Les lianes européennes

Quand on dit « liane », on n’associe pas d’emblée le territoire européen à ce mot qui évoque davantage les luxuriantes canopées équatoriales telles que l’Amazonie par exemple.

Or, en Europe, nous avons bien nos lianes endémiques. Oh, soit, elles n’ont ni la taille, ni le charisme, ni les couleurs éclatantes de certaines de leurs consoeurs tropicales, sans doute que leur caractère discret sinon commun les rend banales à beaucoup.

Sans confiner à l’exhaustivité, seront ici présentées brièvement quatre de ces lianes européennes sauvages.

La caractéristique première d’une liane est qu’elle a besoin d’un support, d’un tuteur afin de s’épanouir pleinement. Cela peut être autant un vieux grillage qu’un pan de mur, qu’un autre végétal comme un arbre, par exemple. Ces grimpeuses n’ont pas seulement besoin d’un support mais également des moyens leurs permettant de s’y agripper. Aussi, vrilles et crampons sont-ils des outils que ces plantes mettent en œuvre afin d’adhérer au mieux à leur support et, en cela, les moindres aspérités, les moindres anfractuosités sont exploitées, ce qui montre bien à l’évidence que ces plantes ont l’ « intelligence » de s’y adapter.

Ainsi la bryone (Bryonia dioïca), le houblon (Humulus lupulus) et la clématite (Clematis vitalba) développent-ils des vrilles spiralées qui s’enroulent et s’entortillent autour des tiges d’autres végétaux, formant ainsi de graciles linéaments. Le lierre (Hedera helix), quant à lui, s’arme de crampons qui jouent peu ou prou le rôle de pitons d’escalade.

Note : si ces deux dernières plantes sont très fréquentes en France, les deux autres sont plus localisées.

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1. « Plante toxique et dangereuse, la bryone n’est pas à conseiller dans la pratique domestique ». Ainsi s’exprimait Paul-Victor Fournier dans les années 1940. Même si avant lui, Cazin (XIX ème siècle) et Leclerc (XX ème siècle) nuancèrent davantage les propos en ce qui concerne cette plante dont les tiges souples de 2 à 4 m de longueur laissent difficilement imaginer que c’est une racine grosse comme le bras qui les produit, une racine si volumineuse à dire vrai que nombreux furent les faussaires à les tailler pour en faire de vraies fausses racines de mandragore.

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2. Tout comme la précédente, la clématite est vénéneuse et doit être employée avec de grandes précautions. Son nom latin (vitalba) signifie « vigne blanche », ce qui la rapproche encore davantage de la bryone qui porte elle aussi un tel surnom. La racine grec klêma présente dans son nom rend bien compte de son statut de liane puisque cela signifie « sarment », « bois flexible », d’autant que ses tiges peuvent atteindre la prodigieuse longueur de 20 m !Ses petites fleurs blanchâtres à quatre sépales sont inodores. Elles donnent naissance à des « boules » cotonneuses qui forment en réalité les fruits, des aigrettes plumeuses, que l’on désigne communément sous le nom de barbe de vieil homme ou cheveux de la vierge…Irritante, vésicante, rubéfiante et détersive, la clématite trouva, au Moyen-Âge, un bien curieux emploi : les mendiants s’en badigeonnaient les bras, « il en résultait des plaies semblables à des ulcères », nous indique le docteur Valnet, d’où le nom d’herbe aux gueux parfois donné à la clématite.

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3. Bien connu des amateurs de bières, le houblon n’en est pas moins une plante dont le bagage thérapeutique est intéressant même s’il est vrai qu’il est beaucoup moins présent dans les herboristeries familiales que peuvent l’être la menthe ou le thym.Ses tiges grimpantes atteignent communément 5 à 6 m mais parfois beaucoup plus. Elles ont la particularité de s’enrouler de façon sinistrogyre, c’est-à-dire de gauche à droite. Les fleurs femelles forment les fameux cônes de houblon dont on garnit parfois encore des oreillers afin d’aider à l’endormissement et au sommeil.

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4. Quatrième et dernière liane de notre quadrige, le lierre camoufle par la luxuriance de son feuillage une floraison discrète laquelle forme tardivement des baies noirâtres et pruineuses. Cette plante, si commune sous nos latitudes, partage, avec le trio qui le précède, une toxicité qui ne doit pas être ignorée. Peu utilisé en herboristerie, le lierre grimpant est une espèce végétale à visée thérapeutique dont l’usage doit s’entourer de précautions. Que les oiseaux picorent à peine ses baies fournit déjà un indice sur la nature indigeste qui leur est propre…

© Texte & images : Books of Dante – 2013