Les Amarantes

Amaranthus retroflexus

Synonyme : Queue de renard.

Les amarantes, au nombre de 65 environ, sont des plantes qu’on localise en Afrique, aux Amériques et en Asie. Elles sont depuis longtemps cultivées comme l’atteste la découverte dans une grotte mexicaine de graines datant de – 4000 ans av. JC. L’amarante a donc jouer un rôle important dans les civilisations Incas, Mayas et Aztèques. Les feuilles cuites comme légume vert, les graines bouillies, grillées ou encore réduites en farine ont largement contribué à assurer un équilibre alimentaire aux populations les ayant cultivé. Chez les Aztèques, l’amarante avait une valeur qui dépassait le seul cadre alimentaire. Médicinal, mais aussi sacré : « la valeur sacrée de l’Amarante suffit sans doute à expliquer que sa culture fut l’objet de répressions directes ou indirectes, de la part de la chrétienté désireuse d’extirper la vieille religion hérétique ». Qu’on se souvienne que cette même chrétienté aura rapporté des Amériques tomate et patate (sans oublier tournesol et autres maïs), et on aura compris, hein !

Les amarantes sont des plantes annuelles dont la taille est variable en fonction des espèces, de la localisation géographique et de l’environnement. L’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus) qu’on trouve un peu partout en France possède une taille qui oscille entre une vingtaine de centimètres à un bon mètre, alors qu’une autre amarante (Amaranthus giganticus) atteint facilement trois mètres de hauteur avec, à sa base, une souche de 5 cm de diamètre ; une amarante monstre, en somme ! Une de ces plantes dont le jardinier lambda cherche à se débarrasser à tout prix, la croyant mauvaise herbe alors qu’il tient une manne sous sa binette, le con !
Plante très peu ramifiée, l’amarante peut, cependant, posséder des rameaux très courts, à l’aisselle des feuilles. L’ensemble de la plante est duveteux, la tige comme les feuilles sont couvertes de poils fins et courts. Ces dernières sont de forme ovale ou losangique, variables selon les espèces, ainsi que les fleurs qui peuvent arborer diverses couleurs telles que : vert, jaune, bronze, rouge, pourpre… Chez certaines espèces, la grappe est si développée qu’on leur donne le surnom de queue de renard.
Toutes les amarantes portent trois types de fleurs sur le même épi : mâles, femelles et hermaphrodites ! Elles donneront plus tard des petits fruits ovoïdes que chaque plant d’amarante est capable de produire en très grand nombre : environ 100 000 très souvent, mais certains panicules peuvent en produire 4 à 5 fois davantage ! La plante a beau être annuelle, sa succession est assurée !

L’amarante fait partie d’une catégorie de plantes qui utilise un mode de photosynthèse particulier et efficace dans nombre de conditions climatiques telles que sécheresse, extrême chaleur et grande intensité solaire (d’ailleurs le mot amarante fait référence à sa capacité de ne jamais faner : on en a donc fait une plante symbole d’immortalité). Ce système de photosynthèse (nommé C4) permet à l’amarante de convertir deux fois de plus de lumière solaire que les plantes qui utilisent le système C3, et ce pour une quantité d’eau identique. On comprend donc pourquoi elle est vue d’un mauvais œil par certains grands pontes outre-atlantiques qui recherchent davantage l’asservissement du végétal plutôt que son exubérance.

Parties employées :
nous l’avons dit, les feuilles ainsi que les graines.

Pourquoi ? Dans les graines de cette plante nous trouvons du calcium, du phosphore, du fer, du potassium, du zinc, de la vitamine B, de la vitamine E, des glucides, des protéines (entre 16 et 18 %, bien plus que dans les céréales de la famille des graminées et d’une qualité largement plus importante que les protéines contenues dans le blé, le maïs ou le soja), de la lysine (acide aminé essentiel dont les céréales les plus utilisées en Occident sont très démunies. La graine d’amarante en contient deux fois plus que le blé et trois fois plus que le maïs).

Les proportions de lysine et de protéines contenues dans la graine d’amarante sont intéressantes pour les populations qui basent une grande partie de leur alimentation sur ces graines sans avoir un apport carné important. Ce n’est donc pas un hasard si nous voyons de plus en plus l’amarante, sous forme de graines, présente dans les coopératives bio.

Venons-en aux feuilles, maintenant. Il est notable que l’amarante présente des qualités largement supérieures à la tomate, aux épinards ou à la laitue. Par exemple, elle présente 3 fois plus de vitamine C, 10 fois plus de carotène, 15 fois plus de fer, 40 fois plus de calcium… que la tomate. Autre exemple : 7 fois plus de fer, 13 fois plus de vitamine C, 18 fois plus de vitamine A, 20 fois plus de calcium… que la laitue. Par ailleurs, les feuilles de l’amarante contiennent également du fer ainsi qu’une bonne dose de protéines.

Remarques subliminaires :
des amarantes telles que Amaranthus retroflexus sont souvent confondues avec le chénopode (Chenopodium album) bien que ce dernier soit glabre et à l’aspect farineux. Mais il est également comestible. Donc, pas d’inquiétude, les deux se cuisinant comme les épinards.
Il existe un élixir floral à base de fleurs d’amarante destiné aux personnes qui sont en situation de profonde détresse : il « permet de surmonter le sentiment de dévastation, d’hostilité, de solitude et de rejet. [Il] aide à affronter et à traverser la souffrance extrême, la désolation, les situations désespérées [et] renforce l’organisme quand on se sent attaqué, affaibli et déstabilisé ». A l’instar des populations endémiques que l’occidental d’il y a 500 ans a dévasté sans avoir eu l’idée de ramener cette plante sublime, mais bien plutôt la tomate que les occidentaux ont pensé être toxique, sans parler de la patate, que les Français ont cru utile d’être administrée aux cochons quand c’était pas aux prisonniers, avant de se rendre compte que Parmentier avait raison !

Quand je pense que certains la qualifient de plante invasive, j’ai juste envie de pouffer. Invasive ? Pour notre bien-être. Alors pourquoi s’en priver ?

© Books of Dante – 2013