Être exhaustif et précis au sujet des orties n’est pas chose simple. Il fallait relever le défi, c’est aujourd’hui chose faite (jusqu’à la prochaine fois… ^.^)
Beau week-end à toutes et à tous, et bonne lecture :)
Gilles

Petite ortie
Synonymes de la grande ortie : ortie dioïque, ortie vivace, ortie commune, échardille, ortie méchante, ortie grièche (de griesche : douloureux, méchant). Ceux de la petite ortie : ortie brûlante (de urere, « brûler »), ortie piquante, ortie des jardins.
Les patronymes, surnoms, « douces » appellations vernaculaires des orties ayant été rappelés, je me propose de vous raconter l’histoire qui unit les orties aux hommes depuis belle lurette, un fort long temps, associé à une vastitude d’usages mis en œuvre au fil des siècles et des millénaires. A la façon d’un carré d’orties, vous aurez sans doute l’impression que je vous pousse dans toutes les directions. Ce sera le cas, tant avec elles on ne sait plus où donner de la tête, chaque parcelle défrichée livrant son nouveau lot d’informations touffues et de secrets parfois inextricablement emmêlés. Nous pouvons d’ores et déjà remercier chaleureusement le premier homme qui mit la main sur ces plantes. A son grand dam ? Certainement pas ! Vu les paragraphes nombreux qu’il me faut maintenant compiler pour donner une idée de ce qu’est vraiment l’ortie, je gage qu’il ne s’arrêta pas à la brûlure que lui infligea cette plante lors de cette première prise de contact. Et c’est tant mieux, car nous serions indubitablement passés à côté de quelque chose de grand.
Bien que l’ortie ait mené la vie dure à l’homme, ce dernier ne s’est pas gêné pour lui en faire le reproche : quelques expressions en témoignent, comme, par exemple, « être gracieux comme une poignée d’orties », ce qui est une façon de caractériser le peu d’aménité dont est dotée une personne. Par celle de « jus d’ortie », on condamne un vin infamant. L’une et l’autre font référence au caractère singulier de l’ortie, scandaleusement agressif et outrancier, très haut en couleur si l’on peut ainsi dire. Mais, avant de déborder sur un futur chapitre, poursuivons sereinement le cours de cette introduction.
Passons outre l’évocation de ces quelques désagréments et dépassons la vision erronée qu’ils donnent de l’ortie. Si le jus d’ortie est un picrate pour l’homme, c’est aussi un dynamiseur végétal du plus grand effet. On le connaît aussi sous le nom de purin d’ortie. Il rend de grands services à d’autres végétaux qu’il magnifie (arbres fruitiers, légumes). De plus, l’ortie poussant à proximité de plantes à parfum accroît leur teneur en essence aromatique, tandis que « le suc des plantes qui ont crû dans son voisinage s’altère moins vite »1. Peut-on alors encore soutenir qu’elle entretient de mauvais rapports avec son entourage ? Certes non ! Même les animaux l’apprécient énormément ! Le grand mythologue italien du XIXe siècle, Angelo de Gubernatis, rapportait que, dans le Piémont, le fait de mêler de la graine d’ortie au son donné aux poules était la garantie d’obtenir beaucoup d’œufs. Mais ce qui semble n’être qu’un rituel propitiatoire s’est révélé tout à fait exact, puisqu’il est aujourd’hui reconnu que la graine d’ortie active la ponte des poules. Les poussins, les canetons, les oisons et les dindonneaux en sont friands. Il y a même jusqu’aux grands animaux domestiques qui la consomment, une fois sèche et flétrie. Dans les pays scandinaves, elle offre un excellent fourrage fournissant trois coupes par an. Chez la vache, l’ortie augmente la lactation ainsi que le taux de lipides dans la crème, ce qui permet d’obtenir un beurre de meilleure qualité. L’ortie améliore sensiblement la santé des animaux, et l’on a remarqué depuis au moins le début du XIXe siècle (Louis-Augustin Bosc d’Antic, 1822) que les vaches qui consomment régulièrement de l’ortie résistent mieux aux épizooties.
Devant tant de bienfaits, allons-nous nous arrêter en si bon chemin ? Cela m’étonnerait, d’autant que la proximité de l’homme et de l’ortie durant des siècles ne pouvait que se solder par la découverte progressive de ses propriétés médicinales, sachant que cette plante fut un « légume » dès les temps préhistoriques, puis régulièrement consommée en Europe jusqu’au XVIe siècle au moins. Maintenant que nous sommes clairement conscients que l’ortie prodigue ses excellentes qualités auprès des animaux et d’autres végétaux, penchons-nous un peu sur les effets bienheureux que cette plante compagne peut avoir sur l’homme, au travers de son histoire médicale.
On peut accorder comme probable le fait qu’entre les premières expériences préhistoriques et les traces écrites laissées par les auteurs de l’Antiquité, il se soit passé beaucoup de choses au sujet des liens que tissèrent conjointement l’homme et l’ortie. Mais, inutile d’ergoter et d’extrapoler, contentons-nous déjà de ce qui nous paraît suffisamment exact pour l’amener ici sans trop de doute. Dans l’œuvre du médecin grec Dioscoride, l’on trouve un chapitre (Livre IV, 78) entièrement consacré à une ortie qu’il nomme akalêphê, un nom rendant déjà compte du caractère urticant de cette plante (puisque ce mot est construit à partir du grec akis, « pointe, dard, piquant »). On pense généralement à Urtica pilulifera, une ortie qui pousse sur le pourtour de la mer Méditerranée et qui est urticante dans toutes ses parties. Voici ce que disait précisément Dioscoride : « La graine bue en vin excite au jeu de l’amour et, prise en électuaire avec du miel, elle redonne du souffle, ôte les inflammations du côté et du poumon et purge la poitrine. Ses feuilles cuites […] lâchent le ventre, font uriner et résolvent toutes ventosités ». Il remarqua aussi que les feuilles de cette plante, parfois emplâtrées avec du sel, apportent une solution à bien des affections cutanées où le sang abonde de façon anormale, c’est-à-dire ni plus ni moins que sa qualité hémostatique et astringente (morsure de chien, gangrène, ulcère, apostume, chancre, petite tumeur…), également mise à profit au travers d’affections internes (hémoptysie, métrorragie, saignement de nez, et toutes autres hémorragies internes actives). Il explique encore que cette plante est emménagogue et qu’elle remédie aux défauts de la rate, mais ne fait en revanche aucune allusion à ce qu’évoquait un de ses prédécesseurs au Ier siècle avant J.-C., le médecin encyclopédiste romain Celse, qui préconisait les applications d’ortie fraîche sur les membres paralysés, ce qui ouvrit la voie à ce qu’on appela l’urticatio, et qu’on retrouve dans les dires d’Arêtée : à la même époque que Dioscoride, il faisait intervenir ce modus operandi énergique pour chasser la léthargie ! De son côté, le naturaliste romain Pline l’Ancien aborda le cas d’une « ortie d’automne » qui n’était, en réalité, qu’un lamier (la confusion entre les orties et les lamiers ne date visiblement pas d’hier), mais lorsque, par ailleurs, il assurait que c’était un préservatif face aux maladies courantes que l’on peut rencontrer au cours de l’année, comment ne pas penser à l’ortie plus qu’à un quelconque lamier ? Puis Galien, répétant peu ou prou les paroles de Dioscoride, manifesta un intérêt pour la graine d’ortie en ce qui est de guérir les plaies et les ulcères, tandis que Serenus Sammonicus s’attarda sur leur pouvoir échauffant pour lutter contre les refroidissements.
Le Moyen âge ne fut pas non plus en reste au sujet de l’ortie, à propos de laquelle l’école de Salerne donnait largement le ton : « L’ortie, aux yeux du peuple herbe si misérable, tient dans la médecine une place honorable. Qu’un malade inquiet dorme malaisément, elle lui rend bientôt un sommeil secourable. Contre un fâcheux vomissement, c’est un spécifique admirable. Sa graine avec du miel abrège le tourment d’une colique insupportable. Le breuvage d’ortie étant réitéré, adoucit de la toux le mal invétéré, réchauffe les poumons, du ventre ôte l’enflure, et de la goutte même apaise la torture ». A peu près à la même période, Macer Floridus utilisait l’ortie, seule ou accompagnée, pour bien des affections : la feuille dans du vin contre la jaunisse, avec du miel pour la toux quinteuse, avec du sel en cataplasme sur ulcère, plaie, chancre, morsure de chien, avec de la myrrhe comme emménagogue ; la racine broyée dans du vinaigre contre douleurs goutteuses et articulaires ; la graine dans du vin comme boisson aphrodisiaque… De plus, Macer repéra les propriétés hémostatique, astringente, diurétique et tonique capillaire de l’ortie. Mais comme il ne fait que bachoter en répétant presque mot pour mot Dioscoride, nous n’irons pas plus loin que de citer un passage du paragraphe qu’il consacre à l’ortie et qui explicite, à coup sûr, la méconnaissance réelle qu’il avait de cette plante : «Le jus de l’ortie ou seulement une de ses feuilles mise dans les narines, en fait jaillir le sang »2. Sauf que – c’est ballot – c’est justement tout le contraire, l’ortie étant réputée contre l’épistaxis ! Enfin, l’Urtica d’Hildegarde complète ce tableau médiéval. Cuite, l’ortie purge l’estomac en évacuant les humeurs mauvaises qui l’encombrent. L’abbesse l’indiquait aussi contre les vers, les maladies articulaires (occasionnant des boiteries), ainsi que contre les pertes de mémoire, Enfin comme remède pulmonaire.
La Renaissance et l’époque moderne n’abandonnèrent pas l’ortie, loin de là ! Bien plus, elles ré-affirmèrent, tout d’abord du XVIe au XVIIIe siècle, les principales vertus de l’ortie, c’est-à-dire non pas les quelques babioles périphériques qu’on lui voit parfois tenir (jaunisse, « phtisie », vers intestinaux, etc.), mais bien plus, ce qui forme exactement le fer-de-lance de son bagage thérapeutique. Ce furent avant tout les extraordinaires vertus hémostatiques et astringentes de l’ortie qui furent répétées comme un leitmotiv, tenant haut le pavé : elle s’illustra notamment auprès des malades atteints d’hémoptysie, d’hématémèse, d’hématurie, d’épistaxis, de métrorragie et de la plupart des autres pertes utérines anormales et trop abondantes. Cette incroyable propriété ne se cantonna pas qu’à garnir les rayonnages des connaissances scientifiques et médicales de l’époque. En effet, la courante et plébéienne ortie, toujours à portée de la main, faisait également le ravissement de la médecine populaire : celle-ci ne manqua pas de remarquer que l’infusion d’ortie est secourable lorsqu’on est affecté de saignements actifs et chroniques, de même qu’on se rendit bien compte qu’une feuille d’ortie fraîche, mâchée puis introduite dans les narines, formait une manière de pansement hémostatique hautement efficace face aux saignements de nez. On employait aussi bien la petite ortie que la grande, pour leurs fleurs, feuilles et racines. Au delà de l’évident rapport de l’ortie avec le fluide sanguin, on lui vit jouer un rôle sur le couple reins et vessie (rétention d’urine, énurésie, lithiase rénale et urinaire, goutte, rhumatisme), compte tenu de sa bonne disposition à agir favorablement sur la miction. Également propice à la sudation, l’ortie – parfois usitée comme fébrifuge –, accélère l’éruption dans le cours des maladies infectieuses (rougeole, petite vérole), ce qui n’était pas non plus sans effet sur quantité d’affections cutanées qui bénéficiaient de la capacité dépurative de l’ortie. Quand il s’agissait d’affections plus graves, comme un ulcère putride ou un début de gangrène, on agissait directement, par voie externe, par le biais de compresse et de cataplasme. Active sur la sphère respiratoire, on la voit propre pour l’asthme et la péripneumonie, ainsi que pour les petits maux des voies basses (amygdalite, maux de gorge) et ceux qui affectent la cavité buccale (aphte, gingivite). L’on peut encore dire de l’ortie qu’elle est apéritive et qu’elle excite les mois aux femmes, mais l’un des modes d’emploi le plus impressionnant demeure très certainement l’urtication, pour laquelle nous avons donné quelques informations un peu plus haut. Énergique, l’urtication consiste à flageller les parties du corps qui le nécessitent avec des paquets d’ortie fraîche : cela permet d’« attirer les esprits [NdA : animaux] et le sang sur les parties desséchées et paralytiques »3. Ainsi, les malades justiciables de cette opération musclée sont ceux présentant des rhumatismes chroniques, des douleurs musculaires et articulaires au niveau des membres inférieurs, de l’atonie musculaire, ainsi qu’une tendance à la léthargie (c’est sûr que ça réveille !). Bien entendu, malgré tous ces excellents services rendus, il apparaît que, aussi grincheux que l’ortie peut être grièche, quelques praticiens n’hésitèrent pas à offenser la vaillante ortie en la considérant comme une plante « positivement inerte », « superflue », aux « propriétés douteuses ». Bernard Peyrilhe (1735-1804), Jean-Louis Alibert (1768-1837) et William Cullen (1710-1790) comptèrent au nombre des accusateurs. Si bien qu’au début du XIXe siècle, l’ortie était tombée dans un oubli très relatif (si l’on excepte Roques – pour n’en pas dire grand-chose, il est vrai). Mais elle sut ne pas péricliter trop longtemps et fut rapidement remise sur les rails au milieu du siècle par Ginestet, Menicucci et Cazin. Tous trois rappelèrent les vertus hémostatiques et antihémorragiques de l’ortie, qui sont loin d’être des affabulations. Puis, au XXe siècle, la recherche, loin de faiblir, fut, bien au contraire, animée d’un tel enthousiasme qu’en 1924 Dobreff mit en évidence dans l’ortie la présence de sécrétine, une substance qu’on trouve analogue dans l’épinard. Dix ans plus tard, les travaux de H. Cremer établirent la fabuleuse capacité de l’ortie d’enrichir l’organisme en globules rouges. Parallèlement à cette constatation, au début des années 1930, Wasicky constata que l’ortie, en prise régulière, était capable de faire chuter le taux de glucose sanguin. Enfin, en 1935, W. Ripperger attesta de son efficacité dans le traitement des affections cutanées, en particulier grâce à ses vertus dépuratives.

« Combat » à l’ortie lors du festival de l’ortie qui se tient dans le village de Krapivna (oblast de Toula, au sud de Moscou) chaque année au mois de juin.
Nous avons dit plus haut – il y a longtemps maintenant – que l’ortie passait pour une plante aphrodisiaque, ce qui peut paraître curieux à bien des égards. En effet, qui aurait l’idée d’aller s’y frotter, alors que, des substances aphrodisiaques, l’on peut avoir une représentation bien différente : il importe qu’elles soient agréablement parfumées, d’un emploi plus « ludique » qu’à proprement parler thérapeutique, afin de ne pas risquer de passer de la catégorie des aphrodisiaques véhiculant charme épicé et exotisme, à celle des toniques sexuels rébarbatifs. Bref. Tout cela ne nous dit pas ce qu’Aphrodite vient faire dans ce pré carré dangereux, hormis pour s’y faire piquer les fesses aux dards acérés de ces plantes qu’on juge, à raison, peu commodes. L’on peut dès lors difficilement comprendre comment de ces plantes austères et rustres il peut bien émaner le moindre soupçon de désir amoureux ! En quoi l’ortie, pourtant emblème de la luxure, ne peut-elle pas être une plante de Vénus ? Eh bien, au risque de nous répéter : elle est dénuée de parfum, elle manque de grâce, elle dispense des caresses qui n’ont rien de sensuel, ses fleurs rikiki n’ont aucune chance de figurer dans un bouquet réservé à son amoureuse ou à son amoureux (à moins de lui faire signe, de façon plus ou moins sibylline, que quelque chose ne vas pas ^.^). Comment donc une plante qu’on dit revêche, querelleuse, criarde, fâcheuse, horripilante, méchante, cruelle, cuisante, douloureuse, grièche4, gaillarde – soit autant de qualificatifs relevés dans la littérature pour définir l’ortie –, pourrait-elle bien représenter Vénus dans tous ses attributs, alors que cette plante au caractère guerrier qui voit rouge, amassée souvent en denses colonies mouvementées (la preuve, elle active les membres impotents et stimule les énergies dormantes, rappelle le sang, etc.), devrait faire penser à bien d’autres divinités qu’Aphrodite ! Selon Paul Sédir, les deux planètes en lien avec l’ortie sont Jupiter et… Mars ! Eh oui, nous y voilà, l’ortie tient tout de même plus de l’amant de Vénus que de la déesse de l’amour elle-même ! Elle est plus ♂ que ♀ en définitive. Cela s’explique beaucoup mieux ainsi : parce que vésicante et urticante, qui plus est rubéfiante, l’ortie cravache à coups de fouet, n’y allant pas de main morte. Il n’y a alors pas de mal à en faire un végétal emblématique de la planète rouge qui a signé un pacte avec le feu, le sang et le fer. Ainsi, se fouetter avec des orties, ça n’est pas qu’une pratique thérapeutique des campagnes, un truc de bonne femme, en somme. Non ! A l’approche du 1er mai, vers la Saint-Georges (23 avril) et la Saint-Marc (25 avril), on avait pour coutume de se fouetter à l’ortie pour au moins deux raisons : la vigueur printanière de cette plante annonce le renouveau ; se fouetter avec cette vigueur végétale manifestée au travers de l’ortie, c’est aussi un moyen de désengourdir le sentiment amoureux au milieu du printemps, saison des amours s’il en est. On s’inflige quelques « volées de bois vert » avant d’aller offrir des roses aux femmes. A la violence de l’urtication fait suite la doucereuse caresse des batifolages amoureux. Notons cependant qu’ortie et rose sont pareillement pourvues d’épines. Il faudra donc, à nos Mars et Aphrodite printaniers, veiller à ne pas se laisser aller à éprouver l’aiguillon de la jalousie, déchet toxique de l’amour. A ces couples Mars/Vénus en opposition, l’on pourra toujours suggérer l’élixir de fleurs d’ortie qui viendra contrarier ce vilain penchant qu’est la jalousie. Également envisageable au sein d’une fratrie, lorsqu’il y a déchirement dans la cellule familiale, cet élixir saura résoudre (recoudre ?) des liens entamés et effilochés. Avec patience, l’ortie s’acquittera de cette tâche de ravaudage.
Aussi fou que cela puisse paraître, l’urtication vénusienne est loin d’être un produit de la mythologie : faisant déjà partie des anciennes croyances germaniques, les vertus aphrodisiaques de l’ortie sont relatées par Jean-Baptiste Porta, Nicolas Flamel, Macer Floridus, Dioscoride, etc. Dans l’œuvre de Pétrone, l’on trouve plus qu’une allusion à ce pouvoir : au sein d’un même passage, interviennent non seulement la graine d’ortie mêlée à du poivre broyé et à de l’huile en manière d’onguent, mais aussi la rude poignée d’ortie dont on fouette ardemment les parties situées en-dessous de la ceinture, afin de leur faire regagner quelques forces aptes au combat qui les attend : c’est Mars qui réveille, avec violence, son amante Aphrodite ! C’est vrai que ce moyen destiné « à des fins aphrodisiaques, […] tient plus du sadisme que de la phytothérapie »5. Peut-être bien ! Il n’est qu’à considérer Encolpe qui fuit face à ce traitement « sado-maso-curatif » dans le Satyricon de Pétrone ! Bien qu’il soit spécifié que cela excite à volupté et à paillardise, cela fait bigrement penser à une correction, plus qu’à un remontant. Mais qu’est-ce qu’une correction, sinon un moyen de restaurer l’intégrité d’une situation ? Peut-être en souvenir de ces pratiques passées, il n’était pas rare que le marié se voit offrir un bouquet de tiges d’ortie fraîche comme « instrument » de la nuit de noce, chose confirmée jusqu’au début du XXe siècle dans la péninsule balkanique. Au cas où cela ne chaufferait pas assez sous les draps ^.^
Sans aller jusqu’à se soumettre à l’urtication des parties génitales à l’aide de bouquets d’orties, l’on sait parfaitement depuis l’Antiquité – Juvénal et Martial nous renseignent sur ce point – que les vertus martio-vénusiennes de l’ortie s’administrent aussi par le biais de sa graine, ce qui est une méthode bien moins démonstrative et tout aussi efficace : c’est cette même graine que Catherine Sforza (1463-1509) recommandait dans son Liber de experimentiis afin « d’éveiller aussitôt la luxure délectable aux femmes ». Pour cela, il suffisait de broyer des graines d’ortie avec du poivre, de mélanger cette poudre à du miel et d’absorber le tout avec du vin. Cependant, l’ortie martienne ne se réserve pas qu’à de seules considérations d’ordre sexuel, elle fait aussi appel à d’autres pouvoirs de Mars que l’on peut entrevoir au travers du rituel magique que voici : porter sur soi un petit sachet de toile rouge contenant de la poudre d’ortie et de la limaille de fer forme une protection face à un environnement malsain, lutte contre les influences négatives et apporte la vaillance nécessaire et la force roborative de Mars afin de surmonter les épreuves. Cette vertu propice de l’ortie ne se circonscrit pas qu’au seul Mars antique, elle est visible dans bien des pays d’Europe. En Irlande, porter une feuille d’ortie dans sa poche était considéré comme porte-bonheur, de même que dans le Piémont : elle protège son porteur de tout maléfice. En Allemagne, l’ortie cueillie avant le lever du soleil avait la réputation de chasser les mauvais esprits qui tourmentent le bétail. Proche du feu encore une fois, comme va nous le montrer la nouvelle information qui suit : dans l’oblast de Novgorod (Russie), les enfants sautaient au-dessus des orties à la veille de la Saint-Jean, « pour indiquer l’entrée du soleil dans la saison brûlante »6. L’ortie était aussi considérée comme protectrice contre le feu du ciel, c’est-à-dire la foudre, en Hongrie et au Tyrol. Lorsque l’orage venait à éclater, on jetait des orties sur le feu pour éloigner tout danger (dont la foudre, ainsi que les sorcières que l’on s’imaginait capables de tels méfaits). En Serbie, l’on dit que jamais la foudre ne frappe l’ortie. On la voit aussi liée au détenteur de Mjöllnir, le dieu de la mythologie nordique Thor7, au travers de sa fonction de divinité du tonnerre. Protectrice, l’ortie l’est encore contre la peur provoquée par les apparitions : « qui tiendra cette herbe dans sa main avec du millefeuille n’aura point de peur, et ne sera point effrayé à la vue de quelque fantôme »8. Belle association : l’ortie martiale unit ses forces à l’achillée millefeuille attribut du héros Achille et autre grande plante du sang, faisant en sorte que ces deux personnages mythologiques que sont Arès et Achille ne soient plus en opposition, comme au temps de la guerre de Troie.
J’ai relevé, dans l’œuvre de Hans Christian Andersen, deux contes où figure l’ortie. Ce qui en est dit dans chacun me donne la très nette sensation qu’il existe, de l’un à l’autre, une sorte de résonance. Dans le premier, intitulé simplement Le Sapin, une fois passés les fastes de Noël, le bel arbre lumineux est jeté aux ordures et finit lamentablement sa vie là, gisant dans un coin, « parmi les mauvaises herbes et les orties »9. Seule subsiste de sa gloire flétrie une étoile dorée qu’un enfant lui arrache en le traitant de « sale vieil arbre ». Dans le conte suivant, L’Estropié, Andersen cite la deuxième strophe d’un cantique de Hans Adolph Brorson (1694-1764) que voici :
« Quand tous les rois à la file
S’avanceraient dans leur pouvoir et leur splendeur,
Ils ne sauraient faire pousser
La moindre feuille sur une ortie. »
Devant l’ortie s’abat un prince étoilé déchu, le sapin, roi des forêts, et défile, à l’indienne, une ribambelle de têtes couronnées dont le pouvoir ne peut rien contre la puissance mystérieuse des forces végétatives. Peu lui importe, à l’ortie. Impavide, elle reste égale à elle-même, conquérante austère et sûre de son bon droit.
Jamais deux sans trois ! Une troisième histoire de l’auteur danois fait référence avec évidence aux pouvoirs magiques de l’ortie : Les cygnes sauvages. La belle et pieuse fille de sang royal, Élisa, fut réprouvée par son acariâtre belle-mère qui jeta un sort à ses onze frères : ceux-ci, changés en cygnes, ne pouvaient recouvrer forme humaine qu’à la tombée du jour. Élisa fit en rêve la rencontre de la fée Morgane qui lui expliqua comment tirer ses frères de ce mauvais pas : leur tisser, à chacun, une cotte de maille en fibres d’ortie – le lin vert comme l’appelle Andersen – cueillies expressément dans un cimetière10. L’opération réussira à la seule condition qu’Élisa ne prononce pas une seule parole pendant tout le temps que durera la confection des tuniques d’ortie. Il existe d’autres contes où la rencontre du héros avec des orties équivaut à une libération (la sienne, celle d’âmes en peine, etc.). En tous les cas, tout cela ne contrevient pas à ce qu’exprime un vers de Shakespeare : « C’est sur cette ortie, le danger, que nous cueillons cette fleur, la sécurité » et peut-être même la liberté, tant il est vrai que l’ouvrage forcené d’Élisa représente un véritable tour de force guidé par l’amour qu’elle porte à ses frères. Saviez-vous seulement que la fibre d’ortie peut justement se prêter à des activités de tissage ? En effet, la grande ortie est parfois utilisée dans ce but, concurremment à sa cousine urticacée, la ramie (Boehmeria utilis). Je ne suis pas certain que l’emploi textile de la fibre d’ortie soit aussi ancien que celui du lin mais au moins puis-je vous dire que certaines de ces fibres, âgées de deux bons millénaires, ont été découvertes en Chine, ainsi que dans les tourbières acides du nord de l’Europe, ce qui pourrait pousser leur ancienneté à bien plus loin encore. Malgré cela, il n’y a jamais véritablement eu d’unanimité autour de cette fibre, d’autant que l’ortie est assez peu productive de cette matière (généralement moins de 10 %) et qu’elles sont, de plus, assez courtes (25 à 55 mm). Cependant, rouie comme le lin puis apprêtée, l’ortie forme un fil étonnamment doux, soyeux et souple au toucher. On l’a utilisé en plusieurs endroits de l’Eurasie, à différentes époques. De cette matière fibreuse, l’on a tiré aussi bien du fil de couture que de solides pièces de tissu. Connue comme telle au temps d’Albert le Grand, la fibre textile de l’ortie fit plusieurs fois l’objet de tentatives de production industrielle entre le XVe et le XVIIe siècle en Allemagne, mais tout cela s’avéra vain, puisque le succès ne fut pas au rendez-vous. Malgré les écueils face auxquels l’homme buta, il réitéra l’expérience et put de nouveau réquisitionner l’ortie durant la Première Guerre mondiale. Le fil d’ortie permit alors de fabriquer divers objets usuels (toiles de tente, sacs à dos, torchons, liens, cordages et ficelles, vêtements tricotés, etc.). Si j’en crois une récente lecture, l’ortie fut même conviée une fois de plus durant la Seconde Guerre mondiale : le manque de coton contraignit l’Allemagne à se tourner vers l’ortie pour en tirer de quoi confectionner les uniformes des militaires. Est-ce seulement anecdotique ? Ajouter au caractère martial de l’ortie, que nous avons largement abordé, la rune Sieg (ᛋ) doublée de la Schutzstaffel, fut-il un moyen dont disposa l’Allemagne pour convoquer des forces belliqueuses à même de lui faire remporter la guerre ? Je n’en sais trop rien, mais revêtir un soldat d’une tunique fabriquée en fibres d’ortie est, d’un point de vue symbolique, tout à fait surprenant et certainement pas anodin (tant on connaît l’appétence des nazis vis-à-vis de certains symboles anciens). Loin de toute cette agressivité guerrière, la douceur de la soie se mêla à celle de la fibre d’ortie au Turkestan lors des étapes de tissage, tandis qu’en Toscane, lorsque la feuille de mûrier dont se repaissent les vers à soie venait à manquer, on leur fournissait de l’ortie comme agape de remplacement. Quant aux habitants de la péninsule du Kamtchatka, ils usèrent eux aussi du fil d’ortie pour fabriquer bien des objets de la vie courante, en particulier des filets de pêche, étant un peuple principalement tourné vers la mer, celle-là même que redoutèrent les frères d’Élisa jusqu’à ce qu’elle vînt les délivrer de leur triste condition.

Femmes Rai du Népal exposant le fenga, gilet traditionnel tissé en fibre d’ortie de l’Himalaya (Girardinia diversifolia).
Si les propriétés thérapeutiques des orties sont très similaires, force est de constater qu’elles se distinguent nettement d’un point de vue botanique. Ces distinctions commencent tout d’abord sous le sol. Les parties souterraines de la grande ortie, vigoureux système de rhizomes jaunâtres, font d’elle une plante vivace, tandis que la petite, à la racine fusiforme blanche, n’est qu’annuelle. C’est ce qui justifie que la grande ortie adopte régulièrement une taille comprise entre 30 et 100 cm (parfois bien davantage chez des sujets frôlant les deux mètres), tandis que la petite ne dépasse généralement pas un demi mètre de hauteur. Les feuilles aiguës longuement pétiolées de la grande ortie sont beaucoup plus longues que larges, alors que les feuilles brièvement pétiolées de la petite sont aussi longues que larges, et portent deux stipules à leur base. Des différences s’observent encore au niveau des pièces florales, ne serait-ce que sur l’organisation sexuée de nos deux orties : la grande ortie, aussi dite dioïque, porte donc ses fleurs mâles et femelles sur des pieds distincts, ce qui n’est pas le cas de la petite ortie, monoïque, elle (autrement dit, les fleurs mâles et femelles se trouvent sur le même pied, avec une prédominance de fleurs femelles). « Lorsqu’on irrite les étamines, elles se meuvent rapidement, et les anthères lancent en forme de fusée leur poussière séminale » en si grande quantité qu’elle est visible à l’œil nu11. C’est là un autre des caractères martiaux des orties !
Au registre des caractéristiques communes, nous remarquons des poils urticants sur les tiges et les feuilles des deux espèces, des feuilles opposées à bordures dentées, des fleurs vertes à l’aisselle des feuilles, dénuées de pétales et comptant quatre sépales, et dont la floraison s’étale de juin à septembre/octobre, formant à terme des fruits de forme ovale.
Espèce européenne tout d’abord, l’ortie s’est vulgarisée depuis l’avènement de la « mondialisation ». On peut dire qu’elle ne s’en est jamais plus donnée à cœur joie que depuis que l’homme, primo, s’est sédentarisé (bien des sites néolithiques font apparaître des dépôts de graines d’ortie), secundo, qu’il s’est, paradoxalement, engagé à coloniser la planète entière. Ce qui explique que les orties soient, à l’image de l’homme, des pionnière envahissantes. On peut d’ailleurs suivre la progression de l’ortie en observant la propagation humaine à la surface du globe, attendu que l’ortie, en tant que plante rudérale est un compagnon de l’homme et un marqueur de la présence de ses activités, très friande des détritus qu’il abandonne derrière lui ou tout à côté de son « chez-lui », c’est-à-dire un ensemble de pollutions relatives à ses entreprises. Supportant tous les sols, se reproduisant sans beaucoup d’aide, elle suit littéralement l’homme à la trace : on la trouve dans les décombres, les dépotoirs, près des habitations en ruines (jamais non loin de son grand ami le sureau), dans tous les autres lieux laissés à l’abandon (vieilles voies de chemin de fer, à proximité d’engins agricoles rouillés placés à l’écart des fermes), ainsi que friches, fossés, ruisseaux « fatigués », talus, bois humides, bordures de chemin, etc. Elle a beau être « mauvaise », elle n’en reste pas moins la plus fidèle ambassadrice de l’homme : partout où on la voit, l’homme s’y trouve aussi. Et si tel n’est pas le cas, elle révèle la trace d’un passage ancien de l’homme bien après que celui-ci s’en soit allé. Cette fidélité s’étend d’ailleurs jusqu’au cimetière ! L’intrication de l’ortie avec la vie humaine est si prononcée qu’on peut se demander à quoi pouvait se réduire l’existence de l’ortie avant l’apparition de l’homme sur Terre…
Elle élit domicile dans des lieux gorgés de nitrates et d’ammoniaque, c’est-à-dire toutes ces zones pourvoyeuses d’une exceptionnelle richesse nutritionnelle (déchets organiques, minéraux, etc.) dont l’ortie sait faire grand cas. Elle apprécie aussi beaucoup la ferraille et elle « contribue […] à débarrasser le sol de son excès de fer car elle élabore l’oxyde de fer »12, ce même fer qu’elle contient elle-même en grande quantité et qui fait le bénéfice de l’anémié ! Ainsi, une colonie dense de grandes orties signale, non pas la pauvreté d’un terrain comme on s’abuse parfois à le penser, mais son excessif engorgement, jusqu’au débordement, à l’écœurement même, si je puis dire. En état clinique de crise de foie, certains l’enrichissent, pensant l’ortie signalétique d’un sol famélique… Erreur fatale ! Cette prolifération est donc – tout comme on la constate à l’identique pour la renouée du Japon – le signe patent d’une perturbation majeure du sol. Si l’ortie est présente en masse, qui plus est sous la forme de grands spécimens de deux mètres de hauteur, c’est pour corriger un tant soit peu un déséquilibre. Si on la laisse faire, bien entendu

Illustration tirée de l’ouvrage de Rembert Dodoens, Stirpium historia commentariorum (1553-1554).
Les orties en phytothérapie
Malgré des caractéristiques botaniques bien distinctes, il est tout à fait envisageable d’employer indifféremment les orties en phytothérapie, du moins en ce qui concerne les parties aériennes. En revanche, au sujet des racines, seules celles de la grande ortie ont été retenues par la pratique phytothérapeutique occidentale moderne. Ce qui nous facilite la tâche, puisque les feuilles d’ortie (et accessoirement leurs tiges) sont les principaux organes végétaux dont on se sert dans le domaine qui nous intéresse.
Il ne faut pas se fier au goût légèrement styptique, assez faiblement oléracé, parfois aigrelet des feuilles d’ortie, non plus qu’à l’absence d’odeur dans leur tissu. Si on allait dans ce sens, l’on pourrait en déduire que manque d’odeur et de saveur équivaudrait à défaut d’efficacité. Cela ne se vérifie pas à propos des deux orties ici présentées, bien au contraire, tant leur incomparable richesse en font un must en phytothérapie, à l’instar de l’huile essentielle de menthe poivrée en aromathérapie. Nous allons donc nous attacher à faire maintenant le portrait biochimique des orties, entreprise laborieuse, puisqu’elles visent pas moins que l’extrême prodigalité, et offrent à bon compte un étonnant stock d’éléments indispensables à l’organisme. La première chose frappante, quand on enquête sur les composants biochimiques des orties, c’est le formidable taux de protéines qu’elles affichent (de 13 à 20 % dans les feuilles), accouplé à une faible présence de fibres cellulosiques (6 à 8 %). « Il est intéressant de noter la richesse en protéines et la pauvreté relative en cellulose car la digestibilité des premières est inversement proportionnelle à la quantité de cellulose qui les entoure »13. Or, comme les protéines des orties se situent surtout dans les feuilles et les fibres dans les tiges (que l’on ne consomme généralement pas), l’on rencontre assez peu ce problème au travers d’une consommation régulière d’ortie, de toute façon presque toujours plus profitable que dommageable (sauf contre-indications bien évidemment). C’est d’autant plus intéressant que, contrairement à ce qu’on nous serine à longueur de temps, une surconsommation de fibres (surtout les dures) est contre-indiquée chez tous, car de formidables apports réguliers sont une véritable manne pour des bactéries Gram – du type prevotella dont la pullulation intestinale n’est pas sans conséquence sur l’organisme. Donc, mettre le holà sur les fibres et l’idéologie qui entoure leur soi-disant bienfaisante consommation, est une bonne idée que l’ortie nous permet d’appliquer à peu de frais (ce qui explique qu’il est souhaitable de consommer 100 g d’ortie fraîche plutôt que son équivalent en céleri branche, par exemple, bourré de fibres). L’on trouve aussi des lipides dans l’ortie (acides gras, surtout dans les semences : 5 %), de petites quantités de mucilage, des acides organiques (acétique, silicique), ainsi qu’une surprenante proportion de chlorophylle (jusqu’à 0,15 % dans l’ortie fraîche, ce taux grimpe à 6-7 % dans la même quantité d’ortie sèche). L’influence de la chlorophylle sur la formation du sang est bien supérieure à celle du seul fer. Peu de chose distingue la chlorophylle de l’hémoglobine : cela tient à un atome de magnésium pour la première et un atome de fer pour la seconde. De plus, cette substance verte « favorise les réactions du métabolisme cellulaire, la cicatrisation des plaies et, en tant que substance azotée, elle supplée au manque de protides »14. Puis viennent des tanins (acide gallique), des flavonoïdes (rutine, quercétine, etc.), des acides phénols, ainsi qu’une pléthore de vitamines et d’éléments minéraux. Concernant les premières, on remarque parmi elles une abondance de vitamines du groupe B (B2, B5), de provitamine A (carotène), de vitamine C (sept fois davantage que dans les oranges à quantité égale !), ainsi que des vitamines E et K. Au sujet des sels minéraux et des oligo-éléments, ont été dénombrés les suivants : du fer (largement plus que dans l’épinard qu’une vieille et fausse croyance a toujours tenu en estime sur ce point, avant qu’on ne se rende compte que sa teneur en fer se situait bien en-deçà de cette réalité usurpée). Au sujet de l’herboristerie, on lit parfois que la place de l’ortie « y serait au même titre que celle de l’épinard »15. On constate un peu trop souvent cette comparaison de parenté qui laisse entendre qu’épinard et ortie se valent bien. Il n’y a rien de plus faux, l’ortie est bien supérieure à l’épinard des jardins qui, bien qu’honnête, ne fait pourtant pas de miracles. Au fer, on peut adjoindre une abondance de calcium et de potassium, que secondent sodium, magnésium, sélénium, cuivre, zinc, soufre, phosphore, manganèse et silice, laquelle se trouve davantage dans les tiges que partout ailleurs, à l’exclusion des aiguilles qui couvrent intégralement les limbes foliaires : chaque aiguille est formée d’une base calcaire surmontée d’une pointe de silice qui casse comme du verre quand on la touche. C’est alors qu’elle répand une surprise urticante bien connue des étourdis, un suc contenant de l’acétylcholine (1 %), de l’histamine (0,05 à 2 %) et de l’acide formique. Ce suc irritant n’est pas sans posséder quelque analogie avec le venin des serpents, mais surtout avec celui des abeilles. Cependant, les quantités injectées à chaque fois sont telles que la sensation douloureuse ne s’installe généralement pas dans le temps.
Autre point important : les orties recèlent de la sérotonine ainsi qu’une hormone intestinale favorable aux sécrétions, la sécrétine, substance qui « compte parmi les meilleurs stimulants connus des sécrétions stomacale, pancréatique, biliaire et intestinale, ainsi que des mouvements péristaltiques de l’intestin »16.
Propriétés thérapeutiques
- Diurétique puissante (augmente le débit et le volume des urines, réduit le volume post-mictionnel), éliminatrice de l’acide urique, dépurative rénale, préventive de la formation de lithiase rénale
- Draineuse et dépurative hépatobiliaire, antidiabétique (fait baisser la glycosurie), favorise les sécrétions biliaires et pancréatiques
- Apéritive, digestive, favorise les sécrétions gastro-intestinales, antidiarrhéique, stomachique, laxative légère
- Favorable à la circulation sanguine, vasoconstrictrice, augmente la pression artérielle, accélère le rythme cardiaque, régénératrice du sang, augmente le taux de globules rouges sanguins, le nombre des hématies et la teneur du sang en hémoglobine, hémostatique
- Anti-infectieuse : antiseptique, bactériostatique
- Anti-inflammatoire, antalgique articulaire, antirhumatismale, prévient la dégradation des cartilages articulaires
- Astringente puissante, résolutive, détersive, révulsive, régulatrice des sécrétions de sébum
- Emménagogue, galactogène (?)
- Aphrodisiaque
- Stimulante, tonique, adaptogène, revitalisante, fortifiante, reconstituante, minéralisante, antirachitique, anti-anémique, très nutritive
- Anti-oxydante
- Sudorifique
- Stimulante de la glande thyroïde
- Stimulante de la repousse capillaire, réductrice de l’alopécie, supprime les pellicules
Usages thérapeutiques
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée (y compris celle des tuberculeux), selles muqueuses, dysenterie (y compris de nature cholérique), entérite aiguë, chronique et mucomembraneuse, transit intestinal irrégulier, atonie digestive, ulcère gastrique et intestinal, flatulences, nausée, hématémèse
- Troubles de la sphère vésico-rénale : inflammation et infection des voies urinaires, cystite, néphrite, énurésie chez l’enfant, lithiase urinaire, insuffisance urinaire, rétention d’eau, hydropisie, hyperuricémie (goutte, rhumatisme, arthrite), hématurie, affections prostatiques (hyperplasie bénigne, hypertrophie, congestion, adénome, prostatisme)
- Troubles de la sphère gynécologique : préparation à la grossesse et à l’accouchement, hémorragie post-partum, congestion utérine, hémorragie utérine (en dehors des règles), métrorragie, insuffisance lactée (après accouchement), démangeaison génitale, leucorrhée chronique, ménopause (bouffées de chaleur, maux de tête, baisse de la libido)
- Troubles de la sphère respiratoire : hémoptysie, asthme, asthme humide, pleurésie, angine, amygdalite, rhume des foins et autres allergies respiratoires, infection pharyngée
- Troubles du système cardiovasculaire et circulatoire : hémophilie, hémorroïde, épistaxis, autres écoulements sanguins des sujets affaiblis, engorgement lymphatique, tumeur lymphatique
- Troubles de la sphère hépatobiliaire : ictère, lithiase biliaire, diabète
- Troubles locomoteurs : goutte, rhumatisme, arthrite, atonie musculaire, déminéralisation (rachitisme, ostéoporose), paralysie, apoplexie, entorse
- Affections bucco-dentaires : aphte, muguet, inflammation et engorgement des gencives
- Affections cutanées : acné, eczéma, psoriasis, dartre, lichen, urticaire (y compris celui causé par l’absorption de crustacés et de mollusques marins), brûlure (premier et deuxième degré), impétigo, sycosis, ulcère (putride et sordide), gangrène, érythème fessier, piqûre (d’insecte, mais aussi les siennes propres !)
- Soin des ongles, des cheveux et du cuir chevelu, pellicules
- Fatigue, asthénie, anémie, faiblesse générale, fragilité face aux infections (faiblesse immunitaire), convalescence
- Inappétence sexuelle, baisse du désir sexuel
Modes d’emploi
- Infusion de feuilles : comptez 15 à 30 g (jusqu’à 60) par litre d’eau en infusion à couvert pendant 10 mn. Par tasse d’eau bouillante (15 cl), on prévoira une cuillerée à café de feuilles d’ortie environ.
- Infusion de feuilles et de racines : 50 g en mélange par litre d’eau, que vous ferez bouillir durant une poignée de minutes, puis infuser hors du feu et à couvert pendant 20 mn.
- Infusion composée : mélangez la même quantité de feuilles d’ortie, de feuilles de plantain et de baies de genévrier. Comptez une belle cuillerée à café de ce mélange en infusion durant 10 mn dans une tasse d’eau bouillante.
- Décoction de racines : 30 à 50 g par litre d’eau en décoction pendant 10 mn.
- Décoction de plante entière (feuilles et racines) : 100 g par litre d’eau pendant 10 mn. Cette décoction concentrée se réserve surtout à l’usage du bain. Pour un bain de pieds défatiguant, les feuilles seules sont suffisantes.
- Décoction composée : comptez autant d’ortie (feuilles et racines), que de racine fraîche de bardane et de thym frais. Menez en décoction durant un quart d’heure, filtrez et servez-vous en en compresse locale (affections cutanées, soin du cuir chevelu, etc.).
- Lotion du docteur Leclerc : 25 g de feuilles et fleurs fraîches de capucine, 25 g de feuilles fraîches d’ortie, 25 g de feuilles fraîches de buis, 25 g de sommités fleuries fraîches de serpolet. Faites macérer les plantes hachées dans ½ litre d’alcool à 90° pendant quinze jours. Filtrez en exprimant bien puis remplissez-en une bouteille hermétique. A utiliser en friction du cuir chevelu.
- Autre lotion capillaire : 25 g de racines d’ortie et 25 g de feuilles de romarin dans un litre d’alcool à 90°. Ou alors : 60 g de racines d’ortie et 60 g d’origan en macération dans un litre d’eau-de-vie pour fruit (40°) pendant un mois.
- Lotion vinaigrée : faites bouillir une belle poignée de racines d’ortie dans ½ litre de vinaigre de cidre pendant 10 mn. Après filtrage de la préparation, on peut s’en servir en compresse locale (affections cutanées, soins du cuir chevelu, etc.).
- Macération vineuse : mêlez 5 g de poudre de poivre noir fraîchement moulu à 10 g de semences d’ortie, placez le tout dans 75 cl de vin rouge durant au moins deux semaines. C’est là un des rares exemples d’utilisation de la graine d’ortie, particulièrement usitée pour ses prétendues propriétés aphrodisiaques qui m’ont été rapportées par un ami il y a quelques années.
- Poudre de feuilles d’ortie : à équivalence ou en complément de la poudre de prêle, du lithothamne, etc. A mélanger à un peu de miel, sirop d’agave, etc.
- Extrait fluide alcoolique ou glycériné (méfiez-vous de la composition de ces produits : on trouve soit la racine, soit la feuille. Selon la destination, il est souhaitable de prendre connaissance des informations libellées sur l’étiquette).
- Suc frais : usage bien moins courant qu’autrefois (on préfère le mode d’emploi précédent, bien plus pratique), d’autant qu’il faudrait recourir à 60-120 g de ce suc quotidiennement. Il est aussi peut-être plus souhaitable de s’en remettre à l’usage suivant.
- Dans l’alimentation : l’ortie fraîche, quand elle est jeune et que la saison s’y prêtre, peut faire l’objet d’une consommation alimentaire quotidienne. Dans ce sens, on privilégiera les feuilles de petite ortie, bien moins filandreuses que celles de grande ortie. En vue d’une dessiccation pour usage ultérieur, les deux orties se valent. Une fois bien sèches, leurs feuilles peuvent s’émietter sous forme de paillettes, ce qui permet de les saupoudrer au-dessus d’une salade, de les incorporer à une préparation chaude (une omelette, par exemple, à l’instar de l’ail des ours). Prenez cependant soin de la chose suivante : de la feuille fraîche à la feuille sèche, l’ortie perd les 4/5 de sa masse environ. Si une recette requiert 100 g d’ortie fraîche, on n’en utilisera que 20 g à l’état sec. C’est qu’il ne faudrait pas risquer une surdose ^.^
- Urtication ou flagellation à la botte d’ortie. C’est une donnée affirmée de façon très sérieuse par Reclu dans son ouvrage de 1889. Elle était d’usage courant dans les campagnes françaises, même au XXe siècle. La littérature médicale européenne des cinq derniers siècles aborde très favorablement cette technique pour des cas médicaux qu’aucuns autres remèdes n’avaient su résoudre (Roques, qui militait en faveur de ce « moyen cruel et barbare », cite, par exemple, le cas d’un homme à peu près paralysé d’un bras, ayant recouvré son usage après plusieurs mois de séances d’urtication !).
Note : l’infusion ainsi que la consommation régulière d’ortie sont profitables à l’organisme, sachant que la sécrétine que cette plante contient est soluble dans l’eau et qu’elle ne s’y décompose pas. Le bénéfice de l’infusion d’ortie, c’est que son effet se prolonge sur plusieurs jours. On peut donc espacer les prises dans un souci d’économie.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Lors d’une récolte, avant toute chose, munissez vous de gants et éventuellement d’un sécateur. Afin de bénéficier au mieux des qualités de l’ortie que vous cueillerez, évitez les lieux passants (bords de route, sites fréquentés par des chiens et/ou des renards…). L’ortie est moins virulente par temps chaud ou juste après la pluie (mais comme il n’est pas conseillé de récolter les simples quand ils sont trempés, on n’oubliera pas les gants ^.^). Affirmer qu’on peut récolter les feuilles d’ortie toute l’année est sans doute un peu osé. Sans aller jusque-là, disons que durant une bonne partie de l’année, la petite ortie peut se prêter à trois coupes facilement, ce qui permet d’étaler la période de récolte du mois de mars à celui d’octobre. On peut cueillir les tiges entières des deux espèces entre juin et septembre. Quant aux racines, il faut situer leur extraction en dehors de la période végétative de la grande ortie, soit immédiatement après la fin de la fructification (septembre/octobre) ou bien juste avant son ré-amorçage printanier (mars).
- Sécher l’ortie est un travail minutieux, car une fois coupée cette plante a tendance à fermenter facilement. Il faut donc en disposer les tiges sur des claies ou les suspendre à des ficelles dans un local ombragé, sec et ventilé, seules conditions permettant de mener rapidement à bien la dessiccation des feuilles d’ortie, et d’éviter leur noircissement, signe qui montrerait immanquablement l’échec de l’opération.
- La racine de grande ortie est strictement réservée à l’homme adulte. Quant aux feuilles des deux espèces, elles sont utilisables par tous. Cependant, une trop grande consommation alimentaire et/ou médicamenteuse d’ortie peut amener la suppression des urines, de même que des phénomènes d’irritation gastro-intestinale et allergiques, une sensation de malaise épigastrique, une sudation anormale. Il faut se méfier des plantes d’ortie trop mâtures qui ne seraient pas sans risque pour la sphère rénale, ce qui n’aurait rien de bien étonnant, sachant que, globalement, l’ortie est déjà contre-indiquée chez les dialysés, les uratiques, les oxaluryques, les arthritiques, les goutteux et les rhumatisants. Son emploi est aussi contre-indiqué chez la femme enceinte (on dit qu’elle serait potentiellement abortive à haute dose…). Certains médicaments sont aussi susceptibles d’entrer en conflit avec l’ortie : antidiabétiques, antihypertenseurs, dépresseurs du système nerveux central, analgésiques, AINS, anticoagulants, etc. A haute dose, les graines seraient purgatives (voire super purgatives), abortives, vénéneuses, etc. Sont-ce des ouï-dire ? Bien assez pour être citées comme tel dans un ouvrage de Pierre Bulliard qui traite des plantes vénéneuses et suspectes de la France. Mais comme tout ceci manque assurément de précision, nous n’en pouvons dire davantage… Rougeurs, sensation douloureuse, éruption de papules, tels sont les effets de la caresse de l’ortie. En cas de piqûre, il vous est loisible d’appliquer du vinaigre, d’utiliser certaines huiles essentielles (lavande fine, lavande aspic, lavandin, manuka, tanaisie annuelle, cataire), de frotter les piqûres avec des feuilles de plantain, d’oseille, de patience ou de joubarbe des toits, selon ce que vous avez sous la main. On considère que la piqûre de la petite ortie est plus vive que celle de la grande.
- L’ortie, comme l’on sait, est une espèce végétale consommée depuis des lustres. On ferait remonter à plusieurs millénaires cette consommation et peut-être même une culture rudimentaire de l’ortie. Sans entrer dans des détails qui nous feraient remonter bien loin dans la préhistoire, observons simplement que si aujourd’hui l’ortie ne fait plus l’objet d’une ferveur alimentaire indéniable, jusqu’au XVIe siècle en Europe, on avait coutume de la consommer régulièrement toute l’année. Cette habitude s’est perpétuée jusqu’à très récemment en Europe du Nord (Scandinavie), ainsi qu’en Europe de l’Est (Russie, Ukraine). On retrouve aussi cette habitude alimentaire en Asie himalayenne (Népal). En France, il arrive parfois de trouver cette plante sur les marchés, comme j’ai pu moi-même le constater à proximité de Lyon. Je ne vous cache pas que c’est très anecdotique, bien moins que l’habitude retrouvée d’aller soi-même en cueillir une brassée pour la cuisine. Une fois cuite, elle perd son piquant grâce à la chaleur (vers 85° C). On peut en faire des potages, des farces, des tapenades, des pestos, l’incorporer dans une omelette ou une quiche en remplacement des épinards (qu’on peut substituer par l’ortie de préférence, vu que cette dernière ne contient pas d’oxalates comme c’est le cas de l’épinard). Les jeunes pousses printanières peuvent être cuites à la vapeur puis incorporées à une préparation. On peut faire de même des feuilles un peu plus âgées. C’est mieux que de les ébouillanter comme on le voit parfois suggéré. L’ortie est également comestible à l’état cru, en particulier quand elle est jeune. Mais, afin de bénéficier d’une ortie dénuée de son habituelle protection urticante, il importe de la faire faner une douzaine d’heures dans le réfrigérateur, ce qui a pour conséquence malheureuse de lui faire perdre une grande partie de sa vitamine C, substance qu’on sait fragile et volatile. Pour pallier l’inconvénient du suc irritant de l’ortie, l’on peut aussi, après nettoyage des feuilles, les sécher au torchon (ce traitement mécanique brise bon nombre d’aiguilles). On peut encore les faire tremper un certain temps dans une eau vinaigrée ou citronnée (l’acidité attaque la structure calcaire des aiguilles de l’ortie). L’expérience a effectivement démontré que l’ortie perd de son agressivité lorsque, finement ciselée, on la mêle à du vinaigre, du jus de citron, ainsi qu’à des corps gras (huile d’olive, beurre, crème fraîche, fromage blanc…). En tout état de cause, on comprendra que l’ortie fraîche ne peut se consommer abusivement sans précaution, des œdèmes suffocants ayant été observés au niveau de la cavité buccale.
- La racine de grande ortie permet d’obtenir une teinture de couleur jaune pour la laine, quand on la fait réagir avec de l’alun. Quant à la décoction de jeunes pousses, elle fournit une couleur « jaune soufre intense ». Si on l’expose à l’air et aux alcalis, elle tourne à un vert proche du vert de Chine.
- L’ortie est la principale source d’extraction industrielle de chlorophylle dont on utilise le pouvoir tinctorial (médicaments, aliments) et désodorisant, entre autres.
- Autres espèces d’orties européennes : l’ortie romaine (Urtica pilulifera), l’ortie à membranes (Urtica membranacea).
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- Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 332.
- Macer Floridus, De viribus herbarum, p. 82.
- Jean-Baptiste Chomel, Abrégé de l’histoire des plantes usuelles, p. 445.
- Ce mot renvoie au nom de l’oiseau, la pie du même nom (Lanius collurio). Connue sous le nom d’écorcheur, elle empale ses proies sur des épines d’acacia…
- Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 328.
- Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 2, p. 271.
- Le dieu Donar des anciens Germains, surtout connu pour être le dieu du tonnerre, est également celui du mariage. C’est pourquoi on lui associe l’ortie dont la graine aphrodisiaque facilite aussi les accouchements.
- Grand Albert, p. 89.
- Hans Christian Andersen, Contes, p. 142.
- Cimetière, c’est aussi le surnom qu’on attribue à la lugubre ortie qui pousse abondamment aux alentours de ces aires de repos.
- Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 3, p. 407.
- Pierre Lieutaghi citant E. Pfeiffer dans Le livre des bonnes herbes, p. 324. Contrairement aux guerriers qui, eux, ont plutôt tendance à l’abandonner sur les terrains qu’ils dévastent, l’ortie, fidèle à ses capacités purificatrices, cherche à faire place nette après la bataille, en assainissant les sols, même si l’on sait bien qu’elle est placée sous l’égide de Mars.
- Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 331.
- Ibidem, p. 329.
- Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 709.
- Ibidem.
© Books of Dante – 2023

Grande ortie