Le giroflier (Syzygium aromaticum)

Synonymes : géroflier, girofflier, girroflier, gyroflier, caryophyllon, quarunfel (de l’arabe), ki shê-kiang (du chinois : « bec d’oiseau »), rose noire.

Il existe, au sujet du clou de girofle, un imbroglio qui tient au fait que le nom qu’on lui donna autrefois – caryophyllus – était déjà connu et employé avant même l’introduction de cette épice sur le sol européen. C’est pour des raisons que nous allons préciser qu’il a été choisi puis octroyé à ce nouveau venu. Selon l’étymologie, ce mot est constitué de deux racines grecques. La plus évidente, phullon, fait référence soit aux feuilles soit aux pétales. Quant à la seconde, les avis sont partagés. Première hypothèse : l’on a le choix d’y voir le mot káryon, qui veut dire « noyau », relativement au nœud hypertrophié où sont insérées les feuilles opposées du giroflier. Secondement, il faudrait y voir plutôt le mot karuon, celui-là même que l’on réservait au noyer. Ainsi, le giroflier aurait été appelé caryophyllus en raison de la similitude de ses feuilles avec celles du noyer. Ce qui, dans un cas comme dans l’autre, ne me console guère. Signalons tout de même que káryon, si parfois il fait référence à la noix (terme générique), désigne aussi tout objet s’apparentant à une graine, un corps sphérique (sans qu’il soit nécessairement d’origine végétale). Me concernant, il m’a toujours semblé qu’il pouvait avoir quelque rapport avec la « tête » du clou de girofle qui forme comme une « boîte » ronde enfermant le secret de son identité (à moins qu’il n’y ait là une confusion entre le clou de girofle et la noix de muscade dont on a longtemps pensé qu’elle était le fruit du giroflier). Chose certaine cependant, c’est que la plante que Pline nomme caryophyllon n’a pas de rapport avec le clou de girofle, non plus que la caryophyllata que l’empereur romain Constantin offrit au pape Sylvestre Ier au début du IVe siècle après J.-C. L’on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que les Grecs et les Romains n’eurent point connaissance de l’existence du clou de girofle que les marchands arabes s’attacheraient plus tard à mettre en lumière, la première mention « européenne » du clou de girofle étant due au médecin spécialisé en obstétrique Paul d’Égine au VIIe siècle, information pour le moins palpitante si l’on en juge par l’ancien nom botanique latin que portait autrefois le giroflier : Eugenia caryophyllata. Cela nous rapproche d’Alexandrie où Paul d’Égine vint faire une partie de ses études et où le clou de girofle était déjà connu dès le IIe siècle après J.-C. Quelle raison peut bien me mener à croiser toutes ces informations ? Eh bien, du fait que, tout d’abord, le mot eugenia, provenant du grec eugenios, signifie « bien né ». Il n’y a donc pas de raison de ne pas le connecter à un médecin que l’on connaissait sous le surnom d’« accoucheur », qui plus est lorsque l’on sait qu’il fut le premier « Européen » à rendre compte des vertus de cette nouvelle plante médicinale. Or, sachez aussi que « sainte Eugénie, fille du gouverneur d’Alexandrie, au IIIe siècle, sous le prénom d’Eugène, entra dans un monastère dont il devint abbé. Une femme qui en était amoureuse, dépitée de se voir repoussée, l’accusa de viol »1. Une fille qui se fait passer pour un garçon : pourquoi ? Peut-être parce qu’« elle agit toujours [en son fors intérieur] comme la réplique féminine ou syzygue de quelque mâle »2. Jetez un œil sur l’actuel nom botanique latin du giroflier : Syzygium aromaticum. Étonnant, n’est-ce pas ? En astronomie, une syzygie est la conjonction ou l’opposition entre la Lune et le Soleil, correspondant aux périodes de Nouvelle Lune et de Pleine Lune. Où l’on entrevoit l’idée de hiérogamie. En effet, selon Jung, la notion de syzygie (du grec suzugia et du bas latin syzygia) se réfère bien à l’idée d’union (ou de réunion), d’assemblage et d’accouplement des principes masculin et féminin, distincts l’un de l’autre, mais néanmoins unis l’un à l’autre. Pas mal pour une plante impliquée dans la conception et dans l’obstétrique, et à laquelle on a donné le nom d’une sainte que la tradition a fini par désigner comme patronne des sages-femmes, son huile essentielle ayant même été surnommée « accoucheuse », au même titre que Paul d’Égine.

Afin de prendre le contre-pied de ces dernières données, voici quelques informations croustillantes issues de La Magie naturelle de Jean-Baptiste Porta : « Si vous voulez rétrécir la porte de la nature, c’est-à-dire la vulve, parce qu’elle s’est élargie à la suite de l’enfantement, et si d’aventure cela déplaît au mari, vous vous y prendrez ainsi : pilez des noix de galle bien menu, ajoutez-y un peu de poudre de girofle, laissez bouillir cela dans du vin. Trempez-y alors un drap et appliquez celui-ci sur la vulve »3. Surprenant que celui qui promeut l’ouverture soit aussi celui qu’on convie pour la fermeture !

Bien plus tard, l’on observe que l’histoire du clou de girofle fut l’occasion de soumettre l’écologie aux sombres diktats de l’économie. Initialement transporté par les marchands arabes et débarqué dans les ports italiens de Venise et de Gênes, le commerce du clou de girofle prit une tout autre tournure dès lors que les Portugais décidèrent de s’en mêler. N’attendant pas que le clou leur parvienne, ils prirent la décision de remonter à sa source, qu’ils découvrirent quelque part en Indonésie, au début des années 1500, avant de mettre la main sur les îles Moluques, véritable paradis du giroflier, et dont ils demeurèrent les seuls maîtres pendant environ un siècle, jusqu’en 1605, année lors de laquelle ils se firent expulser des Moluques par les Hollandais qui y imposèrent un monopole drastique sur le commerce du clou de girofle. Cette suite d’interruptions et de remplacements explique la cherté de cette épice aussi bien au Moyen âge que durant la Renaissance, un effet premièrement visible qui s’accompagne d’un autre, autrement plus vicieux, car a priori invisible : l’on sait que pour accroître le monopole sur le clou de girofle, les Hollandais procédèrent à la destruction de tous les arbres non placés sous leur contrôle immédiat. Rapidement, se développèrent d’étranges maladies épidémiques inconnues jusqu’alors. « Des observateurs attentifs attribuèrent ce phénomène aux exhalations d’un volcan qui étaient, auparavant, neutralisées par les corpuscules aromatiques que les girofliers diffusaient dans l’air »4. Bien joué, mais c’est à moitié faux : on sait bien depuis que lorsqu’on retranche ou ajoute en masse une espèce d’un écosystème, celui-ci s’en trouve perturbé comme on a put le voir à cette époque (même chose avec les lapins en Australie, les cerfs en Nouvelle-Zélande, etc.). Bien après ces tristes événements, l’intendant gouverneur de l’île Maurice, le Lyonnais Pierre Poivre (1719-1786) utilisa cette possession française comme base arrière afin de mener des expéditions en direction des Moluques. Après plusieurs tentatives infructueuses, il parvint à chiper soixante-dix pieds de giroflier et à en développer la culture, de même que celle du muscadier, sur l’île Maurice et à la Réunion. Plus tard, en 1793, le giroflier fut introduit en Guyane française.

Faisons maintenant emprunter à nos propos un tour inattendu : on le sait, quand on ne parvient pas à expliquer objectivement un fait, on élabore un stratagème en construisant ce qui, après coup, sonne tout à fait comme une légende. De façon imprévisible, j’ai lu qu’on allait cueillir le giroflier à même le nid de cet oiseau mythique présent dans différentes mythologies (Amérique centrale, bassin de la mer Méditerranée, Extrême-Orient, péninsule arabique, Éthiopie), c’est-à-dire pas moins que le phénix apparenté au bénou égyptien, au simurgh perse ou encore au feng huang chinois. Mais ne nous perdons pas dans le détail, réunissons plutôt ce qui, autour du phénix, en fait l’unité.

Hortus sanitatis (1491)

Mot d’origine probablement phénicienne, phénix semble vouloir évoquer le rougeoiement de la couleur du sang, comme le suggère une partie de son allure : en effet, cet oiseau gigantesque (qui pourrait être un aigle, un paon, un faisan ou un oiseau de paradis) possède un poitrail purpurin et des rubis en guise de serres. Son splendide plumage – collier d’or fin et ailes rutilantes – lui confère une incomparable beauté. On le connaît pour vivre par cycle de 100, 500, 1000, 1461 ou 129 494 ans et se livrer régulièrement à une auto-combustion par le feu qu’il anime lui-même après s’être juché sur un palmier où il construit un nid, bûcher funéraire en fait, composé de brindilles aromatiques. Après s’être enduit d’aromates (encens, myrrhe, etc.), il alimente la flamme en battant des ailes, se consume et renaît de ses cendres après trois jours de combustion. De là, on en a déduit plusieurs symboliques qui lui sont propres : la longévité, l’immortalité, la vie après la mort, le rajeunissement éternellement reconquis sur les forces destructrices (donc la résilience face à l’inéluctabilité du déclin et du destin), la sagesse divine, enfin la chasteté, car, ne s’accouplant pas, il se féconde lui-même (mais c’est oublier que le 2 procède de l’1, que l’unique se prodigue de lui-même : c’est l’apanage des divinités fondatrices). Sa couleur rouge, le fait qu’il naisse à l’Orient, en se levant à l’aube comme le soleil et qu’il ressuscite avec l’aurore, en a fait la manifestation zoologique du premier dieu, le dieu créateur, c’est-à-dire le soleil, le seul à connaître tous les secrets. Très simplement, « le phénix est, sans qu’il soit possible d’en douter, le soleil à son lever et à son coucher »5, plus précisément ce double phénomène du soleil qui naît chaque jour et meurt chaque soir, de même qu’il le fait à l’échelle d’une année entière, transitant du zénith au nadir. C’est pour cela que, où qu’on se trouve sur Terre, l’on rencontre de nombreuses versions du même mythe : par exemple, il était naturel pour les Égyptiens que le phénix arrivât de l’Arabie, c’est-à-dire exactement de l’endroit où le soleil surgissait pour eux. Idem pour le giroflier. « Les Arabes [le cherchaient] dans l’Inde, les Indiens aux Moluques, ainsi que l’on cherchait toujours plus loin, sans jamais le rejoindre, l’oiseau solaire, l’oiseau oriental, le phénix, le soleil »6. L’on a tout de même réussi à mettre la main sur le giroflier, mais pas sur le phénix qui nous échappe continuellement. C’est pourquoi la plupart des symboles de ce dernier ne peuvent s’appliquer totalement au giroflier. De là découla néanmoins le fait que le giroflier fut déclaré plante solaire et arbre de lumière, expliquant que ses clous soient d’obédience solaire, formant un encens de même nature, profitable aux natifs du Lion (éventuellement du Bélier), favorisant l’aspect masculin et donc yang, permettant l’acquisition plus aisée de gains financiers et matériels par exemple. Parce qu’il est aphrodisiaque, on a fait du giroflier une plante de Vénus (bien qu’il le soit moins que la cannelle). Mieux, on l’attribue parfois à Mercure, ce qui peut trouver une pertinence dans le fait que l’aura de l’huile essentielle de clou de girofle est bleue : elle entre donc directement en résonance avec le chakra de la gorge avec lequel Hermès entretient beaucoup d’affinités. De façon synthétique, voici donc dans quelles circonstances employer le clou de girofle en tant que drogue magique : pour renforcer l’élément Feu, pour purifier les habitations, pour protéger les personnes, pour se libérer émotionnellement, pour retrouver courage, confiance et apaisement. Ne nous plaignons donc pas.

Après cela, faire état de la carrière thérapeutique du giroflier, des temps médiévaux à d’autres plus modernes, va paraître bien terne. Au Moyen âge, compte tenu de sa rareté, il était beaucoup moins courant en cuisine que gingembre, poivre et cannelle. C’est pourquoi il se réserva essentiellement à la médecine. C’est ainsi qu’il apparaît dans l’œuvre de Macer Floridus, sous le nom de gariofilus : fortifiant du foie et de l’estomac, une fois broyé « dans du lait de vache [il] donne une boisson qui porte à l’amour et fortifie la mémoire »7. Quant au gariofiles hildegardien, bien qu’extrêmement chaud, il est mêlé de la douce humidité du miel. Hildegarde n’en fait pas un aphrodisiaque mais en remarque les vertus gynécologiques, ce qui nous rapproche un peu de sainte Eugénie, une relation aussi lisible dans cette constatation : Hildegarde dit que le clou de girofle est apte à conjurer le hoquet, chose que l’on peut atteindre aussi en invoquant… sainte Eugénie ! Outre ce fait saillant, l’abbesse réservait l’usage du giroflier aux lourdeurs de tête avec surdité, à la fièvre, à la goutte et à l’hydropisie. Plus tard, durant la Renaissance, on ajoute aux vertus du clou de girofle, celles de fortifier le cœur, de cicatriser les blessures et de guérir les ulcères, de soulager les maux de dents (enfin !), d’apaiser la fièvre et de se préserver de la peste, réputation qu’il conservera longtemps, pour preuve ce passage de Lémery : « On larde un citron tout autour avec des clous de girofle et on le porte dans sa poche pour le sentir souvent dans le temps des maladies épidémiques, afin de se garantir de la contagion »8. Ce dernier ajoute des qualités cordiales, céphaliques et stomacales au clou de girofle, tandis que Chomel le conseille dans bien des cas de défaillance (vertige, syncope, léthargie, etc.).

Il nous reste à stationner encore un moment au cœur du Grand Siècle pour dire tout l’attachement de la cour pour le clou de girofle, le roi Louis XIV allant jusqu’à faire parfumer ses vêtements par des vapeurs odorantes de muscade, d’aloès, d’orange, de musc et de giroflier, ce qui ne devait oblitérer en rien une hygiène corporelle déplorable. On opérait à peu près de la même manière avec la poudre de la maréchale destinée à parfumer les perruques, sans se soucier de savoir si elle avait aussi le pouvoir de faire fuir ce qui ne devait pas manquer de s’y cacher (la girofle met les mites en déroute, c’est déjà ça ! ^.^). « Ce serait dans son hôtel, où réside actuellement la Pharmacie centrale de France [NdA : au 7 rue de Jouy à Paris 75004 ; il accueille aujourd’hui le tribunal administratif de Paris] que la maréchale d’Aumont préparait cette fameuse poudre »9 dont les ingrédients sont renseignés par Simon Barbe dans Le parfumeur françois (1693) : santal citrin, souchet, acore calame, cannelle, bois de rose, benjoin, storax, citron, labdanum, orange, coriandre, fleurs d’oranger, rose de Provins, iris, lavande, marjolaine et, donc, clou de girofle. Avis du « parfumeur françois » sur la question : « Je ne dis pas que c’était là quelque chose de bien fleurant, loin de là »… Au siècle suivant, au Tivoli, parc de loisirs et haut lieu du libertinage parisien, se déroulaient des pratiques pas moins étonnantes, en l’occurrence des bains prénuptiaux aromatisés de vin, suivis de massages aux onguents et huiles parfumées avec du musc, de la rose, de la vanille, de l’ambre et du clou de girofle. J’imagine le truc, du moins j’essaie. Comment ça se terminait ? En libations orgiaques ? ^.^

Assujetti au même caprice que le cannelier, le giroflier peut varier du simple au quadruple selon qu’il est cultivé ou bien qu’on lui fiche la paix : ainsi, sa taille oscille-t-elle de 4 à 15 m, formant une cime conique, voire pyramidale, constituée de rameaux grêles couverts de feuilles persistantes, coriaces, lancéolées, dont le limbe est couvert d’un vert sombre luisant et lustré, à l’exception de leur pointe qui est rouge. Cette même surface foliaire est criblée de « trous » à son revers : il s’agit là de poches sécrétrices d’essence aromatique.

Au sommet des rameaux s’épanouissent des fleurs disposées en cymes. Tout d’abord tubuleuses, de couleur vert jaunâtre crémeux (la même couleur qu’à l’intérieur d’un avocat à peu près), qui, si on les laisse se développer, commencent par s’empourprer légèrement puis à se carminer davantage, s’ouvrant sur quatre pétales clairs au centre desquels explose un faisceau d’étamines jaunes, rappelant par là celles de son cousin le myrte. Puis, ces fleurs forment des baies allongées de couleur violet foncé contenant une amande oblongue et noirâtre, sillonnée longitudinalement.

Le giroflier se plaît sur des sols riches bien drainés, exposés à beaucoup de soleil et de chaleur (ça, on sait pourquoi). Et, à l’image du phénix, on peut dire du giroflier qu’il sait faire place nette autour de lui, évinçant les autres espèces en se comportant à la manière d’autres myrtacées, les eucalyptus par exemple (il faut dire que ces arbres sont de véritables arrosoirs à substances bactéricides !).

Originaire d’Indonésie, le giroflier s’est déplacé à d’autres lieux de la planète offrant des conditions adéquates à sa culture : l’Inde et le Sri Lanka, l’Afrique (Tanzanie, Madagascar), le Brésil, enfin toutes les îles dont nous avons parlé (Réunion, île Maurice, Antilles, etc.).

Fiche pédagogique botanique réalisée par le pasteur Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826) au XVIIIe siècle. Musée Jean-Frédéric Oberlin à Waldersbach (Bas-Rhin).

Le giroflier en phytothérapie

« Le giroflier, qui fut longtemps l’épice la plus coûteuse, fut considéré, pendant des siècles, comme une panacée. Son utilisation en médecine pourrait être beaucoup plus répandue qu’elle ne l’est de nos jours » 10. On peut dire que depuis rien n’a bien évolué sur ce point, l’huile essentielle restant marginale en aromathérapie, le clou de girofle j’en parle même pas ! Si, justement, parlons-en, car on ne peut le résumer à des images convenues : être piqué sur l’oignon du pot-au-feu ou sur l’orange en guise de décoration attrape-poussière un peu – euh – ringarde !… Élevons donc un peu le propos, car ce clou est un objet pour lequel on est allé jusqu’à trahir et à tuer dans les siècles passés.

On dit des clous de bonne qualité qu’ils doivent être de couleur brun rouge assez clair, épais et laisser suinter un peu de l’essence qu’il leur reste quand on les presse (ce qui n’arrive jamais parmi les clous de girofle disponibles sur le marché, même biologiques ; enfin, si ça vous est déjà arrivé, dites-le), ce à quoi ils n’ont guère de difficulté, puisqu’ils peuvent contenir jusqu’à 1/5 de leur masse en essence, composée à grande majorité d’eugénol (70 à 85 %), un phénol responsable de l’engourdissement de la bouche qui le goûte. Cette sensation localisée et passagère s’accompagne d’une saveur piquante et légèrement amère sublimant l’arôme chaud et épicé du clou de girofle. Hormis cette fraction aromatique, l’analyse biochimique du clou de girofle a mis en évidence la présence de tanins (dont l’eugéniine, substance antivirale intéressante), de gomme, d’un principe amer (la caryophylline), de flavonoïdes (kaempférol, quercétol), d’acides (ursolique, oléanolique) et de divers stérols.

Note :

  • A l’instar des rameaux feuillés du cannelier de Ceylan, ceux du giroflier sont aussi distillés pour en tirer une huile essentielle.
  • Si le clou de girofle n’avait intéressé ni le gourmet ni le médecin, le giroflier aurait pu faire valoir ses fruits qu’on appelait communément antofles (du latin antophylli), mère des fruits (ou des girofles) ou bien encore clous matrices. Intéressant de constater que la relation du giroflier à la gynécologie transparaît même jusqu’aux fruits de cet arbre qui « se trouvent remplis d’une gomme extrêmement odorante et aromatique, et doués de très grandes propriétés, ce qui ne se rencontre pas dans les girofles ordinaires »11. Pierre Pomet a l’air de sous-entendre que les antofles sont le nec plus ultra de ce que le giroflier peut offrir. A défaut, nous saurons nous passer de ces fruits que les Hollandais confisaient afin de pouvoir les emporter partout avec eux sur mer en guise d’antiscorbutique. Nous nous pencherons, humblement, sur les propriétés et usages thérapeutiques du clou de girofle qui, vous pouvez me croire, valent largement le détour.
Clous de girofle au séchage.

Propriétés thérapeutiques

  • Anti-infectieux : antibactérien, antiviral, antifongique, antiparasitaire (contre le paludisme : Plasmodium ; contre la babésiose : Babesia ; contre les parasitoses intestinales : Giardia lamblia ; contre les douves du foie (Fasciola gigantica) et du sang (Schistosoma mansoni), antiseptique
  • Antalgique dentaire puissant, antinévralgique, analgésiant, anti-inflammatoire
  • Apéritif, digestif, stomachique, carminatif, anti-émétique, vermifuge intestinal
  • Stimulant et éveillant général, tonique puissant12, excitant, stimulant physique et intellectuel (favorise la mémorisation)
  • Stimulant des contractions de l’utérus au moment de l’accouchement, emménagogue
  • Aphrodisiaque
  • Sudorifique
  • Cicatrisant
  • Antispasmodique
  • Détoxifiant

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée, colique, flatulences, fermentation gastrique, dyspepsie, parasites intestinaux, nausée, vomissement, hoquet, mauvaise haleine, indigestion, douleurs stomacales et abdominales, intoxication alimentaire, sténose pylorique
  • Troubles de la sphère respiratoire : toux spasmodique, tuberculose, état grippal
  • Affections bucco-dentaires : rage de dents, névralgie, infection, carie, cicatrisation de la pulpe dentaire
  • Affections cutanées : plaie, plaie infectée, ulcère cutané, mycose (pied d’athlète), psoriasis
  • Affections oculaires : orgelet, taie de la cornée
  • Troubles locomoteurs : spasmes musculaires, carie osseuse
  • Troubles de la sphère génitale : impuissance, frigidité
  • Préparation à l’accouchement
  • Asthénie physique et intellectuelle, convalescence
  • Parasitose (gale), insectes (mite, moustique)
  • Prévention des maladies infectieuses (paludisme, choléra)
  • Céphalée

Modes d’emploi

  • Poudre de clou de girofle : 0,50 à 2 g dans un véhicule liquide ou semi-liquide adapté.
  • Infusion de clou de girofle : une cuillerée à café de clous pour la valeur d’un bol d’eau bouillante (pour lotion, compresse, bain de bouche).
  • Teinture alcoolique de clou de girofle.
  • Macération vineuse : broyez grossièrement quatre ou cinq clous et placez-les dans un demi litre de vin rouge pendant une demi journée.
  • Décoction aqueuse ou vineuse de clou de girofle.
  • Clou à mâcher : pour l’hygiène buccale, contre les douleurs bucco-gingivales et dentaires. Voici une recette d’un élixir dentifrice partagé par Joseph Roques : « Prenez : myrrhe, demi-once ; girofle, un gros et demi ; alcool à 32°, huit onces. Faites macérer pendant quelques jours ; filtrez la liqueur et ajoutez-y une once d’alcool de menthe. Cet élixir fort simple et peu coûteux raffermit les gencives et parfume la bouche »13.

Il s’agit là de modus operandi fort simples à réaliser. Sachons néanmoins, pour en revenir à l’observation de Valnet qui ouvre cette seconde partie, que le clou de girofle participa à une foule de préparations plus ou moins connues dont certaines fort prestigieuses comme le laudanum de Sydenham, l’eau de mélisse des carmes déchaux, l’élixir de Garus, le vinaigre des quatre voleurs, l’orviétan, le baume de Fioravanti. On le trouvait encore dans des recettes moins connues comme le spécifique anodin de Paracelse, l’électuaire de satyrio, la bénédicte laxative, la poudre dysentérique, enfin dans la poudre dite contre l’avortement, ce qui me paraît tout à fait curieux, le clou de girofle étant un tonique utérin, il est donc interdit durant toute la grossesse sauf au moment ultime de sa délivrance. A moins qu’il ne s’agisse d’un contre qui veut dire pour…

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les clous se cueillent deux fois dans l’année, la première en été (juillet), la seconde en hiver (décembre), avant que les boutons floraux ne soient complètement éclos, puis mis à sécher au soleil. La production intéresse principalement les arbres dès l’âge de 8 à 20 ans et peut s’étaler durant des décennies (jusqu’à 70 ans d’exploitation selon certaines sources). Chaque arbre peut produire chaque année entre 4 et 8 kg de clous de girofle.
  • En cuisine : « semé par une main discrète », le clou de girofle fait merveille dans les marinades, les courts-bouillons, la plupart des mélanges d’épices (cinq épices, colombo, curry, massalé, garam massala, épices à couscous), bon nombre de plats salés et de pâtisseries (je pense au pain d’épices en l’occurrence). Enfin, n’oublions pas les liqueurs de ménage (cherry, ambroisie, raspail, etc.) qui peuvent accueillir avec bonheur la quantité suffisante de clou de girofle. Le clou de girofle augment la digestibilité des viandes « noires », des poissons gras, du chou, des légumineuses, des champignons, etc.
  • « Il est presque inutile de dire que l’usage des aliments épicés est funeste dans les inflammations, dans les irritations vives. Les personnes d’un tempérament chaud, bilieux ou sanguin, d’une constitution sèche, irritable ; les hémorroïdaires ; les goutteux qui souffrent des entrailles ; les adolescents ; les femmes sujettes aux pertes utérines, à des irritations intérieures ; les hommes ardents, passionnés, enclins à la colère, doivent user avec modération des aliments, des ragoûts épicés. Ces précautions de régime font partie de la science de la vie, elles influent sur nos dispositions morales, sur notre bonheur, notre repos, et nous épargnent bien souvent des regrets amers »14.
  • Par la présence d’eugénol dans leurs tissus, un certain nombre de plantes se distinguent par un parfum de girofle : l’œillet rouge, le basilic sacré (tulasi), la benoîte officinale et la primevère (pour ces deux dernières plantes, ça se déroule au niveau de leurs racines).
  • Autrefois, l’eugénol du clou de girofle était impliqué dans la production de colles, de vernis et d’encres d’imprimerie.

_______________

  1. Julie Bardin, Saints, anges & démons, p. 54.
  2. Esther Harding, Les mystères de la femme, p. 202.
  3. Jean-Baptiste Porta, La magie naturelle, p. 140.
  4. Vittorio Bizzozero, L’univers des odeurs, p. 105.
  5. Angelo de Gubernatis, Mythologie zoologique, Tome 2, p. 210.
  6. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 2, p. 96.
  7. Macer Floridus, De viribus herbarum, p. 169.
  8. Nicolas Lémery, Dictionnaire universel des drogues simples, p. 252. On faisait de même en Égypte antique où des colliers de clous de girofle jouaient un rôle identique.
  9. Bulletin de la société d’histoire de la pharmacie, 1914, p. 144.
  10. Jean Valnet, L’aromathérapie. Se soigner avec les huiles essentielles, p. 267.
  11. Pierre Pomet, Histoire générale des drogues, p. 199.
  12. Ce que résumait non sans humour Joseph Roques dans les lignes suivantes : « La médecine fait rarement usage du girofle ; elle pourrait néanmoins le donner utilement à ces tempéraments inertes, glacés, qui ont à peine essayé la vie, et qui meurent sans avoir vécu. Quelques grains de girofle infusés dans du vin, ou dans de l’alcool, leur donneraient peut-être des nouvelles de ce bas-monde » (Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 1, p. 464).
  13. Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 1, p. 473.
  14. Ibidem, p. 470.

© Books of Dante – 2022

Quand on ne récolte pas les clous de girofle, on laisse libre cours à la formation des fruits.

Le clou de girofle

page5

Le clou de girofle a une histoire et elle dépasse largement le contexte culinaire. Fruit d’un arbre endémique de l’archipel des Moluques en Indonésie, le clou de girofle débute sa carrière en médecine ayurvédique, il y a plus de 3 500 ans. Bizarrement, les Chinois, géographiquement proches, ne s’en seront pas encore emparés. Plus curieux, à une époque assez similaire, on retrouve le clou de girofle en Égypte : des colliers de clous ont été découverts en compagnie de momies. Les Égyptiens de l’Antiquité estimaient que de tels colliers éloignaient les sortilèges. Cela ne vous rappelle rien ? Se balader, où qu’on aille, avec une petite boîte remplie de diverses épices et aromates pendu au cou jouait peu ou prou le même rôle au XVIII ème siècle en France. En Europe du nord, on rencontre une pratique assez semblable : une pomme, ensuite une orange, piquée de clous de girofle, comme protection contre la peste, autre forme de sortilège… [En lire plus ?]

Petit tour d’horizon sur les épices

épices

Qu’est-ce qu’une épice ? Quel « cahier des charges » une plante doit-elle remplir afin d’être qualifiée d’épice ? Tout d’abord, il apparaît important de mentionner que le mot épice provient du latin species qui a plusieurs significations : apparence (sens premier), espèce (sens deuxième) et substance (sens troisième).
Nous abandonnerons le sens premier qui ne nous intéresse pas ici. En ce qui concerne le sens deuxième, quel rapport peut-il exister entre ces deux mots ? Prenons l’exemple du poivre. Au Moyen-Âge, il devient rapidement une monnaie d’échange. De nombreuses expressions font référence à cet état de fait parmi lesquelles cher comme poivre (très cher), payer en espèces (en épices). A propos du sens troisième, il est clair qu’il fait référence à l’épice en tant que substance d’origine végétale dont le but en cuisine est de relever et/ou de parfumer les plats.

Historiquement, l’heure de gloire des épices se situe au Moyen-Âge, quand bien même la fameuse route des épices voit passer depuis l’Antiquité des produits en provenance d’Arabie et d’Inde, par exemple (à l’exception de quelques plantes, la plupart des épices est ou était originaire d’Orient et d’Extrême-Orient). Pourquoi cet engouement médiéval pour les épices ? Sans doute, comme on l’a longtemps pensé, pour masquer la relative absence de fraîcheur des produits par la puissance de leurs arômes… Du tout. Il n’en est rien et c’est résolument faux ! Cet engouement est tout d’abord affaire de goût, mais aussi de luxe et de prestige, eu égard au prix élevé des épices. Au Moyen-Âge, on consomme le poivre, le safran, le gingembre, la cannelle, le clou de girofle et, surtout, l’épice de prédilection, la fameuse maniguette (graine de paradis) aujourd’hui tombée dans un relatif oubli, comme cela a été le cas de certaines autres plantes telles qu’hysope et livèche.
Si les épices sont demeurées pendant longtemps un produit de luxe, donc onéreux, c’est parce qu’elles sont restées sous monopole vénitien jusqu’au XIV ème siècle. Par la suite, Génois, Portugais et Espagnols n’auront de cesse de mettre à bas ce monopole par le biais d’expéditions – l’ère des grandes découvertes -, ainsi que par la mise en œuvre de leurs propres cultures, tel que les Hollandais et les Anglais le firent au XIX ème siècle pour la culture du thé afin de faire tomber le monopole chinois.
Pour la gastronomie médiévale, impossible de se passer d’épices qui, souvent, remplacent le beurre et le sucre dans les préparations : maquereau en pasté, sauce cameline, galettes au cumin, agneau à l’aigre-douce, saumon à la calimafrée, sauce verte aux épices, hypocras, arboulastre en tarte, sans oublier le fameux « 4 épices » à base de poivre, de muscade, de clou de girofle et de gingembre.

Aujourd’hui, les épices se sont relativement vulgarisées. Elles sont devenues moins onéreuses (hormis quelques-unes comme le safran, par exemple, et la cardamome dans une moindre mesure) et beaucoup moins utilisées paradoxalement. Quand on poivre sa salade, on n’a pas toujours conscience des heurts anciens engendrés par la conquête du poivre au cœur d’une guerre économique.
De la même façon qu’une épicerie n’est plus aujourd’hui le commerce d’antan spécifiquement réservé à la vente de ces substances aromatiques et condimentaires, il vous appartient de constituer par vous-même votre propre petite épicerie.

Voici maintenant une nomenclature non-exhaustive des principales épices. Étant donné qu’on n’utilise pas toujours la plante entière pour ses vertus aromatiques et condimentaires, ces plantes ont été classées en fonction de la partie utilisée : racines et rhizomes, feuilles et tiges, fruits et baies, enfin, semences.

Racines et rhizomes : ail, céleri, curcuma, échalote, petit galanga, gingembre, oignon, raifort, réglisse, wasabi, zédoaire.

Feuilles et tiges : absinthe, ache, aneth, basilic, bourrache, cannelle, céleri, cerfeuil, ciboulette, citronnelle, coriandre, estragon, fenouil, hysope, kaloupilé, laurier, livèche, mélisse, menthe, oignon, origan, oseille, persil, romarin, sarriette, sauge, serpolet, thym, verveine citronnée.

Fruits : bergamote, citron, combava, genévrier, muscade, paprika, piment, vanille.

Graines et semences : aneth, anis vert, badiane, cacao, carvi, céleri, coriandre, cumin, fenugrec, fève tonka, fenouil, maniguette, moutarde, nigelle, pavot, poivre, sichuan.

Quelques mélanges d’épices

  • Bouquet garni : persil, laurier et thym.
  • Cinq épices (Chine) : badiane, sichuan, fenouil, cannelle, girofle.
  • Colombo (Asie du Sud) : paprika, cumin, coriandre, gingembre, poivre, cardamome, badiane, girofle, moutarde, safran.
  • Curry (Inde, Asie du Sud-Est) : gingembre, ail, oignon, cardamome, cumin, cannelle, curcuma, piment, poivre, fenouil, fenugrec, girofle, moutarde. Garam massala et tandoori massala sont deux formes de curry dont il existe de nombreuses autres recettes en fonction des localités géographiques.
  • Massalé (Réunion) : coriandre, cumin, fenugrec, moutarde, girofle, curcuma, kaloupilé, muscade.
  • Harissa (Maghreb) : piment rouge, coriandre, carvi, cumin, ail.
  • Pesto (Italie) : basilic, ail, pignons de pin, huile d’olive, parmesan.
  • Pistou (Provence) : basilic, ail, huile d’olive.

A savoir

Il est possible d’employer les huiles essentielles en cuisine en lieu et place des plantes fraîches ou sèches. C’est le cas des suivantes : aneth, baie rose, basilic, cannelle, cardamome, citronnelle, combava, coriandre, cumin, curcuma, estragon, gingembre, girofle, laurier, maniguette, marjolaine, menthe, muscade, poivre, romarin, thym, verveine, ylang-ylang, etc.

© Books of Dante – 2014

Découvrez mon nouveau livre !

Coca-cola en Inde : une énième répétition de l’Histoire

Sous couvert d’investissements, la célèbre marque s’est implantée en Inde. L’idée fut assez bien accueillie par les Indiens, voyant là une manne tomber du ciel. Hélas, le revers de la médaille, c’est que la firme pompe allégrement l’eau des Indiens, asséchant les nappes phréatiques, rejetant les eaux usées dans la Nature, ce qui, immanquablement provoque des dégâts.
De nombreuses manifestations ont eu lieu en Inde afin de s’indigner et de se révolter contre cet état de fait. Malheureusement, elles ont été durement réprimées par le gouvernement indien qui a lui-même été à l’origine de la pénétration du ver dans la pomme.

75530867

Cet impérialisme économique doublé de terreur n’est pas sans évoquer un certain colonialisme marchand… Il rappelle très étrangement ce qu’il se passa dans les îles Moluques il y a quatre siècle déjà. C’est un épisode de l’histoire que j’ai déjà relayé dans un de mes livres et dont je place ici un extrait :

Les îles Moluques – un archipel de plus de 600 îles à proximité de l’Indonésie – ont attiré très tôt, dès le XVI ème siècle, les différentes puissances européennes dont les Portugais, propriétaires des îles jusqu’en 1605 avant de s’en faire déloger par les Hollandais, guerre économique oblige ! Afin de s’arroger le monopole commercial du clou de girofle, les Hollandais procédèrent à la destruction de l’ensemble des girofliers poussant sur les îles Moluques et constituèrent une réserve bien gardée tout en punissant de mort quiconque chercherait à en dérober un plant ! Bref, une terreur politico-économique se mit en place durant le XVII ème siècle, à tel point que l’ensemble des girofliers de l’île de Ternate seront détruits. Dans le même temps, on constata qu’un certain nombre d’épidémies inconnues jusqu’alors ravagèrent la population. Bien entendu, il est fort peu probable que les Hollandais mirent cela sur le compte de la disparition des girofliers dans cette partie de l’archipel, et pourtant…

IndonesiaMalukuIslands

En 1979, un lecteur hollandais du Docteur Valnet lui écrit ceci : « L’une des plus grandes épidémies des îles Moluques, au XVII ème siècle, était les Hollandais eux-mêmes car ils ne détruisirent pas seulement les arbres de Ternate mais aussi toute la population d’autres îles de l’archipel, suspecte de négocier avec les Portugais. Il y a donc bien longtemps que les problèmes de santé sont liés à l’écologie elle-même dépendante des conditions politico-économiques ».

D’hier à aujourd’hui, le scénario n’a guère changé : une puissance économique envahissante, une ressource naturelle à exploiter, enfin des dommages collatéraux (déforestation, pollution, misère, répression, etc., la liste est longue) dont la grande puissance se moque la plupart du temps.

Et dire que le slogan de la firme en 2007 était : Make every drop count ! Trop drôle.

© Books of Dante – 2013