La camomille romaine (Chamaemelum nobile ou Anthemis nobilis)

Camomille romaine à l'état sauvage

Camomille romaine à l’état sauvage

Synonymes : camomille officinale, camomille noble, camomille odorante.

Imaginez un peu qu’aujourd’hui encore on fait la confusion entre la camomille romaine et celle que l’on désigne par l’épithète d’ « allemande », autrement dit la matricaire (Matricaria recutita). Cette erreur fut commise par des thérapeutes et non des moindres, ce qui rappelle l’imbroglio plus récent concernant ravintsara et ravensare. Aussi comprendrons-nous à quel point il est difficile de se dépêtrer d’informations relatives à ces deux camomilles quand elles nous imposent une distance de plusieurs siècles ou, plus ardu, de plusieurs millénaires. On dit que la camomille romaine était connue des Grecs (Dioscoride évoque le cas d’un parthenion apte à soigner jaunisse, calculs, accès fébriles et troubles oculaires) et, qui plus est, des Romains. Avec un nom pareil, quoi de plus naturel ? Aussi, quand il est écrit que Galien la préconisait au II ème siècle de notre ère contre les maux de tête, les migraines, les névralgies et les coliques, personne ne bronche car ces indications sont toutes du ressort de la romaine. Quand ce même Galien assure que les anciens Égyptiens l’auraient dédiée au dieu Soleil de par son efficacité à lutter contre les fièvres et les accès de chaleur, là encore, personne ne bouge une oreille. Pensez donc, Galien, l’un des plus grands médecins après Hippocrate ! De même, lorsqu’on lit chez Macer Floridus que l’Anthemis était vantée par Esculape (l’équivalent romain d’Asclépios), plus aucun doute n’est permis : la camomille dont on parle est bien la camomille romaine ! Euh… en fait, non. Celle qu’on croit être, à tort, la romaine dans les textes antiques, ne l’est pas, l’Anthemis nobilis étant inconnue de l’Antiquité gréco-romaine, et cette assertion n’est pas avancée à l’absence de toute preuve, bien au contraire. Pour cela, invitons la camomille dite allemande afin de donner davantage de contraste à nos propos. Par camomille allemande, on pourrait s’attendre à une plante relativement septentrionale, et par camomille romaine à une plante méridionale. Or, c’est l’exact inverse qui est vrai ! Aujourd’hui courante un peu partout en Europe, la camomille allemande, la matricaire donc, originaire des régions méditerranéennes, « est si abondante en Grèce qu’en mars-avril, l’atmosphère, aux environs de l’Acropole, en est toute parfumée » (1). A l’inverse, la camomille romaine est une plante qui, en France, est présente surtout à l’Ouest et au Centre, puis qui se raréfie ou devient inexistante au fur et à mesure que l’on progresse plus avant dans les terres. Au-delà de l’Auvergne, il est rare de rencontrer la camomille romaine au naturel. La romaine est atlantique (largement répandue en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne), alors que l’allemande est méditerranéenne ! L’une s’est déployée en suivant la course du soleil, l’autre en allant à rebours ! Tout les opposerait donc ? Si l’on estime que la romaine est poilue, l’autre glabre, oui. Si l’on considère que l’allemande est annuelle et l’autre vivace, deux fois oui. Et si la romaine porte cet épithète, c’est parce que, implantée plus à l’est, échappée des jardins, « c’est dans ces dernières conditions que Joachim Camerarius la rencontra dans la campagne romaine et lui donna le nom de camomille romaine » (2) en 1588, un nom qui lui est finalement resté. Si l’on pense difficile de distinguer les deux espèces dans les textes antiques, cette appréhension n’a pas lieu d’être. La camomille romaine n’étant pas une plante originaire du midi, il est somme toute normal que les anciens Grecs et Romains ne l’aient pas connue et qu’ils ne nous aient, par conséquent, rien transmis à son sujet. Si l’Antiquité égyptienne consacre une camomille au Soleil, si l’Antiquité gréco-romaine fait référence à une camomille, il ne peut en aucun cas s’agir de la romaine qui, même ignorée au Moyen-Âge, n’apparaît clairement dans les textes qu’à partir du XVI ème siècle. Par exemple, la febrifuga du Capitulaire de Villis (fin VIII ème – début IX ème siècle) ne peut être la camomille romaine. Sans doute s’agit-il de la matricaire, mais rien n’est bien certain à ce sujet.
Ainsi, quand l’auteur anonyme du Carmen de viribus herbarum conseille de récolter « sa » camomille au mois de juillet, il est permis de s’interroger à propos de son identité. Si je dis « lavande », on peut tous avoir en tête une image mentale qui différera d’une personne à l’autre. L’une pensera à l’aspic, l’autre à la stoechade, etc. Même constat chez Macer Floridus lorsqu’il parle de Chamomilla. Le bas latin Chamomilla émane du grec Khamaimêlon, terme forme de khamai (« qui vit près du sol », « qui est petit ») et mêlon, terme générique ne désignant pas que la pomme mais l’ensemble des fruits. C’est pourquoi on s’est hasardé à qualifier cette plante du nom littéral de « pomme de terre » (aucun rapport avec la patate ^_^), simplement du fait que la camomille est une petite plante portant des fruits, en fait des capitules floraux, à l’odeur de pomme. Ce que Macer dit de sa Chamomilla donne néanmoins des indices : il s’agit d’une petite herbe odorante, emménagogue et fébrifuge, ce qui correspond à la camomille romaine, mais il la dit aussi diurétique et antilithiasique, ce qu’elle n’est pas vraiment. Du côté d’Hildegarde de Bingen, on a affaire à une Metra. Anagramme de Mater, la « mère » en latin ? Ce qui nous propulse, au choix, du côté de la matricaire ou bien de la mutterkraut, « l’herbe à la mère » qui se trouve être la grande camomille, Chrysanthemum parthenium. Mais tout ceci n’est qu’un égarement de mon esprit fébrile face à l’insolubilité d’une telle question. Las. Selon Hildegarde, cette « camomille est chaude, elle a un suc agréable qui constitue un suave onguent pour les intestins » (3). Et, tout comme camomille romaine, matricaire et grande camomille, la Metra hildegardienne est emménagogue. De plus, elle intervient en cas de colique, d’affections cutanées, d’hémorragie et de douleur goutteuse, toutes affections, ou presque, relevant du domaine thérapeutique de la camomille romaine.

Loin de ces considérations, l’implantation de la camomille romaine sur la façade atlantique explique bien pourquoi elle fut une plante privilégiée par les Celtes, bien que le monde celte ne se réduise pas à ses extrémités océaniques, puisque, à l’apogée de son expansion (au II ème siècle avant J.-C.), il s’étendait de l’Ouest (Portugal, Irlande) jusqu’à l’Est, en bordure de Mer noire. Ce fut donc un remède druidique dont le souvenir s’est perpétué puisqu’elle fait partie des plantes sacrées du solstice d’été, très usitée par les Anglo-saxons lors de la Saint-Jean d’été, alors qu’ailleurs, où cette plante est inconnue, on accorde tout son intérêt à certaines de ses cousines telles que pâquerette et grande marguerite.

Soit qu’on lui préfère la variété « double » ou bien qu’on la confonde avec la matricaire, la camomille romaine est tombée dans une sorte de déshérence. De plus, « l’invasion » de substances extraites de pharmacopées lointaines a mis à mal la réputation de la camomille romaine. Mais tous les praticiens ne tombèrent pas dans le panneau qui consiste à croire que l’herbe est forcément plus verte chez le voisin. Ainsi, Lieutaud, sans chauvinisme, se penche sur le cas de la camomille romaine dans les années 1760 et met en évidence des propriétés qui ont toujours cours à l’heure actuelle : carminative, antispasmodique, fébrifuge, propre à soulager les douleurs goutteuses. Puis, au siècle suivant, Cazin la préconise comme tonique, calmante, digestive, fébrifuge également, insistant sur le fait qu’elle fut très employée comme fébrifuge indigène dont l’action est proche, selon maints auteurs, de celle du quinquina et, bien souvent, supérieure à l’écorce péruvienne.

La camomille romaine est une petite plante vivace dont la taille n’excède pas 30 cm, parfois moins, habituée à étaler et coucher ses tiges dès la base, ce qui fait qu’elles sont rarement dressées d’un seul tenant. Son feuillage, composé de feuilles divisées et très découpées, donne à cette plante une allure vaporeuse, un effet visuel en cela renforcé par la multitude de petits poils qui couvrent son feuillage, lui donnant une teinte vert blanchâtre. Solitaires, les fleurs se perchent sur de longs pédoncules. Mais, caractéristique propre aux Astéracées, elles n’en sont pas vraiment. Auparavant, l’on ne parlait pas d’Astéracées mais de Composées : les « fleurs » de la camomille romaine sont, en fait, des capitules constitués de deux types de fleurs : celles jaunes, tubulées et hermaphrodites formant un cône bombé au centre, le tout cerné par des fleurs ligulées blanches et femelles sur le pourtour.
Comme nous l’avons dit, la camomille romaine élit domicile à l’Ouest de la France (Indre, Mayenne, Maine-et-Loire, etc.), mais également au Centre (Île-de-France, Cher, etc.). Elle apprécie les sols sablonneux, salés parfois, ce qui explique sa présence sur le littoral océanique. On la cultive dans divers endroits du monde : Afrique du Nord, États-Unis, Argentine. En France, se concentre la majeure partie de la production hexagonale dans le Maine-et-Loire, près de Chemillé-Melay. Mais il s’agit bien évidemment là de la variété annuelle à « fleurs doubles », qu’il faut donc semer chaque année, alors que la camomille romaine sauvage se propage par marcottage : ses tiges couchées s’enracinent de loin en loin et forment alors de nouveaux plans (pour conquérir la planète, ah ! ah !).

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La camomille romaine en phyto-aromathérapie

Tout tient dans le capitule. Le reste de la plante est le plus souvent négligé. Le capitule, donc. Selon que la plante est sauvage ou cultivée, il se montre sous deux aspects : une simple couronne de ligules blanches dans le premier cas, une double couronne et une quasi absence de fleurons jaunes au centre dans le second. Le hic, c’est que la camomille romaine sauvage est suffisamment rare pour qu’on ne puisse en faire un emploi de grande envergure. Ainsi, c’est sous sa forme cultivée qu’on la rencontre le plus souvent en herboristerie et commerces apparentés, au dépend de ses propriétés, la version cultivée étant bien moins puissante que la sauvage. Il y a également tout lieu de penser que l’huile essentielle – qui est extraite de la plante cultivée – l’est beaucoup moins que celle que l’on obtiendrait si l’on distillait la camomille romaine sauvage.
Les capitules de camomille romaine développent un très agréable parfum. En revanche, leur saveur chaude et balsamique est particulièrement amère, chose qui tient à la présence de germacranolides (des lactones sesquiterpéniques). Mais la camomille romaine ne contient pas que cela : des flavonoïdes, de la résine, de la gomme, des phytostérols, un camphre du nom d’anthémol, des coumarines, divers sels minéraux (soufre, calcium), enfin une très faible fraction d’essence aromatique dont la distillation des capitules secs par la vapeur d’eau ne permet d’obtenir qu’un rendement de 0,4 à 1 %. Vous comprenez pourquoi l’huile essentielle de camomille romaine est si onéreuse. De pH acide (3,7), cette huile est tout d’abord de couleur bleu céleste à la sortie de l’alambic, mais air et lumière la rendent verte, puis jaune brunâtre. C’est ainsi qu’on la trouve dans les flacons de verre teinté vendus dans les commerces spécialisés. Dommage pour le bleu !… Si la couleur de cette huile essentielle évolue, son parfum se renforce : doux, fleuri, fruité, à l’évident arôme de pomme.
En terme de profil biochimique, cette huile essentielle est composée d’esters à hauteur de 75 % (angélates et isobutyrates), puis on y rencontre quelques cétones (5 %), des monoterpénols (5 %), enfin un peu de monoterpènes (3 %).

Propriétés thérapeutiques

  • Puissante sédative du système nerveux central, relaxante, anxiolytique, négativante, inhibitrice des surrénales, inductrice du sommeil
  • Anti-inflammatoire, antalgique, analgésique, pré-anesthésiante, antinévralgique, antirhumatismale
  • Stimulante de la production des leucocytes, tonique, anti-anémique
  • Apéritive, digestive, stimulante hépatobiliaire, carminative, cholagogue, stomachique, antiparasitaire intestinale
  • Désinfectante cutanée, cicatrisante, vulnéraire, régénératrice cutanée (derme, épiderme), antiprurigineuse
  • Antispasmodique puissante
  • Fébrifuge, sudorifique
  • Bactériostatique
  • Anti-allergique
  • Emménagogue
  • Anti-ophtalmique
  • Inhibitrice thyroïdienne

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : indigestion, nausée, vomissement, embarras gastrique, crampes d’estomac et d’intestins, colique (et colique du nouveau né), diarrhée, lourdeur digestive, ballonnement, manque d’appétit, flatulence, entérite, colite, maladie de Crohn, ulcère gastro-intestinal, parasitose intestinale (lamblias, oxyures, ascaris, ankylostomes)
  • Troubles de la sphère respiratoire + ORL : prémisse de rhume, bronchite, sinusite, trachéite, pharyngite, laryngite, otite, toux sèche
  • Affections cutanées : urticaire, eczéma, psoriasis, prurit, acné, furoncle, dartre, panaris, démangeaison, irritation et inflammation cutanées, engelure, gerçure, brûlure, coup de soleil, coupure, plaie, plaie infectée, ulcère, ulcère de jambe
  • Affections oculaires : conjonctivite, blépharite, paupières gonflées, orgelet
  • Troubles locomoteurs : rhumatisme, douleur goutteuse, douleur articulaire, crampes et contractures musculaires, sciatique, lumbago, entorse, foulure, courbature
  • Autres douleurs : maux de tête, migraine (d’origine digestive, infectieuse, gynécologique), névrite, névralgie faciale, douleurs et poussées dentaires
  • Troubles de la sphère cardio-circulatoire : couperose, arythmie cardiaque, palpitations
  • Troubles de la sphère gynécologique : aménorrhée, dysménorrhée, fatigue sexuelle féminine, frigidité
  • Asthénie, anémie, fatigue générale
  • Hygiène buccale, aphte
  • Syndrome des jambes sans repos (impatience)
  • Vertiges
  • Acouphènes
  • Préparation à une intervention chirurgicale

Propriétés psycho-émotionnelles et énergétiques

Si j’ai tendance à associer les esters à l’élément Eau, le référentiel électronique me rappelle que, en (petite) partie, ils relèvent aussi de l’élément Terre. Ces deux éléments nous dirigent droit vers deux méridiens : le premier, celui de la Rate/Pancréas, lié à la Terre, le second, celui de la Vessie, lié à l’Eau. Selon Michel Odoul et Elske Miles, l’huile essentielle de camomille romaine est bénéfique au méridien de la Vessie. Par ailleurs, Philippe Maslo et Marie Borrel indiquent que la camomille, sans préciser laquelle (tss), agirait comme tonifiante de l’énergie du méridien de la Rate/Pancréas. Voyons voir ce qu’il en est.

  • La faiblesse du méridien de la Rate/Pancréas s’exprime par une tendance à la rumination, à la contrariété et à la mauvaise humeur. Son action corporelle s’applique aux ovaires et à l’ensemble du tube digestif. Sommes-nous des vaches pour ruminer, alors que nous ne sommes garnis, contrairement à ces paisibles bovidés, que d’une seule panse ? Nous avons vu dans quelle mesure la camomille romaine était efficace sur un très grand nombre d’affections gastro-intestinales, ainsi que son implication sur les troubles gynécologiques, aménorrhée et dysménorrhée relevant d’une perturbation du méridien de la Rate/Pancréas. Par ailleurs, l’élément Terre qui régit ce méridien implique un rapport à la « matière » (le « tangible », le « réel ») : sa maîtrise, sa possession, sa domination, son pouvoir sur elle. Ou le contraire si jamais ce méridien ne fonctionne pas comme il le devrait. Dans ce cas, la propension à agir sur la gestion de la vie quotidienne s’en trouve réduite, les difficultés financières et professionnelles (autrement dit, ce qui permet d’asseoir son existence sur une base essentielle) augmentées. Tout cela peut occasionner inquiétude, stress, angoisse, toutes choses que l’huile essentielle de camomille romaine est capable d’endiguer afin de faire retrouver le calme nécessaire pour qu’une réflexion raisonnable s’instaure face aux problèmes rencontrés. De plus, la camomille romaine aide à lutter contre le sentiment d’abandon de soi-même, lequel peut prendre la forme de « blues », de mélancolie et de déprime, voire même de dépression légère.
  • Le second méridien, celui de la Vessie, est intimement lié à des émotions telles que peur, phobie et angoisse. Chocs nerveux et émotionnels, trauma affectif et hypersensibilité sont aussi de la partie. Quand il défaille, courage et sérénité cèdent le pas à l’inquiétude et à la panique. C’est alors l’immersion dans les énergies profondes et aqueuses qui peut déclencher un ensemble de troubles liés aux peurs nocturnes, viscérales et secrètes : cauchemars, insomnie et autres troubles du sommeil sont alors au rendez-vous. Ici, la camomille romaine a davantage une influence sur les vécus psycho-émotionnels et prend très peu en charge les troubles physiologiques imputables à une perturbation du méridien de la Vessie. En réalité, c’est l’autre méridien lié à l’élément Eau, celui des Reins, qui entre le plus fortement en résonance avec l’huile essentielle de camomille romaine.
  • Enfin, pour faire bonne figure, indiquons que les chakras de prédilection de l’huile essentielle de camomille romaine sont ceux du cœur et du plexus solaire, et ceux de la couronne et de la racine dans une moindre mesure.

Modes d’emploi

  • Infusion de capitules
  • Décoction de capitules ou de la plante entière fleurie (usage interne comme externe)
  • Poudre de capitules additionnée de sucre
  • Sirop
  • Macération vineuse (vin rouge de préférence), huileuse, acétique de capitules
  • Teinture-mère
  • Huile essentielle : diffusion atmosphérique, olfaction, inhalation, voie orale, voie cutanée
  • Hydrolat aromatique : gargarisme, vaporisation cutanée, voie orale

Sur la question de l’infusion : bien des auteurs mentionnent qu’elle doit être prise après les repas, ce en quoi s’élèvent des voix face à cette habitude : «  Il est déconseillé de boire cette infusion après les repas, comme le font tant de personnes âgées : la plante, par son action sur les muqueuses internes dont elle active les sécrétions et calme les spasmes, doit en effet trouver le champ libre pour le préparer à l’invasion alimentaire » (4). Cette prise doit avoir lieu 30 à 45 mn avant chaque repas. Maintenant que nous avons résolu la question du « quand ? », interrogeons-nous sur celle du « combien ? ». Pour la valeur d’une tasse d’eau (15 cl), la plupart des auteurs sont unanimes pour compter, en moyenne, quatre à six capitules, sauf Henri Leclerc qui considère cette quantité comme insatisfaisante. En réalité, le nombre de capitules par tasse d’eau dépend de l’usage que l’on souhaite en faire : 4 à 5 têtes pour une infusion apéritive, 10 à 12 pour une boisson fébrifuge. Ce qui justifie la prudence de beaucoup, c’est que, à haute dose, la camomille romaine est vomitive. Notons enfin que les effets de la camomille romaine diffèrent selon le mode de préparation : ainsi la décoction et la teinture sont toniques, alors qu’infusion et sirop procurent des effets excitants et antispasmodiques.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les capitules se cueillent durant l’été par temps sec (une rosée résiduelle les noircirait lors du séchage), alors qu’ils ne sont ouvert qu’au ¾.
  • Séchage : il est délicat, doit s’opérer rapidement en un lieu sec et aéré.
  • Associations : afin de renforcer l’action fébrifuge de la camomille romaine, on peut la mêler à d’autres plantes qui visent le même objectif : petite centaurée, saule blanc, absinthe, quintefeuille, marrube blanc, benoîte, grande gentiane jaune. Le mieux étant, comme le soulignait Cazin, d’associer tant les principes amers, les astringents que les aromatiques. En revanche, la camomille romaine est incompatible avec le noyer, le quinquina et la plupart des drogues à tanin.
  • Par la grande fraction d’esters contenue dans l’huile essentielle de camomille romaine, celle-ci peut donc s’employer sans risque dans la limite des doses thérapeutiques et physiologiques, et ce quelle que soit la voie envisagée. Cependant, en cas d’usage au long cours et sur les peaux fines et fragiles, il est recommandé de diluer cette huile dans un support adapté. Les personnes allergiques à l’un des constituants de cette huile essentielle devront procéder par le test du pli du coude avant toute utilisation par voie cutanée. Dans tous les autres cas, rappelons que toute substance est susceptible, un jour ou l’autre, de poser problème si on en fait un usage inconsidéré. Il n’existe pas d’huiles essentielles sans risque d’un côté, et d’autres « dangereuses » de l’autre, comme on a assez souvent tendance à le lire çà et là, ce que je déplore. Durant la grossesse, l’huile essentielle de camomille romaine s’utilisera avec parcimonie à partir du quatrième mois.
  • La camomille romaine est une plante « soin » pour les autres plantes environnantes. Ce qui veut dire qu’elle leur rend vigueur. Ce qui explique sa présence au sein des engrais anthroposophiques.
  • Soins capillaires : la camomille romaine renforce la brillance des cheveux blonds et en avive la blondeur. Voici une recette simple de vinaigre de fleurs de camomille romaine qui peut parfaitement jouer le rôle de lotion capillaire : placez une poignée de fleurs dans un récipient hermétique pouvant contenir ½ litre de vinaigre de cidre. Laissez macérer trois semaines dans un lieu chaud ou pourquoi pas en plein soleil. A l’issue, filtrer et conservez en bouteille.
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    1. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 609
    2. Ibidem, p. 203
    3. Hildegarde de Bingen, Physica, p. 73
    4. Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 141

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Camomille romaine à l'état cultivé

Camomille romaine à l’état cultivé

2 réflexions sur “La camomille romaine (Chamaemelum nobile ou Anthemis nobilis)

    • Oui, il est des pratiques qui ne relèvent pas du bon sens et qu’il faut savoir remettre en question. Mais cette tendance à confondre boisson thérapeutique et boisson de confort est si vive qu’on en vient à faire des âneries sans s’en rendre bien compte ^^

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