
Cuivre natif provenant de la mine de Cap d’or (Nouvelle-Écosse, Canada).
Historiquement, l’on a accordé à une période s’étalant de 1200 à 700 avant J.-C. le nom d’Âge de fer. Peut-on en dire pareillement du cuivre ? Pas à proprement parler, bien qu’il apparaisse en filigrane de l’expression Âge de bronze, ère historique précédant celle dévolue à la technique et à la maîtrise du fer. En effet, pour fabriquer du bronze, il faut du cuivre (mais comme il faut aussi de l’étain, il n’y a pas de raison pour que l’un de ces métaux l’emporte aux dépens de l’autre). En revanche, l’on parle bel et bien d’une civilisation chalcolithique qui, comme son nom l’indique, coïncide à une exploitation du cuivre conjointe à l’usage continué de la pierre polie néolithique. Le cuivre se fond tant et si bien dans l’image du bronze, que le mot grec qui désigne ce métal, chalkos, s’applique aussi au bronze (ou airain). Ce qui est remarquable, avant d’en arriver à l’Âge du bronze, c’est que le cuivre, à lui seul, s’avère être le premier métal usité par l’homme, cela en raison de sa découverte à l’état natif et de sa relative abondance (au contraire de l’argent et, à plus forte raison, de l’or). Ainsi fait-on depuis au moins 9000 ans en Anatolie, où, en premier lieu, on l’a utilisé tel quel, tout d’abord sans transformation thermique, l’homme s’étant contenter de le marteler, ce qui en soi n’est pas un très grand progrès technique, mais le cuivre est si malléable qu’on aurait eu tort de se priver de son bénéfique concours. 6500 ans avant J.-C. l’on fabriquait ainsi des armes et des outils en Égypte, ainsi que des bijoux. En Bulgarie, au cinquième millénaire avant J.-C., l’on faisait grand cas du cuivre, puisqu’on a retrouvé dans la nécropole de Varna la présence concomitante d’armes de cuivre et d’objets en or destinés à honorer les dépouilles des hommes de haut rang. Cette appétence pour le cuivre se lit même dans les récits légendaires relatifs à la reine de Saba qui échangea avec Salomon, contre de l’or, de l’encens et de la myrrhe, du cuivre en provenance du Sinaï. Parallèlement, l’usage du vert-de-gris médicamenteux se fit jour. L’Âge du bronze, quant à lui, se caractérise, dès 2700 ans avant J.-C., par la fonte du cuivre avec de l’étain, formant là un alliage aux intéressantes qualités mécaniques, déployées à de nombreux domaines de la vie quotidienne (armes, outillages, objets liturgiques et artistiques, etc.). C’est à peu près à cette même époque qu’on voit apparaître la technique de fonte et de moulage à la cire perdue dans l’ensemble du Proche-Orient. Les Celtes, se déplaçant vers l’ouest de l’Europe, y emmenèrent cette technologie, répandant le bronze sur le continent européen de 1800 à 600 ans avant J.-C., tandis que les Babyloniens perpétuèrent la fréquentation d’une île méditerranéenne dans laquelle abondait le cuivre : Kypros, ainsi nommée relativement au métal, cyprium, qu’on en tirait, mais aussi en rapport avec cette divinité chypriote, Kypris, alias Aphrodite, divinité dont le métal emblématique allait devenir le cuivre, le tout renforcé par l’accointance du cuivre avec l’eau et la couleur verte, mettant bien en avant la relation de la déesse au monde végétal, à tout ce qui vit, buissonne, végète, projette feuilles et fleurs, organes de pouvoir. Cette île, qui porte le nom de ce métal rouge qui peut virer au vert, couleur de la divinité, veut que se dessine en filigrane le nom de la déesse de l’amour dans les actuels noms du cuivre, que cela soit en langues espagnole (cobre), allemande (kupfer) ou roumaine (cupru). Ainsi, « le cuivre trouvait en Vénus sa planète associée, ce qui explique que longtemps les sels de cuivre ont été utilisés dans le traitement des maladies vénériennes, pratique que condamnait d’ailleurs l’éminent Nicolas Lémery au XVIIe siècle »1. D’autres encore imaginèrent qu’au cuivre « il paraît que c’est la raison pour laquelle on lui a donné le nom de Vénus, parce qu’il semble se prostituer comme cette divinité »2, c’est-à-dire posséder une grande appétence pour se combiner à une infinité de corps (sous cette optique, la soi-disant corrélation antivénérienne du cuivre s’explique d’elle-même…). Aphrodite n’est pas la seule divinité à laquelle le cuivre est rattaché : dans les monts Oural, où les mines de cuivre pourvurent à la richesse de toute une région, la mythologie a façonné le personnage qu’on appelle la Maîtresse de la Montagne de cuivre (on rencontre une figure assez similaire en Suède), portant une robe de malachite, un minéral qui « contient et montre toutes les beautés de la Terre »3. L’on dit qu’elle se laisse voir par l’humanité chaque année, parfois sous la forme d’un lézard vert, au cours de la nuit des serpents qui a lieu le 25 septembre, le cuivre étant lié au serpent mythique. Mais « la rencontre de cette femme aux yeux vert-de-gris est néfaste : celui qui tombe sous son regard est condamné à mourir de nostalgie »4. Pour ce malheureux, la vie réelle n’aurait plus aucune valeur, ni saveur…

Objets en bronze (Âge du bronze tardif) découverts à Pierrevillers (Moselle) en 2014.
Le cuivre, métal d’Aphrodite donc. Dioscoride explique que de son temps l’on fabriquait du vert-de-gris artificiellement à base de cuivre de Chypre que l’on faisait réagir face à quelque acide. La nature astringente et purifiante de ce remède permet d’ôter du corps tout ce qui peut effectivement déplaire à la déesse : le vert-de-gris est censé arrêter les ulcères sanieux et sales (ords, disait-on autrefois), ceux qui rongent les chairs, jusqu’à finir par les cicatriser. Il fait de même avec les cals, les fistules et autres enflures peu gracieuses. Bien plus tard, Hildegarde de Bingen fait elle aussi intervenir le cuivre, mais pour des raisons fort différentes de celles de Dioscoride. Elle accorde au cuprum un long chapitre dans le Livre des métaux. Mais pour en dire quoi ? Eh bien, que c’est un remède de l’arthrose, ce qui ne saurait nous surprendre, mais aussi de la goutte, ce qui est bien plus curieux, et des intoxications alimentaires, ce que je trouve fort audacieux de la part de l’abbesse, d’autant qu’elle explique à de multiples reprises employer une barre de cuivre qu’elle met en chauffe pour ensuite la tremper dans le vin où elle prépare ses remèdes. Ses textes mentionnent de plus la cuisson des aliments dans des récipients de cuivre, sans qu’on sache s’ils sont étamés ou non. Mais ce qui est le plus contraire au bon sens et n’argumente pas en faveur des soi-disant propriétés antitoxiques du cuivre, c’est la pratique consistant à faire macérer de la limaille de cuivre dans du vin afin que ce dernier, par contact, s’imprègne de toute la force du métal. Ce qui m’apparaît plus problématique, c’est de faire de même avec du vinaigre, ce qui n’est certes pas une bonne idée puisque la combinaison du cuivre à l’humidité, mais surtout à l’acidité, est la meilleure garantie de voir se former cette substance toxique qu’on appelle le vert-de-gris. Cette ignorance eut fait bondir Desbois de Rochefort qui savait parfaitement que le cuivre pris à l’intérieur est nocif par sa continuité, dangereux et infidèle, comme sût l’être l’oes ustum, c’est-à-dire le cuivre brûlé médicinal, substance émétique également vouée à la résolution des ulcères. De plus, « on a regardé le cuivre comme très bon contre la rage, parce que cette maladie ayant des symptômes violents, on a cru qu’il lui fallait des remèdes violents, et l’on a recommandé tous ceux des trois règnes »5, dont le cuivre. Quel aveu sur la dangerosité du cuivre, parfaitement connue au XVIIIe siècle, mais, semblerait-il, considéré comme suffisamment précieux pour être continué comme remède. Effectivement, à la fin de ce siècle, le seul vert-de-gris, desséchant et corrosif, bien qu’il s’appliquait presque exclusivement à l’interface cutanée, était encore « tartiné » sur les chancres et les vieux ulcères, pris à la manière d’un gargarisme pour s’amender des aphtes buccaux, des ulcères de la gorge et de la langue, enfin comme collyre dans le traitement des taies et des ulcères de la cornée ! Destinées à l’intérieur, on vit naître diverses pilules qu’on dut à des frondeurs. Leur prise n’entravait généralement pas la maladie, mais, tout au contraire, en augmentait le cours et menait ainsi plus sûrement à la mort. A l’énoncé de leur composition, l’on comprend mieux le supplice infligé par cette maîtresse dont on n’approche pas la montagne impunément : on les farcissait donc de cuivre dissout dans du vieux vinaigre, de limaille de fer et d’extrait de ciguë. Ce qui fit dire à Desbois de Rochefort qu’« il n’y a que fort peu de tempéraments qui puissent supporter l’usage du cuivre, et comme il est difficile de distinguer ces sujets privilégiés, il vaut mieux éloigner le cuivre et ses préparations, de l’usage intérieur »6, ce que même Anton von Storck, plutôt versé dans l’emploi parfois terrifique (vu de la France) de moult substances toxiques par voie interne, n’avait pas osé faire à l’endroit du cuivre. Toutes ces précautions ne firent pas abandonner le cuivre thérapeutique si l’on en juge par les données que j’ai tirées du Larousse médical de 1927. Voici donc quelles spécialités à base de cuivre avaient encore cours il y a environ un siècle : l’oxyde de cuivre colloïdal, que l’on employait contre le cancer et la tuberculose ; le sulfate ammoniacal de cuivre jouait le rôle d’antispasmodique, de même que le sulfate de cuivre (ou couperose bleue, vitriol bleu). Ce dernier était encore vu comme antiseptique, désinfectant et antibactérien (contre le streptocoque), astringent et caustique, enfin vomitif. On en signalait l’usage interne (potion, injection intraveineuse), mais c’était surtout l’usage externe qui l’emportait (collyre, lotion, pommade), au travers d’affections aussi variées que l’impétigo, l’ecthyma, la furonculose, les dermo-epidermites ou encore parfois la fièvre puerpérale. Achevons cette liste peu amène avec, une fois encore, le vert-de-gris et le verdet (carbonate et acétate de cuivre qui compose pour partie le vert-de-gris, lequel se forme au contact de l’humidité de l’air ou de certains acides). Insecticide et fongicide, on l’employait surtout pour ronger les cors et les végétations, pour soigner la tuberculose. Dieu merci, cette ère barbare est bel et bien révolue. Aujourd’hui, l’on fait du cuivre un usage tout à fait différent et surtout beaucoup plus anodin.
Caractéristiques minéralogiques
- Composition : en théorie, Cu à 100 % (mais inclusions possibles d’argent, de fer, d’arsenic et de bismuth).
- Densité : 8,93.
- Dureté : 2,5 à 3.
- Morphologie : copeaux, fils, masses, agrégats dendritiques (c’est-à-dire arborescents), cristaux rares (hexaèdres, tétraèdres, dodécaèdres, plus rarement octaèdres).
- Couleur : rouge clair, rouge cuivré, rouge roussâtre brun.
- Éclat : métallique.
- Transparence : opaque (quand on lamine le cuivre suffisamment finement, il laisse transparaître une lumière… verte !)
- Clivage : sans.
- Cassure : dentelée, conchoïdale (= qui prend l’allure d’une coquille ; voyez le silex et l’obsidienne pour exemples).
- Fusion : fond sous le chalumeau à une température de 1084,62° C.
- Solubilité : dans l’acide nitrique.
- Nettoyage : à l’eau distillée. A sécher aussitôt.
- Particularités : très conductible de l’électricité, coupant, élastique, malléable et ductile, sonore.
- Morphogenèse : le cuivre « se forme, dans la nature, par la cristallisation de solutions hydrothermales ou la décomposition de minerais sulfureux de cuivre dans les parties superficielles des veines de minerais (dites zones de cémentations ) »7.
- Gisements : aux États-Unis, la péninsule de Keweenaw marque le lieu de la première ruée au cuivre états-unienne, en bordure du lac Supérieur (état du Michigan), où un monumental bloc de 420 tonnes a été retiré. On trouve encore du cuivre au Colorado, en Arizona (Bisbee). Allemagne : Saxe (Zwickau), Saxe-Anhalt (Mansfeld), Rhénanie (Herdorf), Thuringe (Reichenback). Mexique. Russie (chaîne de l’Oural : Krasnotourisk). Namibie. Chili. Australie. Grande-Bretagne (Cornouailles). Danemark. Anciennement : Suède, à Stora Kopparberg (la bien nommé, koppar signifiant cuivre en suédois). C’est un gisement aujourd’hui épuisé mais qui a fait toute la richesse du royaume de Suède dès le XVIIe siècle. France : les anciens gisements de Chessy et de Sain-Bel dans le Rhône sont restés célèbres. Pour habiter à proximité de l’une de ces deux petites villes, je dois faire une remarque : dans un article printanier, j’ai pu écrire que la renouée du Japon était une plante bio-indicatrice de la pollution au cuivre. Eh bien, les activités minières ont laissé sur place suffisamment de cuivre pour qu’on trouve de cette plante un peu partout dans la vallée, et jusqu’aux berges de la rivière, la Brévenne, où prenaient place les activités de cémentation du cuivre.
- Paragenèse : la cuprite (88,82 % de cuivre, 11,18 % d’oxygène), la malachite (71,95 % d’oxyde de cuivre), l’azurite (69,24 % d’oxyde de cuivre). Ce dernier était le minerai de cuivre exploité à Chessy-les-Mines. On appelait localement cette pierre d’un nom dérivé de celui de cette petite ville, la chessylite. A la fin de l’exploitation qui intervint vers 1875 après épuisement du filon cuprifère, la ville redevint Chessy, tout simplement. Saint-Pierre-la-Palud est une autre de ces villes concernées par l’exploitation des minerais de cuivre, de même que Sourcieux-les-Mines toute proche.

Le cuivre en thérapie
A l’analyse chimique du corps humain, il est permis de constater que 99,98 % de sa masse moléculaire est constituée de douze éléments plastiques dont l’azote, l’oxygène, le carbone, le calcium, le potassium, le sodium, etc. En complément de ce tableau, l’on trouve une minuscule fraction d’autres substances, métaux et métalloïdes, qui forment à peine un millième du poids du corps humain à eux tous, et au chapitre desquels on voit le fer, l’iode ou encore le cuivre. Ce dernier, présent à hauteur de 0,0004 % dans l’organisme, n’est donc pas un sel minéral majeur (ou macro-élément) comme le calcium, le potassium, le phosphore, le magnésium ou encore le sodium, mais un oligo-élément ou élément en trace (oligo-, du grec ancien oligos, « peu abondant ». Exemple : oligoménorrhée : se dit de règles peu profuses). Sels minéraux et oligo-éléments furent, durant un temps, considérés comme des impuretés, alors qu’ils « semblent n’agir que par leur seule présence et non point par leur masse »8. Non seulement ils sont retrouvés intacts après opération, mais la survenue d’un excédent est perturbant pour l’organisme. Ainsi, si dans le plasma humain on en trouve 0,70 à 1,40 mg par litre, dans le cours de certaines affections, on voit les concentrations de cuivre prendre de vertigineuses proportions. C’est ce que remarquait Jean Valnet : un oligo-élément, pour bien agir, exige une concentration optimale. « Cette concentration, bien qu’extrêmement faible puisqu’il s’agit de traces, doit toutefois être suffisante. Mais au-delà, apparaissent des effets défavorables »9. C’est ainsi qu’agissent les complexes catalytiques dont nous allons parler dans la suite de cet exposé.
Propriétés thérapeutiques
- Nécessaire à la fixation du fer et concourt avec lui (en compagnie du cobalt et du manganèse) à la fabrication de l’hémoglobine, s’oppose à la coagulation excessive du sang, favorise la fabrication des globules rouges, protecteur des vaisseaux sanguins
- Anti-infectieux (antibactérien, antiviral), renforce les vertus anti-infectieuses des autres médicaments, immunostimulant
- Anti-inflammatoire
- Antidégénérateur, ralentit l’expansion des radicaux libres
- Indispensable à la formation des os, des tendons et des ligaments
- Indispensable à la vie cellulaire
- Équilibrant pancréatique (avec nickel et cobalt)
Note : chez les autres organismes vivants, le cuivre a toute son importance, puisqu’on le voit essentiel à la croissance des végétaux et des animaux. Par exemple, un lapin carencé en cuivre voit son poil tomber, un mouton sa laine de même. Il préside encore à leur prise de poids.
Usages thérapeutiques
- Troubles de la sphère respiratoire + ORL : infection ORL, grippe, affections fébriles aiguës, angine, tuberculose, états infectieux pulmonaires chroniques, fragilité de l’arbre respiratoire, asthme, coqueluche, rhino-pharyngite
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : entérocolite
- Troubles locomoteurs : rhumatisme (articulaire aigu, chronique), polyarthrite chronique évolutive, état arthritique, poliomyélite, suppuration osseuse
- Troubles de la sphère gynécologiques : troubles pubertaires, troubles des règles chez la jeune fille
- Retard de développement, asthénie, fatigue chronique, anémie
- Troubles du système nerveux : mélancolie, abandon du goût de la vie
- Chute de l’immunité, déficit en globules blancs
- Furonculose (staphylococcie)
Modes d’emploi
- En gélules : complexe cuivre et vitamine C par exemple.
- En suspension buvable : cuivre/zinc, cuivre/or/argent, cuivre/manganèse. Nombreuses spécialités ionisées : pour la peau, le confort féminin, la sphère cardiovasculaire, la diurèse, les fonctions musculaires, le confort articulo-tendineux, la vision, etc.
- Dans l’alimentation : l’organisme exige une fourniture de 2 à 3 mg de cuivre par jour (davantage pour le nourrisson : 5 mg). Voici quels fruits et légumes, quelles plantes médicinales, offrent une notable quantité de cuivre : abricot (12 mg/100 g), ail, amande, argousier, artichaut, asperge, aubergine (0,10 mg/100 g), avocat, banane, betterave, blé, café (1 à 3 mg/100 g), carotte, céleri, châtaigne, chicorée, chou, citron, coing, cresson, épinard (0,13 mg/100 g), fève, figue de Barbarie, framboise, frêne (feuilles), fucus vésiculeux, goji, gui (feuilles), haricot vert, laitue, lotus (rhizome), luzerne, mâche, navet, noisette, noix, oignon, olive, orange, ortie, pêche (0,05 mg/100 g), persil, petit pois, poire, poireau, pois chiche, pomelo, pomme, pomme de terre, prune, radis, raisin, ronce (feuilles), sarrasin, tomate, etc. Dans les aliments d’origine non végétale, remarquons la richesse des abats et des fruits de mer en cuivre. On en trouve encore dans la levure de bière et le pollen.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Toxicité : autrefois plus étendue qu’aujourd’hui, elle était surtout mise sur le compte de diverses activités professionnelles (ébarbeurs, fondeurs, teinturiers, pelletiers, chapeliers, maréchaux, peintres…), les troubles apparaissant en raison directe de la finesse des particules de cuivre absorbées par voie respiratoire (pneumoconiose) et digestive surtout. Une exposition chronique au cuivre et à ses sels avait pour conséquence une coloration verte d’une grande partie de l’économie, comme le signalait Desbois de Rochefort à la fin du XVIIIe siècle à propos des maladies de ceux qui travaillent le cuivre : « Ils ont le teint d’un jaune vert, les yeux et la langue [ainsi que les dents] sont de la même couleur, les cheveux [et les poils] sont verdâtres, les excréments, les urines, les crachats sont empreints de la même couleur, qui se communique à leurs habits par la transpiration »10. Les petits hommes verts ne viennent pas de Mars, mais de Vénus ! L’intoxication peut aussi se dérouler par l’entremise d’un corps gras, chose d’autant plus aisée que la plupart d’entre eux sont dissolvants du cuivre. On pourra ici évoquer l’empoisonnement par la batterie de cuisine, à l’époque où bassines et casseroles étaient confectionnées dans ce métal, d’où les injonctions de Lavoisier : « On doit bannir le cuivre de tout ce qui a rapport aux aliments, à la pharmacie »11. L’étamage des ustensiles de cuisine est donc capital, puisque « le lait, les huiles et les corps gras qui séjournent dans le cuivre, le convertissent en un oxyde vert qui est un poison des plus actifs »12. L’étamage consiste en la couverture des surfaces en contact avec les préparations alimentaires ou pharmaceutiques d’une fine couche d’étain, ce métal pouvant s’utiliser en ce cas, bien que le zincage soit encore de mieux préférable. D’autres sources à la pollution au cuivre sont encore d’actualité tandis que la casserole en cuivre à l’ancienne a déserté la plupart des cuisines : l’eau provenant des conduites en cuivre, les pilules contraceptives, le stérilet (un dispositif anti-fécond façonné dans le métal d’Aphrodite, j’en reste pantois…), l’hémodialyse (risque d’intoxication intraveineuse au cuivre). L’empoisonnement cuprique se caractérise par de violents vomissements au goût métallique et qui « sont colorés : verdâtres, puis jaunâtres et grisâtres ; en y ajoutant de l’ammoniaque, ils prennent une couleur bleue décelant la présence de cuivre »13. On constate d’autres perturbations gastro-intestinales (douleurs gastriques, nausée, irritation du bas-ventre, diarrhée, selles douloureuses à caractéristique dysentérique), ainsi qu’une sécheresse buccale et un phénomène constrictif au niveau de la gorge. Même sous forme d’oligo-élément, l’excès de cuivre est bien évidemment dommageable et peut occasionner la détérioration de la muqueuse intestinale, des atteintes rénales irréversibles, une nécrose hépatique et un effondrement du taux de globules rouges. Face à tous ces désagréments, déjà, du temps des Anciens, l’on avait imaginé des parades pour endiguer les méfaits de l’intoxication au cuivre. Voici ce que la pratique des arts médicaux a retenu en manière d’antidotes : contre l’intoxication au vert-de-gris, des cataplasmes chauds de farine de moutarde ; contre l’intoxication au sulfate de cuivre, du lait à volonté (encore mieux s’il est crémeux), du blanc d’œuf battu avec deux à trois fois son poids d’eau (la décoction albumineuse réussit aussi très bien). A cela, on peut ajouter les boissons mucilagineuses (comme la tisane de graines de lin), la décoction d’orge, la décoction de gomme arabique, le café, le laudanum, etc.
- Alliages cupriques : ils sont nombreux, nous allons en citer quelques-uns. – Le bronze : une majorité de cuivre mêlée à de l’étain où les proportions des deux évoluent en fonction des besoins (par exemple, on trouve moins d’étain dans le bronze qui compose une cloche d’église que dans celui destiné à la miroiterie). Des adjonctions (plomb, zinc, phosphore) sont possibles. – Le laiton (ou léton, cuivre jaune) : constitué pour la plus grande part de cuivre et de zinc (ce dernier peut varier de 5 à 30 % selon les nécessités). – Le tombac (ou tombak, cuivre blanc) : autre alliage de cuivre et de zinc, on lui ajoute parfois de l’arsenic, mais encore du plomb ou de l’étain. – Le similor ou chrysocale : autre alliage de cuivre et de zinc dont le but avoué est de lui donner l’éclat de l’or. – Le pinchbeck, du nom de son créateur Christophe Pinchbeck (1670-1732) qui élabora aux environs de 1720 cet autre alliage de cuivre (83 %) et de zinc (17 %), avant tout destiné à la bijouterie bon marché.
_______________
- Pierre Delaveau, La mémoire des mots en médecine, pharmacie et sciences, p. 32.
- Simon Morelot, Nouveau dictionnaire des drogues simples et composées, Tome 1, p. 445.
- Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 329.
- Pierre Canavaggio, Dictionnaire des superstitions et des croyances populaires, p. 69.
- Louis Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale, Tome 1, p. 265.
- Ibidem, Tome 1, p. 267.
- J. Kouřimsky & F. Tvrz, Encyclopédie des minéraux, p. 41.
- Jean Valnet, Se soigner par les légumes, les fruits et les céréales, p. 106.
- Ibidem, p. 108.
- Louis Desbois de Rochefort, Cours élémentaire de matière médicale, Tome 1, p. 271.
- Antoine-Laurent Lavoisier, Cours élémentaire de chimie, Tome 2, p. 87.
- Simon Morelot, Nouveau dictionnaire des drogues simples et composées, Tome 1, p. 445.
- Larousse médical, p. 340.
© Books of Dante – 2021

Batterie de cuisine (Pologne, début XXe siècle). Au premier plan, la casserole non étamée est forcément criminelle.