Petit Larousse des huiles essentielles

Thierry Folliard
ISBN : 978-2-035-89596-7
24,90 € TTC

Petit Larousse des HE

La première fois où j’ai eu ce livre entre les mains, il n’y a pas eu coup de foudre. Mais comme j’aime observer et décortiquer ce qui se fait dans le domaine de l’aromathérapie, j’en ai acquis un exemplaire (en plus, ça m’a donné l’occasion de filer quelques sous à mon libraire).
Les couleurs de la couverture sont fadasses, on dirait plus un bouquin de découverte des champignons au fin fond de la Corrèze au mois de septembre qu’un bouquin sur les huiles essentielles qui ne sont ni corréziennes, ni fadasses, ni si pauvrement présentées qu’elles le sont sur le présent ouvrage dont je me propose aujourd’hui de vous faire la critique.

LA FORME

De dimension moyenne (24 * 20), ce livre à la couverture renforcée et à la tranche toilée veut donner toute l’apparence d’un dico, même si cela n’est pas spécifié sur la couverture. (D’façon, le mot « Larousse » est tombé dans le langage commun pour désigner un dictionnaire. Et depuis le temps que ça dure – 1852 – on ne s’étonnera pas de cette prééminence.)
304 pages de papier de belle qualité (imprimées en Espagne : quand donc Larousse refera-t-il du made in France ?), relativement épais (2,5 cm), massif, solide, fait pour durer comme tout dictionnaire qui se respecte. Ceux qui connaissent déjà le Petit Larousse des plantes médicinales (2009) auront, grosso modo, une idée de la bête. En cela, on est très loin de la bible de Festy, à la couverture souple et fragile, aux pages brochées constituées d’un papier si fin qu’on dirait du papier à cigarette. Les deux bouquins affichent un prix quasi identique mais, à deux euros près, je note une très nette préférence pour celui de Folliard. De plus, chez Festy, aucune illustration, c’est d’un triste, alors qu’on ne peut en dire autant du dernier né de chez Larousse, riche d’une nombreuse iconographie. (Quoi que certains clichés sont d’une classique banalité : pas mal d’images se trouvent dans d’autres bouquins d’aromathérapie. On prend les mêmes et on recommence ?)

L’HOMME

Folliard, contrairement à Festy, n’est pas homme à s’éparpiller dans une multitude d’ouvrages qui se recoupent les uns les autres, parfois de manière fort grossière. On lui doit un ABC de l’herboristerie familiale chez Grancher entre autres. Laconique à son sujet, la quatrième de couverture nous explique en deux lignes qui il est : « Thierry Folliard est naturopathe éducateur de santé. Ancien ingénieur, diplômé d’aromathérapie, il exerce aujourd’hui dans une herboristerie parisienne ».

LE FOND

On distingue nettement trois grandes parties.

  • Généralités : origines, modes d’extraction, familles moléculaires, propriétés thérapeutiques, etc.

Petit larousse des HE p. 29 (extrait)

  • Les huiles essentielles : une cinquantaine en double-page, plus du double mais moins détaillées à la suite. On retrouve les grandes huiles essentielles classiques et archiconnues (essence de citron, huile essentielle de menthe poivrée, d’eucalyptus globuleux, etc.) qui côtoient des huiles essentielles moins courantes (saro, lentisque pistachier, katrafay…). A noter, une assez belle représentation des huiles essentielles malgaches (baie rose, famonty, gingembre papillon, iary, issa, hélichryse faradifani…) et du continent océanique (kunzéa, fragonia, manuka…).

Petit larousse des HE p. 132-133
Petit larousse des HE p. 188-189

  • Les recettes de A à Z : 167 affections répertoriées. Chacune d’elles est introduite pas un petit texte descriptif. Que nous propose-t-on ? Certaines affections n’appellent qu’une seule recette. Selon les cas, elle est plus ou moins élaborée, plus ou moins onéreuse. En revanche, pour d’autres troubles, l’auteur se fait plus prolixe. Prudent, Thierry Folliard, en tant que naturopathe, sait qu’il peut indiquer des recettes à faire soi-même : il invite donc le lecteur à les préparer lui-même à la condition expresse qu’elles se destinent uniquement à un usage externe. Il n’en va pas de même pour un usage interne, pour lequel l’auteur exprime explicitement au lecteur qu’il doit faire préparer en officine les différentes compositions.

Petit larousse des HE p. 232-233
Petit larousse des HE p. 247 (extrait)

Bon. Là on bute face à un problème logique : les recettes de l’auteur, bien qu’intéressantes, ne peuvent en aucun cas être préparées en officine sans l’aval d’un médecin aromathérapeute ayant rédigé une ordonnance. Or ce livre n’est pas une ordonnance. On peut donc imaginer dans quelle situation drastique pourra être placé une personne désireuse de faire préparer les remèdes indiqués, chose rendue d’autant plus difficile, sinon impossible, depuis la loi d’avril 2008. En effet, un pharmacien n’est plus autorisé à effectuer des compositions magistrales à la demande d’un patient. De plus, la faiblesse du nombre de pharmacies que compte l’hexagone à même de répondre à de telles demandes ne laisse que peu de choix. Le docteur Valnet se plaignait déjà du peu de pharmacies sérieuses capables d’élaborer des compositions magistrales à base d’huiles essentielles. On se rend compte que cela n’a guère évolué depuis… Pour réussir ce tour de force, il faut avoir sous la main un médecin formé à l’aromathérapie ainsi qu’une pharmacie pouvant répondre à ses ordonnances. Force est de constater que cela n’est pas donné à tous le monde et que la réunion de ces deux conditions ne concerne qu’une fraction de la population française, à grande majorité urbaine (Ce n’est pas tout à fait un hasard si Valnet exerçait à Paris et non au fin fond de la Creuse…) Ainsi, un grand nombre de ces recettes reste inutilisable en l’état. Cela donne l’impression (malheureuse) de dissuader plus que d’inciter. Un livre qui ne colle pas vraiment à la réalité du terrain (accessibilité aux prescripteurs et aux préparateurs, coût exorbitant de certaines compositions à base d’huiles essentielles non inscrites au Codex : non seulement c’est cher, mais vous ne serez même pas remboursé par la Sécurité Sociale. La santé est-elle à ce prix ?) A coup sûr, ce livre finira comme ultime référence en la matière sur l’étagère d’un « bobo » qui ne manque pas de moyens. Le gros des troupes, passez votre chemin.

Bref. Dans l’ensemble, du bon, du moins bon, quelques coquilles, inexactitudes et autres bourdes. Quelques exemples : l’image de droite, page 26, ne représente pas une hysope officinale comme indiqué dans la légende mais une espèce de sauge ; plus loin, page 30, l’image du centre n’est pas une berce du Caucase mais une angélique ; page 41, une confusion est faite entre macérât huileux et huile végétale, de même qu’à la page 43 ; page 42, le jojoba n’est pas une huile végétale mais une cire végétale ; l’auteur ne distingue pas les notions d’essence et d’huile essentielle, etc.

© Books of Dante – 2014

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