettes, c’est-à-dire que leurs poudres de champignons ne sont absolument pas frelatées par adjonction frauduleuse de mycélium ou d’un quelconque amidon qui viendrait faire artificiellement gonfler leurs produits comme des ballons de baudruche. C’est qu’ils n’ont pas dû entendre parler des mycélia de la trempe de ceux que je me procure, qui sont bien éloignés de la réclame tapageuse des marchands qui prétendent vendre la meilleure qualité de champignons thérapeutiques. Plusieurs raisons désobligeantes peuvent contrevenir à l’achat de poudres de corps fructifiés de champignons : c’est très justement dans ses parties aériennes charnues que le champignon stocke les pesticides et les métaux lourds présents dans son environnement (il les fixe dans son ossature chitineuse, alors que le mycélium, lui, est dénué d’un tel risque). Secundo, et nous l’avons déjà dit, le profil thérapeutique des deux formes n’est pas identique. Finalement, le mycélium que, sans le décrier vraiment, l’on écarte parce qu’on le comprend mal, possède une plus grande stabilité et biodisponibilité, en ce qui concerne certains composants biochimiques. C’est le cas des polysaccharides, présents aussi bien dans le sporophore de la crinière de lion, que dans son mycélium, une supériorité qui se transpose, bien évidement, au niveau des propriétés et usages thérapeutiques de la crinière de lion. Je ne dis pas que la poudre de sporophore de crinière de lion ne vaut rien. Je dis simplement qu’elle est moins efficace que ce que l’on prétend habituellement, ce qui est le fait même des vendeurs, qui se gardent généralement d’avouer – s’ils le savent jamais – que les mycélia sont dotés d’une puissance thérapeutique supérieure.
Après ces quelques informations préalables, passons donc à la présentation du profil biochimique de la crinière de lion.
Débutons par les polysaccharides, puisque nous en parlions tout à l’heure. Composés diversement de glucose, mannose, arabinose, galactose, etc. dans des proportions variables, les principaux polysaccharides de la crinière de lion sont des mannanes, galactanes, xylanes, lentinanes. Parmi les plus connus, les β-glucanes, on cite très fréquemment les β-1,3 galactane et β-1,6 galactane. Les glucides comptent encore des pentols (arabinitol) et des polyols (thréitol). En ce qui concerne les protéines, la crinière de lion se distingue par une forte proportion, puisque un peu plus du quart de sa masse en est constituée. On y rencontre des acides aminés intéressants, comme l’adénosine (dont l’accumulation cérébrale au cours de la journée promeut le sommeil une fois celle-ci parvenue à son terme) et la L-ergothionéine, dite « vitamine » de longévité. Les acides gras, quant à eux, n’apparaissent qu’en quantité très limitée (acides gras essentiels, phytostérols). Quelques éléments minéraux (zinc, phosphore, potassium, fer, sélénium) côtoient des caroténoïdes (β-carotène, lycopène). Sur la question des polyphénols, la crinière de lion peut compter sur des acides parahydroxycoumariques, des acides phénoliques et des isoflavones (daidzéine, génistéine). Le corps fructifié de la crinière de lion se distingue nettement de son mycélium en ce qu’il contient des diterpénoïdes de cyathane, les érinacines, que l’on ne trouve presque pas dans les parties aérienne qui, quant à elles, ont le mérite de receler des héricénones, absentes du mycélium.
Propriétés thérapeutiques
- Adaptogène (meilleure résistance au stress en modulant les stratégies d’adaptation, plus grande résistance à la douleur provoquée par la chaleur, augmente la vitesse d’exécution d’une tâche), nootrope, neurotrophique (contribue à augmenter le nombre de neurones hippocampiques en exprimant plusieurs gènes et protéines impliqués dans la neurogenèse, favorise la croissance des neurites neuronales hippocampiques et la croissance axonale des neurones, de la moelle épinière et des cellules rétiniennes, soutient la transmission des impulsions nerveuses, améliore donc la mémoire à court et à long terme, ce qui réduit le sentiment d’irritation et de frustration de ceux affectés par une neuro-dégénérescence en cours, dont la crinière de lion augmente les performances cognitives), activatrice du NGF3 et du BDNF (brain-derived neutrophic factor : il s’agit d’une neurotrophine proche du NGF), neuroprotectrice (inhibe la mort des cellules neuronales), antidépressive (récupère le niveau de dopamine dans le striatum)
- Anti-inflammatoire et antineuro-inflammatoire, anti-oxydante puissante et inhibitrice du stress oxydatif (favorise la sécrétion de glutathion réductase, de superoxyde dismutase, de catalase et d’IL-10, aux dépens des marqueurs clés de l’inflammation et de l’oxydation que sont IL-1β, IL-6, IL-8, TNF-α, COX-2), antiradicalaire (ABTS, DPPH), chélatrice des métaux lourds, inhibitrice de la production de lipopolysaccharides induite par l’oxyde nitrique
- Anticancéreuse, inhibitrice de la croissance des cellules cancéreuses, anti-néoplasique, antitumorale4, apoptotique (cellules tumorales), rend plus supportable la chimiothérapie
- Immunostimulante et immunomodulatrice (restaure l’immunité Th1 antivirale et anticancéreuse et l’immunité Th2 antiparasitaire) ; anti-infectieuse : antivirale (inhibe la réplication virale), antiparasitaire (nématodes), antibactérienne (germes Gram + et Gram -, inhibe la capacité d’adhésion gastrique de Helicobacter pylori5), agent antibiofilm, régulatrice du microbiote intestinal6
- Gastro-protectrice, rénovatrice de la muqueuse et protectrice de l’épithélium muqueux du gros intestin, favorise la vidange gastrique et accélère le transit intestinal
- Hypotensive, maintient souples les artères, favorise la micro-circulation cérébrale, cardioprotectrice, hypoglycémiante, antihyperglycémique, hypolipidémique, inhibe l’oxydation du cholestérol
- Stimule la croissance osseuse et freine la destruction des os, régénératrice des tissus fibreux et osseux dentaires, cicatrisante (favorise la synthèse du collagène et l’angiogenèse au site de la plaie)
- Néphroprotectrice
- Protectrice thyroïdienne
- Soutient l’audition et la vue
- Inhibitrice de l’α-glucosidase
Usages thérapeutiques
- Troubles du système nerveux : maladies neurodégénératives (ataxie et démence dans les maladies d’Alzheimer, de Parkinson, d’Huntington et la sclérose en plaques, anxiété dans les maladies d’Alzheimer et de Parkinson), tumeur cérébrale, lésion cérébrale traumatique, lésion de la moelle épinière, neuropathie périphérique (alcoolisme, diabète, chimiothérapie), risque de polynévrite alcoolique, déficience cognitive légère (concentration, mémoire, apprentissages, clarté mentale), dépression légère et moyenne, stress, brouillard cérébral (il s’agit de la manifestation de différents affections et/ou états qui peuvent ne pas avoir de rapport entre eux : insomnie, syndrome de fatigue chronique, ménopause, grossesse, sclérose en plaque, lupus, etc.), troubles du sommeil, épilepsie (réduction de la mortalité neuronale), ischémie cérébrale
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : digestion difficile, gastrite chronique, gastrite à Helicobacter pylori, atrophie de la muqueuse gastrique en raison de l’infections à Helicobacter pylori, dysbiose, maladies intestinales inflammatoires (colite, MICI), ulcère stomacal, protection de l’estomac durant un sevrage alcoolique
- Affections cancéreuses : cancer du foie, de l’œsophage, de l’estomac, du sein, leucémie, adénocarcinome pulmonaire, cancer colorectal
- Troubles locomoteurs : arthrose, arthrite, douleur articulaire, ostéoporose et autres pertes osseuses
- Ménopause, dépression de la ménopause
- Maladies métaboliques (diabète)
- Maladies auto-immunes liées à Th17 (inflammation chronique typique et tolérance du système immunitaire vis-à-vis de bactéries intestinales qui pullulent => dysbiose)
- Fatigue, faiblesse, manque de vitalité, de force et de tonus (permet de recouvrer la longévité du corps et de l’esprit)
Modes d’emploi
La crinière de lion thérapeutique n’est pas de ces champignons dont un seul usage gastronomique peut s’avérer utile. D’ailleurs, sur ce point de vue-là, mieux vaut ne pas trop le « cuisiner », si l’on souhaite en tirer le meilleur avantage (par exemple, on a remarqué que la simple infusion est d’un meilleur profit que la décoction).
Dans le commerce, on peut se procurer généralement de la poudre de corps fructifié de crinière de lion, seule ou en mélange avec d’autres champignons thérapeutiques tels que le reishi (Ganoderma lucidum), le maïtaké (Grifola frondosa) ou encore le shiitaké (Lentinus edodes). Cette poudre, parfois conditionnée sous la forme de capsules, est préférablement détaillée dans un doypack, chose pratique car refermable grâce à un zip et que l’on peut ranger dans la porte intérieure du réfrigérateur. Fournie avec une cuillère doseuse en plastique, la poudre de crinière de lion s’administre à raison de 0,5 à 1 g par jour, délayable dans du thé, du café, un chocolat chaud, un smoothie, un jus de fruits et/ou de légumes, une soupe, un bouillon, etc. Personnellement, je dépose le contenu de la cuillère-doseuse sur la langue, je laisse en place le temps que la salive l’humidifie, et lorsque la poudre est bien imbibée, je fais passer, grâce à ma langue, ce mélange un peu partout dans la cavité buccale, avant d’avaler le tout à l’aide d’un demi-verre d’eau à température ambiante (on peut faire de même pour la plus grande partie des poudres de plantes et de champignons). La crinière de lion adopte parfois la forme de gélules qui contiennent un extrait sec dosé en polysaccharides et augmenté en érinacine A.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- La crinière de lion, bien que parfaitement inoffensive dans la plupart des cas, peut donc s’utiliser sûrement et cela sur une longue période. On l’oubliera chez l’enfant, ce champignon se réservant à l’adulte, sauf dans les quelques cas suivants : femme enceinte, femme allaitante, personnes devant subir une greffe (cf. immunosuppression), et toutes les maladies pour lesquelles le NGF est déjà élevé : SOPK, allergie chronique, cystite interstitielle, fibromyalgie, inflammation articulaire.
- Il est possible de renforcer le pouvoir immunostimulant/immunomodulateur de la crinière de lion en l’associant à d’autres champignons thérapeutiques du même type, c’est-à-dire le reishi à nouveau, le chaga (Inonotus obliquus) et le meshimakobu (Phellinus linteus). Des plantes comme l’échinacée et la shatavari peuvent également convenir pour une association thérapeutique. Enfin, sachez que la crinière de lion n’est jamais plus efficace qu’associée à la prise régulière de vitamine D.
- La crinière de lion ne bénéficie pas seulement d’une réputation médicinale : c’est aussi un excellent champignon de table dont Joseph Roques disait ceci dans son Histoire des champignons comestibles et vénéneux : « Sa chair est ferme, constamment blanche. On l’apprête comme le champignon de couche, dont il a à peu près le goût »7, qui n’est assurément pas celui de tous le monde, puisque d’aucuns lui trouvent comme un goût de homard ou de fruits de mer cuits au beurre, plus proche de la viande blanche (poulet, veau), que du « bête » champignon de couche (alias le champignon de Paris, Agaricus bisporus) qui, lui, au contraire de la crinière de lion, ne diffuse aucun arôme de noix de coco ou de citronnelle au niveau des papilles gustatives. Dans certains pays, la crinière de lion se consomme crue, mais le plus souvent on la fait mariner avant de la cuire, en particulier en Asie du Sud-Est où on l’incorpore dans les soupes, les plats de nouilles et les plats sautés. Ailleurs, on le confit au vinaigre (comme les lactaires de ma grand-mère ^.^) ou bien on le sèche, afin d’en différer la consommation dans le temps. Il se réhydrate parfaitement dans de l’eau tiède, du lait ou encore du bouillon.
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- Joseph Roques, Histoire des champignons comestibles et vénéneux, p. 107-108.
- Source.
- Acronyme de l’expression nerve growth factor, que l’on peut traduire par « facteur de croissance nerveuse », le NGF est un polypeptide neurotrophe découvert par le biologiste cellulaire Stanley Cohen (1922-2020) et la neurologue italienne Rita Levi-Montalcini (1909-2012), dont les travaux sur le sujet leur valurent l’obtention du prix Nobel de médecine en 1986. Par neurotrophe, il faut entendre la capacité de ce NGF a promouvoir la naissance de nouveaux neurones mais aussi la protection de ceux déjà existants. Le NGF favorise la survie cellulaire par minéralisation des neurones et renforcement de la myélinisation. Non seulement cantonné au bon entretien neuronal, le NGF prend également soin des nerfs périphériques et des cellules rétiniennes dont il diminue le risque de dégénérescence. De plus, il est favorable à la régénérescence des muqueuses de l’estomac, des intestins, du foie et de la peau. Le NGF est fortement stimulé par les héricénones et les érinacines de la crinière de lion, d’où l’implication de ce champignon dans la résolution d’un certain nombre de troubles de la santé dépendants d’une carence en NGF (asthme, athérome, obésité, diabète, dépression, anorexie, boulimie, fracture osseuse, plaie…).
- L’action antitumorale de la crinière de lion procède de deux modes complémentaires : le premier, que l’on pourrait dire de nature yang, consiste en une attaque directe par apoptose et suppression de la métastase. Une défense indirecte yin consiste en l’inhibition de la néovascularisation de la tumeur (lui couper les vannes) et la restauration d’une réponse immunitaire de la voie Th1.
- Concernant les vertus de la crinière de lion face à Helicobacter pylori, l’on ne peut pas affirmer que ce champignon est spécifiquement antibactérien dans le sens où il tue cette bactérie. Il n’est donc pas, à proprement parler, antibiotique. En revanche, il lui retire le tapis de dessous les pieds de façon non pas brutale mais tout à fait subtile ^.^
- « Nous avons montré que ce traitement ne modifiait pas la composition globale du microbiote intestinal mais modifiait significativement l’abondance relative des genres spécifiquement impliqués dans la cognition et l’inflammation » (Source).
- Joseph Roques, Histoire des champignons comestibles et vénéneux, p. 107-108.
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