Huile essentielle de santal (Santalum album)

 

Synonymes : santal blanc, santal des Indes, santal citrin, santal de Mysore.

Alors bon. Par où commencer ? J’avais une entame ce matin au réveil, mais elle s’est évanouie depuis le temps. Démarrons à l’aide d’un point de repère chronologique : le Nirukta (et non pas le Nirkuta comme on peut lire ici et là, erreur copiée et collée, et recopiée, et cætera). Il s’agit d’un très ancien texte védique datant probablement du V ème siècle avant J.-C. Son rôle de glossaire avait pour but d’expliquer des termes obscurs contenus dans d’autres textes sanskrits afin d’en améliorer la compréhension et, par conséquent, la transmission. Une sorte de bréviaire étymologique en somme. Eh bien, dans ce Nirukta, l’on parle du santal, ce qui est bien une preuve qui confirme son statut de caviar de l’aromathérapie : c’est une essence végétale que l’on n’approche pas aussi aisément que cela, comme on le ferait d’un brin d’herbe : « sur la terre, il y a beaucoup d’arbrisseaux, peu de santals qui s’élèvent » (1). Cette métaphore qui souligne l’exceptionnel caractère du santal ne peut que nous inviter à ré-affirmer la puissance sacrée qui l’habite depuis bien plus longtemps que le plus ancien texte védique n’y a fait référence. Santal, transformation de l’arabe sandal, provient d’un mot sanskrit, cay-huynd-dan, plus fréquemment orthographié candana : il s’agit du parfum d’Indra qui, s’en frottant la poitrine et la guirlande qu’il porte au cou, devient doré, de même que le santal, rappelant l’accointance de cet arbre avec le soleil, ce qui fit écrire à l’auteur du Hi-Shai Sûtra que le chariot du soleil est fait d’or et de bois de santal. Véritable bois de senteur, à tel point qu’il parfume la hache qui le coupe, le candana est un bienfaiteur car même une fois abattu, il perpétue ses bienfaits par le truchement de son parfum persistant, tant et si bien qu’on le dit capable de parfumer les autres arbres, allant même jusqu’à les envelopper de sa propre chaleur.
Tout d’abord placé sous sphère d’influence brahmanique, le santal n’est pas resté cantonné qu’à la seule Inde, s’étant rendu auprès des bouddhistes pour ensuite élargir sa renommée à des territoires beaucoup plus vastes et pour lesquels il a une importance capitale dans la vie religieuse des Chinois qui brûlent son bois en hommage à Bouddha, attendu que le santal fait partie des arbres du paradis bouddhique.
En Inde et sur l’ancienne île de Ceylan, son bois a été utilisé pour fabriquer des statuettes, des objets de culte (et d’autres objets manufacturés), ainsi que pour charpenter des temples hindouistes (on dit aussi qu’il forme, avec le cèdre et le cyprès, le trio des arbres sacrés du temple de Salomon). Non seulement son parfum est une excellente raison à cela, mais il s’avère également que le bois de santal n’est en aucun cas attaqué par les insectes, les vers, la moisissure… Ce qui explique pourquoi le santal a partie liée avec différentes pratiques religieuses en Asie, qu’elles concernent le mariage ou les funérailles. Par exemple, au IX ème siècle après J.-C., on utilisait déjà son essence en vu d’embaumer le corps des monarques. Plus communément, il est de coutume de faire brûler du bois de santal lors des enterrements (lors du décès d’un haut dignitaire, 400 kg de bois de santal étaient parfois nécessaires lors de sa crémation), le santal ayant vertu protectrice, il permet d’éloigner les mauvais esprits, ce que relate le bouddhisme qui désigne le santal comme un chasseur d’entités démoniaques, de même qu’en Afrique où il permet de chasser les zars comme l’explique bien Tobie Nathan : « Pour diagnostiquer la famille de l’esprit qui a investi la malade, la guérisseuse se livre nécessairement au fatih el ‘ulba – « l’ouverture de la boîte ». Dans chaque boîte, en effet, est enfermé un encens, l’odeur-devise – en quelque sorte le blason odorant – d’un groupe de zars. Cependant, ces empreintes d’esprits sont elles-mêmes des combinaisons d’essences élémentaires. On dit que les maîtres du zar en connaissent près d’un millier qu’ils combinent à volonté : al mistika, sorte de résine parfumée (peut-être la myrrhe ?), mur el higazi, l’eolocynth, sandal, le bois de santal, al kafur, le camphre, ‘irk as sus, la branche de licorice, al gawi, parfum provenant de l’île de Java, etc. » (2).
Au-delà de son rôle de protecteur et de gardien, il est entendu par le tantrisme que le santal permet de favoriser le réveil de la Kundalini, c’est-à-dire le serpent lové au creux de Muladhara, autrement nommé chakra de la racine. Tout comme l’oliban, les fumées apaisantes du bois de santal qui brûle favorisent la méditation, la prière ainsi que le retour réflexif sur soi-même. D’aucuns parleraient de recentrage… Bref, Muladhara n’est pas loin, l’une des couleurs de l’aura de l’huile essentielle de santal étant le rouge. Si l’on considère les deux autres couleurs de cette aura, l’on note la présence de orange et de magenta. La couleur orange évoque sans difficulté le chakra sacré, Svadhisthana, prosaïquement nommé chakra du sexe parfois. Selon le tantrisme, l’hindouisme et le bouddhisme tibétain, spiritualité et sexualité, recueillement et sensualité ne sont pas des couples antinomiques et incompatibles, ils vont même de paire. Quant au magenta, synthèse chromatique du rouge et du violet, il passe des basses vibrations du rouge à celles très élevées du violet, on file de la racine à la couronne comme est censé le faire la reptilienne Kundalini. Ce n’est donc pas pour rien – au-delà du seul fait d’être considéré comme aphrodisiaque – qu’il est un gage d’éveil spirituel. Si chez les hindouistes on applique une pâte de bois de santal au niveau du troisième œil (ce que l’on appelle le tilak), cela n’a-t-il point pour objectif de développer davantage de clairvoyance et de conscience éclairée ?
Si l’on creuse davantage, l’on peut prendre conscience que le santal convoque bien plus qu’un élément : le chakra sacré se réfère à l’Eau, l’énergie de feu doux du santal, bien soulignée par cette grosse proportion de sesquiterpénols contenue dans son huile essentielle (un Feu qui convient bien à Mars, mais surtout au Soleil) ; enfin, astrologiquement associé au signe de la Vierge, le parfum du santal, par cette relation zodiacale, fait intervenir la Terre. Quant à l’Air, je vous laisse le soin de chercher en quoi le santal peut bien le contenir… ;)

Le santal a beau n’intéresser l’industrie de la parfumerie que depuis le XIX ème siècle, la menace qui pèse sur lui est pourtant bien réelle. Le célèbre santal de Mysore, extrêmement réputé, devenu rare, a obligé la culture de cet arbre dans la plupart des états du sud de l’Inde (Kerala, Andhra Pradesh, Tamil Nadu, Karnalaka). Mais l’on ne peut mettre la raréfaction du santal sur le seul compte de la parfumerie : de la fin du XVIII ème siècle jusqu’à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à une forte demande de bois de santal, en particulier pour la confection d’encens, ce qui provoque un déboisement progressif et inexorable, l’homme du XIX ème siècle étant peu au fait de la question agro-écologique. Pour son malheur, le santal croît très lentement et laborieusement, ce qui n’a pas été sans problème. Sa durée de vie limitée à un siècle en conditionne nécessairement la hauteur qui ne dépasse par dix à douze mètres. Au-dessus du sol, le tronc trapu du santal et ses feuilles semper virens ne laissent en rien présager de ce qui se passe sous la surface de la terre : les racines du santal, équipées de suçoirs, s’enfoncent dans celles d’autres arbres environnants et d’herbes géantes (bambous, palmiers), dans lesquels ils puisent les substances nutritives (phosphore, azote…) indispensables à la croissance du santal qui se trouve être largement dépendant de son environnement naturel. Le caractère hémiparasite qui singularise le santal lui permet, lors de sa prime jeunesse, de planter ses suçoirs sur plus d’une centaine d’espèces végétales différentes (parfois jusqu’à 300, y compris ses propres congénères) qui jouent le rôle d’hôtes, mais sans grand danger pour eux. Ce n’est qu’une fois devenu un arbre plus âgé qu’il perd cette habitude de se cramponner au premier venu et qu’il affiche fièrement son autonomie. Et c’est aussi avec l’âge qu’il acquiert la maturité nécessaire pour devenir productif, un santal pouvant patienter 25 à 50 ans avant de former dans son bois une essence digne d’intérêt pour le distillateur. Ce qui, au regard de son espérance de vie, n’en permet l’exploitation que pour un temps assez court, laquelle est délicate, sinon dangereuse pour sa survie, puisque, outre l’aromathérapie, c’est le cœur de son bois qui attire la convoitise de l’homme depuis des lustres : il n’est donc guère possible de l’exploiter sans le détruire, ce qui est le sort réservé à d’autres bois à parfum tels que le cèdre de l’Atlas et le bois de rose. Tout cela rend son existence fort hasardeuse, sans compter que sa culture est très complexe puisqu’il faut envisager la présence des espèces végétales hôtes indispensables au santal, lesquelles ne se choisissent pas au hasard. De plus, à force de tremper sa nouille un peu partout, le santal peut attraper une maladie d’origine bactérienne, détail rappelant que l’huile essentielle de santal est utilisée pour combattre les gonocoques responsables de la blennorragie, MST autrefois connue sous le nom de chaude-pisse. Bref, tout cela aurait pu peser lourd dans la balance avant que l’on ne mette en place un plan de contrôle et d’exportation, à l’identique de celui qui concerne le bois de rose en certains régions.

Botaniquement, nous pouvons dire en quelques mots que le santal porte des feuilles opposées, de forme ovale et effilée, dont la longueur est comprise entre 4 et 8 cm. Les faces supérieures vert sombre présentent une surface un peu rêche, alors que le revers est beaucoup plus pâle. Lors de la floraison du santal apparaissent des panicules de petites fleurs dont la couleur peut varier du jaune pâle au pourpre. Par la suite, l’arbre se couvre de grappes de drupes noires, rondes comme des pois et pas plus grosses que des cerises, à l’intérieur desquelles se trouve une graine unique.

Le santal en aromathérapie

Pour nous autres Occidentaux, du santal nous ne connaissons guère qu’un parfum, si captivant à vrai dire qu’il ferait presque oublier quelle est l’espèce végétale qui le produit, générant, çà et là, dans divers ouvrages d’aromathérapie, des sottises qui montrent à l’évidence que leurs auteurs sont mal renseignés au sujet du santal. Bref…. Ce parfum, s’incarnant sous forme d’huile essentielle, ne doit pas faire oublier que cet arbre qu’est le santal fait, tout comme le giroflier et le cannelier, l’objet d’une pratique phytothérapeutique, cependant circonscrite aux seules régions d’Asie : les informations à ce sujet étant faméliques, nous laisserons donc ce volet de côté pour nous concentrer exclusivement sur l’huile essentielle de santal en aromathérapie.
Le bois dur et odorant du santal, ainsi que ses racines, sont les parties végétales de cet arbre pour lesquelles le distillateur porte un intérêt certain. Mais sur la question du bois, il ne s’agit pas des parties nobles que l’on soumet à la distillation (celles-ci se réservent à l’ameublement et à la statuaire), mais des copeaux, des résidus de bois, des déchets, fractionnés en plus petites unités avant d’être accueillies par l’alambic. Et c’est conseillé puisque l’hydrodistillation à la vapeur d’eau, si elle est une bonne technique pour extraire l’huile essentielle de santal de son bois, est, dans ce cas précis, un véritable défi que doit relever le distillateur : il ne s’agit pas là de lavande pour laquelle la distillation est bouclée en quelques heures. Le santal – c’est ainsi – prend son temps. Nous avons remarqué plus haut qu’il croît lentement. Il en va de même de sa distillation, n’ayant nulle intention de délivrer son précieux trésor aussi rapidement. Prendre son temps se chiffre en dizaines d’heures : 48 à 72 heures sont parfois nécessaires, une centaine dans certains cas, tout cela dépendant surtout de la qualité du bois : dense, de couleur brun jaunâtre, il est parcouru de stries plus foncées par endroit, un indice de sa plus grande richesse en essence. Or comme le rendement est d’importance, puisqu’il avoisine les 4 à 8 %, plus du double – 8 à 13 % – lorsque le bois employé est de qualité supérieure (3), il est bien normal et obligatoire de soumettre bois et racines à une coction au long feu continu pour en exprimer toute l’essence. Cette durée hors du commun s’explique aussi par la densité (0,98) de cette huile essentielle, pesante, épaisse, visqueuse. Très peu volatiles, ses molécules sont donc plus longues à extirper du bois (4). Huile essentielle quasiment incolore (c’est à peine si elle jaunit un peu avec l’âge), elle dégage un puissant mais délicat arôme boisé et épicé, chaud et profond. N’abusons pas des qualificatifs, l’huile essentielle de santal échappe à toute description, bien vaine litanie de mots ; ça n’est pas une expérience qui se lit – le bagage lexical des odeurs étant, à la vérité, si faible que, de toute façon, on n’irait pas bien loin. Non, c’est avant tout une expérience qui se sent, qui s’absorbe aussi longuement et lentement que cette huile essentielle a pris de temps pour s’extraire de sa gangue ligneuse.
En terme de composition biochimique, la plus large part est allouée aux sesquiterpénols (alpha-santalol, bêta-santalol, cis-lancéol, épi-p-santalol) formant près de 70 % de l’ensemble. Le reste se distribue entre les sesquiterpènes (8 %), les monoterpènes (8 %) et les acides (3 %).

Propriétés thérapeutiques

  • Anti-infectieux : antibactérien (gonocoque, staphylocoque doré), antiviral, antifongique, antiseptique pulmonaire et génito-urinaire
  • Tonique veineux et lymphatique, décongestionnant veineux et lymphatique, cardiotonique
  • Antispasmodique
  • Anti-inflammatoire
  • Expectorant, balsamique, antitussif
  • Calmant et sédatif du système nerveux central (il existe une corrélation entre la présence d’alpha-santalol dans cette huile et son activité sédative), antidépressive, inductrice du sommeil
  • Tonique général
  • Décongestionnant pelvien, stimulant testiculaire, aphrodisiaque
  • Aquarétique
  • Astringent, cicatrisant, régénérateur cutané
  • Activité antitumorale (l’un des composants de cette huile essentielle favorise l’apoptose des cellules responsables de carcinomes cutanés)
  • Sudorifique (en phytothérapie, le bois de santal forme avec le sassafras (Sassafra albidum), le gaïac (Guaiacum officinale) et la salsepareille (Smilax aspera) le groupe des quatre bois sudorifiques)

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère urinaire : cystite, infection urinaire, colibacillose, blennorragie
  • Troubles de la sphère respiratoire : bronchite chronique, catarrhe bronchique, bronchorrhée, laryngite, toux sèche et/ou irritante
  • Troubles de la sphère circulatoire : hémorroïdes, varice, jambes lourdes, œdème des membres inférieurs, ulcère variqueux, insuffisance veineuse et lymphatique, couperose
  • Troubles de la sphère génitale : congestion du petit bassin, congestion prostatique, prostatite, herpès génital, mycose vaginale (candidose), asthénie sexuelle, impuissance, frigidité, fatigue sexuelle
  • Affections cutanées : mycoses (pied d’athlète, onychomycose), dermatophytose (teigne), acné, herpès labial, eczéma, psoriasis, urticaire, gerçure, crevasse, cicatrice, soins des peaux grasses, irritées, fatiguées et dévitalisées, rides, démangeaisons du cuir chevelu, pellicules
  • Troubles du système nerveux : stress, nervosité, agressivité, anxiété, morosité, dépression légère, surmenage, épuisement nerveux, psychique et intellectuel, dispersion mentale, troubles du sommeil
  • Désaccoutumance (tabac, alcool)

Propriétés psycho-émotionnelle

  • Sédatif et calmant, il remet de l’ordre dans le chaos (insomnie, troubles du rythme cardiaque, etc.).
  • Grâce à son parfum charnel et enveloppant, l’huile essentielle de santal permet de prendre conscience de son incarnation et de se situer par rapport à son environnement en particulier lorsque le stress, la nervosité, l’impatience, la dispersion et le bavardage mental nous placent hors de nous-mêmes, en dehors de notre propre corps dont l’esprit semble désincarné.
  • Tout en souplesse, le santal blanc efface la raideur, la rigidité, la morosité, il permet une ouverture vers l’autre qui peut tout aussi bien être une personne anonyme qu’un compagnon proche. Mais là où il fait véritablement merveille, c’est à travers sa capacité sensuel à séduire : il développe un climat de confiance propre à aiguiser le plaisir en toute intimité.
  • Fort utile lors d’épisodes méditatifs, l’huile essentielle de santal permet de se connecter à son intériorité.

Modes d’emploi

  • Voie cutanée pure ou diluée.
  • Voie orale.
  • Olfaction.
  • Diffusion atmosphérique.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Toxicité : c’est là un bien grand mot à propos de l’huile essentielle de santal. L’on a beau dire qu’elle n’a pas encore été établie sûrement, l’on sait néanmoins par l’expérience qu’un usage immodéré est susceptible d’entraîner un certain nombre d’effets secondaires tels que nausée, irritation cutanée, allergie de contact, etc. Jean Valnet évoquait une sensation de chaleur épigastrique et de soif intense en cas d’excès. Mais il y a excès et excès, la DL50 de cette huile essentielle s’élève quand même à 5 g par kilogramme chez l’homme, c’est-à-dire qu’un adulte pesant 80 kg devrait absorber 400 g de cette huile (soit 40 flacons de 10 ml) avant de rencontrer quelques dommages. Ainsi, rien à voir avec le cyanure et la strychnine, des doses létales médianes comprises entre 5000 mg et 15000 mg par kilogramme concernent des substances « légèrement toxiques » à « presque pas toxiques ». Pas de quoi en faire un plat. En revanche, ce qui est plus certain, c’est de ne pas en abuser au-delà de cure de six semaines, ni durant les trois premiers mois de la grossesse (sait-on jamais : peut-être craindrait-on de voir bébé danser le nritta dès la naissance…), et, pour finir, en cas d’insuffisance rénale. Si je sens, là encore, poindre le sacro-saint principe de précaution qu’on brandit à tout-va à la première occasion, je n’en suis pas moins d’accord pour dire qu’huile essentielle de santal et enfant, ça n’est pas compatible : qu’a-t-on besoin de cette huile quand on n’est pas encore pubère ? Quand je vois qu’elle est parfois conseillée en olfactothérapie à des gamins de 4 ou 5 ans, je me dis que… Euh…?!!! Que c’est n’importe quoi. Pour ne pas être grossier ^_^
  • De même qu’il existe du lard et du cochon, sur le marché de l’aromathérapie – qui oublie parfois d’indiquer le nom latin des plantes sur les flacons d’huile essentielle ou quand ça l’est, c’est parfois imprimé à l’aide d’une encre qui s’efface à la vitesse d’un cheval lancé au grand galop (insinuerais-je que le monde de l’aromathérapie est, lui aussi, secoué par d’infâmes malversations ?), le néophyte peut, on l’en croit aisément, peiner quelque peu et se faire posséder comme un bleu dès lors qu’il s’agit d’une huile essentielle aussi peu donnée que celle de santal. Oui, il y a santal et santal. N’y a-t-il pas, du reste, verveine et verveine, un mot que de peu scrupuleux margoulins utilisent pour l’accoquiner avec l’huile essentielle de litsée citronnée. Sachant que 10 ml d’huile essentielle de verveine citronnée ça coûte (généralement) dix à douze fois plus cher que la même quantité de litsée citronnée, on peut imaginer le potentiel profit que peut réaliser le dit margoulin en appelant un produit du nom d’un autre (les sensations de faire une (trop) belle affaire et de se faire enfler sont assez souvent concomitantes). D’où l’intérêt de se procurer des huiles essentielles chez des gens sérieux (La cabane aux arômes de Pescalune, Maison Néroli, etc.). Bref. Après cette incise bien nécessaire, revenons-en à nos tendres moutons. Donc, voilà-t-il pas que, par-dessus le marché, il existe plusieurs santals : un blanc, un jaune, un rouge. Érigeons donc LA liste :
    – le santal, celui de cet article, c’est le blanc : Santalum album. Certains petits malins écrivent santal alba sur l’étiquette, sans doute pour porter à davantage de confusion. On l’appelle santal, point barre.
    – le santal d’Australie : Santalum spicatum.
    – le santal de Nouvelle-Calédonie : Santalum austrocaledonicum.
    – le quandong : Santalum acuminatum.
    A noter que si ce dernier n’est pas concerné par l’aromathérapie, c’est le cas des deux précédents, arbres hémiparasites tout comme le santal, produisant chacun une huile essentielle : à la maison, j’ai deux flacons, l’un d’huile essentielle de Santalum album, l’autre de Santalum spicatum, qui n’ont, l’une et l’autre, rien à voir, ne serait-ce que d’un seul point de vue olfactif. Je vous le dis, j’ai une très nette préférence pour le spicatum ^_^
    Ensuite, nous avons affaire à deux faux santals :
    – Le premier, que de petits malins (il y a beaucoup de petits malins autour du santal, décidément…) appellent « santal des Indes orientales », c’est l’amyris (Amyris balsamifera). C’est bien un arbre, mais non de la famille des Santalacées puisqu’il appartient à celle des Rutacées. On en tire une huile essentielle également, assez bon marché comparativement à celle de santal ou de bois de rose, ce qui lui vaut aussi d’être surnommé rosewood. Décidément ! Je le rappelle au cas où : l’aromathérapie, ça n’est pas un truc relaxant pour midinettes, c’est plutôt un truc où on s’arrache les cheveux, si, si !
    – Le second, c’est le « santal » rouge (Red sandalwool), Pterocarpus santalinus, un arbre du sud de l’Inde, de la famille des Fabacées. On n’en tire aucune huile essentielle à ma connaissance.
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    1. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 2, p. 332.
    2. Tobie Nathan, Psychanalyse païenne, p. 175.
    3. En général, on compte 3,5 à 4 % de rendement pour le bois, 4,5 à 6 % pour les racines.
    4. Le lieu de vie du santal semble aussi déterminer cette richesse plus ou moins étendue : il apparaît que la nature du terrain influe sur la quantité d’huile essentielle produite. Le terrain favori serait donc celui qui est pauvre, sec et caillouteux, en somme tout ce que, olfactivement, le santal n’est pas.

© Books of Dante – 2018