Les outils du chaman

Nous avons vu au détour d’un précédent article que le chaman possède en son pouvoir des capacités inhérentes à ses fonctions. Aujourd’hui, nous allons passer en revue l’ensemble des outils parmi les plus courants dont se sert le chaman dans les différentes tâches qui sont les siennes. Et montrer en quoi ils ne sont pas que de simples objets.

LE TAMBOUR

Que ce soit en Sibérie, au Népal ou en Amérique du nord, le tambour est un objet que l’on retrouve dans de très nombreuses cultures chamaniques. On s’entend généralement pour dire que le bois de la caisse doit être désigné au chaman par les esprits. Diverses inscriptions peuvent venir orner la peau tendue sur la caisse même si certains auteurs précisent qu’il est malvenu qu’une figure décore le centre de la peau, comme nous le voyons ci-dessous (tambour sioux, vers 1900, très certainement destiné aux touristes) :

tambour

Bien entendu, il ne représente pas qu’un simple objet de folklore. C’est avant tout un objet magique aux multiples fonctions : permettre au chaman d’entrer en transe, voyager (ne dit-on pas que le tambour est le « cheval » du chaman ?), convoquer les esprits auxiliaires, faire office d’outil divinatoire, etc.

LE PLUMEAU

Il réunit un ensemble de plumes appartenant à un oiseau dont l’espèce présente une symbolique spirituelle très forte. Ci-dessous à gauche, un plumeau de plumes d’aigle (Amérique du nord, Sauk et Fox, 1900), à droite en plumes d’ara (Amérique du sud) :

Plumeau 2Plumeau 1

Selon les traditions chamaniques, il peut observer différentes fonctions : nettoyage énergétique, repousser l’esprit d’une maladie, canaliser l’esprit d’une personne en transe en produisant un petit bruit régulier, etc.

LE COSTUME

Il s’agit là d’un élément hautement symbolique qui représente toute la nature sacrée de la charge du chaman. Très souvent composé de trois parties que sont la coiffe, le pectoral et le caftan, le costume est parfois orné de plaques métalliques ou de rubans colorés de différentes longueurs comme nous pouvons le constater sur le cliché ci-dessous :

Costume

Quant aux masques, ils sont assez peu usités du fait que le costume, à lui seul, en est déjà un.

LES COLLIERS

En haut, un collier constitué de crocs de jaguar (Amérique du sud), en bas un collier en griffes de grizzly (Amérique du nord). On voit l’étrange filiation entre deux types de colliers qui emploie chacun une partie symbolique propre à un puissant archétype.

Collier 1Collier 2

Ce ne sont pas que des attributs purement chamaniques, ils peuvent aussi servir à indiquer un rang (élites, hauts dignitaires, etc.).

LA CANNE

Constituée d’un bois le plus souvent désigné au chaman par les esprit, la canne est parfois ouvragée par son propriétaire, à la manière du tambour. Dans certaines traditions chamaniques, elle est l’outil indispensable, avec le tambour, afin que le chaman en transe puisse effectuer son voyage. Représentation symbolique de l’arbre cosmique, la canne joue alors le rôle de « monture astrale ».

LES AMULETTES

Élaborées à partir de fragments d’origine animale, végétale et/ou minérale, elles possèdent différentes fonctions eu égard à leurs propriétés magiques ou thérapeutiques. Par exemple, les chamans sibériens utilisent de petits morceaux de rein d’ours séchés pour en confectionner des bracelets alors qu’au Népal les piquants de porc-épic sont couramment usités pour mettre les sorcières en déroute. Dans tous les cas, les amulettes sont des objets concentrés de pouvoir.

LES VEGETAUX

Nous évoquerons moins la matière médicale que les différentes plantes employées par les chamans lors de leurs divers rituels. Selon les régions du monde, l’identité des végétaux change : amanite tue-mouches en Sibérie, peyotl au Mexique, ayahuesca en Amérique du sud… Certaines s’absorbent sous forme de décoction, tandis que d’autres sont brûlées en guise d’encens (foin d’odeur, cèdre, sauge, etc.) ou fumées (sauge divinatoire, tabac…).
A propos des tabac fumés tant en Amérique du nord qu’en Amérique du sud, il faut savoir qu’il s’agit de variétés très différentes de ce qu’on trouve en Occident, leurs effets sont bien plus violents. La fumée, nourriture spirituelle, permet la guérison des malades, la purification des lieux ainsi que la protection des corps.

Sur ce cliché, nous voyons un indigène amazonien fumant un cigare à l’aide d’un porte-tabac.

Tabac 1

Ici, différents objets propres aux tribus amérindiennes des Grandes Plaines (Sioux et Cheyennes du nord) : au centre une pipe et son bourre-pipe, à gauche un étui à pipe et une tresse de foin d’odeur, en bas à droite, de la sauge (sous le hochet).

Divers

LE HOCHET

Enfin, comme nous l’évoquons ci-dessus, quelques mot à propos du hochet qui présente à peu de choses près les mêmes caractéristiques que la maracas. Constitué d’un réceptacle plus ou moins sphérique, il contient des graines, des perles ou des petits cailloux. Avec les grelots, le hochet peut accompagner le tambour lors d’un voyage chamanique par exemple.

A gauche : hochet arapaho (1860) ; au centre : hochet sioux (1900) ; à droite : hochet fox (1920).

Hochet

© Books of Dante – 2014

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