
La quintefeuille (Potentilla reptans)
- La quintefeuille (Potentilla reptans). Synonymes : potentille rampante, main de mars, herbe à cinq doigts.
- L’ansérine (Potentilla anserina). Synonymes : herbe aux oies, potentille aux oies, patte d’oie, bec d’oie, herbe à cochon, tanaisie sauvage, plante des crampes.
- La tormentille (Potentilla tormentilla ou erecta). Synonymes : potentille officinale, potentille dressée, tormentille droite, tormentille tubéreuse, tourmentille, herbe de sainte Catherine, herbe au diable, blodrot (= blood root, « racine du sang »).
L’histoire ancienne ou moderne est relativement prolixe à propos des potentilles. Mais nous ne retrouvons pas les unes et les autres dans le même temps et dans toutes les zones géographiques qui les concernent, aussi entremêlerons-nous leurs histoires.
Au V ème siècle avant J.-C., Hippocrate recommande une potentille contre les maux de gorge, la dysenterie, les douleurs dentaires, la jaunisse, la fièvre tierce, la cicatrisation des plaies et des ulcères. Un siècle plus tard, Théophraste nous offre la description de cette plante qu’on appelle pentaphullon, pentaphullos (c’est-à-dire « cinq feuilles », en réalité des folioles) ou bien pentadaktulon (« cinq doigts ») : « la racine du pentaphullon […] est rouge quand on l’arrache mais sèche, devient noire et carrée [anguleuse]. Sa feuille est comme celle de la vigne, mais petite et de même couleur. Il pousse et meurt avec la vigne. Il a seulement cinq feuilles en tout, d’où son nom. Il a des tiges minces qui se répandent à même la terre et qui ont des nœuds ». Il n’est pas impossible d’entrevoir dans cette description la quintefeuille ou potentille rampante qui « lance des émissaires filiformes et rougeâtres à la recherche de pays d’invasion » (1), et non pas la tormentille qui, d’après de ce que nous apprend Fournier, est absente de Grèce. Mais l’Antiquité ne se résume pas qu’au monde grec, même si à une époque il a largement débordé les frontières de la Grèce actuelle. C’est pourquoi l’on a pu dire que la tormentille était restée inaperçue ou inconnue des Anciens. En revanche, on recroise le chemin du pentaphyllon dans l’œuvre de Dioscoride (Materia medica, Livre IV, 42). Ce dernier recommande cette plante bue dans de l’eau miellée ou du vin coupé d’eau avec un peu de poivre contre les fièvres périodiques. Mais sa racine lui procure un heureux remède contre une foule de maux dont voici les principaux : maux de dents, abcès buccaux, diarrhée, dysenterie, troubles articulaires et névralgiques (sciatique), affections cutanées (induration, herpès, inflammation, cal, gale, blessure…), maladies pulmonaires et hépatiques (jaunisse), hémorragies… Quant à Pline, pour décrire son quinquefolium, il reprend largement ce qu’en dit Théophraste et ajoute que cette plante « se signale par les fraises qu’elle produit ». Là, il y a comme un hic ou bien Pline évoque une autre espèce de Potentilla. Galien conforte l’idée selon laquelle cette plante est utile aux maux de dents et ajoute qu’elle entrait comme ingrédient dans diverses recettes de contrepoisons (thériaque d’Andromaque, thériaque de Mithridate, etc.), c’est dire la réputation qu’on lui avait alors faite, laquelle, bien sûr, s’échappa du strict cadre médicinal, et se répandit à d’autres pratiques connexes, telles que la magie et l’astrologie. Rien d’étonnant alors que la quintefeuille (si c’est bien elle) ait été considérée comme une panacée polychreste, chose que nous allons maintenant aborder.
La quintefeuille était, selon certains textes astrologiques grecs, une plante d’Hermès, de même que le bouillon-blanc. Inhabituellement, cette plante d’Hermès est si bien décrite qu’on ne doute pas un instant de son identité. Par mélothésie planétaire, l’astrologie médicale grecque a donc placé la quintefeuille en relation avec la planète Mercure. Expliquons ce choix. La planète Mercure gouverne les articulations, la bouche, la gorge, les mains, les doigts, les épaules, les oreilles, le ventre, les intestins, les artères, etc. Pour faire de l’herba quintefolium une plante d’Hermès, il faut donc que celle-ci se révèle apte à intervenir sur tout ou partie de ces zones corporelles. Si l’on se réfère à ce à quoi Dioscoride la destinait, on se dit que tout cela, médicalement, coïncide très bien. En effet, la quintefeuille libère le ventre de ses coliques, intervient en cas de maux de gorge (pharyngite…), de maux bucco-dentaires, d’affections cutanées (brûlures, engelures). D’autres encore, données par les astrologues grecs sont plus « farfelues » : lèpre, folie, épilepsie. Quintefeuille et Hermès sont aussi reliés par quelque chose qui revient souvent et qui n’est pas, à proprement parler, une spécificité de la planète Mercure mais du Soleil : les affections oculaires. Tout juste peut-on se permettre de dire qu’une potentille s’emploie pour les soins oculaires. Il ne s’agit pas de la quintefeuille, mais de l’ansérine. Si le lien concernant la bouche, la langue et la gorge s’explique bien par le fait qu’Hermès est le dieu de la parole et de l’éloquence, on comprend mieux que la quintefeuille a été recommandée aux orateurs, car « elle les rend aisés dans l’art de parler, d’un commerce agréable et aptes à réussir. Elle leur confère la facilité de parole et la spontanéité » (2). Mais la vue ? On se hasarde à indiquer qu’Hermès avait la connaissance des choses cachées, un pouvoir de pré-vision. A propos de choses cachées, la quintefeuille permettrait d’acquérir le don d’invisibilité, une caractéristique qui rappelle le détail mythologique retracé par Homère et Hésiode lors duquel Hermès, en portant le casque d’Hadès, se rend invisible. La faculté divinatoire lui est aussi alléguée. Cette plante « donneuse de rêves […] a également la propriété de rendre clairs pour les hommes mortels, à travers de doux rêves, tous les oracles divins ». De plus, d’elle on obtient présents et bienfaits de la part des puissants, on facilite toutes ses entreprises (comme la pêche, la chasse, la victoire aux jeux, l’intrépidité au combat, etc.). On en fit même une plante de vie : « C’est la racine qui, consommée, chasse chacune des maladies du corps et provoque un allongement de la vie. Porte la racine avec une pivoine [autre grande panacée antique], de l’encens et tu seras protégé de tous les charmes des hommes animés par la méchanceté » (3). Ajoutons à cela son efficacité contre les peurs, les maléfices, les démons, les chiens, etc. L’Hermeiao to daktulon (« doigt d’Hermès ») tel quel l’appelait l’auteur anonyme du Carmen de viribus herbarum, doit se récolter en Lune croissante, « quand […] le soleil, lumière des mortels, commence à répandre sur la terre son rougeoyant éclat ». Comme nous le voyons, la puissance de la potentille quintefeuille n’a d’égale que son nom, puisque potentille provient du latin potens, « puissance, force ».
Au Moyen-Âge, on voit apparaître le mot tormentilla qu’on attribuera bien entendu à la tormentille, dont le nom est construit sur le latin tormina (« colique ») et tormentum (« tourment, douleur »). Elle mérite très bien son surnom d’herbe à la colique, qu’elle chasse et non qu’elle provoque comme il m’est arrivé de le lire avec stupéfaction. Hildegarde de Bingen évoque trois potentilles : la potentille des oies (potentille ansérine ?), qu’elle appelle Gensekrut, plante tout à fait inutile pour elle. Ensuite, la Funffblat (de fünf, « cinq » et blatt, « feuille ») qui pourrait bien être la quintefeuille. Elle lui accorde quelque utilité contre les fortes fièvres, la jaunisse et les troubles de la vue. Enfin, elle évoque la tormentille en deux endroits du Physica, mais pour chacun d’eux elle désigne la plante par deux noms différents : Dornelle et Birckwurtz. Cette plante était utile pour soigner les fièvres et la colique, mais aussi pour chasser hors du corps les excès « d’humeurs superflues et empoisonnées ». Au XIV ème siècle, le Grand Albert se penche, lui, sur la quintefeuille, mais ne nous apprend rien de neuf, se contentant de piocher dans les textes antiques : « La cinquième [plante] est de Mercure et se nomme pedactilus ou pentaphilon, en français quintefeuille. La racine de cette herbe guérit les plaies et les duretés [indurations], si on la met en emplâtre. Elle enlève en peu de temps les écrouelles si on boit son suc avec de l’eau. De même que son suc guérit aussi les douleurs et les maux d’estomac et de poitrine. Que l’on en mette dans la bouche, il apaise les maux de dents, et tous les autres que l’on pourrait y avoir. Que si quelqu’un la porte sur soi, elle lui sera d’un grand secours. De plus, si on veut demander quelque chose à un roi ou à un prince, on n’a qu’à la porter sur soi, elle rend savant et fait obtenir ce que l’on en souhaite » (4). Comme on peut le constater, rien de nouveau sous le soleil.
A la Renaissance, on ne parle plus que de l’ansérine et de la tormentille, alors que la quintefeuille semble tombée dans l’oubli. Par leur astringence, Matthiole et Dodoens les conseillent en cas d’hémorragies, de dysenterie, de diarrhée, de leucorrhée, etc., et Matthiole réserve à la seule tormentille un usage bucco-dentaire (déchaussement dentaire, ramollissement des gencives, douleurs…), chose qu’Olivier de Serres appuiera quelques décennies plus tard. Pitton de Tournefort rappelle l’emploi de la tormentille dans la leucorrhée et Degner dans la dysenterie après s’être servi de cette plante pour lutter contre une épidémie de dysenterie en 1736 (5), parce que, comme nous le rappelle le Dictionnaire de Trévoux, « la racine de tormentille est astringente, propre pour les [maux] de ventre ». La tormentille est, en effet, un antidiarrhéique de premier ordre, agissant à la manière de la renouée bistorte et de la bourse-à-pasteur. En revanche, ses propriétés fébrifuges, diurétiques, antilithiasiques et antiphtisiques sont, souligne Cazin, très illusoires ou très exagérées. Il est vrai qu’en 1798, Gilibert avouera avoir soigné un phtisique avec de la poudre de racine de tormentille, affirmation dont il est permis de douter. De même, Boerhaave la considérait « comme l’égale du quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes » (6). Si quinquina et tormentille possèdent quelques molécules en commun, la comparaison s’arrête là. L’abbé Kneipp considère autant l’ansérine que la tormentille. Il accorde aux deux le pouvoir de prendre en charge des maladies tant pulmonaires (asthme, coqueluche) que gastro-intestinales (spasmes). Il indique même l’ansérine pour juguler les états anxieux. Au début du XX ème siècle, Henri Leclerc concentre son attention sur les propriétés stimulantes et antispasmodiques de la potentille ansérine sur l’utérus. C’est ainsi qu’il la préconise en cas de dysménorrhée, de règles douloureuses, de leucorrhée et de métrorragie. Il n’oublie pas la tormentille qu’il qualifie de tonique et d’excitante, mettant à profit ses qualités astringentes énergiques pour résoudre les diarrhées chroniques. Il dira à son propos qu’elle « est, en outre, un des meilleurs agents de la phytothérapie tannique de la tuberculose » (7).
Nos trois potentilles sont toutes des plantes vivaces prenant pied grâce à une souche rhizomateuse. Mais ce qui se passe pour chacune d’entre elles au-dessus du sol diffère grandement. La quintefeuille, espèce rampante, envoie, de loin en loin, de longs stolons rougeâtres, parfois à plus d’un mètre de distance. L’ansérine stolonne aussi mais moins fréquemment. Quant à la tormentille, elle prend en hauteur ce que les deux autres s’accaparent en largeur : c’est ainsi qu’elle atteint une taille de 30 à 50 cm, alors que quintefeuille et ansérine sont plutôt tapissantes. Très feuillues, elles se distinguent cependant par leur morphologie foliaire : des feuilles composées pour toutes, mais à cinq folioles pour la quintefeuille, à trois à cinq folioles dentées pour la tormentille, enfin, en ce qui concerne l’ansérine, des feuilles comptant de très nombreuses folioles (15 à 17), lesquelles sont dentées, de forme oblongue, soyeuses et argentées, d’où son surnom d’argentine. Les fleurs, qui apparaissent chez chacune de mai en août, voire septembre parfois, sont fichées au bout d’un long pédoncule et mesurent environ deux centimètres de diamètre. Si les fleurs de la quintefeuille et de l’ansérine comptent cinq pétales jaune d’or, la tormentille n’en a que quatre, légèrement échancrés. L’ansérine se paie le luxe de fermer ses pétales quand vient le soir ou lorsque d’ombrageuses nuées la surplombent.
Nouveau point commun, ces trois potentilles sont extrêmement communes en France, mais chacune y va de ses petites préférences quant à la nature du sol qui les porte. Par exemple, la quintefeuille et la tormentille apprécient les sols gras, riches en humus et en silice. Cette dernière ne dédaigne pas les terrains acides. Elles ont, toutes les deux, une prédilection pour les sols humides, tout comme l’ansérine, ce qui explique qu’on ne les croise pas en région méditerranéenne. Elles sont plutôt de nature continentale (et océanique pour l’ansérine qui pousse sur les terres salées du littoral). Présentes en plaine comme en moyenne montagne (1000 m), voici les lieux qu’elles affectionnent le plus : bordures de chemins et de routes, prairies, prés, berges des eaux douces (ruisseaux, rivières, mares), clairières, pâturages humides. Cependant, la tormentille est sans doute la plus misanthrope des trois : elle se camoufle dans les haies, apprécie landes et bois, alors que la quintefeuille, qui peut allégrement s’épanouir en ville, se plaît sur les trottoirs, dans les jardins, en lisière de cultures où elle est parfois envahissante. L’ansérine, outre les lieux que nous avons déjà nommés, « se multiplie considérablement dans les lieux où l’on séjourne » (8). Elle est, je pense, une plante compagnon, à l’instar de l’ortie, de l’oseille et du sureau. Elle batifole sur les terres fumées par les animaux, riches en azote et en matières organiques. Si l’ansérine porte ses divers surnoms reliés à la gallinacée qu’est l’oie, ça ne sert pas que pour faire des jeux (de l’oie, de mots, etc. ^_^). Bien qu’il soit plus difficile aujourd’hui de faire la rencontre d’un troupeau d’oies domestiques, on a cherché à expliquer que l’ansérine (du latin anser, « oie ») se trouvait particulièrement sur le chemin de ces voluptueux volatiles, ou que ces derniers en avalaient goulûment le feuillage. De même, à une époque où les cochons gambadaient sans avoir la crainte qu’ils seraient parqués comme des bêtes (ou des sous-bêtes tant cela me rappelle les camps de concentration), ils aimaient, dit-on, arracher les racines de l’ansérine pour s’en repaître, laquelle plante a mérité son surnom d’herbe à cochon, ce qui n’est point vulgaire ! :p

La tormentille (Potentilla tormentilla)
Les potentilles en phytothérapie
Ces trois potentilles sont toutes inodores. Les racines, de saveur âcre et astringente, possèdent parfois – en particulier chez la tormentille – un petit goût légèrement aromatique. Si les feuilles de nos trois espèces sont justiciables d’un emploi phytothérapeutique, la matière médicale principale offerte par les trois se situe sous la surface du sol, en l’image d’un rhizome contenant, selon les espèces 2 à 10 % de tanin (quintefeuille, ansérine), beaucoup plus parfois (17 à 20 % pour la tormentille), de la résine, une gomme, des flavonoïdes, du tormentol, des principes amers, divers acides. La tormentille se distingue par la quinovine qu’elle contient, ainsi que par le pigment rouge colorant sa racine.
Propriétés thérapeutiques
=> Communes aux trois potentilles
- Astringentes, stomachiques, anti-inflammatoires, hémostatiques, cicatrisantes, antidiarrhéiques, toniques
=> Spécifiques à chacune
- Ansérine : antispasmodique et stimulante utérine
- Tormentille : excitante, immunostimulante, antivirale, fébrifuge, antiscorbutique
Usages thérapeutiques
=> Communs aux trois potentilles
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée aiguë et chronique, dysenterie, crampes et spasmes gastro-intestinaux, ulcère saignant de l’estomac et du colon
- Troubles de la bouche, des dents et de la gorge : maux de gorge, stomatite, aphte, pharyngite, gingivite, ulcération buccale, ramollissement gingival, déchaussement dentaire
- Hémorragies : hémoptysie, crachement de sang, hémorroïdes, assainissement et cicatrisation des plaies
- Affections cutanées : ulcère, ulcère atone, brûlure, contusion, engelure, ecchymose
=> Spécifiques à chacune
- Ansérine : colique des nourrissons, gastrite, règles douloureuses, métrite, leucorrhée, rougeur cutanée, coup de soleil, tache de son (grain de beauté à l’allure plate), soins oculaires (fleurs)
- Tormentille : gastro-entérite, infection à rotavirus chez l’enfant, colite, colite ulcérée, entérite, entérocolite aiguë et chronique, néphrite, incontinence urinaire, hématurie, fièvre intermittente, tache de rousseur, piqûre d’insecte, morsure, tumeur enflammée, points douloureux de la goutte, enflure dans les pieds et les mains, soif des diabétiques et des albuminuriques
- Quintefeuille : digestion difficile chez les personnes âgées
Modes d’emploi
- Décoction de racine
- Décoction concentrée de racine
- Macération vineuse de racine (dans un bon vin rouge ou pourquoi pas dans du porto comme le conseillait le Dr Leclerc)
- Alcoolature
- Poudre de racine sèche (comme poudre dentifrice par exemple)
- Racine fraîche mâchée
- Cataplasme de feuilles fraîches
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Récolte : les parties aériennes fleuries à pleine floraison durant les mois estivaux, les racines au printemps (mars-avril) ou à l’automne (septembre-octobre).
- Séchage : les parties aériennes s’y prêtent bien, quant aux racines, le choix nous est donné : on peut les employer fraîches immédiatement ou bien les faire sécher. Mais dans ce dernier cas, il faut veiller à ne pas se constituer une réserve astronomique car la teneur en tanin baisse rapidement après dessiccation. On estime qu’au bout d’un an et demi la poudre de racine et les diverses préparations perdent 25 % de leur tanin. C’est particulièrement vrai pour la tormentille.
- Inconvénients : quintefeuille et ansérine procurent une action plus douce que la tormentille, dont la teneur en tanin oblige de ne pas en abuser tant que la phase d’irritation dans diarrhée et dysenterie n’est pas révolue. Une diarrhée aiguë qui s’étendrait au-delà de 48 heures devrait mener à consulter. Bien qu’étant une espèce astringente très énergique, la tormentille, contrairement à d’autres drogues à tanin, est assez anodine sur les muqueuses stomacales. Tout au plus observons-nous des vomissements en cas d’emploi à haute dose.
- Incompatibilité : comme nous l’avons dit, les tanins réagissent mal avec le fer. Aussi, il est recommandé de n’utiliser aucun ustensile ferreux lors de l’élaboration d’une préparation. Par exemple, une décoction de racine se réalisera dans une casserole émaillée.
- Plantes alimentaires : parmi nos trois potentilles, seule la tormentille ne se prête pas à un usage alimentaire aisé, chose qui s’explique par sa forte teneur en tanin. Cependant, près du tiers du poids de sa racine est constitué de gomme, un intérêt économique possible à condition de dépouiller le rhizome de la tormentille de ses principes astringents. En ce qui concerne l’ansérine, on a constaté que sa racine constituait déjà un légume aux temps protohistoriques, en particulier en Europe du Nord (Écosse, Angleterre, Orcades, Féroé, etc.), où existent des variétés aux racines renflées figurant des tubercules. Aliment mais aussi substitut en temps de disette, son usage alimentaire s’est perdu après l’introduction de la pomme de terre. Pour finir, les feuilles de la quintefeuille et de l’ansérine, surtout quand elles sont cueillies à l’état jeune, peuvent être cuites, accommodées et consommées comme des épinards. En dehors de l’Europe, l’ansérine était aussi conviée comme légume par les populations iakoutes et toungouses (Sibérie) et, de l’autre côté de l’Océan atlantique, des tribus amérindiennes du Canada faisaient de même. Cet aliment de base était pour eux si précieux qu’ils s’en servaient comme de monnaie d’échange contre des denrées introuvables.
- Autres usages : tannage des peaux (nord de l’Europe), plante tinctoriale (Laponie), fabrication d’encres, etc. Ils concernent essentiellement la tormentille.
- Autres espèces : potentille dorée (P. aurea), potentille blanche (P. alba), potentille printanière (P. verna), potentille argentée (P. argentea), potentille faux fraisier (P. fragariastrum), etc.
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1. Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 362
2. Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l’Antiquité, p. 364
3. Ibidem, p. 363
4. Grand Albert, p. 96
5. On fera de même durant la Première Guerre mondiale, lors de la campagne des Balkans.
6. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 65
7. Henri Leclerc, Précis de phytothérapie, p. 111
8. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 65
© Books of Dante – 2017

L’ansérine (Potentilla anserina)
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