Le Jackalope

Jackalopus illuminati (ssp. anorexia, ssp. gigantissimus, ssp. rhinogradus, etc.)

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Comme son nom ne ne nous l’indique que peu, le jackalope est un brillant animal. S’il est lumineux, c’est tout simplement que ses bois deviennent phosphorescents dans l’obscurité. Ce prodige tient au fait que la première couche cornée des bois du jackalope contient de la jackalopine, à la manière de la luciférine chez le ver luisant. C’est une prouesse fort utile car, à la manière des poissons des hauts fonds du genre sternoptyx, il peut se déplacer lors de virées nocturnes, fréquentes chez cet animal.

Cependant, on ne saurait réduire ses deux appendices frontaux à un simple usage qui ferait mourir d’envie les non nyctalopes. Les bois du jackalope ne sont, ni plus ni moins, qu’une extension de son chakra coronal, raison pour laquelle il a un don inégalé pour la divination, ce qui est particulièrement le cas chez les sujets vieux et sages dont le nombre d’andouillets est toujours plus important, ce qui n’est plus tout à fait le cas pour ceux dont le nombre d’andouilles est… ^^

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C’est un animal totem extrêmement puissant qui posséde un pouvoir de guérison bien supérieur à celui de Wakan Tanka, le grand mystère. Si vous êtes né entre le 31 avril et le 29 février, vous êtes forcément placé sous le patronage du jackalope dont la planète de rattachement est Niburu.

Le jackalope est vénéré dans la culture Sioux ainsi que dans la culture Cheyenne, raison pour laquelle son aire de distribution équivaut à peu de chose près au Dakota du Nord ainsi qu’à la portion canadienne jouxtant ce même Dakota. Or, ce qui est très étonnant, c’est que l’iconographie maya et aztèque nous le montre très souvent aux côtés du Serpent à plumes. Aujourd’hui, le jackalope a totalement disparu des contrées méso-américaines sous la pression des conquistadores venus là faire du tourisme. Il a dû donc fuir en se dégageant une porte de sortie vers le Nord.

On peut légitimement se demander d’où vient le jackalope. On trouve de très anciennes traces en France :

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On le retrouve ensuite en Europe au temps des Celtes :

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Plus tard, on le trouve plus à l’est, en Sibérie :

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Certains disent que le jackalope aurait voyagé d’ouest en est, de France jusqu’au fin fond de la Russie jusqu’à la mer de Béring et que là, il aurait emprunté le détroit du même nom alors couvert par la glace en vertu de la fameuse thèse glaciaire. Ce n’est pas parce que le jackalope possède de bonnes griffes rétractiles tout à fait utiles pour marcher sur la glace qu’il faut se permettre d’inventer n’importe quoi. En revanche, ces mêmes griffes font du jackalope un animal arboricole, ses bois étant là pour le démontrer aisément.

Comme certains autres mammifères, le jackalope est variable. Si durant le printemps il se camoufle en enrubannant joliment ses bois de jonquilles et de pâquerettes, il en va tout autrement durant l’hiver, saison durant laquelle il est aisément repérable et, partant, vulnérable, puisque, hormis le bout de sa queue qui demeure noire, l’ensemble du corps devient blanc. Quant aux bois, j’vous dis même pas !!!

Il est généralement friand de boutons de rose et de hannetons, mais il n’oublie jamais de ranger dans son régime alimentaire un petit verre de whisky (issu de sa réserve d’eau-de-feu personnelle) de temps à autre qui, loin de lui noyer le gosier, lui lave les cordes vocales. D’ailleurs, le jackalope a le verbe haut, si haut perché qu’il est capable de reproduire la voix humaine à la perfection, à tel point qu’il chante souvent au clair de Lune afin d’attirer d’intrépides touristes égarés sensible à sa voix de sirène. Là, il les moleste. Il lui arrive parfois de demander une rançon.

Comme tout animal de pouvoir, le jackalope est doté de multiples capacités : son urine possède des vertus médicinales reconnues jusque chez les Comanche, ses petites crottes qui sillonnent son arrière-train sont douées de capacités que n’égale en rien la sauge divinatoire. Mais, cependant, le poil de jackalope est fortement allergisant et sa bave corrosive. Attention donc aux rencontres qui risquent de mal tourner pour vous si jamais vous en rencontrez un.

Parmi la pharmacopée amérindienne, on trouve encore de bien curieux usages. Par exemple, porter une patte de jackalope sur soi est signe de fertilité et de prospérité, quant à la poussière d’os de jackalope, elle possède un fort pouvoir sternutatoire, elle lutte en cela contre l’anosmie.

Le jackalope peut vous aider à entrer en contact avec le grand Jackalope primordial, lequel détient tous les secrets passés, présents et à venir (ceci dit, les révélations peuvent être un peu longuettes, certains jackalopes étant bègues).

Pour accéder à son pouvoir vous pouvez le surprendre en train de pousser la chansonnette durant les nuits de pleine Lune hivernales (cependant, ne confondez pas le chant suave du jackalope avec le râle du trappeur bourru qui fête le résultat de sa chasse d’une série de cris gutturaux évoquant assez un croisement entre le babiroussa et la hyène croc cut haaaa!).

En tant que guérisseur : bien ou mal vous en prendra, la dose, le remède, le poison, pour lui, c’est kif-kif. Il s’agit d’un animal médicinal versé dans l’art de la roulette russe, la petite cousine de la roue médecine amérindienne. Dès lors, la plus grande prudence est de mise.

En tant que gardien ou protecteur, il ne garde ni ne protège personne. Il se garde de vous et se protège des intrusions. Et il a bien raison.

Sources :

Les chamanes de la préhistoire, Jean Clottes et David Lewis-Williams, Seuil, 1996.

Anatomie et biologie des rhinogrades, Harald Stümpke, Dunod, 2000.

A propos du régime nutritif du jackalope, Louis Bouffon, Darwin Institut, 1949

L’influence du jackalope dans la culture amérindienne d’Amérique du Nord, Christien Morgenstern, Éditions Bull, 1927.

-Et un énorme merci à Pascale, Séb et Romu sans lesquels cette monographie zoologico-ésotérico-mystico-bizarre n’aurait jamais pu voir le jour ^^

© Books of Dante – 2011