Les Amarantes

Amaranthus retroflexus

Synonyme : Queue de renard.

Les amarantes, au nombre de 65 environ, sont des plantes qu’on localise en Afrique, aux Amériques et en Asie. Elles sont depuis longtemps cultivées comme l’atteste la découverte dans une grotte mexicaine de graines datant de – 4000 ans av. JC. L’amarante a donc jouer un rôle important dans les civilisations Incas, Mayas et Aztèques. Les feuilles cuites comme légume vert, les graines bouillies, grillées ou encore réduites en farine ont largement contribué à assurer un équilibre alimentaire aux populations les ayant cultivé. Chez les Aztèques, l’amarante avait une valeur qui dépassait le seul cadre alimentaire. Médicinal, mais aussi sacré : « la valeur sacrée de l’Amarante suffit sans doute à expliquer que sa culture fut l’objet de répressions directes ou indirectes, de la part de la chrétienté désireuse d’extirper la vieille religion hérétique ». Qu’on se souvienne que cette même chrétienté aura rapporté des Amériques tomate et patate (sans oublier tournesol et autres maïs), et on aura compris, hein !

Les amarantes sont des plantes annuelles dont la taille est variable en fonction des espèces, de la localisation géographique et de l’environnement. L’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus) qu’on trouve un peu partout en France possède une taille qui oscille entre une vingtaine de centimètres à un bon mètre, alors qu’une autre amarante (Amaranthus giganticus) atteint facilement trois mètres de hauteur avec, à sa base, une souche de 5 cm de diamètre ; une amarante monstre, en somme ! Une de ces plantes dont le jardinier lambda cherche à se débarrasser à tout prix, la croyant mauvaise herbe alors qu’il tient une manne sous sa binette, le con !
Plante très peu ramifiée, l’amarante peut, cependant, posséder des rameaux très courts, à l’aisselle des feuilles. L’ensemble de la plante est duveteux, la tige comme les feuilles sont couvertes de poils fins et courts. Ces dernières sont de forme ovale ou losangique, variables selon les espèces, ainsi que les fleurs qui peuvent arborer diverses couleurs telles que : vert, jaune, bronze, rouge, pourpre… Chez certaines espèces, la grappe est si développée qu’on leur donne le surnom de queue de renard.
Toutes les amarantes portent trois types de fleurs sur le même épi : mâles, femelles et hermaphrodites ! Elles donneront plus tard des petits fruits ovoïdes que chaque plant d’amarante est capable de produire en très grand nombre : environ 100 000 très souvent, mais certains panicules peuvent en produire 4 à 5 fois davantage ! La plante a beau être annuelle, sa succession est assurée !

L’amarante fait partie d’une catégorie de plantes qui utilise un mode de photosynthèse particulier et efficace dans nombre de conditions climatiques telles que sécheresse, extrême chaleur et grande intensité solaire (d’ailleurs le mot amarante fait référence à sa capacité de ne jamais faner : on en a donc fait une plante symbole d’immortalité). Ce système de photosynthèse (nommé C4) permet à l’amarante de convertir deux fois de plus de lumière solaire que les plantes qui utilisent le système C3, et ce pour une quantité d’eau identique. On comprend donc pourquoi elle est vue d’un mauvais œil par certains grands pontes outre-atlantiques qui recherchent davantage l’asservissement du végétal plutôt que son exubérance.

Parties employées :
nous l’avons dit, les feuilles ainsi que les graines.

Pourquoi ? Dans les graines de cette plante nous trouvons du calcium, du phosphore, du fer, du potassium, du zinc, de la vitamine B, de la vitamine E, des glucides, des protéines (entre 16 et 18 %, bien plus que dans les céréales de la famille des graminées et d’une qualité largement plus importante que les protéines contenues dans le blé, le maïs ou le soja), de la lysine (acide aminé essentiel dont les céréales les plus utilisées en Occident sont très démunies. La graine d’amarante en contient deux fois plus que le blé et trois fois plus que le maïs).

Les proportions de lysine et de protéines contenues dans la graine d’amarante sont intéressantes pour les populations qui basent une grande partie de leur alimentation sur ces graines sans avoir un apport carné important. Ce n’est donc pas un hasard si nous voyons de plus en plus l’amarante, sous forme de graines, présente dans les coopératives bio.

Venons-en aux feuilles, maintenant. Il est notable que l’amarante présente des qualités largement supérieures à la tomate, aux épinards ou à la laitue. Par exemple, elle présente 3 fois plus de vitamine C, 10 fois plus de carotène, 15 fois plus de fer, 40 fois plus de calcium… que la tomate. Autre exemple : 7 fois plus de fer, 13 fois plus de vitamine C, 18 fois plus de vitamine A, 20 fois plus de calcium… que la laitue. Par ailleurs, les feuilles de l’amarante contiennent également du fer ainsi qu’une bonne dose de protéines.

Remarques subliminaires :
des amarantes telles que Amaranthus retroflexus sont souvent confondues avec le chénopode (Chenopodium album) bien que ce dernier soit glabre et à l’aspect farineux. Mais il est également comestible. Donc, pas d’inquiétude, les deux se cuisinant comme les épinards.
Il existe un élixir floral à base de fleurs d’amarante destiné aux personnes qui sont en situation de profonde détresse : il « permet de surmonter le sentiment de dévastation, d’hostilité, de solitude et de rejet. [Il] aide à affronter et à traverser la souffrance extrême, la désolation, les situations désespérées [et] renforce l’organisme quand on se sent attaqué, affaibli et déstabilisé ». A l’instar des populations endémiques que l’occidental d’il y a 500 ans a dévasté sans avoir eu l’idée de ramener cette plante sublime, mais bien plutôt la tomate que les occidentaux ont pensé être toxique, sans parler de la patate, que les Français ont cru utile d’être administrée aux cochons quand c’était pas aux prisonniers, avant de se rendre compte que Parmentier avait raison !

Quand je pense que certains la qualifient de plante invasive, j’ai juste envie de pouffer. Invasive ? Pour notre bien-être. Alors pourquoi s’en priver ?

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Enquête : les herbes de la Saint-Jean

On dit des herbes qu’elles étaient très souvent sacrées, particulièrement grâce à leurs propriétés curatives qui auraient été découvertes par les dieux. Ainsi, rendre hommage aux plantes fut-il un bon moyen de reconnaître aux divinités leurs grandeurs. Si pour les Égyptiens antiques le blé poussait du corps d’Osiris, cela ne doit rien au hasard, ce dieu égyptien étant considéré comme l’inventeur de l’agriculture. Ainsi, les plantes, par leurs caractères sacrés purent-elles établir une liaison entre les dieux, les hommes et elles-mêmes.

QU’EST-CE QU’UNE HERBE ?

Que se cache-t-il sous le vocable d’herbe ? C’est un mot quelque peu fourre-tout qui, à lui seul, dit bien peu de chose, raison pour laquelle on l’a très souvent augmenté de divers supplétifs. Pour s’en convaincre, il suffit de s’en référer à l’index des noms français savants et populaires du monumental ouvrage de Paul-Victor Fournier (Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France). Aux pages 1018-1020, ce ne sont pas moins de 269 plantes qui sont listées. Y lira-t-on « herbe aux jointures » ou « herbe aux sept chemises » qu’on pourra sourciller un brin, alors que d’autres locutions (« herbe aux teigneux », « herbe aux verrues », etc.) sont encore bien connues de nos jours.
Ce qui rend difficile l’identification d’une plante à travers de telles dénominations, c’est qu’un même nom peut être attribué à plusieurs plantes différentes. C’est ainsi le cas de l’hysope, de la sauge et de la verveine (toutes trois officinales) qui répondent au substantif d’herbe sacrée ! Et il en va de même pour les herbes de la Saint-Jean dont on dit communément qu’elles sont au nombre de sept (millepertuis, armoise, sauge, joubarbe, achillée, marguerite et lierre – sans qu’on sache s’il s’agit du terrestre ou du grimpant). Si Paul-Victor Fournier s’accorde pour dire qu’achillée, armoise, marguerite, millepertuis et lierre portent bien le populaire nom d’herbe de la Saint-Jean, il ne dit rien de tel pour les deux autres. En revanche, il place dans le groupe des herbes de la Saint-Jean certaines plantes qui ne figurent pas dans le fameux groupe des sept. C’est le cas de la coronille bigarrée (Coronilla varia) et de l’orpin reprise (Sedum telephium). Il y aurait donc bien plus que sept herbes de la Saint-Jean. Tentons de savoir pourquoi.

Millepertuis

LINNÉ S’EN MÊLE

Si la liste d’herbes à mille maux/mots de Paul-Victor Fournier est conséquente, elle est loin d’être exhaustive, loin s’en faut. Aujourd’hui, ces appellations sont bien moins employées, on se réfère davantage au nom commun français, mieux, au nom botanique en latin, méthode initiée par Linné au XVIII ème siècle. Le latin scientifique aurait-il fait perdre son charme aux appellations vernaculaires qu’on ne les emploie plus guère aujourd’hui ? Le siècle des Lumières de Linné chercha-t-il par là un moyen de conjurer l’obscurantisme lié à des noms aussi étranges que saugrenus, noms vernaculaires qui changent d’un pays à l’autre, pis, d’une région à l’autre ?
Ainsi donc, la désignation « herbe de ceci » ou « herbe de cela » ne rend pas forcément simple la distinction des plantes dont on parle. Ainsi, les herbes de la Saint-Jean sont-elles légion. Tout comme il existe différentes armoises (parfois appelée artémise, ce qui entretient une confusion avec l’absinthe), on dénombre plusieurs espèces de millepertuis, les mots armoise et millepertuis devant être entendus comme génériques.
Bien plus, un auteur du XVI ème siècle, Jean II Bauhin, s’est employé à rédiger un petit opuscule qui regroupe l’ensemble des herbes dites de Saint-Jean de son époque. Il en compte pas moins de 60, parmi lesquelles on retrouve la sauge, le millepertuis et l’armoise, mais également d’autres telles que le chiendent, la bardane et la verveine officinale.
On ne peut donc restreindre cette liste à sept plantes, les sources diffèrent quant au nombre et à l’identité des dites plantes. Si mes comptes sont bons, plus d’une douzaine de plantes évoquées ici répondent au nom d’herbe de la Saint-Jean.

Achillée

TOUTES PLANTES DE SAINT-JEAN MAIS TOUTES DISSEMBLABLES

En effet. Ce qu’elles possèdent en commun, c’est d’avoir été attribuées à Saint-Jean Baptiste, dont la fête se situe le 24 juin, c’est-à-dire peu ou prou à proximité temporelle du solstice d’été. Chez nombre de plantes listées ici-même, l’apogée de la floraison se situe justement à cette période. Le solstice d’été est également nommé porte solsticiale descendante, puisque c’est à ce moment de l’année que s’amorce la descente vers l’obscurité ; le solstice marquant, quant à lui, l’apogée de la course du soleil qui est alors à son zénith. Ainsi donc a-t-on fait de cette date (liée à la Saint-Jean) la fête du soleil. Ces plantes représentent donc l’ « énergie solaire condensée et manifestée […]. Elles captent les forces ignées de la terre et reçoivent l’énergie solaire. Elles accumulent cette puissance. D’où leurs propriétés guérisseuses ou vénéneuses » (1). Et, ici, pas de dualisme entre bien et mal, seul l’emploi intentionnel ou pas fait qu’elles sont bénéfiques ou pas. Sans compter que certaines sont dédiées à des divinités (Artémis, Zeus, etc.) dont l’ambivalence ne fait pas de doute.
« Si les plantes ont des vertus médicinales, c’est qu’elles sont elles-mêmes des dons du ciel et les racines de la vie. On les invoque comme des divinités, comme si chacune d’entre-elles était l’émanation particulière d’une divinité » (2). Mais, n’y a-t-il pas un glissement de sens à travers l’attribution de toutes ces plantes à Jean le Baptiste qu’on invoque contre épidémies, épilepsie, spasmes et convulsions ? Qu’on rapporte, selon une légende, que Saint-Jean Baptiste utilisa couronne et ceinture faites d’armoise lorsqu’il était dans le désert, ne signifie en aucun cas qu’il ait employé également les autres plantes. Ne faut-il pas voir là une volonté de christianisation d’un rite païen plus ancien, qui s’illustre à travers une pratique qui a toujours cours aujourd’hui, les feux de la Saint-Jean ? Avant d’en arriver là, évoquons, pour quelques-unes des plantes de la Saint-Jean quelques traits anecdotiques.

TRIUMVIRAT SACRÉ

« Le millepertuis, que les Anciens considéraient comme une plante douée du pouvoir de chasser les démons, s’appelle aussi chasse-diable, herbe de la Saint-Jean [ndr : depuis au moins le XIV ème siècle], et la tradition veut d’ailleurs que la cueillette s’effectue le 24 juin à midi » (3).

De l’armoise, « on croyait que la plante avait toute sa vertu au solstice d’été […]. On attribuait surtout de grandes vertus antiépileptiques aux fragments de vielles racines noircis […] que l’on cherchait sous les souches d’armoise à la veille de la Saint-Jean » (4). Rappelons au passage que Jean le Baptiste était patron des épileptiques.

« La sauge était considérée comme une plante sacrée par les Grecs, et il était d’usage d’en offrir aux dieux afin de les disposer favorablement à l’égard des sollicitations » (5). Mais il est possible de penser que le rituel de la fête du soleil recherchait les mêmes effets en vertu des différentes autres plantes que l’on jetait dans le foyer. Cela s’illustre à travers l’emploi que l’on peut faire encore aujourd’hui de l’oliban et du tabac, entre autres pourvoyeurs de prières.

Sauge

Quant à l’oracle sentimental qu’est la margarita, la barbe de Jupiter censée écarter la foudre ou les sourcils de Vénus (c’est ainsi que l’on nomme l’achillée depuis le VI ème siècle au moins), quand bien même on les désigne toutes comme herbes de Saint-Jean, il est difficile de les lier au baptiste, cousin de Jésus. Ceci étant dit, cela ne veut pas dire qu’on ne les employa pas lors du rituel païen solsticial (puis christianisé) selon les mêmes raisons évoquées plus haut. Procéder à un rituel de la Saint-Jean, c’est faire preuve de dévotion et d’abandon. La magie s’entremêle aux vertus curatives de plantes qu’on connaît plus ou moins empiriquement, le tout sur fond d’appel aux divinités. Devant de telles manifestations, à grand renfort de brasiers, il n’est pas étonnant que ces pratiques aient été fustigées, car diabolisées, par l’Aigle de Meaux au XVII ème siècle, par exemple. Malgré toutes ces réprobations, la pratique consistant à « jeter des herbes par-dessus le feu, en cueillir le midi, ou à jeun, en porter sur soi » (6) ne cessa pas, bien au contraire, elle redoubla, ce qui amena l’évêque d’Amiens à ordonner en 1656 que ces feux soient désormais embrasés par des dignitaires ecclésiastiques. Cependant, malgré cet encadrement du rite par l’Église, ces pratiques liées au feu ne furent pas abandonnées ni même celles consistant à se rendre aux sources miraculeuses durant la nuit de la Saint-Jean.

feu

SURVIVANCE

Frappés d’anathème, inféodés aux pressions religieuses ou autres, ici comme ailleurs, les rites s’adaptent. C’est cela qui a permis la survivance de ce rite si particulier. Et c’est très bien. C’est ce qui rend ce type de manifestations si vivaces alors qu’ils seraient condamnées à la déshérence et à l’oubli si on souhaitait les reproduire à l’identique, à l’infini.
Aujourd’hui, pour peu qu’on se renseigne, de la Normandie à l’Alsace, de la Belgique au Roussillon en passant par la Bretagne, chaque année, les plantes de la Saint-Jean crépitent encore dans le feu des brasiers. Et, si l’on est attentif, peut-être surprendra-t-on l’esprit de Déméter…


PROLOGOMENON

En finalité, toute plante est (ou peut être) une herbe de la Saint-Jean. Si vous vous êtes renseignés sur ses multiples propriétés. Que vous la jetiez dans un feu, ou dans un ruisseau ou ailleurs.
Parce que, pour que cette pensée soit vivace, il ne faut simplement pas s’arrêter à ce que de grands chantres ont dit par le passé. Soit, il est bon de prendre connaissance de leurs paroles si désuètes qu’elles puissent par(être). Mais j’abhorre l’immobilisme de la pensée, je ne suis pas un natif des Verseaux pour rien !
C’est pour cela, très cher lecteur, que je t’invite à penser par toi-même, de la même façon que je pense par moi-même. S’il y a eu de grands pontes avant toi, moi et les autres, qui nous dit que nous ne contenons pas en nous-mêmes certaines parcelles de vérité ?

Mon livre sur les feux et les herbes de la saint-Jean ! :)


  1. Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, p. 764
  2. Ibid. p. 764
  3. La pharmacie du bon dieu, Fabrice Bardeau, p. 182-183
  4. Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Paul-Victor Fournier, p. 105
  5. La pharmacie du bon dieu, Fabrice Bardeau, p. 261
  6. Une histoire des médecines populaires, Herbes, magies, prières, Yvan Brohard & Jean-François Leblond, p. 24-25

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Le tournesol, fleur du Soleil

Van Gogh - Tournesols

PORTRAIT GENERAL

Le tournesol est une plante annuelle à croissance rapide qui possède une longue tige épaisse et velue dont la hauteur atteint généralement 2,5 à 3 m, parfois davantage. C’est le cas de certains spécimens isolés qui s’épanouissent davantage lorsqu’ils ont de la place pour cela, à l’instar du poisson rouge. Alors la taille de la plante peut plus que doubler (5 à 7 m).
Cette plante porte de grandes feuilles cordiformes, à nervure centrale proéminente, placées en hélice le long de la tige et dont Léonard de Vinci dira ceci : « la feuille tourne toujours sa partie supérieure vers le ciel afin d’être mieux capable d’accueillir la rosée sur sa pleine surface ; et ces feuilles sont disposées de manière à se recouvrir l’une l’autre aussi peu que possible. Cette alternance fournit les espaces ouverts à travers lesquels le soleil et l’air peuvent s’insinuer ».
Dès l’été, et jusqu’en octobre, de grandes inflorescences jaune d’or – celles-là mêmes qu’immortalisa Van Gogh – apparaissent. Leur diamètre avoisine 30 cm, davantage selon le spécimen (jusqu’à 40 cm).
C’est une plante qui affectionne les sols drainés, fertiles et ensoleillés.

UN ADEPTE DU SOLEIL

Espèce végétale aux multiples surnoms vernaculaires, le tournesol ne laisse pas de doute quant à sa nature première. Son nom d’hélianthème est fabriqué sur la base de deux racines grecques : helios (le soleil) et anthos (la fleur), autrement dit, la fleur de soleil. Plus brièvement, on le nomme soleil ou grand soleil lorsqu’il est atteint de gigantisme, ce qui n’est pas chose rare. Bien évidemment, qu’on ait affublé une telle plante d’un nom pareil provient essentiellement de la forme radiée de sa fleur (qui n’en est pas vraiment une) et de la propension qu’a le tournesol (ou girasol) de suivre la course du soleil avec sa tête, en réalité un capitule, qui, comme c’est le cas chez de nombreuses astéracées (ex composées), est formé non pas d’une seule fleur mais de centaines. On distingue un cœur de fleurs tubuleuses et une couronne de ligules jaune d’or dont on se méprend quant à leur identité quand on les qualifie improprement de pétales. On retrouve une organisation similaire chez la camomille, la pâquerette, la marguerite, etc.

Il existe des dizaines d’espèces du genre helianthus dont une douzaine sont annuelles (comme notre tournesol commun) alors que les autres sont vivaces (ce qui est le cas d’Helianthus tuberosus, le topinambour). On distingue trois grandes catégories :

  • Des helianthus à l’état sauvage qui poussent en Amérique du Nord et couvrent parfois des milliers d’hectares.
  • Des cultivars à fin alimentaire : plantes gigantesques (jusqu’à de 6 m de hauteur) dont les capitules mesurent parfois jusqu’à 80 cm de diamètre. Les graines se mangent crues, grillées ou écrasées en farine, et fournissent une huile très utilisée en cosmétologie comme en cuisine, bien sûr.
  • Des cultivars à fin ornementale : à capitules simples ou doubles, jaunes, rouges, violets, bruns, etc. Ce sont certains d’entre-eux que nous voyons ci-dessous :

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A L’ORIGINE, UNE PLANTE INDIENNE

Le tournesol est originaire d’Amérique. Ce n’est que lors des échanges entre le nouveau continent et l’Europe que cette plante fut ramenée sur le vieux continent à la fin du XVI ème siècle dans le but d’y être cultivée et consommée. Dès le tout début du XVIII ème siècle, on procède à l’extraction de l’huile contenue dans ses graines. En 1820, elle devient l’objet d’une culture importante en Russie, ce qui fait croire, parfois, que le tournesol en est originaire. Par la suite, on assistera au déploiement de sa culture dans d’autres pays (Hongrie, Italie, Inde…).
Au-delà de ces aspects, il faut savoir que le tournesol est une plante majeure pour un grand nombre de peuples amérindiens qui l’utilisaient autant pour ses valeurs nutritives que médicinales. Cependant, il est difficile de dater avec exactitude la période à laquelle le tournesol a été utilisé par ces peuples du fait que la graine de tournesol est relativement fragile et que peu de restes demeurent (contrairement aux grains de maïs qui, une fois secs, peuvent se conserver pendant des millénaires.) Malgré tout, on sait que les usages médicinaux du tournesol chez les Amérindiens étaient largement répandus : les Zunis l’utilisaient contre les morsures de serpents, les Dakotas contre les douleurs pectorales, les Pawnees comme additif alimentaire en cas de grossesse, etc.
Les Hopis mariaient des tournesols à leur chevelure au moment des cérémonies religieuses tandis qu’ils utilisaient une variété à graines violettes (variété « Hopi », tceqaaqawu) afin de s’en servir comme teinture pour les textiles alors qu’aujourd’hui on utilise encore les ligules afin d’obtenir un colorant jaune.

LE TOURNESOL, TOUT UN SYMBOLE !

Du fait de la fidélité solaire du tournesol, on a fait de cette plante un symbole de dévotion, de sa prolixité un symbole potentiel de fécondité et de renouveau qui s’illustre tant par la quantité de graines qu’un seul pied est susceptible de produire que par l’abondant nectar qu’il fournit aux abeilles.
L’habilité à rayonner que possède le tournesol fait de la lame 19 du Flower Speaks l’homologue du Soleil dans le Tarot de Marseille. Ainsi, les mots-clés qui lui sont associés sont les suivants : enthousiasme, individualité, sincérité, impulsion créatrice, reconnaissance, capacité de guérison, meneur confiant, figure d’autorité, force, intelligence, prospérité, fournisseur d’abondance.

The Flower Speaks - Sunflower

Mais, après qu’il ait déployé sa corolle vers le Ciel, voici qu’une fois sa vie achevée, sa tête grosse comme un ventre, se tourne vers la Terre. A l’image de ceux que l’on peut voir sur la pochette du dernier album de Dead Can Dance dont le titre – Anastasis – illustre à merveille la capacité future du tournesol de se relever grâce aux graines qui, bien qu’elles l’alourdissent, le fixent dans la torpeur, sont autant de gages de renouveau.

Anastasis

Nous avons indiqué plus haut, à travers les paroles de Léonard, la question de la présence de feuilles étagées de façon spiralée. Si l’on observe le capitule d’un tournesol, nous voyons également des spirales que dessinent les graines géométriquement disposées. Certaines tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, d’autres à l’inverse de ce mouvement. Et elles sont construites selon ce que l’on appelle le nombre d’or, lequel s’exprime ici à travers la suite de Fibonacci. Je laisse la parole à Priya Hemenway qui évoque cela dans son ouvrage intitulé Le Code Secret.

Le tournesol en thérapie :

1. Parties utilisées : ligules, graines.

2. Principes actifs contenus dans l’huile végétale :

Une fois mûrs, les gros fruits bruns et aplatis du tournesol recèlent une graine. C’est elle qui, selon les variétés, fournit de 25 à 50 % d’huile destinée à l’alimentation (extraction à froid) et à l’industrie de la savonnerie, des vernis et peintures (extraction à chaud). Quant au tourteau, c’est-à-dire le résidu de l’extraction, il fait le bonheur du bétail qui trouve là une source non négligeable d’alimentation.
Venons-en à la composition de l’huile végétale de tournesol dont on se sert en cuisine mais également en aromathérapie entre autres usages.

  • Acides gras saturés : 10-13 %
  • Acides gras insaturés : 86-96 % dont
  • Oméga 3 : < 0,5 %
  • Oméga 6 : 60-66 %
  • Oméga 9 : 26-32 %
  • Vitamine E : 60 mg/100g

3. Propriétés médicinales : fébrifuge, cicatrisant, anti-inflammatoire, diurétique, expectorant, laxatif, préventif des maladies cardio-vasculaires.

4. Usages médicinaux : fièvre, toux, maux d’estomac, inflammation rénale, dysenterie, articulations douloureuses, blessures, peaux sèches.

5. Autres usages :

  • Il existe un élixir genre Bach à base tournesol. Il est utilisé pour aider à résoudre les conflits liés à l’image parentale, mais aussi pour équilibrer un ego prédominant ou trop effacé.
  • En cuisine, l’huile végétale de tournesol est utilisée tant pour l’assaisonnement que pour la cuisson. Du tournesol, on croque les graines, on décore une salade de ses ligules jaune d’or, on prépare les capitules non ouverts à la vapeur, à l’instar des artichauts.
  • Parmi certains usages peu connus citons les deux suivants : la moelle contenue dans la tige fut utilisée en Chine pour fabriquer du papier. On a planté des tournesols sur des sols marécageux – tout comme l’eucalyptus – afin de les éponger et de lutter ainsi contre des maladies comme la malaria.

    © Books of Dante – 2013

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Les vertus des plantes (Jean-Marie Pelt)

vertus plantes

Éditeur : Chêne
Année de parution : 2004
ISBN : 978-2-84277-984-9
184 p.
Prix TTC France : 25 €

L’AUTEUR

Jean-Marie Pelt est pharmacien agrégé mais également spécialiste en écologie et en botanique. Il a écrit plus d’une trentaine d’ouvrages, réalisé des émissions de télévision et de radio.
Ses missions nombreuses dans des pays étrangers l’ont mené à s’intéresser de plus près aux pharmacopées traditionnelles et ancestrales.

LE PHOTOGRAPHE

Peter Lippman travaille pour la presse et la publicité. C’est un spécialiste de la nature morte mais il s’intéresse également au portrait et au paysage.
Ainsi aconit, millepertuis et reine-des-près ont été croqués par Lippman ainsi qu’une trentaine d’autres plantes, de toute beauté.

Aconit napel

Aconit napel, Peter Lippman

LA FABULEUSE HISTOIRE DE LA PHARMACOPEE : dans cette première partie, l’auteur retrace les plus grands chapitres de l’histoire de la médecine par les plantes, en évoquant l’automédication animale pour en venir à la médecine moderne. Il n’oublie pas certaines périodes comme la Préhistoire et l’évocation d’événements scientifiques majeurs comme la fameuse théorie des signatures et la découverte du quinquina.

DES POUVOIRS REDOUTABLES : là, Jean-Marie Pelt se penche sur des plantes dont les propriétés thérapeutiques jonglent entre le danger et le pouvoir curatif incontournable ; ainsi, il évoque immanquablement l’aconit, la digitale et d’autres poisons végétaux tels que le curare qui démontrent à ceux qui en doutent que la nature n’est pas avare de molécules toxiques et que le règne végétal fait rarement dans la dentelle dès lors qu’il s’agit de mettre en place des systèmes de défense. La beauté d’une plante ne peut faire oublier le double pouvoir de ses charmes…
A l’issue de cette partie fort bien documentée, Jean-Marie Pelt relate certains empoisonnements célèbres pour lesquels ciguë et belladone ne sont pas étrangères…

DES BIENFAITS PAR MILLIERS : dans cette partie terminale, l’auteur s’attache à faire l’apologie des plantes à bienfaits. Sachant la tâche ardue et non-exhaustive, il présente l’arbre aux 40 écus ainsi que l’ensemble des plantes calmantes dans une synthèse toujours très agréable à la lecture et agrémentée de plus d’une centaine de riches illustrations (planches botaniques, gravures anciennes, photographies, etc.).

Enfin, ci-dessous, le dernier passage de l’ouvrage dont l’ouverture mérite d’être citée :

Nous ne ferons un bon usage des vertus des plantes qu’à la condition de respecter une éthique rigoureuse, faute de quoi nous ne serions plus de bons jardiniers de la Terre mais seulement des exploiteurs imprévoyants mettant à mal ses ressources. Les vieux chamans des forêts profondes hésitent désormais à communiquer leur savoir aux jeunes générations ; pétris de culture moderne, ces jeunes ne font pas grand cas des connaissances accumulées durant des générations par leurs aînés. Ils en sont arrivés là parce qu’ils ne peuvent plus comprendre les messages de la nature et de ceux qui y fondent leur savoir. D’où la nécessité de sauvegarder un contact intuitif, affectif, empathique avec cette nature et le monde des plantes, qui de la plus simple fleur au jardin le plus somptueux restent nos amis et nos auxiliaires les plus proches […]. Des plantes, nous ne pourrions pas nous passer du tout, car leur disparition entraînerait la nôtre dans les plus brefs délais. Les plantes n’ont pas besoin de nous, mais nous avons besoin d’elles pour respirer, nous nourrir et nous soigner. Telle est me semble-t-il l’ultime leçon de l’écologie, une leçon que nous confiait notre compatriote le chevalier de Lamarck dès 1820. Bien avant que le mot « écologie » existât, il écrivait : « En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol […] on dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable ».

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Les rites secrets des Indiens sioux (Black Elk)

Les rites secrets_PBP-Les rites secrets

Une œuvre majeure qui décrit très bien la spiritualité des Indiens des Grandes Plaines. Un texte sans lequel je n’aurais pas été en mesure d’écrire mon troisième bouquin.
Black Elk, Hehaka Sapa de son nom lakota, livre à Joseph Epes Brown, un fervent admirateur et défenseur de la culture des Amérindiens, des paroles, qu’en temps normal, il aurait été bon de conserver secrètes. Les deux hommes se seront côtoyés un an durant. De ces échanges, il résulte cela :

«  Ce livre contient de multiples données que les Indiens, jusqu’en ces derniers temps, s’étaient gardés de divulguer parce qu’ils estimaient, et avec raison, que ces choses sont trop sacrées pour être communiquées à n’importe qui ; de nos jours, les quelques vieux sages qui vivent encore parmi eux disent qu’à l’approche de la fin d’un cycle, quand les hommes sont partout devenu inaptes à comprendre et surtout à réaliser les vérités qui leur ont été révélées à l’origine, avec, comme conséquence, le désordre et le chaos dans tous les domaines, il est alors permis et même souhaitable de porter cette connaissance au grand jour ; car la vérité se défend par sa propre nature contre sa profanation, et il est possible qu’elle atteigne ainsi ceux qui sont qualifiés pour la pénétrer profondément et capables, grâce à elle, de consolider le pont qui doit être construit pour sortir de cet âge sombre ».

Et comme nous ne sommes plus dans cet « âge sombre », je me permets de placer ici le PDF intégral des paroles du chaman sioux qu’est Black Elk.

© Books of Dante – 2013

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Phytothérapie : modes de préparation des plantes

La vertu de ce post est de regrouper la dizaine (et des brouettes…) de façons différentes d’utiliser les plantes en phytothérapie parmi les plus connues.

L’infusion : très utilisée et très simple d’usage. Il s’agit de mettre des plantes fraîches ou sèches en contact avec de l’eau bouillante durant une dizaine de minutes dans la plupart des cas. Mais cette durée peut varier selon les plantes (de 5 à 15 mn). Par exemple, le tilleul ne devra pas être infusé plus de 5 mn, au delà il perd ses propriétés sédatives et devient excitant.

La décoction : cela ressemble beaucoup à l’infusion. Cependant, une décoction est obtenue en faisant bouillir une plante dans de l’eau pendant un laps de temps plus ou moins long (2 à 15 mn, davantage s’il s’agit de parties dures telles que racines, écorces, etc.).

Mortier+pilon

La macération : contrairement à l’infusion et à la décoction, une macération s’effectue à température ambiante. Tout simplement, on remplit un récipient d’eau froide ou de vin dans lequel on dépose les plantes choisies. L’extraction se fait alors lentement (à l’inverse de l’infusion et de la décoction) puisqu’il faut compter, au minimum, quelques heures, au maximum quelques semaines. Mélanger de temps en temps afin d’homogénéiser l’ensemble.

L’alcoolature : il s’agit du même principe que la macération. Au lieu d’eau, l’extraction des principes actifs de plantes fraîches se fait dans l’alcool et la durée d’extraction peut s’effectuer sur deux, voire trois semaines, six parfois. Il est recommandé de mélanger le tout quotidiennement et de consommer rapidement car une alcoolature se conserve assez mal. On compte un part d’alcool pour une part de plante.

La teinture alcoolique : identique à l’alcoolature. La seule chose qui change c’est la proportion de plantes par rapport à la quantité d’alcool utilisée : cinq parts d’alcool pour une part de plante.

L’alcoolat : à ne pas confondre avec l’alcoolature… Il s’agit, ni plus ni moins, que de la distillation d’une ou plusieurs plantes à l’aide d’un alambic. Difficile à faire chez soi, bien entendu, si on ne dispose pas du matériel nécessaire.

Alambic

Le jus : obtenu en pressant les feuilles, les fruits ou les racines d’une plante. La centrifugeuse est une bonne idée si vous faites souvent des jus. Sinon, il vous reste toujours l’huile de coude.

Le sirop : il a pour base le jus ou d’autres préparations de plantes qui sont cuites avec du sucre.

Les huiles (macérâts huileux) : pour cela il faut utiliser des huiles à base neutre (olive, amande douce, pépins de raisin) dans lesquelles on incorpore des plantes sèches, parfois fraîches. L’extraction des principes actifs de la plante se fait à température ambiante pendant environ trois semaines. On secouera le récipient (un bocal en verre fermé avec un couvercle) une fois par jour. Dès que l’extraction est terminée, il est recommandé de stocker l’huile ainsi obtenue (après l’avoir filtrée) dans de petites bouteilles, à l’abri de la lumière. Il est préférable de n’en confectionner que de petites quantités à la fois, eu égard à la durée de conservation. Lorsqu’on installe ce macérât au soleil, on parle de digestion.

Les poudres : il s’agit de plantes sèches broyées, à la base de beaucoup de gélules qu’on trouve en pharmacie ou parapharmacie, par exemple. Il est tout à fait possible de confectionner soi-même une poudre de plante sèche à l’aide d’un petit robot ménager.

L’inhalation : elle permet de libérer les substances actives volatiles des plantes dans un bain d’eau chaude. A usage interne (cf. inhalateur).

Aromathérapie

Le bain : même principe que l’inhalation mais se destine à un usage tant interne qu’externe. Ici, on combine l’action relaxante de la chaleur aux propriétés actives des plantes diluées dans le bain (de mains, de pieds, de siège, total).

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Récolte : principes de base

Récolte-1

Débuter dans la cueillette des plantes

En tout premier lieu, s’armer de bonnes connaissances botaniques, compte tenu des centaines d’espèces que représente la biodiversité végétale nationale. Un bon guide d’identification des plantes n’est pas superflu. Il est tout à fait possible de rencontrer de faux amis, voire pire, des plantes toxiques.
Dans une situation ambiguë, abstenez-vous. Si vous le pouvez, faites une photographie afin d’identifier le végétal inconnu ultérieurement.
Petit à petit, en fonction de vos pérégrinations dans la Nature, vous apprendrez à mieux reconnaître les divers végétaux et garderez en mémoire les valeurs sûres, car qui dit naturel, ne dit pas forcément anodin.

Où récolter ?

Les espaces naturels ne manquent pas : forêts, bois, haies, taillis, etc. Cependant, vous devrez proscrire certains endroits tels que :

* les abords des routes et des voies très fréquentées, les zones d’activités industrielles, d’autant plus que les plantes captent les métaux lourds (plomb, cadmium, mercure, etc.).
* les lieux propices au passage d’animaux domestiques ou sauvages (bétail, chiens, renards, etc.).
* les bordures de champs traités aux pesticides et autres engrais chimiques.
* les réserves et parcs naturels (parfois, la législation interdit toute cueillette, renseignez-vous !)

Aussi, sortez des sentiers battus !

Quand récolter ?

Un calendrier de récolte saura répondre à cette question. En général, on cueille les plantes par temps sec et non orageux, après le lever du soleil, alors que la rosée s’en est allée… N’oublions pas de prendre en compte les différences de climat qui existent d’une région à l’autre et, que, parfois, la Nature est en avance sur notre calendrier !

Que récolter ?

Il va sans dire que cueillette ne rime pas avec carnage. Il est donc de bon ton de ne pas dévaster un espace. Il est préférable de cueillir une plante en petite quantité en plusieurs endroits plutôt qu’une grosse quantité en un seul endroit. On estime qu’il faut laisser sur place au moins 1/3 de chaque « gisement » afin que la plante puisse se régénérer.
Attention aussi aux plantes rares (dont certaines sont interdites à la cueillette même en dehors des parcs et réserves) et aux plantes qui présentent un cycle végétatif plus long.

Comment récolter ?

On s’entend pour récolter les grandes feuilles une par une, alors que les petites feuilles seront ramassées en branches et triées par la suite. Il en va de même pour les fleurs et les baies. Elles peuvent être ramassées une à une ou par grappe, si on à affaire au sureau, à l’argousier ou bien aux apiacées par exemple. C’est la taille ainsi que la fragilité de la baie qui indiquera la meilleure méthode.
Si vous récolter plusieurs espèces, ne les mélangez pas. Réservez-leurs un sachet chacune, en évitant les sacs en plastique qui retiennent l’humidité dégagée par les plantes, ce qui peut compliquer la conservation ultérieure. Préférez les sacs en papier ou en tissu, afin de garnir votre panier !

Récolte-2

Comment conserver vos plantes ?

La méthode la plus fréquemment utilisée est le séchage. Pour cela, on peut adopter de multiples moyens : soleil, four, étuve, séchoir !
Le mode de séchage le plus courant est la dessiccation à l’air libre. Cependant, il est bon de prendre en compte ces quelques critères en ce qui concerne le lieu de séchage. Celui-ci doit être sec, bien aéré, chaud (température comprise entre 21 et 33° C), sombre et dépoussiéré

Un grenier est idéal dans ce cas ! Vous pourrez y suspendre à l’envers des bouquets de plantes si elles sont entières ou bien en confectionner de minces couches sur des claies, par exemple. Pensez à les brasser une ou deux fois durant la période de séchage, inutile de les secouer chaque jour ! Ensuite, on peut étaler fleurs, feuilles et graines bien espacées sur un tissu posé au sol, ce qui nécessite de la place, bien entendu.
En ce qui concerne les tiges et les feuilles plus épaisses et/ou coriaces, un séchage au soleil ou dans une pièce plus chaude (30-35° C) que celle que nous évoquions précédemment est préconisé. Dans ce cas, il faudra remuer les parties plusieurs fois par jour.
Les racines, quant à elles, méritent un mode opératoire différent. Après les avoir bien lavées, on les fait sécher à l’air libre, dans un endroit sec exempt d’humidité. S’il s’agit de racines charnues, on les découpe en rondelles, on les dispose en chapelet et on les fait sécher à l’étuve. Dans le cas de racines mucilagineuses (mauve, guimauve, etc.), le séchage s’effectuera dans un four traditionnel à base température (50° C maximum). Écorces et bois sécheront au soleil.

Quant le séchage est terminé, vient l’heure du stockage. Les récipients tels que boîtes en fer, en grès, en verre, en bois, en carton sont de bons réceptacles. On peut également utiliser des poches en tissu. Certains auteurs indiquent des sacs en papier ou en kraft, mais d’autres les bannissent du fait qu’ils seraient susceptibles d’être la source d’une micro-pollution.
Placez vos récipients dans un endroit sec à l’abri de la lumière. Étiquetez et datez-les. Associez chaque récipient à une plante, afin de ne pas mélanger les arômes. Le thym dans le sac à thym, la menthe dans la boîte à menthe, etc.
Dernier détail : quel que soit le récipient utilisé pour le stockage, il est indispensable que celui-ci ne soit pas hermétique afin que l’air ambiant puisse y circuler.

Pour finir, il existe bien d’autres modes de conservation : macération dans l’alcool (il existe en cela de nombreuses recettes), préparation au vinaigre des plantes qui s’y prêtent (boutons de mauve, de pissenlit ; feuilles de pourpier, etc.)

Enfin, n’oubliez pas de témoigner reconnaissance et respect aux plantes que vous ramasserez et conserverez. Remerciez-les pour les bienfaits ultérieurs qu’elles vous procureront. Un petit mot gentil, une caresse à la plante dont on vient de saisir la voisine, c’est ce que je fais à chaque récolte.

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Les trois spirales (Jean Markale)

Trois spirales

Les Trois Spirales
Jean Markale
La Table Ronde (1996)
Prix : 42,00 francs à l’époque (ce qui nous fait 6,40 € et des brouettes aujourd’hui)
ISBN : 2-7103-0754-5

Besoin d’un bref mais dense et riche aperçu sur ce que peut être la spiritualité celte ? Bien. Ne cherchez plus, ce petit livre est fait pour vous.

Jean Markale revisite cette spiritualité en la nettoyant de toutes les fausses croyances qui ont pu exister à propos des Celtes. Ainsi, il rend honneur aux fondements de cette spiritualité et de cette vision du monde particulière aux Celtes. A propos des Celtes qui n’avaient qu’une tradition orale, ce petit ouvrage permet de rendre aux Celtes ce qui appartient aux Celtes… En cela, ils ne sont pas si éloignés des Indiens d’Amérique du Nord, pour ne citer qu’eux.

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Le sexocide des sorcières (Françoise d’Eaubonne)

Sexocide sorcières

Le sexocide des sorcières
(Ou la genèse mystico-religieuse d’un massacre)

Alors que Jean Palou s’efforce de démontrer dans son ouvrage La Sorcellerie (paru aux Presses Universitaires de France en 1957) que cette dernière est l’émanation plus ou moins directe des conditions de vie misérables de la population européenne d’alors, Françoise d’Eaubonne insiste et martèle là où Roland Villeneuve fut trop timide : la dimension féminine du massacre des personnes accusées de sorcellerie entre 1450 et 1650.

Pour l’auteur, il ne fait aucun doute que la condition de sorcière, avérée ou imaginée, n’a été qu’un fallacieux prétexte pour, non pas juger la Sorcière, mais la Femme avant tout.
L’Inquisition n’eut de cesse de pousser l’Europe vers le Männerbund (le monde sans femme) alors même que ce vieux rêve délirant d’annihilation de l’Autre trouva toute sa mesure à travers les procès de sorcellerie ayant mené à des exécutions à la chaîne de femmes (et d’hommes également, mais dans une bien moindre mesure), femmes qui eurent pour seule « faute » d’être nées femmes, ces mêmes femmes que le patriarcat jalousa et dénigra jusqu’à la mort.

C’est un pan atroce de l’histoire européenne qui est analysé par Françoise d’Eaubonne de façon très minutieuse et écrit de façon très élégante. Hélas, le monstre rôde toujours et fait, chaque jour, en France entre autres, ses victimes, la plupart du temps dans le plus strict anonymat…

Sexocide : faites entrer ce mot dans votre dictionnaire !

A lire !

Le Sexocide des Sorcières, Françoise d’Eaubonne, L’esprit frappeur, 1999
ISBN : 2-84405-075-1
Prix : 3,10 €

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Quelle vie après la « dldc » ?

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Saviez-vous que vous pouvez utiliser les huiles essentielles et essences que vous jugez périmées avant de vous en débarrasser ?

En effet, il arrive que, parfois, certaines huiles essentielles et essences se détériorent avec le temps. Si c’est particulièrement le cas avec les essences, c’est moins vrai avec les huiles essentielles à la durée de vie augmentée. Les essences (qui concernent l’ensemble des zestes d’agrumes comme le citron et la mandarine par exemple) sont fragiles. On estime à deux ans leur délai de garde alors qu’il est communément admis qu’il est de cinq pour la quasi totalité des huiles essentielles (délai qui varie en fonction des conditions de stockage). Bref. Quoi qu’il en soit, il est possible qu’au bout de deux ans (pour les essences) ou de cinq (pour les huiles essentielles) certaines d’entre-elles présentent des modifications en terme de couleur. Par exemple, l’essence de citron – initialement jaune – et l’huile essentielle d’arbre à thé (ou tea tree) auront tendance à brunir, à cause d’oxydation. Raison pour laquelle il est impératif de maintenir vos flacons hermétiquement fermés à l’abri de la lumière afin que telle chose ne se produise pas. Ces modifications peuvent également être d’ordre olfactif (plus particulièrement perceptible au niveau des hydrolats aromatiques que des huiles essentielles et essences cependant).

Ainsi donc, si vous jugez (et vous êtes seul(e)s juges) que ces huiles essentielles et essences là sont impropres pour un usage thérapeutique, il est possible de leur accorder une seconde vie. Cela s’applique à diverses actions ménagères : si vous avez l’habitude d’utiliser des noix de lavage pour laver votre linge, quelques gouttes sur le sachet qui les contient donneront à votre linge une petite touche odorante quand elles ne contribueront pas à jouer le rôle d’antiseptique ; de même, quelques gouttes placées sur le filtre d’un aspirateur prodiguera à l’atmosphère une désinfection parfois fort utile quand rhume et grippe sont là ; enfin, placées dans un seau de lavage des sols, ces huiles essentielles et essences aideront à maintenir l’asepsie dans votre demeure.

Certaines autres huiles essentielles comme celles de cannelle de Ceylan et de clou de girofle, particulièrement corrosives pour la peau si jamais utilisées pures, peuvent aisément, préalablement diluées dans de l’alcool et de l’eau, vous aidez à décaper des meubles vernis que vous souhaiteriez repeindre.

Pour finir, je tiens à indiquer que certaines huiles essentielles sont comme certains vins, elles se bonifient avec le temps, c’est particulièrement le cas de certains vétiver, patchouli, myrrhe ou autre nard. Avant de les jeter aux ordures parce que la « date limite de consommation » est passée, pensez à leur accorder une seconde existence !

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