Rig-Véda et Soma

Qu’est-ce que le Rig-Véda ? Il s’agit d’un corpus de textes écrit en sanskrit védique contenant un ensemble de 1028 hymnes découvert au XIX ème siècle et dont l’origine remonte à trois ou quatre millénaire, à l’époque où la tradition orale était de mise et qui vit les brahmanes véhiculer ces hymnes durant près de trente siècles.

Dans ce corpus, on trouve pas moins de 120 hymnes entièrement consacrés à une plante, le Soma. Et ce simple mot est présent plus de 1 500 fois dans le Rig-Véda. Or, on est longtemps resté sans savoir qu’elle était précisément cette plante dont les louanges sont chantées par le Rig-Véda, malgré de nombreuses hypothèses à ce sujet.

Qu’est donc le Soma ? S’il est difficile de répondre à cette question d’emblée, peut-être est-il plus facile de répondre à la question suivante : que n’est-il pas ?

A aucun endroit dans le Rig-Véda on parle de feuilles, de fleurs, de graines de Soma. Il n’a donc ni feuilles, ni fleurs, ni graines ! Quelle « plante » est capable d’un tel prodige, à considérer qu’il s’agisse bien là d’une plante telle que nous l’entendons. Le Soma a-t-il disparu pour qu’on n’en trouve plus trace aujourd’hui ? Chercherions-nous dans une mauvaise direction ?

En revanche, l’on compare le Soma à « une mamelle éclaboussée par les gouttes de son lait divin. »  On le désigne comme une « colonne de l’Univers », d’un « pilier du ciel ». On trouve aussi des références à sa « tête » ainsi qu’à son « pied »… On compare sa peau rouge et brillante à celle du taureau, animal que les prêtres védiques révéraient par-dessus tout.

Le Soma, « œil unique », est « resplendissant le jour, et la nuit d’une blancheur argentée. »

Un petit extrait ? Allez…

Nous avons bu le Soma, nous sommes devenus immortels,

Arrivés à la lumière, nous avons trouvé les dieux.

Qui peut désormais nous nuire, quel danger peut nous atteindre,

Ô Soma immortel !

Enflamme-moi comme le feu qui naît de la friction,

Illumine-moi, fais-nous plus fortunés…

Boisson qui a pénétré nos âmes,

Immortel en nous mortels…

© Books of Dante – 2010

Le Ginkgo (Ginkgo biloba)

Synonymes : Arbres des Pagodes, Arbre aux 40 écus, Arbre aux 1 000 écus.

Voici l’espèce végétale la plus ancienne du règne végétal. En effet, il s’agit, comme disait Darwin d’un véritable « fossile vivant ». Il fait partie d’un groupe végétal qui se développa au Carbonifère, à la grande époque des prêles géantes, il y a de cela 200 à 250 millions d’années.

Il a aussi l’avantage d’être un arbre qui peut vieillir durant des millénaires. Si on s’accorde généralement pour dire que 2 000 ans est un âge respectable pour un ginkgo, d’autres auteurs n’hésitent pas à doubler la mise !

Il allie donc la longévité de l’espèce ainsi que celle de l’individu. Les exemples abondent afin de démontrer l’inextinguible résistance du ginkgo : aucun insecte ne se nourrit de ses feuilles et de ses fruits, il résiste contre les champignons, il supporte pollution atmosphérique et pollution du sol. Un ginkgo calciné lors de l’explosion atomique à Hiroshima le 6 août 1945 produisit une pousse le printemps suivant !

La persistance du ginkgo peut aussi s’expliquer par la durée de sa période de reproduction bien qu’il devienne sexuellement mûr entre 40 et 70 ans ! Il est, à ce titre, une curiosité botanique. Il ne produit ni fleur, ni fruit, ni graine. Ce que l’on considère comme étant le fruit du ginkgo n’est autre qu’un énorme ovule qui sera fécondé ou pas, si un arbre mâle (1) traîne par-là ! A l’instar d’un animal ovipare, le ginkgo pond des œufs ! Il se singularise donc des plantes vivipares sur ce point.

Aussi, cet arbre sacré planté à proximité des temples et des pagodes asiatiques a-t-il fait montre de sa capacité à traverser les âges.

Cet arbre est de plus en plus souvent planté en milieu urbain. En ville, on trouvera souvent des ginkgos femelles (2) ce qui a pour effet des pluies de fruits qui, s’écrasant au sol, se transforment en une bouillie visqueuse à l’odeur désagréable. On leurs préfère les pluies d’or automnales ; en effet, la frondaison jaune beurre chute sur une très courte période et met en évidence l’origine d’un des surnoms du ginkgo, l’arbre aux 1 000 écus, bien qu’il y ait là sur-enchère en ce qui concerne le nombre d’écus qu’on estime à 40 ! Cette appellation est directement liée à l’arrivée du ginkgo en Europe au XVIII ème siècle (3). Après être passé par la Hollande et l’Angleterre, le ginkgo pose ses racines sur le sol français dans les années 1770. Le premier ginkgo planté en France (1778) se trouve à Montpellier, 3 rue du Carré du Roi, c’est donc encore un tout jeune arbre.

C’est, bien évidemment la médecine chinoise qui s’intéressa la première aux vertus thérapeutiques du ginkgo. C’est Chen Nong qui le décrivit comme stimulant circulatoire 2 700 ans av. JC. bien que ce fait soit contesté, des doutes persistent quant à l’identité réelle de l’arbre évoqué.

A son arrivée en Europe, Linné en fit une description détaillée et Goethe venta ses feuilles bilobées dans un poème et en fit pousser dans son jardin.

Ce n’est qu’au début du XX ème siècle, qu’on amorça les recherches pharmacologiques. En 1936, un médecin hongrois, Szent Györgyi, mit en évidence la présence et le rôle des fameux flavonoïdes contenus dans les feuilles du ginkgo.

Depuis, on a multiplié les applications thérapeutiques, à tel point que cet arbre primitif offre des espoirs dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.

Cet arbre caducifolié est originaire des forêts de Chine centrale où il s’y épanouit entre 400 et 1 200 m d’altitude. Il nécessite un climat humide sans toutefois supporter des températures inférieures à 2°C durant la saison froide. Les sols riches, sableux et bien exposés lui vont à ravir. 

ImageLa feuille bilobée du ginkgo…

Le ginkgo en thérapie

Si on utilise encore les graines en Asie, ce sont surtout les feuilles qui intéressent la pharmacopée occidentale. Le ginkgo a une action générale sur le système sanguin (favorise la micro-circulation, veinotonique, vasodilatateur, fluidifiant sanguin, etc.). Ainsi donc, il intervient sur les troubles d’origine vasculaire et veineuse suivants : insuffisance veineuse des membres inférieurs, artérite des membres inférieurs, varices et œdèmes des membres inférieurs, hémorroïdes, déficit de la circulation artérielle cérébrale et périphérique. Dans ce dernier cas, le ginkgo a donc une incidence sur la mémoire, la concentration, les réflexes, la vigilance et l’humeur

Étant antioxydant, le ginkgo lutte contre le vieillissement cellulaire (le ginkgo fait lobjet détudes sur la prévention du vieillissement. Il pourrait protéger des radicaux libres nos centrales énergétiques cellulaires, les mitochondries).

La plante peut être associée à d’autres veinotoniques comme le fragon, la vigne rouge et le marronnier d’Inde en ce qui concerne la circulation veineuse. Quant à son action sur la concentration et la mémoire, on peut l’associer à la petite pervenche.

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(1), (2) : l’espèce est dioïque.

(3) : Les nouveaux remèdes naturels, Jean-Marie Pelt, Arthème Fayard, 2001 : « En 1780, M. de Pétigny, se rendit à Londres et y rencontra un horticulteur qui possédait cinq jeunes plants de ginkgo poussant dans un même pot. Considérant qu’il y avait là une étonnante pièce de collection, notre Parisien s’en porta acquéreur. Mais le commerçant londonien exigeait un prix prohibitif. M. de Pétigny invita à dîner le vendeur réticent en vue de lui faire découvrir les meilleurs crus français. Ce repas bien arrosé émoussa la résistance du commerçant et le marché fut conclu pour 25 guinées, payées rubis sur l’ongle. L’histoire veut que, dégrisé, l’horticulteur anglais ait tenté, en vain, de retrouver son convive d’un soir. Celui-ci avait filé « à l’anglaise » avec ses cinq ginkgos, payés… 40 écus. »

© Books of Dante – 2009

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