Les oxalis (Oxalis sp.)

Oxalis petite oseille

  • Oxalis petite oseille (Oxalis acetosella)
  • Oxalis corniculé (Oxalis corniculata)

Synonymes : oxalide, oxalis des bois, oseille de bûcheron, oseille de lièvre, oseille de brebis, oseille de bique, oseille à trois feuilles, oseille de Pâques, alléluia, vinaigrette, trèfle aigre, surelle, pain de coucou, herbe au coucou, etc.

Les oxalis sont de petites plantes vivaces qui ne dépassent pas 15 cm de hauteur. Rampantes, elles se propagent grâce à un rhizome grêle et peuvent rapidement devenir envahissantes. Ne possédant aucune tige, pédoncules floraux et pétioles foliaires naissent directement de la souche du rhizome, comme le font la plupart des fougères. Des feuilles cordiformes groupées par trois augmentent la ressemblance avec le trèfle. L’oxalis petite oseille possède des fleurs blanches veinées de mauve alors que celles de l’oxalis corniculé sont de couleur jaune. Chez l’un et l’autre, les fleurs, qui s’ouvrent vers 9h00 du matin, se ferment à la tombée du jour (ou en cas de temps couvert ou pluvieux), les feuilles font de même la nuit, « protégeant par là la plante contre une perte excessive calorique » (1). Fleurissant dès le mois d’avril, ils apparaissent du temps de Pâques, ce qui leur a valu le surnom d’alléluia, car cette fleur « annonce comme un renouveau de la vie » (2). Les fruits formés ressemblent à des capsules qui explosent et libèrent leur contenu jusqu’à un mètre de distance au moindre frôlement.
Les oxalis, assez fréquents jusqu’à 1500 m d’altitude, affectionnent les terrains acides, les espaces boisés de feuillus comme de conifères, humides, ombrageux, mais également les prés et les jardins, surtout pour l’oxalis corniculé. Très communes dans toute l’Europe, ces plantes sont rares ou absentes dans les régions méditerranéennes.

Le curieux nom d’oxalis provient du grec oxus qui veut tout à la fois dire pointu et piquant : « il peut avoir été donné à la plante à cause de l’extrémité pointue de ses feuilles ou bien à cause de sa saveur » (3). Sachant le goût aigrelet de l’oxalis, nous retiendrons cette seconde hypothèse, renforcée, dans le cas de l’Oxalis acetosella, par l’adjectif acetosa, « acide ».

Simplicité élégante, affection réconfortante, l’oxalis est aussi l’emblème de la Trinité du fait de ses feuilles trifoliolées. En Irlande, où elle porte le nom de shamrock, cette plante est insigne national. Le 17 mars, jour de la Saint-Patrice, la tradition veut qu’on accroche des feuilles d’oxalis à son chapeau et, dans certains bars, l’on sert du gin dans lequel trempent quelques feuilles. Quant à la confusion qui est souvent faite avec le trèfle, elle s’explique par le fait que l’oxalis « s’est raréfié avec le défrichement des forêts, le trèfle s’est souvent substitué à l’oxalide dans l’usage récent de l’Irlande » (4). Une espèce voisine, Oxalis griffithii, miyama-katabami en japonais, figure au sein de l’héraldique nippone.

Les oxalis en phytothérapie

Outre la grande quantité d’eau que contiennent les feuilles d’oxalis, nous notons la présence de mucilage dans leur tissu, mais surtout d’une substance baptisée oxalate de potasse, en relation avec le nom de ces plantes et surtout parce qu’elles en recèlent de 0,3 à 1,25 %. Parfois confusion est faite entre l’oxalate de potasse et l’aide oxalique. Ce dernier « s’obtient en décomposant l’oxalate de potasse par l’acétate de plomb ; on traite le précipité par l’acide hydrosulfurique, et on fait cristalliser la liqueur » (5). Ainsi l’on recueille de petits cristaux de couleur blanche, aigus, piquants et opaques, également connus sous le vocable de sel d’oseille.
Dans ce qui va maintenant suivre, nous entremêlerons propriétés et usages propres à deux oxalis : l’oxalis petite oseille (O. acetosella) et l’oxalis corniculé (O. corniculata). Si le premier se cantonne surtout à l’Occident, nous aurons l’occasion de constater que la phytothérapie chinoise aura, de beaucoup, su tirer davantage de profits de cette seconde espèce qui est pourtant tout aussi commune que la précédente, à tel point qu’elle fait le cauchemar des jardiniers devant le caractère invasif qu’il déploie face à leurs potagers. Nous signalerons chaque usage chinois par un *.

Propriétés thérapeutiques

  • Toniques, stimulants
  • Astringents légers, maturatifs, caustiques
  • Anti-infectieux, antiputrides
  • Désaltérants, rafraîchissants
  • Diurétiques, dépuratifs
  • Laxatifs légers, accroissent l’action des purgatifs
  • Anti-inflammatoires
  • Antiscorbutiques
  • Emménagogues (?)

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée*, dysenterie*, embarras gastrique, constipation chronique
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : cystite*, hématurie*, rétention urinaire
  • Troubles de la sphère gynécologique : leucorrhée*, métrite, inflammation ovarienne, menstruations difficiles
  • Affections de la bouche et de la gorge : maux de gorge*, angine, stomatite, gingivite*, ulcération
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : affections bilieuses, ictère*, hépatite*
  • Troubles de la sphère respiratoire : toux*, asthme*
  • Affections cutanées : furoncle, exanthème, abcès froid, tumeur scrofuleuse, contusion*, hématome*, brûlure (premier et deuxième degré)*
  • Scorbut
  • Saignement de nez*
  • Accès fébrile (adjuvant)

Modes d’emploi

  • Décoction de feuilles fraîches ou sèches
  • Suc frais
  • Sirop
  • Cataplasme de feuilles cuites
  • Feuilles fraîches mâchées

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : elle peut s’effectuer dès le printemps et se poursuivre durant toute la bonne saison.
  • Séchage : il amoindrit de beaucoup les propriétés de la plante. Le seul cas où l’oxalis requiert d’être sec, c’est pour élaborer une décoction antiscorbutique.
  • Toxicité : une consommation d’oxalis, que ce soit thérapeutique ou alimentaire, expose à certains risques dont l’effet cumulatif dans l’organisme de l’oxalate de potasse est responsable. Considérez que 100 g de feuilles fraîches représentent environ 1 g de cette substance : à ce stade, cette quantité est déjà toxique pour l’enfant. Donc, pas d’usage sporadique massif, mais encore moins d’usage limité au long cours, l’oxalis risquerait d’entartrer l’organisme, c’est pourquoi il est déconseillé aux rhumatisants, goutteux, arthritiques et lithiasiques. Sur les dangers de l’oxalate de potasse, je renvoie le lecteur à la monographie portant sur les oseilles.
  • Alimentation : de saveur plus fine et moins agressive que les petite et grande oseilles, l’oxalis s’emploie dans les mêmes cas qu’elles deux. Il est possible d’incorporer les feuilles à un potage, un bouillon, etc. Crues, elles se marient bien avec la laitue.
  • L’oxalis, ainsi que les oseilles, furent autrefois de grandes sources d’extraction d’oxalate de potasse, comme cela se fit en Suisse où cette plante est très courante. Ce sel d’oseille trouva différents rôles : détachant (taches d’encre), teinture de la soie et de la laine, ravivement du carthame des teinturiers, blanchissement de la paille, etc.
  • Autres espèces : on en compte de très nombreuses dont l’oxalis des jardins (O. stricta), l’oxalis florifère (O. floribunda), etc.
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    1. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 717.
    2. Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 721.
    3. Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l’Antiquité, p. 580.
    4. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 718.
    5. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 44.

© Books of Dante – 2017

Oxalis corniculé