L’églantier (Rosa canina)

Synonymes : rosier des chiens, rosier sauvage, rosier des bois, rose églantine, cynorrhodon, poil-à-gratter, gratte-cul.

Rosier des chiens. Comme c’est peu élégant eu égard à cet arbuste délicat. Mais rien n’est vraiment là par hasard et trouve son explication dans les dédales de l’histoire conjointe des hommes et des plantes. Remontons donc jusqu’à Hippocrate, rien que ça ! A cette lointaine époque, on parle d’une plante qu’on appelle autant Kunobotê que Kunosbatos. Déjà, on mettait à profit son action astringente pour cicatriser les plaies. Afin de présenter au mieux ce que les Anciens ont retenu de cette plante, commençons par partager le court texte que Dioscoride lui accorde (Materia medica, Livre 1, chapitre CV) : « L’églantier est un arbrisseau qui croit un peu plus grand que ne le fait la ronce, et a les feuilles plus larges que celles du myrte. Les épines qui sont à l’entour des branches sont dures et fermes. Il produit une fleur blanche et un long fruit semblable aux noyaux des olives. Lequel, en mûrissant, devient roux et a, par le dedans, une certaine mousse. Le fruit sec et cuit dans le vin et la décoction bue, elle restreint le flux du ventre. Mais premièrement il faut tirer hors cette mousse, pour autant qu’elle nuit à l’artère [nda : la trachée-artère] du poumon ». Si Dioscoride ne décrit peut-être pas Rosa canina, au moins sommes-nous certains d’être face-à-face avec l’une des nombreuses espèces d’églantiers existantes. Poursuivons avec un texte astrologique rédigé en grec et postérieur à Dioscoride, dans lequel on nous présente Kunobotê comme étant une plante de la Lune : « Cette plante guérit les douleurs aiguës qui surviennent sur le buste, l’estomac et les flancs car la Lune est désignée pour être dans le Cancer, qui domine le buste et les flancs. La fleur de la plante bue de façon continue, purifie les rates gonflées, évacue la cause de l’enflure par l’urine et les excréments. Elle passe pour agir sur la rate car la Lune occupe la place de la rate. La racine de la plante portée en amulette est propre à procurer une vue perçante. Elle secourt avec succès ceux dont la vue est affaiblie, puisque la Lune, après le Soleil, s’est vu attribué la lumière des yeux. Elle rétablit ceux dont l’estomac est ulcéré. Elle convient encore à ceux qui souffrent de colique et se tordent de douleur » (1). Cette façon quelque peu surannée d’aborder l’églantier peut nous plonger dans un abîme de perplexité, mais les informations ci-dessus apportées, par leur exactitude, forcent le respect. Par exemple, nous verrons en quoi l’églantier est impliqué dans le bon fonctionnement de la vision. Que pouvons-nous ajouter de plus ? Galien ne fait guère que reprendre Dioscoride, quant à Pline, il reste relativement confus au sujet de son Cynosbatos. C’est à peu près à cette époque que l’histoire du rosier des chiens voit le jour, car selon Pline, « les dieux mêmes […] avaient révélé en songe cette merveilleuse propriété à une mère dont le fils avait été mordu par un chien atteint de cette terrible maladie » (2) qu’est la rage. Il est bien possible que l’on soit allé un peu vite en besogne et que les aiguillons de l’églantier dont la forme évoque celle des crocs d’un chien, soient devenus, par analogie, le symbole de la capacité de l’églantier à être un remède contre les morsures canines. Si l’églantier, par son astringence, ses propriétés antiseptiques, hémostatiques et cicatrisantes, peut soigner ce type de blessure, il est bien évident qu’il n’a rien d’un remède antirabique.

Au XII ème siècle, Hildegarde aura été sensible aux charmes de l’églantier (De bluffa) dont elle dit qu’il « représente l’affection ». Elle en fit un remède pulmonaire, stomacal et anti-asthénique. Ce n’est qu’au début du XVI ème siècle qu’on voit réapparaître l’églantier, alors évoqué en vers (du vieux françois !) par l’apothicaire tourangeau Thibault Lespleigney (1496-1550) :

« Bedegard, sans point de mensonges
Est ressemblant à une esponge
Croissant en la rose canine,
Vertu a de pacifier
Le flux de sang et flux de ventre,
Et conforte quant elle y entre
L’estommach et spasme guérist,
La grande raige des dens lenist
Aussy de sang le crachement
Et faict uriner largement.
A morsure donne remède
Quant de chien enraigé procède. »

Tout à fait clair, n’est-ce pas ? Outre que l’auteur répète une erreur vieille de plusieurs siècles, son poème thérapeutique est assez convaincant, mais il ne sera pas le seul à raviver le souvenir de Pline, puisque le Petit Albert (XVII ème siècle) s’en fera encore le relais. Mais n’allons pas si vite et revenons sur un mot : bedegard, aujourd’hui orthographié bédégar (ou bédéguar), est issu de l’arabo-persan bàdàward, qui signifie « souffle de rose » et fait référence à cette sorte de galle vert rougeâtre, en touffe chevelue et hirsute, que portent parfois les églantiers et dont le responsable est un insecte qui pique et pond dans les bourgeons de l’églantier, le cynips du rosier (Diplolepis rosae). De cette excroissance, on a aussi fait matière médicale. Tragus (1552) et après lui Simon Paulli (1666) s’en servirent comme somnifère, pour guérir les plaies et les brûlures ulcérées, apaiser les maux de gorge, affranchir les intestins de la dysenterie. Aux XVI-XVII ème siècles, nombreux seront les praticiens à faire appel à l’églantier. Ainsi Johann Crato von Krafftheim (1519-1585) conseille le cynorrhodon « pour amender la rougeur de la face, réprimer les vapeurs, tempérer les humeurs, rafraîchir et relâcher les reins et assurer l’expulsion des calculs » (3), tandis que Johann-Karl Rosenberg mentionne en 1631 l’usage d’un électuaire confectionné à base de pulpe de cynorrhodons qu’il employait tant pour les troubles gynécologiques (gonorrhée, métrorragie) que gastro-intestinaux (diarrhée, dysenterie), ainsi que, comme le fera également Pierre Borel (1620-1671), contre les lithiases urinaires. En 1678, Madame Fouquet, la mère du célèbre surintendant des finances de Louis XIV, dans son Recueil de réceptes (un ouvrage co-écrit avec Madame de Montespan, contemporain du Petit Albert et assez semblable dans le fond, où recettes anodines partagent les pages avec d’autres plus « obscures ») propose un « opiat de cynorrhodons » contre les flux de ventre, alors qu’en toute fin de siècle, Nicolas Lémery évoque lui aussi le bédégar : il s’agit d’une « espèce d’éponge, grosse comme une petite pomme, ou comme une grosse noix, de couleur rousse, elle est appelée éponge d’églantier ou bédégar. Elle est astringente, on en tire par distillation une eau propre pour les maladies des yeux. » Au XVIII ème siècle, le médecin français Joseph Lieutaud (1703-1780) donne du cynorrhodon les principales propriétés : diurétique, rafraîchissant, fortifiant stomacal et astringent gastro-intestinal. Puis, au XIX ème siècle, bien que longtemps inscrit au Codex par le biais de la conserve de cynorrhodons (qui en disparaîtra en 1884), l’églantier demeurera surtout un remède populaire, prisé cependant par des Cazin et des Leclerc. Dans ce même siècle, par exemple, dans les Alpes de Haute-Provence, on faisait sécher les cynorrhodons puis on les réduisait à l’état de poudre, formant une « farine » que l’on cuisait en biscuits, alors qu’au XX ème siècle, durant la Seconde Guerre mondiale, les enfants des campagnes anglaises ramassaient autant de cynorrhodons que nécessaire afin d’en élaborer un sirop riche en vitamine C qui était distribué à la population pour éviter les carences.

Hôte rural, voisin du sureau noir, l’églantier draine derrière lui bien des légendes qui disent assez les relations ténues entre un végétal typique et les habitants des campagnes. Voici quelques morceaux choisis pour se faire une idée : « Dans le Berry, conduire son troupeau avec un bâton de bois d’églantier, c’est le mener à la ruine et au malheur ; en Poitou, gare aux jeunes filles qui touchent ou cueillent une fleur d’églantier, leur mariage sera retardé d’une année au moins. Même dans les cimetières il faut se méfier de l’églantine, elle porte malheur aux familles des tombes sur lesquelles elle aura été déposée » (4). Maléfique, l’églantier ? C’est une vision « fortement attestée par une légende qui veut que pour rejoindre le ciel, Lucifer ait eu l’idée de se servir de cet arbuste fleuri pour y parvenir… sans jamais réussir car les aiguillons de l’églantier sont presque tous retournés vers la terre » (5). Précisons que sur le plan symbolique, l’églantier s’est souvent trouvé en opposition avec la rose, de même que l’ivraie est une plante diabolique et le froment d’émanation divine. C’est, dit-on, à un églantier que Judas se serait pendu… Ce qui est, bien évidemment, fort douteux ; j’avais déjà expliqué, en ce qui concerne le sureau, que cette légende devait être prise avec des pincettes, parce que se pendre à un sureau, ça n’est pas le moyen le plus adéquat, alors avec un églantier… Mais l’églantier n’est pas qu’une plante qu’on a, à dessein, dépeinte comme sinistre. Par exemple, en Allemagne, on lui reconnaît le pouvoir d’écarter la foudre et « du côté de Forcalquier, si vous coupez une baguette sur un églantier par une nuit de pleine lune, celle-ci vous permettra de jeter ou d’annuler un sort » (6). Comme c’est le cas pour un incalculable nombre de plantes, l’églantier joue sur l’ambivalence, et n’est pas que sorcellerie et mauvais œil, comme nous le rappelle Pierre Lieutaghi : « Au midi du solstice, il est bon de s’arrêter devant un églantier chargé de fleurs et, les yeux clos, de s’abandonner au parfum tout brodé d’insectes, de s’associer aux louanges de la terre » (7).

L’églantier est un arbuste caducifolié portant des tiges vigoureuses et sarmenteuses, rameaux courbés, retombants ou grimpants selon les supports et la végétation environnante : par exemple, un spécimen isolé en bordure de chemin est souvent de taille plus modeste que son confrère qui peuple la haie. Cela tient à la présence d’une multitude d’aiguillons et non d’épines comme on le lit trop souvent, ce qui est une hérésie, un botaniste vous coupe la tête pour ça, alors, bon, je vous en prie ^_^. Des aiguillons robustes tournés vers le bas, si cela eut été vers le haut, il n’aurait jamais pu grimper, c’est sur lui qu’on se serait appuyé. Donc, après cette digression nécessaire, sachons que l’églantier atteint facilement une taille moyenne de trois mètres, tout au plus cinq. Les feuilles sont caractéristiques des Rosacées : foliacées, à l’impair nombre de folioles plus ou moins ovales et dentées. Il est rare de compter plus de neuf folioles sur une feuille d’églantier. Les églantines – c’est ainsi qu’on appelle parfois les fleurs d’églantier, sont généralement blanches ou rose pâle. Comme de coutume chez les Rosacées, elles portent cinq pétales ainsi que des sépales verts qui choient au sol avant fructification. Groupées en corymbes ou solitaires, mesurant de 2 à 8 cm de diamètre, elles s’épanouissent de mai à juillet et envahissent l’air d’un doux parfum. Après floraison, petit à petit, les fruits apparaissent. Ovoïdes, lisses et charnus, de couleur rouge orange corail, ce sont en réalité des pseudo-fruits. Ils sont produits par le réceptacle floral devenu pulpeux, lequel renferme les vrais fruits, des carpelles poilues que les garnements désignent sous le sobriquet de poil-à-gratter et qu’ils se font un malin plaisir de glisser dans le t-shirt de leurs petits camarades, les bougres !
Espèce végétale très ancienne comme l’attestent les fossiles qu’on a retrouvés, elle est encore largement présente dans les régions tempérées d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord, tant en plaine qu’en montagne (1800 m). L’églantier affectionne particulièrement les terrains hostiles tels que broussailles, friches, lisières de champs et de forêts, bosquets, talus mal entretenus, haies, etc.
Il demeure, même encore aujourd’hui, une espèce de choix pour opérer les greffes des rosiers cultivés. Ne dit-on pas que l’églantier en est l’archaïque grand-père ?

L’églantier en phytothérapie

De l’églantier, l’on pourrait employer les feuilles, mais l’on ne s’en est jamais servi que comme succédané du thé et du tabac. Nous en fournirons pourtant quelques informations plus bas. Qu’à cela ne tienne, l’églantier n’est pas dépourvu de bienfaits, bien au contraire : les fleurs, mais elles n’ont aucune commune mesure avec ce qu’elles produisent à l’automne, c’est-à-dire les cynorrhodons, dont on utilise la pulpe ainsi que des graines qui n’en sont pas puisqu’il s’agit de carpelles. Les plus aventureux peuvent même jeter leur dévolu sur les poils qui les garnissent, mais ça n’est pas une sinécure !
Les fleurs contiennent des acides (malique, citrique), du sucre, de la gomme, une résine, de la cire, du tanin, une huile grasse ainsi qu’une essence aromatique. Les carpelles, dont la décoction dégage une douce odeur de vanille, recèlent de la vanilline. Quant aux cynorrhodons, ils sont, on peut le dire, la quintessence de ce que l’églantier est capable d’offrir. Composé d’eau à près de 50 %, un cynorrhodon affiche un taux de glucides avoisinant les 20 %. A cela, ajoutons 4 % de protides et seulement 0,4 % de lipides. Mais ne nous arrêtons pas en aussi bon chemin. Là encore, on retrouve acides malique et citrique, résine, tanin (2 à 3 %), essence aromatique (traces), mais surtout 20 à 25 % de pectine, des flavonoïdes, du sorbitol et, pour finir, une incomparable richesse en vitamines : provitamine A, vitamines B1, B2, B3, E, K et tout particulièrement C : jusqu’à 1700 mg au 100 g de pulpe de cynorrhodons frais ! Imaginez un peu : 1,7 % ! Pour donner un ordre d’idée, un seul cynorrhodon fournit autant de vitamine C qu’un gros citron. Et après, certains vont « s’amuser » avec des baies de goji, tss… Quelques données chiffrées concernant les sels minéraux et, là aussi, ça cartonne : aux 100 g de pulpe fraîche, nous trouvons 146 mg de sodium, 257 mg de calcium, 258 mg de phosphore et 290 mg de potassium. Clôturons cette rubrique en mentionnant que le bédégar est surtout riche en tanin.

Propriétés thérapeutiques

  • Fleur : laxative, tonique
  • Feuille : astringente, cicatrisante, tonique
  • Carpelle : sédative
  • Cynorrhodon : diurétique, dépuratif, tonique, fortifiant, anti-anémique, antirachitique, antiscorbutique, renforce les défenses immunitaires, astringent, cicatrisant, hémostatique, anti-oxydant, nutritif, apaisant de la soif, vermifuge, anti-inflammatoire, actif sur la vision crépusculaire (cf. provitamine A)
  • Bédégar : équilibrant nerveux, somnifère, tonifiant, astringent, cicatrisant, stimulant des fonctions gastriques

Usages thérapeutiques

  • Fleur : constipation légère, irritation de la muqueuse intestinale
  • Feuille : crachement de sang, crampe d’estomac, diarrhée
  • Carpelle : palpitation, insomnie, agitation nocturne, nervosité, instabilité nerveuse, anxiété, angoisse
  • Cynorrhodon :
    – Troubles de la sphère vésico-rénale : lithiase urinaire, douleur lithiasique, catarrhe vésical, colique néphrétique (notons que le cynorrhodon est un diurétique non irritant pour les reins)
    – Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée (y compris celles des enfants et des tuberculeux), dysenterie, entérite, atonie des voies digestives, inflammation gastrique, parasites intestinaux (ascaris), ténia (médecine populaire en Suisse)
    – Asthénie, avitaminose, scorbut, fatigue printanière, épuisement, convalescence, déficience immunitaire, sensibilité aux infections (dans la grippe, par exemple, le cynorrhodon est un très bon préventif, de plus il permet d’abaisser la fièvre, d’accélérer l’élimination des déchets, de rétablir les forces, de renforcer le système immunitaire), rhume, refroidissement
    – Affections cutanées : plaie, ulcère atone, brûlure, hémorragie
    – Troubles de la sphère gynécologique : leucorrhée, gonorrhée
    – Ostéo-arthrite
  • Bédégar : néphrite, insomnie, agitation (autrefois, on en garnissait les taies d’oreiller, comme on l’a couramment fait avec les cônes de houblon car, disait-on, le bédégar a la faculté de favoriser le sommeil et les rêves prémonitoires, mais il s’agit là d’une toute autre histoire)

Modes d’emploi

  • Infusion des fleurs, des feuilles, des cynorrhodons, des carpelles ou des bédégars
  • Décoction des cynorrhodons ou des carpelles
  • Teinture
  • Poudre de cynorrhodons secs
  • Macération acétique ou huileuse des fleurs
  • Macération vineuse de bédégars secs
  • Sirop de cynorrhodons
  • Vin et liqueur de cynorrhodons
  • Confiture, gelée, marmelade de cynorrhodons

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les feuilles en avril et mai, les fleurs durant les mois de juin et juillet, les cynorrhodons après les premières gelées, ils sont alors davantage sucrés et pulpeux.
  • Il est impératif de filtrer soigneusement les infusions et les décoctions de cynorrhodons afin d’éviter d’absorber les poils irritants qu’ils contiennent, car ce qui vaut pour la peau vaut également pour les muqueuses : ces duvets occasionnent de douloureuses démangeaisons. Bien que cela se dissipe au bout d’une heure environ, l’expérience n’est guère agréable. Leur richesse en acide citrique semble expliquer ce phénomène.
  • Cuisine : l’usage culinaire de l’églantier n’est plus à prouver. Il est déjà fort ancien puisqu’il remonte à l’Antiquité, et concerne tant les fleurs que les cynorrhodons : ce sont autant de confitures, bonbons, boissons (vins, sirops, thés), mais aussi des purées de cynorrhodons accompagnant viandes et gibiers comme cela se fait en Suisse et en Allemagne, sauce pour pâtes et pizzas (en compagnie de tomates) ou, pourquoi pas, en soupe, tel que cela se pratique en Suède où la soupe nationale – le nyponsoppa – est élaborée à base de cynorrhodons.
  • Élixir floral : Wild rose, du docteur Bach, appartient au groupe de l’indifférence. Élixir préconisé pour les personnes passives ayant perdu espoir. C’est donc un élixir qui développe enthousiasme et implication quand résignation et abandon battent l’esprit en brèche.
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    1. Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l’Antiquité, p. 294
    2. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 838
    3. Henri Leclerc, Les fruits de France, p. 194
    4. Michel Lis, Les miscellanées illustrées des plantes et des fleurs, p. 59
    5. Ibidem, p. 60
    6. Ibidem
    7. Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 221

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Rosa et caetera

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S’il est bien une plante qui possède une ambivalence que d’autres ne lui contestent pas, c’est bien la Rose. Il est vrai qu’elle appartient à tous et à personne dans le même temps, elle semble insaisissable…

C’est pourquoi, afin de faire un peu de clarté sur la Rose, je me suis autorisé à élaborer un petit organigramme qui, je le souhaite, aura sa petite utilité. Bien entendu, je n’y inclue volontairement pas les 45 000 et quelques sortes de roses qui existent de par le monde à ce jour. Seules sont abordées celles qui sont douées de vertus médicinales et pour lesquelles beaucoup d’encre a coulé à ce jour.

Comme indiqué sur cet organigramme, le rosier originel était déjà présent il y a plus de 40 millions d’années. Certes, il devait être fort différent de l’image que l’on se fait instinctivement de la rose. Peut-être avait-il quelque ressemblance avec ce que nous nommons aujourd’hui, Rosa canina, notre bien actuel églantier dont un des cousins, Rosa moschata, présente des caractères fort similaires : rosacées tous les deux, leurs fleurs – simples – ne sont composées que de cinq pétales rose pâle.

Tout ces ancêtres n’ont que peu à voir avec les rosiers dits modernes. Si leurs qualités ornementales sont moindres, ils conservent pour eux des propriétés médicinales indéniables que la rose moderne ne viendrait pas leur chipoter.

Cet organigramme – petit arbre généalogique – montre donc les différents liens qui unissent une petite dizaine de plantes : la rose de Provins et la rose de Damas qui, issues de la même mère mais de père différent, sont donc demi-soeurs, mais également d’autres roses plus « périphériques » mais néanmoins importantes : par exemple, la Rosa x alba – la rose blanche d’York – dont Michel Joyaux nous dit qu’« on a aussi cultivé, en Bulgarie, la rose blanche, plus rustique que la rose de Damas : on l’utilisait souvent pour constituer des haies de protection autour des champs de roses de Damas ». Nous retrouvons aussi la Rosa x centifolia qui est, à l’heure actuelle, avec la rose de Damas, la seule rose dont on distille les pétales en vue d’en extraire une essence destinée principalement à l’industrie de la parfumerie.

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