Le ginseng en médecine traditionnelle chinoise

Dans l’article dévolu aux usages phytothérapeutiques classiques du ginseng, nous avons fait référence à quelques lignes du Pen Ts’ao que nous reproduisons partiellement ci-dessous en guise d’entame à cet article complémentaire : « On utilise le ginseng pour restaurer les cinq organes vitaux ». Par organe, il faut entendre viscères. Les voici : les poumons, le cœur, le foie, les reins et le couple rate/pancréas. Ces organes se distinguent des entrailles, également au nombre de cinq : le colon, l’intestin grêle, l’estomac, la vessie et la vésicule biliaire. Contrairement aux viscères, les entrailles sont de nature yang, car il y a en elles une certaine vacuité, une légèreté que l’on ne retrouve pas dans les viscères, yin parce que plus denses. Le ginseng est donc, d’après le Pen Ts’ao, un stimulant du yin, plus précisément des cinq viscères yin et donc de leur méridien respectif, chacun d’entre eux étant en relation avec un élément : le Bois, la Terre, le Feu, l’Eau et le Métal. Ce qui semble vouloir dire que le ginseng, du point de vue de la médecine traditionnelle chinoise, agit partout à la fois. Ce qui demande à être nuancé.

Comme l’on sait, en médecine traditionnelle chinoise, on se préoccupe énormément de la saveur des plantes. Le ginseng ayant été jugé prioritairement doux et amer, il renvoie de ce fait aux éléments Feu et Terre, et donc, par voie de conséquence, aux deux viscères concernés par ces éléments, à savoir le cœur et la rate/pancréas. Pour en avoir le cœur net, il nous suffit de collecter quelques informations concernant ces deux viscères.

Ceci étant dit, mentionnons que certains guides de médecine traditionnelle chinoise signalent le ginseng comme stimulant de l’énergie du méridien des Reins qui, comme l’on sait, est un réservoir énergétique dans lequel les autres méridiens peuvent puiser, y compris ceux liés aux deux autres organes que sont le méridien du Poumon et celui du Foie. Ainsi, l’on peut dire que le ginseng renforce globalement l’énergie des cinq viscères yin.

Penchons-nous tout d’abord sur les dysfonctionnements corporels qui affectent chacun de ces cinq méridiens, et ce que le ginseng peut faire pour les corriger :

  • Poumons : affections respiratoires, grippe, immunodépression => le ginseng est un tonique pulmonaire et un immunostimulant.
  • Rate/Pancréas : diabète, hyperglycémie, manque de tonus => le ginseng régule le taux de sucre dans le sang, de plus c’est un fortifiant, un revitalisant et un adaptogène.
  • Cœur : insomnie, sommeil agité, excitation, agitation, dépression => sédatif du système nerveux central, le ginseng peut avoir une incidence sur les troubles du sommeil, ainsi que sur la déprime et la dépression.
  • Reins : fatigue générale, moindre résistance à l’effort, perte de mémoire, troubles de la libido masculine => par ses qualités adaptogènes et revitalisantes, le ginseng vient à bout des fatigues, améliore la mémorisation, agit sur la sphère génitale.
  • Foie : maux de tête, perte de la libido, fragilité immunitaire => le ginseng est aphrodisiaque et immunostimulant.

Maintenant, faisons de même en ce qui concerne les aspects psycho-émotionnels de chacun de ces cinq méridiens. Puisque ce qui touche le corps touche également l’esprit, nous pouvons indiquer ci-dessous les sentiments, sensations, affects, etc. qui sont les signatures d’un mauvais fonctionnement de tel ou tel méridien :

  • Poumons : sensation de se faire marcher sur les pieds, de ne pas pouvoir imposer ses limites et de protéger son espace sacré ; manque de volonté ; renoncement ; tristesse ; chagrin.
  • Rate/pancréas : procrastination ; déprime ; mélancolie ; sentiment d’angoisse et d’insécurité.
  • Cœur : instabilité émotionnelle ; hyper-émotivité ; sensation de malaise ; tendance aux cauchemars.
  • Reins : grandes peurs et angoisses profondes ; panique ; deuil.
  • Foie : irritabilité et colère dans les rapports avec autrui ; contrariété ; stress ; difficulté à entamer un projet quel qu’il soit ; difficulté dans l’expression des sentiments.

Voilà donc, à peu près, ce que le ginseng peut faire dans ce domaine, ce qui, avec ce que nous lui avons accordé dans le premier volet, fait que cette plante n’est pas loin d’être une panacée.

© Books of Dante – 2017