Le guduchi (Tinospora cordifolia)

Voici un tout nouvel article qui nous mène tout droit en Asie du Sud. Le guduchi, que l’on appelle aussi amrita, a été pensé comme possible ingrédient du mythique Soma. Ce qui en dit long sur l’estime qu’on lui accordée. On évoque cette chose-là et bien d’autres encore.

Bon long week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : amrita, gulancha, giloy, giloya, giloe, gurjo, graine de lune à feuilles en cœur (heart-leaved moonseed),

Synonymes latins : Tinospora sinensis, Tinospora malabarica.

Il a beau s’armer de grec et de latin, le botaniste, s’il n’est pas sensible à la beauté des belles lettres, ne sera jamais un poète et composera des noms aussi peu inspirés que celui qu’il a réservé au guduchi : Tinospora. Ah ! Eh bien, sachez que son étymologie n’a rien de mirobolant. Ce mot se découpe en deux racines. La première, tino, provient du grec teino, qui désigne l’aptitude d’un objet étirable comme un arc. Et spora, « graine », tout bêtement. Je vous laisse vous amuser à fabriquer une chimère improbable à l’aide de ces deux bouts de grec, parce que, pour ma part, j’ai beaucoup mieux à vous révéler, qu’à vous partager ce qui n’est que le reflet du manque d’originalité et d’imagination des botanistes.

Focalisons tout d’abord notre attention sur le principal surnom accordé au guduchi : amrita. Ce n’est pas seulement un nom vernaculaire comme un autre, il véhicule aussi une sorte de statut. Dans toute la médecine ayurvédique, il n’existe que trois plantes auxquelles l’on a attribué cette étiquette : l’ail, le haritaki ou myrobolan (Terminalia chebula) et le guduchi. A lui seul, ce substantif souligne et englobe la plupart des appellations alternatives réservées au guduchi, telles que divya aushaudhi (« plante divine »), devanirmita (« créée par Dieu »), vara (« excellente, précieuse »), etc. Par amrita, il faut entendre « nectar de vie », qui s’applique tout autant à l’ambroisie divine qu’au Soma mythique (trois termes qui sont tous synonymes), car ils confinent à l’idée d’immortalité, chose dont on peut se rendre compte à travers le nom assigné à une préparation mêlant l’amrita au beurre clarifié, l’amrita-prâsa, la « nourriture des immortels » qui augmente la force des hommes. Dans un manuscrit daté du VIe siècle apr. J.-C. (le manuscrit Bower), l’on croise des références à ce sujet. Or, comme le guduchi est également amrita, certains chercheurs ont émis l’hypothèse que cette plante, sans être le Soma des Anciens, aurait participé de son élaboration : le légendaire Soma, vénéré par les hymnes védiques, pourrait-il avoir quelque rapport avec le guduchi ? Écoutons la thèse de ces chercheurs et prenons connaissance d’un extrait de leur étude datée de 2014 : « Nous proposons que le Soma était la combinaison d’un alcaloïde de type protoberbérine et de suc de Tinospora cordifolia aux propriétés inhibitrices de la monoamine oxydase, unie à un extrait riche en tryptamine issu de Desmodium gangeticum ou un mélange de Tinospora cordifolia avec un extrait de Sida spp. [NdA : plantes de la famille des Malvacées] riche en éphédrine et phényléthylamine. Tinospora cordifolia combiné avec Desmodium gangeticum pourrait fournir une expérience psychédélique avec des effets visuels, tandis qu’une combinaison de Tinospora cordifolia avec Sida spp. pourrait conduire à des expériences plus euphoriques similaires aux effets causés par les amphétamines »1. Il demeure toujours difficile de déduire quelle plante pourrait occuper la fonction du Soma après coup, de même que deviner l’identité du moly, cette plante légendaire que confie Hermès à Ulysse afin qu’il ne tombe pas sous le charme de Circé. Peut-être, très justement, parce que ce sont des figures végétales légendaires et merveilleuses qui ne trouvent pas leur équivalent sur terre. Aussi, est-il judicieux de vouloir faire entrer en correspondance la flore actuelle des herbiers, palpable et bien réelle, avec celle d’hier qui émaille le Rig-Véda ou encore l’Avesta ? Parce qu’elles appartiennent au domaine céleste et magique, n’est-ce point absurde d’en rechercher l’identité exacte auprès de la gente végétale terrestre ? Ce qui rend la tâche plus malaisée encore, c’est que le Soma est tout à la fois un dieu, une plante (qui pourrait aussi bien être une herbe, un arbre, une liane qu’un champignon. Beaucoup d’hypothèses, peu de certitude…) et l’équivalent terrestre de la liqueur d’immortalité ! Il est plus intéressant de comparer la réputation ayurvédique du guduchi avec l’ensemble des traits de caractère que les hymnes du neuvième mandala du Rig-Véda accordent au Soma : il communique la béatitude, apporte la félicité, la sagesse et la joie ravissante, communique à l’esprit la clarté des cieux, etc. N’est-ce point là ce que l’on est en droit d’attendre d’un rasayana tel que le guduchi ? Devenu sur terre le quasi équivalent de l’amrita dans les sphères célestes, le guduchi a donc hérité d’une partie de sa puissance. A-mrta se traduisant comme « non mort », on peut être surpris de ce que le guduchi porte encore les noms apparentés de chinna, chinnaruha, chinnodbhava, dont un auteur du XVIe siècle, Bhava Mishra nous explique la raison dans son ouvrage Bhava Prakasha : ces noms transmettent l’idée d’une capacité, celle qu’a la plante de perpétuer sa croissance même une fois sectionnée, comme si de rien n’était, une prouesse faisant expressément référence à sa tendance aérienne qui semble ne l’attacher ni au pouvoir de la terre, ni à celui de l’eau, imitant la manière du yogi ou du rishi qui se nourrit uniquement du prâna de l’air.

Par le terme rasayana2, on entend les meilleurs moyens d’accéder à un état d’être qu’autorise le guduchi en déracinant les facteurs morbides, comme si cette plante contrôlait la progression du mal afin de mieux le détruire, tout en agissant sur les doshas3 et les dāthus4. En améliorant la nutrition du corps et les moyens que celui-ci à de se défendre, le guduchi favorise donc le retour à la santé. Non seulement, ce rasayana soulage et guérit les maladies, mais il apporte son aide à l’organisme sain, afin d’en bien entretenir les différents organes, rendant ainsi favorable l’amélioration de l’espérance de vie (jara nasha), ce que tout bon rasayana est censé faire5. Cette étiquette de rasayana est d’autant plus méritoire que la plante qui la porte renforce la mémoire et l’intelligence (medhya rasayana), perpétue la jeunesse du corps (qui doit se lire dans le ton de la voix, le teint de la peau, mais aussi à travers les prouesses sexuelles), maintient optimale la force physique et l’aptitude des organes des cinq sens (en améliorant le bala, c’est-à-dire la force et la capacité du corps ou d’une partie du corps à faire face à divers facteurs de stress physique), etc., ce qu’un examen attentif du guduchi permet de lui attribuer sans peine.

Un système de santé ancestral tel que l’Ayurvéda offre un large regard sur les plantes médicinales en général et sur le guduchi en particulier. Aujourd’hui encore bien de ses antiques prescriptions sont toujours d’actualité. Il suffit, néanmoins, de translater l’abord poétique de l’Ayurvéda en termes modernes. Dans la liste d’affections que l’Ayurvéda attribue au guduchi, il faut cependant demeurer dubitatif et prudent face aux affirmations qui veulent que cette plante soit apte à soigner la syphilis et les morsures de serpent. Populaire au point d’avoir dépassé les frontières de la seule médecine ayurvédique, le guduchi est consommé pour ses feuilles, tiges et racines, en des emplois parfois fort surprenants. Par exemple, Acharya Sushruta employait les racines du guduchi comme fil, afin de suturer les blessures, car elles aiderait, selon lui, à la cicatrisation des plaies. Bien plus tôt, dans la Charaka samhitā (300 à 200 av. J.-C.), Maharishi Charak écrivait qu’« amrita a le potentiel de traiter le déséquilibre du dosha Vata. Il augmente l’appétit et élimine les obstructions des doshas Pitta et Kapha. » Le même ouvrage fait aussi mention de nombreuses préparations faisant appel au guduchi. L’Ayurvéda en a conservé un grand nombre : tramara (guduchi, gingembre et haritaki) remédie aux désordres intestinaux tels qu’indigestion, constipation et flatulences ; guduchi satwa règle les troubles hépatiques ; prameharara possède une réputation antidiabétique ; quant à rasayana ghana (guduchi, aamalaski (Emblica officinalis) et gokshura (Lus terrestris)), il a pour fonction d’être anxiolytique et antidépresseur ; enfin, krimighna est anthelminthique et kushtghna remède topique. Mais les vertus du guduchi ne s’arrêtent pas là. Maharishi Vāgbhata, auteur de l’Astānghrdaya samhitā aux alentours du VIIe siècle apr. J.-C., affirme que cette plante est efficace contre la fièvre rebelle, la sensation de soif intense (hyperdipsie), l’excès de chaleur, les démangeaisons cutanées, les troubles oculaires, la lèpre et les effets du poison (ce qui est pour le moins vague…). Cette plante s’avère encore capable de démontrer de bien nombreux autres effets thérapeutiques : dépurative du sang, fébrifuge, apéritive, remède hépatique, vésical et gastro-intestinal, elle donne l’impression d’intervenir partout et pour tout : c’est qu’on ne peut lui retirer sa glorieuse étiquette étoilée d’amrita !

Plante vivace arbustive et lianescente, le guduchi est un hôte des forêts de feuillus de basse altitude (300 m), portées sur sol acide et pas trop humide telles qu’on les rencontre dans les zones tropicales et subtropicales d’une bonne partie de l’Asie du Sud et du Sud-Est (Pakistan, Inde, Sri Lanka, Bangladesh, Myanmar, Thaïlande, Vietnam, Philippines, Malaisie et Indonésie), et même de l’Australie et de l’Afrique (Afrique du Sud). Dans ces forêts sèches qui forment son fief, il aime à s’amouracher parfois du manguier et surtout du neem (ou margousier, Azadiracta indica), et l’on dit qu’il n’est jamais aussi puissant que dans ces conditions (le guduchi qui évolue sur le neem serait plus immunomodulateur que s’il vient à pousser sur toute autre espèce d’arbre !). C’est par ses racines étonnantes que le guduchi prend contact avec les autres espèces : aériennes, ne dépendant que modérément du sol et de l’eau, ces racines filamenteuses atteignent parfois la terre ferme à force de croître vers le bas ! Elles émergent directement des points nodulaires qui se situent sur les rameaux feuillés. Ceux-ci, armés de vrilles comme la vigne, se configurent différemment selon qu’ils sont principaux ou secondaires. Les premiers, de couleur gris mat, peuvent s’arrondir jusqu’à atteindre 5 cm de section, ce qui accentue la robustesse de cette plante. L’écorce spiralée de ces rameaux est recouverte de lenticelles liégeuses qui deviennent de plus en plus protubérantes que les rameaux grossissent et forcissent au fil du temps, les apparentant quelque peu à une masse d’arme. Quant aux secondaires, verts et souples, ils portent de jolies feuilles cordiformes comme celles du liseron et du volubilis. Bien nervurées, ces grandes feuilles (20 cm de long sur 15 cm de large au maximum), glabres et brillantes d’un beau vert franc, sont longuement pétiolées. A l’aisselle de ces feuilles, en mai et en juin, surgissent des racèmes peu denses de petites fleurs, dont les pièces florales jaune verdâtre et d’aspect un peu succulent, comptent six sépales (dont trois intérieurs et trois extérieurs plus modestes) et six pétales si petits qu’ils sont dissimulés par les sépales. La fructification produit des drupes en forme de gourde aux mois de septembre et octobre. Tout d’abord vertes, puis jaunes, elles deviennent rouge brillant une fois totalement mûres. Elles ne contiennent qu’une seule graine en forme de de coquille de noix.

Le guduchi en phytothérapie

Placé en si haute estime par la médecine ayurvédique depuis des millénaires, je vous laisse imaginer la quantité et la variété de préparations ayant pour base ou simple ingrédient tout ou partie du guduchi. Lorsqu’on entre davantage dans les détails, l’on apprend que tout de cette plante – des fruits mûrs aux racines – est utilisé par ce système de santé ancestral. Mais, en ce qui nous concerne, nous n’irons pas jusque-là et nous contenterons de ce que le marché des plantes médicinales met à notre disposition sur le territoire national, c’est-à-dire principalement la poudre des rameaux du guduchi. Sans odeur quand ils sont secs, ces mêmes rameaux propagent, à l’état frais, une odeur nauséabonde dont une sève visqueuse de couleur jaune est responsable. Par chance, on ne les utilise pas en cet état, seulement après dessiccation, ce qui ne leur ôte pas l’amertume dont ils sont imprégnés. A l’état frais, on y trouve 30 à 35 % d’eau, 55 % de glucides (dont fibres et polysaccharides : arabinogalactose), 4 à 11 % de protéines, 8 % de sels minéraux (zinc, calcium, cuivre, phosphore, fer, manganèse, potassium, chrome, etc.), 3 % de lipides et une petite portion d’essence aromatique (1 %). Tentons d’être plus précis et entrons dans le détail : nous observons tout d’abord des alcaloïdes dont un certain nombre de nature isoquinoléique (la célèbre berbérine est du nombre, mais pas seulement elle, puisque sont également présentes la palmatine, la jatrorrhizine et la magnoflorine) et d’autres alcaloïdes non-isoquinoléiques tels que la chasmanthine, la tembétarine et l’isocolumbine, que l’on retire principalement des tiges du guduchi, mais aussi de ses racines. Afin d’assurer son amertume, le guduchi peut aussi compter sur un certain nombre de lactones diterpénoïdes et de glycosides diterpéniques et sesquiterpéniques. Plus communs sont les saponines et les polyphénols (acides phénoliques, flavonoïdes et tanins).

La plante étant dioïque, elle n’est pourtant pas récoltée de manière indifférenciée sachant que la plante femelle est jugée de bien meilleure qualité pour la médecine. En respectant les saisons auxquelles récolter la plante, les teneurs de tel ou tel élément biochimique varieront nettement au cours du temps. Par exemple, l’on s’est aperçu que le maximum de polyphénols totaux et de sucres se formaient en été, que durant l’hiver, c’était le cas de l’amidon et des tanins. Si l’on souhaite cueillir une plante abondamment chargée en berbérine, l’on a tout intérêt à la prélever durant l’époque de la mousson. Enfin, le potentiel anti-oxydant du guduchi est plus marqué à la fin de l’été et durant l’hiver, mais il concerne alors davantage les feuilles que les tiges de cette plante.

Propriétés thérapeutiques

  • Adaptogène (augmente la mémoire et la facilité des apprentissages), dépuratif cérébral des cellules neuronales, neuroprotecteur, anxiolytique, antidépresseur, relaxant et calmant du système nerveux, psychotrope
  • Anti-inflammatoire (réduit la sécrétion d’IL-6 et de TNF-α), anti-oxydant, antiradicalaire (ABTS, DPPH, ions ferreux, oxyde nitrique, superoxydes, radicaux hydroxyles), inhibe le stress oxydatif et le stress nitrosatif, inhibe la peroxydation lipidique au niveau de la peau et du foie
  • Immunostimulant, amphotère (immunomodulateur), augmente la sécrétion des lymphocytes B et T, modulateur de la sécrétion d’adrénaline, de noradrénaline et de cortisol
  • Hépatoprotecteur (grâce à l’augmentation de la sécrétion de superoxyde dismutase, de catalase et de glutathion peroxydase), dépuratif des toxines du foie, régénérateur du tissu hépatique, cholagogue, cholérétique, antidiabétique
  • Assure le bon fonctionnement du système urinaire, dépuratif rénal, protecteur rénal (contre la toxicité des aflatoxines entre autres), diurétique non irritant (vu l’aspect de la tige, on peine à le croire ^.^), facilite l’excrétion de l’acide urique, antilithiasique
  • Protecteur cardiaque, cardiotonique, thrombolytique, dépuratif des toxines du sang, hypolipidémique, antihyperlipidémique, antihyperglycémique, augmente le nombre de plaquettes sanguines
  • Stomachique, protecteur gastrique, favorable à la motilité intestinale, anti-émétique, digestif, carminatif
  • Ostéoprotecteur, anti-ostéoporotique, favorise le confort articulaire, dépuratif des toxines articulaires
  • Anticancéreux, antiprolifératif, cytotoxique, anti-néoplasique, retarde la croissance tumorale et augmente la durée du temps de survie du patient cancéreux, chimio-préventif (réduit les effets secondaires de la chimiothérapie), radioprotecteur
  • Antipyrétique, fébrifuge
  • Préventif de la grippe et du rhume, adjuvant utile dans la tuberculose (toux, dyspnée, hémoptysie, etc.), antispasmodique bronchique, expectorant, anti-allergique respiratoire, antihistaminique
  • Cicatrisant, tonique cutané, adoucissant cutané, procure bon teint et bel éclat de peau
  • Anti-infectieux : antifongique, antiviral (covid-19 : aide à inhiber l’orage cytokinique), antibactérien (Escherichia coli, Salmonella enteritidis), antipaludéen
  • Analgésique
  • Améliore la qualité de la vision

Usages thérapeutiques

  • Troubles du système nerveux : stress, stress causé par l’hypoxie et d’autres facteurs environnementaux, ataxie, perte de mémoire, maladie d’Alzheimer, dépression, maladie de Parkinson, cancers neuronaux (neuroblastome, glioblastome)
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée, dysenterie, dyspepsie, ulcère gastrique, inappétence, indigestion, colite, hyperacidité gastrique, douleur abdominale, vomissement, flatulences, vers intestinaux (helminthes)
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : écoulement urétral, miction difficile et/ou brûlante, goutte, rhumatisme
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : hépatotoxicité, jaunisse, hépatites B et C (en soutien), fibrose hépatique, diabète du type II et ses complications6
  • Troubles de la sphère respiratoire : toux, asthme chronique, rhume des foins, rhinite allergique, éternuement incoercible, obstruction nasale, rhume et grippe (à leur début), bronchite
  • Affections cutanées : acné, irruption cutanée, eczéma, psoriasis, érysipèle, ulcère, ulcère du pied (d’origine diabétique)
  • Troubles locomoteurs : arthrite, arthrite goutteuse, polyarthrite rhumatoïde, ostéoporose, myélopathie, spondylose cervicale, fracture
  • Troubles de la sphère gynécologique : leucorrhée, ménorragie, métrorragie, SOPK
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hyperlipidémie induite par consommation excessive d’alcool, faiblesse cardiaque, hémorroïde
  • Hypertrophie de la rate (splénomégalie)
  • Maladies infectieuses : dengues, paludisme (avec fièvre frissonnante et fatigue), infections virales (à Epstein-Barr), infections aux souches multirésistantes, covid-197
  • Cancer, leucémie8, 9
  • Obésité
  • Maladies auto-immunes et inflammatoires associées au TH17 (le guduchi nettoie en profondeur le foie et la moelle épinière des toxines qui s’y accumulent)
  • Anémie, fatigue chronique, faiblesse générale, convalescence

Modes d’emploi

Les médecines ayurvédique, unani et siddha ont prévu bien des manières de préparer le guduchi. Nous présenterons ci-dessous celles qui nous paraissent le plus à même d’être réalisées par le lecteur occidental, compte tenu de la rareté toute relative de cette plante parmi les étals des marchands de spécialités phytothérapeutiques au détail.

  • La poudre de la tige : elle se présente librement ou enfermée dans des gélules, capsules, etc. On préconise un minimum de 3 g par jour. Deux fois dans la journée, on absorbe, mêlée à du lait tiède ou à de l’eau, la moitié de cette dose quotidienne. L’Ayurvéda grimpe à 6 g par jour, la médecine unani à 10.
  • Infusion à froid de rameaux séchés et fragmentés : dans un litre d’eau froide, placez 10 g de guduchi et laissez infuser à couvert pendant 30 mn.
  • Décoction de poudre de guduchi : dans 20 cl d’eau, déposez une belle cuillerée à café de poudre et lancez le feu pour une décoction d’une durée d’un quart d’heure, suivie d’une infusion à couvert d’une demie-heure. C’est suffisant pour satisfaire aux besoins journaliers qui sont de l’ordre de 50 à 100 ml.
  • Teinture hydro-alcoolique : dans cent volumes d’alcool, placez vingt volumes de poudre de guduchi et laissez en contact pendant au moins une semaine. A l’issue, passez, filtrez soigneusement la préparation et abritez-la dans une bouteille en verre opaque prévue à cet effet. Prévoyez 30 à 40 gouttes par prise trois fois par jour.
  • Il existe aussi des extraits standardisés au 10:1 par exemple. Plus puissants que la poudre, ils ont aussi l’avantage d’être plus facilement ingérables de par leur présentation sous une forme qui soustrait le palais à l’amertume du guduchi.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les tiges dont l’âge est compris entre un an et demi et deux ans sont sectionnées durant la saison chaude puis mises à sécher au soleil, avant d’être éventuellement pulvérisées.
  • Effets indésirables : bien qu’une innocuité ait été établie jusqu’à 2 000 mg par kilogramme de poids corporel, l’utilisation du guduchi n’est pas exempte de troubles parmi lesquels on a surtout remarqué des maux de tête, des douleurs nasales, des symptômes gastro-intestinaux (nausée, vomissement), des désordres cutanés (démangeaison, érythème). Hormis cela, on peut dire que le guduchi ne présente pas de toxicité. De plus, il n’est pas clastogène et n’affecte pas l’ADN de dommages parfois irréversibles. On a pu l’accuser d’être hépatotoxique, ce qui semble peu en conformité avec les propriétés qui sont les siennes sur la sphère hépatique. C’est surtout la substitution de Tinospora cordifolia avec Tinospora crispa qui est responsable de ces effets, la consommation de cette dernière plante provoquant des conséquences fâcheuses sur la sphère hépatique qui se normalisent néanmoins deux mois après la cessation des prises. En revanche, sur un autre point, « des études in vitro suggèrent que Tinospora cordifolia peut contenir des composés qui agissent par l’intermédiaire du récepteur des androgènes et provoquent une augmentation de la prolifération des cellules cancéreuses de la prostate »10.
  • Incompatibilités : le guduchi ne convient pas à la femme enceinte et à celle qui allaite, aux enfants et aux adolescents, ainsi qu’aux personnes ayant un traitement antidiabétique en cours. Le guduchi peut encore interagir avec des médicaments immunosuppresseurs. Vis-à-vis de certaines maladies auto-immunes (sclérose en plaques, lupus), le guduchi pourrait rendre le système immunitaire résolument plus actif, au lieu de se comporter comme un simple immunomodulant. Enfin, si jamais un acte chirurgical est programmé, il est préférable de stopper toute prise de guduchi éventuelle deux semaines auparavant.
  • Chez les personnes atones des intestins, le guduchi peut entraîner de la constipation. En cas d’utilisation au long cours (par exemple : soutien de l’immunité en cas de cancer), il est utile et profitable de l’associer à une plante qui redonne du ton aux intestins.
  • L’espèce la plus courante avec laquelle T. cordifolia est susceptible d’être substitué ou frelaté est T. crispa. L’extrait de guduchi peut être falsifié avec de la fécule/farine de pomme de terre, de patate douce, de banane et/ou d’arrow-root.

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  1. Source.
  2. C’est-à-dire « rajeunissant » ; on utilise aussi les termes vayastha et jivantika. Ce dernier nom signifie « capable de restaurer la vie dans un corps mort ». Il fait référence à cet épisode du Râmâyana durant lequel Rama défie Ravana. Ce dernier extermine totalement l’armée composée de singes qui s’était jointe à Rama pour engager la lutte contre Ravana. Indra, divinité de la pluie et du tonnerre, déversa sur les cadavres des singes une bienfaisante pluie d’amrita qui les ressuscita tous. « Des quelques gouttes du nectar tombées des corps des singes sur le sol, germa Guduchi. » (Source : Amrita for life : Tinospora cordifolia, National medicinal plants board, Ministry of Ayush, Government of India). Amrita est le terme que l’on convoque dès lors qu’on cherche à faire comprendre l’idée même de reviviscence. En hindi, le guduchi porte le nom de giloya, terme de la mythologie hindoue qui décrit l’élixir de rajeunissement par lequel les êtres célestes se sont préservés de la vieillesse. Note intéressante, aux Philippines, un cousin du guduchi, Tinospora crispa, est surnommé makabuhay, ce qui veut dire « vous pouvez vivre ». Là-bas non plus, le statut de rasayana n’a pas l’air d’être inconnu, même si on doit désigner les plantes qui le sont d’une autre manière.
  3. On dit du guduchi qu’il apaise et équilibre Vata, Pitta et Kapha, bien qu’il soit plus utile aux deux premiers, et surtout à Pitta, puisqu’il augmenterait à force Vata si on devait user du guduchi à trop long terme.
  4. Ainsi appelle-t-on les sept tissus corporels que le guduchi aurait la capacité de rajeunir, en particulier ceux que l’on considère comme étant les plus profonds, régissant le cerveau, les tissus nerveux et la moelle épinière, ainsi que le tissu reproducteur, domaine sur lequel le dāthu nommé Shukra étend ses prérogatives exclusives.
  5. « Elle offre une protection contre de nombreuses maladies » : c’est ce que décrit la racine sanskrite gud rakshane, qui a donné guduchi par transformation (Source : Amrita for life : Tinospora cordifolia, National medicinal plants board, Ministry of Ayush, Government of India).
  6. « Il a été signalé pour agir comme un agent antidiabétique en éliminant le stress oxydatif qui favorise la sécrétion d’insuline en inhibant la néoglucogenèse et la glycogénolyse » (Source). De plus, le guduchi normalise les niveaux de glucose et d’insuline sanguins.
  7. Une étude de 2022 communique ceci : «  Les médicaments ayurvédiques et les formulations aux propriétés antivirales, anti-oxydantes, anti-inflammatoires et immunomodulatrices pourraient être utilisés avec des médicaments allopathiques standards pour aider à la détection précoce du virus, le rétablissement rapide des patients atteints de covid-19, un congé plus rapide des hôpitaux et la prévention d’une détérioration supplémentaire » (Source).
  8. « Tinospora cordifolia a un effet différentiel sur les cellules normales et malignes, il peut donc avoir un potentiel thérapeutique dans le cancer » (Source).
  9. « Guduchi peut être utilisé pour soutenir le système immunitaire et prévenir les dommages au foie ou à la moelle osseuse chez les patients atteints de cancer qui suivent une chimiothérapie » (David Winston, Adaptogens. Herbs for strength, stamina and stress relief, p. 123).
  10. Source.

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