On la dit née de Zeus et de Lato et sœur jumelle d’Apollon, miroir céleste de ce solaire Phoebus, ce qui lui vaut d’être parfois nommée Phoebée.
Elle concentre des aspects bien contradictoires mais complémentaires si l’on se penche sur la question de savoir qui elle est.
Artémis est traditionnellement opposée à Aphrodite, déesse de l’Amour. Est-ce à dire qu’Artémis est déesse de la haine? Que nenni, les choses ne sont point si simples.
Ce qui permet de l’opposer à Aphrodite réside dans le fait qu’elle soit Vierge (au sens propre de pure), qu’elle soit ombrageuse, vengeresse, farouche et indomptable.
Elle demeure impitoyable face aux femmes qui cèdent aux attraits de l’Amour (dans sa forme fornicatrice), mais reste néanmoins la protectrice des femmes enceintes, puisqu’elle symbolise autant la fertilité que la fécondité, et protège aussi bien les porteuses d’une vie à venir (la femme, la femelle animale) que les avatars de ces mêmes porteuses de vie (l’enfant, la jeune fille, le jeune animal, etc.)
Douce et aimante face à ceux qui incarnent jeunesse et pureté, il n’en demeure pas moins qu’elle peut devenir extrêmement cruelle aussi bien avec l’Homme qu’avec l’animal. Du moins, c’est ce que l’iconographie et l’imaginaire ont retranscrit d’elle. On présente souvent Artémis avec un arc, sauvage déesse de la Nature, Dame des fauves, etc.
Tout d’abord, il faut s’entendre sur le terme de « fauve » qui n’a aucun rapport avec celui que nous utilisons communément aujourd’hui. Les fauves d’Artémis, ce sont simplement les bêtes sauvages.
« Artémis la bruyante, sagittaire à l’arc d’or, la sœur de l’archer », nous dit Homère. Or, elle n’a pas toujours été présentée ainsi. L’Artémis avec arc et carquois et croissant de Lune dans les cheveux trouve son origine au 4 ème siècle avant JC environ. Il y a eu une Artémis bien plus archaïque, symbolisée par un tronc d’arbre ou une pierre.
Plus tard, elle sera personnifiée et on lui fera porter une torche ou une fleur et on la couvrira d’une chlamyde, une sorte de manteau très en usage chez les Grecs et les Orientaux, particulièrement prisé des voyageurs et des chasseurs.
La chasseresse. Artémis chasse et massacre les animaux sauvage. Cruelle? Rédemptrice? Alma Mater? En réalité, il faut percevoir dans ces actes non de la barbarie, métaphoriquement, les bêtes fauves représentent les instincts inséparables de l’Homme qu’il importe de dompter et de canaliser.
Elle sait faire preuve de cruauté, elle est capable de châtier cruellement quiconque lui manque de respect en le transformant en animal sauvage qui périra sous les crocs de sa meute ou sous les coups portés par son arc.
La légende d’Iphigénie nous la montre à la fois cruelle et pleine de mansuétude. C’est Artémis qui a réclamé la mort d’Iphigénie mais, alors que cette dernière se trouve sur le bûcher qui doit la voir périr, Artémis lui substitue une biche, puis emporte la jeune fille dans les airs avec elle.
Elle règne sur le monde animal (la force brute et instinctive) et l’être humain n’y fait pas exception. Farouche face aux hommes, elle est protectrice de la Femme. Non pas seulement de la vie de la femme, mais de la vie en la femme, autre facette de l’Amour.
Artémis Séléné se rattache au cycle de la fécondité et, en tant que Vierge, préside aux naissance à travers cet acte qui s’incarne d’un être à l’autre, dans une forme de continuité.
Cependant, Artémis peut également être le symbole de l’aspect jaloux et castrateur de la mère. Comme l’indique le Dictionnaire des symboles, « avec Aphrodite, elle constituerait le portail intégral de la femme, si profondément divisée en elle-même tant qu’elle n’a pas réduit les tensions de ce double aspect de sa nature. » La Femme comme mère et la Femme comme amante?
© Books of Dante – 2012.