Le mahonia (Berberis aquifolium)

Quasiment inconnu comme plante médicinale en Europe, le mahonia est pourtant un acteur majeur dans le domaine de la phytothérapie puisqu’il était traditionnellement utilisé par de nombreuses tribus amérindiennes de la côté ouest de l’Amérique du Nord, avant de tomber dans l’escarcelle des médecins blancs.

Allons donc à la rencontre de ce petit arbuste qu’on connaît essentiellement comme espèce ornementale par chez nous !

Bonne lecture et beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles



Synonymes : mahonie, mahonia faux-houx, mahonia à feuilles de houx, vigne de l’Oregon, raisin de l’Oregon.

Celui à qui l’on a accordé le nom du botaniste américain Bernard McMahon (1775-1816) a été importé en Europe occidentale, d’Amérique septentrionale où il est natif, il y a tout juste deux siècles, en 1823. Ainsi n’est-il pas impossible que vous le connaissiez, soit parce qu’il pousse dans votre jardin ou bien dans un parc que vous fréquentez. Il faut dire qu’il est de culture si facile que cela n’aurait rien d’impossible : il prospère aussi bien comme couverture végétale du sol en massif que sous forme de haie. Mais avant d’adopter cette posture domestique à laquelle nous sommes habitués, il faut savoir que le mahonia est un petit arbuste qui pousse naturellement dans les forêts mixtes et ombrageuses de l’ouest du continent nord-américain : il occupe une large bande territoriale, comprise entre l’océan Pacifique d’une part et les Montagnes Rocheuses de l’autre, englobant, aux États-Unis, les états de la Californie, de Washington et de l’Oregon (qui en a fait son emblème national), et au Canada celui de la Colombie-Britannique.

Son système souterrain est constitué d’un rhizome enfoui à une faible profondeur dans le sol, mais qui drageonne avec vigueur à l’horizontal, ce qui permet à la plante de se multiplier rapidement par voie végétative. Des rameaux simples et non épineux (au contraire de ceux de l’épine-vinette, Berberis vulgaris), couverts d’une écorce gris brunâtre, donnent une impression de touffeur quand on regarde l’allure générale de la plante : bien que peu ramifiés, il faut dire qu’ils sont abondamment garnis de longues feuilles composées dites imparipennées, c’est-à-dire dont le nombre de folioles est impair, ici compris entre trois et onze. Ces folioles, que l’on confondrait fort aisément avec des feuilles, sont ce qui fait ressembler le mahonia au houx : ces mêmes folioles vert sombre, semi-persistants, un peu coriaces et vernissées (ce qui leur octroie un couvert luisant) rappellent quelque peu les feuilles du houx, parce qu’elles sont bordées de petits éperons beaucoup moins piquants (errata : aussi piquants, j’ai vérifié ^.^) que ceux de la plante à laquelle le mahonia prétend ressembler (ces folioles s’en distinguent néanmoins parce que leur limbe est plat alors que la bordure des feuilles du houx – une pointe vers le haut, une pointe vers le bas, etc. – est gondolée). De plus, incomplètement semper virens, le feuillage du mahonia emprunte à l’automne certaines de ses couleurs coutumières : le bronze, le rouge et le pourpre. Très tôt dans l’année (dès février et jusqu’en mai), des grappes pyramidales (des racèmes, en fait) de fleurs hermaphrodites de couleur jaune apparaissent. Très parfumées, elles évoquent l’odeur du miel et du muguet. A l’image des fleurs de sa cousine épine-vinette, celles du mahonia disposent chacune de six étamines dites irritables, c’est-à-dire mobiles. Ce procédé permet à la plante de fournir davantage de pollen au contact d’un insecte pollinisateur. De ce contact musclé, s’ensuit l’apparition de baies généralement peu charnues, grosses comme des grains de cassis, tout d’abord vertes puis violettes à bleuâtres au fur à mesure qu’elles s’emplissent d’un suc devenant rouge foncé avec les mois qui passent. Capable de tolérer l’ombrage des grands arbres, le mahonia a cependant besoin de lumière pour faire éclore ses graines (photosensibilité positive), chose qu’il parvient très bien à faire, l’espèce étant endozoochore, c’est-à-dire que les animaux, en mangeant les fruits, en dispersent les graines un peu partout, y compris sur des zones lumineuses où elles auront davantage de chance de réussir leur germination. Bien qu’il soit accoutumé au sous-bois, une exposition très ensoleillée ne déplaît pas non plus au mahonia. A cela, ajoutons que c’est une plante résistante à la pollution atmosphérique, au froid (rustique jusqu’à – 15 à – 20° C), à la sécheresse (sols secs, mais pas trop en revanche), qu’il est adaptable à tous les types de sols ou presque (neutres, calcaires, argileux, lourds, frais, bien drainés, pauvres), et l’on voit se dessiner le parfait portrait d’une plante pionnière, ce qui semble justifier son caractère dit invasif en Belgique et en Allemagne. En fait, si on le voit fournir du pollen aux abeilles et ses baies aux oiseaux de passage, le portrait idyllique s’arrête là : le mahonia est une autre de ces « pestes végétales » ! Toute cette prodigalité dissimule forcément de sombres projets ! (Quand on ne sait pas vraiment à quoi s’attaquer, ni comment, on est capable de doter les plantes – êtres sans cervelle – des plus pernicieuses intentions. Fou !) En plus de cela, celui qu’on voue aux gémonies ne semble même pas être une espèce exotique ! Je m’explique : ça n’est pas une espèce venue du dehors, prête à envahir l’Europe entière et à tout péter, non ! Celui auquel on adresse des reproches et à qui l’on donne la chasse serait un hybride né de Mahonia aquifolium et de M. repens. C’est-à-dire qu’il forme à lui tout seul une nouvelle espèce qui n’existe nulle part ailleurs que dans le milieu qui a favorisé son apparition ! Dingue, non ? Comment donc peut-on qualifier d’invasif un « enfant du pays » ? Je chicane, bien sûr, mais on se retrouve en face du même problème qu’avec la renouée du Japon : l’individu qui pose problème, ce n’est ni le père ni la mère, mais l’hybride surarmé et incontrôlable (du moins, davantage que papa et maman) né de leur union. Je suppose donc que les plus belles qualités végétatives de M. aquifolium et de M. repens se sont associées, et que sur la base de deux espèces non autochtones venues du dehors, c’est le produit de leur mariage (et non pas elles-mêmes en propre) qui, à la manière d’un redoutable Attila végétal, s’arroge de nouveaux territoires (peut-être moins propices au développement des espèces père et mère, mais particulièrement adaptés à celui du rejeton). Aussi ne suis-je pas certain que les tentatives d’éradication (c’est un bien grand mot !) mises en œuvre (aspersion au glyphosate – comme si on en manquait ! – ou à l’aide de solutions salines incluant du NaCl) aient une chance d’être couronnées de succès. (On sait comment certaines plantes sont capables de séquestrer le glyphosate dans des vacuoles prévues à cet effet…)

« La bonne plante au mauvais endroit ». Cela peut représenter une description satisfaisante, voire séduisante, de la situation décrite plus haut. Initialement, je l’avais trouvée intéressante, mais en y réfléchissant à deux fois, je me suis rendu compte à quel point elle était bancale et qu’il fallait la rejeter : toute plante, pour bien s’épanouir, requiert un endroit et des circonstances qui lui soient les plus convenables. N’importe quelle plante installée dans un lieu qui lui est néfaste finit par dépérir et disparaître (c’est généralement ce qui arrive aux plantes indigènes que les « invasives » viennent justement remplacer). Au contraire, notre mahonia « conquérant » a adapté sa génétique à ce nouvel environnement, ce qui, encore une fois, prouve l’intelligence du vivant (l’homme est incapable de ça dans un temps aussi court, ce me semble…). Ce mahonia serait donc une espèce de « transformer » végétal, individu opportuniste à qui le réchauffement climatique profiterait (?) , alors que d’autres plantes – indigènes, celles-ci – en subiraient les conséquences délétères. Que faire ? Protéger « coûte que coûte » (on sait ce que cela coûte, le « quoi qu’il en coûte »…) la flore indigène la plus fragile tout en extirpant du sol ces envahisseurs qui n’ont, soi-disant, rien à y faire ? Ou bien préfère-t-on le parti de l’intelligence et s’inspirer de ce que cette plante a à offrir et à faire comprendre ? La Vie, peu importe la forme qu’elle emprunte – bactérie, plante, organisme évolué – s’adapte toujours aux situations qui lui sont, ici ou là, les plus profitables. Or comme ces spécimens vivants se modifient dans le temps et dans l’espace, les hôtes qui peuplent la Terre font varier leur présence relative, ainsi que leur fréquence. La Terre ne saurait être un musée où tout est figé pour l’éternité. Le croire, c’est se leurrer. Aussi, au lieu de chouiner sans que cela puisse avoir le moindre effet, attachons-nous un peu aux usages qu’on fit du mahonia dans son milieu naturel d’origine. Oui, plutôt que de pousser ses hauts cris, comprenons tout d’abord pour quelle(s) raison(s) – faisceau d’intelligences – telle plante s’installe ici ou là, ce qui nous permettra, dans un second temps, de tirer parti au mieux de sa présence. Peut-être, alors, que la prise en compte de son passé élargira le regard de certains quant à son futur, ce qui n’est pas sans me rappeler ce que disait le physicien Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) : « Nous devons envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre ». S’opposer à la présence d’une plante, pour incongrue qu’elle nous apparaisse, outre que c’est un non-sens et une ruade bien imbécile face à la Vie, c’est aller contre la volonté de l’Univers d’unir toutes choses entre elles. Il est bien « difficile de penser que seul le hasard est responsable de la diversification et de l’évolution de la vie. Cette volonté d’être de la vie, inépuisable, pourrait-elle s’inspirer d’une Conscience qui lui serait intrinsèque, ou préfère-t-on imaginer que l’ensemble de l’architecture du vivant soit le fruit du hasard ? »1. Rien ne procède du hasard, rien n’apparaît sans cause. Les naissances ex nihilo, je n’y crois pas. Aller contre cette volonté de l’Univers d’unir toutes choses, c’est donc chercher à se couper de la Nature à laquelle on appartient, c’est appeler à la désunion, sans doute la pire chose qui soit. Ainsi, le mahonia n’est-il pas la bonne plante au mauvais endroit, mais la bonne plante dans la meilleure place qui soit (pour elle, en un instant T). « Dieu (au sens de dieu « qui se révèle lui-même dans l’ordre harmonieux de ce qui existe »), disait Albert Einstein, ne joue pas aux dés », sans quoi cette plante, aujourd’hui, ne réussirait pas aussi bien.



Prêtons maintenant une attention toute particulière aux usages multiples que firent du mahonia de nombreuses tribus amérindiennes vivants dans l’aire d’origine de ce petit arbuste américain. On peut en repérer de trois types : tinctorial, alimentaire et médicinal. Par l’exploitation d’un pigment tinctorial contenu dans l’écorce interne de la racine du mahonia (la xanthopicrine), on peut tirer une couleur jaune apte à teindre les objets de vannerie, la laine, le cuir, le bois, les piquants de porc-épic (alors que les fruits bien mûrs offrent une teinte violacée dont on usait pour colorer les armes, arcs et flèches). Ces mêmes baies (que j’ai goûtées : elles ne sont pas désagréables, loin de là) sont donc comestibles une fois qu’elles sont parvenues à maturité, bien qu’elles ne soient pas particulièrement charnues (une simple épaisseur de chair juteuse enferme les semences situées au centre du fruit). Malgré leur légère amertume un peu aigrelette, il est possible de les manger crues à l’état frais, cuites en gelée et en confiture. Ce sont surtout les graines amères qui sont problématiques ; pour obvier à cet état de fait, il est permis de réaliser une confiture en duo avec un autre petit fruit rouge mûrissant au même moment par exemple. Mais dans tous les cas, mieux vaut passer le mélange cuit pour en retirer les semences. Parfois, on les faisait aussi sécher pour en user ultérieurement au cœur de l’hiver, ce qui n’est pas une mauvaise idée en cas de disette menaçante. Du point de vue médicinal, nous verrons que les Amérindiens surent, avant tous le monde, bénéficier des vertus du mahonia pour des raisons étendues que nous allons compiler ci-après. Tout comme aujourd’hui, l’attention se portait déjà largement sur la racine de cette plante que l’on préparait en infusion, mais surtout par le moyen de la décoction, contre les troubles gastro-intestinaux, la plante étant réputée laxative (de même que son fruit, quand on en mange trop ^.^), vomitive, bonne contre le manque d’appétit et les désagréments d’estomac. Cette racine était aussi considérée comme antirhumatismale (arthrite), tonique générale, rénale et oculaire (médicament ophtalmique, le mahonia permet de soigner les yeux injectés de sang, irrités, qui démangent : on les bassinait, par le biais d’une douche oculaire, grâce à une infusion de rameaux et de racines). Mais ce qui ressort avec une nette assurance, c’est le pouvoir de la plante sur le domaine du sang : tonique sanguin, le mahonia est encore antihémorragique et dépuratif du sang, permettant d’assurer, selon les Okanagan-Colville un « changement de sang », ce qui n’est pas, au reste, très éloigné de ce que dit Matthew Wood sur ce point, citant John M. Scudder (1829-1894), un médecin américain : « Scudder a écrit en 1870 que le mahonia ‘répare les torts et nettoie les écuries d’Augias, aiguise l’appétit, donne un nouveau tonus et du sang neuf au corps […]. C’est à la fois un créateur et un nettoyeur de sang et comme il n’existe aucun autre remède connu qui soit aussi virulent pour les micro-organismes de presque toutes les variétés, en guise de sérum sanguin sain, le mahonia devient, indirectement sinon directement, un microbicide’ »2. Après ça, rien d’étonnant à ce que les Keres le considérèrent comme une plante prophylactique, que les Karuk en firent une forme de panacée, que les Ditidaht le mêlèrent à la pruche et à l’aulne pour lutter contre la tuberculose, que les Thompson l’employèrent face à la syphilis !…

Il nous appartient maintenant de rendre compte de la réalité thérapeutique moderne du mahonia, ce qui nous donnera une excellente opportunité de vérifier dans quelle mesure les tribus amérindiennes eurent du flair à son sujet.



Le mahonia en phytothérapie

Bien qu’étant tardivement entré dans la pharmacopée états-unienne au cours du XIXe siècle, le mahonia a été relativement bien étudié outre-Atlantique depuis plus d’un siècle. Caractéristique de par sa capacité à jaunir la salive quand on le mâche, le mahonia, d’odeur âcre et amer par son goût, révèle ainsi la présence de substances pigmentaires, à la manière de sa cousine épine-vinette, mais aussi de toutes ces plantes dont il faut également aller chercher la matière première thérapeutique sous terre : l’hydrastis du Canada (Hydrastis canadensis), le fil d’or chinois (Coptis chinensis), la xanthorhiza (Xanthorrhiza simplicissima), l’arbre à liège du fleuve Amour (Phellodendron amurense), etc. Les baies et les feuilles du mahonia, peu considérées, ont été littéralement occultées par l’écorce de sa racine (à la face interne jaune foncée, longitudinalement striée, et extérieurement brunâtre, ridulée, crevassée), en particulier en raison d’un « bouquet » d’alcaloïdes (1,50 %), dont la fameuse berbérine (présente dans tous les végétaux cités ci-dessus), décelable aussi dans les feuilles, mais dans de moindres quantités, ce qui n’a pas encouragé leur exploitation. La berbérine, bien qu’extrêmement connue pour ses fonctions antibactériennes étendues, ne saurait, à elle seule, justifier de l’entière activité thérapeutique du mahonia, puisqu’au sein du groupe des alcaloïdes isoquinoléiques, l’on croise aussi de l’hydrastine et de la palmatine. Les accompagnent d’autres alcaloïdes dits benzylisoquinoléiques : c’est le cas de la magnoflorine, de la tétrandine, de l’oxyacanthine et de la berbamine. D’autres alcaloïdes se joignent aussi à ce cortège déjà bien fourni : la jatrorrhizine, la columbamine, la corytubérine, l’isocorydine et l’isothébaïne.

Propriétés thérapeutiques

  • Altératif : provoque un changement bénéfique progressif dans le corps, généralement par une meilleure nutrition et élimination, sans avoir d’action spécifique marquée
  • Anti-infectieux : antibactérien et bactériostatique sur germes Gram + et Gram – (staphylocoque, streptocoque, Escherichia coli, Porphyromonas gingivalis, Vibrio cholerae), augmente l’efficacité des antibiotiques de synthèse, antifongique (Candida sp., Dermatophytes sp.), antivirale (?), parasiticide (trypanosome, Entamoeba histolytica, Trichomonas vaginalis, Giardia lamblia), antiseptique, immunomodulant

Note : le mahonia est antibactérien par action indirecte, comme on a déjà eu l’occasion de le signaler dans la première partie. C’est en modifiant l’environnement – le décor, si vous voulez – qu’il parvient à ses fins : il s’agit du tapis que l’on tire de sous les pieds des agents pathogènes, plus que la dague pointue que l’on enfonce dans leur couenne. Yin plutôt que yang, si vous voyez ce que je veux dire ^.^

  • Apéritif, digestif, stomachique, tonique amer, cholagogue, hépatostimulant puissant, améliore l’absorption et l’assimilation, laxatif
  • Tonique sanguin, dépuratif sanguin puissant, stimulant du système lymphatique, anti-hypertenseur
  • Diurétique
  • Cytotoxique (potentialise les effets de certains médicaments antitumoraux comme la doxorubicine), anticarcinogène, anti-proliférant, antimutagène, anti-oxydant, inhibiteur de la lipoxygénase
  • Anti-inflammatoire
  • Astringent, anti-psoriasique, anti-séborrhéique
  • Antiscorbutique
  • Neurotonique, procure force et vitalité
  • Tonique ophtalmique

Note : le mahonia est un précieux compagnon dès lors qu’on exprime quelques difficultés à expurger les toxines hors de l’intérieur du corps. L’image des écuries d’Augias est, je pense, parfaitement bien choisie. Sans se trouver réduit au rôle d’Héraclès lors de son sixième travail, sachons néanmoins apprécier l’activité du mahonia sur ce point, en particulier lors de ces deux phases de construction puis de dégradation tissulaires que sont l’anabolisme et le catabolisme. En agissant également sur le foie et sur la vésicule biliaire, le mahonia permet de décharger l’organisme de l’accumulation des déchets cataboliques qui l’encombrent, et dont l’un des exemples caractéristiques est la constipation.

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : atonie des fonctions gastro-intestinales, faiblesse d’estomac, mauvaise digestion, dyspepsie atonique, maladies dyspeptiques chroniques, diarrhée, dysenterie, gastrite, nausées, vomissement, spasmes du tractus intestinal, constipation chronique
  • Troubles de la sphère respiratoire + ORL : asthme, bronchospasme, catarrhe bronchique, bronchorrhée, bronchite, congestion bronchique, maux de gorge, trachéite, parotidite, amygdalite chronique, rhume, grippe, sinusite aiguë et chronique, bourdonnements d’oreilles, tuberculose à ses débuts
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : jaunisse, hépatite, affections cutanées dépendantes de troubles fonctionnels de la vésicule biliaire, cirrhose du foie
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : prostatite, infection urinaire
  • Troubles de la sphère gynécologique : maladies utérines chroniques, vaginite, leucorrhée, eczéma vulvaire
  • Affections cutanées : acné, furoncle, eczéma, dermatite séborrhéique, dermatite atopique, psoriasis (léger à modéré), hyper-prolifération du kératinocyte, affections érysipélateuses chroniques, pityriasis, affections scrofuleuses, herpès, plaie, abcès, blessure
  • Troubles locomoteurs : inflammations et douleurs des os, des muscles et des articulations
  • Artériosclérose
  • Affections oculaires : blépharite, yeux irrités et rougeoyants
  • Syphilis
  • Affections cancéreuses : mélanome, carcinome épidermoïde (de la langue, du pharynx), adénocarcinome du sein
  • Déficience immunitaire, autres infections bactériennes et fongiques

Modes d’emploi

  • Infusion d’écorce de racine : comptez une cuillerée à café par tasse d’eau bouillante en infusion à couvert pendant trois à sept minutes. Afin d’en améliorer le goût, l’on peut y mêler des zestes d’orange, de la cannelle, etc.
  • Décoction d’écorce de racine : pour un quart de litre d’eau, il faut compter 25 g de mahonia en décoction pendant un quart d’heure. On peut absorber cette décoction à raison d’un verre de 15 cl trois fois par jour, une heure avant les repas. On peut opter pour une décoction concentrée qui servira aussi bien par voie interne qu’externe (lotion topique pour compresse, fomentation, etc., en cas d’affections cutanées). On peut aussi employer la décoction d’écorce de racine de mahonia correctement filtrée en gargarisme, comme douche oculaire, vaginale, etc., selon les besoins.
  • Poudre : en capsule (dosée fréquemment à 450-500 mg par capsule), libre (¼ de cuillerée à café dans un verre d’eau, trois fois par jour durant les repas).
  • Extrait alcoolique liquide d’écorce de racine de mahonia : 15 à 30 gouttes le matin et le soir, diluées dans un verre d’eau, à absorber une demi heure avant les repas. On trouve aussi des extraits glycérinés.
  • Teinture-mère homéopathique : liquide de couleur jaune brunâtre à rouge brunâtre, titrant 55 % d’alcool (pharmacopée française).
  • Crème, onguent à base d’écorce de racine de mahonia.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : elle se réalise traditionnellement à la fin de l’automne ou au début du printemps (février-avril). On peut faire sécher l’écorce de la racine du mahonia pour en user ultérieurement. C’est sous cette forme (en vrac ou en poudre) qu’elle apparaît dans la plupart des magasins spécialisés dans ce domaine en Amérique du Nord.
  • Le mahonia n’est pas de ces plantes dont on peut faire une infusion de confort quotidienne sans dommage. Tout au contraire, il exige qu’on fasse de lui uniquement une utilisation à brève échéance, c’est-à-dire deux à six semaines consécutives, suivies d’une pause d’une durée équivalente avant de reprendre éventuellement le traitement. En effet, des excès peuvent mener à l’apparition de manifestations indésirables comme, par exemple : des perturbations gastro-intestinales (nausées, vomissement, flatulences, constipation, diarrhée), des réactions cutanées à caractère allergique (démangeaisons et irritations, éruption érythémateuse), des inflammations et irritations rénales, des irritations oculaires, des perturbations cardiaques (baisse de la tension artérielle, baisse de la fréquence cardiaque), etc. On évitera la prise de mahonia dans les circonstances suivantes : chez la femme enceinte et allaitante, chez le nouveau-né et le jeune enfant, en cas d’antécédent allergique, d’anémie, de troubles de la thyroïde.
  • Interactions médicamenteuses : avec certains médicaments immunosuppresseurs à base de cyclosporine, des médicaments sédatifs et antidépresseurs, des médicaments de traitement du diabète.
  • Interactions problématiques avec d’autres plantes : ail, gingembre, ginkgo, valériane, réglisse, aloès, etc.
  • Autres espèces : l’on en compte de nombreuses autres, réparties aussi bien en Amérique (centrale, du Nord) qu’en Asie (centrale, orientale). En voici quelques-unes : M. bealei (Chine), M. fortunei (Chine), M. oiwakensis (Chine, Taïwan, Myanmar), M. japonica (Japon), M. nervosa (Amérique du Nord), M. repens (Amérique du Nord), M. swaseyi (Texas), M. fremontii (Californie, Mexique), etc.

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  1. Édouard Collot, Aux portes de la conscience, p. 121.
  2. Matthew Wood, Traité d’herboristerie énergétique, pp. 307-308.

© Books of Dante – 2023