Partout en Amérique du Nord, il existe des légendes qui concernent celui qu’on appelle Wakinyan chez les Sioux ou Sanuwa chez les Iroquois.
Il y a des lunes et des lunes de cela, les hommes passaient beaucoup de leur temps à se battre les uns contre les autres. Chacun d’entre-eux cherchait à s’arroger qui une forêt qui une rivière, et pensait que, de ce fait, cela lui donnait le droit d’y chasser et d’y pêcher. Mais, incapables de s’entendre, ils se disputaient la forêt et la rivière. Autant dire que les fruits de la chasse et de la pêche furent rapidement réduits à néant. Et que la survie de chacun fut rapidement menacée.
C’est alors qu’un immense et sombre nuage est monté en virevoltant dans le ciel. Un vent rugissant et une grêle assassine s’abattirent sur les hommes, soufflant les tentes comme des fétus de paille, coulant les canots, brisant les armes. Tant bien que mal, un conseil fut organisé afin de trouver une solution quand un oiseau gigantesque vint de la mer. Chacune de ses ailes avait la longueur de deux canots de guerre, de son bec sortaient des bruits terribles et de ses yeux jaillissaient des éclairs de lumière qui frappaient le sol. Terrifiés, les hommes se couchèrent au sol, pensant la fin du monde toute proche.
L’Oiseau-Tonnerre – puisque c’était lui – survola ce qu’il restait du village des hommes. Ses battements d’ailes si puissants firent trembler l’air tant et si bien que des tornades en naquirent.
Dans les serres de l’oiseau se tenait un épaulard, l’Oiseau-Tonnerre rejoignit la mer à tire d’ailes, déposé délicatement sa prise dans les eaux puis revint aux hommes. Et leurs adressa ces paroles : « La Terre appartient à la Terre, la Mer appartient à la Mer. Je suis le gardien de la Terre et mon frère Épaulard est le gardien de la Mer. Désormais, quoi que vous posséderez, vous le donnerez à votre ennemi afin d’instaurer la paix et de faire cesser vos querelles stupides. Ainsi, vous tous pourrez profiter de ce que la Mer et la Terre pourront vous donner afin de vous nourrir. »
C’est ainsi qu’est née la pratique du potlatch.
© Books of Dante – 2012.