Synonymes : lapsane, herbe aux mamelles, poule grasse, grasse géline, grageline, gras de mouton, saune blanche.
Lampsane est un curieux nom dérivé du grec (lampsanê, lapsanê) et du latin (lapsana). Du temps des Grecs de l’Antiquité, ce terme servait à désigner une plante dont on usait comme légume. Elle reste néanmoins, pour nous, indéterminée. Il est donc impossible de dire si la lampsane, telle que nous la connaissons à l’heure actuelle, possède un quelconque rapport avec cette antique plante dont Dioscoride rapporte l’existence. Et si ce n’est pas elle, il n’y a, au sujet de cette hypothèse, pas davantage à en dire.
Étonnant comme une plante hyper fréquente dans une très grande partie de l’Europe et de l’Asie sait passer incognito. Pourtant, elle n’est pas moins dotée que n’importe laquelle de ses cousines appartenant à la vaste famille des Astéracées. Cette annuelle poilue, de taille variable (en moyenne, 0,3 à 0,8 m, parfois plus : 1,25 m) possède une tige d’allure grêle, ramifiée dans ses parties hautes. Comme souvent chez bon nombre de plantes, la forme des feuilles inférieures est bien différente de celle des feuilles supérieures : c’est le cas de la lampsane : les feuilles basales sont dites lyrées : trois à cinq fois lobées, de manière très inégale, ces feuilles pétiolées se remarquent par cet aspect très découpé non symétriquement. Les feuilles hautes, presque sessiles, sont beaucoup plus sages dans leur conformation, se contentant d’adopter une forme plus ou moins ovale, dont les bordures sont dentelées. Les capitules sont formés essentiellement de fleurs jaune d’or toutes ligulées, comme celles de la piloselle et du pissenlit (c’est-à-dire qu’ils ne comptent pas de « cône » central comme on peut le voir chez les marguerites, camomilles ou encore pâquerettes). De taille assez modeste (1 à 2 cm), ces capitules, qui s’épanouissent de juin en octobre, présentent la particularité de se fermer en milieu de journée. Sujette à la somnolence donc, la lampsane forme des fruits qui, chose rare chez les Astéracées, ne sont pas surmontés d’un pappus, autrement dit d’une aigrette.
Très commune en France (sauf en région méditerranéenne et au-dessus de 1800 m d’altitude), la lampsane sait multiplier ses terrains d’élection : terrains dits « pauvres » (terrains vagues, zones rudérales, friches, décombres, pied des vieux murs), dans les haies, à l’abord des lisières des bois frais et clairs, en bordure de chemin. Cependant, comme l’on sait que la lampsane apprécie par-dessus tout les terres riches en azote et régulièrement retournées, il est bien normal de la croiser près des champs cultivés, des jardins ainsi que des moissons.
La lampsane en phytothérapie
Il y a peu, je râlais à propos du manque flagrant d’informations concernant la composition biochimique du laiteron potager. Eh bien, dites, avec la lampsane… pfiouuu ! C’est très, très maigre, et faire la liste des divers principes plus ou moins actifs que contient cette plante ne devrait pas être bien difficile, étant donné qu’ils se comptent sur les doigts d’une seule main : du suc amer et légèrement salé de la lampsane, on a isolé du mucilage, des flavonoïdes, ainsi que des lactones sesquiterpéniques glycosylées.
C’est préférablement le suc de la plante qu’on emploie, ainsi que les feuilles fraîches.
Propriétés thérapeutiques
- Rafraîchissante
- Émolliente
- Cicatrisante, résolutive
- Laxative
- Diurétique
- Antidiabétique, hypoglycémiante
Usages thérapeutiques
- Coupure, plaie, crevasse et gerçure des seins (1)
- Engorgement de toute nature (y compris engorgement des seins, ce qui explique le surnom d’herbe aux mamelles qu’on attribue fréquemment à la lampsane)
- Constipation
- Oligurie, glycosurie
- Insuffisance hépatique
- Diabète
Modes d’emploi
- Feuilles fraîches, en nature.
- Suc frais.
- Infusion de feuilles fraîches.
- Cataplasme de feuilles fraîches ébouillantées.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Risque de confusion : avec le vélar (Sisymbrium officinale). On alerte parfois dans ce sens ; mais ce serait bien difficile de se tromper, ne serait-ce que grâce aux fleurs à quatre pétales jaunes du vélar qui, si jamais il est défleuri, nous renseigne sur son identité grâce à un goût caractéristique, propre aux Brassicacées auxquelles il appartient. Confondre le vélar avec la lampsane n’est pas, en soi, dommageable. Cela peut l’être davantage, surtout avec une autre plante, aussi fréquente que la lampsane : le séneçon jacobée (Senecio jacobaea), en particulier lorsque ces deux plantes se présentent encore à l’état de rosettes basales. Mais comme les feuilles de ce séneçon sont âcres et amères, on les rejette, normalement, immédiatement.
- Alimentation : les précautions listées ci-dessus sont utiles en ce sens que la lampsane offre à qui le sait un aliment abondant, faisant bonne figure à côté des pissenlits, mâches et chicorées, qu’aborde n’importe quel livre portant sur le passionnant sujet des plantes sauvages comestibles. Les jeunes feuilles crues de la lampsane peuvent se mêler à d’autres végétaux pour former un mesclun ; plus âgées, surtout celles qui sont prélevées sur les plantes fleuries, elles se destinent davantage à la cuisson (soupes, farces, plats cuisinés, etc.).
- A l’origine, la Théorie des signatures explique que cela trouve son origine dans la forme des capitules floraux non encore épanouis : l’on dit que, ressemblant à un mamelon, les fleurs de cette plante (et la plante toute entière par extension) pouvaient venir à bout des affections qui désobligent le bon fonctionnement des seins.
© Books of Dante – 2019