Eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus) et eucalyptus radié (Eucalyptus radiata)
Bien que la langue en usage en Australie soit l’anglais, cette île n’a pourtant pas été découverte par les Britanniques, mais par les Hollandais au XVII ème siècle (1605). A cette époque, il est encore trop tôt pour raconter l’histoire de l’eucalyptus. Après l’anecdote à la sauce hollandaise, venons-en aux Anglais, incarnés en la personne du navigateur James Cook (1728-1779) qui effectua trois voyages entre 1768 et 1779 qui le menèrent à chaque fois non loin de cette immense île australe. A bord, des botanistes, et à chaque escale, des échantillons prélevés, mais qui ne seront, pour la plupart, étudiés que plus tardivement. Cela n’empêche pas l’Australie de devenir possession anglaise au grand dam des Français, en guerre, encore, contre Albion, l’ennemi juré. Or, à la même période, des navigateurs français croisent dans le même coin, ou peu s’en faut. C’est le cas du militaire et navigateur Jean-François de la Pérouse dont on finit pas ne plus avoir de nouvelle en 1788, après qu’il ait mouillé au large de Botany Bay entre janvier et mars de la même année. Aussi, peut-on dire que La Pérouse a touché l’Australie en au moins un point. Étant presque assuré qu’il lui est arrivé malheur, la France missionne D’entrecasteaux qui embarque en septembre 1791 à bord de frégates aux noms qu’on peut penser propitiatoires, La Recherche et L’Espérance, qui emportent (tant qu’à faire des milliers de kilomètres jusqu’aux antipodes, autant ne pas s’y rendre pour rien) dans son ventre un naturaliste, La Billardière (1755-1834). L’année suivante, en mai 1792, l’expédition découvre sur cette île qu’on n’appelle pas encore Tasmanie mais toujours « terre de Van Diemen », un arbre si haut qu’il fallut en couper le tronc pour en contempler les fleurs de près : le gommier bleu (= blue gum en anglais), plus communément eucalyptus, mot qui désigne le genre auquel cet arbre appartient et qu’un autre Français, L’Héritier (1746-1800) nomme et décrit en 1789, alors que La Billardière est, lui, le premier à décrire l’un des deux eucalyptus qui nous intéressent ici, c’est-à-dire Eucalyptus globulus, en 1800.
Mais cette opération de sauvetage tourne elle-même au désastre. Catastrophique à plus d’un titre, elle perd son capitaine, D’entrecasteaux, qui succombe au scorbut en 1793. Malgré ces écueils – ce qui est ballot pour des marins – c’est donc à un Français et non à un Anglais qu’échoira le droit d’associer son nom à l’un des eucalyptus les plus connus au monde. La France n’a pas gagné l’Australie, mais s’est arrogée le mérite d’apposer sa marque sur un arbre comptant dans sa famille près de 700 membres essentiellement endémiques à l’Océanie et, pour quelques-uns d’entre eux, au sud-est asiatique (Malaisie, etc.). C’est toujours mieux que rien. Et puisqu’on ne put maintenir la botte française sur le sol australien, on en exporta les arbres en Europe, bien que pas immédiatement, puisque ce n’est qu’en 1847 que le premier eucalyptus – le gommier rouge (Eucalyptus camaldulensis) – pose ses racines sur le sol européen, se répandant de la péninsule ibérique à la Côte d’Azur. En 1854, Ramel, horticulteur et négociant, se rend à Melbourne : il dit observer un jeune arbre qui lui paraît pousser à vue d’œil, à quoi Francis Hallé répond, en confirmant que « certains eucalyptus poussent de quatre mètres par an dans leur milieu naturel » (1). A la suite de quoi, compte tenu de l’acclimatation facile de l’eucalyptus tout autour de la Méditerranée, Ramel décide l’introduction de l’eucalyptus globuleux en Algérie (où il s’est depuis naturalisé), ainsi qu’en Provence en 1856. Les eucalyptus sont des arbres à grande plasticité écologique, pour reprendre une expression de Francis Hallé. C’est pourquoi ils purent, hors d’Australie, s’implanter dans différentes zones du monde aux climats similaires. Par exemple, Eucalyptus globulus, originaire de Tasmanie et de l’état de Victoria : cela prédisposait son aptitude à être semé dans l’ensemble du bassin méditerranéen.
Au milieu du XIX ème siècle, environ 50 espèces d’eucalyptus sont introduites dans le sud de l’Europe (ainsi qu’en Amérique du Sud et dans d’autres zones plutôt tropicales). L’engouement est tel que la culture des eucalyptus de part et d’autre de la mer Méditerranée confine à la véritable passion, qui finira par grossir le rang des espèces cultivées à une centaine dans les années 1890 pour les seuls territoires de l’Italie, de la Corse et de la Côte d’Azur, sur l’impulsion d’un de ses plus grands promoteurs, le Français Charles Naudin (1815-1895), ce qui explique la présence, aujourd’hui naturelle, de ces arbres, et donc du gommier bleu, aux abords de Cannes, Nice, Hyères ou encore Antibes, ainsi que dans cet arrière-pays niçois depuis lors redessiné : en effet, à quoi ressemblerait la Côte d’Azur sans les nombreuses espèces végétales qui la peuplent et qui proviennent des quatre coins du monde ?
Côté australien, l’engouement a pris, mais d’une toute autre manière : les côlons, après avoir entamé la décimation du peuple aborigène et grandement menacé puis anéanti une grande partie des savoirs traditionnels liés aux eucalyptus thérapeutiques, s’attachèrent à exploiter purement et simplement bon nombre d’eucalyptus. Après avoir abattu les hommes, on fit de même des arbres. Les plus grandes villes australiennes, à leur début, ne purent s’ériger sans ces alliés de choix que sont les eucalyptus. Et l’on peut légitimement poser la question de savoir si la colonisation de l’Australie aurait été possible sans eux… Oui, le côlon australien se dit qu’il serait probablement ridicule de ne pas user de ce bois lourd, dense, résistant à l’eau, à la pourriture et à l’infestation des parasites, qui dure dans le temps : tant qu’à bâtir, autant bâtir solidement, ce qui nous situe bien loin des futures pitreries d’Ikéa. La première fonction des eucalyptus australiens, c’est donc d’apporter du bois de construction, du bois d’œuvre : on en fabrique des maisons et d’autres bâtiments. Certains eucalyptus se paient le luxe de fournir le bois formant les bardeaux de toiture, alors que d’autres, plus colorés, plus chatoyants, procurent, quant à eux, la matière première nécessaire pour l’aménagement intérieur : marqueterie, menuiserie, ébénisterie. Quitte à y vivre, pourquoi ne pas doter ces maisons de cheminées ? Le combustible n’est autre que du bois d’eucalyptus. Et comme l’eucalyptus est un grand voyageur, on en fabrique des tonneaux qui roulent et des roues, des traverses de chemin de fer pour faire passer ici ou là des trains tractés par des locomotives dont la chaudière est alimentée en charbon de bois d’eucalyptus. Soucieux de favoriser la communication, c’est dans des troncs d’eucalyptus qu’on taille les poteaux télégraphiques qui envoient les nouvelles à longues distances par le biais de ce réseau ou par celui d’un autre : le papier. L’eucalyptus est largement exploité (de nos jours encore) comme essence fournissant une pâte à papier de qualité sur lequel on imprimera livres, gazettes et journaux, supports sur lesquels le savoir se répandra, par la mer s’il le faut : l’eucalyptus, encore lui, toujours lui, permet la conception des bateaux (coques, ponts, mâts), mais aussi des infrastructures qui facilitent l’embarquement : les ports. Forts de tous ces avantages, l’eucalyptus est donc partie à la conquête du monde, s’est implanté partout où l’homme, pour des raisons fort diverses, a fait appel à ses services, en particulier durant un XIX ème siècle très xylophage, révolution industrielle oblige. On comprend rapidement l’intérêt de planter un eucalyptus à la pousse rapide plutôt qu’un chêne qui va mettre des plombes pour parvenir au même résultat. Ainsi, on plante des eucalyptus à tour de bras, on les plante à foison, on les plante à millions : Chine, Inde, États-Unis, Andes, est africain… Des milliers d’hectares sont dévolus à l’arbre océanien.
Mais le piège que, sans le savoir, l’homme s’est tendu à lui-même a fini par se refermer sur lui : on ne décide pas de l’implantation en grand d’une espèce dans une zone où elle est inconnue sans se prendre tôt ou tard un retour de flamme dans la figure. Quand cela arrive, on accuse l’eucalyptus de tous les maux sans jamais (ou presque jamais) remettre en cause le responsable de tout ce merdier : ce bipède d’Homo sapiens. Il est vrai que certains motifs d’implantation sont tout à fait louables, de salubrité publique pourrait-on dire : l’eucalyptus, grâce à ses longues et profondes racines, est un gros buveur, ainsi absorbe-t-il les eaux souterraines. Quand il fut planté dans des zones marécageuses, comme celles situées entre la capitale italienne et la mer Méditerranée, l’effet se fit rapidement sentir : l’assainissement de cette région en éradiqua le paludisme. Assécher des zones d’eau croupie et marécageuse, vectrices de maladies, en supprimant les moustiques et les saletés qu’ils trimballent, représenta un véritable progrès, non seulement d’un point de vue médical, mais social puisqu’il concernait le bien-être et le mieux-vivre de tous les jours. Au XIX ème siècle en France, la malaria tue de manière effarante. Alors quand on voit arriver ce grand gaillard d’Eucalyptus globulus, dont le bruit court qu’il pourrait s’attaquer à la racine du mal, on ne réfléchit pas, on fonce. Pour renforcer cet effet antipaludéen, les eucalyptus, vu qu’ils boivent beaucoup, rejettent également beaucoup d’eau par évapotranspiration foliaire. A l’été surtout, et par forte chaleur, les eucalyptus semblent enveloppés d’un halo bleuâtre : c’est un effet provoqué par cette exsudation, eau des feuilles renvoyée à l’air, mais néanmoins chargée d’une fraction d’essence aromatique : ainsi peut-on voir l’eucalyptus dégazant comme un gigantesque diffuseur d’huile essentielle. Bien sûr, une partie du résultat de cette expectoration finit par tomber à terre, de même que les micro gouttelettes formées par un diffuseur ne demeurent pas indéfiniment entre le plancher et le plafond. Autrefois, l’on n’utilisait pas ce type d’appareillage qui, de toute façon, n’existait pas, mais on savait procéder par fumigation humide : on faisait ainsi bouillir des feuilles d’eucalyptus dans les chambre des malades, de même qu’on trimballait d’énormes lessiveuses emplies de la même décoction dans la plupart des hôpitaux qui se préoccupaient un tant soit peu d’asepsie, parce qu’on n’ignorait pas alors que l’eucalyptus est un tueur de bactéries. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le sol sur lequel pousse un eucalyptus : il n’y croît rien d’autre que lui, il inhibe le développement des plantes qui chercheraient à pousser à ses pieds. Exit non seulement les moustiques, mais également la flore spontanée. L’eucalyptus cultiverait-il le quant-à-soi ?
Un autre inconvénient de l’implantation à grande échelle des eucalyptus réside dans le fait qu’il est peu enclin à développer un sol de belle qualité, chose à propos de laquelle on alertait déjà dans les années 1950 : « ces eucalyptus auront toujours l’inconvénient de ne pas donner d’humus ou d’en donner très peu et plus leur croissance sera rapide, plus ils puiseront d’eau dans le sous-sol pour la transpirer et plus ils activeront l’aridité, ce qui est grave dans les régions semi-arides. On ne peut en vérité faire du reboisement sur les sols qu’ils auront déjà usés et appauvris en eau et en divers éléments chimiques ou même en micro-organismes entretenant la fertilité des terres en surface ou en profondeur » (2). Depuis, les plantations massives d’eucalyptus ont été largement controversées, et cela pour des raisons différentes : il n’améliore pas les sols, ne fournit pas ou peu d’ombre, ne procure pas de fourrage pour le bétail ni de fruits comestibles pour l’alimentation humaine, etc. Il est bien possible qu’on en soit venu à mesurer ses inconvénients plus grands que ses avantages. C’est ce que l’on a pu observer au Portugal il y a deux ans, après que des dizaines de milliers d’hectares d’eucalyptus sont partis en fumée : après les avoir adulés hier, aujourd’hui, c’est sans pitié qu’on les arrache.
L’eucalyptus appartient à la vaste famille des Myrtacées qui, outre le myrte qui lui a donné son nom, comprend parmi ses membres d’illustres représentants : l’arbre à thé, le niaouli, le cajeput, le giroflier, le goyavier, etc., riche famille aromatique s’il en est. L’eucalyptus n’est qu’un genre parmi tous ceux-là ; or ce genre compte à lui seul plusieurs espèces d’eucalyptus, dont certains ne sont pas même des arbres mais de petits arbrisseaux dont la hauteur est inférieure à un mètre. Rien à voir avec le géant gommier bleu : très souvent, il culmine à au moins 50 m dans son aire d’origine (en Europe, c’est très rare qu’il parvienne à cette taille), passant aussi les 70 m, jusqu’aux 100 m (on fait parfois état d’arbres bien plus grands encore : 125-130 m de hauteur ; c’est bien possible). Contrairement au niaouli, qui est tout tortueux, l’eucalyptus globuleux possède un tronc tout droit de couleur bleu gris, dont l’écorce se détache en longues lanières roussâtres. Si l’eucalyptus globuleux n’est pas prêt à laisser quiconque s’inviter sous sa frondaison légère, il n’en va pas de même – et heureusement pour lui – avec sa propre progéniture. C’est ainsi qu’à côté d’un géant l’on peut constater la frêle existence d’un scion de deux à trois mètres, bête tige toute droite qui porte des feuilles plus ou moins rondes, opposées et décussées, sessiles (c’est-à-dire sans pétiole : elles sont directement scotchées sur la tige). Ces feuilles juvéniles de couleur gris perle à bleutée, sont couvertes de pruine, cette substance cireuse qu’on trouve sur les raisins et les prunes, par exemple (certains expliquent qu’elle aurait pour fonction de faire déraper les insectes, ce que je ne peux imaginer sans un sourire). Cette forme de l’eucalyptus en son jeune âge « est tolérante à l’ombre du sous-bois, nous explique Francis Hallé ; en revanche, elle ne supporte pas la sécheresse qui règne dans les strates les plus hautes de la forêt. Une métamorphose est donc obligatoire » (3). En effet. C’est à croire que plus l’arbre grandit et plus ses feuilles, tout d’abord rondouillardes comme nous l’avons dit, s’allongent, prennent cette caractéristique forme de fer de faux, longues de presque 25 cm parfois et large de 5 ! Conservant plus ou moins leur texture épaisse et coriace, ces feuilles se dénuent de leur pruine, ce qui modifie sensiblement leur couleur, qui passe au vert olive, voire au vert doré cendré. Et, histoire d’apparaître plus longues qu’elles ne sont déjà, voilà qu’elles se munissent d’un pétiole. Des feuilles juvéniles aux feuilles matures, le changement morphologique est si époustouflant que même le « gui » de l’eucalyptus doit s’adapter à la situation : sur les rameaux d’eucalyptus globuleux qui portent des feuilles rondes, l’on voit l’une de ces plantes parasites – Dendrophthoe homoplastica – qui possède, elle aussi des feuilles rondes. Dans les strates les plus élevées, c’est un autre de ces guis, Dendrophthoe glabrescens, qui prend le relais : de même que les feuilles qui l’environnent, il porte des feuilles fort semblables ! Bref : « que signifie un arbre qui change d’aspect au point de devenir méconnaissable ? », interroge Francis Hallé (4). Qu’il a plus d’un tour dans son sac ? A ce titre, quand on observe sa floraison étrange, l’on n’est pas loin de se dire que cet eucalyptus-là est un drôle de phénomène : à cet endroit, l’on peut clairement parler de bouton floral. Son calice, plus ou moins rond à quadrangulaire, est coiffé d’un opercule en forme de coupe, voire d’encensoir (disent les plus mystiques d’entre les observateurs), de couleur verdâtre à roussâtre. Calice et corolle sont donc, au départ, intimement soudés l’un à l’autre. Mais, au fur et à mesure qu’avance la floraison, à l’intérieur de ce globule, les étamines blanches de l’eucalyptus, fort nombreuses, bien enfermées et protégées, finissent par expulser le capuchon qui les maintient captives (5). Puis les fleurs fructifient : les fruits ressemblent à de petites urnes coniques et cupulaires sur le couvercle desquelles se dessinent des figures géométriques étoilées à trois, quatre ou cinq branches, renfermant des graines ovales ou arrondies, de couleur noire.
Plus petit que l’eucalyptus globuleux, l’eucalyptus radié est aussi originaire du sol australien, de Nouvelle-Galles du Sud plus exactement, c’est-à-dire cet état australien situé au sud-est et dont la capitale est Sydney.
Botaniquement, il est assez proche de son grand cousin Eucalyptus globulus, mais possède une cime étalée aux rameaux davantage réclinés. En terme de point commun, on observe chez cet eucalyptus une écorce de même couleur, gris bleuté, qui s’écaille en lenticules caduques. Là où l’eucalyptus radié se rapproche du globuleux, c’est au niveau de ses rameaux : tout d’abord verts quand ils sont jeunes puis rougeâtres, ils sont soumis au même phénomène de métamorphose foliaire : des feuilles juvéniles arrondies, opposées et sessiles font place à des feuilles adultes pétiolées, alternes et lancéolées, mais ne possédant pas la forme de fer de faux caractéristique de l’eucalyptus globuleux.
Cet arbre apprécie la lumière, les lieux exposés à sa convenance, les sols siliceux, frais, profonds et drainés de la plupart des zones subtropicales.
Les huiles essentielles d’eucalyptus en aromathérapie
« S’il est une essence méconnue, c’est bien Eucalyptus globulus qui réalise le paradoxe d’être à la fois l’une des essences les plus profondes et l’une des plus vulgarisées d’un point de vue commercial » (6). Pas seulement vulgaire dans le sens « commun » ou « banal », mais, dans une veine plus péjorative, l’on peut penser ce « vulgarisées » comme la chose quelconque, sans plus d’attrait que n’en recèle sa plate existence. Cependant, lors de sa « découverte », c’est-à-dire, plutôt, du début de l’engouement qu’elle suscita chez les colons australiens, elle ne se destinait pas encore à la fonction thérapeutique qu’on lui connaît : elle était employée, à équivalence avec l’essence de térébenthine, dans l’industrie de la peinture. Ainsi faisait-on dans les années 1860, jusqu’à ce qu’Eugène Rimmel (1820-1887) se penche sur cette essence et ne la fasse connaître au monde de la parfumerie. Quant à l’aromathérapie, elle sut tirer parti de cette substance extraite des feuilles de certains eucalyptus et que l’on confondit souvent avec l’eucalyptol pur. L’eucalyptol, aussi appelé cajeputol bien que plus rarement, porte plus couramment le nom de cinéole, désignation qu’on précède de 1.8. Il fait partie de la famille moléculaire qu’on surnomme époxydes monoterpéniques quand on est chimiste, mais nous autres, nous saurons nous contenter d’un seul mot : oxydes. Mais l’huile essentielle d’eucalyptus, qu’on parle du radié ou du globuleux, ne se réduit heureusement pas qu’au seul 1.8 cinéole, quand bien même on pourrait penser le contraire à l’examen de certains lots d’huiles essentielles (surtout celle d’Eucalyptus globulus) dans lesquels le taux de cette seule molécule grimpe parfois à 95 % ! Ce qui est tout sauf naturel. Passons outre les « communelles » (c’est-à-dire les huiles essentielles reconstituées : on réunit plusieurs productions provenant de différents territoires pour n’en former qu’un seul au final : l’on observe cette pratique avec l’huile d’olives, le miel, etc., et ce même en qualité bio…). Tout autre chose : pour faire grimper le taux de 1.8 cinéole, on distille les feuilles d’eucalyptus globuleux à la vapeur d’eau une première fois, puis on redistille l’huile essentielle obtenue en première distillation : on a donc affaire à une huile essentielle dite rectifiée, qui n’a donc plus rien de 100 % pure, naturelle, entière, etc. (le marché de l’eucalyptus étant très lucratif, on comprend que certains se laissent aller à des œuvres aussi basses). Cette opération vise aussi comme objectif de supprimer du produit final des molécules jugées indésirables (aldéhyde isovalérianique par exemple), mais également le désavantage de faire disparaître la majeure partie des sesquiterpènes et des sesquiterpénols. Face à 90 ou 95 % d’1.8 cinéole, il ne reste guère plus qu’une poignée de molécules, juste assez nombreuses pour se battre en duel. Je ne vois pas en quoi cela peut constituer un produit intéressant… En revanche, il existe des producteurs d’huiles essentielles d’eucalyptus globuleux qui procèdent beaucoup plus respectueusement, obtenant une huile essentielle en une seule et unique distillation des feuilles, à l’exclusion des rameaux, pour une durée de distillation avoisinant les dix heures !
Des eucalyptus, l’on distille les feuilles dont les limbes et la nervure centrale sont nimbés de poches schizogènes, sécrétrices d’essence aromatique. Voici quelques informations chiffrées qui donnent une idée des valeurs moyennes qu’on peut trouver dans les huiles essentielles d’Eucalyptus globulus et d’Eucalyptus radiata.
- Eucalyptus globulus :
– Oxydes : 70 à 85 % (1.8 cinéole)
– Monoterpènes : 20 % (limonène, paracymène, α-pinène, β-pinène)
– Sesquiterpénols : 1,5 % (globulol, lédol, viridiflorol)
– Esters : 3 à 6 % (acétate d’α-terpinyle)
– Sesquiterpènes : 2 % (aromadendrène)
– Cétones : 4 % - Eucalyptus radiata :
– Oxydes : 60 à 75 % (1.8 cinéole)
– Monoterpènes : 12 % (limonène, sabinène, α-pinène, β-pinène, β-myrcène)
– Monoterpénols : 14 % (α-terpinéol, terpinène-1-ol-4)
– Esters : 5 % (acétate d’α-terpinyle)
– Sesquiterpènes : 2 %
Ces deux huiles essentielles ont l’apparence d’un liquide mobile, fluide, incolore (ou parfois jaune très pâle). La distillation permet d’obtenir, chez l’un et l’autre de ces eucalyptus, un rendement compris entre 0,7 et 2,5 %. Tout d’abord fraîches, ces deux huiles s’avèrent rapidement brûlantes. C’est, du moins, ce que communique leur odeur, alors que les feuilles brutes, lorsqu’on les goûte, nous font passer du chaud au frais. Mais il s’agit là, une fois de plus, d’un des nombreux « paradoxes » propres aux eucalyptus. Comme en Europe l’on croise l’Eucalyptus globulus et non le radiata, il est possible d’apporter des informations relatives à la composition biochimique des feuilles de l’eucalyptus globuleux à toutes fins utiles. Elles contiennent, comme celles de nombreux autres eucalyptus, du tanin, ainsi qu’une résine (principe amer ?), des flavonoïdes, de l’alcool amylique, etc. Ces feuilles possèdent une odeur pénétrante, balsamique pourrait-on dire, bien qu’on a conscience que ce seul terme-là – balsamique – est bien en-deçà de la réalité. De même, on décrit le parfum de ces feuilles à l’état frais comme camphré, mais comment cela se pourrait-il, sachant que l’eucalyptus globuleux ne contient pas de camphre (ou si peu : 1 %) ?
Pour finir, notons que l’huile essentielle d’eucalyptus radié est moins agressive, olfactivement parlant, que celle d’eucalyptus globuleux.
Propriétés thérapeutiques
Propriétés communes :
- Anti-infectieuse : antibactérienne (Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa), antivirale, préventive des maladies contagieuses d’origine virale surtout, antifongique (Candida sp.), antiseptique des voies respiratoires et urinaires, antiseptique atmosphérique, antiparasitaire
- Expectorante, anticatarrhale, antitussive, mucolytique, décongestionnante des voies respiratoires, inhibitrice de l’irritation bronchique
- Anti-inflammatoire (plus légèrement chez Eucalyptus radiata)
- Insectifuge
- Immunostimulante, positivante
- Promotrice d’absorption (c’est-à-dire qu’elle multiplie le coefficient de pénétration des substances qui se trouvent dans le même support qu’elles. Il faut donc éviter de mélanger ces huiles essentielles dont celle d’eucalyptus globuleux à des supports non neutres, elles entraîneraient dans le sang via un usage cutané les substances contenues dans ces produits et qui seraient potentiellement indésirables pour l’organisme.)
- Inductrice enzymatique (la haute teneur en 1.8 cinéole fait que la prise de ces huiles essentielles peut perturber le métabolisme d’autres médicaments pris dans le même temps. Elles contrecarrent, affaiblissent ou diminuent leurs actions.)
Propriétés propres à Eucalyptus globulus :
- Stimulante générale, stimulante du système nerveux
- Apéritive, digestive (7), vermifuge
- Diurétique, sudorifique, fébrifuge
- Astringente, rubéfiante, cicatrisante
- Antispasmodique
- Hémostatique
- Antirhumatismale
- Hypoglycémiante
- Pédiculicide
Propriétés propres à Eucalyptus radiata :
- Tonique mentale, neurotonique, énergisante
Usages thérapeutiques
(Pour davantage de commodité de lecture : les « g » pour globuleux, les « r » pour radié.)
- Troubles de la sphère respiratoire : infections bactériennes et virales des voies aériennes (basses pour Eucalyptus globulus, hautes pour Eucalyptus radiata), rhinite, ozène (g), rhinopharyngite, pharyngite, laryngite, bronchite aiguë ou chronique, bronchite asthmatiforme (r), asthme hypersécrétant et surinfecté (g), rhume, sinusite, otite, otalgie (r), affection grippale avec fièvre, refroidissement, coup de froid des enfants (r), frilosités grippales (r), prévention des affaiblissements bronchopulmonaires (r), irritation des muqueuses nasales (g), maux de gorge (g), broncho-pneumonie (g), pneumonie (g), toux grasse (r), spasmodique (g), quinteuse (g), gangrène pulmonaire (g), tuberculose pulmonaire (g)
- Troubles de la sphère vésico-rénale : infections urinaires, cystite (r), catarrhe vésical (g), blennorragie aiguë ou chronique (g), rétention urinaire légère (g), colibacillose (g)
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : diarrhée rebelle (g), dyspepsie (g), parasites intestinaux : ascaris, oxyures (g)
- Troubles de la sphère génitale : leucorrhée (r), candidose vaginale (r), vaginite (g)
- Affections cutanées : gale, herpès labial, pédiculose (g), dermite bactérienne et mycosique (g), acné (g), plaie (g), plaie infectée (g), brûlure au premier et au deuxième degré (g), zona (r), pellicules (g)
- Troubles locomoteurs : raideurs musculaires (g), douleurs aiguës (g), rhumatismes (g), névralgie (g)
- Diabète (g)
- Asthénie, asthénie profonde (surtout physique), fatigue chronique, déprime (à son début), convalescence
- Désinfection des habitations en cours d’infection et même après (paludisme, rougeole, scarlatine, typhus, choléra)
- Migraine (g)
- Moustiques
D’un point de vue énergétique et psycho-émotionnel
Feuille falciforme fréquemment falsifiée, quels autres secrets peux-tu bien nous révéler maintenant ?
La médecine traditionnelle chinoise nous explique que nos deux eucalyptus s’associent à merveille au méridien du Poumon, étant donné les exceptionnelles qualités de leur huile essentielle sur la sphère respiratoire. Nous nous en serions doutés. Serge Hernicot disait plus précisément que l’eucalyptus « libère le biao (l’externe) (8), disperse le vent et la chaleur, fait tomber la fièvre. Est utile en prévention des énergies perverses » (9). Mais si l’eucalyptus sait agir ainsi au niveau du méridien du Poumon, l’on considère qu’il fait de même auprès de bien autres méridiens parmi lesquels nous trouvons plusieurs éléments représentés :
– le Métal : Poumon, Gros intestin,
– l’Eau : Rein, Vessie,
– la Terre : Estomac,
– le Feu : Cœur, Intestin grêle.
Hormis du Bois et un peu de Terre, il ne manque pas grand-chose pourrait-on dire. Mais ce qui est plus intéressant, c’est de classer ces différents méridiens selon leur polarité, selon qu’ils dépendent d’organes ou d’entrailles. Les organes étant de nature Yin et les entrailles Yang, nous pouvons établir le constat suivant :
– Yang : Gros intestin, Intestin grêle, Estomac, Vessie,
– Yin : Poumon, Cœur, Rein.
L’eucalyptus serait de nature davantage Yang que Yin. Or, comment expliquer que, par ailleurs, on lui attribue une nature exclusivement Yin ? C’est du moins ce que laissait sous-entendre le philosophe Jean Baudrillard à la fin du siècle dernier : « Il se dévêt de son écorce comme d’une robe, il est doux au toucher comme une peau. C’est un arbre féminin par sa pâleur et d’une grande élégance naturelle. » Certes, on ne peut lui ôter ces évidentes caractéristiques féminines, mais n’est-ce pas un peu réducteur que de n’en faire qu’une seule essence Yin ? Observons les feuilles juvéniles de l’eucalyptus, leur féminine rotondité, toutes farinées d’un talc qui n’en est pas, observez comme elles s’agrippent aussi bien à la tige qui les supporte, comme autant de petits enfants dans les jupes de leur mère (c’est encore plus frappant chez Eucalyptus perrininiana). Il y a là une fragilité, une tendresse toute maternelle qu’on ne retrouve plus chez les feuilles adultes désormais affranchies du joug maternel. Elles adoptent cette forme de lame de faux très typique. Disposées sur un plan vertical et non plus horizontal, elles ne donnent pas d’ombre, ne confinent pas à l’obscurité Yin qu’on peut observer généralement dans les sous-bois, mais, tout au contraire, elles laissent largement pénétrer la lumière à l’intérieur de la structure même de l’arbre qui devient dès lors solaire et aérien. De plus, « tel l’arbre qui assèche les marécages et purifie l’air de la contrée où il croît, Eucalyptus globulus disperse les eaux impures d’une affectivité compromettante et avilissante pour assainir la terre » (10) afin de tirer profit de ses richesses avec le temps, ce Chronos dont l’attribut est justement une faux (ou une faucille) qui souligne, on ne peut mieux, sa relation à l’eucalyptus : « la faucille est alors le terrible couperet qui rend stérile » (11) : ne voit-on pas cet arbre aux feuilles falciformes décimer tout ce qui pousse à ses pieds ? N’est-ce pas là une action spécifiquement Yang que cette capacité à pourfendre l’envahisseur et l’ennemi invisible et malfaisant, la bactérie pathogène, le virus virulent, le parasite sournois ? Mais cette faucille symbolise aussi l’abondance de la moisson, et à ce titre-là, on ne peut affirmer que l’eucalyptus soit totalement avare de ses bienfaits.
« Lorsque je traversais les grandes forêts d’eucalyptus, j’avais du mal à ne pas me dédoubler », déclamait le poète Bashistya Shivânanta. C’est l’un des effets qu’induit l’eucalyptus, tant il intime le calme et la sérénité. Pour étonnant qu’il soit, le voyage auquel cet arbre invite est intérieur. S’enfonçant au plus profond de notre arbre respiratoire, il nous rappelle, en accédant à l’extrémité de ses feuilles, que notre propre arbre ne se cantonne pas qu’à son seul tronc. Ces feuilles, dont je suis bien curieux de connaître la surface totale d’échange qu’elles peuvent entretenir avec leur environnement, est-ce qu’elles discutent entre elles ? ou avec le vent qui passe ? emportant leurs paroles issues de leur gorge bleutée ? Feuilles falciformes, non falsifiées, bien que la fausseté du faussaire de l’eucalyptus est connue, le faussaire, parce que faux et usage de faux, est un menteur, donc, alors que l’eucalyptus, lui, est un révélateur qui sait faire la transparence.
Modes d’emploi
- Diffusion atmosphérique (à petites doses et en synergie avec d’autres huiles essentielles et/ou essences en ce qui concerne l’huile essentielle d’Eucalyptus globulus chargée en 1.8 cinéole).
- Inhalation sèche, inhalation humide, olfaction.
- Voie cutanée diluée (à privilégier).
- Voie orale diluée uniquement pour Eucalyptus radiata et à petites doses sur une courte durée.
Tout cela ne concerne bien évidemment que les deux huiles essentielles d’eucalyptus globuleux et radié. Au sujet de ce premier arbre, dont les feuilles sont autorisées à la vente libre en France, il est possible de procéder des manières suivantes :
- Infusion longue de feuilles sèches émiettées.
- Décoction de feuilles sèches émiettées.
- Macération vineuse de feuilles sèches émiettées.
- Alcoolature.
- Teinture-mère.
- Poudre de feuilles sèches.
- Sirop.
- Fumigation sèche sur charbon ardent.
- Fumigation humide dans un baquet d’eau brûlante.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Récolte : les personnes qui habitent non loin d’eucalyptus (Midi de la France, Corse, etc.) auront plaisir d’apprendre qu’il est possible de cueillir les feuilles adultes de l’eucalyptus globuleux, c’est-à-dire celles en forme de faux, à l’été et à l’automne, bien que le caractère semper virens de cet arbre en autorise la récolte toute l’année. Leur dessiccation, qui n’exige pas de soins particuliers tant elle est facile, peut se dérouler tranquillement au soleil ou à l’ombre.
- Inconvénients : le principal concerne la grosse proportion d’1.8 cinéole qu’on trouve dans chacune de ces deux huiles essentielles. Ce n’est pas tant le type d’eucalyptus qui est concerné, mais la fraction d’1.8 cinéole qu’il contient :
– si 1.8 cinéole supérieur à 70 % : huile essentielle interdite aux enfants de moins de 12 ans ;
– si 1.8 cinéole inférieur à 70 % : huile essentielle partiellement autorisée aux enfants de 7 à 12 ans sous conditions : dans ce cadre-là, seules la diffusion atmosphérique et la voie cutanée sont possibles (en massage, on évite, dans tous les cas, d’appliquer les huiles essentielles d’eucalyptus, même diluées, sur la poitrine pour éviter les sensations d’oppression, d’étouffement, de suffocation : ces huiles s’appliquent plus sûrement dans le dos).
La diffusion atmosphérique doit être conditionnée à quelques règles élémentaires de bon sens : jamais pures, les huiles essentielles d’eucalyptus devront être couplées avec au moins une autre huile essentielle (ou une essence) moins agressive afin d’éviter d’irriter et de léser les muqueuses tant respiratoires qu’oculaires. Même en ce cas, il est recommandé de ne pas s’exposer continuellement à une telle diffusion, même si on n’est pas une femme enceinte ou qui allaite, ni un enfant de plus de 12 ans. De plus, la richesse de ces huiles en 1.8 cinéole est susceptible de provoquer une crise d’asthme chez le sujet sensible, d’où les interrogations bien nécessaires : qu’est-ce je diffuse ? Pendant combien de temps ? Où ? En la présence de qui ? Ainsi, on évite pas mal d’écueils. Rappelons, avant de passer à la suite, que les eucalyptus furent massivement employer pour assécher les eaux marécageuses, leurs huiles essentielles agissent de même : une goutte d’huile essentielle d’Eucalyptus globulus sur la peau peut y déterminer une ocelle blanchâtre qui prouve que l’humidité superficielle de la peau a été entamée. C’est pourquoi ces deux huiles demandent d’être impérativement diluées dans une huile végétale sans quoi un risque de « causticité », du moins d’irritation cutanée avec sensation de chaleur, peut se produire.
Il est rarement recommandé d’user d’huile essentielle d’eucalyptus par voie orale (en interne, la voie rectale est bien préférable, même chez l’enfant). L’on sait que ces huiles essentielles, par leur 1.8 cinéole, sont convulsivantes et épiléptogènes, mais uniquement à très fortes doses (la dose létale se situe tout de même autour de 10 à 30 ml, soit l’équivalent de trois flacons standard !).
A doses plus faibles (mais supérieures à la DMT), de nombreux troubles peuvent apparaître : troubles gastro-intestinaux (nausée, vomissement, diarrhée, gastro-entérite), troubles vésico-rénaux (néphrite, hématurie, protéinurie). En plus de cela, on assiste à d’autres perturbations comme des maux de tête. En cas d’intoxication avérée, on constate un affaiblissement de la respiration, un abaissement de la température corporelle et de la pression sanguine, une « altération du niveau de conscience », enfin l’asphyxie par paralysie respiratoire, laquelle est suivie du décès.
Par ses cétones, l’huile essentielle d’eucalyptus globuleux peut présenter un risque de neurotoxicité, voire être potentiellement abortive (ce qui s’explique assez mal sachant la faible teneur de cétones contenue dans cette huile essentielle). - Hydrolat aromatique : en cas d’intolérance à l’huile essentielle d’eucalyptus globuleux, il est tout à fait possible de s’adresser à ce produit alternatif. Bien entendu, il n’est pas doté de la puissance de l’huile essentielle correspondante. Cependant, il est tout de même relativement antibactérien, anti-inflammatoire et expectorant. On l’utilisera particulièrement par voie externe, par le biais de lavages et de compresses.
- Cette molécule, le 1.8 cinéole, donne aux urines un parfum de violette et/ou d’iris.
- L’huile essentielle d’eucalyptus globuleux est présente dans un grand nombre de préparations pharmaceutiques à visée respiratoire (gommes, pastilles, sirops, etc.). Le baume du tigre et Végébom sont deux compositions bien connues qui contiennent de l’eucalyptus.
- Associations thérapeutiques :
– dans un but respiratoire : + huiles essentielles de lavande vraie, de pin sylvestre, de thym vulgaire ;
– dans un but cicatrisant : + huiles essentielles de romarin officinal, de lavande vraie, de thym vulgaire ; huiles végétales : macérât huileux de millepertuis (= huile rouge), huile d’œillette ;
– dans un but insectifuge : + huiles essentielles de citronnelle de Ceylan, de géranium rosat, de palmarosa, de niaouli. - Autres espèces : l’aromathérapie occidentale moderne exploite bien d’autres huiles essentielles issues d’eucalyptus dont on croise les noms ici ou là. Les voici :
– Eucalyptus mentholé (Eucalyptus dives),
– Eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora),
– Eucalyptus à bractées multiples (Eucalyptus polybractea),
– Eucalyptus de Smith (Eucalyptus smithii),
– Eucalyptus à phellandrène (Eucalyptus phellandra),
– Bois de fer citronné (Eucalyptus staigeriana).
_______________
1. Francis Hallé, Plaidoyer pour l’arbre, p. 56.
2. Auguste Chevalier, Revue internationale de botanique appliquée et d’agriculture tropicale, Travaux français sur le genre Eucalyptus, mars-avril 1952, p. 112.
3. Francis Hallé, Plaidoyer pour l’arbre, p. 85.
4. Ibidem.
5. Ici, nous pouvons nous permettre un petit clin d’œil étymologique fort instructif : le mot eucalyptus, issu du grec, se décompose comme suit : eu, « bien » et kalyptos, « couvert, coiffé, caché ». C’est dire si ces fleurs sont frileuses, de même que l’arbre tout entier, rares étant les eucalyptus qui résistent à des températures inférieures à – 5° C.
6. Philippe Malhebiau, La nouvelle aromathérapie, p. 449.
7. Cet eucalyptus « rend […] de précieux services à des malades dont le système digestif est souvent perturbé par leurs ennuis respiratoires », Petit Larousse des plantes médicinales, p. 70.
8. Le biao, à l’inverse du li, est la manifestation extérieure, en surface, de nature Yang.
9. Serge Hernicot, Les huiles essentielles énergétiques, p. 50.
10. Philippe Mailhebiau, La nouvelle aromathérapie, p. 450.
11. Bertrand Hell, Sang noir, p. 150.
© Books of Dante – 2019