Synonymes : menthe citronnée, menthe Cologne, menthe chartreuse, basilic vivace.
Visible à l’état sauvage en Amérique du Nord ainsi qu’en Europe, la menthe bergamote n’est pas la plus populaire des menthes : à côté d’elle, l’on trouve la menthe-pomme partout, par exemple. Mais, dès lors qu’on pénètre dans l’enceinte sacrée de l’aromathérapie, il n’y a pas de place pour toutes, rares étant les boutiques spécialisées qui proposent plus de cinq huiles essentielles de menthes différentes. Parfois, la menthe bergamote fait partie des heureuses élues.
Notre citrata, aux tiges roides et quadrangulaires, est une menthe intégralement glabre, à l’exception de la bordure des pétioles et de la nervure médiane des feuilles, qui sont assez rondes, voire ovales, parfois cordiformes, larges et aiguës en leur extrémité, d’un beau vert luisant émaillée de pourpre violacée sur leur bordure.
Les fleurs compactées en deux ou trois verticilles denses s’épanouissent généralement durant l’été.
La menthe bergamote est cultivée en plusieurs pays dont l’Italie, l’Inde, les États-Unis, mais également en France (Bretagne, près de Gérardmer dans les Vosges : cf. La ferme du bien-être).
La menthe bergamote en aromathérapie
Bien moins fréquente que menthe des champs et menthe verte, la menthe bergamote est aussi rarissime dans la nature. Si son huile essentielle provient essentiellement de plantes cultivées, elle fait moins souvent partie de l’offre aromatique que les deux sus-citées, et que de l’incontournable menthe poivrée, dont elle passe parfois pour une variété, qui ne contient rien de ce qui caractérise les autres huiles essentielles de menthe, à savoir du menthol, du menthone, de la carvone ou encore du limonène, ce qui n’est pas sans poser problème, surtout pour cette dernière molécule puisque la menthe bergamote est dite citronnée. Mais comment son parfum pourrait-il bien l’être alors que cette huile essentielle ne contient pas un atome de cette molécule ? (On s’en rendra compte avec les données chiffrées qui exposeront la composition biochimique de cette huile essentielle.) Incolore la plupart du temps, l’huile essentielle de menthe bergamote est fraîche mais non piquante et laisse dans les fosses nasales une agréable odeur que l’on peut effectivement croire quelque peu citronnée, du moins hespéridée. Cette fraîcheur semble émaner du linalol qu’elle contient en assez belle quantité, qui plus est couplé à bien plus encore d’acétate de linalyle, ce qui pourrait faire imaginer que le parfum de l’huile essentielle de menthe bergamote entretient quelques similitudes avec celui de la lavande fine, accordant une odeur lavandulée à sa substance aromatique, ce qui n’est pas le cas, le linalol présent dans l’huile essentielle de menthe bergamote étant de même nature que celui que l’on trouve dans l’huile essentielle de coriandre « graines », mais différent de beaucoup du linalol présent dans la lavande, le bois de rose, etc. (Il existe le D-linalol, mais également le R-linalol, le A-linalol, le S-linalol, et à chacun correspond une odeur précise.) Cela explique en définitive que la menthe bergamote ne sente pas la lavande, et encore moins la bergamote !
- Esters : 43,5 % dont acétate de linalyle (40 %)
- Monoterpénols : 34 % dont linalol (30 %), α-terpinéol (2 %)
- Oxydes : 10 % dont 1.8 cinéole (9 %)
- Monoterpènes : 6 %
- Sesquiterpénols : 4,5 % dont élémol (2,5 %)
- Sesquiterpènes : 2,5 %
Propriétés thérapeutiques
- Anti-infectieuse : antibactérienne, antifongique, antivirale
- Stimulante pancréatique, protectrice hépatique et pancréatique
- Anesthésiante locale, antinociceptive, anti-inflammatoire
- Antispasmodique puissante
- Rééquilibrante du système neurovégétatif
- Régulatrice du rythme cardiaque
- Tonique sexuelle (testiculaire et ovarienne)
- Euphorisante
- Revitalisante physique et psychique, équilibrante nerveuse, sédative et calmante du système nerveux
Usages thérapeutiques
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : atonie des voies digestives, inappétence, digestion lente et laborieuse, lourdeur après les repas, dyspepsie, aérophagie, ballonnement, flatulence, fermentation intestinale avec colique douloureuse, colique, spasmes digestifs, colite spasmodique, syndrome du côlon irritable, nausée, vomissement, vomissement nerveux, parasitose intestinale (vers), mauvaise haleine, désordres digestifs des gastralgiques, des hystériques, des nerveux, des affaiblis et de la grossesse.
- Troubles de la sphère hépatobiliaire : insuffisance hépatique et pancréatique, colique hépatique
- Troubles de la sphère respiratoire : toux spasmodique, coqueluche
- Troubles de la sphère cardiaque : tachycardie, palpitations
- Troubles de la sphère vésico-rénale : cystite, prostatite
- Troubles de la sphère génitale : asthénie sexuelle, impuissance et fatigue sexuelle masculine, insuffisance ovarienne
- Troubles du système nerveux : insomnie et autres troubles du sommeil, stress ; tonifie et revitalise en cas de surmenage, d’épuisement mental et physique, d’asthénie physique et/ou intellectuelle, de burn out, de dépression
Modes d’emploi
- Huile essentielle par voie cutanée diluée, par voie orale sur avis médical, par dispersion atmosphérique, olfaction et inhalation.
Note : étant donné que la menthe bergamote est vendue chez les pépiniéristes, il est parfaitement envisageable d’installer un pied de cette plante au jardin, puis d’en récolter les feuilles, afin de leur faire jouer le même rôle qu’aux feuilles de menthe des champs ou encore de menthe verte, c’est-à-dire :
- Infusion aqueuse ou vineuse de la plante fraîche comme sèche.
- Décoction aqueuse ou vineuse de la plante fraîche comme sèche.
- Macération acétique de la plante fraîche.
- Poudre (dans un véhicule adapté : une cuillerée de miel, par exemple).
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Récolte : toutes les menthes se récoltent avant leur floraison, jamais après, car à ce moment crucial, l’essence aromatique est à son maximum dans le feuillage de ces plantes. De plus, une récolte trop tardive nous exposerait à cueillir une menthe dont les feuilles les plus radicales seraient abîmées, voire jaunies.
- Séchage : pourvu qu’il se réalise à l’ombre, au sec et dans un local relativement bien aéré, il n’a rien de sorcier. L’on peut suspendre les tiges entières, que l’on effeuille au bout de cinq à six jours, quand elles craquent sous les doigts. Une dessiccation bien menée assure une bonne conservation du parfum et des propriétés thérapeutiques de la menthe.
- Toxicité : cette huile essentielle est beaucoup plus facile à utiliser que les deux autres que nous avons précédemment passées en revue (menthe des champs, menthe verte). Hormis prêter attention à son usage durant les trois premiers mois de la grossesse, je ne vois pas trop ce qu’on pourrait bien lui « reprocher » de plus.
- La menthe est relativement sollicitée à travers de nombreuses fonctions relevant de la savonnerie, de la cosmétique et des produits d’hygiène (dentifrices, gommes à mâcher, etc.), comme agent de sapidité dans de nombreuses spécialités pharmaceutiques. Le surnom de menthe eau de Cologne qu’on attribue à la menthe bergamote indique sans l’ombre du moindre doute l’affection que lui porte l’industrie de la parfumerie.
- En cuisine, crue comme cuite, la menthe fait des merveilles comme herbe condimentaire dans les salades de légumes (la salade niçoise, par exemple), de céréales (le taboulé !) ou encore de légumineuses (petits pois), dans les sauces (comment ne pas citer la sauce à la menthe qui accompagne le gigot rôti de Pâques en Angleterre ?), les soupes (à la tomate, aux pois cassés, au potiron), les plats dits « exotiques », les desserts (crème, sorbet, glace), les boissons (vin, sirop, thé à la menthe maghrébin), etc. On dit habituellement que la menthe culinaire se doit d’être la menthe verte, mais l’on peut très bien faire intervenir la menthe poivrée, la menthe citronnée ou encore la menthe des champs, la matière première végétale que l’on peut localiser dans son périmètre immédiat jouant aussi son rôle.
- Des pommes frottées du suc frais de la menthe se gardent de la pourriture.
- Autres espèces : la menthe aquatique (M. aquatica), la menthe sylvestre (M. longifolia), la menthe des cerfs (M. cervina), la menthe cultivée (M. sativa), la menthe à feuilles rondes ou menthe-pomme (M. rotundifolia), la menthe gracile (M. gentilis), la menthe odorante (M. suaveolens), etc.
© Books of Dante – 2020