Le guduchi (Tinospora cordifolia)

Voici un tout nouvel article qui nous mène tout droit en Asie du Sud. Le guduchi, que l’on appelle aussi amrita, a été pensé comme possible ingrédient du mythique Soma. Ce qui en dit long sur l’estime qu’on lui accordée. On évoque cette chose-là et bien d’autres encore.

Bon long week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : amrita, gulancha, giloy, giloya, giloe, gurjo, graine de lune à feuilles en cœur (heart-leaved moonseed),

Synonymes latins : Tinospora sinensis, Tinospora malabarica.

Il a beau s’armer de grec et de latin, le botaniste, s’il n’est pas sensible à la beauté des belles lettres, ne sera jamais un poète et composera des noms aussi peu inspirés que celui qu’il a réservé au guduchi : Tinospora. Ah ! Eh bien, sachez que son étymologie n’a rien de mirobolant. Ce mot se découpe en deux racines. La première, tino, provient du grec teino, qui désigne l’aptitude d’un objet étirable comme un arc. Et spora, « graine », tout bêtement. Je vous laisse vous amuser à fabriquer une chimère improbable à l’aide de ces deux bouts de grec, parce que, pour ma part, j’ai beaucoup mieux à vous révéler, qu’à vous partager ce qui n’est que le reflet du manque d’originalité et d’imagination des botanistes.

Focalisons tout d’abord notre attention sur le principal surnom accordé au guduchi : amrita. Ce n’est pas seulement un nom vernaculaire comme un autre, il véhicule aussi une sorte de statut. Dans toute la médecine ayurvédique, il n’existe que trois plantes auxquelles l’on a attribué cette étiquette : l’ail, le haritaki ou myrobolan (Terminalia chebula) et le guduchi. A lui seul, ce substantif souligne et englobe la plupart des appellations alternatives réservées au guduchi, telles que divya aushaudhi (« plante divine »), devanirmita (« créée par Dieu »), vara (« excellente, précieuse »), etc. Par amrita, il faut entendre « nectar de vie », qui s’applique tout autant à l’ambroisie divine qu’au Soma mythique (trois termes qui sont tous synonymes), car ils confinent à l’idée d’immortalité, chose dont on peut se rendre compte à travers le nom assigné à une préparation mêlant l’amrita au beurre clarifié, l’amrita-prâsa, la « nourriture des immortels » qui augmente la force des hommes. Dans un manuscrit daté du VIe siècle apr. J.-C. (le manuscrit Bower), l’on croise des références à ce sujet. Or, comme le guduchi est également amrita, certains chercheurs ont émis l’hypothèse que cette plante, sans être le Soma des Anciens, aurait participé de son élaboration : le légendaire Soma, vénéré par les hymnes védiques, pourrait-il avoir quelque rapport avec le guduchi ? Écoutons la thèse de ces chercheurs et prenons connaissance d’un extrait de leur étude datée de 2014 : « Nous proposons que le Soma était la combinaison d’un alcaloïde de type protoberbérine et de suc de Tinospora cordifolia aux propriétés inhibitrices de la monoamine oxydase, unie à un extrait riche en tryptamine issu de Desmodium gangeticum ou un mélange de Tinospora cordifolia avec un extrait de Sida spp. [NdA : plantes de la famille des Malvacées] riche en éphédrine et phényléthylamine. Tinospora cordifolia combiné avec Desmodium gangeticum pourrait fournir une expérience psychédélique avec des effets visuels, tandis qu’une combinaison de Tinospora cordifolia avec Sida spp. pourrait conduire à des expériences plus euphoriques similaires aux effets causés par les amphétamines »1. Il demeure toujours difficile de déduire quelle plante pourrait occuper la fonction du Soma après coup, de même que deviner l’identité du moly, cette plante légendaire que confie Hermès à Ulysse afin qu’il ne tombe pas sous le charme de Circé. Peut-être, très justement, parce que ce sont des figures végétales légendaires et merveilleuses qui ne trouvent pas leur équivalent sur terre. Aussi, est-il judicieux de vouloir faire entrer en correspondance la flore actuelle des herbiers, palpable et bien réelle, avec celle d’hier qui émaille le Rig-Véda ou encore l’Avesta ? Parce qu’elles appartiennent au domaine céleste et magique, n’est-ce point absurde d’en rechercher l’identité exacte auprès de la gente végétale terrestre ? Ce qui rend la tâche plus malaisée encore, c’est que le Soma est tout à la fois un dieu, une plante (qui pourrait aussi bien être une herbe, un arbre, une liane qu’un champignon. Beaucoup d’hypothèses, peu de certitude…) et l’équivalent terrestre de la liqueur d’immortalité ! Il est plus intéressant de comparer la réputation ayurvédique du guduchi avec l’ensemble des traits de caractère que les hymnes du neuvième mandala du Rig-Véda accordent au Soma : il communique la béatitude, apporte la félicité, la sagesse et la joie ravissante, communique à l’esprit la clarté des cieux, etc. N’est-ce point là ce que l’on est en droit d’attendre d’un rasayana tel que le guduchi ? Devenu sur terre le quasi équivalent de l’amrita dans les sphères célestes, le guduchi a donc hérité d’une partie de sa puissance. A-mrta se traduisant comme « non mort », on peut être surpris de ce que le guduchi porte encore les noms apparentés de chinna, chinnaruha, chinnodbhava, dont un auteur du XVIe siècle, Bhava Mishra nous explique la raison dans son ouvrage Bhava Prakasha : ces noms transmettent l’idée d’une capacité, celle qu’a la plante de perpétuer sa croissance même une fois sectionnée, comme si de rien n’était, une prouesse faisant expressément référence à sa tendance aérienne qui semble ne l’attacher ni au pouvoir de la terre, ni à celui de l’eau, imitant la manière du yogi ou du rishi qui se nourrit uniquement du prâna de l’air.

Par le terme rasayana2, on entend les meilleurs moyens d’accéder à un état d’être qu’autorise le guduchi en déracinant les facteurs morbides, comme si cette plante contrôlait la progression du mal afin de mieux le détruire, tout en agissant sur les doshas3 et les dāthus4. En améliorant la nutrition du corps et les moyens que celui-ci à de se défendre, le guduchi favorise donc le retour à la santé. Non seulement, ce rasayana soulage et guérit les maladies, mais il apporte son aide à l’organisme sain, afin d’en bien entretenir les différents organes, rendant ainsi favorable l’amélioration de l’espérance de vie (jara nasha), ce que tout bon rasayana est censé faire5. Cette étiquette de rasayana est d’autant plus méritoire que la plante qui la porte renforce la mémoire et l’intelligence (medhya rasayana), perpétue la jeunesse du corps (qui doit se lire dans le ton de la voix, le teint de la peau, mais aussi à travers les prouesses sexuelles), maintient optimale la force physique et l’aptitude des organes des cinq sens (en améliorant le bala, c’est-à-dire la force et la capacité du corps ou d’une partie du corps à faire face à divers facteurs de stress physique), etc., ce qu’un examen attentif du guduchi permet de lui attribuer sans peine.

Un système de santé ancestral tel que l’Ayurvéda offre un large regard sur les plantes médicinales en général et sur le guduchi en particulier. Aujourd’hui encore bien de ses antiques prescriptions sont toujours d’actualité. Il suffit, néanmoins, de translater l’abord poétique de l’Ayurvéda en termes modernes. Dans la liste d’affections que l’Ayurvéda attribue au guduchi, il faut cependant demeurer dubitatif et prudent face aux affirmations qui veulent que cette plante soit apte à soigner la syphilis et les morsures de serpent. Populaire au point d’avoir dépassé les frontières de la seule médecine ayurvédique, le guduchi est consommé pour ses feuilles, tiges et racines, en des emplois parfois fort surprenants. Par exemple, Acharya Sushruta employait les racines du guduchi comme fil, afin de suturer les blessures, car elles aiderait, selon lui, à la cicatrisation des plaies. Bien plus tôt, dans la Charaka samhitā (300 à 200 av. J.-C.), Maharishi Charak écrivait qu’« amrita a le potentiel de traiter le déséquilibre du dosha Vata. Il augmente l’appétit et élimine les obstructions des doshas Pitta et Kapha. » Le même ouvrage fait aussi mention de nombreuses préparations faisant appel au guduchi. L’Ayurvéda en a conservé un grand nombre : tramara (guduchi, gingembre et haritaki) remédie aux désordres intestinaux tels qu’indigestion, constipation et flatulences ; guduchi satwa règle les troubles hépatiques ; prameharara possède une réputation antidiabétique ; quant à rasayana ghana (guduchi, aamalaski (Emblica officinalis) et gokshura (Lus terrestris)), il a pour fonction d’être anxiolytique et antidépresseur ; enfin, krimighna est anthelminthique et kushtghna remède topique. Mais les vertus du guduchi ne s’arrêtent pas là. Maharishi Vāgbhata, auteur de l’Astānghrdaya samhitā aux alentours du VIIe siècle apr. J.-C., affirme que cette plante est efficace contre la fièvre rebelle, la sensation de soif intense (hyperdipsie), l’excès de chaleur, les démangeaisons cutanées, les troubles oculaires, la lèpre et les effets du poison (ce qui est pour le moins vague…). Cette plante s’avère encore capable de démontrer de bien nombreux autres effets thérapeutiques : dépurative du sang, fébrifuge, apéritive, remède hépatique, vésical et gastro-intestinal, elle donne l’impression d’intervenir partout et pour tout : c’est qu’on ne peut lui retirer sa glorieuse étiquette étoilée d’amrita !

Plante vivace arbustive et lianescente, le guduchi est un hôte des forêts de feuillus de basse altitude (300 m), portées sur sol acide et pas trop humide telles qu’on les rencontre dans les zones tropicales et subtropicales d’une bonne partie de l’Asie du Sud et du Sud-Est (Pakistan, Inde, Sri Lanka, Bangladesh, Myanmar, Thaïlande, Vietnam, Philippines, Malaisie et Indonésie), et même de l’Australie et de l’Afrique (Afrique du Sud). Dans ces forêts sèches qui forment son fief, il aime à s’amouracher parfois du manguier et surtout du neem (ou margousier, Azadiracta indica), et l’on dit qu’il n’est jamais aussi puissant que dans ces conditions (le guduchi qui évolue sur le neem serait plus immunomodulateur que s’il vient à pousser sur toute autre espèce d’arbre !). C’est par ses racines étonnantes que le guduchi prend contact avec les autres espèces : aériennes, ne dépendant que modérément du sol et de l’eau, ces racines filamenteuses atteignent parfois la terre ferme à force de croître vers le bas ! Elles émergent directement des points nodulaires qui se situent sur les rameaux feuillés. Ceux-ci, armés de vrilles comme la vigne, se configurent différemment selon qu’ils sont principaux ou secondaires. Les premiers, de couleur gris mat, peuvent s’arrondir jusqu’à atteindre 5 cm de section, ce qui accentue la robustesse de cette plante. L’écorce spiralée de ces rameaux est recouverte de lenticelles liégeuses qui deviennent de plus en plus protubérantes que les rameaux grossissent et forcissent au fil du temps, les apparentant quelque peu à une masse d’arme. Quant aux secondaires, verts et souples, ils portent de jolies feuilles cordiformes comme celles du liseron et du volubilis. Bien nervurées, ces grandes feuilles (20 cm de long sur 15 cm de large au maximum), glabres et brillantes d’un beau vert franc, sont longuement pétiolées. A l’aisselle de ces feuilles, en mai et en juin, surgissent des racèmes peu denses de petites fleurs, dont les pièces florales jaune verdâtre et d’aspect un peu succulent, comptent six sépales (dont trois intérieurs et trois extérieurs plus modestes) et six pétales si petits qu’ils sont dissimulés par les sépales. La fructification produit des drupes en forme de gourde aux mois de septembre et octobre. Tout d’abord vertes, puis jaunes, elles deviennent rouge brillant une fois totalement mûres. Elles ne contiennent qu’une seule graine en forme de de coquille de noix.

Le guduchi en phytothérapie

Placé en si haute estime par la médecine ayurvédique depuis des millénaires, je vous laisse imaginer la quantité et la variété de préparations ayant pour base ou simple ingrédient tout ou partie du guduchi. Lorsqu’on entre davantage dans les détails, l’on apprend que tout de cette plante – des fruits mûrs aux racines – est utilisé par ce système de santé ancestral. Mais, en ce qui nous concerne, nous n’irons pas jusque-là et nous contenterons de ce que le marché des plantes médicinales met à notre disposition sur le territoire national, c’est-à-dire principalement la poudre des rameaux du guduchi. Sans odeur quand ils sont secs, ces mêmes rameaux propagent, à l’état frais, une odeur nauséabonde dont une sève visqueuse de couleur jaune est responsable. Par chance, on ne les utilise pas en cet état, seulement après dessiccation, ce qui ne leur ôte pas l’amertume dont ils sont imprégnés. A l’état frais, on y trouve 30 à 35 % d’eau, 55 % de glucides (dont fibres et polysaccharides : arabinogalactose), 4 à 11 % de protéines, 8 % de sels minéraux (zinc, calcium, cuivre, phosphore, fer, manganèse, potassium, chrome, etc.), 3 % de lipides et une petite portion d’essence aromatique (1 %). Tentons d’être plus précis et entrons dans le détail : nous observons tout d’abord des alcaloïdes dont un certain nombre de nature isoquinoléique (la célèbre berbérine est du nombre, mais pas seulement elle, puisque sont également présentes la palmatine, la jatrorrhizine et la magnoflorine) et d’autres alcaloïdes non-isoquinoléiques tels que la chasmanthine, la tembétarine et l’isocolumbine, que l’on retire principalement des tiges du guduchi, mais aussi de ses racines. Afin d’assurer son amertume, le guduchi peut aussi compter sur un certain nombre de lactones diterpénoïdes et de glycosides diterpéniques et sesquiterpéniques. Plus communs sont les saponines et les polyphénols (acides phénoliques, flavonoïdes et tanins).

La plante étant dioïque, elle n’est pourtant pas récoltée de manière indifférenciée sachant que la plante femelle est jugée de bien meilleure qualité pour la médecine. En respectant les saisons auxquelles récolter la plante, les teneurs de tel ou tel élément biochimique varieront nettement au cours du temps. Par exemple, l’on s’est aperçu que le maximum de polyphénols totaux et de sucres se formaient en été, que durant l’hiver, c’était le cas de l’amidon et des tanins. Si l’on souhaite cueillir une plante abondamment chargée en berbérine, l’on a tout intérêt à la prélever durant l’époque de la mousson. Enfin, le potentiel anti-oxydant du guduchi est plus marqué à la fin de l’été et durant l’hiver, mais il concerne alors davantage les feuilles que les tiges de cette plante.

Propriétés thérapeutiques

  • Adaptogène (augmente la mémoire et la facilité des apprentissages), dépuratif cérébral des cellules neuronales, neuroprotecteur, anxiolytique, antidépresseur, relaxant et calmant du système nerveux, psychotrope
  • Anti-inflammatoire (réduit la sécrétion d’IL-6 et de TNF-α), anti-oxydant, antiradicalaire (ABTS, DPPH, ions ferreux, oxyde nitrique, superoxydes, radicaux hydroxyles), inhibe le stress oxydatif et le stress nitrosatif, inhibe la peroxydation lipidique au niveau de la peau et du foie
  • Immunostimulant, amphotère (immunomodulateur), augmente la sécrétion des lymphocytes B et T, modulateur de la sécrétion d’adrénaline, de noradrénaline et de cortisol
  • Hépatoprotecteur (grâce à l’augmentation de la sécrétion de superoxyde dismutase, de catalase et de glutathion peroxydase), dépuratif des toxines du foie, régénérateur du tissu hépatique, cholagogue, cholérétique, antidiabétique
  • Assure le bon fonctionnement du système urinaire, dépuratif rénal, protecteur rénal (contre la toxicité des aflatoxines entre autres), diurétique non irritant (vu l’aspect de la tige, on peine à le croire ^.^), facilite l’excrétion de l’acide urique, antilithiasique
  • Protecteur cardiaque, cardiotonique, thrombolytique, dépuratif des toxines du sang, hypolipidémique, antihyperlipidémique, antihyperglycémique, augmente le nombre de plaquettes sanguines
  • Stomachique, protecteur gastrique, favorable à la motilité intestinale, anti-émétique, digestif, carminatif
  • Ostéoprotecteur, anti-ostéoporotique, favorise le confort articulaire, dépuratif des toxines articulaires
  • Anticancéreux, antiprolifératif, cytotoxique, anti-néoplasique, retarde la croissance tumorale et augmente la durée du temps de survie du patient cancéreux, chimio-préventif (réduit les effets secondaires de la chimiothérapie), radioprotecteur
  • Antipyrétique, fébrifuge
  • Préventif de la grippe et du rhume, adjuvant utile dans la tuberculose (toux, dyspnée, hémoptysie, etc.), antispasmodique bronchique, expectorant, anti-allergique respiratoire, antihistaminique
  • Cicatrisant, tonique cutané, adoucissant cutané, procure bon teint et bel éclat de peau
  • Anti-infectieux : antifongique, antiviral (covid-19 : aide à inhiber l’orage cytokinique), antibactérien (Escherichia coli, Salmonella enteritidis), antipaludéen
  • Analgésique
  • Améliore la qualité de la vision

Usages thérapeutiques

  • Troubles du système nerveux : stress, stress causé par l’hypoxie et d’autres facteurs environnementaux, ataxie, perte de mémoire, maladie d’Alzheimer, dépression, maladie de Parkinson, cancers neuronaux (neuroblastome, glioblastome)
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée, dysenterie, dyspepsie, ulcère gastrique, inappétence, indigestion, colite, hyperacidité gastrique, douleur abdominale, vomissement, flatulences, vers intestinaux (helminthes)
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : écoulement urétral, miction difficile et/ou brûlante, goutte, rhumatisme
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : hépatotoxicité, jaunisse, hépatites B et C (en soutien), fibrose hépatique, diabète du type II et ses complications6
  • Troubles de la sphère respiratoire : toux, asthme chronique, rhume des foins, rhinite allergique, éternuement incoercible, obstruction nasale, rhume et grippe (à leur début), bronchite
  • Affections cutanées : acné, irruption cutanée, eczéma, psoriasis, érysipèle, ulcère, ulcère du pied (d’origine diabétique)
  • Troubles locomoteurs : arthrite, arthrite goutteuse, polyarthrite rhumatoïde, ostéoporose, myélopathie, spondylose cervicale, fracture
  • Troubles de la sphère gynécologique : leucorrhée, ménorragie, métrorragie, SOPK
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hyperlipidémie induite par consommation excessive d’alcool, faiblesse cardiaque, hémorroïde
  • Hypertrophie de la rate (splénomégalie)
  • Maladies infectieuses : dengues, paludisme (avec fièvre frissonnante et fatigue), infections virales (à Epstein-Barr), infections aux souches multirésistantes, covid-197
  • Cancer, leucémie8, 9
  • Obésité
  • Maladies auto-immunes et inflammatoires associées au TH17 (le guduchi nettoie en profondeur le foie et la moelle épinière des toxines qui s’y accumulent)
  • Anémie, fatigue chronique, faiblesse générale, convalescence

Modes d’emploi

Les médecines ayurvédique, unani et siddha ont prévu bien des manières de préparer le guduchi. Nous présenterons ci-dessous celles qui nous paraissent le plus à même d’être réalisées par le lecteur occidental, compte tenu de la rareté toute relative de cette plante parmi les étals des marchands de spécialités phytothérapeutiques au détail.

  • La poudre de la tige : elle se présente librement ou enfermée dans des gélules, capsules, etc. On préconise un minimum de 3 g par jour. Deux fois dans la journée, on absorbe, mêlée à du lait tiède ou à de l’eau, la moitié de cette dose quotidienne. L’Ayurvéda grimpe à 6 g par jour, la médecine unani à 10.
  • Infusion à froid de rameaux séchés et fragmentés : dans un litre d’eau froide, placez 10 g de guduchi et laissez infuser à couvert pendant 30 mn.
  • Décoction de poudre de guduchi : dans 20 cl d’eau, déposez une belle cuillerée à café de poudre et lancez le feu pour une décoction d’une durée d’un quart d’heure, suivie d’une infusion à couvert d’une demie-heure. C’est suffisant pour satisfaire aux besoins journaliers qui sont de l’ordre de 50 à 100 ml.
  • Teinture hydro-alcoolique : dans cent volumes d’alcool, placez vingt volumes de poudre de guduchi et laissez en contact pendant au moins une semaine. A l’issue, passez, filtrez soigneusement la préparation et abritez-la dans une bouteille en verre opaque prévue à cet effet. Prévoyez 30 à 40 gouttes par prise trois fois par jour.
  • Il existe aussi des extraits standardisés au 10:1 par exemple. Plus puissants que la poudre, ils ont aussi l’avantage d’être plus facilement ingérables de par leur présentation sous une forme qui soustrait le palais à l’amertume du guduchi.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les tiges dont l’âge est compris entre un an et demi et deux ans sont sectionnées durant la saison chaude puis mises à sécher au soleil, avant d’être éventuellement pulvérisées.
  • Effets indésirables : bien qu’une innocuité ait été établie jusqu’à 2 000 mg par kilogramme de poids corporel, l’utilisation du guduchi n’est pas exempte de troubles parmi lesquels on a surtout remarqué des maux de tête, des douleurs nasales, des symptômes gastro-intestinaux (nausée, vomissement), des désordres cutanés (démangeaison, érythème). Hormis cela, on peut dire que le guduchi ne présente pas de toxicité. De plus, il n’est pas clastogène et n’affecte pas l’ADN de dommages parfois irréversibles. On a pu l’accuser d’être hépatotoxique, ce qui semble peu en conformité avec les propriétés qui sont les siennes sur la sphère hépatique. C’est surtout la substitution de Tinospora cordifolia avec Tinospora crispa qui est responsable de ces effets, la consommation de cette dernière plante provoquant des conséquences fâcheuses sur la sphère hépatique qui se normalisent néanmoins deux mois après la cessation des prises. En revanche, sur un autre point, « des études in vitro suggèrent que Tinospora cordifolia peut contenir des composés qui agissent par l’intermédiaire du récepteur des androgènes et provoquent une augmentation de la prolifération des cellules cancéreuses de la prostate »10.
  • Incompatibilités : le guduchi ne convient pas à la femme enceinte et à celle qui allaite, aux enfants et aux adolescents, ainsi qu’aux personnes ayant un traitement antidiabétique en cours. Le guduchi peut encore interagir avec des médicaments immunosuppresseurs. Vis-à-vis de certaines maladies auto-immunes (sclérose en plaques, lupus), le guduchi pourrait rendre le système immunitaire résolument plus actif, au lieu de se comporter comme un simple immunomodulant. Enfin, si jamais un acte chirurgical est programmé, il est préférable de stopper toute prise de guduchi éventuelle deux semaines auparavant.
  • Chez les personnes atones des intestins, le guduchi peut entraîner de la constipation. En cas d’utilisation au long cours (par exemple : soutien de l’immunité en cas de cancer), il est utile et profitable de l’associer à une plante qui redonne du ton aux intestins.
  • L’espèce la plus courante avec laquelle T. cordifolia est susceptible d’être substitué ou frelaté est T. crispa. L’extrait de guduchi peut être falsifié avec de la fécule/farine de pomme de terre, de patate douce, de banane et/ou d’arrow-root.

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  1. Source.
  2. C’est-à-dire « rajeunissant » ; on utilise aussi les termes vayastha et jivantika. Ce dernier nom signifie « capable de restaurer la vie dans un corps mort ». Il fait référence à cet épisode du Râmâyana durant lequel Rama défie Ravana. Ce dernier extermine totalement l’armée composée de singes qui s’était jointe à Rama pour engager la lutte contre Ravana. Indra, divinité de la pluie et du tonnerre, déversa sur les cadavres des singes une bienfaisante pluie d’amrita qui les ressuscita tous. « Des quelques gouttes du nectar tombées des corps des singes sur le sol, germa Guduchi. » (Source : Amrita for life : Tinospora cordifolia, National medicinal plants board, Ministry of Ayush, Government of India). Amrita est le terme que l’on convoque dès lors qu’on cherche à faire comprendre l’idée même de reviviscence. En hindi, le guduchi porte le nom de giloya, terme de la mythologie hindoue qui décrit l’élixir de rajeunissement par lequel les êtres célestes se sont préservés de la vieillesse. Note intéressante, aux Philippines, un cousin du guduchi, Tinospora crispa, est surnommé makabuhay, ce qui veut dire « vous pouvez vivre ». Là-bas non plus, le statut de rasayana n’a pas l’air d’être inconnu, même si on doit désigner les plantes qui le sont d’une autre manière.
  3. On dit du guduchi qu’il apaise et équilibre Vata, Pitta et Kapha, bien qu’il soit plus utile aux deux premiers, et surtout à Pitta, puisqu’il augmenterait à force Vata si on devait user du guduchi à trop long terme.
  4. Ainsi appelle-t-on les sept tissus corporels que le guduchi aurait la capacité de rajeunir, en particulier ceux que l’on considère comme étant les plus profonds, régissant le cerveau, les tissus nerveux et la moelle épinière, ainsi que le tissu reproducteur, domaine sur lequel le dāthu nommé Shukra étend ses prérogatives exclusives.
  5. « Elle offre une protection contre de nombreuses maladies » : c’est ce que décrit la racine sanskrite gud rakshane, qui a donné guduchi par transformation (Source : Amrita for life : Tinospora cordifolia, National medicinal plants board, Ministry of Ayush, Government of India).
  6. « Il a été signalé pour agir comme un agent antidiabétique en éliminant le stress oxydatif qui favorise la sécrétion d’insuline en inhibant la néoglucogenèse et la glycogénolyse » (Source). De plus, le guduchi normalise les niveaux de glucose et d’insuline sanguins.
  7. Une étude de 2022 communique ceci : «  Les médicaments ayurvédiques et les formulations aux propriétés antivirales, anti-oxydantes, anti-inflammatoires et immunomodulatrices pourraient être utilisés avec des médicaments allopathiques standards pour aider à la détection précoce du virus, le rétablissement rapide des patients atteints de covid-19, un congé plus rapide des hôpitaux et la prévention d’une détérioration supplémentaire » (Source).
  8. « Tinospora cordifolia a un effet différentiel sur les cellules normales et malignes, il peut donc avoir un potentiel thérapeutique dans le cancer » (Source).
  9. « Guduchi peut être utilisé pour soutenir le système immunitaire et prévenir les dommages au foie ou à la moelle osseuse chez les patients atteints de cancer qui suivent une chimiothérapie » (David Winston, Adaptogens. Herbs for strength, stamina and stress relief, p. 123).
  10. Source.

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La maca (Lepidium meyenii)

Qu’il s’agisse d’une sorte de navet, je veux bien. Mais la maca est très spéciale : déjà, elle ne vit que dans un seul pays au monde (le Pérou) ; ensuite, il lui faut nécessairement des altitudes olympiennes pour s’épanouir (4 000 m par là) ; enfin, malgré ces drastiques et fantasques conditions d’existence, elle est de ces plantes qui apprennent aux hommes à mieux vivre, ce qui, nécessairement, force le respect.

Beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : ginseng des Andes, ginseng sud-américain, trésor national du Pérou, viagra péruvien, fontaine de jouvence inca.

Synonymes latins : Lepidium peruvianum.

Probablement connue et consommée localement depuis la Préhistoire, la maca est cultivée dans les Andes depuis une date que des fouilles archéologiques réalisées au Pérou ont permis d’estimer : les tout débuts de la culture de la maca dans les Andes remonteraient à environ 1 600 ans av. J.-C., c’est-à-dire bien avant la fin de l’Amérique précolombienne et l’avènement de l’empire inca, celui-ci empruntant à une civilisation plus ancienne la maca, ce qui lui permit, tout comme aux Péruviens du XXIe siècle, de renforcer l’aura de son identité culturelle. C’est vrai qu’il aurait été dommage de passer à côté, tant la maca s’avère être un aliment très nutritif, sur le compte duquel l’on a imaginé la construction du Machu Picchu, dont l’érection aurait été possible grâce à des ouvriers dopés à la maca, ce qui cadre assez peu avec la réputation qu’eut la maca de demeurer pendant longtemps un aliment strictement réservé aux seules classes supérieures de la société inca. C’est que la maca n’était pas qu’un « vulgaire » légume vénéré uniquement parce qu’il faisait bon ventre, non. Son action sur le niveau global d’énergie avait été remarquée, si bien que les soldats incas consommaient ce remontant avant toute opération martiale. Du côté de la libido, les Incas s’étaient aussi aperçu que la maca permettait, aussi bien aux hommes qu’aux femmes, de combattre dans un autre type d’arène, celle dédiée aux jeux de Vénus. Aphrodisiaque, doublée d’une fonction anti-fatigue, il n’en fallut sans doute pas davantage pour que ce futur adaptogène devînt une plante sacrée symbolisant l’opulence et la fertilité, connectant l’homme au divin par l’emplacement naturel qui est le sien, c’est-à-dire la Cordillère des Andes (l’on sait bien que les divinités règnent sur le monde depuis les cieux et les hauts sommets impénétrables). C’est à ce titre que la maca participait comme offrande cérémonielle lors des rites sacrés, ainsi que de « monnaie » d’échange.

Si la première description de la maca est due à Pedro Cieza de Léon (1500-1554) qui fait mention de l’usage de cette racine par les autochtones dans ses Chroniques du Pérou (1553), ce n’est qu’au siècle suivant que les colons espagnols donnèrent davantage de précisions quant aux propriétés de la dite racine. C’est grâce à l’ouvrage du père Bernabé Cobo (1580-1657), intitulé Histoire du Nouveau Monde (1653) que l’on a droit à une description de la maca. Ce jésuite espagnol, arrivé en Amérique du Sud en 1599, y demeura jusqu’à sa mort. Enseignant et écrivain, il entreprit la rédaction de son Histoire et lui accorda 43 tomes dont les 14 premiers sont essentiellement consacrés à l’histoire naturelle. C’est donc dans ceux-ci que Cobo remarqua les dures conditions d’existence de cette plante ainsi que l’altitude inhabituelle à laquelle elle se plaît (sans la maca, je ne pense pas que les habitants des Andes auraient pu s’adapter aussi facilement au climat de haute altitude et y prospérer tant bien que mal dans des conditions extrêmes qui regroupent le froid, l’hypoxie, les UV, les périls du terrain et les vents violents). De même que Cobo, Hipólito Ruiz relata les propriétés stimulantes et fertilisantes de la maca dans un ouvrage paru à la fin du XVIIIe siècle (Relación del viaje hecho a los reynos del Perú y Chile : por los botánicos, y dibuxantes enviados para aquella expedición, 1777-1778). L’un et l’autre demeurèrent fort critiques vis-à-vis des croyances et de la religion pratiquée par les Incas, les apparentant à des pratiques diaboliques. Étrangement, ils ne spolièrent pas les populations locales de la propriété de la maca.

Aujourd’hui, l’on est bien loin du temps où la maca relevait de la chasse-gardée des seules hautes autorités de la société inca. En effet, la maca est devenue un aliment populaire, noire pour les garçons, jaune pour les filles, coloris dont on se contente, la maca rouge, beaucoup plus difficile à dénicher parce que plus rare, est donc, de fait, bien plus onéreuse. On peut ne pas avoir un radis en poche mais disposer de maca dans sa besace ^.^ Dans certains magasins de Lima, capitale du Pérou, l’on peut se procurer des sachets de poudre de maca sur lesquels figure l’inscription suivante : « Alimento para la vida ». Pour s’assurer de l’exactitude de cette renommée, des comparaisons ont été effectuées entre consommateurs de maca et non consommateurs. A l’issue de ces observations, il a été conclu que l’état de santé général des premiers était supérieur à celui des seconds. Cette différence se mesurait par de meilleures fonctions hépatique et rénale, une glycémie normale, une pression artérielle systolique basse, un IMC dans les normes, enfin une meilleure gestion globale de ce que l’on nomme « mal des montagnes ». Sur le site internet Authentic Food Quest, Rosemary et Claire, qui se définissent comme nomades numériques et exploratrices culinaires, ont fait le compte rendu d’une expérience relative à la maca sur une période de trente jours. Elles purent, à cette occasion, remarquer une rapide augmentation de la sensation d’énergie disponible (plus promptement d’un point de vue physique : deux à trois jours. Psychiquement, une évolution eut lieu mais prit davantage de temps : cinq à sept jours environ). Elles signalèrent aussi que la période menstruelle s’était beaucoup mieux déroulée qu’à l’ordinaire, sans sautes d’humeur, ni crampes et anxiété. Le dernier point concerne la peau et les phanères : nos deux cobayes dirent avoir eu la peau gagner en éclat, devenir plus lisse, moins marquée de boutons et enflammée de rougeurs. Quant aux ongles et aux cheveux, ils leur parurent pousser à une vitesse plus accrue, et gagner aussi bien en force qu’en santé. J’ai bien conscience qu’il s’agit là d’un compte rendu moins scientifique que le précédent, qu’il peut donc présenter des biais, l’expérimentateur étant également observateur, ce qui peut amoindrir la prise de distance par rapport à l’objectif visé (être à la fois juge et partie n’est pas très compatible avec la rigueur scientifique). Mais si rien de ce que nous avons pu dire jusqu’à présent au sujet de la maca n’avait été vérifié et validé par la science, il y aurait eu peu de chance qu’elle suscite la convoitise en dehors du seul territoire péruvien. Sans qu’elle n’échappe au seul pays d’origine, la maca a tout d’abord commencé par faire parler d’elle à l’étranger par le biais d’études scientifiques et d’une consommation qui se sont accrues depuis ces vingt dernières années environ. Face à cette demande croissante, le Pérou est quand même demeuré premier pays consommateur (en plus d’être premier pays producteur). Environ 10 000 cultivateurs péruviens s’adonnent à la culture de la maca sur près de 8 000 hectares, ce qui représente annuellement 50 000 tonnes, dont seulement 2 600 (soit 5 % de la production annuelle totale) sont exportées pour terminer leur existence sous forme de poudre, capsules, pilules, extraits ou liqueurs, premièrement en direction du monde occidental (Japon, Europe et États-Unis). Étonnant, c’est-ce pas ? ^.^ Pourtant, ce n’est d’aucune de ces zones géopolitiques qu’est advenu le danger (ce qui aurait pu être, l’Occident s’y entendant à merveille sur la question de la biopiraterie). Le consommateur qui fouillerait la question serait sans doute surpris d’apprendre qu’il peut se procurer maintenant de la maca made in China. S’est-y qu’il existerait un autre filon de cette plante ? Oui, bien qu’il n’ait rien d’originel, la maca chinoise n’étant pas autre chose que le fruit d’une implantation et d’une culture de la plante sur le territoire chinois. La Chine avait déjà commencé par faire de la maca un usage en phytothérapie dès la fin des années 1990, puis a initié la culture expérimentale de cette plante avec succès il y a une vingtaine d’années (2002). C’est que la Chine possède des zones qui s’y prêtent bien (Yunnan, Xinjiang, Jilin, Tibet). Il existe, dans le monde, d’autres points où l’altitude égale ou dépasse les 4 000 m (c’est-à-dire l’altitude idéale pour la maca) : la chaîne de l’Alaska aux États-Unis, la vallée du grand rift en Afrique, le Caucase en Russie, les Monts Maoke en Nouvelle-Guinée. Mais, que je sache, d’aucune de ces zones n’est parvenue une alternative à la maca péruvienne. L’altitude seule est-elle déterminante pour mener à bien une culture convenable de maca ? Certes non. Par chance pour le Pérou, une maca qui serait élevée à une altitude aussi basse qu’au niveau de la mer ou des pâquerettes qui peuplent le Bassin parisien, ne pourrait présenter des propriétés comparables à celles de la maca des Andes péruviennes. Sauf que la Chine… et son gigantesque marché intérieur a fait exploser la demande en maca (par exemple : + 1 000 % entre 2013 et 2014). Aussi, afin d’assurer plus largement les approvisionnements et ne pas courir le risque d’une rupture de stock, la Chine s’est amusée à jouer au Pérou un bien vilain tour : il y a une dizaine d’années, on pouvait croiser une kyrielle d’acheteurs chinois dans les villes situées tout autour du plateau de Junín au Pérou, principal site de production, afin d’y acquérir tant de la maca fraîche que des semences de la plante. Puis, en 2016, les Chinois plièrent bagage et disparurent de la région, en même temps que les prix de la maca s’effondraient. Les Péruviens accusèrent les Chinois de leur avoir subtilisé des semences afin de faire pousser la plante chez eux, brisant par là un monopole et leur dépendance à son égard. C’est aller à l’encontre du protocole de Nagoya signé en 2014 par 92 pays dont la Chine… Il donne la possibilité aux gouvernements des états signataires de contester les dépôts de brevets irréguliers issus d’un acte de biopiraterie. Au Pérou, la propriété intellectuelle de la maca a été reconnue (la maca fait partie des sept identifiants les plus puissants de la nation péruvienne et chaque année depuis 2003 se tient le festival international de la maca sur le plateau de Bombon, au Pérou). S’étant considéré spolié de ce qui incarne, en partie, son identité profonde, le Pérou ne s’est pas laissé faire : c’est pourquoi les autorités péruviennes veillent à la manière dont on use de la maca de par le monde, ainsi qu’à toutes les tentatives de fraudes (!), afin que la population péruvienne ne soit pas lésée dans ses droits à royalties. C’est ainsi que, par simple éthique, honnêteté intellectuelle et bon sens moral, on peut se sentir porté à préférer la maca péruvienne : celle-ci provient d’un biotope originel et, de plus, ne craint pas de présenter, au contraire de la maca chinoise, des caractéristiques rédhibitoires. En effet, toujours dans le but de satisfaire l’appétit gargantuesque de sa demande intérieure, la Chine s’est ingéniée à appliquer à la culture de cette plante médicinale les mêmes standards qu’à n’importe quelle autre plante. De fait, on est passé « des méthodes de culture traditionnelle aux pratiques de production de masse avec utilisation d’engrais et de pesticides ; […] cela peut potentiellement affecter la phytochimie et la composition de la plante et donc la qualité, la sécurité et l’efficacité des produits élaborés à base de maca »1.

La maca est une étonnante représentante de la famille des Brassicacées, en particulier parce qu’elle vit à haute altitude, aux alentours de 3 500 à 4 000 m. Imagine-t-on un radis pousser juste au-dessous de la limite des neiges (pas si) éternelles du Mont-Blanc, par exemple ? Eh bien, dans les Andes péruviennes, si ! Il y a, dans la province de Junín (districts de Junín, Ondores et Carhuamayo), une zone où la maca est naturellement présente et cultivée. Cette petite plante annuelle possède une partie aérienne qui s’étale sur le sol afin de ne pas accorder trop de prise aux vents violents qui règnent à une si haute altitude. Quant à la partie souterraine de la plante, c’est-à-dire le renflement racinaire, plus proprement désigné par le terme hypocotyle, il mesure généralement 10 à 14 cm de longueur au total, sur une section de 3 à 5 cm : un petit navet ou un gros radis, c’est selon. La maca est équipée pour endurer le stress provoqué par le froid, le vent, les UVB, toutes choses qu’elle supporte assez bien, à l’inverse d’une chaleur excessive qui lui est préjudiciable. Se dessine à n’en pas douter, dans ces quelques lignes, au moins une signature thérapeutique de la plante. Mais nous verrons cela tout à l’heure.

La maca en phytothérapie

De conformation assez similaire à celle de ses cousins radis et navet, la maca se distingue par l’usage quasi exclusif de ce que l’on appelle communément « racine ». Mais on sait à quel point la botanique est d’une extrême rigueur dès lors qu’il s’agit d’appeler les choses par leur nom. On préférera donc le mot hypocotyle pour désigner la fraction souterraine renflée et charnue de la plante, c’est-à-dire celle-là même exactement située entre le collet et les racines (les vraies). Si l’on s’attache à en déterminer la composition nutritionnelle, on peut donner les chiffres suivants. Pour 100 g de poudre de maca sèche, nous avons :

  • 60 à 85 % de glucides dont 8,5 à 25 % de fibres, 36 % de sucres (oligosaccharides et polysaccharides composés de glucose, rhamnose, arabinose et galactose) ;
  • 10 à 18 % de protéines dont des acides aminés (sept des huit essentiels entre autres) ;
  • 0,7 à 5 % de lipides (acides gras, stérols) ;
  • 0,08 % de sels minéraux (cuivre, fer, calcium, potassium, manganèse, magnésium, bore, sodium, soufre, cobalt, chrome, lithium, nickel, zinc) ;
  • Des vitamines : B1, B2, B3, C, E.

Mais est-ce bien tout ? Certes non ! Affinons donc le regard posé sur la maca. Que recèle-t-elle d’autre qui soit digne d’être consigné ? Eh bien, de ces éléments typiques de la famille des Brassicacées, c’est-à-dire des glucosinolates (glucotropaéoline, désulfoglucotropaéoline, sinalbine, glucolipigramine, glucolimnanthine), métabolisés par l’action de la thioglucoridase en isothiocyanates de benzyle. A côté de cette classe moléculaire, l’on trouve beaucoup d’alcaloïdes : des macamides (amides d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne dont le macamide B, une molécule anticancéreuse), des carbolines, des carbazoles, des alcaloïdes de type imidazole (lépidilines), enfin des macapyrolidones. Avec cela, on trouve aussi des lignanes (meyeniines A-C), des polyphénols (flavonoïdes et acides phénoliques), d’autres amides d’acides gras tels que les alkamides, des macaènes (acides gras insaturés), des composés organosulfurés appartenant au groupe des thiocarbamides (macathiouréas A-D), enfin des dérivés de thiohydantoïne.

Dans le cadre naturel qu’elle occupe, la maca présente de très nombreux phénotypes. On en compterait dix-sept dont le noir, le rouge, le jaune, le violet, le gris, le blanc crème, le rose, etc. Cela explique pourquoi l’on parle de « maca noire », de « maca rouge », etc. Sans que cela constitue pour autant des sous-variétés, « la couleur, la taille de l’hypocotyle, le lieu de croissance, la culture et les méthodes de traitement post-récolte peuvent avoir un effet significatif sur le contenu nutritionnel, le profil phytochimique et l’application clinique »2. C’est pourquoi nous allons tout de même communiquer quelques informations allant dans ce sens. L’analyse biochimique montre que des trois macas noire, jaune et rouge, seule la première contient une forte proportion de glucosinolates (1,55 %), alors que dans la maca jaune ce sont les macaènes qui dominent et dans la rouge les macamides. Nécessairement, cela s’en ressent en terme de propriétés et usages thérapeutiques. Sans trop rentrer dans les détails (au risque de faire déborder ici les paragraphes suivants), on peut établir plusieurs traits distinctifs comme suit :

  • maca noire : aphrodisiaque (masculine et féminine), régulatrice du système endocrinien (pancréas, thyroïde), anti-oxydante, remède locomoteur (fracture, ostéomalacie, rachitisme), améliore l’humeur, réduit l’anxiété et la fatigue, permet d’accroître la mémoire, la concentration et l’apprentissage ;
  • maca rouge : tonique de la santé génitale et vésicale (hyperplasie de la prostate), anti-oxydante, anti-inflammatoire, immunostimulante, remède locomoteur (ostéoporose) ;
  • maca jaune : équilibrante hormonale (ménopause entre autres), procure une bonne humeur, tonique sexuelle modérée, accroît la densité osseuse.

Propriétés thérapeutiques

  • Adaptogène, anti-oxydante puissante (augmente l’activité du glutathion peroxydase et de la superoxyde dismutase dans le cerveau, le foie et les muscles), antiradicalaire (ABTS, DPPH), lutte contre le stress oxydatif, anti-inflammatoire (augmente la sécrétion d’IL-10 anti-inflammatoire et réduit celle d’IL-1β, IL-2, IL-6, IL-12, IL-17a, TNF-α) neuromodulatrice, améliore les fonctions cognitives (concentration, clarté mentale, mémoire, apprentissage), neuroprotectrice (protection des neurones de la mort cellulaire et des dommages ischémiques3, 4
  • Anti-infectieuse (antivirale, antibactérienne), régulatrice de la réponse immunitaire (immunomodulante)
  • Stimulante hormonale gonadique (testostérone, œstrogène), augmente le nombre et la qualité des spermatozoïdes, améliore la spermatogenèse, favorable à la fertilité masculine et féminine, aphrodisiaque5
  • Améliore la coordination motrice, améliore l’activité musculaire, réduit les dommages causés aux muscles et au cœur durant l’effort (au cours d’un exercice aigu, la maca abaisse l’accumulation d’acide lactique sanguin, d’azote urique sanguin, d’ammoniac sanguin, de lactacte déshydrogénase et amoindrit de beaucoup le stress métabolique), protectrice osseuse, myoprotectrice, anti-fatigue musculaire et osseuse, accroît l’endurance du sportif
  • Anticancéreuse (stimulante de l’apoptose et inhibitrice de la prolifération), antitumorale, antigliomique
  • Anti-thrombotique, activité pro-angiogénique, hypoglycémique, hypocholestérolémiante, réductrice de la bilirubine, de la créatinine et des triglycérides sanguins, accroît les globules rouges et blancs, l’hémoglobine, les lymphocytes et les numérations plaquettaires, anti-hypertensive
  • Favorise l’absorption des nutriments au niveau de l’intestin grêle, promeut l’efficacité pro-cinétique du système gastro-intestinal
  • Renforce les fonctions de la rate
  • Hépatoprotectrice
  • Cicatrisante, protectrice cutanée, photoprotectrice, éclaircit le teint, stoppe la chute des cheveux
  • Inhibitrice de l’acétylcholinestérase et de la butyrycholinestérase

Usages thérapeutiques

  • Troubles du système nerveux : stress, anxiété, troubles de la mémoire, encéphalite, trouble du spectre autistique6
  • Troubles de la sphère génitale masculine : dysfonction sexuelle (dysfonction testiculaire et érectile), azoospermie, asthénospermie, oligozoospermie, amélioration de la fécondité masculine, impuissance, stérilité, manque de libido, infertilité, hypogonadisme tardif, hyperplasie bénigne de la prostate
  • Troubles de la sphère génitale féminine : stérilité, manque de libido (frigidité, frilosité), infertilité, amélioration de la fécondité féminine, syndrome prémenstruel, ménopause (dépression, hypertension, sudation, bouffées de chaleur, chute capillaire d’origine hormonale) ostéoporose post-ménopausique, symptômes physiques et psychologiques de la péri-ménopause
  • Troubles locomoteurs : douleurs articulaires et névralgiques (sciatique), ostéoporose (prévention, amélioration), vieillissement osseux prématuré, rhumatisme, sarcopénie, atrophie et lésion musculaires
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : colite ulcéreuse, indigestion
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : hépatite aiguë, dommage hépatique causé par l’alcool, diabète (et anomalies métaboliques liées au diabète du type II)
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : réduction des lésions ischémiques (AVC), lésion cérébrale hypoxique d’origine ischémique et amélioration des troubles neurocomportementaux suite à un tel type de lésion
  • Cancer et perte d’immunité chez le cancéreux
  • Manque de vitalité, asthénie, anémie, léthargie, fatigue persistante (y compris après exercice et infection grippale)

Modes d’emploi

  • Poudre de maca : disponible simple ou mélangée avec d’autres substances végétales (cacao, lucana, ashwagandha, éleuthérocoque, etc.) dont l’identité varie selon le but à atteindre (vitalité, accroissement de la libido, accompagnement du sportif, etc.). On trouve ces poudres en vrac ou sous forme de gélules pré-dosées. Sous ce dernier conditionnement, cela ne pose guère de difficulté d’utilisation. Dans l’autre cas, on place la poudre de maca dans un récipient, puis l’on verse l’eau (ou le liquide autre : jus de fruit, lait végétal, etc.) par-dessus (en faisant l’inverse, l’homogénéité du mélange s’atteint plus difficilement).
  • Extrait standardisé liquide (ampoules) ou solide (gélules, comprimés).
  • Décoction d’hypocotyles de maca : comme il arrive de trouver la maca sous cette forme dans quelques rares boutiques en France, il est possible d’imaginer le mode d’emploi consistant en une décoction (qui reviendrait vite cher). Mieux vaut s’adresser à la poudre de maca afin de tirer le meilleur parti de cette plante et éviter le gaspillage.
  • Aux États-Unis, la firme Nutramedix propose un extrait hydro-alcoolique de maca. A un ou plusieurs moments de la journée, on ajoute dix gouttes dans un demi-verre d’eau à température ambiante.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Après récolte, les paysans andins ne consomment jamais fraîche la maca, car elle serait jugée préjudiciable pour la santé en cet état. Dans tous les cas, il faut tout d’abord la faire sécher – elle devient alors dure comme la pierre – puis lui imposer l’ébullition avant toute consommation alimentaire effective dans diverses préparations, bouillie, soupe ou ragoût par exemple. Ce complément aux repas quotidiens joue aussi le rôle d’édulcorant et d’exhausteur de goût. Sa poudre est encore ajoutée au thé et au café, de façon quasi quotidienne, de préférence le matin.
  • Cette consommation régulière et journalière de la maca dans les Andes a permis de s’assurer du statut non mutagène de cette plante ainsi que l’existence d’effets secondaires et indésirables faibles7. Parmi eux, on a observé des réactions allergiques et quelques désordres gastro-intestinaux. Aussi, faut-il éviter la maca si l’on est déjà sujet aux gaz intestinaux (flatulences) et au ballonnement ? Si tel est cas, ce ne sont pas quelques grammes de glucides supplémentaires qui changeront grand-chose à l’affaire. En revanche, plutôt que de se priver de la maca et de ses bienfaits évidents, peut-être serait-il plus judicieux de songer à soulager son organisme des excès d’hydrates de carbone qu’on lui impose à hautes doses quotidiennement. N’est-ce pas ? ^.^
  • La maca est contre-indiquée en cas de problème thyroïdien.
  • Interaction médicamenteuse : la prise concomitante de maca et d’un antidépresseur du nom de miansérine a pu provoquer le syndrome des jambes sans repos.
  • La maca n’échappe pas à l’adultération, en particulier si elle est conditionnée à l’état de poudre (c’est tellement facile !), de provenance de Chine qui plus est. Parfois, elle est polluée aux métaux lourd comme le plomb. Ainsi, mieux vaut-il s’informer méticuleusement quant à la filière par laquelle on s’approvisionne.
  • Associations : aider la femme à tomber enceinte : maca, gattilier, vitamine B9 ; améliorer l’activité de l’appareil génital masculin : maca et Fagara tessmannii ; amender la dysfonction érectile : maca et ciboulette chinoise (Allium tuberosum).

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  1. Source.
  2. Source.
  3. « Les espèces réactives de l’oxygène augmentent le calcium intracellulaire et améliorent l’ouverture des pores de transition de perméabilité mitochondriale, ce qui entraîne une diminution du potentiel membranaire mitochondrial, la perturbation des mitochondries et la mort des neurones dans les troubles neurodégénératifs » (Source).
  4. « La diminution de la fonction mitochondriale et le déclin de la signalisation de l’autophagie peuvent participer au processus de déclin cognitif lié à l’âge » (Source).
  5. « La maca a amélioré la production et la motilité des spermatozoïdes par des mécanismes non liés à l’hormone lutéinisante sérique, à l’hormone folliculo-stimulante, à la prolactine, à la testostérone et à l’estradiol » (Source).
  6. « Ces résultats révèlent pour la première fois que la maca est bénéfique pour la mémoire sociale et qu’elle rétablit les déficiences de reconnaissance sociale en augmentant les voies neuronales ocytociques, qui jouent un rôle essentiel dans divers comportements sociaux » (Source).
  7. « La présente étude a démontré que l’extrait de maca à des doses allant jusqu’à 5 g/kg (équivalent à l’ingestion de 770 g d’hypocotyles chez un homme de 70 kg) était sans danger » (Source).

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La shatavari (Asparagus racemosus)

La shatavari, que l’on peut rendre plus accessible en lui accordant le nom d’asperge indienne, est l’une des nombreuses herbes précieuses de la médecine ayurvédique. Elle est particulièrement remarquable en ce qu’elle est une plante presque entièrement dévolue aux femmes, puisqu’elle est impliquée dans la fertilité féminine, la lactation, la ménopause, etc.

Beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : asperge indienne, asperge à grappes, asperge à racèmes, plante aux cents racines, ginseng des femmes.

Affirmer que la shatavari est une préoccupation essentielle pour le sous-continent indien depuis des millénaires apparaît comme une évidence qui coule de source, principalement parce que l’on trouve trace de cette plante dans les très ancestraux Rig-Véda (1 500-900 av. J.-C.) et Atharva-Véda (1 200-1 000 av. J.-C.), soit parmi les plus anciens textes sacrés de l’hindouisme, rédigés en sanskrit. C’est donc, par la suite, assez naturellement qu’on la recroise bien des siècles plus tard dans les compendiums classiques de la médecine ayurvédique que sont la Charaka Samhita et la Sushruta Samhita, contemporaines l’une de l’autre, puis, bien plus tardivement, dans le Sharangdhara Samhita, rédigé au XIIIe siècle par Acharya Sharangdhara, simplificateur de la médecine ayurvédique en ce qu’il tira d’anciens volumes complexes de quoi établir des traités plus brefs et faciles à lire, ce qui popularisa davantage la médecine ayurvédique auprès du plus grand nombre. De cette lointaine époque de l’Antiquité ayurvédique, émane la réputation de la shatavari qui permettrait, dit-on, de « guérir une bonne centaine de maladies ». Si l’on consulte ses relations aux doshas, on constate que la shatavari équilibre Pitta, calme et régénère Pitta et Vata. Si l’on observe un peu plus attentivement la littérature ayurvédique, l’on se rend compte que la shatavari est présente dans de nombreuses formulations ayurvédiques et conviée pour une foule d’affections. Dire tout d’abord qu’elle a été rangée au nombre des rasayanas devrait nous donner quelques premiers indices. Il s’agit d’un « groupe de médicaments végétaux qui améliorent les mécanismes de défense de l’organisme, favorisent la santé physique et mentale, ainsi que la force et la longévité. Les objectifs des rasayanas comprennent vayasthapana (retarder le vieillissement), ayukaram (améliorer la durée de vie), medhabalakaram (promouvoir l’intellect, la mémoire et la force physique) et rogapaharanasamartha (augmenter la résistance de l’organisme face aux maladies) »1. Dans ce sens spécifique, certaines formulations ont été élaborées comme, par exemple, brahma rasayana, qui permet une meilleure gestion de l’anxiété, de la fatigue et de la faiblesse, mais également de se prémunir des infections, ou encore saraswatharishta, impliquée dans les troubles psychiques et neuronaux. L’on voit poindre, en filigrane, le futur statut d’adaptogène que la science moderne appliquera beaucoup plus tard à la shatavari. Bien souvent, une plante donnée ne se contente pas d’agir, comme l’on s’en doute, dans le seul pré carré dans lequel on l’a semée. C’est parce que l’on ne s’est pas contenté d’observer ce seul statut de rasayana, que l’on sait que la shatavari est aussi diurétique, stomachique (dyspepsie, diarrhée, dysenterie), remède hépatique, antitumoral et ostéoarticulaire. Expliquons maintenant pourquoi la Charaka Samhita considère la shatavari comme aphrodisiaque. Non seulement rasayana, la shatavari se paie le luxe d’être aussi un vajikaran, autrement dit une plante largement usitée dans la santé sexuelle et reproductrice des femmes, mais aussi dans celle des hommes, bien que dans une mesure moindre. (L’on peut dire qu’elle est aux femmes ce que l’ashwagandha est aux hommes.) Elle restaure la fertilité masculine en augmentant la quantité de spermatozoïdes ainsi que leur motilité. Il existe, par exemple, une combinaison ayurvédique nommée phalaghrita qui unit plusieurs ingrédients dont le lait, le ghee et le suc de shatavari entre autres. Elle est destinée aussi bien pour lutter contre l’infertilité féminine, que pour stimuler la spermatogenèse. Régénératrice de la fertilité féminine, la shatavari s’attaque donc aux troubles du système reproducteur de la femme, amoindrit le syndrome prémenstruel, assagit les effets pénibles de la ménopause, endigue bon nombre de maladies typiquement féminines, enfin stimule la lactation, chose confirmée par l’Ayurvéda qui considère cette plante comme un excellent galactogène. Comme souvent à notre époque moderne, l’on ne peut plus considérer une donnée plurimillénaire sans au moins sourciller ou émettre de profonds doutes quant à la véracité des informations divulguées par les anciens traités médicaux, qu’ils soient ayurvédiques ou autres. L’on s’impose donc de les passer soigneusement à la moulinette scientifique (sait-on jamais, que les Anciens ne racontent que des sottises !). A la lecture des études scientifiques récentes des vingt dernières années, j’ai pu faire le constat suivant : les chercheurs sont moins empressés de reconnaître à la plante son statut de rasayana que son implication vraisemblablement manifeste auprès des femmes, qui lui a valu le surnom de reine des herbes et grande amie de la femme. Oui, expliquons maintenant, grâce aux données scientifiques disponibles, en quoi la shatavari est une bénédiction pour la femme a (presque) toutes les étapes de son existence. A commencer tout d’abord par son nom : shatavari. Que signifie-t-il ? Eh bien, selon la plupart des articles compulsés pour établir cette monographie, j’ai eu droit à cette traduction : « celle qui a des centaines de maris ». J’allais m’en contenter lorsque j’ai découvert dans un article paru en 2016 dans le journal édité par ayurpub.com une traduction qui change nettement de perspective : « Le nom shatavari signifie ‘une femme qui possède cent enfants’, en référence à l’effet de rajeunissement que la shatavari applique aux organes reproducteurs féminins »2. On m’objectera bien que pour avoir cent enfants cent maris sont plus pratiques qu’un seul !… ^.^ A moins qu’il ne bénéficie, lui aussi, du secours de la shatavari et de quelques autres plantes adaptogènes consacrées à cette situation. Bref. En attendant, « la femme qui possède cent maris » nous impose de donner une explication un peu bancale telle que voici : ce rasayana féminin serait si puissant qu’il permettrait à la femme de déployer de telles capacités fertilisantes qu’une centaine d’hommes parviendraient tout juste à satisfaire cette puissance génésique. Bien, ceci étant dit, passons-en aux faits. Des molécules exerçant une activité phyto-œstrogénique ont été découvertes dans la shatavari : « Les phyto-œstrogènes sont des composés végétaux structurellement et fonctionnellement similaires aux œstrogènes ovariens et placentaires […]. Les phyto-œstrogènes affectent la régulation des cycles ovariens et œstrogéniques chez les mammifères femelles. Ils favorisent la croissance, la différenciation et les fonctions physiologiques du tractus génital féminin, de l’hypophyse, du sein et de plusieurs autres organes et tissus chez les deux sexes »3. Restauratrice de la fertilité, la shatavari peut-elle véritablement aider les femmes à tomber enceinte ? Oui ! Tout d’abord parce qu’agissant sur le système hormonal, qu’elle équilibre, elle favorise l’ovulation. Comme la shatavari est aussi un rasayana, qu’elle lutte contre le stress oxydatif (de par ses qualités anti-oxydante et antiradicalaire), elle autorise la femme à se réapproprier une posture propice à la grossesse. Dans nos sociétés modernes, folles, stressées et polluées, le stress oxydatif a vite fait de venir perturber ce château de cartes qu’est la balance hormonale. On sait parfaitement aujourd’hui que « l’augmentation du stress oxydatif peut affecter la physiologie des ovaires, la qualité des ovocytes et provoquer des troubles de la santé reproductive féminine »4. Non seulement la shatavari peut rétablir des fonctions reproductives déréglées en abaissant le niveau de stress oxydatif (action secondée par un apport d’anti-oxydants et une alimentation idoine, entre autres), mais elle peut aussi soulager cette affection dramatique qu’est le syndrome ovarien polykystique (SOPK), qui est bien plus qu’une simple perturbation de la balance hormonale, puisqu’elle confine, entre autres, à l’anovulation5. De même qu’elle agit sur les glandes sexuelles féminines, la shatavari porte aussi son action sur les glandes mammaires, dont elle augmente la lactation. Mais « la shatavari augmente-t-elle la taille des seins ? […] Si elle est prise comme recommandée, la shatavari est une excellent moyen d’augmenter naturellement la taille des seins d’une femme. Elle est considérée comme l’un des meilleurs moyens ayurvédiques pour la prise de volume du sein »6. Enfin, après avoir fait le bonheur de la femme enceinte et de celle qui allaite, la shatavari est « également utile pour les femmes présentant des symptômes de ménopause tels que la sécheresse vaginale, le manque de libido et la peau sèche »7. N’est-ce point édifiant ? Si la shatavari l’est pour le cœur, multipliant l’amour, la passion et la dévotion, il n’y a pas de raison pour qu’elle n’accroisse pas en le cœur et le corps de la femme le berceau de la vie qu’elle porte en elle. Peut-être que cela entretient un rapport avec le fait que la shatavari renforcerait la connexion entre le corps, l’âme et l’esprit, que ce que l’esprit désire le corps l’accueille sous la forme d’un « nouveau-à-naître ». En tous les cas, elle n’a pas attendu qu’on lui assigne une renommée de plante de la femme pour prodiguer ses bons offices : on dit de cette plante qu’elle favorise la tolérance et la compassion. Comment pourrait-il en être autrement pour une femme enceinte ou celle qui désire l’être ? En Inde orientale, elle faisait davantage encore, puisque cette plante à vocation religieuse protégeait ses adorateurs des mauvais esprits. Que celles qui souhaitent s’en remettre à la shatavari sachent qu’elles seront ainsi préservées des mauvaises langues qui ne manqueraient pas de sortir de leur boîte pour darder leur venin…

La shatavari est une plante vivace dont la base ligneuse dissimule un chevelu racinaire fibreux et un faisceau composé d’une centaine de racines fusiformes, en tout point semblable à une botte de carottes serrées au collet par une ficelle. Ces racines tubéreuses s’enfoncent dans le sol à au moins 30 cm de profondeur et vont parfois bien au-delà (100 cm). Cet arrimage terrestre permet à la plante d’ériger des rameux aériens qui font de cette asparagacée une grimpante de deux à quatre mètres de hauteur : bien que délicats et cassants, ses rameaux couverts de forts aiguillons assurent à la plante son ascension en utilisant les arbustes environnants comme support de sa croissance verticale. Une profusion de petites feuilles en « aiguilles de sapin » vert brillant donnent à cette plante une allure très touffue qui n’invite pas à y plonger la main, car qui sait si elle ne rencontrerait pas sur son chemin l’un de ces éperons acérés ? Mieux vaut alors la toucher seulement avec les yeux, comme aux mois de février et mars, par exemple, période de l’année à laquelle la shatavari se couvre de racèmes de petites fleurs blanches à six pétales et six étamines, très parfumées, lesquelles produisent à maturité des baies globuleuses rouges.

La shatavari est une habituée des climats tropicaux, subtropicaux et quasi arides. Cela explique que l’on puisse aussi bien la dénicher en plein soleil autant qu’au sein des zones ombragées de la jungle tropicale humide. Souvent circonscrit à l’Inde seule de par son histoire ayurvédique, le territoire de la shatavari déborde pourtant très largement les contours de ce pays : elle s’étale, à l’ouest, depuis l’Afrique tropicale, trace un arc de cercle qui passe par le sous-continent indien, poursuit sa course en traversant l’Asie du Sud-Est et achève sa progression à la Malaisie et à l’Indonésie.

Il aurait été bien surprenant qu’une plante utilisée depuis des milliers d’années par une succession de générations affiche aujourd’hui une santé écologique reluisante. Mais il n’y a pas de miracle : si l’on prélève plus que la plante est capable de régénérer, elle finira par disparaître. Une récente étude (2023) fait savoir que la shatavari est actuellement menacée dans son milieu naturel. Il n’y a pas que sa récolte « sauvage » qui soit responsable de cette destruction, celle de son habitat par la déforestation y est aussi pour beaucoup. « Comme les plantes largement utilisées succombent facilement aux menaces de la surexploitation, elles ont besoin de protocoles et de lignes directrices spéciales pour leur conservation génétique »8. Heureusement pour elle (et pour nous…), la shatavari est cultivée en divers endroits du sous-continent indien (Sri Lanka, plateaux himalayens, etc.).

La shatavari en phytothérapie

Le surnom de « plante à cent racines » parfois associé à la shatavari nous indique de quoi est constitué la matière médicale offerte par cette plante : les longues racines tubérisées dont nous avons parlées dans la section botanique précédente. Cette racine est à la fois douce et très amère, ce qui pose quelques problèmes de palatabilité ^.^ Cette douceur est assurée par une certaine proportion de glucides complexes tels que les polysaccharides et les fructo-oligosaccharides, ainsi qu’une bonne part de mucilage. Quelques acides gras et acides aminés (tyrosine, arginine, asparagine) s’ajoutent à cette fraction glucidique. S’il s’agissait d’exposer le portrait biochimique d’une asperge comestible que nous connaissons mieux sous nos latitudes, c’est-à-dire Asparagus officinalis, nous aurions immanquablement évoqué vitamines et sels minéraux. Mais, pour l’heure, il y a mieux à faire (même si nous ne négligerons pas ces deux types d’éléments un peu plus loin). Non, avant même que de parvenir à cette extrémité, il nous faut faire mention de ce qui caractérise en propre la shatavari : des saponosides stéroïdiennes (shatarosides, shatavarines – dont la « célèbre » shatavarine IV –, asparosides, immunosides, filiasparosides, furo-asparosides, asparacémosones, asparanine, protodioscine…) et des sarsasapogénines. Après cela, il reste tout de même peu de place pour les polyphénols (flavonoïdes et isoflavones : quercétine, rutine, myricétine, kaempférol, naringénine, liquiritigénine ; acides phénoliques : acide p-couramique, acide caféique ; tanins : acide gallique). Viennent ensuite des phytostérols (β-sitostérol, stigmastérol), des carotènes (β-carotène, zéaxanthine, violaxanthine) et enfin des vitamines (provitamine A, vitamines B1, B2, B9, C, E) et oligo-éléments (fer, zinc, cuivre, manganèse, cobalt, sodium, potassium, calcium, lithium, magnésium, phosphore, sélénium). Remarquons, pour finir sur la question de la composition biochimique de la racine de shatavari, un triterpène pentacyclique que nous avons déjà croisé par ailleurs, l’acide ursolique, ainsi qu’un alcaloïde du nom d’asparagamine.

Bien que propriétés et usages thérapeutiques nous mènerons à aborder exclusivement ce qui se rapporte aux racines, profitons tout de même pour signaler que la recherche scientifique s’est attardée à décortiquer les autres fractions végétales de cette asperge indienne. Dans les fleurs et les fruits mûrs, on a découvert des sarsasapogénines et des flavonoïdes bien connus (rutine, quercétine, hyperoside). Dans les seuls fruits, on a encore décelé la présence de saponines stéroïdiennes (racémosides A, B et C), des sapogénines twospirostonaliques et furostanoliques. Les feuilles, moins étudiées, ont pourtant fait mention d’un pouvoir antifongique non négligeable sur différents champignons, ainsi que des effets anticancéreux et antiprolifératifs. A creuser, donc. Ce qui serait souhaitable, d’autant plus qu’à cette plante menacée l’on ne conserve que les racines et l’on dédaigne toutes les parties vertes aériennes qui sont donc gâchées après la récolte.

Propriétés thérapeutiques

  • Adaptogène (augmentation de l’énergie, de la force, de l’endurance et des performances physiques, amélioration de la mémoire, meilleure rétention des informations, apprentissage favorisé), nootrope, ergogénique, neuroprotecteur (restauration des neurotransmetteurs perturbés, inhibition des dommages neuronaux oxydatifs, anti-amyloïdogène), favorise la neurogenèse et la neuroplasticité, anxiolytique, antistress, antidépresseur (abaisse les niveaux de cortisol et de noradrénaline, augmente ceux de dopamine et de sérotonine)
  • Immunomodulatrice, adjuvante de l’immunité9, potentialise les cellules NK10, anti-infectieuse (antibactérienne sur Escherichia coli, Shigella dysenteriae, S. sonnei, S. flexneri, Vibrio cholerae, Salmonella typhi, S. typhimurium, Pseudomonas putida, Bacillus subtilis, Staphylococcus aureus ; antifongique sur Candida sp. ; antivirale), lutte contre les co-infections en raison de l’immunosuppression liée au cancer, au VIH, etc.
  • Anticancéreuse, cytotoxique, inductrice de l’apoptose, accompagne les traitements de chimiothérapie conventionnels
  • Anti-oxydante, antiradicalaire (superoxydes, hydroxyles, DPPH), chélatrice des ions métalliques, inhibitrice de la peroxydation lipidique, anti-inflammatoire (IL-1β, TNF-α)
  • Hépatoprotectrice, abaisse les taux de glucose, de créatinine, d’azote urique et de triglycérides dans le sang
  • Stomachique, carminative, gastro-protectrice, tonique gastrique (sécrétion de mucus, protection des cellules gastriques), apaisante de la muqueuse gastrique, accélère la vidange gastrique, antiseptique digestive, réduit la motilité gastro-intestinale ainsi que la fréquence des selles, amoindrit la déshydratation intestinale
  • Diurétique, protectrice face à la formation de lithiase urinaire
  • Aphrodisiaque (?), améliore la libido et la santé sexuelle, trophorestauratrice de l’appareil reproducteur féminin, utérotonique, action œstrogénique sur les glandes mammaires (galactogène), action œstrogénique sur l’appareil génital féminin, augmente la sécrétion d’estradiol et de progestérone, régulatrice du cycle menstruel, promeut la fertilité féminine et masculine, favorise la spermatogenèse, retarde l’éjaculation
  • Soutient la bonne santé cardiovasculaire, dépurative sanguine
  • Tonique pulmonaire, antitussive
  • Antispasmodique
  • Inhibitrice de la tyrosinase, de l’acétylcholinestérase et de la butyrycholinestérase
  • Tonique du système tégumentaire

Usages thérapeutiques

  • Troubles du système nerveux : stress, anxiété, dépression unipolaire11, troubles neurodégénératifs (maladies d’Alzheimer et de Parkinson), épilepsie (amélioration des symptômes), syndromes de sevrage alcoolique (convulsions, hallucination, tremblements), amnésie et troubles de la mémoire, insomnie (retrouver un sommeil sain et réparateur)
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : polyurie, micro-albuminurie, atténuation de l’hypertrophie rénale, cystite, urétrite, goutte, rhumatisme
  • Troubles locomoteurs : ostéoporose et sarcopénie post-ménopausiques (par déficience en estradiol), raideur cervicale, douleur articulaire, spasmes musculaires12
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : dyspepsie fonctionnelle, ulcère gastrique, colite ulcéreuse et autres inflammations gastriques, hyper-acidité gastrique, brûlure d’estomac, irritation gastrique causée par l’aspirine et l’alcool, inappétence, indigestion, colique, diarrhée, dysenterie, spasmes intestinaux, relâchement intestinal (par manque de tonus), hématémèse
  • Troubles de la sphère respiratoire : toux d’irritation, muqueuse, d’expectoration difficile, inflammation pulmonaire
  • Troubles de la sphère gynécologique : syndrome prémenstruel, saignement utérin dysfonctionnel, ménorragie, dysménorrhée, endométriose, SOPK, atonie de l’appareil reproducteur féminin, infertilité, menace de fausse-couche et d’avortement, symptômes de la ménopause (déprime, insomnie, prise pondérale, irritabilité, douleur osseuse et articulaire, sudation, bouffées de chaleur)
  • Troubles de la sphère génitale masculine : impuissance, infertilité, gonorrhée
  • Cancer (sein, ovaire), chimiothérapie (patients immunodéprimés), myélosuppression
  • Anémie, faiblesse générale, convalescence
  • Affections cutanées : furoncle, plaie, ulcère, herpès, pellicules
  • Diabète de type II
  • Profitable en cas de VIH, maladies auto-immunes, infections à Epstein-Barr, leishmaniose
  • Maux de tête
  • Fièvre

Modes d’emploi

  • Poudre de racines : certains préconisent jusqu’à 20 g quotidiens (?). Elle se présente sous forme libre en vrac ou bien en gélules et capsules. On peut l’administrer seule ou accompagnée (d’autres plantes adaptogènes ou pas), selon les besoins, par prise d’une demie-cuillerée à café mélangée à du lait chaud ou à du ghee, mode d’emploi couramment usité par la médecine ayurvédique. On peut en améliorer le goût par adjonction de miel.
  • Décoction de poudre de racine : comptez deux cuillerées à café de poudre de shatavari dans un demi-litre d’eau. Faites mijoter à feu doux pendant un quart d’heure, puis infuser hors du feu et à couvert pendant trois quarts d’heure.
  • Extrait sec standardisé à haute teneur en saponines stéroïdiennes (30 %).
  • Teinture hydro-alcoolique : 20 gouttes par prise à trois moments distincts de la journée.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : chaque année, en mai-juin, on déchausse du sol les racines qui ont passé au moins trois années en terre. On les brosse vigoureusement, puis on les débite en rondelles avant de les exposer en plein soleil. On les utilise tel quel ou bien une fois qu’on les a moulues finement, c’est-à-dire sous la forme qu’on leur connaît principalement en Europe.
  • La consommation régulière de shatavari n’expose pas à des effets secondaires notoires. Cette plante peut néanmoins provoquer des réactions allergiques pulmonaires ou cutanées dans quelques rares cas. L’utilisation de cette plante doit être évitée chez les personnes ayant des problèmes rénaux et/ou cardiaques, ainsi que celles souffrant d’obésité. On a pu dire plus haut que la shatavari était fort utile à tous les âges de la vie des femmes. C’est une formule qui exagère quelque peu les prétentions gynophiliques de cette plante. Effectivement, l’on met généralement en garde les femmes enceintes contre l’emploi de la shatavari. Si un usage doit être envisagé dans ce cas, il se doit d’être très prudent, car exposer longuement le fœtus à cette plante peut être dommageable pour lui. A l’inverse de cette précaution, j’ai pris connaissance dans un article récent (2023) du fait que la haute teneur de la shatavari en acide folique en encourageait l’utilisation auprès de la femme enceinte, parce que la vitamine B9 est un élément essentiel à la bonne croissance du fœtus. Dans le doute, on peut s’adresser à d’autres aliments tels que les légumes à feuilles vertes, bon nombre de fruits, le jaune d’œuf ou encore les crevettes qui sauront subvenir aux besoins en vitamine B9 de la femme enceinte.
  • Adultération : si l’on peut échanger sans risque et sans perte d’effets Asparagus racemosus avec A. cochinchinensis, en revanche l’on confond volontairement la shatavari avec A. sarmentosus et d’autres plantes proches telles que A. filicinus, A. curillus, A. sprengeri, etc., mais que l’on vend sous l’étiquette « shatavari ». La méfiance est donc de rigueur vis-à-vis des canaux d’approvisionnement.
  • La racine est prisée comme aliment dans différents endroits du monde. « Les jeunes pousses tendres de shatavari peuvent être bouillies ou cuites à la vapeur comme légume, ou elles peuvent être consommées crues dans les salades. Une confiture préparée à partir des pousses blanchies est dite très agréable, et le tubercule peut être confit comme une viande sucrée. Shatavari est généralement bouilli avec du lait, du ghee et du gingembre, de la cannelle ou de la cardamome pour augmenter ses propriétés toniques. Les graines torréfiées ont été utilisées comme substitut du café »13.
  • Associations : elles sont nombreuses. Dans une visée strictement adaptogène, la shatavari se trouve bien accordée avec le ginseng (Panax ginseng). Concernant l’anémie et la déficience (carences, manque d’énergie) chez la femme (règles, ménopause, etc.), une association avec le codonopsis (Codonopsis pilulosa) et l’ashwagandha (Withania somnifera) est profitable.

_______________

  1. Source.
  2. Source.
  3. Source.
  4. Source.
  5. « Une maladie endocrino-métabolique relativement fréquente appelée syndrome ovarien polykystique (SOPK) est caractérisée par des ovaires polykystiques, une anovulation persistante et un hyperandrogénisme, qui provoquent des symptômes tels que des règles irrégulières, l’infertilité et l’hirsutisme. Le SOPK est lié à l’obésité, à la résistance à l’insuline et à l’augmentation des quantités d’androgènes ou d’hormones mâles. Le mode de vie sédentaire, les fluctuations alimentaires, l’inactivité et le stress sont d’autres variables contributives » (Source).
  6. Source.
  7. David Winston, Adaptogens. Herbes for strength, stamina and stress relief, p. 139.
  8. Source.
  9. « L’étude indique l’effet potentiel de l’Asparagus racemosus comme adjuvant pour la stimulation de la réponse immunitaire cellulaire en plus de générer une réponse adaptative soutenue sans aucun effet indésirable » (Source).
  10. «  Les résultats indiquent que les fructo-oligosaccharides d’Asparagus racemosus potentialisent l’activité des cellules NK » (Source).
  11. « Le trouble dépressif majeur est une maladie neuropsychiatrique et neurodégénérative multimodale caractérisée par une anhédonie, une mélancolie continue, un rythme circadien dysfonctionnel et de nombreuses autres infirmités comportementales » (Source).
  12. « Nos analyses indiquent que la shatavari peut soutenir les réponses d’adaptation musculaire à l’exercice. Ces données fournissent des indications utiles pour l’étude future de l’utilité de la shatavari dans la conservation et l’amélioration de la fonction musculo-squelettique à un âge plus avancé » (Source).
  13. David Winston, Adaptogens. Herbes for strength, stamina and stress relief, p. 400.

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L’eucalyptus citronné (Corymbia citriodora)

La composition biochimique de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné est si distincte de celles issues des grands cousins de cet arbre (eucalyptus globuleux et eucalyptus radié), qu’on ne peut assurément pas la mettre dans le même panier. D’ailleurs, pour marquer cette différence, l’eucalyptus citronné a changé de genre, passant d’Eucalyptus à Corymbia, qui regroupe des arbres quasiment tous endémiques à l’Australie.

Bonne lecture et beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Si les eucalyptus sont des arbres typiques de l’Australie et de la Tasmanie, l’eucalyptus citronné est originaire du Queensland, zone située au nord-est de l’Australie. Il a été, comme tant d’autres espèces végétales, « découvert » par les colons au XVIIIe siècle. En 1768-1771, eut lieu le premier voyage de James Cook dans l’océan Pacifique. Le naturaliste Joseph Banks, qui faisait partie de l’équipage, préleva des échantillons. Un botaniste français, Charles Louis L’Héritier de Brutelle, avec lequel Banks correspondait, décida de le nommer eucalyptus en 1789, c’est-à-dire le « bien caché ». Cela ne saurait pourtant pas faire oublier les usages aborigènes ancestraux de cet arbre et de ses cousins.

Moins grand par la taille que l’eucalyptus globuleux, l’eucalyptus citronné peut tout de même atteindre vingt bons mètres de hauteur. Sans doute que sa silhouette élancée le fait paraître plus grand qu’il ne l’est en réalité. Son fût bien droit est dominé par une couronne aérienne constituée de branches à l’écorce blanche mouchetée de rose. Le tronc principal est l’objet de desquamations importantes (cf. niaouli, platane, etc.) : de longs rubans typiques se détachent en lambeaux papyracés. L’eucalyptus citronné pèle comme un serpent à la peau psoriasique.

Les rameaux rougeâtres de l’eucalyptus citronné portent au moins trois stades différents de feuillage :

  • Tout d’abord les feuilles juvéniles couvertes de trichomes résineux : elles sont fines et opposées.
  • Puis les feuilles intermédiaires : devenant alternes, elles s’allongent et s’épaississent, mais restent moins élancées que celles qui leur succèdent.
  • Les feuilles adultes : nues et glabres, elles sont encore plus effilées que les précédentes (15 cm de long sur 2 cm de large). De couleur vert franc, elles sont attachées aux rameaux à l’aide de pétioles orangés du plus bel effet.

Les fleurs sans pétales de l’eucalyptus citronné sont en revanche bourrées d’étamines de couleur blanc crémeux. Elles génèrent par la suite de petits bouquets de fruits, capsules ligneuses qui forment comme des urnes brunes.

En cas d’incendie ou de tempête, l’arbre se régénère facilement à partir du sol grâce à ses lignotubers : il s’agit de réserves nutritives enterrées qui assurent la régénération de nouvelles pousses basales (et donc de futurs arbres) si jamais l’arbre d’origine venait à subir quelque avarie grave.

Aujourd’hui, cet arbre est naturalisé et cultivé en bien des endroits du monde : Asie (Chine, Inde, Vietnam), Amérique du Sud (Brésil, Chili), Afrique (Madagascar, Tunisie, Algérie), etc.

L’eucalyptus citronné en aromathérapie

Comme nous l’indique aisément son nom latin, cet eucalyptus se singularise par l’odeur citronnée qu’il propage : elle devient particulièrement marquée lorsqu’une de ses feuilles vient à être froissée. On la perçoit même en caressant seulement le limbe d’une feuille du bout du doigt (j’ai récemment rencontré un petit spécimen de cet arbre chez un pépiniériste, alors j’ai fait l’essai de la caresse). Sans trop grand risque d’erreur, dire de cette huile essentielle qu’elle sent le citron nous rapproche plus de la réalité que cela nous en éloigne. Mais, alors, il s’agirait d’un drôle de citron !… Acidulé, certes, mais, pour peu qu’on insiste, l’odeur tourne au liquoreux et au sirupeux, limite écœurante avec ses notes « rosées » à l’arrière-plan. C’est cela qui fait que le parfum de cette huile essentielle n’est pas aussi « frais » qu’on le voudrait, comme si il était plombé par une touche terreuse que l’on ne trouve pas dans l’essence de citron. Comme si le citron, auquel on s’est référé pour la nommer, se trouvait enfermé dans une gangue terreuse qui en emprisonnerait les effluves. Effectivement, il est impossible de découvrir dans cette huile essentielle la légèreté qui transparaît dans l’essence de citron. Sans doute parce que la composition biochimique de cette huile essentielle (aldéhydes terpéniques dominants) la rattache à l’élément Terre, tandis que le citron est, quant à lui, d’essence aérienne. Simon Lemesle, le patron d’Astérale, a parfaitement conscience de cette lourdeur olfactive, qu’il explique en ce sens : « On lui reproche souvent son odeur, ce qui est généralement dû à la faible qualité des productions disponibles sur le marché. » Généralement, on récolte l’eucalyptus citronné par temps clair, et l’on s’abstient de le faire les jours pluvieux et nuageux. Avant toute distillation, on écarte les trop gros rameaux, ne conservant que ceux dont le diamètre est inférieur à celui d’un crayon à papier, dans un rapport feuilles/rameaux de 7:3. Puis, sans plus tarder on distille ces rameaux porteurs de feuilles adultes (elles concentrent une plus forte teneur en essence). Procéder immédiatement, évite une trop forte évapotranspiration de l’essence, de même que la dégradation de sa qualité par un préfanage préalable trop long et contre-productif. Tout au contraire, Simon Lemesle a décidé de distiller uniquement les seules feuilles sans rameaux et en leur imposant un temps de distillation plus long. Selon les méthodes, on obtient 150 à 250 litres d’huile essentielle à l’hectare, soit un rendement qui varie de 0,5 à 4 % (parfois jusqu’à 7 % !). Incolore à jaune pâle (avec, parfois, des reflets verdâtres), l’huile essentielle d’eucalyptus citronné possède une densité assez basse, de l’ordre de 0,86 à 0,88. Quand on en observe d’un peu plus près la composition biochimique générale, on constate que certaines molécules ont emprunté leur nom au citron :

  • Aldéhydes terpéniques : 65 à 85 % dont citronnellal (70 %) ;
  • Monoterpénols : 15 à 20 % dont citronnellol (7 %), isopulégol (6 %), néo-isopulégol (3 %) ;
  • Esters : 5 % ;
  • Monoterpènes : 3 % ;
  • Sesquiterpènes : 2 %.

Concernant la molécule majoritaire, sa proportion varie principalement selon le terroir : 85 % en Chine, 80 % au Brésil contre « seulement » 65 % à Madagascar. On la rencontre aussi en masse dans l’huile essentielle de citronnelle de Java (30 %). Quant au citronnellol, on en trouve également dans l’huile essentielle de géranium bourbon (33 %). En revanche, du côté de l’eucalyptol, alias 1.8-cinéole, on n’en trouve pas trace.

J’ai estimé le prix moyen de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné biologique à 7 € les 10 ml. Mais cela étant très variable, il peut lui arriver d’osciller de 4 à 14 €. On voit trop d’huiles essentielles d’eucalyptus citronné sur le marché à moins de 5 € les 10 ml. Ce ne sont pas celles qui sont de meilleure qualité, même d’origine biologique. Payer le double de cette somme pour une qualité supérieure ne me semble pas exagéré.

Propriétés thérapeutiques

L’eucalyptus citronné, contrairement au globuleux et au radié, est un eucalyptus sans eucalyptol, autrement dit 1.8-cinéole de nos jours. 1 % à la rigueur qui se balade par-ci par-là. Et encore. Il ne faudra pas s’attendre à en faire une huile essentielle à visée respiratoire comme c’est le cas des deux autres eucalyptus cités ci-dessus et du ravintsara, entre autres. Du moins sur les voies respiratoires inférieures sur lesquelles elle est quasiment inopérante, au contraire des voies respiratoires supérieures où elle tire davantage son épingle du jeu. Cependant, il faut s’en faire l’aveu : le domaine de prédilection de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné, ce sont les muscles, les tendons, les os, etc., et particulièrement les douleurs qui les affligent. C’est donc une huile locomotrice.

  • Anti-infectieuse : antivirale légère, antibactérienne (Staphylococcus aureus, Bacillus subtilis, Escherichia coli, Rhizopus solani), antifongique (Aspergillus niger, A. terreus, A. nidulans, A. flavus, A. fumigatus, Malassezia furfur, champignon responsable de mycoses dont pityriasis versicolor), antiseptique atmosphérique ; antiparasitaire, anthelminthique, acaricide, insectifuge, larvicide (Aedes aegypti)
  • Anti-inflammatoire puissante, antalgique, analgésique, anti-rhumatismale
  • Antispasmodique légère
  • Expectorante, décongestionnante du nez et des sinus
  • Régulatrice pancréatique
  • Sédative, calmante, aide à la concentration, rafraîchit l’esprit (clarté mentale), relaxante, anxiolytique, hypotensive, régulatrice du système nerveux central, négativante
  • Cicatrisante puissante, décongestionnante cutanée, apaisante cutanée
  • Antiradicalaire (superoxydes, radicaux peroxyles, ABTS), inhibe l’oxydation de l’acide linoléique

Usages thérapeutiques

  • Troubles locomoteurs : douleurs articulaires (arthrite cervicodorsale, arthrose, polyarthrite rhumatoïde), rhumatismales, musculaires (tension, élongation, déchirure, contracture, courbature liée à l’effort ou par infection : covid-19, grippe, etc.), tendineuses (tendinite aiguë et chronique, inflammation du tendon d’Achille), névralgiques (sciatique), torticolis, dorsalgie, fibromyalgie, entorse, lumbago, épicondylite latérale du coude, algodystrophie de la cheville, inflammation des fascias plantaires ; pour les sportifs et les marcheurs au long cours : application sur les jambes et les fascias plantaires avant et/ou après effort
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hypertension, coronarite, péricardite, jambes lourdes, phlébite
  • Troubles de la sphère respiratoire : sinusite chronique, toux, rhume, congestion nasale, bronchite
  • Affections cutanées : démangeaison, mycose (pied d’athlète), zona, prurit, piqûres d’insecte, acné
  • Troubles de la sphère gynécologique : vaginite, leucorrhée
  • Troubles du système nerveux : trouble du sommeil, stress, anxiété, agitation, énervement
  • Moustiques, poux des volailles, tiques, acariens des maisons, ascarides
  • Diabète
  • Cystite

Propriétés énergétiques et psycho-émotionnelles

Ne contenant pas d’oxydes (1.8-cinéole en l’occurrence), l’eucalyptus citronné est donc largement moins asséchant que ses cousins myrtacés que sont E. globulus et E. radiata, autres ravintsara (Cinnamomum camphora) et saro (Cinnamosma fragrans), pour n’en citer que quelques-uns, chez qui la grosse proportion d’eucalyptol absorbe les excédents d’eau pulmonaire. Comme nous l’avons vu, la composition biochimique de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné ne lui permet pas de les égaler à ce propos. Mais il est en revanche excellent sur d’autres points vis-à-vis desquels les quatre autres sus-nommés peinent à offrir une quelconque satisfaction.

J’ai lu quelque part (sur le site d’Herbes & Traditions), que l’huile essentielle d’eucalyptus citronné permet de « calmer les tempéraments sanguins ». Cela peut paraître banal comme ça, mais je vais expliquer ici pourquoi je suis d’accord avec ce constat. Sanguin, cela correspond à l’une des quatre humeurs telles que définies comme suit depuis le temps d’Hippocrate :

  • Quatre éléments : Terre, Eau, Feu, Air
  • Quatre natures : froid, sec, humide, chaud

Les quatre humeurs s’obtiennent en unissant deux natures entre elles :

  • Froid et sec : atrabilaire
  • Froid et humide : lymphatique
  • Chaud et sec : colérique
  • Chaud et humide : sanguin

Une évidence : l’huile essentielle d’eucalyptus citronné, attachée à l’élément Terre, considérée comme froide et sèche, compense et réduit les excès du tempérament diamétralement opposé à l’humeur atrabilaire, c’est-à-dire les sanguins, parmi lesquels nous trouvons les trois signes astrologiques pilotés par l’Air que sont les Gémeaux, la Balance et le Verseau. Dans le cas où une personne, appartenant à l’un de ces trois signes, devient exagérément volatile et bouillonnante, il est bien probable que l’eucalyptus citronné viendra mitiger ses ardeurs. Ces excès dans le tempérament peuvent s’exprimer à travers une animosité soudaine qui dénote un manque de contrôle de soi, un sursaut émotionnel incoercible, ou bien sont visibles par le biais de décisions prises à la va-vite et de façon souvent irréfléchie.

Ainsi peut-on affirmer que cette huile essentielle est favorable à la réflexion détendue, à l’instauration d’un sentiment qui permette de relativiser en toute quiétude, comme si elle repoussait des frontières illusoires placées trop près de nous, des restrictions opprimantes qui nous garrotteraient dans nos actions, ce qui, in fine, deviendrait source d’agacerie et d’agitation, deux effets indésirables beaucoup plus prompts à se manifester chez le sanguin pour lequel, généralement, le sang, comme le veut l’expression, ne fait qu’un tour. Mais celui-ci doit apprendre à se dominer : la Balance doit demeurée équilibrée, de même que les Gémeaux qui ne sont pas un signe double pour rien. Quant à l’échanson céleste… qu’adviendrait-il s’il ne parvenait pas à réguler le débit de son amphore le plus justement possible ? On observerait le même genre de désastres tels que relatés dans certains épisodes célèbres de la mythologie grecque : des divinités revanchardes détruisant tout sur leur passage (signe d’un excès manifeste d’Uranus dont les Verseaux sont tributaires : quand dans un signe quel qu’il soit une planète s’exprime en trop mauvaise part, on voit surgir des perturbations graves).

Modes d’emploi

  • La diffusion est souvent donnée comme la voie royale par laquelle utiliser l’huile essentielle d’eucalyptus citronné. C’est vrai, mais à condition de ne pas en abuser, de même que son olfaction directement au flacon (elle reste assez longtemps « dans le nez »).
  • Par voie externe, l’application pure en geste d’urgence est possible. Mais, généralement, prévaut la dilution de l’huile essentielle dans une huile végétale (5 %), car elle présente l’inconvénient de tous les aldéhydes terpéniques sur ce point, c’est-à-dire une dermocausticité, certes limitée par rapport aux phénols par exemple, mais qui peut causer des échauffements et de vives sensations d’irritation.
  • La voie orale est celle qui demeure la moins recommandée. Quand je vois des posologies journalières de deux gouttes trois fois par jour… je me demande ce qui passe par la tête des gens. L’huile essentielle d’eucalyptus citronné, c’est comme celle de lavande fine, elle gagne à s’employer par voie externe (je pense aussi qu’il faut cesser de décrédibiliser les remèdes externes par rapport à ceux que l’on absorbe per os, comme si ces derniers pouvaient s’enorgueillir de cela pour une raison qu’il reste à déterminer. De cette opposition dedans-dehors, il y en aurait nécessairement un plus « noble » et plus sérieux que l’autre ?).

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Bien qu’il n’en existe aucune connue, certains aromathérapeutes demandent d’être prudent durant les trois premiers mois de la grossesse.
  • L’essence d’eucalyptus citronnée, découverte dès 1882, s’orienta premièrement en direction de la parfumerie. Elle fut si demandée par cette industrie que durant les années 1970 elle comptait encore au nombre des huiles essentielles très prisées, à condition qu’elle présentât des taux de citronnellal et de citronnellol acceptables. Avant même de s’arrêter à la case médecine, l’huile essentielle d’eucalyptus citronné fut accaparée par la cosmétique et la savonnerie.
  • Le bois qu’offre l’eucalyptus citronné est de grande utilité pour la construction, tant des bateaux, des habitations, que des ouvrages d’art (ponts). Il servit aussi pour façonner des étais de mine et des traverses de voies de chemin de fer. De plus, il offre une excellente pâte de fabrication du papier.

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