L’ail des ours (Allium ursinum)

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Quand on est face à une plante telle que l’ail des ours, une seule chose à faire : reconnaître son potentiel qui, je vous l’assure, est considérable. Pourquoi les livres actuels ne regorgent-ils pas d’informations à son sujet, alors que l’on sait que des restes de cette plante ont été retrouvés sur des traces d’habitats remontant au Néolithique, période s’étalant de – 9000 à – 3300, ce qui signifie qu’elle était utilisée il y a au moins 5000 ans. Pourtant, on a depuis longtemps remarqué son statut de plante alimentaire et médicinale, elle était connue des Germains et des Celtes, dont le celtique all, « brûlant », a donné son nom à la plante. Quant à ursinum, du latin ursus, « ours », pas de trace à ce sujet. Pourquoi donc ail des « ours » ? C’est, pour moi, un mystère. Il doit bien y avoir, quelque part, une explication, parce que l’ail des ours est très courant en France (Centre, Ouest), en Europe, ainsi qu’en Asie tempérée.

Petite plante vivace et glabre de 10 à 50 cm de hauteur, l’ail des ours forme de denses colonies dans les sous-bois humides. A la base de petits bulbes de forme allongée, s’insèrent des tiges non feuillées de section triangulaire. Ensuite, deux à trois feuilles montent directement du sol. Enfin, en haut de la hampe florale, une inflorescence globulaire composée d’une vingtaine de fleurs en étoile fleurissent entre avril et juin.

L’ail des ours en phytothérapie

Si chez l’ail cultivé (Allium sativum) on se préoccupe principalement du bulbe, en ce qui concerne l’ail des ours, ce sont ses feuilles qui sont davantage prisées (même s’il est vrai que bulbes et fleurs sont comestibles). En revanche, on remarquera que les feuilles, une fois cueillies ne se conservent qu’avec grand peine, elles fanent très rapidement et sont inutilisable au bout de deux à trois jours. On ne peut donc les stocker à l’avance, ce qui limite une auto-médication à base d’ail des ours, sauf si on l’a sous la main. Quant aux bulbes, eux se conservent plus aisément que les feuilles.
Dans l’ail des ours, on trouve une très faible quantité d’essence (0,007 %) contenant sulfure et polysulfure de vinyle, mercaptan (thiol), aldéhydes, etc. Faible mais tenace. C’est ce qui fait qu’à son approche, l’ail des ours se repère assez facilement par son parfum. De plus, il contient des flavonoïdes, ainsi que des vitamines C et B9.

Propriétés thérapeutiques

  • Apéritif, digestif, antiseptique intestinal, anthelminthique
  • Dépuratif sanguin puissant
  • Stimulant cellulaire
  • Immunostimulant
  • Favorise le développement de la moelle osseuse
  • Hypotenseur
  • Rubéfiant

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère digestive : digestion difficile, atonie digestive, manque d’appétit, infection gastro-intestinale (gastro-entérite…), parasites intestinaux (oxyures, ascaris, ténias)
  • Troubles de la sphère respiratoire : asthme, bronchite, bronchite chronique
  • Hypertension, artériosclérose
  • Douleurs rhumatismales
  • Dermatoses, éruptions cutanées chroniques
  • Cure dépurative

Modes d’emploi

Hormis la consommation quotidienne de plante fraîche en petite quantité, il n’y a pas d’autres modes d’emploi. On peut trouver dans le commerce des mélanges de plantes sèches contenant de l’ail des ours. Si une fois sec on reconnaît encore son arôme sulfureux, il est clair qu’il perd alors grandement de ses propriétés. En l’absence d’un filon généreux à proximité de chez vous, la meilleure option reste encore la teinture-mère de plante fraîche.

Contre-indications, précautions, autres usages

  • Attention à la forte ressemblance qui existe entre l’ail sauvage et le muguet, puissant toxique mortel, en particulier lorsque ces deux plantes ne sont pas encore en fleurs. En effet, l’œil non averti distingue difficilement les feuilles de l’une et l’autre espèce. En l’absence de fleurs, la seule chose qui permet de les identifier, c’est leur odeur : une fois froissées, les feuilles de l’ail des ours dégagent une forte odeur aillée, alors que celles du muguet dispensent une odeur « verte » assez vireuse.
  • En cuisine, l’ail des ours est très intéressant, à condition de bien le manier, comme le basilic. Sachons tout d’abord qu’il craint la chaleur d’une trop forte cuisson. On peut en cisailler les feuilles en vue d’une omelette ou d’une soupe, mais elles devront être incorporées au dernier moment. En effet, la cuisson fait perdre à l’ail des ours non seulement son arôme mais également ses propriétés. Oui, vous allez me dire qu’il ne tolère ni la dessiccation (sécheresse) ni la cuisson (chaleur), mais ce n’est pas pour rien qu’il élit domicile sur les versants ombragés (l’ubac) des montagnes, dans ces lieux où le soleil lui-même ne peut faire évaporer la rosée qui couvre les feuilles de l’ail des ours.
  • Si vous avez l’immense chance d’avoir pas loin de chez vous un gisement d’ail des ours, sachez, pour autant, qu’il vous faudra le récolter au fur et à mesure. Si cette opportunité ne vous est pas offerte, et que vous possédez un jardin, vous savez ce qui vous reste à faire ! :)

© Books of Dante – 2016

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