Parfums sacrés : retour en stock


ISBN : 978-2-9546426-3-5. Prix : 15 €. 220 pages noir & blanc. Imprimé en France.


Dans cet ouvrage, vous apprendrez que les huiles essentielles ne sont pas de simples liquides inertes enfermés dans de petites bouteilles. Au contraire, parce qu’elles sont très actives, l’homme les utilise depuis longtemps pour entretenir le bon état de santé de son corps. Mais ce n’est pas tout. Les huiles essentielles sont également habitées d’une dimension spirituelle, et les plantes qu’on utilise pour les produire sont au cœur des intérêts humains depuis des millénaires.

Investies d’une parcelle divine, les huiles essentielles vibrent et bouillonnent d’une énergie qu’il n’est pas toujours possible d’observer au premier regard. Le but de ce livre est de montrer que chaque huile essentielle est animée d’une empreinte énergétique qui lui est propre, une aura en somme, et que toutes les huiles essentielles entrent en résonance avec les chakras.

Grâce aux résultats des recherches que nous avons menées dans ce domaine, nous espérons que vous pourrez mieux appréhender votre parcelle divine personnelle, en engageant un dialogue subtile et intime avec ces fées qu’on nomme huiles essentielles.

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Olfactothérapie et anosmie

nez

L’olfactothérapie est une méthode qui intègre tant la propriété volatile des huiles essentielles et des essences que leurs capacités à agir globalement sur la sphère psycho-émotionnelle de l’être humain. Comme son nom l’indique, l’olfactothérapie fait appel à l’olfaction d’huiles essentielles (mais également d’essences et de certaines absolues) en vue de rétablir chez l’individu des déséquilibres émotionnels plus ou moins importants. Nous savons que les huiles essentielles présentent des propriétés calmantes, sédatives, anxiolytiques, neurotropes, etc., qu’un certain nombre d’entre elles ont une action sur le système nerveux. L’olfactothérapie est donc assez proche, dans son concept, de l’aromachologie, une branche de l’aromathérapie qui étudie les effets des substances parfumées sur la psyché. Mais là où l’aromachologie s’occupe du système nerveux, l’olfactothérapie se charge de la dimension émotionnelle propre à chaque individu.

Il s’agit donc d’une approche très subtile, à l’image de la voie privilégiée propre à cette thérapie : des inspirs et des expirs réguliers, directement au flacon. On ne peut donc parler de doses physiologiques. Pour utiliser un parallèle rapide, on peut dire de l’olfactothérapie qu’elle est à l’aromathérapie ce que l’homéopathie est à la phytothérapie. Ce n’est donc pas la quantité d’huile essentielle utilisée qui compte mais sa qualité d’ordre spirituel, émotionnel et vibratoire.
L’olfactothérapie reprend donc à son compte certaines d’entre les propriétés du sens de l’olfaction : induire des modifications humorales et comportementales, permettre la réminiscence de souvenirs camouflés dans les limbes de ce que l’on appelait autrefois le rhinencéphale, un lieu qui « est le siège de toutes les dépendances, des plaisirs et des émotions, ainsi que le lieu où la mémorisation […] s’effectue » (Michel Odoul & Elske Miles, La phyto-énergétique, p. 122).
L’olfactothérapie vise non seulement à calmer les insomnies, à apaiser les excès, cela l’aromathérapie classique peut s’en charger. Bien plus, l’olfactothérapie permet une communication avec notre propre inconscient tout en s’affranchissant des conditions limitantes du cortex, le siège de la raison. Cette technique permet donc une meilleure connaissance de soi en autorisant un retour réflexif sur nos propres émotions et sentiments. D’ailleurs, Bachelard ne disait-il pas qu’une « odeur […] est le centre d’une intimité » ?

Quand on sait que l’anosmie – c’est-à-dire la perte totale ou partielle de l’odorat – peut mener à la dépression, on comprend aisément dans quelle mesure l’olfactothérapie, lorsqu’elle se destine à des personnes dont le sens de l’odorat n’est pas défectueux, peut apporter de bienfaits.
L’anosmie, dont les causes sont variées (chimiques : psychotropes, cadmium, cocaïne, pilule contraceptive ; pathologiques : sinusite, rhinite, syndrome de Kallmann ; anatomiques : anomalies congénitales, lésions tumorales, etc.) résulte principalement d’une altération du nerf olfactif, alors que les cellules olfactives qui tapissent les muqueuses nasales sont intactes. C’est donc ce qui fait le lien entre l’extérieur (les molécules aromatiques perçues par les cellules olfactives) et l’intérieur (système limbique) qui fait défaut.
Bien moins spectaculaire que la cécité, l’anosmie n’en demeure pas moins un handicap quotidien pour ceux qui en souffrent, d’autant plus cruel que les cellules olfactives sont stimulées par des molécules aromatiques sans que l’anosmique en ait conscience. Ainsi la perturbation de la libido, tout comme la dépression sont-elles des conséquences de l’anosmie. Si celle-ci est d’origine psycho-émotionnelle, l’olfactothérapie peut permettre à une personne anosmique de recouvrer son sens de l’odorat bien qu’elle ne soit d’aucun recours si la cause est pathologique (par exemple, lors de la détérioration accidentelle du nerf olfactif).

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Le laurier noble (Laurus nobilis)

Le mot laurier est une rectification de lorier. Quant à laurus, il est issu du latin lauda, ce qui signifie louanges. Il était expressément réservé à la confection de couronnes que l’on plaçait sur la tête de ceux qui méritaient louanges, pratique qui s’est étendue de l’Antiquité jusqu’au Moyen-Âge (1). On lui accorde aussi une symbolique de paix et de victoire, d’où les expressions « se couvrir de lauriers », « cueillir les lauriers », etc.
Au Moyen-Âge, la pratique du couronnement est encore vivace. Elle concerne les jeunes médecins qui reçoivent une couronne de laurier garnie de baies, la bacca laurea (d’où l’origine du mot baccalauréat) qui récompense les méritants, comme ce fut déjà le cas d’Apollon qui couronnait de laurier le chef des braves.

Laurier noble

La Pythie de Delphes ne prophétisait jamais sans avoir mâché ou fait brûler du laurier, en vertu des qualités divinatoires de cette plante. La manducation – c’est-à-dire le fait de mâcher puis d’avaler – des feuilles de laurier était censée provoquer une extase qui permettait une communication avec les sphères divines et rendait ainsi possibles les paroles oraculaires de la Pythie (2). Si l’on reconnaît à l’huile essentielle de laurier noble un pouvoir narcotique à hautes doses, la manducation de quelques feuilles de laurier permettait-elle réellement d’entrer en transe ou bien faut-il mettre ce phénomène sur le compte des fumigations de graines de jusquiame, elles aussi fréquemment employées dans le même but ? Souvent, d’autres prêtres et prêtresses dormaient sur des couches constituées de ramilles de laurier noble. C’était, dit-on, une manière de favoriser les rêves prémonitoires et le don de double vue. Plus prosaïquement, Pline indique cette manducation contre la toux ! Un autre rituel consistait à écrire avec de la myrrhe et du sang sur une feuille de laurier afin d’accéder à la révélation, ce qui permettait à l’officiant de devenir celui qui sait tout à l’avance.

Son caractère semper virens lui a d’emblée accordé une symbolique d’immortalité. Et ce n’est sans doute pas pour rien que les Romains en firent un symbole de gloire. Cette symbolique est présente en Chine où l’on dit que c’est au pied d’un laurier que le lièvre de la Lune broie les simples dont il tire une drogue… d’immortalité, bien sûr, quand bien même il semble plus que probable qu’il ne s’agisse pas de laurier mais de cannelier, autre spécimen de la famille des Lauracées.

Ancient Greece : Pythia - La Pythie de Delphes
La Pythie de Delphes rendant l’oracle

Il possède également vertu de protection. En cela, il était couramment planté auprès des habitations puisqu’il apportait sagesse et pureté. C’est à l’aide de branches de laurier que l’on balayait le parvis du temple d’Apollon, à Delphes, tandis que Théophraste se baladait avec une branche de laurier entre les dents, après s’être purifié les mains et reçu une aspersion d’eau lustrale.
Puisqu’on pensait qu’il favorisait la continence, le laurier fut régulièrement employé par les mystes. Anaphrodisiaque, donc ? C’est du moins ce que laisse suggérer l’épisode lors duquel Daphné se refuse à Apollon…


  1. Lors des jeux pythiques de Delphes, le laurier était très souvent récolté par de jeunes gens.
  2. C’est ce qui fit dire que le laurier possède un pouvoir cathartique.

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Le parfum, essence divine

Parfums sacrés

C’est parce que les aromates ont, dans un premier temps, été destinés aux activités thérapeutiques et spirituelles, qu’ils sont, de fait, tombés entre les mains de religieux et de médecins. Dès l’Antiquité, et cela autant chez les Hébreux que chez les Grecs et les Romains, les précieux aromates sont utilisés à des fins spirituelles et religieuses. On en composait des huiles et des baumes parfumés qu’on appliquait dévotement sur les statues des divinités, dont on embaumait les cadavres et déposait même des flacons à l’intérieur des tombes, etc. L’usage rituel du parfum est donc depuis longtemps déjà fortement marqué. Et le cas des Hébreux, Grecs et Romains n’est en rien une exception, puisque les Égyptiens antiques ne furent pas en reste sur la question des parfums. Par exemple, on s’accordait pour dire que les déesses du panthéon égyptien étaient censées éclipser toutes les femmes par leurs parfums. Ainsi donc, l’on cherchait à souligner la primauté des divinités qui, mêlées de parfum, étaient nécessairement des êtres supérieurs, le parfum magnifiant d’autant plus leur divine origine. « L’art de la parfumerie égyptienne naquit vraisemblablement dans l’enceinte des temples ; des prêtres, maîtres parfumeurs, y composaient les gommes et résines à brûler […] pour encenser les dieux et réveiller chaque jour leurs statues, car le parfum, senteur d’immortalité, anime l’âme et la révèle » (1).
En Babylonie, on retrouve également les mêmes symboliques. Par exemple, dans L’épopée de Gilgamesh, la reine Ninsuna se para de ses plus beaux atours avant de s’adresser au dieu Samash, puis « elle disposa un brûle-parfum et lui présenta une offrande » (2).

Que se cache-t-il donc derrière le parfum ? Le parfum encense les dieux mais les camoufle dans le même temps car en tant qu’objet sacré il n’est en aucun cas employé en direction d’usages profanes. C’est, tout du moins, le cas chez les Grecs dont Brigitte Munier nous dit que « le parfum est une substance sacrée qui, dès lors, ne peut être introduite dans la vie profane sans danger ou, du moins, sans pratiques complexes » (3) puisque cette matière odorante que l’on qualifie de parfum est une manière d’imager une pureté physique, mais surtout morale et spirituelle.
Quand bien même « le parfum reste la métaphore de la conversion de l’humain en divin » (4), certaines cultures furent moins coercitives que les Grecs de l’Antiquité. Par exemple, chez les anciens Égyptiens, les parfums ne demeurent pas l’apanage des uniques dieux et l’on ne retrouve pas chez eux la sévérité grecque dans ce domaine : « si le parfum est vie, en user est une ode à l’existence que cette civilisation toute entière cherche à prolonger au-delà de la mort » (5). C’est ce que l’on constate à travers la technique de l’embaumement. « Avant de réinsuffler le souffle vital, l’officiant principal […] purifie le corps momifié […] Le prêtre procède ensuite à des fumigations d’encens très pur qui lavent, embellissent, enveloppent le mort complètement, le pénètrent de cette substance divine qui le déifie à son tour » (6). Ainsi donc, le défunt devient-il un Parfumé à l’instar des dieux avec lesquels il peut dès lors entrer en relation plus intime.

Pour le christianisme, bien qu’on insiste sur l’importance de la toilette funéraire, le parfum est la substance qui permet la résurrection après la mort physique du corps. Cependant, là où le christianisme déprécie l’odorat, un Cantique des cantiques ne contient aucune censure en ce qui concerne « ce qui embellit le corps et le rend désirable » (7). Bien au contraire !
On se rend compte de la valeur cultuelle du parfum qu’on ne peut dès lors placer entre toutes les mains comme ce fut le cas des Égyptiens bien que pour ceux-ci une nuance mérite d’être relevée : les embaumements étant relativement onéreux, ils se destinaient avant tout aux pharaons et aux hauts dignitaires, le commun des mortels n’étant pas traité comme tel.
En ce qui concerne le judaïsme, on constate qu’il est plus enclin que le christianisme à l’emploi profane des matières parfumées. Ces dernières ne sont donc pas interdites « à condition de proscrire les fins idolâtres » (8). Quant à l’islam, on y retrouve une approche assez similaire à ce que firent des parfums les Égyptiens de l’Antiquité : « que le parfum soit libéralement utilisé, ou réservé à l’échange avec Dieu, il s’agit toujours de bannir ce qui fait horreur dans l’image du corps. Ainsi la bonne odeur et les aromates qui la favorisent sont-ils signes de pureté » (9). On retrouve donc, une fois de plus, l’idée de pureté associée au parfum.
Ce qui est divin est pur par nature. L’emploi d’une matière permettant la purification semble donc être un bon moyen de se libérer de la condition mortelle, propre à l’Homme, c’est sans doute ce qui explique que « de suaves arômes se dégagèrent du sépulcre ouvert de nombreux saints présentant un corps intact depuis des années, voire des siècles » (10).

Ainsi donc, si le parfum ne fait pas des Hommes des dieux, il leurs permet de s’en approcher et, parfois, de telle manière que le cocasse le dispute au sordide et au ridicule, tant il est vrai que l’introduction du parfum – essence divine – dans la sphère du profane ne peut se faire sans heurt et sans dévoiement, des atrocités ayant été commises en son nom.

La suite au prochain épisode ;)

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1. Brigitte Munier, Le parfum à travers les siècles, p. 53.
2. Gilgamesh, p. 25.
3. Brigitte Munier, Le parfum à travers les siècles, p. 32.
4. Ibid. p. 60.
5. Ibid. p. 54.
6. Annick Le Guérer, Les pouvoirs de l’odeur, p. 129.
7. Ibid. p. 161.
8. Brigitte Munier, Le parfum à travers les siècles, p. 59.
9. Ibid. p. 67.
10. Ibid. p. 68.

© Books of Dante – 2013

L’olfaction, comment ça marche ?

Nouvel extrait de mon deuxième ouvrage : Parfums sacrés, essai d’aromathérapie énergétique et spirituelle ;-)

Honni et négligé tant par des philosophes que des scientifiques1, le sens de l’odorat, qui n’a pas toujours été en odeur de sainteté, à l’instar de celui du toucher2, jouit depuis quelques décennies seulement d’un blason redoré.

L’odorat, c’est-à-dire le sens de la perception des odeurs, est un sens puissant mais beaucoup moins estimé culturellement que la vue ou l’ouïe. C’est un sens archaïque, non pas au sens désuet du terme, mais dans le sens qu’il appartient à la période la plus ancienne de l’histoire d’un individu, ce qui n’a pas empêché certains de le taxer d’antédiluvien.

Depuis Kant, de l’eau aura coulé sous les ponts. Aujourd’hui, l’on sait que c’est aux environs de sept mois in utero que l’enfant acquière ses premières sensations olfactives. L’odorat apparaît donc bien avant le sens de la vue, plus tardif. Par l’intermédiaire de ce travail olfactif préliminaire, l’enfant, une fois né, est capable de reconnaître sa mère grâce à son odeur.

Cependant, afin que la reconnaissance olfactive de la mère par l’enfant se fasse, il est nécessaire que cette dernière n’utilise ni savon, ni aucune autre matière parfumée car le bébé ne la reconnaît plus « si elle vient à se laver et à se parfumer »3.

L’odorat est donc un sens primitif mais pas au sens péjoratif du terme. Il faut comprendre primitif comme premier, alors que l’appendice nasal, cette « partie la plus en avant de la personne »4, en est l’avatar qui se voit comme le nez au milieu de la figure ! Ce qui en fait le plus direct, et le plus sensible aussi, de tous nos sens. Mais, de l’iceberg, il n’en est que la partie visible. « Symbole de clairvoyance, de perspicacité, de discernement, [il est] plus intuitif que raisonné »5. Symbolique que l’on retrouve dans l’expression « avoir du flair » qui accorde davantage la primauté à l’intuition qu’à l’olfaction au sens strict.

Comment comprendre que le sens de l’odorat est un sens intuitif ? Pour cela, il faut creuser au centre du cerveau. A l’intérieur des narines, on trouve les muqueuses nasales. A cet endroit se déroulent des échanges entre l’intérieur et l’extérieur. Dans ce sas, nous trouvons des dizaines de milliers de cellules olfactives6 qui sont de véritables neurones extérieurs.

Tout d’abord, les cellules olfactives détectent une odeur x ou y : on parle alors de seuil de détection. Si la même odeur est à nouveau rencontrée plus tard, les cellules olfactives la reconnaissent : on parle de seuil de reconnaissance ou d’identification. Lors du premier seuil, on détecte donc une odeur sans pouvoir l’identifier, et pour cause, on ne la connaît pas ! Tandis qu’au seuil suivant, on peut mettre un nom sur l’odeur reconnue7, nom dont l’essence même dépendra de superlatifs et de comparatifs qui ne sont pas toujours à même de bien la décrire.

Voici donc maintenant comment se synthétise le voyage d’une odeur inconnue jusqu’au centre du cerveau : molécules aromatiques en quantité suffisante → nez → muqueuses olfactives tapissées de cellules olfactives → nerf olfactif → système limbique8 + hypothalamus reptilien.

Le système limbique, siège de la mémoire émotionnelle, permet l’encodage et le stockage dans le cortex olfactif des informations olfactives. Ces dernières sont alors ordonnées, triées, comparées, soupesées, etc. en bon/mauvais, agréable/désagréable, bénéfique/nocif, etc. Les informations olfactives sont ensuite transformées en images mentales.

Quant à l’hypothalamus reptilien, il donne la marche à suivre en fonction des conclusions prises par le système limbique. Il y aura attraction si l’odeur est appréciée, répulsion si elle est détestée. L’odeur suscite donc une modification humorale et/ou comportementale, donc une prise de décision, parfois malgré nous, ainsi qu’une anticipation face à une odeur en particulier qui peut être vectrice de stress9.

S’il s’agit non pas d’une odeur inconnue mais d’une odeur connue, le chemin est le même à une exception près : lorsque l’odeur est reconnue, cela provoque le réveil des souvenirs et des émotions liés au contexte de la première rencontre avec l’odeur en question. Lorsqu’elles sont détectées ou identifiées, les odeurs ne sont pas filtrées. On en prend donc plein le nez ! Le cerveau reptilien n’impose donc aucune censure, le chemin entre le nez et le système limbique est si direct que le cerveau reptilien n’a pas le temps d’y mettre son grain de sel. Bien plus que des pieds-dans-la-porte, les odeurs provoquent de véritables pieds-dans-le-nez !10 Ces informations olfactives ne sont pas toutes soumises au gril de la conscience, une fraction dissimulée peut revenir plus tard à la faveur d’un stimulus.

Comme nous l’avons dit, le système limbique est à la fois le siège des émotions et de la mémoire.

A travers cette approche de l’olfaction, nous pouvons nous rendre compte de l’intrication de la mémoire et des émotions, terreau fertile de l’olfactothérapie, méthode que nous évoquerons un peu plus loin dans ces pages.

L’on sait aujourd’hui que la mémoire travaille conjointement avec l’odorat. Que les odeurs provoquent la remontée de souvenirs et d’émotions liés au contexte de leur rencontre avec elles. A ce titre, c’est très souvent à base d’images que nous ancrons les souvenirs olfactifs11. Ainsi, il est plus facile de remonter dans le temps et dans ses souvenirs grâce aux odeurs que de compter sur des photographies qui illustrent des événements dont le seul visionnage ne permet pas toujours d’ancrer un instant, figé sur la pellicule, dans un contexte particulier12.

Pour comprendre la portée chimique d’un sens tel que l’odorat, il faut se pencher plus avant sur les échanges qui se déroulent au sein du cerveau. A la suite des stimuli olfactifs reçus par le système limbique, ce dernier envoie toute une foule de messagers chimiques. En fonction de la qualité du stimulus, la réponse chimique dépendra.

Parmi ces messagers, on trouve l’enképhaline, neurotransmetteur de l’analgésie, elle permet donc de lutter contre les sensations de douleur. Nous trouvons également les endorphines qui jouent à peu de chose près le même rôle que l’enképhaline à cela près qu’elles permettent une augmentation de la sensation de bien-être, en compagnie de la dopamine, « substance neurochimique qui stimule les circuits cérébraux de la motivation et du plaisir »13 et de l’ocytocine « qui renforce le désir de liens, […] le fait d’établir des liens suscite alors du plaisir et un sentiment de bien-être »14.

Enfin, nous n’oublierons pas la déjà très célèbre sérotonine impliquée dans la gestion de l’anxiété entre autres. Se déroulent donc au sein de l’être humain de véritables réactions chimiques en chaîne, sept glandes produisant pas moins de cinquante hormones !

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1. Comme, par exemple, Montaigne qui disait : « Les odeurs me changent, et agissent en mes esprits selon ce qu’elles sont ».

2. Kant, Hegel, Darwin, Freud, Simmel, etc.

3. Dont l’étude, chère à certains praticiens de la psychologie sociale, démontre la surprenante puissance.

4. Jean-Marie Pelt, Les langages secrets de la Nature, p. 135.

5. David Fontana, Le nouveau langage secret des symboles, p. 97.

6. Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 665.

7. Le nez humain en compte environ 10 millions.

8. On passe d’un seuil à l’autre en fonction du nombre de molécules x ou y contenues dans 1 ml d’air.

9. Il comprend, entre autres, l’hippocampe, plus volumineux chez la femme que chez l’homme (mémoire affective), l’amygdale (traitement de la peur, de la colère et de l’agressivité) qui, elle, est plus volumineuse chez l’homme que chez la femme et le septum (affectivité, sexualité).

10. Par exemple, se préparer à fuir face à une odeur qui provoque une sensation de peur. Du reste, il est bien connu que, face au stress, les deux options possibles sont la lutte ou la fuite, moyens permettant d’abaisser le niveau de ce stress.

11. Cependant, n’oublions pas que « ce n’est pas la senteur qui bouleverse, mais plutôt ce dont elle renouvelle la présence affective ». Brigitte Munier, Le parfum à travers les siècles, p. 81. 

12. C’est un mécanisme qui procède d’une synesthésie odorat-vue ou odorat-ouïe.

13. C’est presque à se demander si une photographie n’a pas davantage le rôle de combler la mémoire qui fait défaut que de susciter son retour à la conscience. L’on sait que les neurones olfactifs se renouvellent sans arrêt. On comprend mieux le rôle que peuvent avoir les odeurs à travers une maladie comme la maladie d’Alzheimer, bien plus que ne pourrait l’avoir une image, même s’il est vrai que l’hippocampe est la première structure atteinte dans la plupart des cas de maladie d’Alzheimer, la mémoire affective et émotionnelle s’en trouve donc érodée. L’hippocampe, s’il est malmené, induit divers niveaux d’amnésie au prorata des dommages subis.

14. Louann Brizendine, Les secrets du cerveau féminin, p. 65.

15. Ibid. p. 65.

© Books of Dante – 2013

La magie des plantes : alchimie et aromathérapie

Considérons une plante x ou y. En tant qu’organisme vivant, elle est dotée d’une aura, comme vous et moi (enfin, j’espère pour vous ^^). Autrement dit, elle est habitée d’une énergie. C’est une partie de cette énergie que la plante vous prodigue lorsque vous utilisez ses feuilles, ses racines, ses graines, etc. à l’occasion d’une infusion, d’une décoction ou à travers n’importe quelle autre forme galénique qui soit. Mais qu’en est-il des huiles essentielles ? Pour tenter de comprendre ce qu’il se passe, revenons quelque peu en arrière.

Avant tout, la matière végétale de base devra être exempte de toute forme de pollution ainsi que de tout autre additif de nature chimique et pernicieuse versé par la main de l’Homme. Ce n’est que dans ces conditions (entre autres) qu’elle pourra être distillée dans un alambic.

Décortiquons.

Pour fonctionner, un alambic a besoin d’une source de chaleur (élément FEU). A l’intérieur de ce même alambic, on dispose une certaine quantité d’eau (élément EAU). Sous l’action combinée du feu et de l’eau, nous obtenons une vapeur d’eau (élément AIR) qui va entraîner les molécules volatiles aromatiques dans le serpentin. La matière métallique avec laquelle l’alambic est fabriquée renvoie, quant à elle, à l’élément TERRE. Nous avons là nos quatre éléments. Mais tout cela n’est que fragmentaire. En effet, les éléments ne se réduisant pas qu’à un seul quaternaire. Observons plutôt.

Maintenant, qu’en est-il de la Lumière ? (celle-là même que la plupart des ésotériqueux boutonneux ainsi que d’autres qui ne sont plus en âge d’être infestés de bubons acnéiques oublient, ou méconnaissent, ou ignorent, etc.). On la retrouve dans la plante même, grâce au fabuleux système qui s’appelle selon ce terme magique : photosynthèse (photos, en grec, signifiant lumière). Laquelle même photosynthèse permet à la plante de tirer ses bienfaits grâce à l’étoile que nous nommons Soleil. L’Obscurité, le pendant nécessaire de la Lumière, quant à elle, est symbolisée par l’intérieur de l’alambic, véritable athanor. Mais arrivé là, cela n’est pas fini. Il nous manque le septième et dernier élément, et pas des moindres : la Nature. Ceux qui savent compter auront constater que nous avons entre nos mains 7 éléments, chiffre magique. La Nature n’étant autre que la plante placée dans l’alambic.

Comme nous le savons, après des réglages techniques minutieux digne d’un horloger et un modus operandi qui varie d’une plante à l’autre, nous obtenons l’huile essentielle (ou huile éthérée comme disent nos cousins « germains » :) ) qui flotte sur un hydrolat aromatique. Cette distillation est donc une séparation entre le subtile et l’épais (étant, lui, représenté, par la masse végétale initiale que l’on retrouve à l’état de « gâteau » dans l’alambic en fin de distillation quand les petites fées s’en sont allées ailleurs).

La distillation permet donc l’extraction (étymologie : tirer au dehors) d’une substance extirpée d’une plante par la force et le bon vouloir des éléments (que l’on se penche sur la distillation de l’hélichryse d’Italie – Helichrysum italicum ssp. serotinum – ou de la rose de Damas – Rosa damascena, et l’on se rendra très rapidement compte qu’il s’agit d’une toute autre histoire).

Comme si l’on mettait à l’air libre, comme si l’on faisait exploser à la face du monde ce que la plante possède de plus précieux mais que nous, trop pressés, ne savons voir, ne sachant que passer auprès de la plante d’un pas trop rapide. Ce que cette distillation permet d’obtenir est ce que Paracelse nommait la quinte essence, c’est-à-dire la cinquième essence, pur produit des quatre éléments réunis. Nous pouvons aisément dépasser le concept paracelsien (une connaissance s’appuyant sur une autre connaissance pour ne pas grandir ne saurait être nommée connaissance). Nous parlerons désormais, non plus de quinte essence mais d’octople essence, autrement dit : la réunion des 7 éléments cités plus haut qui en donnent un autre, le huitième, symbole d’infinitude.

Quand sonne le glas, l’esprit d’une personne se détache de son corps physique. N’en est-il pas de même lors du procédé que l’on nomme distillation, épreuve de séparation d’une infime fraction éthérée/énergétique/spirituelle du corps même de la plante ? Le parallèle est, par trop, flagrant pour ne pas être repéré sinon souligné. De ce fait, un flacon d’huile essentielle, empli de l’âme/esprit d’une plante, quand bien même la plante utilisée pour la produire est morte, cette huile essentielle est, toujours et encore, capable de nous délivrer de multiples messages. Si elle le veut. Parce que, sachez qu’une huile essentielle ne vous donnera jamais plus que ce que vous êtes capable de donner pour elle.

Entrer en communication plus profonde avec l’esprit d’une plante (enfermé dans un flacon à l’image du génie dans sa lampe ^^) ne saurait se passer d’un certain savoir-faire qui demande de s’aligner avec elle selon un même diapason. Moui, je vois d’où je suis assis les dubitatifs sarcastiques qui, dans leur fors intérieur, se disent : « Il est fou, il parle aux plantes… » De là, je leurs rétorque qu’on apprend davantage des plantes, en bonne communion, qu’avec bien des êtres humains (qu’ils se rappellent ce que l’on nomme les réseaux trophiques. La plante est, et sera, toujours le premier maillon avant l’Homme).

Ainsi donc, lorsque j’observe l’aura que propage une huile essentielle, en vertu du même principe de séparation que j’ai indiqué plus haut, je suis en mesure de dire qu’en aucun cas une huile essentielle, disons de gingembre, ne possède la même couleur d’aura qu’une main de gingembre toute fraîche.

L’Aromathérapie ne saurait donc être reléguée au vague rang d’une seule et simple technique thérapeutique. C’est une poly-technique énergétique et, partant, magique, selon la simple équation qui veut que énergie => magie. Et notez bien que je n’ai pas placé un « = » entre ces deux termes, la magie procédant de l’énergie et non l’inverse comme cela est bien trop souvent dit malgré mon goût.

Pas magique, l’Aromathérapie ?

© Books of Dante – 2012.

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Parfums sacrés : introduction

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Depuis la Préhistoire, différentes civilisations ont montré un intérêt certain pour les plantes aromatiques – plantes à parfum par excellence.

Ici, nous évoluerons bien loin de l’industrie de la parfumerie dont les grands noms constellent l’espace public d’une multitude de publicités toutes plus sophistiquées les unes que les autres. Exit donc les Chanel, Guerlain et autre YSL.

Nous nous attacherons non pas à ce que l’Homme a pu exercer d’influence sur des plantes rigoureusement manipulées afin de jouer aux apprentis sorciers, non. Nous dépasserons cela afin de nous départir du paradigme qui consiste à considérer le parfum comme produit de luxe dont les verreries flamboyantes ou parfois plus sobres font presque oublier d’où viennent les effluves qui s’en échappent…

Oui, nous irons à l’essentiel à travers ce que la Nature végétale a fait de mieux en matière d’odeurs : les huiles essentielles extraites de différentes plantes provenant d’un peu partout dans le monde.

Loin de la mode et de ses froufrous pailletés, nous chercherons à pénétrer au plus profond de l’âme des plantes qui ont eu la sublime idée de concocter aux creux de leurs cellules des molécules enchanteresses.

Nous outrepasserons donc le statut de « sent bon » tel qu’on l’applique trop fréquemment au parfum, tout en mettant en évidence l’impact indubitable qu’ont les huiles essentielles sur notre psyché induisant des modifications tant humorales que comportementales, ainsi que sur notre façon d’appréhender le monde.

Nous irons à la rencontre de l’énergie et des vibrations que développent les huiles essentielles tout en n’oubliant pas d’indiquer dans quelle mesure cela peut représenter un intérêt sinon une manière d’assouvir une meilleure compréhension de soi-même.

Considérer les huiles essentielles comme des fées, plus exactement comme des sylphes, n’est pas en soi une gageure. C’est pourquoi aujourd’hui nous vous présentons la petite famille des huiles essentielles dites sacrées, c’est-à-dire celles qui ont marqué les Hommes depuis des temps immémoriaux.

Abandonnez donc vos préjugés et ouvrez grand vos narines.

© Gilles Gras, 2012.