Les phénols composent une famille moléculaire aux propriétés excessivement puissantes. Si nous avons dit des monoterpènes qu’ils sont positivants et plein de peps, les phénols sont, quant à eux, de la pure dynamite ! Il s’agira donc de les manier avec prudence. On les trouve plus particulièrement dans ces quelques familles botaniques :
- Lamiacées (thym, origan, sarriette, serpolet…)
- Lauracées (cannelle, laurier noble)
- Myrtacées (clou de girofle)
- Apiacées (ajowan)
Tout comme pour les monoterpènes et les sesquiterpènes, on observe des propriétés communes et d’autres plus spécifiques :
- Anti-infectieuses à très large spectre d’action : antibactériennes, antivirales, antifongiques, antiparasitaires
- Positivantes, toniques, stimulantes, immunostimulantes
- Anti-oxydantes
- Antalgique, antispasmodique, cautérisante pulpaire (clou de girofle)
- Antalgique percutanée, anti-inflammatoire (sarriette des montagnes)
- Antinauséeuse, carminative (ajowan)
Comme cela a déjà été évoqué à propos des monoterpènes, les phénols sont puissamment dermocaustiques. En application pure sur la peau et les muqueuses, des phénomènes tels qu’irritation, érythème, sensation de chaleur et/ou de brûlure peuvent se produire. Il sera bon d’observer les règles de dilution suivantes :
- Muqueuses : 1 % max.
- Peau : 5 % max.
A cette toxicité cutanée, peut s’ajouter une toxicité hépatique en cas de prise orale. Vu la puissance des huiles essentielles à phénols, il n’est pas recommandé de procéder à des traitements internes au long cours. On procédera à un traitement d’attaque sur 5/7 jours puis on optera pour d’autres huiles essentielles plus « légères ». La plupart des huiles essentielles à phénols sont hépatotoxiques à hautes doses et sur un laps de temps prolongé, sauf celles de cannelle de Ceylan « feuilles » et de clou de girofle qui présentent l’inconvénient d’être incompatibles avec les personnes sujettes à des pathologies cardio-vasculaires.
A propos de la diffusion atmosphérique de telles huiles essentielles, les quantités et la durée de diffusion devront être réduites au strict minimum. En effet, ces huiles essentielles en diffusion sont irritantes pour les muqueuses (oculaires, buccales…).
Les phénols les plus fréquents dans le monde aromatique se nomment thymol, carvacrol, eugénol et australol. Contrairement aux monoterpènes, les phénols sont très longs à apparaître lors de la distillation. Il faut compter pas moins de 90 mn avant de les voir pointer le bout du nez. Peut-on, dès lors, affirmer que ce sont des molécules lourdes ? Assurément, bien qu’elles soient très peu employées en parfumerie pour d’évidentes raisons liées à la dermocausticité ainsi qu’au potentiel allergisant qui caractérisent ces molécules. En revanche, on peut utiliser avec bonheur et succès ces huiles essentielles en cuisine : thym, sarriette, cannelle, clou de girofle, serpolet, etc. Cependant, on veillera bien à respecter scrupuleusement les doses. En effet, il serait dommage de gâcher un plat par l’arôme excessif d’un clou de girofle ou d’un thym qui viendrait masquer toutes les autres saveurs.
Pour finir, une petite liste des principales huiles essentielles à phénols : ajowan (46 %), cannelle de Ceylan « écorce » (8 %), cannelle de Ceylan « feuilles » (80 %), clou de girofle (80 %), laurier noble (10 %), origan compact (65 %), origan d’Espagne (70 %), origan vulgaire (70 %), sarriette des montagnes (60 %), serpolet (30 %), thym à feuilles de sarriette (15 %), thym vulgaire à thymol (50 %).
© Books of Dante – 2014