L’huile essentielle d’origan vulgaire (Origanum vulgare)

Afin de compléter l’article que j’avais écrit au sujet de l’origan vulgaire en phytothérapie il y a 5 ans, voici celui que je puis accorder au versant aromathérapeutique de cette plante. Ce sera pour moi l’occasion de rappeler certains points qui me tiennent à cœur et qui ne sont pas l’apanage de la seule huile essentielle d’origan vulgaire, puisqu’ils s’appliquent à toutes les huiles essentielles : faire attention aux dosages, s’interroger aux raisons qui nous poussent à utiliser bien souvent trop d’huiles essentielles, respecter l’environnement et les ressources, etc. Bien des huiles essentielles devraient être abandonnées tant la pression écologique qu’on fait peser sur elles est lourde : si ce n’est pas le cas de l’origan vulgaire de base, c’est celui de ses deux variétés connues sous les noms d’origan compact et d’origan kaliteri, deux vraies mauvaises idées.

Voilà donc un article qui grince aux entournures, mais il est nécessaire de dire les choses, même si elles déplaisent.

Bonne lecture et beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles



Synonymes : origan commun, grand origan, thym de berger, grande marjolaine, marjolaine commune, marjolaine sauvage, marjolaine vivace, marjolaine bâtarde, marjolaine d’Angleterre, thé rouge.

L’emploi actuel des huiles essentielles est sans commune mesure avec ce qu’il était il y a un siècle. Pourtant, une petite musique, particulièrement lancinante et pénible, semble sous-entendre, non pas qu’il en a toujours été ainsi, mais que les huiles essentielles accompagnent l’être humain depuis des millénaires. Certes, il existe bien d’antiques tentatives d’obtention d’huiles essentielles par le biais d’alambics archaïques, mais ils ne fournissaient ni en qualité, ni en quantité comparables avec ce qui se produit et s’écoule en un pays donné (en France, tiens !) en l’espace d’un an aujourd’hui. Dire qu’on a toujours fait ainsi relève donc du mensonge. Cet engouement pour l’aromathérapie n’est donc que chose récente eu égard à l’histoire connue de la médecine humaine par les plantes. Ainsi, par nos modes de consommation actuels des huiles essentielles, nous expérimentons, nous autres êtres humains du XXe et du XXe siècles, quelque chose qui n’a jamais été réalisé auparavant. Il n’existe donc aucune histoire millénaire de l’aromathérapie. C’est, peut-être, en l’absence de toute sagesse ancestrale que l’on voit l’aromathérapie dériver comme jamais auparavant, de fausses croyances entraînant bien des abus. Deux d’entre eux me semblent étroitement liés : le surdosage pratiqué par certaines « officines » et la surexploitation des plantes destinées à la production d’huiles essentielles. L’emballement pour quelques espèces précises soulève un intérêt pour d’autres qui leur sont proches et entraîne, bien souvent, des destructions parfois irréversibles dans des pays où l’on exploite sans vergogne, non seulement la matière végétale locale disponible, mais également une main d’œuvre pauvre et non qualifiée, c’est-à-dire pas moins que ce qui se faisait en France il y a encore moins d’un siècle : quand on allait cueillir quelque espèce sauvage dans son milieu naturel, on s’enorgueillissait de n’en pas avoir laissé un seul brin, signe que l’on avait été méticuleux et consciencieux dans sa cueillette. Aujourd’hui, l’on sait bien que de telles pratiques sont néfastes, car une cueillette trop large peut menacer la granification des plantes (et, partant, leur diversité génétique), mais aussi les apports nutritifs auprès des insectes pollinisateurs. Tout cela peut donc mener à faire disparaître, in fine, une plante que l’aromathérapie souhaitait mettre en valeur ! Sur la question des origans, l’on peut avoir une pensée émue pour deux variétés d’Origanum vulgare : tout d’abord la variété compactum, victime marocaine de l’obnubilation des acheteurs d’une part et des méthodes digne d’un Attila des temps modernes d’autre part. Dans la vallée du Rif, femmes et enfants récoltent cet origan pour le compte de grossistes peu soucieux de pérenniser la ressource et d’en intégrer durablement la récolte afin qu’elle profite aux populations locales. Au contraire, on préfère généralement passer sous silence le bilan désastreux de telles pratiques auprès de ceux à qui l’on vante la dernière nouveauté aromathérapeutique à la mode. Autre variété : le kaliteri, dont on parle encore assez peu et qui est quasiment – quelle chance pour lui ! – à peu près indisponible en France (hormis chez quelques-uns, dont une grande « enseigne » que je ne nommerais pas et qui pratique des tarifs tout à fait suspects…). On glose sur ces deux variétés, alors que l’on fait complètement l’impasse sur l’huile essentielle d’origan vulgaire dans la littérature. Il faut dire que c’est du « local » et que la ressource végétale n’est pas rare, contrairement au compactum qui se réduit comme peau de chagrin dans son aire d’origine (où l’arganier subit le même triste sort d’ailleurs…). Côté kaliteri, je ne sais pas trop s’il faut déjà se faire du souci, mais s’enticher de ce nouveau produit me semble tout à fait inutile (en plus d’être une mauvaise nouvelle), sachant la rareté de la ressource. Non seulement elle est limitée, mais elle est lointaine, vue depuis la France : en effet, cet origan n’existe qu’en Bolivie et vit dans des circonstances climatiques (à 2500 m d’altitude) pour lesquelles on ne peut pas exiger la même « productivité » ni la même « rentabilité ». J’espère donc bien que cet origan saura se tenir en dehors de toute notoriété tapageuse dont on connaît parfaitement les effets pervers, qui s’appliquent déjà à d’autres plantes en situation critique d’extinction. Ne pas se jeter inconsidérément sur les dernières nouveautés, permet donc de lever un peu la pression écologique qui pèse sur les plantes qui les produisent, car agir ainsi, quand bien même le produit – ici une huile essentielle – est dit naturel, n’est jamais moins qu’un acte de consommation comme un autre. Cela signifie-t-il que l’emploi de l’origan vulgaire – sous sa forme d’huile essentielle – est sans danger (pour lui) ? Je ne dirai pas cela de façon aussi peu assurée et nuancée. Oui, j’ai parfaitement le souvenir d’avoir dit que la ressource en Europe était loin d’être digne de la plus sévère des pénuries. D’après le site de l’IUCN, cette plante n’est pas inscrite parmi les vulnérables, comme ses cousins Origanum libanoticum et O. dictamnus. Doit-on imputer cette singularité à son caractère ? Le premier terme qu’utilise Maison Néroli sur son site pour qualifier l’origan, c’est le mot mitraillette ! C’est vrai que son odeur agressive le rend difficile d’approche… et « il ne prend pas de gants pour faire connaître sa façon de penser »1. C’est cela donc qui le tiendrait en dehors de toute convoitise ? Hum, non, pas vraiment, puisqu’en l’état de plante fraîche (ou sèche), l’origan ne transmet pas du tout ce type de désagrément (sauf à doses inconsidérées) qui s’applique, prioritairement, à l’huile essentielle qu’on en tire. Bien que cet origan ne soit absolument pas menacé dans la nature, il importe d’attirer l’attention spécifiquement sur son huile essentielle, dont le très faible rendement se situe aux alentours de 0,60 %, c’est-à-dire que pour n’en obtenir qu’un petit flacon de 10 ml, il faut distiller pas loin de 20 kg de cette plante. Or, comme l’origan pousse à profusion, on aurait tendance à en récolter plus que de mesure, menaçant, de fait, un filon prolifique. Mais, plus que cela, il ressort que l’adéquation des dosages représente un moyen efficace d’utiliser moins d’huiles essentielles, de même que prendre en compte les affections auxquelles on les destine. Est-il nécessairement besoin d’invoquer un dragon à grande langue pour lécher un timbre-poste ? « Avons-nous besoin d’un bazooka pour tirer sur une mouche ? »2. Certainement que non. Pourtant… quand on observe des posologies assez ahurissantes il est permis d’en douter. Il faut savoir qu’une seule goutte d’huile essentielle d’origan vulgaire représente l’équivalent de 50 g d’origan frais, soit bien plus que ce qu’on peut et doit consommer dans une journée pour s’en faire une infusion. Fournier indiquait 10 à 20 g par litre d’eau. Aussi, pour avaler, sous forme d’infusion, en une journée, l’équivalent d’une seule goutte d’huile essentielle d’origan vulgaire, ce ne sont pas moins que 2,5 à 5 litres d’infusion qu’il faudrait préparer et ingurgiter dans le courant du jour, ce qui est proprement délirant ! Alors, convertissez maintenant des dosages comme deux gouttes trois fois pas jour !… En plus de ce point qui concerne le dosage, se pose donc aussi toute la question des raisons qui amènent à le mettre en place. Rappelez-vous du dragon tenant un bazooka ^.^ Bien que cette huile essentielle fût évoquée dans les œuvres de Nicolas Lémery, Jean-Baptiste Chomel, Louis Desbois de Rochefort et d’autres auteurs encore, il apparaît que durant les XVIIIe et XIXe siècles, cette huile essentielle n’était quasiment jamais plébiscitée (pas davantage que les autres, au reste). Bien après, puisque Fournier écrit cela dans son Dictionnaire paru en 1947, on se gardait bien de faire appel massivement à cette huile essentielle, produit « excito-stupéfiant qui, dans une première phase, produit de l’excitation accompagnée d’agitation et d’hyperesthésie sensitivo-sensorielle, puis, dans une deuxième phase, provoque la dépression avec anesthésie, engourdissement et somnolence »3. C’est donc ce bazooka que certaines personnes utilisent aujourd’hui pour dézinguer un banal rhume ? Il faudrait s’en abstenir car « médicalement, l’essence est toujours violente et demande à être dosée dans son emploi ; beaucoup d’essences sont dangereuses pour la santé, même quand elles proviennent de plantes inoffensives à l’état naturel [NdA : ce qui n’est pas le cas de l’origan vulgaire]. C’est pour cette raison que les remèdes les meilleurs ne sont pas les essences, car, en réalité, ce principe séparé de ses éléments concomitants est loin de posséder toutes les propriétés que l’on peut attribuer au végétal complet. La meilleure preuve, c’est que l’homme, qui a séparé ainsi ce principe volatil et pénétrant d’une plante quelconque, s’empresse souvent, dans la pratique pharmaceutique, à l’associer, soit à d’autres essences, soit à d’autres corps pour reformer ainsi un nouveau composé quelquefois plus complexe et moins harmonieux »4. Je parie que vous ne vous attendiez pas à une charge pareille dans un article dévolu à une huile essentielle, fut-elle d’origan vulgaire ! Mais j’en appelle à une aromathérapie responsable et mesurée, sachant que, à l’heure actuelle, on utilise beaucoup trop d’huiles essentielles et pas toujours pour des raisons qui le nécessitent. En prenant en compte de manière dépassionnée la réalité, il est bien difficile de donner tort à Botan, l’auteur des lignes ci-dessus citées. Effectivement, se pose la question de savoir pour quelle raison une plante comme l’origan ne séquestre qu’une toute petite fraction d’essence aromatique dans les tissus qui composent ses sommités fleuries, ses feuilles ou encore ses tiges. Réponse possible : si elle en fabriquait davantage, on observerait peut-être des phénomènes de phytotoxicité du même ordre que ceux qui surviennent lorsqu’une remédiation phytosanitaire tourne à l’aigre en utilisant des doses un peu trop appuyées. De plus, ce que la Nature a saupoudré de-ci de-là avec parcimonie, l’être humain s’enquiquine à l’extirper d’une plante entière. De ce totum, on ne prélève que quelques parcelles dont l’unique point commun est d’être aromatiques (parfois, on lit la bêtise qui consiste à dire que l’huile essentielle contient le totum de la plante alors qu’elle n’en est qu’un extrait, le génie complet de la plante ne se dissimulant pas à l’intérieur d’un seul flacon d’huile essentielle !). C’est pour toutes ces raisons que je fais de moins en moins appel aux huiles essentielles en général et que je leur préfère, et de loin, les extraits de plantes fraîches qui se soucient d’une plus grande représentativité biochimique. La dernière remarque de Botan, je la trouve pleine de bon sens, bien que, j’en suis assuré, elle fera grincer quelques dents : on retire de plusieurs plantes des extraits aromatiques que l’on isole pour mieux les réunir. Les mélanges concoctés par l’humain seraient-ils à même de surpasser ce que sait faire la Nature, grande initiatrice dont nous n’avons pas percé la plupart des messages, quelques-uns seulement ? Ainsi, savons-nous un peu que la quantité d’essence dans une plante, sa localisation dans son économie selon les saisons, les conditions qu’offre ou impose le climat, etc., font que d’un lieu à l’autre, la même plante botaniquement déterminée propose plusieurs profils aromatiques en réponse à des facteurs qui, pour la plupart, nous échappent complètement. Pourquoi, en tels lieux et telles circonstances un origan fabrique-t-il plus de β-caryophyllène, tandis que chez un autre, où cette molécule est quasiment absente, c’est le carvacrol (ou cymophénol) qui domine ? Savez-vous répondre à cette question ? Pas plus que moi, qui m’en pose une autre : la destination des essences dans les plantes a-t-elle un rapport avec celle des huiles essentielles chez l’homme ? Bref, passons à la suite pour en apprendre davantage et ne pas succomber à ce que disait Diderot : « L’ignorance et l’incuriosité sont des oreillers fort doux ».



Matthiole, De Materia medica (1564-1584).


L’origan vulgaire en aromathérapie

Comme bien des plantes, l’origan est soumis à des conditions qui influent sur la nature et la quantité d’essence aromatique que cette plante est capable de produire. On sait, par exemple, que l’altitude a une incidence sur cette quantité : selon qu’elle est basse, moyenne ou haute, la teneur en essence est différente et tend à chuter plus on grimpe. A cela s’ajoute le moment de la cueillette. On distingue généralement six phénophases : stade végétatif précoce, stade végétatif tardif, stade de floraison précoce, stade de pleine floraison, stade de floraison tardive et stade de rupture des graines. Si une seule de ces étapes intéresse le distillateur (le stade de pleine floraison), il faut savoir que chaque stade a un effet significatif sur la teneur en essence et sur sa composition : l’origan d’hier n’a donc pas de rapport avec l’origan de demain ! Par exemple, c’est dans l’origan cueilli en période optimale que l’on trouve le plus de phénols, tandis que la période végétative peut considérablement faire varier le rendement (par exemple, estimé à pas loin de 2 % dans un origan cueilli en plein stade végétatif tardif, il s’abaisse à 0,60 % au stade de la pleine floraison !). Même le mode de culture semble influer sur la composition générale d’une huile essentielle extraite pourtant d’origans similaires : il a été observé que selon la densité (nombre de pieds au m²), la composition générale des huiles essentielles évoluent en conséquence ! D’autres facteurs mettent en évidence des disparités en terme de composition biochimique : une étude menée sur des origans iraniens a montré que des plantes récoltées à la même période fabriquaient des huiles essentielles dissemblables selon que l’on ramassait les sommités fleuries (β-caryophyllène : 48 à 60 %), les feuilles (1-octen-3-ol : 24 %) ou les tiges (bicyclogermacrène : 10 % ; 1.8 cinéole : 6,50 % ; bornéol : 5 % ; pinocarvone : 4,50 %). Une autre étude portant sur des origans du nord de l’Inde (état d’Uttarakhand, jouxtant le Népal) prélevés dans des localités distantes de peu de kilomètres, a montré des profils bien différents : l’un à phénols (thymol : 30 à 35 % ; carvacrol : 12 à 21 %), l’autre à esters (acétate de bornyle : 12 à 17 %) et à sesquiterpènes (β-caryophyllène : 10 à 14 % ; germacrène D : 6 à 11 %). Il est bien évident que, dans un souci de « standardisation », l’huile essentielle d’origan vulgaire commercialisée en France se doit d’être issue d’une distillation à la vapeur d’eau des sommités fleuries récoltées à pleine floraison aux mois de juillet et d’août. Ainsi obtient-on un liquide limpide de saveur chaude, épicée, herbacée, très piquant à brûlant, de couleur jaune pâle à ambré (on observe une variation chromatique plus étendue chez compactum : du jaune clair, du jaune d’or, du rouge et du brun foncé), de densité élevée (0,945 contre 0,93 pour compactum) et à la composition biochimique que résume le tableau suivant (en guise de données comparatives, j’ai placé côte à côte le vulgare et le compactum) :

Prix moyen constaté (pour un flacon de 10 ml en bio) : 17 € (contre 14 € pour le compactum).



Cette goutte d’eau, qui joue le rôle de loupe naturelle, nous permet de discerner correctement les poches à essence qui tapissent le limbe de cette feuille d’origan vulgaire.


Propriétés thérapeutiques

En tant qu’arme lourde, l’huile essentielle d’origan vulgaire ne saurait être maniée par des mains trop inexpérimentées, voire folâtres. Dans l’idéal, il ne faudrait la réserver qu’au spécialiste.

  • Anti-infectieuse à large spectre d’action : – antibactérienne active sur germes Gram + et Gram – : Campylobacter jejuni, Helicobacter pylori, Salmonella enterica, S. tuphemurium, Escherichia coli, Listeria monocytogenes, L. innocua, Staphylococcus aureus, S. epidermis, Pseudomonas aeruginosa (le carvacrol provoque des lésions de la membrane cellulaire de cette bactérie), Enterococcus faecalis, Bacillus subtilis, Klebsellia pneumoniae, Proteus mirabilis, Micrococcus flavus, Enterobacter cloacae, etc. Si l’on aligne, face aux mêmes germes, les huiles essentielles et essences de citron, de lavande fine, de camomille matricaire, d’origan vulgaire, de menthe poivrée, de basilic tropical et de sauge officinale, devenez qui gagne ? ^.^ – mycobactéricideantivirale : HSV1, HSV2 – antifongique : Dermatophytes sp., Aspergillus niger, A. flavus, A. fumigatus, Penicillium digitatum, P. verrocosum, Trichophyton mentagrophytes, Saccharomyces cerevisiae, Candida albicans, C. glabrata, C. krusei, C. lusitaniae, C. dubliniensis, C. parapsilosisparasiticide : Tribolium castaneum (ver de farine) – larvicide sur les larves de moustiques vecteurs du paludisme, sur les parasites responsables de la filariose et de l’encéphalite japonaise – vermifuge : ascaride, ankylostome, oxyure, ténia
  • Immunomodulante (la principale molécule, le carvacrol, agit sur la modulation de la réponse immunitaire par l’intermédiaire de diverses actions intracellulaires)
  • Anti-oxydante (effet protecteur sur l’ADN), antiradicalaire
  • Apéritive, stomachique, antiseptique gastro-intestinale, carminative, augmente la sécrétion des sucs biliaires
  • Analgésique
  • Antispasmodique
  • Tonique générale, neurotonique, stimulante physique, mentale, intellectuelle et sexuelle, sédative du système nerveux central, énergisante, réchauffante
  • Emménagogue, freine l’hyperfolliculinie
  • Expectorante
  • Diaphorétique
  • Chimio-préventive, antiproliférante, cytotoxique (?)

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère respiratoire : infections bactériennes des voies respiratoires, bronchite, bronchite chronique, asthme, angine, toux, toux irritative, trachéite, laryngite, pharyngite, coqueluche, rhume, grippe
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée, dysenterie, amibiase, gastro-entérite, entérocolite, candidose intestinale, colite, fièvre typhoïde, inappétence, digestion lente, dyspepsie, aérophagie, syndrome de l’intestin irritable, intoxication alimentaire7
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : infections bactériennes des voies urinaires, cystite, prostatite, néphrite
  • Troubles locomoteurs : affections rhumatismales aiguës et chroniques, rhumatisme musculaire
  • Troubles de la sphère gynécologique : absence ou retard des règles, aménorrhée
  • Affections cutanées : dermatoses infectieuses et parasitaires (gale, teigne, acné, mycose), abcès
  • Asthénie profonde, faiblesse immunitaire, fatigue et épuisement nerveux, convalescence
  • Maladie de Lyme (?), paludisme (in vitro, seulement : des cas de neuropaludisme mortels ont été décrits sous origan !)
  • Maladie d’Alzheimer (le carvacrol inhibe l’acétylcholinestérase ; plus largement, l’on connaît l’implication de l’acétylcholine dans les fonctions de la mémoire et de l’apprentissage)
  • Cancer : l’huile essentielle d’origan vulgaire permet l’inhibition de la croissance des cellules dans l’adénocarcinome du côlon (cette activité est un peu moins efficace auprès de l’adénocarcinome du sein)

Modes d’emploi

  • Voie cutanée diluée à hauteur de 1 à 5 %. Les préconisations tournent plus souvent autour du premier chiffre que du second.
  • Voie orale : délicate. Usage mesuré et raisonné nécessaire. Autant dire qu’on oubliera les « deux gouttes trois fois par jour » pour les motifs exposés plus haut. Même à raison de 100 à 150 mg par jour pour un adulte, on multiplie les doses souhaitables par deux ou trois. En tout état de cause, un traitement interne ne durera pas plus d’une semaine8.
  • En bain : jamais, même diluée.
  • En diffusion atmosphérique : déconseillée, ou seulement à très petites doses, durant un laps de temps très bref, en synergie avec d’autres huiles essentielles et essences moins agressives. Jamais en présence d’animaux, de jeunes enfants, etc.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Dangerosité des phénols : dans cet article nous avons rencontré le carvacrol surtout et le thymol dans une moindre mesure. Toutes les huiles essentielles qui en contiennent un pourcentage significatif doivent être utilisées de manière rigoureuse, que ce soit par voie orale ou cutanée. A doses élevées et trop souvent répétées sur une période prolongée, ces huiles essentielles sont susceptibles de provoquer des dommages hépatiques : on les dit hépatotoxiques. On les écartera donc en cas de maladies chroniques du foie comme l’hépatite. Comme, de plus, elles présentent un caractère irritant et caustique, il faut se garder d’un usage interne en cas d’ulcère ou de gastrite. Attaquant la peau et les muqueuses lorsqu’elles sont utilisées pures ou improprement diluées, les huiles phénolées ne doivent pas être appliquées sur les peaux hypersensibles, allergiques, malades ou endommagées. Dans quelles autres circonstances faut-il éviter d’employer l’huile essentielle d’origan vulgaire ? Durant la grossesse (parce qu’elle est embryotoxique) et l’allaitement, chez l’enfant, en cas d’antécédents convulsifs, en cas de traitement anticoagulant, de maladies auto-immunes avérées (sclérose en plaques), etc.
  • Impliquée dans les soins vétérinaires, l’huile essentielle d’origan vulgaire a également démontré ses pouvoirs dans d’autres domaines : en tant qu’herbicide (elle est capable d’inhiber la germination de plusieurs espèces de graines : moutarde, radis, cresson alénois, alpiste des Canaries, etc.), ainsi que plusieurs champignons ascomycètes affectant les fruits tels que l’abricot, la prune et la nectarine (Monilinia laxa, M. fruticola, M. fructigena, etc.). Encore faut-il bien doser cet origan antifongique : par exemple, une solution à 1 % d’huile essentielle d’origan vulgaire s’avère toxique pour les nectarines. Quand on élève le taux d’huile essentielle dans cette solution à 10 %, l’efficacité est meilleure contre les champignons, mais devient phytotoxique pour les trois fruits…
  • Autres espèces : le dictame de Crète (O. dictamnus), l’origan grec (O. creticum), l’origan de Syrie (O. syriacum), l’onite (O. onites), l’origan de Tournefort (O. tournefortii), etc.
  • Terminons-en avec cette variété, le kaliteri, dont voici quelques données chiffrées permettant de présenter son profil biochimique : monoterpénols (40 %) dont : trans-4-thujanol (19,25 %), terpinène-4-ol (12,10 %), cis-4-thujanol (5,65 %) ; monoterpènes (40 %) dont : γ-terpinène (11,30 %), paracymène (8 %), α-terpinène (6 %), sabinène (5 %), terpinolène (3 %) ; phénols (10 %) dont : carvacrol (8 %). On lui attribue les propriétés thérapeutiques suivantes : anti-infectieux à large spectre d’action (antibactérien, antiviral, antifongique, antiparasitaire), décongestionnant des voies respiratoires, expectorant, anti-inflammatoire, équilibrant de la flore intestinale. Voici en quels cas répertoriés il est possible de l’utiliser : troubles de la sphère respiratoire (angine, bronchite, grippe, fièvre), troubles de la sphère gastro-intestinale (diarrhée, gastro-entérite, mycose intestinale), infections urinaires, maladies infectieuses (borréliose ? maladie de Lyme ?), convalescence, etc. Bon. Est-ce que ça vaut bien la peine d’aller dévaster les montagnes boliviennes pour si peu ? On me rétorquera que le formidable taux de thujanol de cette huile essentielle en justifie davantage l’emploi que celle d’origan vulgaire qui, rappelons-le, est hépatotoxique, tout au contraire du kaliteri dont on loue les qualités hépatoprotectrices. Il posséderait les avantages du vulgare sans ses inconvénients. Dites, une essence pas chère et qu’on trouve partout, est dotée de la même propriété de protection du foie : celle de citron. Donc, bye-bye kaliteri, parce que vanter une huile essentielle pareille, à ce stade-là, ça n’est plus de l’aromathérapie, c’est tout bonnement du commerce.

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  1. Bernard Vial, Affectif et plantes d’Amazonie, p. 90.
  2. Aline Mercan, Manuel de phytothérapie écoresponsable, p. 88.
  3. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 702.
  4. P. P. Botan, Dictionnaire des plantes médicinales les plus actives et les plus usuelles, pp. 211-212.
  5. Étymologiquement, ce mot possède un rapport avec l’idée de brillance (quelque chose de blanc qui luit au soleil, par exemple), mais aussi celle de chaleur (du latin foueo, « chauffer »).
  6. Le carvacrol, isomère du thymol, tire son nom de celui du carvi, peut-être en souvenir du fait que le karwita était du nombre des quatre semences chaudes.
  7. Outre qu’il lutte contre le staphylocoque doré, l’origan est aussi capable d’inhiber la formation des entérotoxines staphylococciques que ces bactéries produisent, ce qui permet de réduire le phénomène d’intoxination qui, autrement, se solderait par les traits habituels de l’intoxication alimentaire (nausées suivies de vomissement, douleurs abdominales, diarrhée, vertige, frissons, faiblesse générale parfois accompagnée d’une légère fièvre). Comme beaucoup d’autres toxines produites par des micro-organismes (mycotoxines, etc.), les entérotoxines sont thermostables, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas détruites par la chaleur d’une cuisson. Cela signifie qu’il faut prêter attention au préalable : se laver les mains avant de manger, respecter la chaîne du froid, ne pas attendre trop longtemps avant de ranger un plat cuit et refroidi au réfrigérateur, etc. On se rappellera de l’emploi de la sarriette, autre plante à phénols, pour « corriger » les gibiers faisandés…
  8. Tout simplement parce que du premier au sixième jour d’utilisation, elle se montre immunostimulante, mais devient immunodéprimante dès le jour suivant. On observe deux phases similaires quand l’origan est accidentellement absorbé à hautes doses : 2 g per os en une seule dose occasionnent une cuisson de l’estomac, des nausées, etc. Au delà : diarrhée, surdité et bourdonnements d’oreilles, ralentissement de la respiration, accélération puis ralentissement du pouls, enfin refroidissement général.

© Books of Dante – 2023



L’origan vulgaire (Origanum vulgare)

Synonymes : grande marjolaine, marjolaine vivace, marjolaine sauvage, marjolaine bâtarde, marjolaine d’Angleterre, thym de berger, thé rouge.

De l’origan, l’on a tout dit : des choses vraies qui dénotent la perspicacité et la sagacité, des choses fausses, confinant parfois à la sottise et à la crédulité crasse sans borne. Et cela commence très tôt, avec Aristote, par exemple, qui prétend que la tortue venant à manger un serpent, doit, à la suite, avaler de l’origan pour n’en pas mourir. Écoute-moi, tortue : ne mange plus de serpent. C’est une ânerie que l’on retrouvera, copiée-collée sans discernement par certains Henri Corneille Agrippa et autres Jean-Baptiste Porta. Au contraire, l’homme de théâtre, auteur des Nuées et des Grenouilles, Aristophane, par une locution devenue proverbiale – « regarder de l’origan » –, fait référence aux âmes énergiques. Et le bouillonnant origan, de l’énergie, il en a à revendre. Comme quoi, des deux « excellents », celui qui annone des bêtises n’est pas forcément celui auquel on pense, le littéraire pouvant l’emporter sur le scientifique. Loin de ces billevesées, Hippocrate emploie dans sa pratique médicale un origan qui n’est vraisemblablement pas l’origan vulgaire, assez peu répandu en Grèce et au Proche-Orient, mais un origan aux fleurs blanches, sans doute le même auquel Dioscoride fait référence, bien qu’il n’en mentionne pas qu’un seul dans la Materia medica, puisqu’on y apprend que l’origan héracléotique, de nature caléfactive (c’est-à-dire réchauffante), outre ses usages dans les spasmes, la toux, les démangeaisons, l’hydropisie, l’apparition du flux menstruel, est fortement réputé comme antidote : ainsi viendrait-il à bout des morsures de bêtes venimeuses et d’empoisonnements à la ciguë et à l’opium. Du dernier origan, dit « vert », Dioscoride complète le tableau : maux de gorge, ulcérations buccales et douleurs auriculaires en sont justiciables. Hormis ces soi-disant qualités alexipharmaques, notre homme, il y a 2000 ans, avait déjà tout compris de l’origan. Par la suite, abordé par Columelle, l’origan se retrouve entre les mains de Pline qui fait état d’une antipathie entre cette plante et le chou, qui, lorsqu’il planté à proximité, se dessèche. L’on voit encore une indication intéressante au sujet de l’origan que l’on réduit à l’état de cataplasme de feuilles fraîches afin de soigner les plaies.
Puis vint le Moyen-Âge ! Macer Floridus, en tête, qui nous apprend que l’on « s’accorde à reconnaître à l’origan une force de chaleur et de siccité du troisième degré » (1). Rien de plus vrai ! Vous avez des doutes ? Bien, tentons l’expérience suivante : placez une seule goutte d’huile essentielle d’origan vulgaire sur le bout de votre langue. C’est fait ? Alors ? Ça brûle, hein ? En langage aromathérapeutique, l’on appelle cela la dermocausticité. Mais Macer Floridus ne nous parle pas d’huile essentielle, bien plutôt de décoctions aqueuses et vineuses, de gargarismes, de cataplasmes, dans la plus pure tradition phytothérapeutique. Bien sûr, en grand admirateur de l’Antiquité (d’ailleurs, Macer Floridus, ça n’est pas son vrai patronyme), notre homme pioche de ci, de là, disant l’origan diurétique, vermifuge, emménagogue et antitussif, ce qui est parfaitement vrai. Parmi le vaste champ d’applications qu’il lui concède, que trouvons-nous ? L’utilité de l’origan sur les difficultés digestives, les névralgies, les démangeaisons, les maux bucco-dentaires, les douleurs d’oreilles, les luxations et contusions. Peut-être en fait-il un peu trop quand il assène l’efficacité de l’origan face à l’hydropisie et, pris en flagrant délit de recopiage, il nous sert une salade assaisonnée à la sauce suivante : « en mêlant ce jus [nda : celui de l’origan] avec de l’oignon et du sumac de Syrie, puis en faisant chauffer ce mélange au soleil au temps de la canicule, pendant quarante jours, dans un vase d’airain, on obtient une préparation qui, placée sous le lit, en chasse, dit-on, toutes les bêtes nuisibles (2). « Dit-on »… Ce « on » n’est autre que Dioscoride dans l’œuvre duquel on retrouve, à l’identique ou presque, le même passage. Comme nous l’avons dit plus haut, Dioscoride considérait l’origan comme contrepoison de la ciguë et de l’opium. Macer Floridus y ajoute l’aconit et d’autres poisons végétaux qu’il ne nomme pas. C’est peut-être cette aptitude de l’origan à chasser poisons et venins qui le fera employer pour écarter les sorcières et les démons au Moyen-Âge, expliquant aussi, probablement pourquoi l’on a voulu voir parmi les plantes de la litière de la Vierge Marie l’origan. En effet, l’on dit que la couche de l’enfant Jésus était garnie de plantes protectrices dont on s’est inspiré pour en faire autant avec le lit des parturientes afin d’offrir protection tant aux mères qu’aux nouveaux-nés, les préservant par là du malheur. Puisqu’on aborde Marie, invoquons l’abbesse de Bingen. Je ne crois pas qu’elle ait eu vent de cette réputation faite à l’origan que l’on cultivait alors largement dans les jardins de simples. Le Dost, ainsi l’appelle-t-elle, Hildegarde le recommande dans les douleurs d’oreilles et de poitrine, les accès fébriles et, chose particulièrement pertinente, les maux de tête d’origine digestive. Cependant, elle se garde bien d’en faire un usage interne, accusant l’origan, par cette voie, de provoquer la lèpre, de faire enfler les poumons et de rendre malade le foie (ce en quoi elle n’a pas tort sur ce dernier point : l’on connaît la propriété hépatotoxique de l’huile essentielle d’origan vulgaire).

Origanon et origanos étaient, durant l’Antiquité, des noms dont on affublait diverses plantes de la famille des Lamiacées, autant marjolaines, origans que sarriettes. D’après ces noms, l’origan est la plante qui embellit la montagne (oros) d’un radieux éclat (gonos). Il est vrai qu’il ne manque pas de charme.
Vivace à souche ligneuse produisant de nombreux rejets, l’origan pousse en touffe dressée de 60 à 80 cm de hauteur. Ses tiges poilues, rougeâtres, quadrangulaires portent des feuilles opposées, brièvement pétiolées, allongées, fines, glanduleuses. Se ramifiant au sommet, d’assez courts rameaux porteurs d’inflorescences se ponctuent de petites fleurs roses à rouge pourpre, rarement blanches, formant des épis ovoïdes.
Commun aussi bien en plaine qu’en montagne (2000 m), l’origan affiche une préférence pour les sols calcaires, secs et broussailleux. Ainsi le rencontre-t-on dans les prés bien drainés, les haies, en lisière de bois clairs, en bordure de route, sur les talus des voies de chemin de fer, etc.

L’origan vulgaire en phytothérapie

Cette plante à l’odeur aromatique proche de celle du serpolet ou du thym, à la saveur chaude, amère et piquante, doit cette particularité à une essence (0,15 à 0,40 %) majoritairement composée de phénols, carvacrol et thymol entre autres, dont les proportions varient selon la saison, l’altitude, la latitude, l’ensoleillement, etc. Des principes amers expliquent en partie sa saveur et ses tanins (4 %) son astringence légère. Des flavonoïdes, des acides phénoliques, de l’acide rosmarinique accompagnent une gomme-résine qui teint l’infusion aqueuse en rouge. De l’origan, l’on utilise toute la plante sauf les racines et les tiges, quand la plante est en pleine floraison.

Propriétés thérapeutiques

  • Apéritif, digestif, stomachique, cholérétique, purgatif, vermifuge
  • Expectorant, désencombrant des voies respiratoires, antitussif
  • Diurétique, sudorifique
  • Tonique, stimulant
  • Antispasmodique
  • Antiseptique
  • Emménagogue
  • Résolutif

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère pulmonaire + ORL : inflammation chronique ou aiguë des bronches, bronchite, catarrhe pulmonaire chronique ou aigu, asthme humide, toux, maux de gorge, inflammation de la gorge, angine, enrouement, pharyngite, rhinite, rhume, sinusite, otite
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : atonie gastrique, inappétence, aigreur d’estomac, diarrhée, flatulence, fermentation intestinale, aérophagie, ballonnement, dilatation gastrique, parasites intestinaux
  • Affections bucco-dentaires : stomatite, maux de dents, carie
  • Troubles locomoteurs : algie rhumatismale aiguë ou chronique, algie musculaire, névralgie (sciatique), torticolis
  • Asthénie, convalescence, fatigue après maladie infectieuse, surmenage
  • Douleur menstruelle, aménorrhée
  • Affections cutanées : dermatose, démangeaisons, éraflure
  • Maux de tête d’origine nerveuse ou digestive

Modes d’emploi

Ils concernent tous la plante fraîche ou sèche, à l’exclusion, bien sûr, du suc frais.

  • Infusion.
  • Macération vineuse.
  • Sirop.
  • Poudre.
  • Cataplasme chaud.
  • Bain.
  • Suc frais.

Précaution d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : la plante fleurie, bien épanouie, de juillet à septembre.
  • Séchage : en suspendant les tiges sur un fil, il est assez rapide, de l’ordre de quelques jours. Lorsque les feuilles craquent sous les doigts, il est temps d’effeuiller l’origan, de se débarrasser des tiges et de mettre la matière végétale ainsi obtenue à l’abri de l’air, de l’humidité et des rayons du soleil.
  • A travers une pratique phytothérapeutique raisonnable, l’origan ne pose pas de problème particulier, contrairement à l’usage de son huile essentielle en aromathérapie. Cependant, des doses excessives, qui plus est chez des sujets sensibles, peuvent devenir excito-stupéfiantes, provoquant une violente excitation du muscle cardiaque.
  • Confusion : malgré ses surnoms de marjolaine vivace, de marjolaine sauvage, etc., l’origan sauvage se distingue de la marjolaine qui est, sous nos latitudes, cultivée.
  • Autres espèces : elles sont nombreuses et ponctuent l’ensemble du pourtour méditerranéen : O. glandulosum, O. floribundum, O. hirtum, O. megastachyum, etc.
  • Alimentation : c’est un aromate de choix que l’on peut préférer au thym, à la sarriette ou au romarin. Sur des préparations froides (salades, etc.), on peut en ciseler finement les feuilles fraîches ou saupoudrer des brisures d’origan sec. En revanche, avec des plats exigeant une cuisson, il est préférable (comme souvent dès lors qu’il s’agit de plantes aromatiques) de n’ajouter l’origan qu’en toute fin de cuisson, ainsi, des plats de fèves ou de pois, par exemple, en seront magnifiés. L’origan, c’est aussi une des herbes condimentaires qu’invite nécessairement le goulasch hongrois, et c’est encore lui que l’on trouve sur les pizzas, dont le but n’est pas seulement de leur apporter davantage de saveur, mais aussi de les rendre plus digestes. Mais, pour ce faire, nul besoin d’origan : abandonnez tout bonnement la pâte à pizza traditionnelle et préférez lui une pâte sans gluten : je vous promets que vous n’aurez plus besoin d’origan, hormis pour votre exclusif plaisir gustatif ;-)
  • Plante tinctoriale : des sommités fleuries on tire une teinture permettant de colorer certaines étoffes en brun rougeâtre.
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    1. Macer Floridus, De viribus herbarum, p. 131.
    2. Ibidem, p. 132.

© Books of Dante – 2018