Le souci (Calendula officinalis)

Synonymes : calendula, calendule, fleur de tous les mois, souci des jardins, souci des jardiniers, souci cultivé, souci officinal, grand souci, souci du poète, épouse de l’été, épouse du soleil, cadran du mari, fleur de vache, fleur de taureau, fleur dorée de Marie (le « marigold » anglais), marianne, fleur d’or, fleuron, fleuron d’or, flamme, herbe brillante, jaune d’œuf, safran du pauvre homme, ivrogne, campagnard, dragon d’eau, merveille, fleur du chagrin, fleur de la mort (lisible également dans le totenblum allemand, le death-flower anglais et le flor de muerto espagnol).

Du temps des anciens Grecs, Théophraste et Dioscoride par exemple, on parle d’une plante appelée Klymenos. Parallèlement, chez les Romains (Virgile, Pline, Columelle…), on évoque le cas d’un Caltha. Certains auteurs peu avisés ont voulu voir dans ces deux appellations le souci. Si le premier de ces termes a été oublié depuis, une confusion a longtemps perduré à propos du second, tant et si bien qu’au XVI ème siècle, Jean Bauhin désignait le souci des jardins par le nom latin de Caltha vulgaris, alors qu’un autre caltha, Caltha palustris – qui n’est autre que le fréquent populage – était, lui, surnommé souci des marais, souci d’eau (marsh marigold en anglais, histoire d’entretenir la confusion)… Hormis la couleur des fleurs, ces deux plantes n’ont pas grand-chose en commun. Il semblerait que le souci ait été inconnu des Anciens gréco-romains, d’autant que, comme le rappelle Fournier, cette espèce végétale est inexistante en Italie comme en Grèce. Aussi, quand il est affirmé çà et là que le souci faisait déjà l’objet d’une utilisation culinaire et thérapeutique chez les Romains, qu’ils introduisirent eux-même cette plante en Angleterre, j’ai quelque peine à le croire.
Dès la fin du VIII ème siècle, on rencontre le souci dans le Capitulaire de Villis sous le nom de solsequia, un terme proche du solsequium que nous avons abordé lorsque nous avons étudié la chicorée. Mais ce capitulaire attribue un autre nom à cette dernière : Intubas. Elle se distingue donc nettement du souci carolingien, bien que la communauté de ces deux appellations ait provoqué bien des confusions, puisque souci, chicorée et même pissenlit répondaient au titre de plantes « météorologiques », solsequia et solsequium faisant référence au fait que ces plantes suivent la trace du soleil dans le ciel, s’ouvrent à son apparition en milieu de matinée et se ferment à sa disparition à l’approche de l’heure du thé. La mythologie grecque tenta d’expliquer ce phénomène à sa manière : quatre nymphes des bois tombèrent éperdument amoureuses du dieu Apollon et en conçurent de la jalousie les unes pour les autres. Cela dissipa tant leur attention qu’elles finirent par négliger leurs obligations auprès d’Artémis, qui les métamorphosa en quatre soucis blancs et ternes, à la vue desquels Apollon s’affligeait. Il ne pût pas faire autre chose que d’en colorer les fleurs à l’aide des rayons du soleil. C’est depuis ce jour que le souci porte des capitules jaune d’or ou orange qui déplacent leur tête selon la course du soleil, pour rappeler l’amoureux souvenir des nymphes qui n’eurent d’yeux que pour le lumineux Phœbus.
Puis, la forme solsequia s’est transformée en soulcil, comme l’écrit Rabelais au XVI ème siècle, soulcie, soucie, enfin souci, mot apparu vers 1540. Quant au nom scientifique du souci, calendula, plus ancien (du temps de l’école de Salerne au moins), il proviendrait du latin calandæ, qui désigne les calendes, c’est-à-dire le premier jour de chaque mois, puisqu’il est vrai que sous climat clément, et en l’absence de gelées, le souci est capable de fleurir toute l’année, autrement dit tous les mois. C’est donc non seulement une plante météorologique mais également calendaire (dont est tiré le mot calendrier).
Le souci est une plante très prisée au Moyen-Âge, passant pour une panacée. Hildegarde ne s’embarrasse pas du latin pour le nommer, puisqu’elle l’appelle Ringula, forme proche de l’allemand actuel, Ringelblume. Elle exploite ses puissantes propriétés pour guérir ulcérations cutanées et démangeaisons occasionnées par la gale et l’impétigo du cuir chevelu. Il est alors déjà un excellent topique. Hildegarde le prescrit également en cas de troubles intestinaux et, tout comme Albert le Grand, le considère comme antidote face au poison, aux morsures d’animaux venimeux et autres intoxications. De plus, Albert conseille le souci en cas d’obstruction des viscères abdominaux tels que le foie et la rate.
En 1498, on rencontre dans l’Arbolayre (aka Le grant herbier en françois) la première mention concernant les qualités emménagogues du souci, lesquelles seront rappelées par Matthiole en 1554, puis par Matthias de l’Obel qui le considérait comme modérateur des flux menstruels exagérés et remède à leur insuffisance. « Pour provoquer et aussi faire courre les fleurs qui sont retenues » : autrement dit, réguler la fonction cataméniale. Matthiole dit en avoir obtenu de très bons et très nombreux effets.
Puis, très tôt, dès le XVII ème siècle, le souci tombe dans l’oubli, mais pas forcément pour tout le monde : Schröder (1641) et Vitet (1770) poursuivent dans la voie tracée par Matthiole et de l’Obel, faisant intervenir cette plante en cas d’aménorrhée. Roques sans doute le premier, remarque au début du XIX ème siècle que « ces plantes ont beaucoup perdu de leur réputation ; elles figurent encore dans la pharmacologie, mais aucun médecin ne les emploie » (1). Même son de cloche du côté de Cazin : « Le souci, dont la médecine moderne fait à peine usage, et auquel les gens de la campagne accordent par tradition mille propriétés plus merveilleuses les unes que les autres, a été considéré comme stimulant, antispasmodique, sudorifique, emménagogue, fébrifuge, fondant » (2), dépuratif et anticancéreux par la médecine populaire. A ce titre, le souci a régulièrement été employé contre les diverses maladies de la peau, les maladies nerveuses et l’hystérie, l’engorgement des viscères abdominaux, les affections scorbutiques et scrofuleuses, les fièvres intermittentes, la jaunisse, les menstruations laborieuses, etc. On a beau dire et moquer les empiriques qui ne sont pas des scientifiques, il est cependant « bien curieux de constater que l’emploi du souci contre la jaunisse et les troubles hépatiques de la médecine empirique et populaire, que l’on avait cru simple effet de la ‘doctrine des signatures’ en raison de la couleur des fleurs, s’est trouvé confirmé par les recherches modernes » (3).
Au début du XIX ème siècle (1804), l’oncologue français Bernard Peyrilhe attribue des qualités « narcotiques » au souci et dit de lui que c’est une « plante excellente, très usitée comme emménagogue domestique ». A la fin du même siècle, l’abbé Sébastien Kneipp se pose comme l’ardent défenseur du souci, plante qui trouva un usage inattendu comme hémostatique sur les champs de bataille lors de la Guerre de sécession américaine.
En 1937, le médecin allemand Wolfgang Bohn considère non seulement le souci comme un préventif du cancer, mais il affirme aussi que c’est « l’une des médications les plus puissantes contre la décomposition du sang cancéreux et contre le cancer inopérable ». Aujourd’hui, cette dernière propriété, relayée encore récemment par Jean Valnet dans les années 1970, n’est peut-être pas celle qu’on croît, mais force est de constater que la pommade de souci remplace très avantageusement la biafine dans le traitement des dermites provoquées par la radiothérapie.
Lors de la longue histoire thérapeutique d’une plante, l’on découvre, l’on ajoute, plus l’on retranche pour diverses raisons telle ou telle propriété : c’est ce que l’on peut voir chez Bisset et Wichtl (Herbal Drugs & Phytopharmaceuticals, 1994), ouvrage dans lequel ces auteurs battent en brèche les vertus du souci sur les sphères hépatobiliaires et stomachiques que vantait Fournier dans les années 1940.

Le souci est une astéracée annuelle ou à pérennité brève quand les conditions climatiques s’y prêtent, et dont la taille à plein développement est généralement comprise entre 30 et 50 cm de hauteur. Sur les tiges rameuses et pubescentes du souci, l’on distingue deux types de feuilles : les inférieures en forme de spatule épaisse et charnue, piquetées de points translucides, et les supérieures, également sessiles, plus petites et lancéolées. Durant les fortes chaleurs, le feuillage du souci colle aux doigts, le calice devient poisseux. Sous le soleil, l’on sue, c’est bien normal. Les capitules tubuleux de 2 à 5 cm de diamètre fleurissent généralement de juin à octobre. Solitaires sur leur long pédoncule, on les voit s’orner de jaune d’or, d’orange vif, de rouge brique parfois. Ils ne forment pas à eux seuls des fleurs uniques, car chez les Astéracées, ex Composées, ils sont formés d’une multitude de fleurons. Un capitule n’est jamais qu’un regroupement massif de fleurs serrées les unes contre les autres comme des sardines dans leur boîte : un seul capitule est donc un bouquet à lui tout seul. Chez le souci, on dénombre trois fleurs bien distinctes : un cœur de fleurs mâles et stériles, une double couronne de ligules femelles et fertiles, enfin des fleurs intermédiaires fertiles et hermaphrodites. Originale, la fructification du souci donne donc lieu à trois formes de semences différentes, akènes sans aigrettes, « les uns bordés de larges ailes en bateau destinées à favoriser leur dispersion par le vent, les autres, formant le rang externe, sans ailes mais munis de crochets en vue de leur dispersion par les animaux, d’autres enfin, dans le centre, sans ailes ni crochets, étroits, en forme de chenilles » (4) ou de lunes.
Le souci des jardins est originaire de zones méditerranéennes, chaudes et ensoleillées, où il vient spontanément. Il a une préférence pour les sols calcaires et les terres assez riches, mais ne dédaigne pas les bords de chemins, les talus, les champs labourés, ainsi que les friches. Partout ailleurs, il est cultivé.

N’est-ce pas étonnant que cette plante en forme de soleil abrite des fruits en forme de minuscules lunes ? Si ce n’était qu’une anecdote, nous passerions rapidement dessus. Mais, d’un point de vue astrologique, l’on peut dire que le souci est une fleur lunaire dans le sens où il résorbe les œdèmes et s’avère être un puissant cicatrisant. Et, à n’en pas douter, il est aussi l’une des grandes plantes solaires, tant il est bénéfique aux personnes placées sous la domination de l’astre diurne. En effet, le souci agit sur les troubles oculaires, les fièvres et l’hypertension. L’on dit aussi qu’il permet de tempérer les excès de Mars, ceux du Bélier surtout, entravant les élans par trop téméraires, injectant un peu de patience dans ces têtes brûlées. Il s’adresse aussi aux chocs, états de chocs, traumatismes, émotions fortes (colère, furie), tout à fait « dignes » du Bélier.
Par le signe du Lion, le souci concentre son attention sur le cœur et les yeux. Dans le premier cas, cela explique son rôle dans la sphère amoureuse et sa plausible réputation d’aphrodisiaque : semer du souci dans l’empreinte du pas d’un bien-aimé est censé l’attacher à soi. Tout au contraire, l’on a parfois qualifié le souci de fleur du chagrin. C’est ainsi que Shakespeare le présente dans Le conte d’hiver : « The marigold that goes to bed with the sun, and with him rises weeping » (Le souci qui va se coucher avec le soleil se réveille avec lui en pleurant). C’est une observation très vraie du poète anglais et qui repose sur une caractéristique botanique : passant la nuit fermé, il s’ouvre au matin, dégoulinant de la rosée qui a été capturée au sein de ses capitules, d’où l’impression que la plante pleure.
En ce qui concerne la sphère visuelle, comme le Soleil apporte la claire voyance l’on a fait du souci une plante de vision permettant de discerner les voleurs des honnêtes gens, de voir les fées, de comprendre le langage des oiseaux. Placer ses fleurs sous l’oreiller favoriseraient les songes prophétiques, en même temps qu’elles sont censées protéger les dormeurs durant leur sommeil. Cette lumière dorée qui émane du Soleil et qui s’est transposée en un plus infime fragment en la fleur du souci, explique que les Anglais aient appelé cette plante marigold (qui est le nom vernaculaire qu’ils utilisent le plus fréquemment pour désigner vulgairement cette plante, comme nous autres faisons avec « souci ») : le légendaire chrétien explique que c’est parce que le souci fleurit pendant presque toutes les célébrations dédiées à la Vierge Marie, qu’il porte ce nom d’or de Marie. L’or solaire étant inaltérable, on a vu dans le souci un puissant symbole de protection, écartant le mal si on le porte sur soi enfermé dans un sachet de toile blanche. Ainsi, le souci est un parfait compagnon pour les personnes nerveuses qui s’effrayent d’un rien, qui ne se sentent pas à l’abri, estimant faibles leurs défenses (psychiques, sociales et immunitaires), ce qui les fait tomber malades bien souvent.
Réconfort du cœur et de l’esprit, « le souci, aux couleurs chatoyantes, était supposé abriter des esprits et favoriser la gaieté » (5). Au Moyen-Âge déjà, l’on pensait que la seule vue de soucis fleuris permettait d’expulser les mauvaises humeurs qui encombrent l’esprit.
Toujours en vertu de son caractère solaire, le souci résonne très fortement avec le chakra du plexus solaire qui prodigue chaleur et compassion. Ce chakra, se superposant au symbolisme du souci, fait donc de cette plante une fleur éminemment sociale qui peut nous faire prendre conscience des liens qui nous unissent au plus grand nombre, c’est-à-dire la communication, la parole utilisée comme une « véritable force spirituelle créatrice de l’âme ».

Le souci en phyto-aromathérapie

Le souci est un drôle de gaillard. Qu’une plante qui exhale une odeur si forte et assez désagréable (et cela vaut tant pour les feuilles que les fleurs toutes deux fraîches) ait pris à sa charge des interventions réparatrices de la peau, a de quoi laisser pantois. La brusquerie de son parfum cadre effectivement mal avec l’interface cutanée, enveloppe fragile, d’autant si elle est blessée dans ses chairs.
Parfum cireux, d’aucuns purent dire. Vireux eût mieux valu. Mais le ramage ne vaut pas toujours le plumage : si les feuilles sont quasi insipides (infusées, elles dégagent, dit-on, une odeur rappelant celle du vin…), les racines (dont on ne se servira pas ici) et les fleurs dégagent une saveur qu’on a dite acerbe, acidulée, âcre, un peu amère…
Aujourd’hui, les deux seules parties végétales de la plante qui font l’objet d’un usage régulier sont les feuilles mais surtout les capitules floraux qui, les unes et les autres, s’emploient de préférence à l’état frais, bien qu’on puisse utiliser les capitules et/ou les ligules une fois la dessiccation accomplie, mais, comme assez souvent, elle s’accompagne d’une perte de saveur (il demeure encore un brin d’amertume) et d’odeur (en froissant la plante sèche entre les doigts, un reliquat parfumé pas si désagréable que ça les imprègne).
Voici maintenant de quoi se compose le souci officinal : des substances amères (20 %), une gomme-résine (6 %), du mucilage (1,5 %), de l’acide malique (7 %) et un peu d’acide salicylique, de saponines, des flavonoïdes, des phytostérols, un triterpène du nom de faradiol (molécule anti-inflammatoire et anti-œdèmateuse), et une palanquée de caroténoïdes (pas seulement pour la couleur) : lycopène, carotène, calenduline (3 %), lutéine, lutéoxanthine, flavoxanthine, etc. Enfin, dernier point de détail, une infime fraction aromatique (0,02 %). Les composés aromatiques du souci ne se prêtent pas à ma connaissance à la distillation à la vapeur d’eau. Mais il existe un absolu de souci, se présentant sous la forme d’un liquide visqueux de couleur brun verdâtre foncé, au fort parfum herbacé. Autre méthode d’extraction : le CO2 supercritique. J’ai un de ces extraits à la maison, je puis donc vous en parler un peu. Le produit que je possède est constitué de 10 % d’extrait CO2 de calendula et de 90 % d’huile végétale de tournesol désodorisée (cela permet une fluidité que l’extrait n’a pas lui-même : s’il est liquide à 40° C, à température ambiante, il est cireux, ce qui n’en facilite pas l’utilisation).
Cette substance rouge sombre à brun est tirée des fleurs sèches. Au flacon, j’y perçois une odeur épaisse, terreuse. Un peu de pain d’épices, de caramel, de fumée, mais pas autant de douceur que cela, pas de sucre (un peu, il est fruité, raisin sec), ni l’odeur trop fondante de la mélasse, malgré une commune couleur. Encore un peu de floral et de foin (coumarines ?) dans tout cela.
Quelques données chiffrées pour se faire une idée de la composition biochimique de cette étonnante substance :

  • Alcools : 33 %, dont alcool oléylique
  • Acides : 28 %, dont acides eicosénique et octodécanoïque
  • Esters : 15 %, dont eicosénoate de méthyle, eicosénoate d’éthyle

Propriétés thérapeutiques

  • Digestif, stimulant hépatique, cholagogue, cholérétique, cicatrisant gastro-intestinal, anti-émétique
  • Dépuratif puissant, diurétique
  • Sudorifique puissant (action semblable à celle de la bourrache que le souci peut remplacer ou compléter), fébrifuge
  • Anti-infectieux (antibactérien, antifongique, antiviral), antiseptique
  • Emménagogue très sûr (régulateur des menstruations, modérateur des flux menstruels trop abondants, sédatif des douleurs menstruelles), œstrogen like léger
  • Hypotenseur par vasodilatation périphérique, draineur lymphatique, hémostatique, cicatrisant des capillaires sanguins
  • Antispasmodique
  • Soulage les contractions musculaires
  • Calmant, apaisant et protecteur cutané, cicatrisant puissant, vulnéraire, résolutif, régénérateur cutané, détersif, astringent, anti-inflammatoire cutané, émollient, adoucissant
  • Insectifuge (?)
  • Antitumoral (?)
  • Anti-oxydant superbe

Usages thérapeutiques

  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : douleur, inflammation, ulcération et spasmes du tube digestif, gastrite, entérite, colite, iléite, pyrosis et autres inflammations œsophagiennes, vomissement, vomissement opiniâtre, cancer gastro-intestinal (?)
  • Troubles de la sphère hépatobiliaire : congestion hépatique, ictère, affections biliaires
  • Troubles de la sphère gynécologique : aménorrhée (en cas d’anémie et de névropathie), dysménorrhée, retard des règles, engorgement du col de l’utérus, ulcère utérin, cancer de l’utérus et des seins, douleurs au mamelon lors de l’allaitement, mammite, candidose vaginale, ménopause
  • Troubles de la sphère circulatoire : varice, douleur hémorroïdaire, couperose, circulation sanguine paresseuse, rupture des capillaires sanguins, hématome (le souci est moins efficace que l’arnica en ce cas)
  • Affections bucco-dentaires : irritation, inflammation et infection de la bouche, ulcère buccal, maux de dents, saignement gingival
  • Troubles de la sphère respiratoire : inflammation de la gorge, pneumonie, grippe
  • Troubles de la sphère vésico-rénale : cystite, infection urinaire, oligurie
  • Œdème, anasarque, hydropisie, engorgement de la rate
  • Affections oculaires : ophtalmie, ophtalmie chronique (sauf en cas d’irritation de la conjonctive), palpébrite chronique, ulcération des paupières
  • Troubles locomoteurs : rhumatisme, inflammation rhumatismale, crampe et spasmes musculaires, foulure, entorse
  • Fièvre, fièvre éruptive (lors de la varicelle), fièvre intermittente, cachexie paludéenne
  • Adénite, ulcère scrofuleux

Voilà qui n’est déjà pas si mal. Mais comme « le souci est l’un des meilleurs vulnéraires de la flore d’Europe » (6), il est surtout attendu pour l’ensemble de ses actions remarquables sur l’interface cutanée.

  • Affections cutanées : soin des peaux sensibles, irritées, enflammées, grasses comme sèches, plaies de toute nature (y compris ulcérées et cancéreuses), ulcère (sordide, calleux, variqueux, ulcus cruris ou ulcère de jambe), contusion, coup, choc, blessure, meurtrissure, brûlure, engelure, engelure grave, engelure ulcérée, gerçure, crevasse (y compris des mamelons), éraflure, écorchure, cor, durillon, chancre, psoriasis, eczéma squameux ou lichénoïde, ecthyma, dartre, impétigo, acné, furoncle, verrue, prurit, radiodermite, rougeur, érythème fessier du nourrisson, urticaire, démangeaison, coup de soleil, piqûre d’insecte, escarre, excoriation, abcès, staphylococcie cutanée, pied d’athlète, candidose cutanée, muguet, intertrigo miliaire (d’après l’aspect pris par cette affection : en forme de grains de millet)

Le souci en médecine traditionnelle chinoise

On usera du souci avec profit afin de tonifier l’énergie au sein de deux méridiens étroitement liés puisque associés au même élément, la Terre. Il s’agit du méridien de la Rate/Pancréas (Yin) et de celui de l’Estomac (Yang). C’est ainsi que nous rencontrons une fois de plus le caractère tant solaire que lunaire du calendula.
Le premier de ces méridiens prend en charge l’ensemble des glandes situées sur le trajet de l’appareil digestif, mais également les glandes mammaires et les ovaires (rappelons que le souci est emménagogue, il a une action manifeste sur la sphère gynécologique). Le méridien de la Rate/Pancréas, c’est aussi celui qui différencie ce qui est utile ou non au sein de l’organisme. Si ce méridien est perturbé, apparaissent alors troubles digestifs, aménorrhée et dysménorrhée. En terme de situations psycho-émotionnelles, ce dérèglement se traduit par de l’inquiétude, de l’angoisse, de l’insécurité, de la mélancolie, de la procrastination, en somme, par des soucis. C’est pourquoi cette herbe avait autrefois la vertu de faire retrouver la paix quand on l’avait perdue, comme le suggère cet extrait du Petit Albert : « Si quelqu’un, ayant observé que le Soleil est entré au signe de la Vierge, a soin de cueillir la fleur de souci, qui a été appelée, par les Anciens, Épouse du Soleil et si on l’enveloppe dedans des feuilles de laurier avec une dent de loup, personne ne pourra parler mal de celui qui les portera sur lui et vivra dans une profonde paix et tranquillité avec tout le monde » (7).
Le second méridien, celui de l’Estomac, est en relation avec la chaleur produite par le corps. La fleur solaire qu’est le souci est donc tout indiquée. Une perte énergétique au niveau de ce méridien peut se transposer par des difficultés digestives, voire pire, des ulcères gastriques. Mais il est aussi impliqué dans le bon fonctionnement des glandes génitales, tant féminines (Yin et lunaires) que masculines (Yang et solaires).

Modes d’emploi

  • Infusion aqueuse ou vineuse de feuilles ou de fleurs fraîches ou sèches (ça donne le choix !). Suggestion : tisane des cinq fleurs sudorifiques. Compter fleurs de souci, de bourrache, de genêt, de pensée (5 g de chaque) et de lavande (10 g). Une cuillère à soupe du mélange pour une tasse d’eau en infusion pendant 10 mn.
  • Décoction de fleurs ou de feuilles fraîches pour usage interne comme externe (compresse, lotion, bain). Voici une recette qui se destine aux bains de pieds (pieds douloureux, mycoses, etc.) : sauge, aigremoine, souci (cinq cuillerées à soupe de chaque) en décoction dans un litre d’eau pendant 10 mn. Autre : deux poignées de capitules de souci frais en décoction dans un litre d’eau durant 10 mn.
  • Macération acétique, vineuse, alcoolique de la plante fraîche. Pour la teinture, compter une partie de souci pour cinq d’alcool en digestion pendant 15 jours.
  • Macérât huileux des ligules fraîches dans l’huile d’olive (même mode d’obtention que pour l’huile rouge, le macérat huileux de pâquerette, de feuilles de lierre, etc.).
  • Cataplasme de feuilles fraîches ou de « pétales » frais.
  • Onguent : 50 g de ligules fraîches en digestion douce dans 150 g de saindoux.
  • Pommade : une part de teinture alcoolique de souci pour neuf parts de glycérine végétale. Autre : suc de la plante entière fraîche (4 à 6 g) mêlé à un corps gras (40 à 60 g).
  • Suc des feuilles ou de la plante entière.
  • Extrait CO2 en application locale, pur ou dilué dans une huile végétale.

Note : d’un point de vue plus « cosmétique », le souci entre pour une grande part dans de multiples recettes : lotion capillaire éclaircissante, crème de nuit nutritive, bain purifiant pour la peau, gommage de la peau du visage, etc.

Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations

  • Récolte : les capitules se cueillent au fur et à mesure des besoins (prendre soin de ne pas ramasser des capitules trop avancés dans leur floraison, voire fanés). On les utilise immédiatement ou bien on les fait sécher. Les feuilles, qui exigent un usage à l’état frais, peuvent être récoltées durant toute la bonne saison. Noter qu’une fois secs, les capitules doivent absolument être conservés bien à l’abri, sinon ils captent l’humidité ambiante ce qui, in fine, les rend impropre à quelque consommation que ce soit.
  • Toxicité : aucune n’a été consignée à ce jour. Il faut cependant se méfier de la contagion que les emplois de l’arnica font peser sur le souci. Bien que de la même famille, le souci ne présente aucun des inconvénients de l’arnica dont la toxicité a été bel et bien établie. Néanmoins, persiste toujours une possible allergie aux plantes de la famille des Astéracées.
  • Alimentation : le souci, par ses « pétales », n’est pas à proprement parler une espèce alimentaire, ses ligules étant peu goûteuses. Cependant, si elles décorent joliment une salade, elles sont tout de même comestibles. Le souci est surtout réputé pour ses vertus tinctoriales. Outre qu’on l’invite parfois à teindre les cheveux et le textile, autrefois on en colorait le lait, ce qui jaunissait le fromage et le beurre obtenu avec lui. « Les laitières de Paris se servent quelquefois de la fleur du souci pour colorer le lait qu’elles ont écrémé et délayé (8) ; mais cette addition lui donne un goût désagréable » (9). Sans doute que le beurre au calendula n’était-il manifestement pas très appétissant, mais il formait là un onguent bien pratique contre les brûlures et usité comme tel. Une fois bien secs, les pétales pulvérisés teintent le riz, le poisson, etc., à la manière du safran et du curcuma, mais sans accorder la note épicée de ces derniers aux aliments. C’est pourquoi le souci a souvent falsifié l’onéreux safran. Quant aux boutons floraux, ils se préparent au vinaigre comme les câpres.
  • Variétés : le Resina aux abondantes fleurs jaunes, le Porcupine à l’allure de dahlia, le Baby Orange aux doubles fleurs, le Kablouna aux gros capitules doubles et plats. Ajoutons encore les variétés Pot Marigold, Sherbert Fizz et Pacific Beauty.
  • Autres espèce : le souci des champs (Calendula arvensis). Espèce sauvage et annuelle, elle est bien moins majestueuse que le souci officinal qui prend abri entre les quatre murs des jardins. Plus modeste (10 à 30 cm), ses capitules de couleur jaune d’or ou orange sont surtout plus petits puisqu’ils n’excèdent pas 2 cm de diamètre. Ce souci est particulièrement endémique au Midi de la France. Autrefois très fréquent, il s’est raréfié aujourd’hui sans toutefois faire partie des espèces végétales menacées en France. Présent surtout à basse altitude, il ne se trouve jamais bien loin de son cousin domestique, s’implantant près des cultures, des vergers, des vignes et des jardins. Il offre les mêmes emplois thérapeutiques que Calendula officinalis.

  1. Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles spécialement appliqué à la médecine domestique et au régime alimentaire de l’homme sain ou malade, Tome 2, p. 352.
  2. François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 914.
  3. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 907.
  4. Ibidem, p. 906.
  5. Larousse des plantes médicinales, p. 73.
  6. Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, p. 424.
  7. Petit Albert, p. 328.
  8. On procédait ainsi dès la fin de l’automne, pour non seulement en rehausser la couleur – le lait d’hiver étant plus pâle – mais également en augmenter la teneur en provitamine A dont est riche le souci.
  9. Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles spécialement appliqué à la médecine domestique et au régime alimentaire de l’homme sain ou malade, Tome 2, p. 352.

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