La salsepareille (Smilax aspera)

Salsepareille_fleurs

Synonymes : salsepareille d’Europe, salsepareille du Midi, salsepareille de Provence, salsepareille d’Italie, liseron piquant, liset piquant, gramon de montagne.

On connaît davantage cette plante pour les spécimens américains qui furent exportés en direction de l’Europe au XVI ème siècle que par l’unique représentante indigène, la salsepareille d’Europe, petite liane très solide et relativement courante dans le Midi de la France, ainsi que sur le pourtour de la Mer méditerranée.
Dès la Renaissance, un médecin italien du nom de Matthiole mettra en évidence les propriétés des salsepareilles exotiques (antisyphilitiques, dépuratives, sudorifiques), avant qu’un pharmacien toulonnais, Antoine Banon, reconnaisse à la salsepareille européenne des propriétés similaires.
Peu connue aujourd’hui, la salsepareille est assez proche de la bryone, autre plante grimpante à la volumineuse racine, quand bien même la racine de la salsepareille, de couleur blanc rosé, n’excède pas la taille d’un doigt. Munie d’épines acérées, la salsepareille les utilise pour s’agripper aux supports auxquels elle grimpe. Si les feuilles basales prennent la forme de cœur, les parties hautes de la plante sont pourvues de feuilles sagittées, c’est-à-dire qu’elles ressemblent à la forme d’un fer de flèche (du latin sagitta, flèche, que l’on retrouve dans le signe astrologique du Sagittaire). Coriaces, persistantes et luisantes, elles eurent de quoi frapper les esprits de l’Antiquité, sans compter que les petites fleurs de couleur jaune verdâtre pâle donnent à l’automne de belles grappes de petites baies globuleuses au rouge étincelant plus ou moins prononcé. Dioscoride et Pline connaissaient cette plante, mais les informations qu’ils délivrent à son sujet sont assez confuses, chose qui s’explique aussi par le fait que les Anciens avaient la fâcheuse habitude de donner le même nom à plusieurs plantes différentes, du fait des menues ressemblances qu’elles partagent. Aussi a-t-on parfois associé la salsepareille à une autre plante grimpante, le lierre. Dioscoride reconnaît cependant à la salsepareille la qualité d’antidote contre les venins : « l’on dit que la donnant en poudre en petite quantité aux enfants nouvellement nés, les venins ne leur nuisent jamais par après. » Dans le Livre des Cyranides – une compilation de traités grecs dont la composition s’étend sur plusieurs siècles –, l’auteur propose une intéressante information à propos de la salsepareille, la recette d’un talisman, que voici : « Grave sur l’émeraude une harpie, sous ses pattes une murène, enferme sous la pierre de la racine de la plante et porte-là contre les visions délirantes, les frayeurs et tout ce qui affecte les lunatiques. »

Salsepareille_baies

La salsepareille en thérapie

La racine de la salsepareille renferme de l’amidon, une résine, des sels minéraux, une essence aromatique, des phytostérols ainsi que des saponosides stéroïdiques.

Propriétés thérapeutiques

  • Purgative
  • Dépurative
  • Diurétique, éliminatrice de l’urée et de l’acide urique
  • Diaphorétique (1)
  • Hypocholestérolémiante
  • Stimulante de la progestérone chez la femme
  • Fixatrice des toxines intestinales
  • Antisyphilitique

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère urinaire et rénale : excès d’urée et troubles associés (vomissements, céphalés, sensation de soif, vertiges), rhumatisme, goutte, arthrite, néphrite chronique
  • Troubles de la sphère gynécologique : soulagements du syndrome prémenstruel, ménopause
  • Troubles dermatologiques : démangeaisons, inflammations cutanées, furoncles, eczéma, psoriasis, herpès
  • Maladies vénériennes (syphilis, blennorragie ?)

Modes d’emploi

  • Décoction de racine
  • Poudre de racine séchée

Remarques

  • Au Québec, on appelle salsepareille une autre plante médicinale : l’aralie chassepareille (Aralia nudicaulis). De la famille des Araliacées, cette plante est très proche du ginseng et, comme ce dernier, on en utilise la racine pour ses vertus (antistress, régulateur de la pression sanguine et stimulant général.)
  • Les jeunes pousses de la salsepareille sont comestibles crues ou cuites. Bien que de saveur peu prononcée, elles peuvent se mélanger à d’autres légumes. De plus, elle est parfois utilisée pour aromatiser boissons sucrées et ce que l’on appelle la « bière des racines. »
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    1. La salsepareille fait partie du groupe des « quatre bois sudorifiques » avec le santal, le gaïac et le sassafras.

© Books of Dante – 2016

Salsepareille_feuilles