Le sureau hièble (Sambucus ebulus)

Synonymes : ièble, yèble, yeble, yoltes, eble, gèble, petit sureau, sureau en herbe, herbe à l’aveugle, herbe aux yeux, herbe à punaise.

« Fort bien distingué du sureau noir par les Anciens, l’hièble, dans leur opinion telle qu’elle apparaît dans Dioscoride, n’en diffère pas sensiblement quant à ses propriétés » (1). Hièble, provenant d’ebulus et d’ebulum, au sens étymologique inconnu, n’en reste pas moins, comme dit Fournier, bien reconnaissable et se démarque du sureau qu’on pourrait dire en arbre, face à cette plante, l’hièble ou sureau en herbe. Le premier est plutôt de nature pleureuse : c’est particulièrement le cas lors de sa fructification, arborant des grappes lâches de petites baies noirâtres qui pendouillent dans le vide, alors que l’hièble dresse fièrement sa tête en direction du soleil, qu’elle soit en fleurs ou en fruits. Quant à Dioscoride, je veux bien, mais je dois être miro car je n’y ai rien trouvé sur la question de l’hièble, dont au sujet duquel il exista véritablement une sorte de guéguerre qui perdura assez longtemps mais qui, fort heureusement, n’occupa néanmoins pas les deux millénaires qui nous séparent de Dioscoride. Un bataillon d’anti- vint se fracasser, à force d’idées reçues (et transmises surtout sans examen rigoureux préalable) sur un mur de pros, il n’y a pas d’autres mots. Au milieu des années 1850 environ, Cazin, qui avait déjà perçu, lui aussi, la grande analogie entre hièble et sureau, porte une sanction, en révélant que « chaque auteur a répété ce que ses prédécesseurs avaient eux-mêmes copié » (2). D’où la massive unanimité au sujet de la soi-disant dangereuse toxicité de l’hièble. Que penserait Cazin du fait que, même encore de nos jours, des publications vont dans le sens du flagrant délire de copitage des anti-hièble ? Cela débute avec le Larousse médical illustré qui, s’il ne nomme pas explicitement le « mal », le sous-entend fort subtilement : « Ces diverses parties [c’est-à-dire feuilles, racines, écorces, fleurs et baies] de l’arbrisseau ne sont pas utilisées aujourd’hui, mais il est utile de les connaître de façon à éviter de les mettre dans la bouche » (3). Larousse ne prend donc pas de risque, quand bien même ces lignes sont tracées dans les années 1920, où un écho tout différent – nous verrons lequel tout à l’heure – avait également cours. Les époux Bertrand – Bernard et Annie-Jeanne – écrivent que « sans être à proprement parler toxique, le sureau yèble (Sambucus ebulus) est doté de propriétés vomitives qui le rendent impropre à la consommation ». Mais ils écrivent cela dans La cuisine sauvage des haies et des talus (4), ce qui se peut comprendre : de toute façon, il est recommandé de ne pas user et encore moins de sur-abuser des bienfaits de la Nature, sans quoi elle te le fait payer. Sans vraiment accuser le sureau hièble, on fait appel, encore, au principe de précaution, et, dans un sens, tant mieux, parce que c’est l’homme le fautif dans l’affaire. L’innocent aux mains pleines, c’est toujours le même. Ceci dit, il est des recommandations qui pourraient presque prendre des allures de formules d’excommunication.
Les choses se compliquent un peu pour l’hièble avec les mots de Kurt Hostettmann qui place en opposition, dans un tableau, sureau noir et hièble, permettant de départager la plante sauvage et comestible que l’on souhaite récolter et un éventuel faux-ami. « Les fruits du sureau noir sont comestibles, dit-il, tandis que ceux du sureau rouge [c’est-à-dire l’hièble] ne le sont pas à cause des graines légèrement toxiques. La chair des fruits rouges cuite, sans les graines, peut servir à la confection d’une gelée assez agréable au goût, paraît-il. Mieux vaut s’en passer et utiliser les fruits du sureau noir. Les graines du sureau rouge (cuites ou crues) provoquent vomissement et diarrhées » (5). Parait-il… Ce qui donne la large impression que l’auteur n’a jamais trempé ses lèvres dans la dite gelée, ce qui passe pour assez étonnant pour un homme de sciences, sanctionnant l’hièble sur la base d’un « on-dit ». Parce que, à ce compte-là, rappelons aussi que les baies du sureau noir n’eurent pas bonne presse et qu’elles écopèrent, tout comme celles de l’hièble, d’une mise à l’index imméritée. Que cette plante cause nausées, vomissement et diarrhée, ça n’est pas faux, mais uniquement à fortes doses, me sens-je forcé d’ajouter, et en particulier si les semences sont très récentes. Remarquez que nous n’avons pas encore lâché la bride au gros mot habituel en ce cas : empoisonnement. Pas d’inquiétude, ça vient : on croise encore dans des ouvrages moins vieux que moi le cas très particulier, singulier puis-je dire même, pour lequel les baies de l’hièble ont été accusées d’empoisonnements mortels, cela à la suite des affirmations de O. Gessner qui professait dans les années 1930, insistant sur le fait que, « à plusieurs reprises déjà, des enfants ont succombé à des empoisonnements consécutifs à l’absorption des baies » (6). Ce à quoi une partie de mon lectorat risque de doucement rigoler. Et l’autre moitié, qu’est-ce qu’elle en pense ? S’effarouche-t-elle face à une révélation aussi « terrible » ? On peut se demander dans quelle mesure il n’y a pas eu (peut-être ?) une formidable confusion sur la question des baies de l’hièble dont on peut également s’étonner du fait qu’Hostettmann l’appelle sureau rouge, ce qui se réserve bien davantage à un autre sureau, celui que l’on dit à grappes (Sambucus racemosa). Une confusion ? Parce qu’en ce cas, on s’interroge quand même sur le bien-fondé de l’opinion contraire, partagée par des médecins qui ne sont pas la moitié d’un imbécile, et sans même avoir besoin de remonter bien loin, Reclu, Leclerc, Botan, Valnet, qui accordent tous une similarité des propriétés et des usages d’un sureau à l’autre, tant et si bien qu’« au sureau on peut substituer l’hièble (Sambucus ebulus), plante de la même famille, dont la composition chimique et l’action pharmacodynamique présentent la plus grande analogie avec celles de son congénère «  (7). Bon. C’est pas si mal. Heureusement que tout auparavant l’on n’a pas dit que des âneries, telles que celles que j’ai pu répertorier un peu plus haut. Ce qui nous replace avant le temps de Cazin qui ne disait de l’hièble que du bien, râlant à juste titre au sujet de l’injuste oubli dans lequel cette plante était tombée, etc. Et l’oubli, en ce qui concerne l’hièble, est un grand trou noir long de trois siècles, puisque avant Cazin, il faut s’adresser à Matthiole, qui témoigne de l’importante place concédée à l’hièble dans la thérapeutique de son époque. C’est ainsi que, dans ses Commentaires, il écrit, en 1554, que le suc des racines était usité en fumigation et en clystère, tandis que la décoction de graines intervenait en cas de douleurs goutteuses et névralgiques (sciatique, entre autres). Plus on remonte dans le temps, et plus on peut craindre d’avoir affaire à des monuments de sottises : c’est assez souvent le cas, mais, parfois, des informations, comme touchées par la grâce, traversent des siècles entiers sans être aucunement corrompues. Parfois, l’on peut en douter, surtout si l’on se confronte à une donnée qui ne cadre pas avec ce que l’on sait de telle ou telle plante aujourd’hui, c’est-à-dire des usages qui ont cours (et qui ne peuvent, à eux seuls, être l’intégralité des usages !). Ainsi, si c’est sans trop d’inquiétude, à l’époque médiévale, qu’on constate, pour l’hièble, des usages semblables à ceux qui prévalent pour le sureau noir, il apparaît qu’au XIV ème siècle, le sureau hièble fut connu comme remède gynécologique : l’infusion vineuse de racines d’hièble était, en effet, réputée efficace contre les douleurs mammaires, les menstruations douloureuses, les difficultés durant l’accouchement. Avant cela, autre dissonance que l’on doit à Hildegarde qui disperse dans le Physica deux paragraphes qui, à l’exception de quelques mots, sont très identiques, bien que différemment titrés : le paragraphe 120 porte le nom de hatich, le 229 celui d’esulus, dernier mot dans lequel il n’est pas difficile de reconnaître l’ebulus, l’hièble. Quant au premier, il ne me semble pas être autre chose que l’hièble, mais désigné selon une ancienne appellation allemande, puisqu’en allemand, aujourd’hui, l’hièble s’appelle attich. Il a beau être présent en deux endroits, on n’en apprend pas davantage hormis qu’avec l’hièble, on peut confectionner un onguent avec de la graisse de bouc, utile contre la gale, ainsi qu’un remède qui rappelle assez celui que préconisait, pas loin de 1000 ans auparavant, Serenus Sammonicus contre la « frénésie ». Sammonicus, malgré la distance qui nous sépare de lui (III ème siècle après J.-C.), n’en dit pas moins d’excellentes choses à propos de l’hièble, puisqu’il recense les faits suivants : l’hièble cuite vient à bout de la constipation, des lithiases et de la rétention urinaire ; un onguent s’appliquait sur les effroyables douleurs de la goutte, tandis qu’une décoction de la racine drainait hors du corps l’hydropisie. Quant au suc d’hièble, il expulsait donc cette fameuse frénésie, ainsi que, selon la formule consacrée, « les embarras de tête ». Enfin, dernière chose qu’assure Serenus Sammonicus, c’est la grande efficacité de l’hièble sur des morsures de reptiles venimeux, ce à quoi Pline faisait quelque peu écho deux siècles plus tôt, puisqu’il confiait que la fumée de l’ebulus faisait fuit les serpents.

Fréquent, le sureau hièble, qui pousse en troupes, est une espèce végétale plus facilement observable sur des sols argilo-calcaires, dont beaucoup se trouvent à proximité plus ou moins immédiate des activités humaines : abord des cultures et des moissons, le long des voies de chemin de fer, les remblais, les décombres, les friches, les ruines, mais aussi dans des zones moins franchement marquées par l’être humain (clairières, lisières de forêts, broussailles humides, haies, talus, etc.).
D’allure arbustive et robuste, l’hièble, constituée d’une grande tige droite et non ramifiée (ou si peu), peut atteindre la taille maximale de deux mètres de hauteur. Sillonnée dans le sens de la longueur, cette tige abrite un cœur moelleux, ce qui, sur ce point, ne distingue en rien l’hièble du sureau noir. Malgré le caractère vivace de cette plante, ses tiges disparaissent durant l’hiver, ce qui fait que, chaque année, elle doit reconstruire son architecture végétale, c’est-à-dire des feuilles composées de sept à onze folioles lancéolées, dentées et pointues, d’odeur peu agréable, de même que celles du sureau noir. Au-dessus de cette mêlée de feuilles, qui rendent encore plus denses les colonies d’hièbles, se dressent, de juin à août, des corymbes touffus comptant trois rayons principaux portant des fleurs blanches (ou extérieurement rosées), à cinq pétales soudés et à anthères rouge vineux violacé, avant-goût de ce que seront les baies quand elles adviendront à maturité : de petites billes pourprées et luisantes, qui deviennent parfois presque noires.
Espèce endémique au vieux continent, le sureau hièble s’est déployé à l’Amérique du Nord où il n’est pas spontané. Bien plutôt, c’est une plante échappée des jardins, répandue depuis à la côte sud-est du Canada. J’espère qu’il n’est pas aux Québécois ce que le raisin d’Amérique est aux Européens bornés, c’est-à-dire une espèce dont le caractère invasif coïncide avec inutilité manifeste. Peut-être un jour faudra-t-il s’interroger, et se demander pourquoi, par exemple, une renouée du Japon s’est si bien sentie par chez nous : qu’est-ce que cette prodigalité peut bien vouloir dire ? Quel message incompris cherche-t-elle à nous délivrer ?

Le sureau hièble en phytothérapie

Ayant, je pense, réussi (?) à dépasser de stériles querelles, adressons-nous plutôt maintenant auprès de l’hièble en tant que matière médicale. Et, pour cela, nul besoin de dresser un portrait au regard du profil phytothérapeutique du sureau noir, du type : l’hièble est un succédané du précédent (comme on nous la fait souvent).
Espèce complète, le sureau hièble offre ses bienfaits des fleurs aux racines, puisque la littérature a retenu comme matière médicale les fleurs, les baies bien mûres, les feuilles, l’écorce des tiges et celle des racines, parfois même les racines dans leur intégralité.
Plante à l’odeur puissante, vireuse, nauséeuse, plus prononcée que celle du sureau noir, sa saveur forte, est plus ou moins amère, selon les parties considérées. A elles seules, saveur et odeur, ne peuvent cataloguer l’hièble parmi les plantes toxiques, ce serait une fraude intellectuelle que de se prêter à l’émission d’un tel avis. J’ai déjà eu l’occasion de dire assez récemment que l’odeur fétide, vireuse, etc., d’une plante était un mauvais indice de sa soi-disant toxicité. Si on considère les choses d’un peu plus près, même les feuilles froissées du sureau noir ne sentent pas exactement la rose… On peut même dire que ça pue.
Du second de ces caractères, différentes essences aromatiques sont responsables : il en existe dans les feuilles, dans les baies, ainsi que dans les fleurs qui, parfois, dispersent une odeur tout d’abord douceâtre, puis écœurante, rappelant assez celle de l’amande amère. Puis viennent des sucres, du saccharose surtout, répandus dans les feuilles, la racine et les baies. Sur la question des acides, selon que l’on s’adresse à la racine ou aux baies, on ne trouve pratiquement pas les mêmes, sauf, peut-être, des acides valérianique et tannique. Alors que la racine recèle encore de l’acide acétique, les baies se targuent de contenir d’autres acides : malique, vinique, citrique et tartrique. Dans l’écorce et dans les feuilles, se trouve de l’émulsine. Enfin, un peu de sambunigrine par-ci (feuilles, racines, baies), de saponine et d’hièbline par-là (surtout dans les semences). Pour en terminer là, signalons encore, dans l’hièble, la présence de tanin et d’anthocyane, ainsi que d’une partie non négligeable de vitamine C dans les baies d’hièble.
Il est dommage que la réputation erronée faite au sureau hièble dissuade la recherche pharmacologique française, ce qui nous amène à dresser un portrait assez incomplet du profil thérapeutique de cette plante qui mérite, de même que son cousin le sureau noir, toute sa place au sein de la pharmacopée. Ce en quoi d’autres que nous ne se sont pas trompés, puisque des études iraniennes font état de la présence de triterpénoïdes (alpha-amyrine et bêta-amyrine) dans les racines, les baies et les feuilles de l’hièble, aux utiles propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et anti-infectieuses (antibactériennes, antifongiques).

Propriétés thérapeutiques

  • Dans son entier : plante purgative drastique, diurétique puissante, sudorifique, résolutive (l’hièble a donc une action particulièrement portée sur les « fluides » organiques : l’urine, la sueur, le contenu stomacal et/ou intestinal)
  • Dans le détail :
    – Fleur : sédative légère du système nerveux, sudorifique, sédative de la toux, béchique, pectorale, expectorante
    – Feuille : résolutive, anthelminthique, remède locomoteur (action similaire à celle de l’arnica sur les contusions entre autres)
    – Écorce : purgative, diurétique puissante, diaphorétique, hydragogue
    – Baie : adoucissante, émolliente, anti-oxydante, anti-ulcérogène, antinéoplasique (considérée comme un préventif de certains types de cancers), immunostimulante

Usages thérapeutiques

  • Feuille : coup, contusion, entorse, blessure, piqûre de guêpe, morsure de vipère, bronchite, maux de gorge, engorgement lymphatique et œdémateux
  • Fleur : maladies infectieuses des voies respiratoires (grippe), toux, bronchite, catarrhe pulmonaire, maladies infectieuses des voies vésicales (colibacillose), rétention d’urine, affection goutteuse
  • Écorce : hydropisie, rhumatismes, arthrite chronique, maladies cutanées (dartres), engorgement articulaire et glanduleux

Note : plus globalement, le sureau hièble intervient aussi dans les cas suivants : refroidissement, constipation opiniâtre, oligurie, néphrite, cystite, hydrocèle (œdème génital chez l’homme), érysipèle, diminution de l’hypertension sans effet secondaire sur le cœur, etc.

Modes d’emploi

  • Infusion, plus rarement décoction de fleurs.
  • Infusion vineuse de racine ou d’écorce.
  • Décoction de racine, d’écorce, d’écorce de la seule racine.
  • Décoction de baies.
  • Rob de baies.
  • Cataplasme de feuilles fraîches.
  • Feuilles fraîches en friction locale.
  • Suc des racines fraîches (ou de la seconde écorce).
  • Électuaire de baies fraîches : après récolte de baies tout à fait mûres, bien les laver. En placer une fine couche au fond d’une jarre, couvrir d’autant de sucre ; puis rajouter des baies, du sucre, et ainsi de suite, jusqu’à former une ultime couche de sucre, bien plus épaisse que les précédentes. Ceci fait, on couvre la jarre non pas d’un couvercle, mais d’une gaze afin que s’instaurent des échanges entre l’intérieur et l’extérieur. On entrepose le tout à l’obscurité et on l’y laisse pendant quarante jours. Peu avant cette échéance, il importe de bien mélanger l’ensemble avec une spatule en bois afin que se dissolve le sucre. Ce mélange doit se prendre à raison de la valeur d’une cuillère à café tous les matins, dix minutes avant le petit déjeuner (à jeun, donc). L’effet du sureau hièble sur l’organisme sera d’autant plus puissant, profitable et rapide que le dernier repas de la veille aura été pris à 18h00.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Le caractère purgatif de l’hièble s’exprime quelles que soient les parties considérées : écorce, racines, fleurs, baies, etc. Les semences passent pour être les plus purgatives de toutes ces fractions végétales, mais seulement si elles sont issues de baies vertes, et/ou prises à des doses inadaptées. L’état de fraîcheur peut y être aussi pour beaucoup sur cette propriété purgative : les baies et les fleurs fraîches sont plus purgatives, à doses identiques, que s’il s’agissait de baies cuites ou de fleurs sèches. C’est ce qui fit dire à Cazin que « le rob d’hièble est une préparation infidèle ; il perd la propriété purgative par la vétusté » (8). Et un rob n’est pas une confiture, il s’en distingue en ce sens que, même s’il y ressemble, il n’a rien d’une préparation culinaire, tout au contraire c’est une composition magistrale au même titre que la décoction ou l’infusion. C’est pour cela que les confitures de ménage, élaborées avec des baies de sureau hièble bien mûres et épépinées, ne peuvent pas, dans la plupart des cas, provoquer une purgation et donc un embarras gastro-intestinal inattendu : que peuvent donc occasionner les quelques grammes de confiture de baies de sureau hièble étalés sur les tartines matinales ? Pas grand-chose. Le seul hic, ça serait, à la rigueur, une consommation excessive. Mais à ce stade, même la confiture de baies de sureau noir peut provoquer quelques désagréments du même acabit. De plus, contrairement au séné, à la scammonée, au turbith et à d’autres substances également énergiques, « ce purgatif [qu’est le sureau hièble] ne laisse pas à sa suite ce sentiment de chaleur et d’érosion que l’on observe souvent après l’administration de la plupart des drastiques résineux » (9). On concède une « toxicité » plus nette au sujet des baies vertes : leur ingestion peut provoquer des maux de tête, des sensations d’étourdissement et de vertige, des nausées, etc.
  • Récolte : les racines au printemps (mars-mai) ou à l’automne (septembre-octobre), les fleurs en juin, les feuilles juste après elles et avant les baies, lesquelles doivent achever leur parfait mûrissement pour être cueillies. Les fleurs se sèchent avec les mêmes précautions que celles du sureau noir.
  • Au-delà de l’ensemble des aspects que nous avons passés en revue, il faut savoir que les baies du sureau hièble procurent une couleur permettant de fixer un joli violet dans les fibres de certains tissus, tandis que les feuilles fraîches sont vraisemblablement censées éloigner les souris et autres petits animaux apparentés.
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    1. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 919.
    2. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 474.
    3. Larousse médical illustré, p. 590.
    4. Bernard et Annie-Jeanne Bertrand, La cuisine sauvage des haies et des talus, p. 98.
    5. Kurt Hostettmann, Tout savoir sur les poisons naturels. Reconnaître les toxines de la nature et s’en protéger, p. 71.
    6. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 920.
    7. Henri Leclerc, Précis de phytothérapie, p. 66.
    8. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 474.
    9. Ibidem.

© Books of Dante – 2019