Huile essentielle d’ylang-ylang

Ylang_ylang_fleur

L’origine de l’ylang-ylang se localise à l’Asie du sud-est (Java, Sumatra, Philippines). C’est d’ailleurs dans les environs de Manille qu’Albert Schwenger sera le premier à en distiller les fleurs dans les années 1860. Cela marque le début de la carrière de l’alang-ilang tel qu’on le désigne en dialecte tagolog. Mais avant cela, la « fleur des fleurs » est un remède propre à son lieu d’origine. « Le Cananga odorata croissant dans les îles du Pacifique est renommé pour le parfum suave de ses fleurs semblables à celui des narcisses (1). On en fabrique une pommade (2) dont on se frictionne le corps à la saison des pluies pour se mettre à l’abri des fièvres. Les femmes, elles, s’en mettent dans les cheveux pour attirer l’attention des hommes et stimuler leur ardeur » (3).

L’engouement pour l’ylang-ylang sera tel que sa culture se développera assez rapidement en dehors de son aire de répartition initiale. C’est pourquoi on le rencontre aujourd’hui autant dans l’Océan indien (Madagascar, Comores, Réunion (4), Mayotte (5) île Maurice) qu’en Amérique centrale (Costa Rica, Caraïbes).

A l’état sauvage, l’ylang-ylang est un arbre de moyenne stature (20 à 25 m) qui porte de longues feuilles luisantes, persistantes, aux nervures marquées. Quant au fruit (si on laisse fructifier l’arbre), il se présente sous une forme oblongue et n’est pas plus gros qu’une olive. Tout d’abord verdâtre, il noircit à maturité et renferme six à douze graines aplaties de couleur brune.

L’huile essentielle d’ylang-ylang en aromathérapie

En aromathérapie, rares sont les fleurs qui peuvent être correctement distillées. Si le jasmin et le muguet ne passent pas l’épreuve de l’alambic, ça n’est pas le cas des fleurs d’ylang-ylang. Cependant, tout comme la rose de Damas, l’ylang-ylang doit être entouré de soins minutieux, et cela, dès la cueillette qui se déroule de l’aube jusqu’à 9 ou 10h00 du matin. Alors, les fleurs doivent être ouvertes, sans plus, puis distillées immédiatement, tout en veillant à écarter les fleurs abîmées qui peuvent nuire à la totalité du lot. Généreux, l’ylang-ylang peut produire 4 à 5 kg de fleurs par an et par pied, et 100 kg sont nécessaire pour obtenir un rendement compris entre 1,5 et 2,5 l d’huile essentielle.
L’huile essentielle d’ylang-ylang est le résultat d’une distillation longue et complexe, mettant en œuvre un procédé de fractionnement. De ce fait, on distingue non pas une huile essentielle d’ylang-ylang, mais six ! Ce qui les différencie avant tout, c’est la durée de la distillation :

  • Extra supérieure (ou extra S) : environ 30 mn (tête de distillation ; sa fragrance, très développée, fine et capiteuse, la destine plus particulièrement à l’industrie de la parfumerie)
  • Extra : 1h00
  • Première fleur : 3h00
  • Deuxième fleur : 6h00
  • Troisième fleur : 12h00
  • Complète (ou totum) : 20 à 24h00 (c’est cette dernière que l’on utilise en aromathérapie car, comme son nom l’indique, on extrait jusqu’en queue de distillation)

Il est bien évident que de l’huile essentielle « extra S » à l’huile essentielle « totum » bien des choses différent : le prix tout d’abord (l’extra S est plus chère), la densité (la totum est la plus légère des deux ; densité : 0,93), enfin la composition biochimique :

Extra S :

  • Sesquiterpènes : 38 %
  • Esters : 41 %
  • Monoterpénols : 7 %
  • Sesquiterpénols : 7 %
  • Éthers : 5 %

Totum :

  • Sesquiterpènes : 42 %
  • Esters : 35 %
  • Monoterpénols : 10 %
  • Sesquiterpénols : 8 %
  • Éthers : 3 %

L’huile essentielle d’ylang-ylang est fluide, mais peu mobile, presque sirupeuse. Son odeur florale est chaude, sucrée, jasminée et épicée. C’est un parfum puissant et tenace qui résiste sur la peau durant de très longues heures… Sa couleur oscille du jaune clair au caramel.

Propriétés thérapeutiques

  • Régulatrice et sédative du système nerveux central et du système nerveux autonome, calmante, relaxante, apaisante, négativante, inhibitrice des glandes surrénales, anxiolytique
  • Hypotensive par vasodilatation, régulatrice de la tachycardie, tonique circulatoire
  • Anti-infectieuse : antibactérienne (Staphylococcus aureus), antifongique (Saccharomyces cerevisiae), antiparasitaire
  • Anti-inflammatoire, antalgique
  • Régénératrice cutanée, tonique cutanée, cicatrisante, tonique capillaire, régulatrice de la sécrétion de sébum (excès comme carence)
  • Antispasmodique (de l’utérus surtout)
  • Anti-oxydante
  • Antidiabétique
  • Antidépressive, euphorisante
  • Régulatrice de l’hyperpnée
  • Tonique testiculaire et ovarienne surtout

Usages thérapeutiques

  • Troubles cardiaques : tachycardie, extrasystole, palpitations, hypertension
  • Troubles respiratoires : asthme, bronchite, coqueluche, toux, mycose respiratoire
  • Douleurs articulaires et/ou musculaires, spasmes et contractures musculaires
  • Troubles gynécologiques : atténuer le syndrome prémenstruel, ménopause, convalescence après intervention gynécologique, préparation à l’accouchement, spasmes utérins, frigidité, asthénie sexuelle
  • Affections cutanées : démangeaisons, brûlure, plaie, écorchure, acné, parasites cutanés (gale, teigne), mycoses (aspergillose, candidose), piqûre d’insecte
  • Troubles urinaires : cystite, urétrite
  • Nervosité, agitation, stress, anxiété, angoisse, panique, troubles du sommeil, insomnie (permet une meilleure gestion de ces manifestations en abaissant la température cutanée, le rythme cardiaque, le rythme respiratoire et la pression sanguine)
  • Poussées dentaires

Propriétés psycho-émotionnelles et énergétiques

L’analyse biochimique abordée plus haut met en évidence l’importance des sesquiterpènes au sein de l’huile essentielle d’ylang-ylang. Les chiffres indiqués (38 et 42 %) ne sont que des moyennes. Il est possible de rencontrer des huiles essentielles d’ylang-ylang en contenant bien davantage, de l’ordre de 60 à 70 % (plus le taux de sesquiterpènes augmente et plus celui d’esters baisse). Mais, dans un cas comme dans l’autre, cette prédominance sesquiterpènes/esters signe l’appartenance de l’huile essentielle d’ylang-ylang à l’élément Eau, un élément en relation avec la sensibilité, les émotions, l’affectivité, l’amour… Ce qui est fort intéressant, sachant que les sesquiterpènes agissent à droite du cortex droit, duquel émane les émotions, l’action fusionnelle, les émotions et le plaisir. Sans pour autant être aphrodisiaque, l’ylang-ylang favorise l’expression des sentiments, tout en ayant une action sur l’hypophyse, laquelle commande de nombreuses autres glandes endocrines dont les gonades. L’huile essentielle d’ylang-ylang intervient donc en cas d’impuissance et de frigidité.

Davantage yin que yang, l’huile essentielle d’ylang-ylang permet de canaliser le méridien du maître cœur (c’est-à-dire celui qui seconde le méridien du cœur), en particulier lorsqu’il est agité d’énergie trop yang, provoquant nervosité, irritabilité, agitation, manque de joie et d’enthousiasme.

En ce qui concerne les chakras, un raccourci simplificateur (pour ne pas dire simpliste) que l’on rencontre souvent a voulu qu’on associe l’huile essentielle d’ylang-ylang au chakra sacré (ou chakra du sexe) pour des raisons aphrodisiaques. Or cette huile essentielle vibre beaucoup trop rapidement pour être associée à la couleur orange, à tel point qu’elle entre en résonance avec le chakra de la couronne (violet) et son corollaire le chakra du plexus solaire (jaune), en particulier si elle est plus riche d’esters que de sesquiterpènes. Dans le cas contraire, elle se situera davantage au niveau du chakra de la gorge (bleu) et, indirectement, à celui du chakra sacré (orange).

Modes d’emploi

  • Voie orale avec circonspection
  • Voie cutanée pure ou diluée (selon le seul de tolérance cutanée ; certains auteurs la disent irritante pour la peau, voire dermocaustique (?!!!), d’autres la considèrent comme exempte de ce type de phénomène, un avis que je partage compte tenu de la haute teneur en sesquiterpènes présente dans cette huile essentielle)
  • Olfaction
  • Bain
  • Diffusion atmosphérique : à petite dose et en synergie avec d’autres huiles essentielles ou essences (le parfum de l’ylang-ylang peut devenir entêtant et, à force, provoquer des migraines et des nausées)

Contre-indications et autres usages

  • Grossesse : une fois de plus, les avis divergent sur cette question. Soit l’on recommande la prudence durant les trois premiers mois, soit on exclue purement et simplement cette huile essentielle durant la grossesse et l’allaitement.
  • Cosmétique : l’huile essentielle d’ylang-ylang maintient le taux de sébum quel que soit le type de peau. Elle estompe les rides et revitalise les peaux fatiguées et asphyxiées. On la rencontre souvent dans les parfums, les eaux de toilette, les savons…
  • Usages capillaires : stimulation de la repousse capillaire, atténuation des démangeaisons du cuir chevelu, régulation du taux de sébum sur cheveux trop secs ou trop gras, cheveux abîmés, pellicules…
  • Cuisine : certaines huiles essentielles peuvent se prêter à un usage culinaire, l’ylang-ylang est de celles-là. En Asie du sud-est, l’ylang-ylang aromatise friandises, glaces et boissons. J’ai moi-même tenté une goutte d’ylang-ylang dans une compote de mangue. A essayer ! :)
    _______________
    1. On décèle aussi, dans le parfum de l’ylang-ylang, la fragrance du jasmin et celle de l’œillet.
    2. Il s’agit probablement du boori-boori, obtenu par macération de fleurs d’ylang-ylang dans de l’huile de coco. Outre la fièvre, cette pommade était employée dans les infections, mais aussi pour nourrir la peau et la protéger, ainsi que les cheveux, du soleil et des embruns.
    3. Nicolas Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples.
    4. Au début du XX ème siècle, la Réunion comptait environ 200 000 arbres exploités, mais des cyclones successifs ont eu raison d’un grand nombre d’entre eux.
    5. Mayotte, dont le drapeau s’orne de deux fleurs d’ylang-ylang, compte essentiellement sur la culture de cet arbre. En effet, son économie dépend à 85 % des exportations d’ylang-ylang.

© Books of Dante – 2016

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9 réflexions sur “Huile essentielle d’ylang-ylang

  1. Bonjour,

    je souhaitais vous remercier pour votre travail, de manière générale, et pour cet article en particulier, qui m’a servi de documentation (entre autres) dans la préparation de films sur le sujet de l’Ylang. Pour vous présenter mon travail, je développe des films semblables à des ‘fiches techniques vidéos’, entre tutos et documentaires.

    Voici les deux liens, si vous me permettez, vers mes travaux sur l’Ylang :
    – la culture de l’arbre proprement dite :

    – l’huile essentielle : https://youtu.be/9vVIQldq4oQ

    Comme je souhaitais contribuer à faire connaitre votre travail, et aussi que nombre d’aspects que vous abordez ne sont pas présents dans les films, je me suis permis de mettre votre blog dans la description.
    En espérant que cette démarche vous plaira,

    Continuez à nous enchanter,

    Bien à vous,

    MB.

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    • Bonjour,

      Merci tout d’abord pour votre message :) Vous avez bien fait pour les vidéos, il aurait été dommage de ne pas les partager. Je les ai regardées toutes les deux hier soir, elles sont fort instructives. Je suis certain que cela ravira certains lecteurs ici.

      Belle journée à vous,

      Gilles

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