Le gingembre, le roi des épices

Gingembre

Originaire des Indes orientales où il est parfois appelé stringavera, le gingembre, estimé et prisé depuis au moins trois millénaires, est devenu un ingrédient incontournable pour deux médecines ancestrales, l’ayurvéda et la médecine traditionnelle chinoise. Cette dernière utilise le gingembre pour contrer le refroidissement du ch’i au niveau des voies digestives et pulmonaires, de la tête et des articulations. Lorsque nous aborderons plus loin les propriétés et les usages de l’huile essentielle de gingembre, nous constaterons à quel point ces observations sont pleines de bon sens. Au Tibet, il vient en aide aux convalescents, la médecine ayurvédique le préconise pour soulager les articulations et les muscles douloureux. C’est très certainement pour ces raisons qu’on a vu dans la main de gingembre, noueuse, jaune et aromatique, une panacée à l’instar du ginseng. C’est une plante de l’énergie vitale, aussi bien physique que psychique, elle a une place de choix à côté de la cannelle et du clou de girofle… [En lire davantage ?]

© Books of Dante – 2014

Le figuier de Barbarie

figue barbarie

(Opuntia ficus indica)

Sans la présence de ce cactus tout autour de la Mer méditerranée, la Côte-d’Azur n’aurait certainement pas l’allure qu’on lui connaît. Car, comme beaucoup de plantes qui peuplent le pourtour méditerranéen, le figuier de Barbarie vient d’ailleurs, comme son nom ne le laisse pas supposer. Lui, un figuier ? Non, non. Il n’a aucun rapport avec le genre Ficus. Et s’il est dit « barbare », c’est parce que la Barbarie désignait autrefois l’Afrique du nord qui n’est en aucun cas sa patrie d’origine mais un de ses nombreux lieux d’accueil.
Les textes antiques (Théophraste, Pline) parlent bien d’une Herba opuntia, l’herbe d’Oponte, une ville grecque, mais à cette époque, le figuier de Barbarie est inconnu des anciens. Ce terme désignait alors le figuier commun (Ficus carica), c’est-à-dire l’arbre donnant des figues et non notre cactus. Pour tout dire, il provient des zones désertiques mexicaines et a été naturalisé à une époque relativement récente. Rapporté à l’époque de Christophe Colomb, le nopal (son nom mexicain) sera décrit pour la première fois en 1535. Puis, un médecin toscan du nom de Mattioli (Matthiole) le désignera sous son nom d’opuntia peu après afin de permettre sa distinction taxinomique d’avec le figuier commun.
Peu à peu, il s’est déplacé au gré des mouvements humains et aviaires. En effet, l’homme, redoutant encore le scorbut, emportait de ses fruits lors de ses déplacements maritimes, tandis que les oiseaux, en en mangeant les figues, ont dispersé ses graines. C’est pourquoi aujourd’hui on ne le trouve non seulement dans le bassin méditerranéen mais également dans d’autres zones du globe (Inde, Sri Lanka, Australie, Nouvelle-Calédonie, Afrique du sud, Réunion, Madagascar…).

Le figuier de Barbarie est constitué d’un agencement de « raquettes », des cladodes en réalité, qui ne sont pas des feuilles mais des tiges aplaties qui assurent la photosynthèse. Elles sont couvertes d’une matière cireuse, la cutine, qui empêche l’évapotranspiration. A intervalles réguliers, ces cladodes portent des aréoles regroupant deux sortes d’épines : certaines sont longues et pointues, d’autres (appelées glochides) sont de minuscules aiguillons recourbés et sont, malgré leur taille, les plus dangereux, car ils peuvent s’enfoncer facilement dans la peau, dont ils sont ensuite très difficiles à extraire. Entre les mois de mai et de juillet, la floraison forme de grosses fleurs aux multiples pétales dont la couleur la plus commune est le jaune, plus rarement le blanc et le rouge. Elles donnent naissance à des fruits en forme de boule allongée, à la couleur variant du jaunâtre au violacé en passant par le rouge. Tout comme les cladodes, les figues de Barbarie sont dotées des mêmes aréoles présentant les deux types de piquants décrits ci-dessus. D’environ 8 cm de longueur, une figue pèse entre 120 et 150 g. Comestible, lorsqu’on l’ouvre en deux, on découvre une pulpe rougeâtre à laquelle se mêlent de nombreuses petites graines, ce qui en rend la dégustation difficile. Traditionnellement, au Mexique, on utilise ces fruits pour confectionner jus, confitures et boissons fermentées. En Afrique du nord, le figuier de Barbarie est cultivé pour approvisionner les marchés, ailleurs il permet de fabriquer des liqueurs, comme le ficodi sicilien. Il se destine à bien d’autres usages parmi lesquels : former des haies impénétrables autour des habitations, des barrières coupe-feu, l’extraction de colorants alimentaires (jaune, violet), etc. Mais, ce qui va maintenant nous intéresser, ce sont ses propriétés thérapeutiques et cosmétiques. Et nous verrons qu’elles sont très loin d’être négligeables.

Figues_de_Barbarie

Le fruit contient beaucoup de sucres (glucose, lévulose), de la vitamine C, de la pectine ainsi que divers oligo-éléments (cuivre, fer). Très nutritif et astringent, il peut régler des cas de diarrhée et de dysenterie. Cependant, une consommation excessive peut engendrer un phénomène de constipation. Il semblerait que la figue de Barbarie ait une incidence sur les taux de glucose et de cholestérol sanguins qu’elle abaisse. Les fleurs, riches en tanin, mucilage et flavonoïdes, sont elles aussi astringentes et adoucissantes. Elles permettent de soigner diarrhée, irritations intestinales ainsi qu’hémorragies bénignes. Quant aux raquettes, émollientes, elles s’utilisent surtout en usage externe pour venir à bout de douleurs rhumatismales mais également pour faire mûrir les abcès.

Est-ce bien tout ? Pas tout à fait. Depuis quelques années, on voit apparaître en France des produits issus du figuier de Barbarie. L’un d’eux n’est ni plus ni moins que l’huile végétale extraite des graines que contient le fruit. C’est un produit rare et cher (30 € les 30 ml !) dont la puissance dépasse largement celle de l’huile végétale d’argan, c’est dire ! Cette huile végétale, de couleur jaune verdâtre, est essentiellement composée d’oméga 6 (60 %), d’oméga 9 (20 %) et d’acide palmitique (10 %). Elle contient aussi des phytostérols et des tocophérols. Elle est donc assez proche de l’huile végétale de grenadier.
Antiradicalaire, antioxydante, émolliente, régénératrice cutanée, assouplissante, adoucissante, hydratante, nourrissante, elle permet de redonner fermeté et tonicité à la peau. Elle se destine plus particulièrement aux peaux matures, sèches, desquamées, déshydratées… Elle peut donc tout naturellement intervenir en cas de rides et ridules, de crevasses, gerçures, cicatrices et vergetures.
Face à la cherté de ce produit, il est possible de confectionner soi-même un macérât de figue de Barbarie moins onéreux et dont les propriétés, moins puissantes, n’en sont pas moins intéressantes pour couvrir l’ensemble des domaines édictés ci-dessus. Pour cela, il suffit de couper en tranches des figues de Barbarie que l’on place ensuite dans un bocal en verre. Puis on couvre d’huile (de pépins de raisin, par exemple) et on laisse macérer le tout pendant deux à trois semaines avant emploi.

© Books of Dante – 2014

La fève : entre génération et divination

Fève_graines

Inconnue à l’état sauvage, la fève est de culture fort ancienne. Certains sites néolithiques situés en Espagne, Italie, Suisse, Égypte, Grèce, etc. recèlent des traces d’une fève archaïque. Cette plante résistante au froid est capable de s’adapter à bien des sols, autant de qualités qui lui valurent d’être largement cultivée pour la consommation de sa graine, avant de bizarrement tomber en disgrâce durant l’Antiquité, bien qu’elle y ait été encore cultivée. Comment expliquer cet apparent paradoxe ? A quoi bon semer une plante si celle-ci suscite de la méfiance ? Quelle est, par exemple, cette curieuse croyance qui prête aux Égyptiens de l’Antiquité une animosité vis-à-vis de cette légumineuse ? Ils « ne plantent pas de fèves et s’il en pousse, ils ne les mangent pas. Les prêtres ne supportent même pas de les regarder, étant impures à leurs yeux » nous dit Hérodote au V ème siècle av. J.C. Apparemment, cet historien grec ne savait pas tout. Savait-il que pour les Égyptiens, « le champ de fèves » est l’endroit où les défunts attendent la réincarnation, ce que corrobore la lecture de Gubernatis qui indique que les Égyptiens vouaient un véritable culte à la fève ? Aussi, s’ils ne mangeaient pas de fèves, c’était pour une excellente raison : par peur de manger une âme.
Cette seule « croyance » peut-elle valoir le procès fait à la fève en ce cas ? Nous allons voir que bien des personnalités de l’Antiquité ont eu maille à partir avec elle, à travers, parfois, une apologie de la crainte qui peut aujourd’hui nous laisser pantois. Mais… expliquons.

Par l’intermédiaire de certaines lectures, on apprend que le grand philosophe grec Pythagore préféra la mort plutôt que de traverser un champ de fèves, parce que, dit-on, elles le répugnaient. De plus, il aurait vu en elles quelque chose d’animal, lui qui était végétarien… Piètres excuses, à la vérité. Moins une peur qu’une injonction. Si Pythagore s’interdit de traverser ce champ, c’est parce que « les fèves en tant que symbole des morts et de leur prospérité, appartiennent au groupe des charmes protecteurs. Au sacrifice de printemps, elles représentent le premier don venu de dessous terre, la première offrande des morts aux vivants, le signe de leur fécondité, c’est-à-dire de leur incarnation. Ainsi, nous comprenons l’interdit […] au terme duquel manger des fèves était l’équivalent de manger la tête de ses parents » (1). Aussi, l’attitude de Pythagore n’est-elle pas dictée par la répulsion mais par le respect. Quand il refuse de traverser ce champ de fèves – ce qui lui coûta la mort car poursuivi par ses ennemis -, c’est simplement parce qu’il a peur d’écraser les « âmes des trépassés […] entrés provisoirement dans la vie végétale » (2). Huit siècles plus tard, Diogène Laërce – plus connu pour avoir relaté l’oeuvre des autres que la sienne propre – semble être assuré que Pythagore interdisait les fèves car elles ressemblaient fortement à certaines parties de l’anatomie masculine, les testicules. Cette similitude formelle et le fait que la fève se trouve être le lieu où s’incarne les âmes des ancêtres, à travers des symboliques phalliques et funéraires, auront attribué à la fève une puissance génératrice et oraculaire. De là, on glissera vers un présupposé pouvoir aphrodisiaque de la fève, ainsi que vers des interprétations oniriques douteuses. Cicéron indique que la fève est impure, qu’elle gâte le sang, qu’elle fait enfler le ventre et qu’en excitant la sensualité, elle cause de mauvais rêves. Ce qui a fait dire à d’autres auteurs qu’avoir en rêve la vision de fèves, de lentilles ou de pois était de mauvais augure… Bref, nous verrons que ces deux valeurs – génération et divination – transparaîtront pendant longtemps encore.

Très populaire au temps des Romains de l’Antiquité, la fève s’est incrustée profondément dans le paysage italien mais également au-delà, au Moyen-Âge, durant la Renaissance mais aussi à une époque plus moderne. Comme Pline nous l’explique, la fève, durant l’Antiquité romaine, est employée dans le culte des morts car elle contiendrait l’âme des défunts. Mais ne reprend-il pas là les anciennes croyances chères aux Grecs et, avant eux, aux Egyptiens ? Quoi qu’il en soit, dix-huit siècles après Pline, en Italie, on avait coutume de manger des fèves le jour des morts.
Cependant, avant de poursuivre, d’autres éléments antiques s’imposent. Pour élire les magistrats grecs, on faisait appel à des fèves noires et blanches. Ces dernières faisaient que tel ou tel magistrat était désigné par l’ancestrale sagesse. D’autant plus curieux que, beaucoup plus tard, la fève noire apparaît comme celle qui approuve, la blanche comme celle qui rejette, ce que contredit le dictionnaire de Pierre Canavaggio : « pour connaître la solution d’un problème dont la réponse se traduit par un oui ou par un non, on met en vrac dans un vase des fèves noires et des fèves blanches. Après avoir secoué le vase autant qu’il le faut pour bien les mélanger, on retire les fèves une à une, à l’aveuglette. Si la dernière est blanche, la réponse au problème est oui » (3). On retrouve cette dualité de la fève noire et de la fève blanche au XIX ème siècle en Italie ainsi qu’en Russie. En début d’année, un gâteau dans lequel on place une fève de chaque couleur est confectionné. La noire représente le roi, la blanche la reine. Si un homme tire la noire et une femme la blanche, c’est un signe qui les prédestine à s’unir. Symbolique conjugale qui rappelle assez la réputation aphrodisiaque de la fève, ce que corrobore cette autre coutume : une jeune mariée tirant la fève en début d’année serait assurée d’avoir un enfant mâle à venir. La fève est donc impliquée dans le mariage et la conception. Par ailleurs, n’y a-t-il pas une ressemblance frappante entre la forme d’une fève et celle d’un embryon, comme l’indiquait Eugène Canseliet et, avant lui, Jamblique au IV ème siècle ap. J.C. ?

fèves

A travers l’ensemble de ces anecdotes, il faut voir un très ancien héritage venu de la Rome antique, les Saturnales. Il s’agissait de fêtes dédiées à Saturne durant le mois de décembre, à proximité de Sol Invectus. A ces occasions, un « roi » était désigné par tirage au sort grâce à une fève. Ce dernier pouvait agir en « roi » à sa guise pendant trente jours puis, à l’issue, « devait se couper la gorge sur l’autel du dieu qu’il venait d’incarner ». Ce que nous nommons épiphanie n’est qu’un très lointain souvenir de ces Saturnales romaines. Aujourd’hui, cela ne se clôture plus par une mise à mort, mais c’est l’occasion d’un moment de convivialité comme ça l’était déjà au Moyen-Âge, où le « roi » de cette journée était souvent tourné en dérision et brocardé. Bien que traditionnellement associée au début de l’année, cette pratique que l’on connaît à travers l’épiphanie, n’a pas toujours été cantonnée à un seul créneau temporel. Par exemple, au Moyen-Âge et même plus tard, on confectionnait de tels gâteaux lorsqu’on souhaitait donner aux repas une « gaieté bruyante ». De même, les femmes qui venaient juste d’accoucher offraient fréquemment ce type de gâteaux.
On voit à travers ces exemples que l’antique soit-disant répulsion a été dépassée. L’impact qu’aura eu la fève au Moyen-Âge y est sans doute pour beaucoup. Inscrite au Capitulaire de Villis sous le nom de faba major, la fève, ainsi que l’ensemble des légumes secs, était largement usitée, bouillie ou en farine que l’on mêlait à la pâte à pain. Pour des milliers de paysans médiévaux, la fève qui s’accommode de tout, a représenté un précieux aliment de base.
Elle est mentionnée par Hildegarde de Bingen au XII ème siècle puis dans le Mesnagier de Paris. Ce sont là deux preuves comme quoi la fève avait une fonction alimentaire mais aussi médicinale, laquelle dernière perdurera jusqu’à la Renaissance. Celle que Lémery appelait theca fabarum était employée contre les lithiases urinaires et biliaires, mais aussi contre les coliques néphrétiques. Malgré tout, les opinions anciennes à son sujet surent rester vivaces, puisque dans certains couvents de femmes, la fève était proscrite, comme cela fut le cas de la roquette, soupçonnée d’échauffer les sens. Les moines, bien que la consommant, accompagnaient la cuisson des fèves de prières dont le but était d’éliminer toute influence néfaste.

Depuis longtemps supplantée par la pomme de terre, à peine a-t-on, dans les siècles suivants, alloué à la fève le statut de plante fourragère. Cette plante annuelle de 80 cm de hauteur, aux fleurs blanches veinées de violet, forme à maturité de longues gousses vertes et épaisses, contenant de grosses graines plates en forme de rein.

Fève_fleurs

La fève contient de nombreuses vitamines (A, B, C), des oligo-éléments et sels minéraux (fer, cuivre, phosphore, magnésium, calcium, potassium…), des protides, des glucides, des acides aminés. D’un point de vue alimentaire, il est aujourd’hui prouvé que la consommation de légumineuses (lentilles, pois cassés, fèves, pois chiches, haricots secs) et d’une céréale permet d’apporter un très bon équilibre des acides aminés, non synthétisés par l’organisme. On retrouve ce « mariage » dans le couscous, par exemple. Sa cuisson, lorsqu’elle est sèche, nécessite de respecter un certain protocole afin d’en tirer le meilleur parti : on trempe d’abord les fèves sèches dans de l’eau tiède toute une nuit, puis on les décortique de leur tégument. On les place dans de l’eau froide non calcaire et non salée. On porte à ébullition puis on cuit à feu doux pendant 1h30 à 2h00. Lorsqu’elles sont fraîches, les fèves peuvent être dégustées crues. Cependant, attention, une trop grande consommation de fèves crues peut mener au favisme, une forme d’anémie.

Bien que peu employée en phytothérapie, la fève détient tout de même quelques propriétés selon qu’on utilise la graine ou les fleurs. La première est hypocholestérolémiante, antioxydante, régulatrice du système nerveux, adoucissante, résolutive, astringente légère et favorisante du transit. Quant à la seconde, elle est surtout diurétique et sédative des voies urinaires (colique néphrétique et hépatique, infection urinaire, goutte). En médecine populaire, on utilisait parfois de la farine de fève mêlée à du vinaigre pour faire cicatriser les ulcères, ainsi que de la cendre de gousse et de feuilles contre l’albuminurie.


  1. Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, p. 438
  2. La mythologie des plantes, Angelo de Gubernatis, Tome 2, p. 134
  3. Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, Pierre Canavaggio, p. 99

© Books of Dante – 2014

La maniguette ou graine de paradis

Maniguette

(Aframomum angustifolium)

Description et composition

Celle qu’on a durant longtemps surnommée graine de paradis ou poivre de Guinée se trouve être une grande plante africaine appartenant à la famille du gingembre et de la cardamome. Cela suffit-il pour désigner la maniguette comme une plante « explosive » de par le caractère piquant de ses deux cousins ? Pas vraiment, à proprement parler. Elle se distingue d’eux, elle est plus proche du poivre noir (Piper nigrum) dans bien des aspects. D’un point de vue moléculaire tout d’abord. Rares sont les huiles essentielles à contenir autant de béta-caryophyllène, une molécule à l’efficace propriété anti-inflammatoire. De l’ordre de 20 %, alors qu’on la trouve dans des proportions bien plus modestes dans quantité d’autres huiles essentielles. L’autre chose qui saute aux yeux lorsqu’on décortique, comme moi, les chromatographies en phase gazeuse, c’est l’extraordinaire prédominance d’une autre molécule, le béta-pinène. Cette dernière est encore plus courante que la précédente, et elle est très souvent associée à sa frangine, l’alpha-pinène, dans un très grand nombre d’huiles essentielles. Bref, dans le cas de la maniguette, on trouve le béta-pinène à hauteur de 45 %. Cela fait que seulement deux molécules représentent les 2/3 de la composition de cette huile essentielle, qui réussit le tour de force de combiner en elle-même ces deux molécules qui restent anecdotiques chez bien des huiles essentielles. Sauf quelques unes, le poivre pour le béta-caryophyllène, comme nous l’avons dit, et le sapin baumier (Abies balsamea) et le pin de Patagonie (Pinus ponderosa) pour le béta-pinène. On a longtemps cru que les monoterpènes, comme l’est le béta-pinène, n’étaient que des « substances de remplissage », mais ces molécules n’en sont pas moins dénuées de pouvoir.

Bon. Et alors ? Elle bat un record, et après ? Eh bien, nous pouvons clairement indiquer que l’huile essentielle de maniguette est une sorte de « mix » entre l’huile essentielle de poivre noir et celles de sapin baumier et de pin de Patagonie. Elle, africaine, condense une partie d’Asie et d’Amérique. Aussi, elle affiche des propriétés thérapeutiques propres à toutes ces huiles essentielles. Compte tenu du fait que la littérature portant sur la maniguette est plus que mince, cela va donc nous permettre d’émettre raisonnablement quelques informations à son sujet, bien plus substantielles que les maigres et prudents entrefilets disponibles et dispersés çà et là.

Liquide, fluide et mobile, cette huile essentielle est le plus souvent de couleur jaune pâle. Son odeur douce, légèrement fruitée et sucrée, est rehaussée par une touche poivrée. Ce sont ses feuilles que l’on distille à la vapeur d’eau.

Maniguette_fine_fleur

Propriétés thérapeutiques

  • Positivante
  • Tonique et stimulante générale
  • Anti-oxydante
  • Anti-infectieuse : antifongique, antibactérienne, antiseptique atmosphérique
  • Anti-inflammatoire
  • Expectorante
  • Décongestionnante veineuse et lymphatique
  • Stimulante digestive
  • Aphrodisiaque
  • Relaxante, calmante, apaisante

Usages thérapeutiques

  • Troubles respiratoires + ORL : rhinite, bronchite, sinusite, « coup de froid »
  • Troubles veineux et lymphatiques : varices, jambes lourdes, hémorroïdes (?)
  • Troubles cutanés : irritations et éruptions cutanées, candidoses
  • Troubles du sommeil, endormissement difficile, terreur nocturne, cauchemar
  • Crampes musculaires
  • Asthénie, déprime, dépression, anxiété, angoisse, peur, agitation, stress, nervosité, blocage du plexus solaire

Huile essentielle de la détente, de la relaxation et de l’intériorisation, la maniguette s’adresse aux tempéraments bilieux. Associée à l’élément air (selon moi), elle se destine donc plus particulièrement aux signes de la Balance, des Gémeaux et du Verseau.

Maniguette_fruits

Modes d’emploi

  • Voie cutanée diluée
  • Voie orale
  • Olfaction
  • Diffusion atmosphérique

Contre-indications

  • Je n’en vois pas pour le moment. Je me dois simplement de rapporter le consensus selon lequel les huiles essentielles sont contre-indiquées durant la grossesse, en particulier les trois premiers mois. L’huile essentielle de maniguette n’échappe pas à cette « règle » qui n’en est pas une, mais simplement un principe de précaution.
  • Il existe une autre huile essentielle de maniguette (Aframomum melegueta) dont on distille les graines. Il s’agit là d’un tout autre produit.

© Books of Dante – 2014