Hildegarde de Bingen et la lithothérapie

Hildegarde (1098-1179), surtout connue comme musicienne et poétesse, est également considérée comme la première phytothérapeute moderne. Nombre de ses travaux sur la question ont été aujourd’hui reconnus. Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle avait parfois tendance à mêler aux plantes un certain nombre de pierres que la lithothérapie actuelle utilise toujours. Ce sont ces pierres ainsi que l’usage qu’en faisait Hildegarde de Bingen que je me propose de vous présenter aujourd’hui.

1. Agate : Hildegarde utilisait plus particulièrement la sardonyx qui, d’après elle, stimulerait l’ouïe : « Elle apporte toujours quelque chose aux cinq sens de l’homme. Pour chacun d’eux, elle est un remède ».

2. Aigue-marine : utilisée par Hildegarde pour ses effets protecteurs face aux empoissonnements du corps et de l’esprit, comme la colère, par exemple.

Pour les problèmes d’intoxications alimentaires et d’empoisonnement : faites tremper la pierre dans un peu d’eau de source et boire aussi sec. Répétez l’opération pendant au moins cinq jours.

3. Améthyste : pour lutter contre les cauchemars, elle favorise ainsi le sommeil. Hildegarde l’utilise en usage cutané afin d’adoucir la peau et gommer les taches.

Pour les problèmes de taches cutanées : mouillez une améthyste de salive et frottez-en la peau.

4. Calcédoine : anti-colère selon Hildegarde : « Si une personne porte sur elle une calcédoine, il faut qu’elle le fasse de sorte que la pierre soit en contact avec la peau, si possible sur une veine ».

Pour les problèmes d’élocution : tenez une calcédoine dans la main, réchauffez-la de votre haleine, léchez-la avant de parler.

5. Cristal de roche : Hildegarde dit de lui qu’il permet d’évacuer l’humidité néfaste qui noie les yeux, nuisant au sens de la vue. Elle soigne donc les affections oculaires, la baisse de la vision, mais pas seulement : elle viendrait à bout de certains soucis causés par la thyroïde, ainsi que des problèmes cardiaques. Hildegarde préconise de laisser le cristal de roche chauffer au soleil avant de l’appliquer sur la zone du corps concernée.

Pour les problèmes de thyroïdes : faites chauffer un cristal de roche dans un verre durant une matinée entière, au soleil. Vers midi, couvrez de vin blanc et laissez le tout macérer au soleil jusqu’en fin d’après-midi. En fin de journée, buvez le vin et placez la pierre sur le cou.

Pour des problèmes d’insuffisance cardiaques, maux d’estomac et/ou d’intestins : même recette que précédemment mais en remplaçant le vin par de l’eau.

6. Cuivre : Hildegarde faisait macérer de la limaille de cuivre dans du vin ou du vinaigre pour régler des problèmes de gouttes et d’arthrose, ainsi que pour des cas d’intoxications alimentaires.

7. Diamant : « Le diamant est d’une dureté qu’aucune dureté ne peut vaincre. Sa vertu et sa force sont telles qu’il étouffe le mal et la méchanceté ».

Pour les problèmes d’ictère : faites chauffer un diamant dans un verre durant une matinée entière, au soleil. Vers midi, couvrez de vin et laissez le tout macérer au soleil jusqu’en fin d’après-midi. En fin de journée, buvez le vin et gardez la pierre sur soi.

8. Émeraude : « Celui qui souffre du cœur, de l’estomac où du côté droit (le foie) conservera sur lui une émeraude ».

9. Fer : il est symbole de force et de protection pour Sainte Hildegarde : « Si quelqu’un a l’estomac froid au point d’en éprouver des douleurs, qu’il chauffe une plaque de fer et la pose sur son estomac ; qu’il l’enlève, la réchauffe et la remette ; qu’il renouvelle l’opération jusqu’à ce qu’il aille mieux ».

10. Hyacinthe : « Si quelqu’un a la vue qui s’obscurcit, les yeux qui se troublent ou s’ulcèrent, qu’il expose une hyacinthe au soleil puis l’humidifie de sa salive et la mette immédiatement sur ses yeux ».

Attention : l’hyacinthe est une pierre à utiliser avec prudence.

11. Jaspe : Très apprécie d’Hildegarde, elle l’utilise lors de problèmes de surdité, de rhume, affections cardiaques et rénales. Elle dit également de lui que le jaspe est capable d’éloigner les mauvais esprits lors d’un accouchement.

12. Onyx : Pour Hildegarde, il s’agit d’une pierre destinée à la vue qui se voile, aux problèmes de cœur, d’estomac, de poumons, à la fièvre et à la tristesse même. « L’onyx contient la chaleur de l’air : issu du soleil, il prend corps par les nuages. C’est pourquoi il est très puissant pour soigner toutes les maladies qui viennent de l’air ».

Pour les problèmes oculaires : Posez la pierre dans récipient de bronze ou de cuivre. Couvrez d’un quart de litre de vin rouge et couvrez. Laissez macérer pendant deux semaines. Au bout du compte, retirez la pierre. Humectez les yeux chaque soir à l’aide de cette lotion.

Pour les problèmes de fièvre : Pendant cinq jours, faites macérer l’onyx dans un grand verre de vinaigre de cidre et d’eau. Retirez la pierre. Buvez une cuillerée de ce vinaigre dilué dans un peu d’eau aux repas.

13. Or : Hildegarde l’utilise dans plusieurs recettes contre la goutte, les rhumatismes et certains problèmes gastriques.

14. Rubellite : Ses qualités pour lutter contre infections urinaires et cystites furent vantées par Hildegarde.

Pour les problèmes de douleurs gastriques : Faites macérer dans un verre de vin une rubellite au soleil. Buvez de cet élixir durant le repas pendant au moins cinq jours.

Pour les problèmes de prostatisme : Faites chauffer une rubellite au soleil. Puis plongez-la dans un verre de lait de vache. Laissez macérer le tout pendant une heure. Retirez la pierre et buvez le lait. Répétez l’opération pendant cinq jours.

15. Saphir : garder un saphir dans sa bouche éloignerait rhumatisme, colère et ignorance. Hildegarde l’appliquait aussi sur les yeux malades. « Le saphir est bouillonnant. Sa nature est de feu plus que d’air et d’eau. Et il représente la charité remplie de sagesse ».

16. Topaze impériale : Hildegarde la tenait en haute estime, capable, selon elle, de soigner de nombreuses affections dont lèpre, empoisonnement, fièvre, problèmes hépatiques, etc. « Grâce à sa chaleur, elle s’oppose aux poisons […]. La topaze est la plus puissante de toutes les pierres ».

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La charoïte

Quelle drôle d’espèce minérale que la charoïte tout de même ! Elle est non seulement assez rare (des gisements n’existent qu’en Sibérie) mais, de plus, c’est une pierre qui a été découverte que très récemment au regard d’autres minéraux connus depuis des lustres. C’est seulement dans les années 1940 qu’elle a été mise à jour et décrite minéralogiquement parlant qu’en 1978.

Véritable sinécure que d’écrire un tel billet sur cette pierre tant les informations qui la concernent sont maigres sinon faméliques. Autant dire que dans la « littérature » spécialisée il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent à son sujet. Enfin, tentons tout de même l’exégèse…

Description sommaire de la bête : de couleur violet-pourpre, elle présente des inclusions blanches et noirâtres. Sa dureté oscille entre 5 et 6, sa densité est de 2,68. Bien. On n’est pas plus avancé avec ça.

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Que lis-je du côté de Jennie Harding ? « Amplification de l’énergie spirituelle », « accroît la conscience médiumnique ». Hum. Un peu léger tout ça. Et du côté de Boschiero ? « Intuition créative », « qualités extra-sensorielles ». Maigre et laconique, il n’est tout bonnement pas possible de se satisfaire de formules aussi lapidaires dont l’aspect « fourre-tout » n’échappe à personne.

Dictionnaire de la lithothérapie, p. 101 : « Bien que nous ne rencontrions cette pierre que depuis quelques années sur les marchés minéralogiques, nous avons trouvé des traces de traditions chamaniques qui nous font irrésistiblement penser aux cultes rendus à Dionysos par les Grecs et à Bacchus chez les Romains : exubérance, suppression des interdits, défoulement, fécondité, entendus sur un plan mystique ».

Quant à Jennie Harding (L’univers des cristaux, p. 174-175), il est indiqué que la charoïte « purifie et libère les anciens schémas, apportant une énergie nouvelle », qu’elle « dégage les anciens souvenirs, les traumatismes du passé et les éléments qui ne servent plus ». Plutôt que de dégagement et de libération, j’aurais tendance à penser en terme de transmutation. Pour aller vite, elle prend, elle transforme, elle donne. Et, afin d’illustrer mon propos, voici pour finir le récit d’une petite expérience menée par moi-même il y a quelques jours : j’ai placé une de ces pierres au creux de ma main gauche. Après plusieurs minutes, une abondante sueur y est apparue. Pas très agréable comme phénomène. Bref. J’en serai resté là si je ne m’étais aperçu à temps que ma main gauche posée sur mon bras droit n’y avait laissé une rougeur particulièrement cuisante. Mu par mon instinct (ça peut servir des fois ^^), j’ai doucement frotté la partie de peau rubéfiée à l’aide de cette même pierre. En quelques minutes, rougeur et sensation cuisante ont disparu… Je vous laisse en tirer les conclusions.

Voilà donc comment ne rien dire ou presque en 500 mots… ^^

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Qu’est-ce qu’une plante médicinale ?

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Selon la définition stricte de la circulaire n°346 du 2 juillet 1979, une plante médicinale est « une plante présentant des propriétés médicamenteuses, sans avoir ni ne pouvant avoir aucune utilisation alimentaire, condimentaire et hygiénique. »

A la lecture de ces quelques lignes, il apparaît donc que le persil n’est pas une plante médicinale puisqu’on l’utilise comme condiment. De la même façon, le chou n’est pas non plus une plante médicinale puisqu’on le mange.

Il est donc logique de dire que cette circulaire ne correspond en rien à la réalité, en compartimentant les plantes dans des cases, on ne rend pas compte de leurs multiples richesses. Par exemple, parmi l’ensemble des plantes qu’emploie la phytothérapie, certaines comme le poireau sont tout autant comestibles que médicinales, d’autres, comme la sauge, sont à la fois aromatiques et médicinales.

Si l’on respecte à la lettre la définition de cette circulaire, on se rend rapidement compte d’un problème d’importance : il reste bien peu de plantes dans le panier des végétaux médicinaux, à strictement parler.

Voyons donc plus largement. Une plante médicinale est un végétal doté de pouvoirs thérapeutiques préventifs et curatifs et qui ne présente aucune toxicité à dose normale (et encore que cette dernière notion soit tout à fait relative, puisque la dose est fonction de l’individu, de sa morphologie, de son âge, de la pathologie qu’il présente – à la même dose, la digitale peut sauver un cardiaque alors qu’elle tuera un individu sain).

A la lumière de cette définition moins restrictive, il est tout à fait normal de faire entrer dans le club des plantes médicinales l’ail et l’oignon, le fraisier et le cassis, etc.

Ainsi donc, l’on trouve des plantes médicinales dans différentes catégories de plantes (catégories socialement et humainement instituées. Par exemple :

-Les légumes : la carotte,

-Les fruits : la cerise,

-Les aromates : le thym,

-Les « utilitaires » : le lin,

-Etc.

Le club des plantes médicinales n’est donc pas si fermé que cela. Il est mouvant. Parfois, on intègre de nouvelles plantes à la pharmacopée en vertu d’études ayant démontré scientifiquement leurs effets thérapeutiques. Parfois, c’est l’inverse qui se produit, on retire des plantes de la pharmacopée (comme cela fut le cas du chanvre indien en 1954 en France) parce qu’elles ont démontré plus de nocivité que d’innocuité.

A l’heure actuelle en France, il y a 149 plantes médicinales qui peuvent être vendues en dehors des pharmacies. Elles sont donc en vente libre mais soumises à condition et réglementées (cf. le décret n°2008-841 du 22 août 2008 relatif à la vente au public des plantes médicinales inscrites à la pharmacopée).

Ces plantes doivent faire mention de leur nom latin et de la partie utilisée de la plante mise en vente. Surtout, elles ne doivent pas mentionner qu’elles sont d’usage médicinal, interdiction qui ne vaut pas pour l’ensemble de ces 149 plantes lorsqu’elles sont vendues en pharmacie ainsi que pour toutes celles qui se trouvent sous le stricte monopole du pharmacien.

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Qu’est-ce que la phytothérapie ?

ImageA la lumière de l’étymologie, on peut scinder le mot phytothérapie en deux racines grecques : phyton, qui signifie plante et therapeuein qui signifie remède, soigner. On peut donc dire qu’elle est la thérapie par les plantes. Il s’agit de l’emploi rigoureux et mesuré des plantes dans un but de guérison, de ces plantes dont on dit qu’elles sont res pharmaceutica (1).

Que vous preniez de temps à autre une petite infusion, cela n’est pas ça que « faire de la phytothérapie », d’autant plus s’il s’agit d’une infusion de confort (2). Cela serait tout à fait dommageable pour cette discipline qu’est la phytothérapie que de le penser.

La phytothérapie n’a que peu de rapport avec les remèdes de grands-mères, parfois appelés remèdes de bonne femme, expression teintée d’une valeur assez péjorative et qui est, de plus, une transformation désolante de l’expression d’origine : remèdes de bonne fame, autrement dit, remèdes de bonne réputation.

Voilà, en revanche, une expression qui est plus proche de ce que peut être la phytothérapie. Ces remèdes de bonne réputation, ce sont essentiellement les remèdes végétaux utilisés par la phytothérapie parce qu’ils ont fait la preuve de façon empirique de leur efficacité. Cette branche de la phytothérapie fait corps avec les pratiques les plus anciennes. Utiliser une plante de façon empirique parce qu’on connaît ses effets, effets dont on sait qu’ils sont reproductibles, c’est l’origine même de la phytothérapie.

Aujourd’hui encore, on utilise des plantes dont un certain nombre de propriétés et de constituants sont connus, mais pas tous. Pour d’autres, on ne sait pas comment elles fonctionnent réellement. La phytothérapie est donc une branche médicale qui s’enracine dans des pratiques vieilles de plusieurs milliers d’années. Et elle est aujourd’hui ce qu’elle est grâce aux travaux de générations de médecins, de naturalistes, de botanistes et de pharmaciens et elle est restée pendant des millénaires la thérapie d’usage, l’allopathie chimiothérapeutique (3) moderne n’étant qu’une invention relativement récente.

Depuis des millénaires, les usages empiriques des plantes dans un but thérapeutique ainsi que la reconnaissance scientifique progressive de certains de ces bienfaits ont écrit l’histoire de la phytothérapie. On peut dire qu’elle est la reine-mère de la thérapie par les plantes que l’on distinguera bien de l’aromathérapie (4) qui, bien que tirant ses pouvoirs des plantes, agit de manière tout à fait différente.

La phytothérapie n’est donc pas un vieux truc ringard comme le pensent malheureusement un certains nombre de médecins et de pharmaciens français. Fort heureusement, parmi ces médecins et pharmaciens, certains d’entre-eux ont aidé la phytothérapie à se débarrasser de « ses obscurités et de ses légendes » (5).

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  1. : autrement dit « chose pharmaceutique », plantes médicinales pour dire les choses simplement.

  2. : une infusion de confort diffère d’une infusion médicamenteuse dans le sens où elle emploie une plus petite quantité de plantes pour un volume d’eau identique.

  1. : thérapie moderne qui emploie des molécules de synthèse conçues chimiquement, calquées sur des molécules naturelles.

  1. : il s’agit d’une branche de la phytothérapie qui exploite les vertus thérapeutiques des essences volatiles contenues dans les plantes.

  2. : Docteur Henri Leclerc.

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Le lapis-lazuli

ImageSymbole cosmique de la nuit étoilée, le lapis-lazuli présente des tonalités qui vont du bleu indigo au bleu violacé soutenu. La nuit. Parfois passent des nuages de calcite, des incrustations de pyrite (du grec pyros, feu) figurent les étoiles. Pierre du firmament selon les Mésopotamiens.

Il porte donc les couleurs de l’amour désintéressé et de la compassion mais également celles de l’esprit transcendé. On le dit propice à la quête de la vérité et de la connaissance, ce à quoi la lame n°9 de l’Oracle de la Triade – La Sagesse – fait largement référence et sur laquelle on retrouve les trois couleurs du lapis-lazuli ainsi que des yeux scrutateurs tout là-haut…

ImageIl n’est donc pas étonnant que le lapis-lazuli soit associé au chakra du 3° œil. Déjà, en Chine, on lui reconnaissait une action sur le sens de la vue, sans doute la raison qui en fit un talisman contre le mauvais œil. S’il est vrai qu’il a une action sur les yeux, il est également capable de décupler l’intelligence, la finesse d’esprit et l’intuition. En un mot, il aide à se frayer un chemin au travers de la nuit noire de la mélancolie et des maléfices.

Il s’agit d’une pierre dotée d’une couleur tellement spirituelle que les anciens Égyptiens en firent la pierre des dieux, eux qui la taillèrent afin d’en façonner des bijoux, des mosaïques et d’autres scarabées.

Plus prosaïquement, elle intervient dans certaines maladies cutanées (dermites, eczéma), ainsi que sur les éruptions cutanées et les piqûres d’insecte : elle soulage donc toutes ces inflammations. Elle présente une efficacité sur les allergies, l’asthme, la toux mais également sur les fièvres, les maux de tête et les états dépressifs (nous l’avons dit, le lapis-lazuli est un chasseur de mélancolie qui devrait faire fureur couplé au millepertuis). C’est pour cette raison qu’il est recommandé aux personnes nerveuses, son action sédative ayant un effet bénéfique qui, de plus, prédispose à un sommeil réparateur.

On nettoiera le lapis-lazuli à l’eau distillée non salée et on l’exposera ensuite à la Lune quand bien même, comme l’indique Reynald Boschiero, il ne « déteste pas le soleil ».

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Qu’est-ce que la thérapie par les élixirs floraux ?

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Il s’agit d’user d’élixirs floraux dans un but thérapeutique. Les élixirs floraux travaillent sur l’état émotionnel d’une personne et cherchent à le modifier subtilement.

« Ce que nous nommons maladie est une manifestation ultime produite dans le corps, le résultat final des forces profondes agissant à long terme » (1). Selon le Docteur Bach, une personnalité sans conflit se prémunit contre la maladie. « La peur, la lassitude la résignation abaissent les défenses naturelles de l’organisme. Par conséquent, pour envisager une guérison, il faut reconnaître l’élément perturbant » (2).

Bach répartira ses 38 remèdes sur sept groupes d’émotions, primordiales selon lui : la peur, la solitude, le découragement, l’indifférence, l’altruisme, la dépendance et l’incertitude.

Tout le travail du thérapeute repose sur l’identification et la reconnaissance des troubles qui perturbent une personne. Écoute et attention sont donc capitaux afin de mener à bien une analyse. Le demandeur doit, en effet, dessiner un tableau de la situation afin que le thérapeute puisse sélectionner parmi les élixirs dont il dispose (que cela soit les fleurs de Bach strictement dites ou d’autres élixirs floraux) ceux qui seront les plus adaptés à la situation donnée.

De l’adéquation des élixirs à l’état émotionnel d’une personne dépendra l’efficacité des remèdes. On ne saurait utiliser un élixir au hasard, simplement parce qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne soit pas adapté. Et un élixir inadapté n’est pas opérationnel.

J’ai pu dire qu’un élixir était une clé et le problème à traiter une serrure à ouvrir et que l’on doit parfois préalablement dégripper. Qu’on utilise une mauvaise clé et il ne se passera rien hormis la frustration possible du patient.

Remettez-vous en à une personne sérieuse susceptible de vous aider à déterminer quels sont pour vous les choix les meilleurs, tant il est vrai qu’il est, à certaines occasion, très difficile d’avoir le retour réflexif sur soi-même qui permette de déterminer ce qui ne va pas en soi.

Dès lors qu’un diagnostic est établi, on opte pour un ou plusieurs élixirs, trois ou quatre la plupart du temps. Il m’arrive d’en indiquer jusqu’à six, mais c’est seulement qu’en de très rares occasions.

Ces élixirs se présentent sous forme liquide : une dilution aqueuse de fleurs dans de l’alcool (du cognac la plupart du temps) titrant entre 20 et 40°, en petits flacons dont la contenance oscille entre 10 et 30 ml. Chaque flacon dispose d’un compte-goutte et c’est grâce à son aide que l’on va pouvoir quantifier les doses quotidiennes. Je considère qu’une dizaine de gouttes de chaque élixir à différents moments de la journée est une quantité suffisante. On peut les répartir comme suit : 5 le matin et 5 le soir, 3 le matin, 3 à midi et 3 le soir ou bien 2 + 2 + 2 + 2 + 2, etc.

En réalité, il s’agit d’adapter les prises à votre emploi du temps ainsi qu’à votre volonté d’emporter avec vous vos flacons sur votre lieu de travail ou non.

A chaque prise, on dépose les gouttes d’élixir directement sous la langue et on les garde en bouche un moment. Au cas où le goût des élixirs ne vous conviendrait pas, vous pouvez tout à fait diluer vos gouttes dans un fond de verre d’eau.

Les fleurs travaillent en douceur mais aussi en profondeur. Souvenez-vous que la haute dilution des élixirs ne leurs permet pas de guérir avec la même rapidité que les huiles essentielles qui, tout au contraire, sont des concentrés de plantes. C’est pourquoi les élixirs nécessitent souvent un emploi au long cours : cinq semaines durant, au moins, avec la possibilité de faire le point après trois semaines de cure, parfois avant, cela dépend de chacun.

On peut, durant une cure, observer des phénomènes d’oubli. Si un jour vous omettez une prise, ne vous affolez pas : ce n’est pas grave. Parfois, on observe un autre phénomène : on éprouve le besoin de ne pas prendre les élixirs pendant un certain nombre de jours, on ne se sent pas attiré par eux pendant ce laps de temps, puis, on y revient. Un autre phénomène encore : vous pourrez être particulièrement attiré par un élixir que par un autre. Si c’est le cas, si cette attirance vous fait du bien, autorisez-vous à user particulièrement de l’élixir qui vous attire davantage puisqu’il y a tout lieu de croire que vous en avez besoin davantage.

Une durée de cinq semaines est une information indicative. Parfois, on peut être amené à utiliser les élixirs uniquement pendant quelques jours afin qu’ils traitent un problème superficiel. Parfois, les prises peuvent être plus longues (6 semaines et plus) : il faut viser plus large parce que l’on peut avoir affaire à des blocages émotionnels profonds et autres comportements figés.

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(1) La guérison par les fleurs, Edward Bach, Le courrier du livre, 1985.

(2) Le guide des fleurs du Docteur Bach, Paul Ferris, Marabout, 2001.

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Qu’est-ce qu’un élixir floral ?

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Ce n’est ni plus ni moins qu’une macération de fleurs dans de l’eau à laquelle on ajoute un conservateur. Ceci est, bien entendu, une définition générique. Entrons dans les détails.

Les origines des élixirs floraux

Elles prennent corps au début du siècle dernier en la personne d’Edward Bach. Né en 1886, ce médecin anglais se spécialise tout d’abord en chirurgie et en immunologie. Ce n’est qu’en 1919 qu’il entre à l’hôpital homéopathique de Londres. Et c’est sans doute cela qui déterminera l’ensemble des travaux que Bach mènera jusqu’à sa mort en 1936. Homéopathie? En effet, les élixirs floraux du Docteur Bach puisent leurs racines dans l’approche thérapeutique du père de l’homéopathie, Samuel Hahnemann (1755 – 1843).

Précisons les trois règles majeures de l’homéopathie :

1. La similitude

Un remède est efficace sur un sujet malade s’il reproduit sur un sujet sain les mêmes symptômes que ceux dont souffre le sujet malade. C’est ce que l’on appelle le principe de similitude. Comme son nom l’indique, l’homéopathie soigne les semblables par les semblables. Ce qu’indique la formule homéopathique restée célèbre : Similia similubus curentur.

Depuis longtemps, on a remarqué qu’un bon nombre de plantes offrait une particularité qui entre en résonance avec une partie du corps humain et les pathologies qui lui sont associées. Peut-être est-ce ce que voulait signifier Bernard de Clairvaux quand il dira : « Tu apprendras à l’ombre des arbres ce que tu ne peux apprendre à l’école ».

Hildegarde de Bingen, contemporaine de Bernard, aura, elle aussi, des paroles qui laissent penser que le Docteur Bach l’aura sans doute lue. Elle a eu l’approche symbolique des plantes comme le suggère ce qu’elle dit à propos du saule. Selon elle, cet arbre suscite amertume et mélancolie. Dans les grandes lignes, cela n’est pas sans évoquer le remède floral de Bach, willow (saule, en anglais).

2. La dilution

Un remède fortement dilué est tout aussi efficace en homéopathie qu’un remède moins dilué en phytothérapie. Là où la haute dilution est intéressante, c’est qu’elle permet de dénuer le remède de la moindre toxicité (quoi que cela ne soit pas une règle sans exception).

En ce qui concerne les élixirs floraux, toutes les plantes utilisées par le Docteur Bach sont exemptes de toxicité. Lors de la confection d’un élixir floral, les pétales d’une fleur sont mis en contact avec de l’eau de source durant 3 ou 4 heures. Pour d’autres fleurs, on procède par décoction dans de l’eau de source pendant une trentaine de minutes. La haute dilution des élixirs floraux (1/240 fait que les principes actifs des plantes utilisées n’existent quasiment plus dans les élixirs floraux. C’est donc une approche thérapeutique relevant davantage de la spiritualité que de la phytothérapie ou de l’aromathérapie, pratiques thérapeutiques qui doivent être nettement distinguées de celle qui consiste à utiliser les élixirs floraux. Cette haute dilution permet donc aux élixirs d’agir tout en douceur bien qu’ils provoquent dans le même temps de profondes mutations émotionnelles.

3. La dynamisation

Un élixir floral peut être considéré comme un produit issu de la symbiose entre le Ciel et la Terre. Il scelle la rencontre entre la force chthonienne issue d’une plante avec la force cosmique issue du soleil. Voilà donc pourquoi il est important lors de la phase de fabrication d’exposer au soleil les pétales de fleurs (posées sur de l’eau de source) afin que la dynamisation se réalise.

Ainsi donc, l’on peut dire que la méthode du Docteur Bach est la synthèse du principe de macération à froid avec ceux de la dilution et de la dynamisation homéopathiques.

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pH et Résistivité : deux facteurs clés des huiles essentielles

1. Le pH

Il représente par un nombre compris entre 0 et 14,14 l’acidité, la neutralité ou l’alcalinité d’un milieu.

0 = Acide

7,07 = Neutre

14,14 = Alcalin

Ainsi donc, plus on s’éloigne de la valeur neutre (7,07) vers le 0, plus le milieu est acide. A l’inverse, plus on s’éloigne de cette même valeur neutre vers le 14,14, plus le milieu est alcalin.

A titre d’exemples :

– Jus de citron : pH 2,3 Acide

– Vinaigre : pH 2,8 Acide

– Eau de Vichy : pH 6,8 Acide

– Eau de Volvic : pH 7,5 Alcalin

– Sang humain : pH 7,38 – 7,45 Alcalin (très légèrement)

– Ammoniaque : pH 11,3 Alcalin

– Eau de Javel : pH 12 Alcalin

Si on calcule le pH de l’œuf pourri et de la viande putréfiée, on se rend compte que la réaction est alcaline.

En revanche, si on conserve les cornichons dans du vinaigre, c’est-à-dire dans un milieu relativement acide, on se rend compte que ce milieu les prémunit de la putréfaction. Cela signifie que des produits au pH acide tels que vinaigre, jus de citron, etc. sont de puissants désinfectants et des antiputrides remarquables.

On remarquera que le pH du sang humain est très proche de la neutralité. Et ce n’est pas un hasard, un pH sanguin trop alcalin ou trop acide étant l’un et l’autre le signe d’un déséquilibre de l’organisme.

Un pH trop acide du sang humain révèle différents problèmes comme, par exemple : sinusite chronique, gastrite, rhumatisme, ulcère stomacal, etc. Au contraire, un pH trop alcalin du sang humain indique des problèmes de cystite, de colibacillose, de maladies infectieuses chroniques, d’eczémas, de cancers, de pathologies cardiaques, etc.

2. La résistivité

C’est la propriété d’une solution à s’opposer à la transmission de la chaleur ou de l’électricité. Pour exemple, la résistivité sanguine chez l’homme est de 190 ohms/cm/cm² et de 220 ohms/cm/cm² chez la femme.

Que viennent faire les huiles essentielles dans tout cela ? Justement, nous y venons. De façon générale, les huiles essentielles présentent un pH relativement acide ainsi qu’une très forte résistivité :

HE de giroflier : pH 6,7 Résistivité : 4 000

HE de menthe poivrée : pH 6 Résistivité : 3 000

HE de lavande fine : pH 5 Résistivité : 2 800

Quand on sait que l’alcalinité favorise la prolifération bactérienne alors que l’acidité s’y oppose et la neutralise, on comprend aisément les propriétés antiseptiques et bactéricides des huiles essentielles. La résistivité de ces mêmes huiles essentielles s’oppose à la propagation d’une infection ainsi qu’à la diffusion des toxines dans l’organisme.

Les travaux de Cavel ont montré l’action de différentes huiles essentielles sur un bouillon de viande ensemencé avec de l’eau provenant d’une fosse septique. Pour stériliser 1 litre de ce bouillon de culture, il faut :

– 0,7 cc d’HE de thym vulgaire

– 1 cc d’HE d’origan vulgaire

– 2 cc d’HE de giroflier

– 2 cc d’HE de menthe poivrée

– 4,3 cc d’HE de romarin officinal

– 5 cc d’HE de lavande fine

En revanche, il faut 5,6 cc de phénol pour parvenir au même résultat. Dans cette expérience, on met en évidence l’action des huiles essentielles du fait de leur pH acide et de leur haute résistivité, lesquels facteurs neutralisent la propagation bactérienne contenue dans l’eau souillée à laquelle on a exposé chaque huile essentielle.

Ainsi donc, on ne doutera plus du pouvoir antiseptique, bactéricide, antiviral, antifongique, etc. des huiles essentielles.

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Le symbolisme du orange

Dans l’absolu, le orange est le fruit de l’union du jaune et du rouge. Mais ce sont leur proportion relative qui font du orange soit du vermillon (dominance de rouge), soit du jaune d’or (dominance de jaune). C’est pour cette raison que le orange présente un spectre de vibrations qui s’étend de 470 à 520 trillions par seconde.

Point d’union entre l’or céleste et le rouge chthonien, le orange est une couleur énergique, stimulante, amicale, conviviale, bavarde même ! Spontanéité est l’un de ses nombreux deuxièmes prénoms. Bon, vous l’avez compris, le orange est une couleur vivifiante qui symbolise autant l’espoir que la fertilité/fécondité, en lui on peut entrevoir nouveau départ, amour, joie et guérison. Parce que c’est cela que le orange applique sur le psychisme, de par son dynamisme il apporte un regain de jouvence et de curiosité pour tout ce qui est nouveau. En lui siègent les énergies créatrices et les pulsions instinctives. On dit de lui qu’il favorise le bien-être général, c’est-à-dire l’euphorie qui est, contrairement à ce qu’on pense abusivement, un sentiment de bien-être mêlé à un épanouissement tant physique que spirituel.

Ce n’est donc pas tout à fait un « hasard » si cette couleur est liée à un chakra particulier, le sacré, dont les maîtres mots sont : créativité, fécondité, sécurité, instinct, association, couple, convivialité, honnêteté, esprit d’équipe, plaisir, expression des émotions, etc.

L’on voit donc aisément la passerelle existant entre la couleur orange et le chakra sacré qui est lui-même lié à l’élément Eau, l’eau dont la juste prodigalité n’a plus rien à prouver en terme de fécondité et de fertilité. A ce titre, les Amérindiens ne s’y sont pas trompés. Perspicaces, ils ont associé cette idée de fertilité à la citrouille qui, de par sa rotondité et l’eau qu’elle contient en grande quantité, n’est pas sans évoquer le ventre de la femme enceinte, et dont les graines, pourvoyeuses de vie, sont utilisées en thérapie (on en extrait une huile végétale) au niveau de la sphère génito-urinaire, zone physique du corps dont le chakra sacré a justement la charge ! La voyez-vous cette boucle qui vient d’être rondement bouclée ? ^^

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Le orange représente le juste équilibre entre l’esprit et la libido, désir d’amour. De la même façon que le chakra sacré joue le rôle de pivot entre le chakra racine et le plexus solaire.

D’une part, il est normal que le voile qu’offrit Virgile à Hélène présente cette couleur orangée, de la même façon qu’il est également normal que le flammeum, voile dont s’enveloppaient les fiancées de l’Antiquité romaine, soit tout autant orange. Plus près de nous, les jeunes épouses médiévales portaient une robe vermeille… Autre passerelle : considérons l’orange en tant que fruit. Elle est, « comme tous les fruits à nombreux pépins, un symbole de fécondité. Au Vietnam, on faisait autrefois présent d’oranges aux jeunes couples. Dans la Chine ancienne, probablement pour la même raison, l’offrande d’oranges aux jeunes filles signifiait une demande en mariage » (1).

D’autre part, si l’on verse davantage du côté de l’esprit propre au orange, on retrouve cette couleur safranée à travers les robes des bonzes bouddhistes ainsi que sur la croix des chevaliers du Saint-Esprit.

Enfin, l’on retrouve ces deux dimensions que sont le spirituel et les notions de désir et de plaisir à travers les Muses, filles de la Terre et du Ciel (impossible de ne pas voir, là encore, une référence au rouge chthonien de la racine et au jaune solaire du plexus !) qui à l’instar de nos bonzes hommes sont également parées de… safran !

Il semble donc peu utile de privilégier l’un ou l’autre de ces deux aspects mais, bien plutôt, de rechercher un équilibre entre les deux tant il est vrai que la prédominance de jaune dans le orange peut tourner au délire mystique alors que l’inverse – trop de sang dans le orange – peut faire tomber dans la luxure, laquelle n’a alors plus grand chose à voir avec l’expression d’une libido saine et sans vices. Alors, le risque serait grand de passer du goût de vivre au dégoût de vivre. « Cet équilibre, selon les traditions qui remontent au culte de la Terre-Mère, était recherché dans l’orgie rituelle qui était censée amener à la révélation et à la sublimation initiatique » (2). Mais, comme le souligne William Berton, « cet équilibre est fragile. Quand il est rompu, le orange peut devenir symbole d’infidélité, de luxure, ou de sexualité débridée » (3). Éclairé de trop de lumière, chargé d’énergie yang ou obscurci pas trop de noir, d’énergie yin donc, le orange se dénature à la manière de la hyacinthe qui se décolore si on la chauffe. C’est pourquoi, dès lors qu’il perd sa teinte franche qui combine harmonieusement autant de yin que de yang, l’orange abandonne ses capacités élevées et tombe dans le vice.

Nous avons dit plus haut que le orange était couleur de convivialité. S’il force sur le yin, il deviendra timidité et réclusion. Au contraire, s’il est allongé de yang, cette convivialité confinera à l’extraversion parfois ridicule qu’on trouve chez les sans-gêne.

La voie médiane du orange est donc composée d’autant de yin que de yang, d’autant de rouge que de jaune. Car il importe peu qu’un chakra sacré diffuse et absorbe bien, encore faut-il s’attarder sur la qualité de l’énergie qu’il canalise. Pour cela, différents moyens sont mis à notre disposition :

  • Les pierres : calcite orange, opale de feu, citrine, topaze impériale, etc.

  • Les huiles essentielles : santal blanc, ciste ladanifère mais également genévrier commun, myrte vert, laurier noble, menthe poivrée, romarin officinal à 1-8 cinéole, sauge sclarée, vétiver, etc.

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  1. Chevalier, Jean & Gheerbrant, Alain, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 1982., p. 708.

  2. Ibid. p. 708.

  3. Berton, William, La couleur énergie, santé et lecture du corps par la couleur, Éditions Colorscope, 1997, p. 41.

© Books of Dante – 2013

Amanites : phalloïde & tue-mouche

Vous avez sans doute le souvenir de ces petits champignons tout rebondis, au chapeau rouge constellé de petits points blancs qui constituent une partie du décor sur une bûche de Noël ?

Bien, aujourd’hui, au-delà de ce pur aspect décoratif, nous allons nous pencher sur deux représentantes du genre amanitacées : l’amanite phalloïde et l’amanite tue-mouche.

Bien qu’arborant de riches couleurs, l’amanite tue-mouche n’est pas la plus dangereuse des deux, loin s’en faut. Dangereuses ? Oui, si notre petit champignon de Noël est comestible, il en va tout autrement de ces deux beautés vénéneuses que l’on trouve dans la nature. Phalloïde et tue-mouches sont toutes deux dangereuses. Si cette dernière n’est pas mortelle, il en va tout autrement de la première dont les couleurs fades ne laissent rien présager. Décortiquons-les.

1. Descriptif

A droite, l’amanite phalloïde, à gauche l’amanite tue-mouche. Ces deux vues concernent chacun de ces champignons dans leur jeunesse respective.

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Maintenant, nous les voyons alors qu’ils ont grandi. Le chapeau s’est développé et aplani. Celui de l’amanite phalloïde arbore une couleur vert jaunâtre, voire olivâtre, alors que celui de l’amanite tue-mouche porte cette caractéristique couleur rouge vif constellée d’excroissances verruqueuses blanches.

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Chacune d’elles porte un large anneau dans la partie supérieure, des lamelles blanches à l’intérieur du chapeau, ainsi qu’une volve que l’on voit très bien sur chacune des deux dernières images : à la base du pied, elle joue le rôle de gaine enveloppante.

On pourra rencontrer des spécimens isolés ou en colonies en Europe dans les bois clairs, les bois de feuillus (à proximité du bouleau, entre autres…) et les bois mixtes plus particulièrement. A l’automne surtout, même si l’amanite phalloïde peut pointer le bout de son nez dès l’été.

2. Historique

Comment ne pas évoquer la mort par empoisonnement de l’empereur romain Claude par sa seconde femme Agrippine afin que le fils de cette dernière, Néron, monte sur le trône ? Claude étant friand de champignons, en particulier de ceux qu’on nomme amanite des césars, par le biais de Locuste, Agrippine ajouta à ce plat comestible quelques amanites phalloïdes. Pris d’horribles douleurs intestinales, Claude se fit vomir comme c’était de coutume à l’époque avant d’y revenir. Agrippine paracheva le travail en lui faisant ingurgiter une mixture à base de coloquinte, une petite cucurbitacée dont le suc est violemment purgatif et dangereux. Ainsi donc, Néron prit place sur le trône en lieu et place de Britannicus, l’un des fils de Claude né d’un premier mariage, mais ce dernier présentant une gêne, il fut également empoisonné un an plus tard…

A la fois porte-bonheur et maléfique, très connue mais malgré tout mystérieuse, l’amanite tue-mouches fit des adeptes parmi de nombreux artistes, en particulier le peintre Jérôme Bosch (1450-1516) dont certains historiens d’art estiment qu’il aurait peint un certain nombre de ses toiles alors qu’il était sous son emprise.

Champignon hallucinogène, l’amanite tue-mouches est utilisée par les chamans du nord de l’Asie, en Sibérie et en Laponie, entre-autres.

Entracte : nous nous en rendons compte, impossible d’évoquer l’histoire de ces deux champignons sans faire référence à leurs propriétés hallucinogènes et psychotropes. Ce que nous allons évoquer dans la partie suivante.

3. Composition et pouvoirs

L’amanite phalloïde, champignon le plus toxique d’Europe, contient des peptides (amatinine), des alcaloïdes (phalloïdines), etc. La dose létale est atteinte avec 40 à 50 g de ce champignon à l’état frais. Les effets toxiques sont lents à se manifester après ingestion. On considère que plus le temps entre la consommation d’un champignon toxique et l’apparition des symptômes se fait plus long, et plus l’intoxication est grave.

En ce qui concerne l’amanite phalloïde, le délai d’incubation peut aller de huit heures à deux semaines ! (Généralement de 6 à 24 h, le plus souvent de 8 à 12 h).

Lors d’une intoxication avec ce champignon, on voit apparaître les effets suivants : troubles digestifs, vomissements incessants, diarrhées abondantes, liquides et sanguinolentes, crampes abdominales, déshydratation sévère, chute de la tension, destruction des cellules hépatiques et rénales, mort par hémorragie interne et hypoglycémie

En cas d’intoxication, on peut mettre en place les mesures suivantes : lavage gastrique, charbon actif, hospitalisation en service de réanimation, injection de pénicilline, prise de silybine (principe actif hépatoprotecteur présent dans le chardon-marie et constituant le principal antidote de l’amanite phalloïde). Le problème réside dans le fait que lorsque les premiers symptômes apparaissent, les dégâts causés au foie sont déjà importants. Dans le pire des cas, une greffe de foie s’avère nécessaire.

A la lumière des faits exposés ci-dessus, nous pouvons dire que l’amanite phalloïde n’a pas usurpé son titre de champignon le plus toxique d’Europe. Elle est responsable de 95 % des intoxications mortelles et de 90 % des empoisonnements graves en France. Le plus souvent, l’intoxication involontaire est à mettre sur le compte d’une méconnaissance, la reconnaissance d’un champignon toxique ou non passant par sa préalable connaissance. Ainsi, l’amanite phalloïde est couramment confondue avec d’autres amanites comestibles et appréciées : Amanita caesara, Amanita vaginata, Amanita solitaria, etc.

L’amanite tue-mouches, bien que plus spectaculaire que la précédente, n’est pas si dangereuse. Elle contient des acides gras ainsi que de l’acide iboténique qui sont à même de tuer les mouches ainsi que d’autres insectes, ce qui explique le nom de ce champignon.

Le chapeau de l’amanite tue-mouche doit sa couleur à des pigments appelés bétalaïnes également présents dans la betterave rouge, mais ceux-ci n’ont pas d’action psychotrope.

Ce qui rend la consommation de ce champignon dangereuse, c’est la présence d’un alcaloïde, la muscarine, mais présente en si petite quantité (de l’ordre de 0,0002 %) que ses effets sont loin d’être aussi dévastateurs que ceux de l’amanite phalloïde.

Les toxines de ce champignon attaquent le système nerveux et le temps de latence est bien plus rapide que celui de l’amanite phalloïde : les effets se font sentir ½ heure à trois heures après ingestion. On peut alors observer l’ensemble des troubles suivants : troubles digestifs, sudation et salivation excessives, angoisse, rétractation de la pupille, tachycardie, convulsions, pseudo ébriété (avec excitation ou somnolence), vertiges, agitation, modification de la perception dans l’espace, modification de la perception de la personnalité, hallucinations et visions

Bien que la liste des effets de ce champignon soit assez longue, on observe une régression des symptômes au bout de vingt-quatre heures. Ceci dit, il est toujours possible d’accélérer la désintoxication par les moyens suivants : charbon actif, laxatifs, sédatifs, anticonvulsivants, hospitalisation (parfois nécessaire mais plus rarement que dans un cas d’intoxication à l’amanite phalloïde).

Revenons à la liste des effets. J’ai noté : hallucinations et visions. C’est pour cette raison que l’amanite tue-mouches est utilisée par les chamans en Sibérie et en Laponie, entre-autres. Là-bas, on n’hésitera pas à échanger un renne contre un seul de ces champignons qui, si l’on en croit l’expérience, est beaucoup plus actif consommé une fois sec qu’à l’état frais.

Voici ce qu’en dit John Mann dans son ouvrage de 1996, Magie, meurtre et médecine : « Les champignons sont séchés, puis mangés en larges morceaux et ingérés à l’aide d’eau froide. Au bout d’une demi-heure environ, la personne est complètement ivre et intoxiquée et fait l’expérience d’extraordinaires visions. Ceux qui ne peuvent pas payer le prix plutôt élevé des champignons boivent l’urine de ceux qui en mangent, à la suite de quoi ils sont tout autant intoxiqués, voire plus. L’urine paraît plus puissante que le champignon lui-même et ses effets perdurent jusqu’au quatrième ou cinquième homme ».

Au-delà de ces usages psychotropes de base, n’oublions pas que le chaman ingère savamment ce champignon afin de l’aider à entrer en transe, ce qui a pour but de voir son esprit traverser par les plantes qui permettront la guérison de ses patients malades. Il ne s’agit donc pas là d’une « défonce » crasse et gratuite, je tiens à le souligner, mais d’une recherche visionnaire incluse dans un rituel de guérison.

N. B. : Agaricus phalloides et agaricus muscarius sont deux remèdes homéopathiques.

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