Le citron (Citrus limon)

Lorsque vous considérez d’un œil habitué les banales piles de citrons qui ne manquent chez aucun marchand de fruits et légumes, vous pouvez très légitimement tiquer si jamais on vous glisse – en guise d’origine, étiquette à l’appui – le sous-continent indien, tant l’on est habitué à lire plutôt des mots comme « Espagne » ou « Sicile », indéfectiblement associés au citron comme des atomes crochus. Pourtant, bien avant avoir fait étape dans ces sites de villégiature, le citron ne remontait pas plus haut que l’Himalaya, à ses pieds ou peu s’en faut pour être exact. En tous les cas, dans les contreforts du Cachemire existe un citronnier sauvage dont on nomme le fruit limung, présent également dans la chaîne des Satpura au centre de l’Inde et tout le long de la côte occidentale, c’est-à-dire dans les Ghats bordant le plateau du Deccan et faisant face aux Ghats orientaux. Avant même de filer en direction de l’est, le citron s’est auparavant rendu auprès des Chinois plus proches : il serait parvenu chez eux il y a environ 4000 ans, s’installant non loin de cette ville du sud actuel de la Chine qu’est Guangzhou (Canton). Côté ouest, la littérature explique que le citron aurait fait premièrement escale en Mésopotamie avant de pousser plus loin en direction des territoires détenus par les Mèdes, c’est-à-dire ce que l’on appela aussi la Perse. On marque au Xe siècle la diffusion du citron à l’ensemble du bassin méditerranéen par le biais des marchands arabes qui en propagèrent le commerce puis la culture. Or, comment se fait-il, contrairement aux Espagnols qui utilisent le mot limon et les Anglais lemon, qu’en France l’on se soit concentré sur la racine citrus beaucoup plus ancienne que cette introduction arabe du citron au Xe siècle ? « Le genre botanique qui rassemble toutes ces espèces est Citrus, du grec kitron, déjà employé au IIe siècle avant J.-C. par Pamphilos d’Alexandrie. Le citronnier était-il cultivé au Moyen-Orient et les auteurs gréco-romains avaient-ils entendu parler d’arbres prestigieux d’Extrême-Orient par les marchands arabes et persans ?»1. Excellente question ! Pline a beau évoquer le cas d’un citrus medica, Théophraste celui d’une pomme de Médie, il y a tout lieu de voir ici non pas le citronnier mais le fruit du cédratier. C’est pourquoi lorsqu’on considère la plupart des grands auteurs des mondes grec et latin ayant vécu plus ou moins autour de la naissance du Christ, il ne peut être question, dans leurs écrits, de citron mais de cédrat, à l’instar de Virgile qui fait référence à ce fruit dans Les Géorgiques : « La Médie produit cette pomme salutaire dont les sucs amers et la saveur persistante composent une vertu sans pareille pour chasser des membres de la victime le noir poison que de cruelles marâtres ont versé dans une coupe, en y mêlant des herbes et des paroles maléficieuses »2. Certains, naïfs, ont cru y voir un citron. Mais l’on sait bien que la pomme de Médie, c’est le cédrat, non pas le citron. De là chanta-t-on les vertus salvatrices et antivénéneuses du citron et loué utilement sa capacité à remédier à l’action nocive des poisons (les noirs poisons versés dans une coupe dont parle Virgile sont peut-être une métaphore : des paroles fielleuses ne sont-elles pas poison ? Le pavillon de l’oreille ne forme-t-il pas une coupe ?). A ce titre, on l’intégra même dans la thériaque, célèbre contrepoison ! Pour plaider en faveur de cette miraculeuse propriété, faisons encore appel à quelque passage du Grand Albert : « Démocrite raconte dans le troisième Livre d’Athénée une chose fort remarquable de la vertu du citron, qu’il dit avoir apprise d’un de ses amis alors gouverneur de l’Égypte. Ce gouverneur avait condamné aux aspics suivant les lois du pays deux criminels ; ce supplice était ordinaire et commun parmi les Égyptiens, surtout lorsqu’ils voulaient faire mourir quelqu’un sans douleur. Comme on menait ces pauvres criminels au supplice, une fruitière étant sur le passage, émue de compassion leur donna un citron qu’ils mangèrent. Ayant été exposés aux aspics et même piqués, le venin ne leur fit aucun mal et ils n’en moururent point, ce qui étonna et surprit le juge ; mais comme on lui dit qu’on leur avait donné un citron, il les fit ramener le lendemain et avant de les exposer, il en fit manger à un et point à l’autre ; celui qui en mangea ne reçut aucun mal, au contraire l’autre mourut sur-le-champ »3. En tous les cas, ce statut d’antipoison propre au citron semble découler de sa nature yang de par la nature chaude qu’évoque Marsilio Ficino au XVe siècle, expliquant qu’elle convient aux tempéraments froids (yin), alors qu’en ce qui concerne la rose, la violette et le camphre surtout, c’est tout le contraire. Parce que yang et chaud, le citron a été désigné comme fruit solaire et jupitérien, propre aux constellations du Lion et du Bélier, tous deux signes de Feu.

Présent en Syrie et en Palestine du temps des croisades, son irruption en Sicile est presque quasi immédiate, se situant autour de l’an 1200, s’aventurant à Palerme puis à Florence au milieu du même siècle (belle cité toscane où je me rappelle l’avoir croisé dans le parc où siège cette monumentale fontaine dont j’ai depuis oublié le nom). Puis le citron opéra une reptation en mode farniente jusque dans le sud de la France, obliqua en direction de la péninsule ibérique et saupoudra ses zestes sur tous ces confettis éparpillées çà et là au large de l’Afrique (Canaries, Açores).

Du fait de cet atterrissage ibérique, l’on peut mieux comprendre le rôle du citron au sein du folklore religieux catalan pour lequel le citron est ni plus ni moins qu’une création diabolique, à l’inverse de l’orange miraculeuse et divine visible au sein du couvent de l’église Sainte-Sabine de Rome que saint Dominique, natif d’Espagne, aurait placée là au début du XIIIe siècle. Vaine contrefaçon d’une orange, ni doux ni sucré comme elle, mais tout au contraire âpre et amer, le citron est encore affublé d’un coloris par lequel on désignait autrefois la traîtrise, l’infamie et le mensonge. Mais le citron s’est depuis surpassé, laissant derrière lui ce douloureux écueil qui n’est jamais que du seul ressort de l’être humain. Ayant lutté face à ce désaveu, le citron trouva sa juste place en médecine, tout d’abord du temps d’Avicenne, c’est-à-dire il y a près de 1000 ans, qui le préconisait à travers les affections gastro-intestinales (faciliter la digestion, faire cesser les vomissements) et hépatiques (ictère). Bien plus tard, on lui accorda une fonction diurétique et à même de combattre les émanations pestilentielles, comme en témoigne cette recette de « baume excellent pour se garantir de la peste » lisible dans le Petit Albert, ou bien cette habitude, en période épidémique, qu’on avait de piquer de clous de girofle un citron afin d’écarter de soi les miasmes vaporeux. Mais ce qui me paraît être un fil conducteur qu’une aiguille invisible dirige à travers tous ces siècles, c’est la réputation cordiale du citron, c’est-à-dire qu’il porte au cœur son action puissante pour en calmer non seulement les palpitations mais aussi ses émois, à l’image de ce que l’on peut lire dans l’un des volumes de Roques : « il faut remuer, agiter le malade, le frotter d’eau de Cologne ou autre eau spiritueuse ; ces moyens simples suffisent quelquefois pour rétablir les mouvements du cœur »4 et entraver ses peines qui font parfois tomber dans les vapes les personnes les plus émotives. Parce qu’on lui trouve assez la forme d’un cœur, on a attribué au citron de bonnes dispositions à l’égard de cet organe, tant au niveau de ses mouvements physiques que des transports de l’âme dont on pense qu’il est l’objet, d’où l’eau de Cologne – savamment citronnée – jouant là l’utile rôle de remède de secours de l’époque.

Ainsi donc le citron est un cordial. Est-ce à dire que, bénéfique au cœur, il peut aussi favoriser l’expression du sentiment amoureux ? Peut-être bien, à condition de ne pas trop le presser. Et tout cela dépend des points de vue, bien entendu. Par exemple, pour Hildegarde, le Bontziderbaum (Citrus medica), bien que plus chaud que froid, est image de chasteté (et malgré sa chaleur, il apaise les fièvres d’après l’abbesse…). Le citron, de même que la pomme, la rose ou la violette, dès lors qu’ils sont brûlés comme encens, convoquent l’aspect féminin, ses forces douces et guérisseuses, associées à une certaine idée de la famille et de la nativité. C’est pourquoi le citronnier, du moins sa fleur, passe pour idéal dans la confection d’un « bouquet du bonheur, avec de l’amour et de l’amitié partagée, des qualités humaines reconnues »5. A ce titre-là, et parce qu’il participe aux cérémonies nuptiales, le citron est favorable à la vie. Par exemple, il lui rend le visage plus éclatant : c’était la fonction de l’eau de Venise. Existait encore une eau d’ange qui permettait ce que l’on surnommait galamment un pucelage au citron. Propice aux forces de vie comme nous l’avons dit, le citron possédait aussi le fabuleux pouvoir de la recréer comme si de rien n’était : en effet, on considérait le citron comme si astringent qu’on l’estimait capable de réparer le pucelage perdu par les femmes avant mariage. Mais tout cela ne nous confirme pas, comme l’imaginait Amatus Lusitanus, si le citron gâte le sperme. S’étant fait sienne cette idée, Casanova usait d’un système spermicide à base de citron, afin qu’il satisfît entièrement sa libido et éventuellement celle de ses compagnes de sauterie. Si jamais « l’on est incapable de satisfaire une femme passionnée, il faut utiliser des techniques » : selon Vâtsyâyama, « un bâton de bois de citronnier poli » peut parfaitement faire l’affaire. Bien qu’on ne nous en donne pas le mode d’emploi, on peut parfaitement l’imaginer, il n’y a là nul besoin de se casser, creuser, presser le citron, n’est-ce pas ? ^.^

Ardent et fringant défenseur de la vie, le citron préserve-t-il pour autant de la mort ? Ce n’est pas exactement ce que semble vouloir signifier son acidité, qui pointe par le biais d’une racine : ak. N’est-il, au reste, pas plutôt un ok, qui conduisit à la formation du grec oxys, « aigre, aigu, pointu » ? Il est l’un et l’autre, cet ak, qui a donné acer, puis agrume. Pas sûr, de ce point de vue, qu’il prive l’homme de la mort, tout au plus lui accorde-t-il plus de suavité en cet instant. C’est du moins ce qui me semble transparaître dans un extrait que je pioche dans La Mythologie des plantes de Gubernatis : « Dans la relation de ses voyages, Pietro della Valle, le pèlerin de Rome au XVIIe siècle, nous apprend que la veuve indienne, à Ikheri, sur le point de se rendre au bûcher, se promenait à cheval par la ville, tenant d’une main un miroir, de l’autre un citron ; et, en regardant le miroir, elle poussait des lamentations : le citron était, peut-être, le symbole de la vie devenue amère après le décès de son époux »6. A moins que, comme l’explique David Fontana, il ne s’agisse de montrer à quel point le citron est symbole de « fidélité à travers les vicissitudes de l’amour »7.

Favorable à la méditation, le citronnier sauvage est en Inde le messager des dieux, dévadûti. Il est un avatar de ces pays où « le soleil y brillait bien plus lumineux que chez nous, le ciel y était deux fois plus haut et dans les haies et dans les talus les vignes étaient couvertes de raisins blancs et noirs les plus délicieux. Dans les bois poussaient le citron et l’orange, le myrte et la menthe y embaumaient »…8

Les racines ramifiées du citronnier représentent le pendant souterrain de l’arcature densément rameuse du citronnier dans ses hauteurs les plus éthérées et solaires. Bien qu’intérieurement blanches et lignifiées en un bois dur, elles sont recouvertes extérieurement d’une écorce jaunâtre qui n’est pas sans rappeler celle qui viendra couvrir les fruits aux temps les plus opportuns de leur maturité. Le tronc droit à l’écorce vert pâle du citronnier n’excède jamais la hauteur médiocre d’une dizaine de mètres, beaucoup moins sous nos climats peu propices à son plein épanouissement. Adepte du feuillage semper virens, le citronnier dispose, alternées, ses feuilles ovales/lancéolées, coriaces, entières, vert luisant profond, brièvement pétiolées et non stipulées (comme peuvent l’être celles de l’oranger). Ses fleurs très parfumées, blanches et légèrement violacées en leur cœur, achèvent les rameaux en bouquets terminaux. Son fruit est botaniquement une baie celluleuse, partagée en plusieurs cloisons membraneuses, agglutination de 9 à 18 loges pulpeuses en forme de croissant de lune, renfermant chacune plusieurs graines. Plus ou moins oblongue, de taille variable selon la variété, le citron est recouvert d’une écorce épaisse, ridée et raboteuse.

Le citronnier porte une préférence pour les sols riches, humides mais bien drainés (il décline généralement sur les sols argileux compacts), suffisamment aéré, largement exposés au soleil, bien qu’il craigne la chaleur autant que le froid (5° C). Dans les conditions où il n’a pas à craindre des écarts significatifs, il peut fleurir et fructifier plusieurs fois l’an, ce qui explique la simultanéité, sur le même pied, de fleurs, de fruits naissants et d’autres plus avancés mais toujours verts (on en tirera, avec les feuilles, l’huile essentielle de petit grain citron), des fruits mûrs, autrement dit l’alpha et l’oméga, ce qui explique peut-être à quel point le citron est un bon à tout faire disponible tout au long de l’année, en particulier dans les zones géographiques favorables à son bon développement comme peuvent l’être les régions aux climats tropicaux et méditerranéens du globe. Cela explique que des pays comme l’Italie (Sicile), l’Espagne, le Portugal, l’Inde, les États-Unis, le Mexique, le Brésil et l’Argentine soient de gros producteurs de citron. Quant à la France, où le citronnier est plus au service du décorum que de la récolte, on le place en pleine terre sur le littoral méditerranéen, alors que partout ailleurs, mieux vaut le serrer en caisse qu’on mettra à l’abri de l’hiver une fois ses blanches mâchoires déployées.

Le citron en phytothérapie

« Le temps sera bientôt révolu où le citron était considéré comme coupable de tous les méfaits, peut-on lire non sans surprise dans un ouvrage de Raymond Dextreit datant seulement des années 1950. Les préjugés, poursuit-il, étaient cependant tenaces et largement répandus : ‘Le citron décalcifie, le citron rend tuberculeux, le citron mange le sang, le citron dégrade l’estomac’ »9. Quiconque soutiendrait de telles thèses aujourd’hui passerait pour fou (et de bien mauvaise foi), tant le citron rend de si innombrables services, que j’ai bien de la peine à les rassembler tous (ne rêves pas mon grand !) Et vous verrez, à la lecture de cette seconde partie, que le citron est, sur le plan des plantes médicinales, un véritable empereur. Passons le donc en revue et dans le détail. Pour cela, nous parlerons essentiellement du fruit (à l’exclusion de son essence déjà traitée ici) et un peu des feuilles, usitées à l’instar de celles de l’oranger amer. Dans le fruit, nous distinguons donc le zeste, les pépins mais surtout le jus (ou suc) qui tient véritablement le haut du pavé dans le chapitre qui nous occupe.

L’écorce du citron, chaude, aromatique, très amère, piquante, abrite une première zone externe jaunâtre, le flavedo, et une autre, interne et blanche, l’albedo, toutes les deux également amères. Cette carapace dissimule la grande partie aqueuse du citron, constitué à 97,50 % d’eau ! Cette eau, qui forme la quasi totalité du jus de citron, s’accompagne d’acide citrique10 (2 à 9 %), d’acide malique (0,80 à 1,20 %), de sucres (glucose, fructose, saccharose : 2,50 à 6 %), de gomme, de mucilage et de pectine. De tout cela on peut profiter grâce au seul jus de citron, sans obligation de devoir absorber – expérience cruelle ô combien difficile – l’intégralité d’un citron. A travers son suc, la seule chose dont on ne profite bien évidemment pas, c’est de l’essence de citron (1 à 2,50 %) qui se loge dans le zeste, à travers de larges poches schizogènes qui trahissent leur présence si jamais on en vient à pincer ce zeste et qu’une fraction d’essence atterrit au coin de l’œil ^.^ Sont aussi absents du suc l’ensemble des citroflavones (hespéridine, naringoside, quercétine, etc.) qui élisent domicile dans le même zeste. En revanche, le jus contient encore un principe amer qu’on appelle limonine et quelques traces d’acide sulfurique, et enfin une collection de sels minéraux et d’oligo-éléments tels que calcium, potassium, phosphore, manganèse, cuivre, fer et silice. Enfin, cerise sur le gâteau, des vitamines nombreuses dont de la provitamine A, des vitamines du groupe B (B1, B2, B3, B9) et de la vitamine C, célèbre et incontournable, que le citron contient à hauteur de 40 à 50 mg aux 100 g, ce qui n’a rien là de bien exceptionnel si l’on compare ce taux à ce qu’on peut trouver dans le chou, le navet ou encore le poivron vert, tous beaucoup plus riches en cet acide ascorbique qui, comme l’indique son nom, est acide (pH : 6,5 à 6,6), mais jamais plus que le suc lui-même (pH : 2,1 à 2,5 en général). Complété par un rH2 avoisinant 14,5, cela fait de ces deux données d’excellentes mesures bioélectroniques, chose que les Anciens, sans en connaître l’existence, surent apprécier à sa juste valeur. On a longtemps suspecté un corps de nature acide responsable de l’activité antiscorbutique du citron (ce qui explique le nom donné à cet acide : ascorbique) et jugé de son efficacité face à cette affection, et cela bien avant la découverte de ces corps qu’on nomme « vitamines ». On en usait, sans le savoir, de façon empirique mais néanmoins très efficace. Il n’y a là rien de bien miraculeux, car la vitamine C est présente dans de très nombreuses plantes alimentaires, qu’il importe de consommer de façon régulière puisque la mise en réserve de grandes quantités de vitamine C par l’organisme est impossible. On comprend dès lors les difficultés posées par bien des voyages au long cours qui emportaient très peu de frais et effectuaient le plus gros du trajet en puisant dans des réserves alimentaires constitués d’aliments en conserve, ce qui n’est pas l’idéal, la cuisson réduisant de moitié cette vitamine sensible à la chaleur, fatalement dégradée. De plus, plus les légumes transportés à bord avançaient en âge, et plus ils voyaient cette précieuse substance se volatiliser (de toute façon, je n’imagine pas qu’on attende la saint-glinglin pour manger un chou par exemple, cela serait courir le risque de le voir pourrir ou d’être dévoré par les rats du bord). Et il n’est pas question de s’en remettre uniquement à des légumes secs – ce qu’hélas l’on fit car facilement transportables et stockables sur plusieurs mois : en effet, fèves, lentilles et pois chiches ne recèlent pas une once de vitamine C (mais ces graines en produisent dès lors qu’elle germent, ce qu’on ne s’amuse jamais à tenter sur un navire marchand où l’eau potable est rationnée…Ironie !). Enfin, il ne suffit pas de contenter l’organisme avec de la vitamine C afin de mettre à distance le spectre effrayant du scorbut : on a pu constater, durant la bataille de Stalingrad (1942-1943) que des soldats supplémentés en vitamine C tombaient comme des mouches sous les coups du scorbut, tout simplement parce que cette vitamine fonctionne uniquement lorsqu’elle est combinée avec sa corollaire, l’ex vitamine P, devenue par la suite la vitamine C2. D’où la prééminence à accorder au citron frais : vitamine C dans son jus, vitamine C2 dans son zeste. La Nature n’est-elle pas parfaite ? Allait-elle sadiquement imaginer la vitamine C à tel endroit sur Terre et la C2 à 10000 km de là ? Sérieusement ? Ainsi, sans parvenir à un état scorbutique avancé digne de se voir figurer sur Le radeau de la Méduse du peintre Théodore Géricault, a-t-on pu voir se déclarer des états larvés occasionnés par une pré-carence en vitamine C, surtout possible quand la C2 est absente. Nous aurons à parler tout à l’heure plus en détails du scorbut, chose pas forcément bien intéressante, tant cette maladie par carence est sortie du champ de nos préoccupations. Mais un peu d’histoire médicale ne nuit pas, bien au contraire. C’est une bonne façon de repérer les sottises répétées à l’envi parce que copiées/collées sans discernement. En attendant, bienheureux furent ceux qui, autrefois, purent bénéficier du concours salvateur de la vitamine C du citron (ou de l’orange, peu importe !), tant elle est capitale : elle participe à la destruction des toxines, favorise l’assimilation du fer et la fixation du calcium, stimule le système immunitaire face aux virus et aux bactéries, participe, en tant qu’agent catalyseur, à la synthèse du collagène qui assure une bonne tonicité de la peau, des cartilages et des articulations.

Propriétés thérapeutiques

  • Le pépin : vermifuge, fébrifuge
  • Le zeste : tonique, excitant, sudorifique, carminatif, rubéfiant
  • La feuille : antispasmodique, calmante du système nerveux, stomachique, sudorifique, légèrement tonique, vermifuge
  • Le jus :
    • Tonique, énergétique, augmente la résistance aux infections, antibactérien
    • Hypotenseur, fluidifiant sanguin, tonique veineux, tonicardiaque, renforce la paroi interne des vaisseaux et la circulation sanguine, anti-scléreux, dépuratif sanguin, hémostatique
    • Tonique hépatique et pancréatique, favorise les sécrétions hépatopancréatiques, stimulant de la détoxication du foie
    • Diurétique, éliminateur des urates, dissolvant des cristaux et des toxines au niveau vésico-rénal, antigoutteux, anthirhumatismal
    • Carminatif, anti-acide gastrique11, favorise les sécrétions gastriques, anti-émétique, vermifuge
    • Astringent, détersif, antiseptique cutané, cytophylactique, antiprurigineux, cicatrisant
    • Calmant de la soif et de la sécheresse buccale, rafraîchissant, tempérant
    • Antiscorbutique
    • Anti-anémique, minéralisant
    • Anti-oxydant
    • Fébrifuge
    • Tonique du système nerveux

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : palpitations, hyperviscosité sanguine, hypertension, artériosclérose, varice, phlébite, artères durcies et oblitérées, veines distendues, fragilité capillaire
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : inappétence, atonie stomacale, indigestion, embarras gastrique, gastrite, aigreur d’estomac, hyperacidité gastrique, ulcère d’estomac, diarrhée, lientérie, dysenterie, typhoïde, intoxication alimentaire, dyspepsie, aérophagie, météorisme, gastrorragie, entérorragie, oxyures
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire et pancréatique : lithiase biliaire, insuffisance hépatopancréatique, congestion hépatique, ictère, engorgement hépatique, irritation du foie
  • Troubles de la sphère pulmonaire + ORL : bronchite, maux de gorge, laryngite, pharyngite, angine, états fébriles et grippaux, asthme, otite, sinusite, rhume, tuberculose
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : néphrite, hématurie, ischurie, collection liquidienne (hydropisie, hydropisie résultant d’un mal de Bright, ascite, pléthore), lithiase urinaire, blennorragie, gonorrhée
  • Affections bucco-dentaires : saignement gingival, gingivite, aphte, glossite, stomatite, irritation buccale, muguet
  • Troubles locomoteurs : rhumatisme chronique, rhumatisme articulaire aigu et subaigu, goutte, arthrite, lumbago
  • Affections cutanées : plaie (infectée, putride), ulcère (sanieux, putride, gangreneux, vermineux), pourriture d’hôpital, dartre, dartre furfuracée, furoncle, herpès, verrue, acné, mycose (pied d’athlète), engelure, piqûre (puce, moustique), coup de soleil, lupus, purpura, lentigo, éphélide, résorption des hématomes, parasites cutanés (gale, teigne, poux), entretien des mains (ongles cassants, verrue), des pieds (pieds sensibles et fétides), de la peau du visage (peau grasse et/ou ridée) et des cheveux (souplesse et brillance, éclaircissement des cheveux blonds)
  • Scorbut, ulcère scorbutique
  • Déminéralisation, anémie, croissance, convalescence, asthénie, senescence
  • Affections oculaires : blépharite, conjonctivite du nouveau-né
  • Migraine, céphalée
  • Fièvre, fièvre intermittente

Comme promis plus haut, faisons maintenant un focus sur le scorbut, un terme que l’on doit à une langue qu’on pratique dans un pays bordé par les flots de la mer du Nord, à savoir le danois. En effet, au Danemark, le mot scorbeck signifie « ulcère de la bouche », ce qui est une description exacte mais bien incomplète, le scorbut ne se restreignant pas qu’à la seule image tragique des dents qui se déchaussent de gencives sanguinolentes. A ces signes de seconde catégorie, on peut déjà les faire précéder de ceux qui se manifestent prioritairement, dont un affaiblissement physique et moral qui s’installe progressivement, s’accompagnant de douleurs musculo-articulaires. Le corps, somnolent et apathique, se refroidit, la peau, qui se dessèche, devient terreuse ; le visage pâlit, les yeux s’excavent. Ce n’est donc que dans un second temps que les gencives gonflent et se ramollissent, finissant par s’ulcérer et saigner. L’intérieur de la bouche se couvre de taches bleuâtres et de bulles emplies d’un mélange de sang et de sérosité. L’haleine devient fétide, les dents se détachent. A ces manifestations bucco-dentaires, l’on peut ajouter celles qui concernent l’ensemble du corps, sa partie inférieure surtout : en effet, des plaques diversement colorées (rougeâtres, noirâtres, verdâtres) apparaissent en plusieurs endroits. Outre les hémorragies qui se déroulent au niveau gingival, on en observe d’autres dans les narines, les intestins et à l’endroit des diverses plaies cutanées. A de la constipation succèdent des diarrhées sanglantes. La prostration s’installe. Sans soin d’aucune nature, survient le décès.

On a imaginé des « prédispositions » au scorbut comme, par exemple, le surmenage, un état moral défaillant ou encore un affaiblissement relatif à une maladie antérieure, sorte de séquelle favorisante. Mais, surtout, l’on a remarqué que cette affection survenait dans des conditions particulières d’enfermement volontaire ou non, obligeant, trop longuement, la consommation d’un certain type d’aliments au détriment d’autres, déterminant par là que le scorbut est une maladie par carence qui se déploie préférablement dans les prisons et à bord des navires où la base alimentaire était essentiellement formée de céréales et de légumineuses sèches (lentilles, pois, etc.), aux dépens de tout ce qui peut faire état de sa fraîcheur, c’est-à-dire les fruits et les légumes, mais aussi les viandes et le poisson. On ignora pendant longtemps la nature exacte de la substance qui empêchait au scorbut de se déclarer, mais l’on comprit rapidement dès le XVIe siècle que les fruits et légumes frais prévenaient l’apparition funeste du scorbut, comme, par exemple, le citron et le chou. Nous autres le savons aujourd’hui que c’est l’absence de la vitamine C qui favorise le scorbut, ce que l’on obtient en ne consommant que des céréales/légumineuses au contraire de la viande séchée qui contient bel et bien de la vitamine C, plus profitable encore que celle des agrumes : en effet, préférer ceux-ci, c’est priver l’organisme d’une part de sa vitamine C qu’il utilise pour prendre en charge le fructose contenu dans ce même agrume (au contraire de la viande qui, elle, ne contient pas de glucides). Ainsi, Roques, quand il écrit que « ces substances alimentaires [en parlant des fruits et légumes frais] corrigent, modifient les mauvais effets des viandes salées dont on est obligé de faire une certaine provisions pour les voyages de long cours »12, ne peut que rendre confus le propos que nous souhaitons le plus clair possible. En réalité, malgré tout ce que l’on a pu croire à ce sujet, mieux vaut emporter sur les navires de la viande séchée que des sacs de céréales qui ne contiennent pas de vitamine C !

Quid maintenant de la supplémentation en vitamine C ? Si l’on peut craindre à bon droit (réaliser un scorbut expérimental est un jeu d’enfant) une carence sévère ou nette en vitamine C, force est de constater que le scorbut a disparu des radars depuis belle lurette. Mais existe-t-il cependant d’autres facteurs de carence à la vitamine C ? Non. Hormis chez les fumeurs et les alcooliques chez qui la dégradation de cette vitamine est problématique. Alors, est-ce bien utile de se supplémenter en vitamine C ? Très certainement pas comme on peut le voir être préconisé par certains, ce qui est parfaitement ridicule sachant que cette vitamine est si abondante dans la plupart des végétaux frais qu’il apparaît insensé aujourd’hui de se supplémenter à coups de doses matraques par crainte d’une pénurie de vitamine C. S’il faut craindre une vraie avitaminose, mieux vaut aller voir du côté de la B12 et de la D. L’on y trouvera de réelles raisons de s’inquiéter.

On estime que la dose quotidienne de vitamine C se situe entre 30 et 60 mg. Certains cas particuliers en exigent davantage (adolescence, grossesse, allaitement, préparation à une opération chirurgicale, etc.). Voici une liste de fruits et légumes dans lesquels on trouve de la vitamine C (plus ou moins abondamment) :

  • fruits : banane, orange, citron, raisin, rhubarbe, pomme, prune, cerise, mûre, framboise, melon, ananas, groseille, mandarine, pamplemousse, fraise, cassis, églantier, châtaigne ;
  • légumes : chou (vert, rouge), navet, cresson, cochléaire et autres crucifères, pomme de terre, betterave, carotte, oignon, tomate, fenouil, poivron vert, laitue, mâche, pissenlit, épinard, persil, estragon, pois, haricot vert.

Voilà de quoi combler des besoins en acide ascorbique sans avoir à endurer ces gros cachets effervescents pas ou peu efficaces.

Pour finir, afin de rendre ces deux listes les plus opératives qui soit, prenons part à l’élaboration de celle qui regroupe quelques-uns des aliments les plus représentatifs de cette seconde vitamine, celle qu’autrefois on appelait P ou C2. Peu importe en définitive, le plus important à retenir, c’est son action synergique avec la vitamine C, et savoir que derrière ces deux initiales se dissimulent des flavonoïdes que l’on connaît mieux sous les noms de quercétine, rutine, catéchine, etc. Voici les principales sources d’approvisionnement en quercétine parmi les fruits et les légumes : poivron, oignon rouge, orange, citron, pamplemousse, pomme, cassis, cerise, myrtille, chocolat noir, thé (vert, noir), livèche, câpre, sarrasin, châtaigne, etc.

Modes d’emploi

  • Jus de citron : en interne, mélangé à un demi verre d’eau tiède, miellée ou non.
  • Limonade crue : mélanger le jus d’un citron entier à 500 g d’eau sucrée ou miellée. Possibilité de substituer l’eau au petit lait ou au vin.
  • Limonade cuite : faire infuser un citron coupé en tranches dans 500 g d’eau bouillie. Y ajouter la même quantité de sucre que dans le point précédent. Cette limonade est davantage tonique si au citron on lui conserve le zeste. Et plus amère aussi. A vous de voir.
  • Eau citronnée : placer quelques tranches de citron en macération à froid dans un ou deux litres d’eau. Cela forme une eau de ménage de consommation courante fort utile durant les fortes chaleurs estivales.
  • Potion de Rivière : absorption d’un verre de jus de citron suivie tout de suite après par un second verre empli d’une solution alcaline (eau bicarbonatée). Répéter autant de fois que nécessaire pour faire passer les vomissements ou les envies de vomir.
  • Sirop de citron.
  • Suc pur, coupé d’eau ou par un hydrolat aromatique en application cutanée locale pour le pansement des plaies, etc.
  • Cure de citrons : progressive puis dégressive. On débute par un demi citron par jour. On augmente d’un demi à un citron tous les deux à trois jours. Quand on parvient à la limite de ce que peut tolérer l’organisme, on procède inversement. En règle générale, cela étale la cure sur un laps de temps d’environ trois semaines. Si jamais l’on est un stakhanoviste du jus de citron, l’on peut forcer le trait dès l’abord : on démarre par deux citrons par jour, et chaque jour qui passe, on en ajoute deux supplémentaires jusqu’à atteindre trente citrons par jour ! Ce qui, en un peu plus de trois semaines, représente la formidable somme de 450 citrons, ce qui me paraît très exagéré ! Autant dire qu’il faudra les commander par caisses entières !
  • Infusion de feuilles de citronnier : 10 g par litre d’eau à couvert durant dix minutes.
  • Alcoolat de zeste de citron.
  • Vin d’écorce de citron. (Du zeste, l’on peut encore tirer infusion, sirop et teinture. Si on le fait sécher, il est possible de le pulvériser et de l’administrer dans cet état.)
  • Décoction du fruit comme vermifuge. On peut, par préférence, broyer l’écorce, la pulpe et les pépins, puis les placer en macération à froid dans de l’eau miellée pendant deux heures avant absorption.

Quelques recettes domestiques spéciales

  • Recette contre les céphalées : écraser une tranche de citron dans une tasse de café très noir.
  • Recette contre le rhume : dans 50 ml d’eau, ajouter le jus d’un demi citron, une gousse d’ail finement écrasée et une pincée de cannelle en poudre.
  • Pour se reminéraliser en calcium : placer des coquilles d’œuf préalablement lavées et brisées en petits morceaux dans une solution composée d’eau et de jus de citron. Ce dernier, dissolvant du calcaire, va permettre l’obtention d’un produit crayeux dont l’absorption laisse une drôle d’impression sur les muqueuses buccales et l’émail dentaire.

Quelques recettes passées à la postérité

  • L’eau de mélisse des carmes déchaux : nous en avons déjà parlé dans l’article consacré à cette plante médicinale. S’y référer ici au besoin.
  • L’eau de la reine de Hongrie : son existence est relatée au sein de l’article dédié au romarin : cf. ici.
  • La liqueur du parfait amour : riche composition dans laquelle le citron n’est pas seul à parader, puisqu’on y trouve une fraction florale (rose, vanille) et épicée (anis vert, cannelle, clou de girofle).
  • Le vin diurétique de la Charité : tonique et amer, il contient du quinquina rouge, de la mélisse, de l’absinthe, de la racine d’angélique, etc. en plus du citron.
  • L’eau de Venise : eau de toilette dans laquelle le lait de vache et les pleurs de la vigne délayent les vertus aseptisantes, astringentes et adoucissantes des agrumes (citron, orange).

Afin d’achever cette longue liste, mentionnons encore quelques autres manières d’employer le jus de citron : on l’instille dans les narines tel quel ou avec l’aide d’un Rhino Horn (sinusite, hémorragie nasale), dans les oreilles (otite) et dans les yeux (blépharite, conjonctivite). On en tamponne l’intérieur de la bouche (aphte, stomatite, glossite), on l’applique localement sur le front (migraine), sur les engelures, les blessures et les plaies infectées, sur la peau du visage, des mains, des pieds. On humecte, on lotionne, on fait baigner, etc. Bref, les modes d’emploi sont aussi multiples que le champ d’application du citron est vaste (concernant la seule essence de citron, on peut être abasourdi par l’étendue de ses pouvoirs, alors le jus de citron !…).

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Toxicité : elle est surtout le fait d’un contact journalier avec le citron, en particulier sa peau : autrefois, les ouvriers, décortiquant les citrons à la main, y étaient beaucoup plus exposés. Ils étaient, en effet, sujets à des éruptions cutanées (rougeurs, gonflement, vésicules et pustules). De plus, les émanations d’essence de citron continuellement subies provoquent maux de tête, vertige et névralgie. Per os, une dose trop élevée de zeste cause des irritations gastro-intestinales, de la nausée, des vomissements, de l’hématurie. Quant au suc de citron, son excès peut conduire à une purgation abondante, à des vomissements et autres désordres gastriques et intestinaux, et même des convulsions. Enfin, une précaution bien utile qui nous est communiquée par Cazin : « Comme les acides excitent ordinairement la toux, on doit s’en abstenir dans les inflammations des organes respiratoires »13 et, dans tous les cas, adapter les doses selon l’âge et la circonstance.
  • « Un bon citron est un fruit ferme à la peau bien jaune et sans taches. Les citrons jaunes à peau fine sont les plus juteux ». Ce n’est jamais malheureux que de savoir faire un bon choix tant, parfois, certains citrons possèdent, entre le zeste et la pulpe, une épaisse couche d’albedo spongieuse parfaitement inutile. Et il est vrai que ces citrons-là paraissent souvent grumeleux et boursouflés. Enfin, avant de couper un citron en deux, sachez qu’un citron ouvert s’oxyde et perd facilement une grande partie de ses vitamines. Donc, on ouvre, on presse, on boit !
  • En cuisine : je serai succinct tant j’ai déjà beaucoup parlé dans cette seconde partie. Disons simplement qu’on use du zeste et du jus, aussi bien cru que cuit, confit, râpé ou pressé. On le destine autant aux mets salés que sucrés, à travers marinades, sauces et boissons.
  • Stabulons encore un brin dans la cuisine, section placard à balais ! On peut faire officier l’acide citrique en maintes occasions, pour lesquelles le jus de citron ou le seul zeste peuvent remplir bien des rôles non dénués d’intérêt pour ce qui concerne le seul domaine des arts ménagers. Sans vouloir rivaliser avec le « guide des 1001 astuces à réaliser avec du citron », citons quelques informations intéressantes :
    • le jus de citron nettoie parfaitement les objets en laiton, en cuivre, en argent, ôte les taches de rouille, ravive les surfaces de marbre ;
    • se frictionner les doigts et les ongles de jus de citron permet d’en enlever les taches abandonnées là par certains légumes après épluchage ;
    • le zeste de citron fait fuir les mites des placards ; un citron moisi écarte les fourmis importunes ;
    • quelques filets de jus de citron désinfectent une eau de table suspecte, tandis qu’à doses plus prononcées, le jus de citron corrige bien des empoisonnements aux substances alcalines : soude, potasse, eau de Javel, chlorure de calcium, eau sédative de Raspail (contenant de l’ammoniaque). De plus, le citron dissipe la stupeur, l’engourdissement et la somnolence induits par les plantes narcotiques, l’opium, les solanacées et divers champignons toxiques.

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  1. Pierre Delaveau, La mémoire des mots en médecine, pharmacie et sciences, p. 154.
  2. Virgile, Les Géorgiques, p. 119.
  3. Grand Albert, pp. 240-241.
  4. Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 3, p. 153.
  5. Didier Roguet, Symboles et sentiments. Secrets de plantes, p. 102.
  6. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 2, p. 96.
  7. David Fontana, Le nouveau langage secret des symboles, p. 40.
  8. Hans Christian Andersen, Poucette, p. 112.
  9. Raymond Dextreit, L’argile qui guérit, p. 102.
  10. Acide organique inodore, se présentant sous la forme de petits cristaux blancs qui crissent entre eux, l’acide citrique a été isolé par le chimiste suédois Carl Scheele en 1784. Très largement présent dans le monde végétal, il existe dans le citron, qui lui a donné son nom, mais aussi dans l’orange, la tomate, les groseilles, etc. En tant qu’additif alimentaire, il porte le code E330.
  11. « L’introduction d’un acide très faible prépare le corps à sa défense et favorise le développement d’alcalis naturels qui viendront, une fois pour toutes, remettre les choses en place » (P. P. Botan, Dictionnaire des plantes médicinales les plus usuelles et de leurs applications thérapeutiques, p. 65).
  12. Joseph Roques, Nouveau Traité des plantes usuelles, Tome 1, pp. 259-260.
  13. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 301.

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