Ceci est donc le dernier article de l’année. Il ne porte pas sur une plante typique des fêtes – houx, gui, rose de Noël ou que sais-je encore. Mais comme elle nous parle de bénédiction et de transformation, je me suis dit qu’elle tombait à pic pour illustrer le seuil de l’année nouvelle qui vient. Inexplicablement, cela me fait penser à une phrase de Virginia Woolf : « Chacun recèle en lui une forêt vierge, une étendue de neige où nul oiseau n’a laissé son empreinte ». Bien des pages blanches en perspective à remplir de signes précieux peut-être, vivants toujours !
Bonne lecture, belles fêtes et à l’an prochain ;)
Gilles

Synonymes : herbe de saint Benoît, herbe bénite, racine bénite, herbe à la fièvre, herbe du bon soldat, sanicle de montagne, avence, récise, goliot, galiot, galiote, galiotte, gariot, caryophyllée, racine de giroflée.
Du temps de Pline, on rencontrait déjà une Geum. S’agissait-il de l’urbanum ? Difficile à dire, sachant qu’il existe plusieurs espèces de benoîtes. En tous les cas, Pline en indiquait quelques usages médicinaux (douleurs pectorales, troubles digestifs).
Au Moyen âge, selon les auteurs, on la rencontrait sous différents noms dans les textes : sanamunda (peut-être par rapprochement ou confusion avec l’herbe du mont Serrat, Thymelaea sanamunda), caryophylla (en relation avec l’ancien nom du clou de girofle, Eugenia caryophyllata, dont la benoîte partage le parfum), benedicta, du latin benedictus, un terme ayant bien évidemment un rapport avec la bénédiction qui, au sens littéral, signifie « bien dire ». Benedicta était un terme que, déjà, Hildegarde de Bingen utilisait pour désigner la benoîte, avant que l’accent circonflexe ne chasse le « s » de la forme benoiste. Bien plus tard, et par assimilation, elle deviendra l’herbe de saint Benoît (480-547), un saint à l’origine de l’ordre des bénédictins, invoqué contre les brûlures et pour faire échec au démon. En Allemagne, lorsqu’on récoltait de la racine de benoîte, il était d’usage de la mêler à des cierges et à du sel, tout en la bénissant à trois reprises, ce qui est une manière de souligner le transfert de forces qui opère à travers même l’acte de bénir, « sanctifier, faire saint par la parole, c’est-à-dire rapprocher du saint, qui constitue la forme la plus élevée de l’énergie cosmique »1. On comprend mieux la puissance qui habite la benoîte, d’autant plus quand on connaît d’autres épisodes tirés du légendaire de saint Benoît : il est raconté que « lorsqu’on apporta par la Loire à Fleury, les reliques de saint Benoît […], les arbres se chargèrent de feuilles et de fleurs, bien que l’on fût au cœur de l’hiver »2. Que le vert prenne sur le sec, pourrait-on dire ! (ce qui est une expression assez proche de « employer le vert et le sec », autrement dit : utiliser tous les moyens pour mener à bien une entreprise). Aussi, la benoîte est-elle benoîte ? Au sens premier, c’est-à-dire celui de bienheureux, assurément. Point du tout selon l’ancienne acception, le terme vieilli et désuet de benoît renvoyant à quelqu’un de mielleux et d’hypocrite.
Durant le Moyen âge, on l’utilisait en tant que drogue fébrifuge, comme il sera fait du quinquina quelques siècles plus tard. On en fit un remède de la dysenterie et elle passait aussi pour soulager les panaris. Tonique nerveuse, reconstituante des forces physiques, elle avait aussi, pour Hildegarde, une réputation aphrodisiaque : « La benoîte est chaude, et si quelqu’un en prend dans une boisson, elle l’enflamme de désir amoureux »3. Elle disait aussi que cette plante, tonique et stimulante, est capable de relever les forces affaiblies par sa chaleur et que son emploi doit cesser lorsque la situation revient à la normale. Ce qui explique l’ardeur fiévreuse qu’elle induit sur l’économie si jamais elle est continuée hors de propos. En tous les cas, l’apparentement avec le clou de girofle n’est probablement pas tout à fait innocent… ^.^
Durant les premières décennies de la Renaissance, la benoîte fut abordée par Matthiole et Jérôme Bock qui la dirent stimulante, calmante, stomachique et vulnéraire. En 1561, Gesner, afin de la distinguer de la benoîte des ruisseaux, lui donna son actuel nom latin, Geum urbanum. Puis, peu à peu, elle fut assez négligée et se cantonna à d’uniques emplois populaires, jusqu’à ce qu’elle refasse parler d’elle en toute fin de XVIIIe siècle. Alors, une polémique concernant les vertus fébrifuges de la benoîte éclata. En effet, en 1781 le médecin danois Rudolph Buchhave (1737-1796) fit paraître un ouvrage (Observationes circa radicis Geu urbani, Sive caryophyllatae Vires in Febribus) dans lequel il livra d’abondantes observations qui parlaient en faveur des propriétés fébrifuges de la racine de benoîte, non seulement auprès des fièvres intermittentes, mais aussi de tous types de fièvres, même celles ayant résisté au quinquina. En France, Gilibert observa une semblable activité à cette plante et remarqua une similarité avec ce qu’il avait pu lui voir accomplir en Lituanie (ça n’est donc pas nécessairement la question de la provenance de la plante qui fait pencher la balance vers l’efficacité ou non). Le quinquina, fort en vogue à l’époque, vit tout un tas de praticiens venir voler à son secours ainsi que dans les plumes des impudents. Les partisans du « contre » furent tout aussi nombreux que les supporters du « pour ». La benoîte passait, du côté de ses contempteurs, comme une plante « peu énergique » et aux « avantages très faibles », c’est-à-dire rien de bien satisfaisant pour qu’on la préfère au quinquina, tandis que les disciples du « oui » l’érigèrent au rang de succédané de l’écorce du Pérou, ce qui était une carte de visite pour le moins honorifique. Pourquoi la benoîte ne fonctionnait-elle pas chez certains praticiens est peut-être une question à laquelle il faut se confronter. Cazin pointa du doigt ce qu’il crut en être la raison. Ayant tout d’abord fait usage sans succès de la benoîte, il ne se braqua pas comme le firent quelques-uns qui ne voulurent rien entendre. Pour les nouvelles expérimentations qu’il mena, il avoua « que la racine de benoîte fut employée fraîche et à dose beaucoup plus élevée que celles que j’avais infructueusement administrées dans mes premiers essais »4. Il nous livre des chiffres qui sont, ma foi, fort parlants. Sur trente patients concernés par des accès de fièvre, la médication à base de benoîte qu’il administra obtint onze guérisons dès le cinquième jour et huit supplémentaires au bout du huitième. Chez deux malades, il renforça la benoîte avec de la racine d’ache (Apium graveolens) et chez un autre avec de l’écorce de saule (Salix alba). Auprès de seulement six patients, la benoîte resta inopérante, mais leur fièvre fut endiguée par la conjonction des bons effets du saule et des feuilles de la centaurée chausse-trappe (Centaurea calcitrapa). Enfin, pour les deux derniers patients, Cazin dut avoir recours au sulfate de quinine après insuccès de tous les autres moyens végétaux. Tout comme Gilibert bien avant lui, il ne commit par l’erreur d’abandonner une drogue au profit d’une autre. On en peut donc conclure qu’il ne suffit pas de s’acharner dans une seule voie et que pour tendre au même but, il faut adapter les remèdes au cas par cas. En effet : pourquoi ne pas conserver plusieurs armes dans l’arsenal plutôt qu’une seule ? Ainsi, on peut les faire intervenir, les unes ou les autres, selon les circonstances, afin de tendre dans tous les cas à l’efficacité la meilleure. Chaque nouvelle plante ne devrait pas venir chasser telle ou telle précédemment usitée pour une affection semblable, mais compléter le panel et renforcer l’offre thérapeutique. L’ouverture mesurée est bien préférable à la mauvaise foi qu’on a vu paraître dans les écrits d’un certain nombre de médecins qui n’avaient rien pu obtenir des racines de benoîte. En réalité, « la prétendue infidélité thérapeutique » de la benoîte est à mettre sur le compte de l’origine et de la qualité du terrain sur laquelle pousse cette plante, le moment et les conditions de la récolte, la dessiccation et la conservation de la plante, ses modes d’emploi les plus appropriés, les bons soins que mettra le cueilleur, etc. Aussi, l’on peut émettre l’hypothèse que, il y a deux siècles, des médecins employèrent peut-être, malgré eux, une benoîte corrompue et, conséquemment, sans effet. Cependant, malgré tous les bons soins dont la plante utilisée est entourée, il est possible que telle ou telle propriété soit inopérante chez certains sujets. Cela ne signifie pas la nullité thérapeutique de cette plante à cette occasion, cela révèle le fait qu’elle est inadéquate pour ces personnes précisément. Il est, là aussi, question de terrain, c’est-à-dire celui propre à chaque individu, relatif donc, condition à prendre en compte si l’on ne souhaite pas se borner à une vision mécaniste de la phytothérapie.
Malgré ces ajustements, nécessaires réglages de la pratique au fil du temps, il reste qu’au XIXe siècle, la benoîte était fort peu employée, puisque très nettement concurrencée par les dérivés du quinquina, dont le fameux sulfate de quinine. La benoîte résista néanmoins, étant en grande faveur auprès de Joseph Roques par exemple, non seulement par suivisme, mais parce qu’elle avait pu lui prouver les bons services dont elle s’était rendue capable auprès de ses prédécesseurs. Il regrettait cependant qu’un fébrifuge de valeur – le quinquina ! – ait fait tomber la réputation des fébrifuges indigènes parmi lesquels le saule et la benoîte, exclusivisme non moins condamnable que l’extravagance et l’exagération qui menèrent certains praticiens zélés à se passer du quinquina, ce qui n’est définitivement pas la bonne attitude, non plus que celle consistant à rejeter la benoîte. Faisons appel à la sagesse et admettons la parole de Roques comme en étant l’expression : « A l’égard des fièvres ordinaires, surtout des fièvres vernales, nous donnons volontiers la préférence à nos fébrifuge indigènes, en qui nous reconnaissons d’ailleurs des propriétés que ne possède point le sulfate de quinine »5. A ces fièvres, on peut ajouter les fièvres rebelles, les fièvres quartes et tout accès fébrile non accompagné d’un caractère inflammatoire ou irrité au niveau des organes.
Au début du XXe siècle, le docteur Leclerc, à distance des chipotages de ses prédécesseurs employait la benoîte pour traiter des cas de douleur stomacale doublée d’aérophagie, de diarrhée, etc. En 1927, Bohn l’indiquait dans les états fébriles légers, les fièvres muqueuses et les diarrhées épidémiques, après quoi Fournier dira que la benoîte « vaut effectivement le quinquina dans les états d’épuisement comme ceux qui suivent les maladies inflammatoires »6.
La benoîte est une belle plante vivace rustique de taille moyenne (30 à 60 cm), bien qu’elle puisse dans certains cas atteindre pas loin d’un mètre (85 à 90 cm). La solidité qui émane d’elle trouve son origine dans le sol, en l’état d’une souche rhizomateuse, épaisse et courte, de laquelle se propage un chignon chevelu de racines brunes. Des tiges dressées, ramifiées en Y, légèrement velues et de section circulaire, sont légèrement lavées de rouge. On leur voit porter deux catégories de feuilles : les plus complexes, celles de la base, forment une rosette au ras du sol. Pennées, au nombre de folioles variables (cinq à sept, et jusqu’à onze), elles se distinguent par une foliole terminale beaucoup plus grande que les autres. Puis on monte d’un étage : les feuilles se simplifient, ne comportant plus que trois lobes dentés et inégaux. Quant aux fleurs, elles sont très proches par l’aspect de celles du fraisier, cousin de la benoîte, à la différence que la benoîte arbore cinq pétales arrondis de couleur jaune pâle à jaune d’or, soutenus par un double calice formé de cinq sépales et de cinq calicules. Solitaires, dressées au bout d’un long pédoncule fin et droit, les fleurs de la benoîte, rapidement caduques, étalent leur floraison de mai à juillet. Elles donnent naissance à des fruits ayant la forme d’une tête d’akènes poilus à aigrettes, dont les crochets de petit hérisson hispide permettent aux graines une dispersion par zoochorie.
Assez commune, la benoîte connaît une population stable en Europe ainsi qu’en Asie centrale. Bien que visible en plaine, elle arpente les régions montagneuses, de préférence entre 1300 et 2100 m d’altitude. On la découvrira avec facilité dans les prés humides et ombrageux, au bord des ruisseaux, des champs et des chemins, dans les haies, à l’abord des bois de feuillus, et auprès de tout autre lieux humide (eaux douces, sources, etc.), mais également dans des zones moins sauvages où se reflète une évidente activité humaine (habitations, décharges), car la benoîte est une grande amatrice d’azote qu’elle trouve là en abondance.

Geum urbanum. Leonard Fuchs, New Kreüterbuch (1543).
La benoîte commune en phytothérapie
Tout comme les cousines de la benoîte que sont les potentilles ansérine et tormentille, on emploie de cette plante principalement la souche rhizomateuse, longue de 3 à 7 cm et d’1 ou 2 cm d’épaisseur. Brune jaunâtre extérieurement, sa chair est rose ou lilas à l’intérieur, ou plus violacée encore parfois. Une fois bien sèche, elle vire au brun, une couleur qui concorde bien avec un taux de tanin élevé (30 %) et un parfum de clou de girofle, dont est responsable une très faible fraction d’essence aromatique (0,02 à 0,15 %) composée essentiellement d’eugénol, phénol que l’on retrouve massivement dans l’huile essentielle de clou de girofle. Sans doute cela participe-t-il de la « désagréable » odeur que d’aucuns disent avoir perçue dans cette racine, en parfaite contradiction avec le nom latin de la plante : en effet, geum proviendrait du grec geuô, « faire goûter », relativement à la bonne odeur que dégage le rhizome frais quand on le broie. Il est vrai que ce parfum peut varier en intensité et en nature selon les terrains où évolue la plante. Cette infime fraction aromatique confère à la racine de benoîte une saveur un peu aromatique. Mais dominent surtout ses aspects amer (en raison d’un principe amer, la géine) et âpre (relativement à la quantité de tanin dont on a déjà fait référence, en particulier des tanins galliques et ellagiques). Mais ne nous arrêtons pas là, puisque la benoîte recèle bien d’autres trésors dont des acides phénoliques (acides caféique et chlorogénique), des flavonoïdes (catéchine, épicatéchine) et un polyphénol dont on parle beaucoup ces derniers temps me semble-t-il, l’EGCG, c’est-à-dire l’épigallocatéchine-gallate. A cela, on peut ajouter de la cnicine, un lactone sesquiterpénique qui rapproche la benoîte d’un autre benedictus, le chardon bénit (Cnicus benedictus), des sucres (glucose, saccharose, fructose) et des éléments minéraux (soufre, magnésium, potassium…).
Remarquons que c’est dans l’écorce du rhizome de benoîte que se concentre la majeure partie des principes actifs qu’il contient.
Propriétés thérapeutiques
- Tonique astringente, stimulante
- Apéritive, digestive, stomachique, fortifiante gastrique
- Sudorifique, fébrifuge légère
- Hémostatique, tonique circulatoire
- Anesthésiante
- Antiseptique
- Emménagogue (?)
- Détersive, résolutive, vulnéraire, cicatrisante
Usages thérapeutiques
La benoîte est le remède des états d’atonie et de langueur caractérisés par une absence d’inflammation et/ou d’irritation. Ainsi, « une sorte de faiblesse, d’inertie et d’engourdissement, des digestions incomplètes, l’inappétence, la pâleur du visage, l’absence de tout mouvement fébrile, nous disent qu’on peut recourir avec confiance [aux toniques amers], parmi lesquels la benoîte tient un rang distingué »7.
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : inappétence, atonie des voies digestives, dyspepsie hyposthénique, dysenterie atonique, diarrhée chronique (y compris d’origine tuberculeuse), catarrhe intestinal, entérite chronique, ulcère gastrique, gastralgie, aérophagie
- Troubles de la sphère respiratoire : gène respiratoire, catarrhe pulmonaire chronique, coqueluche, hémoptysie, affections du pharynx et du larynx, maux de gorge
- Affections bucco-dentaires : névralgie dentaire, maux de dents, raffermir les gencives enflammées, douloureuses et/ou saignantes, aphte, halitose
- Affections oculaires : blépharite, conjonctivite, ophtalmie
- Troubles de la sphère gynécologique : hémorragie utérine passive, leucorrhée
- Troubles de la sphère cardiovasculaire et circulatoire : palpitations, douleur hémorroïdaire, extravasation sanguine (suite à coup, contusion)
- Affections cutanées : plaie, plaie rebelle, plaie ulcérée, ulcère variqueux, blessure, engelure
- Troubles locomoteurs : affections goutteuses et rhumatismales, douleur musculaire
- Asthénie physique et nerveuse, fatigue après convalescence, épuisement après maladie inflammatoire
- État fébrile, fièvre intermittente (dès le premier frisson), fièvre paludéenne
- Maux de tête, céphalée
- Tuberculose : diarrhée, sécrétions bronchiques, état général
Modes d’emploi
- Infusion de rhizome frais : 30 à 50 g par litre d’eau bouillante à infuser pendant 10 mn.
- Infusion vineuse de rhizome sec et légèrement concassé : 4 g dans 15 cl de vin blanc (à laisser infuser jusqu’à ce que le rhizome rougisse l’infusé).
- Décoction de rhizome sec (30 à 60 g par litre d’eau) ou frais (60 à 100 g par litre d’eau) pendant 10 mn. Pour lotion, compresse, etc. On peut aussi décocter dans le vin rouge.
- Macération vineuse de rhizome : vin de benoîte simple : comptez une partie de rhizome de benoîte sur douze de vin pendant une semaine. Vin de benoîte composé : rhizome de benoîte (30 à 50 g), feuilles de sauge officinale (10 g), feuilles de rue (10 g), feuilles de menthe poivrée (10 g), en macération dans un litre de vin rouge pendant au moins vingt-quatre heures (et jusqu’à huit jours au plus).
- Teinture alcoolique : placez en contact une partie de rhizome de benoîte avec huit parties d’alcool à 36° pendant une semaine.
- Liqueur : élaborez une décoction à 3 % dans un litre d’eau. Faites réduire de moitié, puis ajoutez 100 g d’alcool à 80° et 200 g de sirop simple.
- Poudre de rhizome : 1 à 4 g par jour comme tonique, 10 à 30 g par jour comme fébrifuge. A mêler à quantité suffisante de miel pour l’absorber à la cuillère. On peut aussi incorporer cette poudre à une recette de dentifrice.
- Cataplasme de feuilles fraîches écrasées.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Récolte : les parties aériennes – si besoin est – se ramassent durant l’été, du mois de mai à celui de juillet. Concernant les racines, ne se dégage aucune unanimité quant au meilleur moment de procéder. On a au moins un indice sur le type de localités à privilégier : les terrains montueux assez secs et bien exposés. Nous disposons de plusieurs informations diverses quant à la période de cueillette des rhizomes : au printemps (mars-avril) et à l’automne (septembre-octobre) ; uniquement dès la fin de l’été ; en juin et en juillet ; du mois de mars au mois d’août si l’on en veut faire un usage immédiat à l’état frais. En vue d’une dessiccation, on peut les récolter à l’automne. Quoi qu’il en soit de la cueillette, le séchage se déroule à l’ombre, ce qui n’est pas habituel pour une partie souterraine. Le rhizome doit encore sentir l’eugénol une fois sec. Cependant, rien n’étant éternel, ce parfum disparaît peu à peu. Après environ un an, il devient inexistant. Mieux vaut alors envisager une nouvelle récolte, tant il est vrai que des produits de faible qualité peuvent entraver l’espérance de ceux qui leur accordent confiance. On aura donc tout soin de mesurer d’une année sur l’autre les quantités récoltées afin de ne pas favoriser le gaspillage.
- Outre ses usages médicinaux, le rhizome de benoîte constitue un substitut et/ou un additif au houblon. Il aromatise la bière, mais également les vins et les liqueurs en compagnie d’autres substances végétales (par exemple, une macération de rhizome de benoîte et d’écorces d’orange dans du vin blanc).
- Cuisine : la racine (et non le rhizome, qui manque de finesse pour cette fonction) de benoîte est un condiment intéressant. On l’utilisera avec profit dans la confection de sauces accompagnant volailles, poissons et céréales. On pourra en aromatiser légumes, potages, salades, en parfumer sirops, sorbets et boissons. Les jeunes feuilles sont quant à elles comestibles crues en salade par exemple.
- Si l’astringence du rhizome ne se prête pas à un usage culinaire, sa forte teneur en tanin l’a fait utiliser en tannerie.
- Teinture : selon que l’on utilise la plante entière ou la racine seule, on obtient des couleurs différentes quand on colore la laine avec la benoîte : noisette dans le premier cas, mordorée dans le second.
- Autres espèces : la benoîte des ruisseaux (Geum rivale) et la benoîte des montagnes (Geum montanum). Elles possèdent les mêmes propriétés que la benoîte officinale. En Amérique du Nord, il existe une benoîte du Canada (Geum canadensis) dont les noms anglais de blood root et de chocolate root renseignent sur la profonde couleur brune rougeâtre de son rhizome.
_______________
- Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 115.
- Paul Sébillot, Le folk-lore de France, Tome 3, pp. 437-438.
- Hildegarde de Bingen, Physica, p. 88.
- François-Joseph Cazin, Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, p. 178.
- Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 2, p. 29.
- Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, p. 158.
- Joseph Roques, Nouveau traité des plantes usuelles, Tome 2, p. 31.
© Books of Dante – 2022

Merci infiniment … Vos articles m’accompagnent sur le chemin de la vie
J’aimeAimé par 1 personne
Bonjour et merci pour cet article bienvenu Pourriez-vous penser à insérer une Photo (les planches botaniques restent d’un charme inégalé, mais…), En Pied, des plantes sujettes de vos articles ? La benoîte, là, ressemble à bcp d’autres plantes et, s’il faut s’embarquer sur le Net ou livre botaniques à vraiment s’assurer qu’on l’identifie bien, ça perd en plaisir…Pas de pb si vous jugez que ma suggestion n’est pas fondée, je resterai fan de vos publications Bonne fin de cette année là Lo
J’aimeJ’aime
Bonjour,
J’ai volontairement pris le temps de répondre, je ne souhaitais pas me précipiter.
J’ai bien entendu la requête que vous soumettez dans votre commentaire, mais je ne puis pas m’y résoudre, premièrement parce que ce blog n’a pas vocation à être un site d’identification botanique pure. Secundo, parce que si je supprime les anciennes illustrations de mes articles, je flingue littéralement leur équilibre, et à cela non plus je ne puis me soumettre. Les choses resteront donc dans cet ordre-là, complémentaires et opposées.
Bonne journée à vous,
Gilles
J’aimeJ’aime