Nouveau livre : le jardin d’Hécate

Hécate… Les trois petites syllabes qui forment son nom contiennent en elles-mêmes bien des mystères, terme suggérant une initiation muette. Or, dans ces pages, il sera question de rapporter les paroles de la déesse à travers les nombreux symboles qui la caractérisent depuis des milliers d’années. Par exemple, le chiffre trois est l’un d’entre eux. Mais il en existe bien d’autres encore, que nous aurons l’occasion de rencontrer au fur et à mesure de nos pérégrinations qui nous mèneront parmi les plantes qu’abrite le bois sacré de la déesse.

Son jardin n’est pas qu’une simple collection de plantes établie dans la hâte et selon un ordre fantaisiste à l’initiative d’un jardinier insouciant. Il est surtout le fruit d’une réflexion menée il y a des centaines d’années et qui, de gré à gré, effleure dans certains textes antiques, alors que d’autres – rarissimes – donnent en partie l’identité de ces plantes, bien que, en aucun cas, on puisse parler de savoir encyclopédique à cet endroit. Ce legs, qui souffre parfois d’inexactitudes, quand il n’est pas ponctué de dubitatifs points d’interrogation, est néanmoins une précieuse matière. Cependant, il faut rester conscient qu’un long temps nous sépare de la genèse de ce savoir. Les informations dont nous disposons aujourd’hui, aussi lacunaires soient-elles, nous rappellent les biais impondérables existant entre la source d’un texte et celui qui en prend connaissance. La distance qui nous éloigne de ces anciens écrits, les traductions multiples qui en ont été faites, les interprétations contradictoires qui en ont été données parfois, sans compter cette « manie » qu’avaient les anciens auteurs grecs et latins d’utiliser un seul terme pour désigner plusieurs objets et différents mots pour n’en signifier qu’un seul, tout cela suscite une sensation de tâtonnement qui résulte en ceci : l’idée que je me fais de telle plante décrite dans tel ouvrage, concorde-t-elle avec ce qu’il cherche véritablement à transmettre ? De la vessie à la lanterne, bien qu’elles éclairent toutes deux, la nuance n’est pas mince. Aussi, moins bien qu’imaginée, pouvons-nous dire que la flore qui pousse dans le jardin de la déesse Hécate confine à l’imaginaire et à une forme de perception qui ne saurait se soumettre à une seule et stricte observance scientifique, même si, nous le verrons, des éléments de cette nature, empruntés à une époque plus moderne, seront conviés au fil du texte afin d’en conforter la thèse.

Les quelques dizaines de plantes présentes au cœur de l’ensemble qu’est le bois sacré n’ont pas pour seule vocation d’être ornementales, quand bien même chacune d’entre elles possède une forme de beauté qui lui est personnelle. En effet, comment ne pas s’extasier devant la délicate architecture des fleurs de l’aconit ? De même, est-il possible de passer outre le velouté soyeux des feuilles du dictame, de négliger le pédoncule serpentin du cyclamen ? Nous aurions encore mille raisons de tomber en admiration devant ces plantes qui, au-delà d’être des assemblages botaniques complexes, sont aussi ce que l’on appelle des simples, c’est-à-dire des entités naturelles dans ce qu’elles ont de plus pur. Malgré la singularité qui les particularise, ces plantes n’en sont pas moins douées de qualités dont l’ambivalence apparente pourrait les distinguer en raison d’un truchement artificiel consistant à les ranger dans des groupes solidement étiquetés. A l’examen attentif du jardin d’Hécate, il n’est guère possible de se borner uniquement à en catégoriser les plantes à l’aide d’associations arbitraires, puisque, dans le cadre qui nous intéresse, les clés de détermination dépassent la simple logique de l’herbier.

Le jardin d’Hécate transpire d’une forme d’harmonie dont on ne peut faire l’économie sous prétexte de ne considérer que les divers éléments qui le constituent, en omettant au passage le fait que chacune des plantes de ce jardin entretient des liens parfois fort ténus avec la déesse. Après les avoir analysées, il a été possible de faire « parler » Hécate.

Dans cet ouvrage, nous ne nous contenterons pas exclusivement de dresser un « inventaire » médico-magique de la flore dont Hécate est la maîtresse. Si, en effet, le jardin de la déesse est l’axe médian de ce travail, il est souhaitable de préciser qu’un certain nombre d’étapes préalables devront être franchies avant de pouvoir pénétrer au sein de ce jardin. C’est sur la base de cette volonté que nous mettrons en évidence la corruption dont a été victime la déesse Hécate au fil des siècles, une divinité qu’on a accusé d’être malfaisante au point que les noirs desseins qu’on lui a souvent prêtés ne pouvaient se réaliser sans ses prétendus talents d’empoisonneuse. Or, l’étude minutieuse des plantes qui peuplent son jardin dément cette idée ; elle est aussi un excellent outil permettant de nuancer les paroles de ceux – tous des hommes – qui cherchèrent à habiller la déesse des oripeaux de la vilenie, quitte à en faire un avatar « diabolique ».

Comme c’est le cas de beaucoup d’autres figures féminines – de la Déesse-Mère à la Femme en réalité –, Hécate a subi, bien malgré elle, les méfaits d’une patriarcalisation excessive. C’est pourquoi ce livre, dans toute sa modestie et son imperfection, se veut un hommage rendu à une divinité dont on a beaucoup à apprendre, et cela qu’on soit une femme ou un homme.

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J’espère que cela vous a plu. Si vous êtes convaincu et que vous en voulez davantage, c’est par là :

ISBN : 978.2.9546426.5.9
Format royal (16*24), 212 pages, intérieur noir & blanc
Couverture : Édouard Muller/Gilles Gras
Prix (y compris frais de port et traitement) :

Tarif France : 24,45 €

Tarif Europe : 31,15 €

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