
Synonymes : feuille orientale.
Probablement introduit dans la pharmacopée occidentale durant le XVe siècle, le séné avait déjà fait les beaux jours de la médecine arabe, puisqu’on signale que cette plante était utilisée par elle depuis le IXe siècle, lui donnant même le nom arabe de sena, latinisé en senes au Moyen-âge, lequel donnera naissance au moderne séné. Ce mot désigne alors plusieurs espèces d’arbrisseaux d’Égypte et du Levant regroupés sous la même bannière générique. Les apothicaires et les herboristes n’ayant, pendant longtemps, jamais su quelle plante pouvait bien fabriquer le séné, ils glissèrent çà et là quelques erreurs, rendant les propos peu intelligibles. Afin de partir clairement sur de bonnes bases, remettons-nous en à Pierre Pomet qui hiérarchise les sénés en trois catégories dans l’Histoire générale des drogues (1694) :
- Le séné du Levant, de la palte (du nom d’une taxe qu’il fallait acquitter ; la palte n’est pas le nom d’une ville comme on peut parfois le laisser croire) ou de Seyde (du nom d’une ville libanaise, Sidon aujourd’hui) : « On doit choisir le séné de la palte en feuilles étroites et d’une moyenne grandeur, faites en forme de fer de pique, d’une couleur jaunâtre, d’une odeur forte et odorante, doux à le manier, le moins brisé et le moins rempli de bûchettes, de feuilles mortes, ou autres corps étrangers qu’il sera possible »1.
- Le séné d’Alexandrie (ou de Tripoli) : du temps de Pomet, il était moins fréquent que le précédent, puisque interdit à l’importation en France, ce qui faisait augmenter le coût du séné levantin.
- Le séné de Mokha (ou de la pique) : « La méchante qualité de ce séné fait que je n’en puis dire autre chose sinon qu’il doit être entièrement rejeté, comme n’étant propre à rien, ce qui devrait en empêcher l’entrée, et les marchands d’en vendre »2.
A ces trois types-là, s’ajoutaient des sous-espèces dont Pomet avait parfaitement conscience de l’existence. Pour finir, il accorde la pire qualité au grabeau, c’est-à-dire aux menues feuilles qui passent au crible. Il est alors possible, même si on le vend un peu moins cher, de sophistiquer ce séné avec des feuilles de plantain ou autre, ou bien de le substituer carrément avec une plante présente en Toscane et dans le Midi de la France, le baguenaudier, qu’à raison l’on a surnommé séné d’Europe.
Nous voilà donc bien pourvus, nous pouvons donc partir à la conquête du monde au cri de « Senna quasi sana ! » (= le séné guérit pratiquement tout !) Ce qui est bien évidemment exagéré… Mais à l’époque, cela n’était pas une blague, certains s’enthousiasmant tant pour le séné que l’on put craindre à leur endroit un féroce entêtement. Une idée, s’y tenir, coûte que coûte, quand bien même elle est bête et méchante. Tous les chiens de garde font ça. Qu’avait donc fait Ibn-el-Baytar, au XIIe siècle, que d’ajouter aux laxatifs déjà connus la manne, la casse, la rhubarbe et le séné ? Ce dernier devint rapidement la base des « ptisanes », des poudres et autres électuaires, tant et si bien qu’on peut encore avoir l’impression aujourd’hui qu’il était partout présent. C’est un fait ! Celui du prince, tout d’abord : avec le jalap, la bourdaine et la rhubarbe, le séné forma l’un des quatre éléments du quadrige purgatif du Roi Soleil. Rappelons que Louis XIV, durant toute sa vie, fut purgé probablement plus de mille fois, soit, en moyenne, tous les… quatre jours ! Ensuite, le séné s’infiltra à la faculté de médecine de Paris, où son doyen, Guy Patin, faisait reposer toute sa thérapeutique sur bien peu de chose : son arsenal « se réduisait ordinairement au séné, au son et à la saignée, ces trois S avec lesquels Théophraste Renaudot (1586-1653) l’accusait d’envoyer charitablement ses malades dans un autre monde »3. A force d’en avoir abusé, cette pratique louée par les médecins humoristes fut discréditée. « Ils ne reconnaissent que la lancette [NdR : le petit outil pointu et coupant par lequel opérer les saignées] et le séné dans le traitement de presque toutes les maladies aiguës, ce qui leur attira cette raillerie de la part de notre grand satirique [id est : Nicolas Boileau (1636-1711)] : ‘L’un meurt vide de sang, l’autre plein de séné’ »4. Roques, écrivant cela en 1837, avoua même qu’à cette date il passait pour inconvenant de faire grand cas du séné tant il en fut fait d’abus durant le Grand Siècle. C’est tout juste si cet élan d’enthousiasme se calma à la fin du XVIIIe siècle, du moins c’est ce qui me semble ressortir à la lecture de la notice que Desbois de Rochefort accorde au séné, qu’il range soigneusement dans le groupe bien garni des purgatifs, mais sans en faire l’exclusif instrument de la purgation, puisqu’il nuance ses propos en considérant le séné comme l’un des purgatifs « minoratifs » : ceux-là contiennent « un principe mucilagineux sucré, qui agit en humectant, relâchant, et occasionnant, pour ainsi dire, une sorte d’indigestion. Leur manière d’agir est donc bien différente des drastiques » comme la coloquinte par exemple5.
A la veille de la Révolution Française, le séné s’avère donc être le purgatif idéal des arthritiques et des rhumatisants, le sudorifique laxatif convenant aux maladies vénériennes (dont la vérole) et participe même au traitement de la colique de plomb ou saturnisme.
Dans sa conquête médicale occidentale, le séné en vint à être étroitement lié au mot même de médecine, en particulier lorsqu’on l’utilisait au sens de remède. Aux XVIIIe et XIXe siècles, parler de médecine sans plus de précision, c’est faire référence à une potion purgative qui, peut-être, contient du séné. En revanche, le doute n’est pas permis lorsqu’on utilise l’expression de « médecine noire ». Imaginez un peu ce que cette seule dénomination peut engendrer d’élucubrations dans votre esprit, au moment même où vous lisez ces lignes. L’inquiétude vous gagne-t-elle, d’autant plus qu’il existe aussi des « médecines blanches » ? Cela peut paraître peu anodin, en effet, mais si on les dit noires, c’est en raison de la teinte foncée que leur donnent le séné et la casse surtout (Cassia fistulosa) qu’on y adjoint. « La rhubarbe, le séné, le noir tamarin, sont d’excellents purgatifs, on n’en peut douter ; mais si vous pouvez obtenir les mêmes effets de quelques feuilles de rose, offrez-les à ce malade que les médecines noires font frissonner d’horreur »6. En revanche, les blanches sont des espèces de looch dont la blancheur de l’aspect est causée par une émulsion d’amandes douces mondées. Ouf ! Mais il est permis de douter et de se demander s’il n’y a pas derrière cette médecine noire quelque arrière-pensée démoniaque. Cependant, pourquoi en venir jusque-là, puisque les noms même de séné et de casse pouvaient jeter certaines âmes sensibles dans le plus profond des tourments ? A ce titre, Joseph Roques relate un très curieux fait qui le fit se présenter un jour devant une patiente affligée d’une constipation que rien, jusqu’à présent, n’avait pu vaincre. Il lui proposa la marmelade de Tronchin, « une sorte de looch épais, d’un goût agréable, préparé avec deux onces d’huiles d’amandes douces, autant de sirop de violette, de manne en larmes, de pulpe très fraîche de casse, seize grains de gomme adragante et deux drachmes d’eau de fleur d’oranger », autrement dit une composition émolliente, adoucissante, laxative et pectorale, qui, au su des ingrédients qui la composent, devait effectivement sentir suavement bon. Mais quid de son aspect ? La malade du patient docteur Roques n’en voulut rien savoir, arguant que « d’en entendre parler seulement, mes entrailles se bouleversent »7. Cependant, Roques fit préparer la marmelade par un pharmacien qui la livra à la malade le soir même. Mais celle-ci, même mise devant le fait à accomplir, ne put s’y résoudre et s’endormit sans en avaler la moindre cuillerée, et, la nuit durant, rêva, à travers un sommeil fort agité, de la marmelade recommandée par son médecin. Le lendemain, à la grande surprise de Roques, sa malade était parfaitement purgée, sans pourtant avoir touché d’un seul cheveu de cette marmelade qui était demeurée sur la table de chevet : « C’est l’antipathie, c’est la peur qui les purge », expliqua-t-il, se satisfaisant de cette constatation. Mais, cher docteur, veuillez agréer que la chose ne s’interprète pas uniquement dans ce sens. Par exemple, Desbois de Rochefort n’avait-il pas remarqué que « si on reste longtemps dans un endroit où il y a beaucoup de séné, on est purgé avec coliques » ?8. On peut, dans le premier cas, évoquer une suggestion propice chez le sujet impressionnable, et dans le second une action du séné par le truchement d’une émanation aérienne ou, mieux, par radiation, ce que l’extrait qui suit va permettre de mieux mettre en lumière : « Les docteurs Bourru et Burot ont fait, sur ce point, des expériences qui ont été reprises par M. Hector Durville. Les uns et les autres ont agi sur des malades ou sur des sujets sensibles, non par ingestion d’un remède, mais en faisant tenir ce remède à la main. Les effets ont été des plus extraordinaires. Les substances médicamenteuses agissaient très fortement et parfois avec des conséquences inattendues. Par exemple, l’eau de laurier-cerise amenait des transes mystiques, une extase religieuse tournée plutôt vers la Sainte Vierge, et cela chez des personnes qui n’avaient aucune piété particulière ; même chez une Israélite. M. Hector Durville, qui était la conscience même, se demanda un jour si, connaissant la plante qu’il confiait à la malade, il ne lui transmettait pas la pensée qu’elle allait subir telle ou telle action. C’est pourquoi il se procura une quantité de petits bocaux de verre tous pareils dans lesquels il plaça ses médicaments, en poudres ou en feuilles. Pour être sûr de n’avoir pas d’action personnelle, il enveloppa tous les bocaux d’un identique papier bleu. Il n’enlevait ce papier qu’une fois l’action obtenue. Or, un jour, le bocal qu’il avait donné contenait du séné en feuilles et les suites sont aisées à comprendre. Le sujet après une courte absence, reprit sa place et son travail. La malchance voulut, bien que les flacons aient été chaque fois brouillés comme un jeu de dominos, que le séné fut trois fois de suite l’objet de l’expérimentation. Il n’est pas nécessaire d’insister sur les troubles qui s’ensuivirent »9.
Le séné est un sous-arbrisseau proche-oriental d’un mètre de hauteur, venant dans les sols secs et rocailleux, tant d’Égypte que du Levant (Syrie, Liban, etc.). Ses tiges rameuses et dressées portent une foultitude de feuilles dites paripennées, c’est-à-dire composées d’un long pétiole sur lequel on trouve un nombre paire de folioles elliptiques. Bien qu’inscrit dans la grande famille botanique des Fabacées comprenant des végétaux aussi divers que le robinier, le fenugrec ou la réglisse, on ne voit pas, dans le séné, les fleurs typiques de cette famille, c’est-à-dire des fleurs en forme de papillon, similitude ayant donné son nom à l’ancienne famille botanique des Papilionacées. Lorsqu’on observe une fleur de petit pois ou de genêt, par exemple, l’on voit ceci de face : un étendard, deux ailes et deux carènes. Bien que cela fasse bien cinq pièces florales, cela n’a rien de comparable avec la fleur de séné, composée de cinq pétales jaunes de forme assez similaire, réunis en leur centre par des étamines proéminentes.

La fructification est en revanche conforme aux plantes de cette famille, puisque le séné fabrique des espèces de « haricots » plats, des gousses peu charnues à la manière des mange-tout et achevées par une pointe acuminée. Par transparence, l’on pressent des graines plates et minuscules, néanmoins perceptibles le long de la gousse, où elles forment un chapelet de petites protubérances.

Le séné en phytothérapie
Il y a longtemps que cette plante a quitté la pharmacopée française, sans doute parce qu’on purge moins qu’autrefois (l’on a moins d’occasions de le faire) et que l’on a remplacé le séné par quelque autre drogue mieux à même de remplir cette fonction. Cependant, nous allons présenter les faits comme si nous y étions encore !
Malgré le flou qui entoure cette matière médicale (sa provenance lointaine et son conditionnement ajoutèrent en confusion), l’on peut aujourd’hui affirmer sans risquer de se tromper que sous l’appellation de séné, l’on sous-entend tout d’abord les folioles des feuilles de ce sous-arbrisseau, ainsi que ses follicules, c’est-à-dire les fruits de cette plante, que l’on croisait habituellement sous deux formes selon leur origine : on avait premièrement affaire aux follicules dit de la palte, qui sont grands, larges, de couleur vert sombre, et deuxièmement ceux de Tripoli, plus petits et de couleur vert fauve. Quant aux folioles, longues de 3 cm et larges d’un, elles sont généralement d’allure lancéolées et de couleur vert pâle.
A vue de nez, ce qui permet de bien distinguer folioles et follicules (d’autant plus à l’état de dessiccation et que les parties sont mondées), c’est l’odeur et le goût. Les feuilles, robustes et nervurées, dégagent une odeur nauséeuse, une saveur âcre, amère et mucilagineuse, tandis que chez les follicules cela est beaucoup plus atténué. Cette différence majeure s’explique surtout de par la composition biochimique du séné qui contient des anthraquinones dont l’émodine, l’iso-émodine, la rhéine et surtout la sennoside B. Mais le menu ne se résume pas qu’à cela, puisque s’y ajoutent des flavonoïdes, des acides (malique, chrysophanique, cathartique), du tanin, du mucilage, de la gomme, un principe résineux, de la chlorophylle, un pigment jaune, des matières grasses, une essence aromatique et des sels minéraux tels que le calcium, le potassium et le magnésium.
Propriétés thérapeutiques
- Purgatif mécanique par augmentation du péristaltisme colique : purgatif relativement doux à moyen, il exerce uniquement cette action sur le côlon. Ce sont les sennosides qui, irritant ses parois, provoquent ses contractions. Cela réveille la tonicité de la couche musculaire de l’intestin. Lui rendant peu à peu son énergie, le séné entraîne l’émission d’une selle environ une dizaine d’heures après son absorption per os (Cette activité se double d’une rétention aqueuse dans le côlon, ce qui a pour effet de ramollir les selles.)
- Laxatif
- Stimulant
- Emménagogue (à doses appuyées)
Usages thérapeutiques
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : langueur intestinale, constipation chronique, ancienne et/ou rebelle, inappétence, flatulences
- Douleurs contusives des extrémités et des lombes
- Opérer une révulsion favorable dans des affections aussi diverses que celles concernant la tête (céphalalgie, ophtalmie), la poitrine (catarrhe pulmonaire) que les organes locomoteurs (rhumatismes) ; vertiges
- Crise d’acétone chez l’enfant (traitement homéopathique)
Modes d’emploi
- Infusion de follicules (on peut tout simplement en placer trois dans une tasse d’eau chaude ou concentrer cette infusion, en passant de 4 à 15 g de follicules pour la valeur d’¼ de litre d’eau).
- Infusion prolongée (six à douze heures) de trois à six follicules et d’un gramme de gingembre frais dans une tasse d’eau bouillante pendant 15 mn. Y ajouter deux clous de girofle est également possible.
- Infusion de feuilles de séné dans une décoction de pruneaux sucrée ou miellée.
- Infusion composée ou thé Saint-Germain : 40 g de séné, 30 g de fleurs de sureau, 12 g de semences de fenouil, 10 g de semences d’anis et 10 g de crème de tartre (bitartrate de potassium). Comptez 5 g de ce mélange chaque matin pour la valeur d’une tasse d’eau bouillante.
- Décoction légère de feuilles : l’ébullition dissipant les principes irritants et purgatifs du séné, si l’on souhaite bénéficier de la principale propriété du séné, mieux vaut ne pas pousser trop longtemps un feu soutenu sous la casserole de la décoction que l’on prépare, sauf si l’on destine cette préparation à quelque sujet sensible et délicat. Dans ce cas, mieux vaut user des follicules, moins puissants que les feuilles, mais alors d’un usage plus aisé. C’est à préférer quand on craint un excès de sensibilité et/ou d’inflammation, car le séné « feuilles » donne de si pénibles tranchées et coliques, qu’il est préférable d’amender l’organisme d’un si détestable potage dont beaucoup répugnent jusqu’à y tremper seulement les lèvres. Pour aller jusqu’au bout de la précaution, on peut même laver les follicules sèches à l’alcool, cela permet d’en ôter le principe irritant.
- Teinture-mère à 65 % d’alcool obtenue à partir des folioles sèches du séné (en homéopathie, c’est un médicament qui porte le nom de Senna ; son action demeure peu étendue). C’est la dernière préparation magistrale contenant du séné qui soit inscrite au Codex.
- Sirop de séné, en prenant exemple sur celui de Jean-Charles Desessartz (1729-1811) qui contient du séné, de l’ipécacuanha, du serpolet, des pétales de coquelicot, de l’eau de fleur d’oranger, du vin blanc et du sulfate de magnésium.
- Extrait fluide alcoolique.
- Poudre libre ou en comprimé unitaire.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- On prendra soin de ne pas utiliser le séné en cas d’état irritatif et/ou inflammatoire, c’est-à-dire essentiellement les affections pectorales et gastro-intestinales de cette nature, telles que la colite, l’appendicite, l’entérite, les spasmes coliques ou encore les hémorroïdes. Métrite et cystite contreviennent également à son usage, de même que la plupart des hémorragies. On l’évitera chez l’enfant de moins de douze ans, durant la grossesse et l’allaitement (il risquerait de rendre le lait purgatif).
- L’infusion, même à dose raisonnable, peut occasionner des tranchées et des coliques. Étant peu agréable au goût, il est possible de la sophistiquer en l’édulcorant, mais surtout en lui additionnant les habituels correctifs du séné que sont la menthe, l’anis, le fenouil, le cumin, la coriandre, l’écorce d’orange, la camomille romaine, etc. Réduisant la répugnance jusqu’à l’acceptabilité polie, toutes ces substances « empêchent la tempête intestinale et en favorisent la vertu laxative »10. A privilégier toutes ces belles plantes aromatiques, l’on s’exempte de la suggestion fournie par Nicolas Lémery, c’est-à-dire celle consistant à mitiger le caractère peu amène de l’infusion/décoction de séné par l’intermédiaire de la scrofulaire aquatique, parce que « ses feuilles sèches, employées à poids égal avec le séné, corrigent l’odeur et la saveur nauséabonde de ce dernier, et rendent une médecine, par exemple, moins désagréable à prendre »11. J’ignore où l’apothicaire normand est allé pêcher une telle idée, puisque l’on sait bien que la scrofulaire est une plante parfaitement détestable sur la seule question de l’odeur qu’elle dégage !
- Dans tous les cas, la durée d’un traitement à base de séné ne doit pas excéder dix jours.
- Récolte : les folioles se détachent de la plante juste avant la floraison et une fois qu’elle est parfaitement achevée. Quant aux follicules, il faut patienter jusqu’à l’automne avant de s’emparer d’eux.
- Substitutions : les feuilles de robinier (Robinia pseudo-acacia) purgent les enfants aussi bien sinon mieux que le ferait le séné, de plus il est disponible partout en France, de même que l’eupatoire (Eupatoria cannabinum) avec laquelle on a constaté beaucoup d’analogies avec l’action du séné. Il paraît encore que les folioles des feuilles de frêne (Fraxinus excelsior) exercent une action purgative aussi sûre que celles de séné, mais cela ne lui a jamais fait mériter le surnom de séné indigène, au contraire du baguenaudier (Colutea arborescens), que l’on surnomme encore séné d’Europe, séné vésiculeux et, avec la coronille (Coronilla sp.), séné bâtard, laquelle écope encore du surnom de faux séné ou de séné sauvage. Enfin, derrière le séné de Provence se dissimule la globulaire buissonnante (Globularia alypium) et le séné des prés renvoie, lui, à la gratiole (Gratiola officinalis).
- Attention aux ustensiles utilisés lors de la préparation de décoction ou encore d’infusion, puisque l’on connaît l’incompatibilité du séné avec le matériel contenant du fer (cf. les tanins présents dans la plante).
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- Pierre Pomet, Histoire générale des drogues, p. 164.
- Ibidem.
- Henri Leclerc, Les fruits de France, p. 72.
- Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 1, p. 46.
- Louis Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale, Tome 1, p. 400.
- Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 1, p. 534.
- Ibidem, Tome 2, p. 514.
- Louis Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale, Tome 1, p. 379.
- Anne Osmont, Plantes médicinales et magiques, pp. 139-140.
- P. P. Botan, Dictionnaire des plantes médicinales les plus actives et les plus usuelles et de leurs applications thérapeutiques, p. 184.
- Nicolas Lémery, Nouveau dictionnaire général des drogues simples et composées, Tome 2, p. 413.
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