Le rooibos (Aspalathus linearis)

Afin de ne pas conserver à l’esprit l’idée erronée que le rooibos est simplement une alternative au thé ou au café, je me suis attaché à exposer, à travers ce nouvel article, le profil thérapeutique du rooibos, afin de dépasser la vision par trop simpliste avec laquelle on le considère la plupart du temps. Pour ne vous en toucher que quelques mots, sachez donc que le rooibos est un fabuleux anti-oxydant, qu’il est anti-inflammatoire, anti-allérgique et qu’il constitue un bon remède à l’ensemble des maux qui affectent la société occidentale moderne, à savoir l’obésité, le diabète sucré de type II et la maladie d’Alzheimer entre autres. On voit donc qu’il ne s’agit pas que d’une agréable infusion de confort ^.^ Bienvenue donc au rooibos phytothérapeutique !

Beau week-end à toutes et à tous :)

Gilles

Synonymes : thé rouge, thé des montagnes, buisson rouge, red bush tea.

Désireux d’apprendre la langue du pays batave avant de se rendre aux Indes néerlandaises, le naturaliste suédois Carl Peter Humberg (1743-1828) fit escale au Cap où il demeura quatre années, de 1771 à 1775, ce qui fut pour lui bien pratique, étant entendu que des colons hollandais s’étaient établis à la pointe sud de l’Afrique un siècle plus tôt. Il passe pour avoir favorisé le commerce du rooibos (un terme issu de l’afrikaans, c’est-à-dire une langue dérivée du néerlandais que parlaient les colons hollandais en Afrique du Sud) avec l’Allemagne à la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle date aussi sa première description botanique établie par les Blancs. Mais n’ignorons pas que cette plante typique du sud du continent africain était parfaitement connue des Khoïsan1 qui l’utilisèrent bien avant l’arrivée de Jan van Riebeeck (1619-1677), le tout premier européen à avoir implanté une colonie en Afrique du Sud, à proximité du Cap de Bonne-Espérance, séparant d’environ 200 km le territoire d’élection du rooibos : le Cederberg (qui accueille depuis un demi-siècle une réserve naturelle). Ce qui ne fut tout d’abord qu’un phénomène local (à la façon du maté) attendit longtemps avant de gagner en notoriété. Au sein de l’historiographie du rooibos, l’on cite souvent le nom de l’homme d’affaires d’origine russe Benjamin Ginsberg (1886-1944) qui s’intéressa très tôt, dès 1903, au rooibos, débutant son commerce tout d’abord localement puis à plus large échelle. Non seulement il suscita l’adhésion pour cette espèce de « thé rouge », mais sa cueillette sauvage s’étendit tant que la matière végétale commença à manquer pour alimenter un marché en plein essor, Ginsberg fournissant de grandes quantités de rooibos à différentes entreprises qui reconditionnaient et revendaient la plante sous leurs propres marques, à l’instar de Ginsberg lui-même, créateur de la plus ancienne marque de rooibos sous forme d’infusion prête à l’emploi, Eleven O’Clock, qui existe toujours au reste et a su conserver un design ringard très moche ^.^ Face aux difficultés d’approvisionnement en rooibos, une plante qui ne pousse que dans le Cederberg et que l’on ne trouve nulle part ailleurs à la surface de la Terre, le docteur Pieter Le Fras Nortier (1884-1955) proposa, dès la fin des années 1920, de tenter la culture du rooibos qui, jusqu’à présent, ne faisait que l’objet d’une cueillette sauvage. Ses recherches furent fécondes, puisqu’en 1930 débuta pour la première fois la culture du rooibos en Afrique du Sud, implantant dans le paysage sud-africain une nouvelle industrie pourvoyeuse d’emplois. Il en profita lui aussi pour concevoir sa propre marque, Dr Nortier’s rooibos tea. Beaucoup plus tard, le docteur Annique Theron (1929-2016) constata qu’une infusion de rooibos avait eu le pouvoir de soulager sa fille Lorinda, alors en bas âge, supprimant chez l’enfant son agitation chronique, ses crampes d’estomac et ses vomissements. Deux ans plus tard, en 1970, elle fit paraître un livre qui relatait l’ensemble des découvertes qu’elle fit au sujet du rooibos : Allergies : an amazing discovery on rooibos. Comme le docteur Nortier avant elle, Theron commercialisa sa propre marque, Annique Rooibos. Tout cela favorisa davantage l’internationalisation du rooibos, propulsé hors de ses frontières à l’aube des années 1990 en direction des pays de l’hémisphère nord essentiellement. Certes, certes. Mais qu’en fut-il des populations locales ? On accuse souvent Ginsberg d’avoir favorisé l’exploitation du rooibos en direction de l’Europe au détriment des populations pauvres d’Afrique du Sud. Et que dire de ses « successeurs » ? En dehors d’Afrique du Sud, cela ne fut guère mieux, tant ce potentiel marché bien juteux attisa la convoitise des grandes groupes aux dents longues. Il y a moins de quinze ans, des entreprises étasuniennes et françaises tentèrent de revendiquer – au nom de quoi ? On se le demande… – la propriété du patrimoine végétal naturel qu’est le rooibos, rien que ça ! En 2012, l’une d’elles, dont le siège social est situé à Paris, procéda même à une demande d’enregistrement d’un certain nombre de marques incorporant les termes « rooibos » et « rooibos sud-africain ». Deux ans plus tard, ce fut au tour de deux méga groupes (capitalisés en bourse à hauteur de plusieurs centaines de milliards d’euros chacun) de tenter des actes similaires. Une fois de plus, l’outrecuidance occidentale, mâtinée de racisme et de ce paternalisme agaçant, semble s’être exprimée de la plus indélicate des manières, des entreprises, les mêmes ou d’autres encore, n’hésitant pas à user de moyens peu recommandables, tels que la biopiraterie. En refusant de compenser ou même de reconnaître les cultivateurs des ressources végétales originelles comme tels, on spolie la propriété intellectuelle, la biopiraterie n’étant pas apparentée à autre chose qu’un vol. Désormais, une loi datée de 2013 stipule que « le nom rooibos ne peut être utilisé que pour désigner le produit sec, l’infusion ou l’extrait qui est du rooibos pur à 100 % dérivé d’Aspalathus linearis et qui a été cultivé ou récolté à l’état sauvage dans la zone géographique du Cederberg ». Ce n’est qu’ainsi qu’il put être protégé de l’usurpation. Il aura fallu lutter âprement contre la pression de l’Occident, via l’OMC, pour que l’Afrique du Sud ne se fasse pas dépecer de ce qui « est considéré comme le patrimoine naturel de l’Afrique du Sud, un avantage pour un peuple, un système juridique, une nation, et le thé le moins cher qui soit et qui soigne de nombreux maux »2.

L’exploitation du rooibos en coopératives permet le développement de la région de production de la plante, puisqu’à travers environ 350 fermes impliquées dans cette industrie, ce sont 5000 personnes qui sont employées par ce secteur capable de produire annuellement 15000 tonnes de rooibos dont les 2/3 sont exportés vers l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon. Parallèlement à la culture du rooibos, majoritaire maintenant, de petits agriculteurs ont été amenés à exploiter la ressource sauvage, naturellement résistante à la chaleur et à la sécheresse. Fragile (puisqu’elle dépend des aléas météorologiques et de son exposition aux risques d’incendie), mais ô combien durable : alors qu’un rooibos sauvage peut vivre durant un demi siècle et produire durant ce laps de temps, son homologue cultivé ne dépasse pas une durée de production de six ans. Sauvage, le rooibos est également très rustique, à la façon de son cousin européen, le genêt à balai, ce qui l’autorise à tirer parti de son milieu et des éléments qui, parfois, s’y déchaînent.

Plante du soleil et de la sécheresse, le rooibos est un représentant d’une flore côtière riche de plus de 1300 espèces, dominée par les Astéracées, les Fabacées et les Iridacées, bénéficiant d’une toute petite zone géographique où règne le climat méditerranéen en Afrique du Sud, ce fameux Cederberg où les températures oscillent entre 0° C l’hiver et pas loin de 50° C durant la saison estivale, tandis que les précipitations annuelles s’échelonnent entre 180 et 500 mm. La nature du sol et le climat obligent les racines du rooibos à se frayer un chemin jusqu’à 3 m de profondeur et parfois davantage, afin d’y débusquer l’humidité. C’est cela qui fait qu’il est particulièrement adapté aux terrains secs, grossièrement sableux, infertiles, profonds, bien drainés, au pH acide, tels qu’on les voit dans le Cederberg, entre 450 et 900 m d’altitude. Grâce à l’ensemble de ses rameaux filiformes parallèles bien dressés, le rooibos atteint une taille de 1,5 m de hauteur, ce qui en fait un arbuste compte tenu du tronc, même bref, qu’il possède et qui projette au-dessus du sol sa brassée de rameaux. Ses longues feuilles linéaires, fractales des rameaux qui les portent, de couleur vert foncé, de texture un peu molle, ont aussi pour fonction de protéger la plante de l’évaporation de l’eau contenue dans ses tissus. Au printemps (octobre), de petites fleurs jaunes semblables à celles du genêt s’épanouissent et finissent par produire des fruits en forme de gousse ne contenant chacun qu’une seule graine de couleur jaune pâle, si dure qu’il faut la malmener un peu afin de faire croître la capacité germinative du rooibos.

Le rooibos en phytothérapie

Du mois de décembre à celui de février, c’est-à-dire à la période de l’été dans l’hémisphère sud, on procède à la récolte des feuilles linéaires du rooibos, puis on les coupe finement avant de leur faire subir deux traitements bien distincts qui vont présumer quelque peu de leur composition biochimique respective. Le premier, le rooibos dit rouge, est sans conteste celui que l’on connaît le plus. Il tire son nom de la couleur obtenue après une étape de broyage indispensable à la fermentation recherchée, qui oxyde la plante par le biais d’une action enzymatique, suivie d’un séchage en plein soleil. C’est cela qui lui procure aussi une douceur gustative et une belle couleur de rubis un peu fauve. Si l’on ne fait pas subir cette opération au rooibos, il reste vert après séchage, une étape qui est, en ce qui concerne cette plante, une épreuve bien plus complexe que celle de la fermentation. Bien que non oxydé comme le rouge, le séchage délicat du rooibos (dit vert pour l’occasion) explique qu’il soit moins fréquemment disponible que le rouge (dans le moindre magasin qui vendrait au moins un seul rooibos, il y a dix chances sur dix que ce soit un rouge). La complexité de l’obtention d’un tel produit explique sa cherté supplémentaire par rapport au rouge. Ce traitement alternatif, outre qu’il lui conserve sa couleur de maté, offre, en infusion, un goût et un parfum fort différents. Cette infusion de couleur brun jaunâtre dégage une saveur plus amère et acidulée que le rooibos rouge, fraîche et herbacée. L’engouement pour le rooibos a été l’occasion de publier plusieurs centaines d’études scientifiques dont un bon nombre s’est attaché à faire l’inventaire des composants biochimiques que cette plante abrite. C’est rendre compte de cette somme qui nous attend maintenant.

Tout d’abord, pour ceux à qui répugne le thé, et ce qu’il soit vert ou noir, sachez que le rooibos peut être une bonne alternative en rapport à son taux de tanin, toujours inférieur à 5 % (1 % le plus souvent, bien loin des 7 à 15 % de la plupart des thés). Cela explique son astringence très faible qui me le fait largement préférer au thé pour cette raison. A côté du tanin, nous trouvons de la vitamine C, des sels minéraux et des oligo-éléments (fer, cuivre, sodium, calcium, potassium, magnésium, manganèse, zinc, phosphore, fluorure), des acides phénols (tyrosol) et organiques (acide férulique). Mais ce qui, ici, tient le haut du pavé, c’est l’exubérante représentativité des flavonoïdes et corps flavoniques contenus dans le rooibos. Voici ceux que la littérature scientifique évoque le plus fréquemment : orientine et iso-orientine, vitexine et isovitexine, rutine, quercétine, quercétine-3-O-robinobioside, quercétol, isoquercitrine, isorhamnétine, hespéridine, lutéoline, hyperoside, fisétine, chrysoériol, ériodictyol, acide phénylpéruvique-2-O-β-D-glucoside. Mais ce qui rend unique cette plante, ce sont les dihydro-chalcones comme la nothophagine et la phlorétine, mais, par-dessus tout, cette molécule à laquelle la plante a accordé son nom, c’est-à-dire l’aspalathine, une substance présente uniquement dans le rooibos et son proche cousin qu’est le lanky capegorse (Aspalathus pendula). Comme cette substance s’oxyde à travers l’étape de la fermentation, on en trouve moins dans le rooibos rouge que dans le vert. Comme toute plante soumise à des modifications des facteurs climatiques d’un lieu à l’autre, ce que l’on observe au sujet des huiles essentielles (les chémotypes) s’applique aussi à propos d’autres molécules non aromatiques. C’est le cas des chalcones dont certains sont spécifiques selon qu’un rooibos évolue dans telle ou telle zone. Par exemple, du côté de la ville de Wupperthal, à l’ouest du pays, on trouve des rooibos qui contiennent de la siéboldine et de la phloridzine, substances que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs, comme par exemple dans les rooibos cueillis à proximité de Nieuwoudtville. Pour achever ici cette liste, sachons enfin que le rooibos contient une petite fraction d’essence aromatique que l’on peut extraire à la vapeur d’eau à basse pression (bien qu’elle ne le soit jamais à grande échelle, ce qui menacerait le commerce de la plante sous la forme habituelle d’infusion). Cette essence contribue néanmoins à procurer des arômes ligneux, verts et herbeux au rooibos ou, au contraire, et selon sa composition, des notes fruitées et florales.

Propriétés thérapeutiques

Le « drame » du café, du thé et maintenant du rooibos, c’est de les réduire à une boisson qui n’aurait pas d’autre vertu que celle de contenter notre besoin de confort tout au long de la journée, jusqu’à en oublier, voire méconnaître, ses effets thérapeutiques précis sur l’organisme (et ses méfaits, aussi) : que ce soit en bien comme en mal, les plantes que nous venons de nommer ne peuvent pas rester inactives sur l’organisme, à plus forte raison si on les consomme chaque jour. Ces infusions ne sont pas que de l’eau « salie » par l’immersion d’une plante x ou y dans l’eau pendant une poignée de minutes. Par exemple, pour ne se concentrer que sur le rooibos, sa célèbre molécule, l’aspalathine, n’est pas que ce qui donne sa couleur à une infusion de rooibos, cela va bien au delà, chose qu’on ne peut que concéder quand on apprend que le rooibos est considéré comme un « aliment fonctionnel pour le cerveau » et « une boisson de santé générale ».

  • Anti-oxydant, protecteur contre le stress oxydatif, protecteur de l’ADN des cellules contre l’oxydation, antiradicalaire3, lutte contre la formation d’AGE issus de la glycation, anticancéreux et préventif du cancer
  • Antidiabétique, améliore la libération d’insuline et l’absorption de glucose par les cellules musculaires, protecteur des cellules pancréatiques β, antihyperglycémique
  • Anti-inflammatoire, supprime la formation de cytokines pro-inflammatoires au niveau du foie
  • Immunomodulant, modulateur de la stéroïdogenèse surrénalienne4
  • Digestif, calmant de l’inconfort gastro-intestinal, action prébiotique intestinale
  • Anti-infectieux : antibactérien, antiviral, promeut la santé générale pendant un épisode infectieux
  • Préventif des maladies cardiaques, soutien cardiométabolique, anti-thrombotique, inhibe l’oxydation du cholestérol LDL, inhibe l’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine
  • Neuroprotecteur (le stress oxydatif semble plus facilement marquer une empreinte funeste dans le cerveau en raison de sa forte exigence en oxygène, 1,5 % de la masse corporelle d’un individu requérant 20 % de tous l’oxygène absorbé et consommé), améliore les performances cognitives et possède un impact favorable sur la neurotransmission striatale dopaminergique, réducteur de l’anxiété, apaisant du système nerveux central
  • Protecteur de la peau contre les UVB, photo-protecteur, stimulant de la production de mélanine, apaisant cutané
  • Anti-allergique (stimule la production du cytochrome P450, enzyme essentielle à la métabolisation des allergènes)
  • Antispasmodique
  • Propriété ostéoblastique : assure une meilleure santé osseuse et accroît la densité osseuse

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : crampe d’estomac, ulcère gastrique, brûlure d’estomac, douleur gastrique, constipation, diarrhée, colique du nourrisson, colite, nausée, vomissement, toxicose à la fumonisine B1 (mycotoxine produite par des champignons du genre Fusarium et qui contaminent particulièrement les céréales comme le maïs et le blé)
  • Troubles de la sphère respiratoire : grippe, asthme, allergie respiratoire (rhume des foins)
  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : hyperglycémie chronique, dommages cardiaques induits par le diabète, maladies cardiovasculaires5, rosacée, cellulite, varice, hémorroïde, hypertension, accident vasculaire cérébral (Chose étonnante, un article de 2017 émanant de l’université de Bellville en Afrique du Sud explique que dans ce pays 240 personnes sont affectées chaque jour par un AVC. Faut-il croire qu’il n’existe pas de perle à côté de ce dragon-là ? Que si ! Bien qu’on ne puisse pas crier hourra à la panacée. En attendant, les Sud-Africains auraient tout intérêt à se tourner vers une ressource on ne peut plus locale et consommer de façon régulière le rooibos, puisqu’il a montré des effets tout à fait bénéfiques et profitables auprès des personnes qui souffrent d’une affection prédisposant à l’AVC.)
  • Affections cutanées : acné, eczéma, psoriasis, candidose (mycose unguéale), pied d’athlète, verrue, crevasse (du talon surtout), démangeaison et irritation (qui peuvent être d’origine allergique), vieillissement cellulaire (rides), cicatrice, vergeture, coup de soleil
  • Affections oculaires : yeux fatigués, rougis, larmoyants
  • Troubles de la sphère nerveuse : irritabilité, tension nerveuse, insomnie, maux de tête d’origine nerveuse, amélioration de la mémoire spatiale à long terme (chez le rat, certes, mais « quand même ! », comme disait Sarah Bernhardt), dégénérescence liée à l’âge, maladie d’Alzheimer
  • Diabète sucré du type II (et ses complications), glucotoxicité6
  • Obésité7 (état inflammatoire chronique de bas grade)
  • Cancer : lésion cancéreuse cutanée, lésion hépatique précancéreuse, etc.
  • Sécheresse buccale (syndrome de Sicca)

Modes d’emploi

  • Infusion : comptez une demi à une cuillerée à café (soit 1 à 2 g) de rooibos par tasse d’eau (un mug : 20 cl) en infusion dans une eau non bouillante : on préconise 90 à 95° C, mais une température de seulement 85° C semble très satisfaisante pour extraire un maximum de composés phénoliques et, partant, de substances anti-oxydantes. La durée d’infusion, souvent située autour de 5 à 6 mn, peut être portée à 10-15 mn au grand maximum. Afin de mieux respecter les dosages, le rooibos en vrac est plus adapté à l’opération que celui en infusette toute prête (le rooibos est plus cher au poids qui plus est sous cette forme).
  • Poudre : elle s’absorbe comme n’importe quelle poudre, diluée dans un corps gras, du miel, un peu d’eau tiède citronnée, etc. On peut encore la faire macérer quelque temps dans un demi verre de vin rouge avant d’absorber le tout.
  • Cataplasme : ici l’infusette peut nous être d’un grand secours. On fait infuser pendant 10 mn une infusette de rooibos dans moitié moins d’eau qu’on en utilise pour faire une infusion à boire et en respectant le modus operandi donné plus haut. Grâce à l’infusette, qu’on trempe au fur et à mesure des besoins, on applique le rooibos à même la peau comme si on la tamponnait d’une éponge. C’est bien pratique sur l’eczéma, l’acné, les irritations cutanée, etc. Cela évite de « s’en mettre partout » ^.^ Si vous ne disposez pas d’infusette, un petit pochon de toile fine en coton ou en lin fera parfaitement l’affaire. Glissez-y une cuillerée à café de rooibos, faites infuser 10 mn dans 10 cl d’eau portée à 85-90° C. Ceci fait, essorez un peu votre sachet et commencez les applications. A condition que cela ne dégouline pas, il est également possible de maintenir l’infusette/le sachet en toile en place grâce à un bandage en un lieu précis du corps.
  • Gelée de rooibos : parfaitement inconnue (du moins anecdotique) par chez nous, il s’agit d’une infusion de rooibos cuite avec un sirop au sucre. Elle possède la consistance de la gelée de coing. On dilue simplement l’équivalent d’une cuillerée à café de cette gelée dans une tasse d’eau chaude ou froide. C’est une alternative (hélas sucrée !) à l’infusion qui n’apporte rien de bien fantastique.

Note : sous le seul rapport du rooibos rouge, en vrac ou détaillé en infusette, on voit poindre de plus en plus de mélanges aromatisés ayant pour base le rooibos, parfois couplé au maté et/ou au thé vert. Les concepteurs de tels mélanges ne manquent ni d’imagination ni d’audace, puisqu’ils font appel à une foultitude d’ingrédients dont la vanille, les agrumes, les fruits « exotiques » (mangue) ou non (framboise, fraise), le gingembre et autres épices, des plantes médicinales aux effets reconnus (verveine citronnée, menthe poivrée), etc. Tout cela est bien beau mais ne me dissuade pas d’observer fidélité auprès du rooibos rouge nature, en particulier celui d’origine sauvage…

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : à l’été (décembre-février), on sectionne les rameaux de la plante sur une longueur de 30 à 50 cm. On les broie, on les place en tas afin que s’opère la fermentation, puis on les fait sécher au soleil. Le rooibos se conserve à l’abri de la lumière, dans une boîte hermétique gardée en un lieu frais (on peut le ranger au réfrigérateur).
  • Aux doses usuelles, le rooibos présente une complète innocuité et peut s’envisager chez l’enfant, le sportif, pendant la grossesse et l’allaitement. On recense cependant des cas anecdotiques d’irritation hépatique aiguë et des atteintes rénales, réalisables uniquement à doses trop appuyées, alors qu’à doses normales, le rooibos a parfaitement su montrer son caractère hépatoprotecteur et préventif de la stéatose hépatique. Il permet même la régénération des cellules hépatiques endommagées. On évitera toutefois l’usage du rooibos concomitamment à la prise de médicaments censés lutter contre l’hyperglycémie et la dyslipidémie, puisque des interactions entre la plante et ces médicaments restent possibles.
  • Après avoir appris que la médecine traditionnelle chinoise considérait le rooibos comme profitable et utile pour lutter contre le désintérêt sexuel8, qu’elle n’a pas été ma surprise de prendre connaissance, par le biais de plusieurs études récentes (aucune n’a plus de dix ans), que le rooibos pouvait avoir un effet sur les ovaires et la reproduction féminine9. Une autre étude de 2017 avançait déjà les effets hormonosuppresseurs du rooibos, un potentiel anti-reproductif dont il faut savoir prendre compte au travers d’une consommation régulière de cette plante10. Du côté masculin, il a été observé que le rooibos, tout comme le thé d’ailleurs, diminuait la sécrétion de testostérone, alors qu’en 2014 des chercheurs ont établi que les rooibos rouge et vert avaient une incidence sur la vitalité des spermatozoïdes, améliorant, dans le cas du rooibos vert, « la concentration, la viabilité et la motilité des spermatozoïdes »11. En revanche, il est parfaitement établi que le rooibos est capable de prolonger la fertilité des cailles, oiseaux de feu luxurieux dont l’ardeur amoureuse n’est plus à démontrer ^.^
  • Contrairement au thé, le rooibos ne nuit pas l’absorption du fer (en raison de son faible taux de tanin), et à l’inverse de la caféine du café, le rooibos ne fait pas de tort à la bonne santé osseuse.
  • En rinçage des cheveux bruns et châtain foncé, le rooibos leur donne de la brillance.
  • En cuisine, l’infusion de rooibos est largement utilisée en Afrique du Sud. Quelques exemples d’utilisation : on peut faire tremper des fruits secs (figues, raisins, etc.) toute une nuit dans du rooibos. Cela permet de les aromatiser avant un éventuel usage culinaire. Faire mariner du bœuf ou du poulet dans une infusion de rooibos permet d’attendrir la viande. On peut confectionner, sur le mode du thé glacé, un rooibos du même type : il est possible d’y ajouter du sucre, du jus de citron et toutes autres choses qui vous paraîtraient convenables à l’occasion.
  • Risques de confusion : il faut savoir faire la différence entre le rooibos et plusieurs autres « thés » sud-africains dont le honeybush, autre fabacée d’Afrique du Sud, dont on trouve plusieurs espèces (Cyclopia intermedia, subternata, genistoides, sessiliflora, etc.) et dont on se sert comme plantes à infusion, à l’instar du rooibos. Puis vient le thé de brousse (Athrixia phylicoides), une astéracée elle aussi riche en flavonoïdes et en polyphénols qui fait l’objet d’un emploi thérapeutique pour lutter contre l’hypertension et le diabète. Enfin une géraniacée, Monsonia burkeana, qui possède, tout comme les plantes précédentes, d’importantes propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires.
  • Autres espèces : voici quelques-unes des espèces dont on peut croiser le nom dans la littérature scientifique médicale (ce qui est bien peu au regard des 260 et quelques espèces d’aspalathus recensées) : Aspalathus pendula (dont nous avons déjà brièvement parlé), Aspalathus carnosa, Aspalathus callosa, Aspalathus hispida, etc.

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  1. Khoïsan est le terme par lequel on regroupe deux populations unies par des caractéristiques linguistiques et génétiques, les Khoï (Hottentots) qui sont des pasteurs et les San (Bochiman) des nomades chasseurs-cueilleurs.
  2. Source.
  3. « L’exposition au stress psychologique chronique peut être liée à une augmentation des espèces réactives d’oxygène (ROS) ou des radicaux libres, et par conséquent, une exposition à long terme à des niveaux élevés de stress oxydatif peut causer l’accumulation de dommages oxydatifs et finalement conduire à de nombreuses maladies neurodégénératives. […] Cette conclusion est démontrée par la capacité du rooibos à inverser l’augmentation des métabolites liés au stress, prévenir la peroxydation lipidique, rétablir la dégradation des protéines induite par le stress, réguler le métabolisme du glutathion. » (Source).
  4. « Des études in vitro sur les cellules surrénales H295R ont montré que le rooibos et la rutine, l’un des composés flavoniques les plus stables présents dans le rooibos, réduisaient considérablement les niveaux de cortisol et de corticostérone dans les cellules stimulées par la forskoline pour imiter une réponse au stress. » (Source).
  5. « L’ensemble des recherches menées à ce jour souligne clairement les avantages du rooibos en tant qu’aliment fonctionnel thérapeutique à la fois préventif et complémentaire dans le contexte des maladies cardiovasculaires. » (Source).
  6. « Les extraits verts et fermentés d’Aspalathus linearis ont démontré de très vastes mécanismes antidiabétiques, car ils ont révélé plusieurs activités prometteuses qui pourraient être utiles dans la lutte contre la résistance à l’insuline, l’inflammation, le stress oxydatif, la glycation des protéines et la β pancréatique, dysfonctionnement cellulaire et la mort avec une forte tendance à atténuer l’hyperglycémie postprandiale et le dysfonctionnement métabolique qui en résulte en raison d’un contrôle glycémique médiocre. » (Source).
  7. « Nos données montrent que les solides solubles dans l’eau chaude du rooibos fermenté inhibent l’adipogenèse et affectent le métabolisme des adipocytes, ce qui suggère son potentiel pour prévenir l’obésité. » (Source).
  8. De plus, « il pénètre les canaux rénaux, de la rate, du cœur et du foie. Les principales fonctions sont de tonifier le rein et de bénéficier de l’essence, nourrir le Qi et la rate, nourrir le Yin et provoquer la production de fluide corporel, tranquilliser l’esprit et soulager la douleur. » (Source).
  9. « Le nombre limité d’études in vitro suggère une influence du rooibos sur les fonctions fondamentales des cellules ovariennes, ainsi que son applicabilité potentielle pour contrôler la reproduction féminine. » (Source).
  10. Source.
  11. Source.

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