Autrefois rasayana selon l’Ayurvéda, aujourd’hui nootrope d’après la science moderne, l’ashwagandha ne cesse de faire parler de lui ces dernières années. Accompagné de la rhodiole, du ginseng et du schisandra, l’ashwagandha fait partie de cette petite tribu de plantes dites adaptogènes, profitables tant aux malades qu’aux personnes en bonne santé, chez lesquelles elles augmentent un certain nombre de capacités physiques et cérébrales, sans grever l’organisme d’aucune sorte.
Beau week-end à toutes et à tous :)
Gilles
Synonymes : ajagandha, withania, ginseng indien, ginseng ayurvédique, cerise d’hiver, cerisier en grappes, baie du sommeil, coqueret somnifère,
Étant donné son aire de répartition géographique, qui s’étend de l’Afrique à la zone frontière entre la Chine et l’Inde, l’ashwagandha a pu, depuis des millénaires, profondément infuser dans la plupart des systèmes médicaux présents dans cette vaste étendue et que l’on ne peut bien évidemment pas réduire au seul Ayurvéda (bien que le terme même d’ashwagandha signe une appartenance manifeste à ce système médical), puisque la médecine yunâni (qui lui donne le nom d’asgand et le reconnaît comme tonique, aphrodisiaque et emménagogue) et la tradition médicale siddha surent, toutes les deux, profiter des propriétés thérapeutiques de l’ashwagandha et abandonner derrière elles des traces de ces emplois parfois fort anciens, à l’image de l’Ayurvéda qui a inscrit depuis au moins 3000 ans des informations relatives à l’utilisation de l’ashwagandha dans la littérature médicale ayurvédique dont la Charaka Samhita et la Sushruta Samhita (deux traités contemporains de Dioscoride qui traita, lui aussi, de l’ashwagandha dans sa Materia medica) et dont le dernier comprend le nom d’un très célèbre chirurgien de l’antiquité indienne, Acharya Sushruta, qui aurait vécu au VIe siècle avant J.-C. Il explique que, selon lui, l’ashwagandha est à ranger au nombre des rasayana, c’est-à-dire des substances dites « rajeunissantes », parce qu’elles endiguent le phénomène de vieillissement du corps et de l’esprit, qu’elles augmentent l’énergie mentale et physique disponible, donc, globalement, la longévité (le mot adaptogène n’est, bien sûr, par prononcé, mais on en pressent quelque peu l’idée)1. Furent même distinguées les Medhya rasayana relatives à l’esprit, aux capacités mentales et intellectuelles2 et les Vajikarana rasayana à réputation aphrodisiaque. Il est bien possible aussi que l’ashwagandha ait tiré bénéfice de cette racine miraculeuse dont parle l’Atharva-Véda, la jangida, douée de qualités superposables à celles de l’ashwagandha, en particulier son statut aphrodisiaque (on n’en dirait pas tant des rôles de panacée et d’amulette magique tenus par la jangida). Dans la foultitude de compositions intégrant la racine d’ashwagandha mises au point par les médecines du sous-continent indien, on en dénombre un certain nombre fabriqués par les vaidyas (médecins pratiquant l’ayurvéda) et qui sont de véritables potions d’amour dont on peut acheter les succédanés auprès des guérisseurs mobiles qui vendent des plantes médicinales dans les rues indiennes depuis des générations. Par aphrodisiaque, on a entendu que l’ashwagandha est censé conférer au sexe de l’homme la force du cheval. Ce qui est intéressant dans le sens où dans le nom même d’ashwagandha se dissimule un animal aux allures équines. Effectivement, ce nom se décompose comme suit : açva, « cheval » et gandha, « parfum, odeur ». De là, on en a déduit, un peu bêtement, il faut bien l’avouer, que la racine fraîche de l’ashwagandha possédait la même odeur qu’un cheval (de surcroît mouillé, selon certaines interprétations fantaisistes que, heureusement, l’on ne croise pas très fréquemment). Le mot gandha à lui seul est très éclairant : on le retrouve dans celui qui désigne les gandharvas, esprits masculins pendants des apsaras (ou « nymphes »). Or, certains de ces gandharvas, s’ils sont parfois figurés sous l’allure chimérique d’un oiseau et d’un homme, adoptent aussi la conformation hybride mieux connue par chez nous de l’homme et du cheval sous la forme du centaure. Curieusement, on observe une frappante similitude entre le centaure grec et le gandharva indien, en ce que ce dernier, gardien des herbes magiques indiennes (dans chaque herbe se dissimule un gandharva ou une apsara), passe pour un fin connaisseur des herbes médicinales, à la manière de son homologue grec qui ne consent pas facilement à révéler ses secrets aux hommes (à l’exclusion de Chiron). Ces êtres mythiques mi-homme mi-bête, habitant au sein même des odeurs émises par les plantes médicinales (« Les chevaux qui se meuvent au milieu des parfums », selon Angelo de Gubernatis), pourraient représenter, dans le cas de l’ashwagandha, la force « animale » de la plante déployée par son gandharva protecteur. Ainsi, lorsqu’on se remémore la réputation sulfureuse du centaure, un être que l’on dit libidineux au point de sauter sur tout ce qui bouge, on saisit mieux l’association qui lie cet être mythologique à l’ashwagandha aphrodisiaque. Selon l’Ayurvéda, bien que cette plante médicinale puisse se charger des défaillances sexuelles menant, par exemple, à l’infertilité et à l’impuissance, l’ashwagandha ne se résume pas qu’à une simple fonction de nature sexuelle. Si l’ashwagandha est tonique et fortifiant, c’est avant tout pour entraver la faiblesse générale et l’asthénie nerveuse, amender la sensation de brouillard mental que l’on peut éprouver en certaines occasions, ainsi que l’insomnie, ce qui concorde bien avec son statut de Medhya rasayana. En effet, l’Ayurvéda le fait intervenir pour un grand nombre de troubles respiratoires (bronchite chronique, asthme, phtisie, etc.), comme remède topique et oculaire, en cas de douleur et d’inflammation… Si, aujourd’hui, l’on devait traduire toutes ces anciennes données en termes modernes et y ajouter les découvertes récentes au sujet de l’ashwagandha, le libellé évoluerait nécessairement. L’on pourrait commencer par dire que l’ashwagandha est un support des systèmes nerveux, cérébral, immunitaire, reproducteur, cardiopulmonaire et endocrinien3. Comme elle agit de manière aspécifique, elle est à même de balayer selon un spectre très large. Et c’est dans ce sens que l’ashwagandha est tout à fait légitime pour porter l’étiquette d’adaptogène, faisant prioritairement en sorte que l’homéostasie soit respectée et le stress diminué. Ce dernier intervient en raison des déséquilibres induits par le milieu et qui sont d’origines très diverses (tension mentale et physique imposée à l’individu, toxiques environnementaux, etc.). L’exposition à un stress prolongé (distress chronique surtout) est un véritable poison pour le corps et l’esprit, induisant des phénomènes neurodégénératifs au niveau des cellules neuronales tels que caryorrhexie, condensation et fragmentation de la chromatine, espacement intracellulaire, bleb membranaire. Ajoutons à cela que l’accumulation de dérivés actifs de l’oxygène peut conduire à l’apoptose des cellules, et l’on trouvera là de bonnes raisons de se prémunir du stress. Comment inhiber son action ? Il existe plusieurs moyens parmi lesquels le respect d’un régime alimentaire ne comprenant ni alcool ni café (qui sont à proscrire, malgré les apparences sournoises), la suppression du tabac, la pratique d’une activité physique et/ou sportive régulière, le respect d’une durée de sommeil adéquate, la relaxation et la méditation, des pratiques sociales saines, etc. Il s’agit de privilégier l’une de ces propositions ou la totalité et de s’y garder, sans, bien sûr, oublier le rôle que peuvent tenir les adaptogènes dans l’équation. Pourquoi ne pas faire appel à ce miracle mystérieux qu’est l’ashwagandha ? Non seulement il permet au corps et à l’esprit de s’adapter sans trop de dommage à telle ou telle situation4, mais en plus de cela il autorise tel ou tel individu à activer l’une ou l’autre de ses propriétés : l’anxieux y trouvera l’apaisement, l’asthénique chronique un ressourcement durable. Les plantes adaptogènes « possèdent cette intelligence profonde qui fournit au corps ce dont il a besoin »5, comme si, en pénétrant dans l’organisme d’une personne, elles « sentaient » intuitivement, dès l’abord, de quoi il retourne (même si l’on peut affirmer cela de toutes les plantes médicinales…). Mais il faut savoir se départir des éléments qui relèvent du marketing et considérer une plante comme ce qu’elle est, tout simplement, sans en faire des tonnes à son propos. Car à force de la barder des meilleures intentions du monde (ce qui confine à la panacée qui n’existe pas et donc au mirage thérapeutique), on peut être amené à en faire un usage déplorable, aussi bien pour soi-même que pour la plante. Or, on le sait bien, l’ashwagandha n’échappe pas à cette évidence et ne peut pas être utilisé ad vitam æternam (d’autant plus que, selon la perspective d’une « gestion » écologique de la ressource, ça n’est pas tenable). L’ingestion d’un adaptogène (ou autre) ne peut pas se satisfaire d’elle-même et doit nécessairement s’accompagner de multiples modifications de son état d’être et de faire, parfois conséquence mais surtout complément de l’administration de l’adaptogène proprement dite. Il en va des adaptogènes comme des huiles essentielles : s’il est incontournable d’être secondé par le coup de pouce d’une poudre de plante et/ou d’une huile essentielle bien choisie(s), il ne faut cependant pas tout attendre des plantes dont l’objectif n’est pas de se substituer à la volonté et à l’intention, mais simplement de les réveiller et de les accompagner sur le difficile chemin du retour à soi-même.
L’ashwagandha est un élégant petit sous-arbrisseau de la famille des Solanacées, atteignant une hauteur d’environ 75 cm à plein développement (et jusqu’à 2,5 m de façon exceptionnelle). Au ras du sol, on lui voit un pivot central à partir duquel s’érigent des rameaux flexueux et s’enfonce une racine longiligne formée de fragments tubérisés, à la surface ridulée, de couleur beige à fauve. Qui souhaite les extraire du sol devra prendre en compte qu’elles y pénètrent profondément (jusqu’à 40 cm). Les sols secs et rocailleux, parfois arides à semi-désertiques, sur lesquels s’épanouit l’ashwagandha peuvent laisser redouter le pire pour la plante : mais celle-ci n’est jamais plus prospère qu’elle évolue sur un sol sec dénué d’eau (elle rappelle beaucoup la griffe du diable sur ce point). Cet environnement hostile ne l’empêche pas de déployer de grosses feuilles ascendantes (caractéristique variable selon le climat, ce me semble…), couvrant des rameaux droits ascendants et pubescents. Ces feuilles dessinent un ovale à grosses nervures, dont la clarté tranche avec le vert franc des limbes (tel qu’on lui voit sous climat tempéré ; en effet, celles de l’ashwagandha des zones plus arides paraissent un peu pelucheuses, au point que la verdure des limbes n’est plus aussi marquée). A l’aisselle de ces ellipses de texture assez épaisse naissent des fleurs en cloche à cinq pétales velus et jaune verdâtre, tout à fait typiques des Solanacées (très comparables à celles de la belladone, surtout). Ces fleurs étonnantes forment à terme de petites baies rondes d’un centimètre de diamètre dont la caractéristique consiste à s’enfermer, à l’image des « amour-en-cage », au centre d’une enveloppe végétale formée des cinq carpelles soudés entre eux et dont la structure évanescente laisse deviner, avec l’âge, la couleur rouge orangé vif de ces baies.
D’est en ouest, l’ashwagandha se répartit aux continents asiatique et africain. Bien que présent à l’ouest de la Chine, cette plante ne prospère pas dans les zones les plus orientales de ce vaste pays. En revanche, elle est très présente dans le sous-continent indien (Sri-Lanka, Inde, Népal, Pakistan), s’étend au Proche-Orient (Israël, Irak, Arabie-Saoudite) et se rencontre non loin de là, en Afrique (Égypte, Mozambique, Afrique du Sud, et même jusqu’aux atlantiques îles Canaries). En Europe du Sud, il arrive de croiser l’ashwagandha en quelques rares zones méditerranéennes particulièrement bien exposées. Partout ailleurs en Europe, l’on a essentiellement affaire à de l’ashwagandha cultivé par les jardins botaniques et les laboratoires de recherche pharmaceutique (Pologne, Allemagne, Suisse, Grande-Bretagne).
L’ashwagandha en phytothérapie
Le joli feuillage de l’ashwagandha n’a pas incité le physico-chimiste à l’exploration de ses tissus, non plus que les baies, petites billes rouge vif, dont on entrevoit que rarement les bienfaits dans la littérature. Bien qu’elles recèlent l’une et l’autre des substances fort intéressantes6, c’est majoritairement la partie souterraine de l’ashwagandha qui a fait l’objet des études de recherche scientifique les plus poussées. C’est d’ailleurs dans ce sens-là que nos propos vont maintenant se diriger, en abordant tout d’abord ces lactones stéroïdiennes que sont les withanolides qui présentent beaucoup d’analogie avec les ginsénosides du ginseng, d’où le surnom de ginseng indien que l’on octroie communément à la plante dans plusieurs langues. Parmi eux, se trouvent les withanolides A-R (on reconnaît au withanolide D une action thérapeutique majeure), les sito-indosides VII-X, la withaférine A (impossible de ne pas la nommer quand l’on aborde l’ashwagandha), la viscolactone, les withasomniférols, enfin des substances propres uniquement à la racine de l’ashwagandha : les withanosides I-XI. A cela il est possible d’ajouter des saponines stéroïdiennes, mais surtout des alcaloïdes de même nature tels que anaférine, somnine, somniférine, tropine, withanine, isopelletiérine, ashwagandhine, ashwagandhinine, anahygrine, cuscohygrine, etc. Parmi les polyphénols, on distingue quelques acides phénoliques (acides chlorogénique et isochlorogénique) et flavonoïdes (rutine, quercétine). Quelques corps lipidiques (acides gras) et protéiques (acides aminés : tryptophane, acide glutamique, acide aspartique, glycine, alanine, cystine, tyrosine) complètent le tableau. Enfin, quelques traces d’essence aromatique méritent d’être relevées, ainsi qu’un formidable (soi-disant) taux de fer.
Propriétés thérapeutiques
- Tonique, fortifiant, nootrope7, adaptogène, sédatif du système nerveux, stabilisateur du comportement et de l’humeur, neuroprotecteur, myéoloprotecteur, inducteur du sommeil, favorable au repos et à la relaxation, antidépresseur, éclaircissant de l’esprit
- Anti-oxydant8, antiradicalaire, inhibe la peroxydation des lipides, protecteur face au stress oxydatif, anti-inflammatoire puissant9
- Cytoprotecteur, anti-néoplasique, antidégénérateur, inhibe la croissance tumorale et métastatique par réduction de l’angiogenèse10, inducteur de l’apoptose, anti-proliférant, chimio-préventif, augmente la radiosensibilité des cellules cancéreuses
- Aphrodisiaque, soutient le bon fonctionnement de la fertilité masculine11
- Cardioprotecteur, cardiotropique, abaisse la pression artérielle, augmente le taux d’hémoglobine sanguin (hématopoïétique), augmente la quantité de globules rouges et blancs, hypotenseur, favorise une meilleure oxygénation du sang12, anticoagulant
- Hépatoprotecteur, hypoglycémiant, hypolipidémique, antidiabétique
- Anti-infectieux : antifongique, antiviral, antibactérien, antiseptique, anti-protozoaire ; immunopotentialisant
- Inotrope (réducteur de l’activité locomotrice), nutritif des tissus osseux et musculaires, chondroprotecteur
- Favorise la repousse capillaire, retarde le blanchissement des cheveux
- Diurétique
- Analgésique
- Antileucotriène, anti-asthmatique
- Fébrifuge
Usages thérapeutiques
- Troubles du système nerveux : stress chronique (biologique, physique et chimique), trouble anxieux généralisé, nervosité, tension mentale, hyperactivité, TDAH, trouble bipolaire, TOC, schizophrénie (réduction du stress et de l’anxiété), insomnie (amélioration de la qualité du sommeil chez les personnes âgées), limite le nombre de réveils nocturnes (ce qui, en réduisant la latence du sommeil, c’est-à-dire le temps nécessaire à l’endormissement, augmente la durée totale du sommeil), troubles de la mémoire13, de la cognition et de l’apprentissage, maladies neurodégénératives (sclérose en plaques, maladie de Huntington, maladie de Parkinson14, maladie d’Alzheimer : à travers ces diverses maladies, l’on observe des pertes de mémoire, une capacité réduite d’acquérir de nouvelles informations, la déficience de compétences pratiques. En ce qui concerne strictement Parkinson, des lésions et une perte de cellules nerveuses a lieu au sein même de ces régions cérébrales qui produisent la dopamine, c’est-à-dire la substance noire du cerveau)
- Surmenage, épuisement nerveux, burn out, anémie, asthénie, fatigue saisonnière, grande fatigue chronique, fatigue surrénale, convalescence après épisode infectieux, hospitalisation (risque infectieux, fatigue)
- Troubles de la sphère respiratoire : toux, bronchite, emphysème, tuberculose (adjuvant), éosinophilie pulmonaire tropicale
- Maladies infectieuses : paludisme, leishmaniose, parasitose à trypanosomes, SARS-CoV et SARS-CoV-2
- Troubles locomoteurs : arthrite, polyarthrite rhumatoïde, goutte, rhumatisme articulaire, faiblesse musculaire
- Affections cutanées : furoncle, ulcère, dermatose immunodépendante (lupus), alopécie légère à modérée
- Hypothyroïdie
- Troubles des sphères génitales masculine et féminine : impuissance, stérilité, oligospermie, amélioration des fonctions sexuelles chez la femme15
- Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hypertension artérielle, leucopénie (il s’agit d’une chute du nombre de leucocytes sanguins ; en ce sens, l’ashwagandha peut intervenir dans le cas d’une leucopénie induite par l’utilisation de médicaments anticancéreux tels que la cyclophosphamide)
- Affections cancéreuses : sarcome, cancer (sein, prostate, côlon, intestin, col de l’utérus, ovaires, thyroïde, poumon, cerveau, peau)
- Diabète de type II (l’ashwagandha diminue la glycémie et l’insulinémie sanguines, les lipides sanguins et les marqueurs du stress oxydatif)
- Dyspepsie flatulente
Modes d’emploi
- Décoction de racine sèche d’ashwagandha dans un volume d’eau estimé à un litre : déposez 5 g de cette racine et portez vivement à ébullition, puis réduisez nettement le feu afin de mener une décoction pendant 5 à 10 mn. Après quoi, laissez infuser 10 mn supplémentaires hors du feu et à couvert.
- Poudre de racine (mode d’emploi le plus fréquemment usité en Occident) : comptez un à deux grammes répartis au cours de la journée (si l’on fait le choix de la poudre abritée dans des gélules gastro-résistantes, l’on rencontre moins de difficulté pour quantifier de si petites quantités. Par bonheur, des magasins spécialisés dans le domaine qui nous occupe – je pense en l’occurrence à Terra éléments, par exemple – fournissent, avec les poudres de plantes qu’ils commercialisent, de petites cuillères doseuses en plastique, parfaitement conçues pour l’usage qui nous intéresse. Après avoir déposé la poudre au fond d’un verre, on verse par-dessus de l’eau tiède, puis on mélange bien afin d’obtenir un liquide homogène et, en principe, dénué de grumeaux (il est préférable d’absorber tout de suite cette préparation avant qu’une partie de la poudre ne se redépose au fond du verre). On rencontre parfois la poudre des feuilles d’ashwagandha : il est recommandé de procéder de la même manière que précédemment. Afin de renforcer l’efficacité de la poudre d’ashwagandha, on suggère souvent d’ajouter à la préparation aqueuse que je viens d’exposer une fraction de lipides (huile de coco, ghee), qui favorisent la métabolisation des principes actifs de cette racine. C’est l’ashwagandha garita ayurvédique. En tous les cas, il faut savoir que l’ashwagandha gagne énormément à être absorbé conjointement à un corps gras.
- Teinture alcoolique de racines sèches : comme il est possible de se procurer de ces racines dans le commerce spécialisé, il est autorisé d’imaginer une « teinture maison » en procédant comme suit : plongez 1/5 de ces racines débitées en petits tronçons dans 4/5 d’alcool à 70° pendant au moins trois semaines. Durant ce laps de temps, veillez à secouer vigoureusement et quotidiennement la préparation. De cette teinture, l’on fera l’usage quotidien suivant, semblablement à ce que l’on peut faire d’un extrait alcoolique de plante fraîche : 20 à 25 gouttes diluées dans un demi-verre d’eau tiède trois fois par jour.
Note : le commerce spécialisé offre bien d’autres préparations alternatives telles que des extraits liquides en ampoule et capsule, des gélules d’extrait standardisé à haute teneur en withanolides, ainsi que, mais plus rarement, un extrait CO2 supercritique s’attachant à exploiter non pas la puissance thérapeutique de la racine d’ashwagandha, mais celle de l’huile contenue dans les graines des fruits de Withania somnifera, autrement dit une quantité anecdotique négligeable difficilement exploitable, mais dont on connaît au moins les propriétés émétique et antifongique.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Récolte : la plante fraîche met à disposition ses feuilles dont on peut faire une infusion théiforme, ainsi que ses fruits assez analogues à ceux de son cousin alkékenge ou coqueret. En ce qui concerne ses racines, l’observance doit être un peu plus stricte, puisque l’extraction ne se destine qu’aux racines ayant atteint la fin de la deuxième année de vie de la plante. Elle devra être préférée de nature biologique, puisque cette plante est globalement menacée dans son milieu d’origine. Elle disparaît, dit-on, en raison de la déforestation (sic), et surtout parce que depuis une trentaine d’années environ, elle est devenue une coqueluche victime de son succès. Aussi, localement, n’hésite-t-on pas à retirer du sol cette racine (comme ailleurs on l’a fait pour la griffe du diable ou la rhodiole), quitte à épuiser un filon en quelques années pour remplir une marmite qui n’est déjà pas bien pleine. Mais il est vrai que l’écologie, c’est un truc de riches… Bref, si l’on souhaite obvier à la délicate question de la destruction des richesses végétales, l’on optera donc pour la culture de l’ashwagandha, réalisée en bio ou par ses propres moyens, ce qui s’avère possible pour assurer ses besoins personnels. A cette occasion, précisons la vertu bio-accumulatrice de la racine d’ashwagandha : c’est-à-dire qu’elle est particulièrement douée pour extraire du sol tout ce qui s’y trouve, y compris, hélas, les métaux lourds, que l’on retrouvera à terme dans la racine, devenant de fait inutilisable. Il faut donc se méfier du terrain où l’on souhaite implanter l’ashwagandha avant toute mise en culture et éventuelle déconvenue.
- Ce ne sont pas les quelques effets indésirables de l’ashwagandha (excitation, toux, inappétence, constipation, hyposialie, crampes nocturnes, éruptions cutanées) qui lui doivent d’être inscrit sur la liste B de la pharmacopée française. Pour rappel, cette liste estime que les substances qui y figurent possèdent des effets indésirables potentiels supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu, ce qui ne peut être qu’une blague de mauvais goût, tant les propriétés et usages de l’ashwagandha ont été étudiés et établis. C’est qu’il ne faudrait pas que cet aphrodisiaque naturel vienne concurrencer un médicament comme le viagra qui se vend comme des petits pains !… En terme d’effets secondaires, on a remarqué de la somnolence (normal !…), des maux de tête et quelques désordres gastro-intestinaux (nausée, vomissement, diarrhée). Quelques cas de lésions hépatiques ont été répertoriés, la dysfonction hépatique survenant à la suite de la prise d’ashwagandha avec de multiples médicaments anxiolytiques. Mais, hormis ces cas marqués par l’abus, l’ashwagandha ne présente pas de toxicité systémique notable comme l’ont notifié de nombreuses études sur ce sujet.
- Interactions médicamenteuses : l’ashwagandha n’est pas compatible avec des médicaments sédatifs, anxiolytiques, antidépresseurs16, barbituriques, anti-épileptiques, immunosuppresseurs, luttant contre l’hypertension (digoxine) et le diabète, enfin ceux ayant pour charge de régler une hyperthyroïdie (l’ashwagandha étant lui-même un stimulant thyroïdien, sa prise concomitante avec un médicament augmentant l’activité de la thyroïde pourrait conduire à une thyrotoxicose).
- Enfin, dans tous les derniers cas suivants, il sera prudent de ne pas faire intervenir l’ashwagandha : grossesse (serait à même de provoquer une fausse couche), allaitement, chez l’enfant trop jeune, en cas de préparation imminente à un acte de chirurgie opératoire, en cas de cancer de la prostate hormonodépendant (en effet, comme nous l’avons indiqué plus haut, l’ashwagandha augmente le niveau de testostérone circulant dans l’organisme). Et, dans tous les autres cas, on se souviendra de ne pas faire de l’ashwagandha un traitement au long cours (trois mois consécutifs maximum).
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- « L’ashwagandha est classé comme un rasayana utilisé pour promouvoir la santé physique et mentale, assurer la défense contre les maladies et les facteurs environnementaux défavorables et arrêter le processus de vieillissement » (Source).
- Curatif de l’esprit, l’ashwagandha est capable, tout comme le gotu kola, de favoriser la formation des dendrites cérébrales, compensant et réparant si besoin le réseau pré-existant.
- L’ashwagandha augmente la sécrétion des hormones thyroïdiennes T3 (triiodothyroxine) et T4 (thyroxine), améliore les sécrétions gonadiques et normalise les sécrétions surrénaliennes en abaissant notamment le niveau du cortisol.
- L’ashwagandha permet d’accroître le niveau global d’énergie, la force à fournir et le temps durant laquelle on devra l’appliquer, maximise l’endurance et la résistance au froid… D’un point de vue plus psychique et mental, la mémoire immédiate, générale et à court terme s’améliore, de même que concentration et attention. De plus, sous l’influence de l’ashwagandha, il a été remarqué que le temps de réaction face à une nouvelle information diminue alors que parallèlement les fonctions cérébrales la traitent beaucoup plus rapidement qu’à l’habitude. Enfin, l’ashwagandha émousse les déficits cérébraux que rencontrent fréquemment les personnes âgées.
- animamundiherbals.com
- Dans les baies, l’on trouve des tanins, des acides aminés, ainsi que des flavonoïdes. Quant aux feuilles, elles se composent de substances identiques, auxquelles s’ajoutent des alcaloïdes, des acides phénoliques, mais surtout ce qui fait la spécificité de l’ashwagandha, ce sont des withanolides et des withanones, bien plus fréquents dans les feuilles que dans la racine qui, elle, a absorbé toute l’attention des chercheurs.
- Le mot nootrope a été forgé par le chimiste roumain Corneliu E. Giurgea (1923-1995) dans les années 1970 en unissant les deux racines grecques nöos, « penser » et tropein, « guider ». C’est par ce terme que l’on désigne principalement les substances qui agissent sur les fonctions cérébrales (mémoire, apprentissage) lorsque celles-ci sont altérées (ce qui distingue très nettement le nootrope de l’adaptogène). « Dans de nombreux cas, les nootropes améliorent la plasticité des érythrocytes et inhibent l’agrégation, ce qui améliore les propriétés rhéologiques du sang et augmente son flux vers le cerveau » (Source). De nombreuses autres plantes adaptogènes sont également classées parmi les nootropes : le ginkgo, le ginseng, la rhodiole, le schisandra, le guarana, le maca, le gotu kola, la bacopa, l’éleuthérocoque, etc.
- L’ashwagandha augmente le taux de glutathion dans le foie et la vessie, réduit l’activité du TNF-α (facteur de nécrose tumorale), accroît l’activité d’enzymes telles que la superoxyde dismutase et la catalase, enfin, inhibe les effets de l’interleukine-1 (IL-1) et de son isoforme pro-inflammatoire, IL-1β.
- Réduit la quantité de protéines inflammatoires (IL-10) et les marqueurs inflammatoires (CRP, IL-6, TNF-α).
- L’ashwagandha présente l’intérêt de pouvoir être utilisé conjointement à la radiothérapie et aux médicaments anticancéreux de la chimiothérapie classique, sans causer d’énormes effets secondaires à l’économie générale et tout en minimisant les dommages causés à l’ADN par les cellules cancéreuses.
- Dans un vieil article daté de 1983, on peut lire que l’ashwagandha inhiberait la fertilité masculine, alors qu’il est capable, in fine, d’augmenter le nombre des spermatozoïdes, leur motilité, ainsi que leur viabilité. Plus que de serrer la ceinture (d’Aphrodite !), l’ashwagandha et sa force de cheval empêche la réduction du niveau de testostérone, mais également des hormones lutéinisante et folliculostimulante. Si l’on associe ces derniers effets à ceux-ci – abaissement du cortisol sanguin, maintien et production de DHEA (androsténolone, impliquée dans la production de testostérone), gestion du stress – l’activité sexuelle masculine s’en trouve davantage facilitée (sans compter que l’ashwagandha module aussi l’activité de neurotransmetteurs et d’hormones associés au désir sexuel : dopamine, sérotonine, prolactine, corticostérone…).
- « VO2 max est la quantité maximale d’oxygène qu’une personne peut utiliser pendant une activité intense. C’est une mesure de la condition physique du cœur et des poumons. Avoir un VO2 max optimal est important pour les athlètes et les non athlètes. Un faible VO2 max est associé à un risque de mortalité plus élevé, tandis qu’un VO2 max plus élevé est associé à une source de maladie cardiaque à faible risque » (Source).
- « Le déficit de mémoire est l’un des principaux effets négatifs du stress chronique. Le système cholinergique module la mémoire non seulement à travers les cellules neuronales, mais aussi via des interactions avec des cellules non neuronales, suggérant que la microglie peut influencer la fonction synaptique et la plasticité, contribuant à la cognition et à la fonction mémoire » (Source).
- « La pathologie de la maladie de Parkinson entraîne la dégénérescence des neurones dopaminergiques en accumulant des corps obscènes, de l’α-synucléine, en abaissant les antioxydants, en augmentant l’inflammation neuronale et en modifiant la forme des neurones » (Source).
- « Une remarquable étude pilote de 2015 sur la fonction sexuelle des femmes a révélé que parmi 50 femmes, celles qui prenaient de l’extrait de racine d’ashwagandha avaient une fonction sexuelle améliorée, une excitation plus facile, une lubrification plus facile, de meilleurs orgasmes et une satisfaction sexuelle globale améliorée. Alors que les sociétés pharmaceutiques continuent de se jeter sur un ‘viagra femelle’, l’ashwagandha semble à la hauteur de sa réputation, en cochant toutes les cases » (Source).
- Parmi eux, l’on trouve « la réboxétine (douleur testiculaire et dysfonctionnements éjaculatoires), la sertraline (diarrhée sévère), l’escitalopram (myalgie, douleurs épigastriques, nausées, vomissements, syndrome des jambes sans repos et toux sévère) et la paroxétine (myalgie généralisée, ophtalmie et hypertension oculaire) » (Source).
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