Lorsque l’oranger doux parvint en Europe, son cousin le bigaradier s’y trouvait déjà depuis quelques siècles. Malgré ce décalage temporel, tous deux proviennent de cet Est lointain qu’est la vaste Asie, bien qu’on se contredise quant à l’origine exacte de son lieu de naissance : parfois, on évoque les contreforts himalayens jouxtant le Tibet, à d’autres on le place dans ces territoires que l’on appelait naguère Cochinchine et Indochine, autrement dit le Sud-Est asiatique. Il entreprit donc une migration vers l’Inde et la Perse. Mais on explique aussi que cet oranger fut rapporté de Chine par ces grands voyageurs que furent les Portugais au tout début du XVI ème siècle (vers 1515). D’autres sources mentionnent que cette introduction européenne daterait du XIV ème siècle et que ce serait la culture de cet arbre en Europe qui remonterait, elle, au seizième. Mais il semble y avoir là une confusion entre l’oranger doux et le bigaradier.
Afin de bien marquer la prééminence du Portugal sur la question de l’orange, en parfumerie, « l’essence de Portugal » désigne l’essence d’orange douce. De même, dans diverses langues européennes, les mots ayant été utilisés pour évoquer ce fruit qu’est l’orange soulignent cette prépondérance portugaise : le roumain portocal, le grec portogalia, l’albanais portokale, l’italien portogalloti disent, on ne peut mieux, par un monopole langagier, la relation très étroite qu’entretinrent les Portugais avec cette orange flamboyante qui, s’apparentant à cet Ouest où se couche le soleil, fit affirmer à d’aucuns que le jardin des Hespérides se situait au-delà des colonnes d’Hercule. Puis, du Portugal, l’oranger se répandit aux territoires limitrophes dont le climat permet sa culture, à savoir l’Espagne, la France, l’Italie, l’ensemble de l’Europe méridionale en somme, ainsi que d’autres pays bordant la mer Méditerranée (Israël, Tunisie…). Pour ce qui concerne la France, c’est en Provence que Catherine de Médicis, y effectuant une visite en 1564, tomba émerveillée devant ces orangers qu’on appelait déjà ainsi, de même que les oranges depuis le début du XVI ème siècle, mais pas auparavant car à quoi servirait donc de forger un mot dont on n’aurait aucune utilité ? C’est ainsi qu’en France, un siècle plus tard, quand on parle d’Orange de Chine, l’on sait très bien à quoi l’on fait référence, aucun doute n’est permis à ce sujet, il s’agit bien de ce fruit dont Nicolas Rapin fait l’éloge poétique en 1666, le même que Charles Perrault place, en compagnie de citrons, entre les mains du prince de Cendrillon avant que cette dernière ne les adresse à son tour à ses demi-sœurs Anastasie et Javotte, en signe propitiatoire dit-on, souhaitant par là qu’elles trouvent l’une et l’autre un mari à leur tour, une chaussure où loger leur grand pied… A moins qu’il ne faille voir là que la simple expression d’une amertume, à l’image d’un fragment historique bien réel durant lequel le roi Louis XIV fit de même avec l’une de ses favorites qui ne l’était plus tellement – La Palatine – qu’il délaissait pour s’esbaudir dans les joies de l’homosexualité de cour. Celui-ci lui offrit donc oranges et citrons, ce qui, pour La Palatine, était la preuve d’un réchauffement du roi à son égard, ce qui fit conclure à cette gourdiflouille que « cela fit bien des jalouses ». Sauf si, bien entendu, le roi, par son geste, ait voulu signifier un tout autre symbole que la galanterie : le mirage de l’orange souligné, qui plus est, par cette couleur qui évoque le rouquin peu fiable, ainsi que le jaune citron qui amène mensonge et trahison. Malgré ce caractère caustique du citron et de l’orange, il est évident qu’avec cette dernière, il s’est passé quelque chose durant le grand siècle de Louis XIV, non seulement en tant qu’ingrédient de « l’eau de Venise », composition magistrale dont on trouve la trace dans le Petit Albert, et qui, dit-on, avait cours à Versailles, attendu que cette eau rendait le visage éclatant. A ce soin de beauté, l’on peut additionner celui auquel procédait Ninon de Lenclos (1620-1705) qui prétendait devoir son inaltérable jeunesse à la consommation quotidienne d’oranges. Une douzaine par jour paraît-il. Marotte du même acabit que le verre de porto de Jeanne Calment, sur lequel elle attribuait son exceptionnelle longévité, ce en quoi il est permis de douter, le porto étant une boisson médicalement des plus médiocres. Mais c’est là une tout autre histoire.
Il n’y a pas de fumée sans feu et bien des anecdotes de l’histoire sont là pour nous rappeler qu’il y a bien entre l’orange en tant que fruit et l’homme bien plus que de la « mignoterie » : quelque chose de suave et de gourmand qui a indubitablement trait au sexe, soit que l’orange aille au fond des choses ou qu’elle joue le seul rôle de boute-en-train. L’orange, à travers une expression « avoir des oranges sur l’étagère », fait référence aux seins, de même que la poire et la pomme. Elle renvoie aussi aux fesses si l’on en juge par un extrait pioché dans les Mille Et Unes Nuits : « si je contemple votre peau luisante, puis-je ne point penser à mon amie, la jouvencelle aux belles joues, dont le derrière d’or est granulé » ? Disons que, il y a de cela plusieurs siècles, dans certains pays de langue arabe, l’on ne se souciait semblerait-il pas de cette peau qu’on dit d’orange qui est aujourd’hui – parce que c’est une question culturelle – si redoutée !… Cette peau granulée, autant dire la cellulite, évoquant la peau de l’orange inspira donc les poètes et favorisa le badinage, tant et si bien que l’orange, sans farder, alla beaucoup plus loin : elle alla jusqu’à jouxter le sexe de la femme, ni plus ni moins, comme, par exemple, à travers cette recette de figues pochées au jus d’orange : l’allusion à la vulve, via la figue, n’est jamais bien loin, pour peu qu’on ait l’esprit tourné dans cette direction. Mais rien ne dit vraiment que l’orange, malgré cette concomitance, participe aux agapes : prenez, par exemple, ce que, au temps de Louis XIV, on appelait les sultans : des sachets odorants parfumés à l’orange que l’on glissait sous les robes au XVII ème siècle. Est-ce pour autant un rituel censé appeler Aphrodite pour qu’elle exauce les vœux ou bien n’est-ce là qu’un préservatif, le dix-septième ayant été, en général, un siècle peu propre. Sans doute ces sultans avaient-ils pour fonction de se mêler au remugle de la vieille crasse poudrée et musquée de la courtisane batifolant à la cour, infection devant rappeler l’odeur de ces bouges qu’on repoussait à la limite des faubourgs où l’orange princière aurait pu, sans mal, donner l’impression de camoufler l’odeur de la pauvreté par l’illusion d’un sent-bon de toute manière hors de prix.
Pourtant, « les oranges passaient […], à l’époque, pour exciter les ardeurs de Vénus, ce sur quoi on est bien revenu » (1) : ici ou là, il est écrit que l’oranger est régi par Aphrodite qui aurait, dit-on, planté elle-même le premier oranger sur l’île de Chypre. Cela n’est donc pas pour rien que dans d’autres régions insulaires, comme en Crète et en Sardaigne, « on attache des oranges aux cornes des bœufs qui conduisent le char nuptial », nous apprend Angelo de Gubernatis (2). Mais nous ne sommes jamais qu’au seuil de la chambre nuptiale, de même que l’orange sous les jupes des filles, en cette période virginale encore marquée de la pureté et de la chasteté. Par exemple, « dans la Chine ancienne […] l’offrande d’oranges aux jeunes filles signifiait une demande en mariage » (3). A ce stade, l’acte sexuel n’a pas encore été consommé, aussi peut-on malaisément accorder à l’orange une vertu aphrodisiaque. Qu’elle en ait émoustillé certains, pourquoi pas, c’est bien possible. Mais, à l’heure actuelle de mes connaissances, je n’ai jamais vu quiconque s’émouvoir, voire se pâmer dans les rayons fruits et légumes des grands magasins, où un Pablo Neruda moderne déclarerait son ode à l’orange !… Si jamais l’on nous rétorque « qu’au Vietnam, on faisait autrefois présent d’oranges aux jeunes couples » (4), nous répondrons que ce n’était pas dans une visée sexuelle mais plutôt pour signifier la générosité et inviter la fécondité sous toutes ses formes (5).
En réalité, l’orange a plus à voir avec le farniente, rappelant Daudet, à la sieste, sous les orangers corses d’Ajaccio. Soleil du Sud, les principales variétés d’orangers en proviennent : Nice, Gênes, Malte, Portugal, etc. L’orange est donc un soleil d’importation : « Par les crépuscules d’hiver, lorsque le brouillard s’abat lentement sur les faubourgs, à l’heure où les réverbères s’allument, noyant les êtres et les choses d’une lueur blafarde qui miroite en reflets lugubres dans les flaques boueuses, les voitures des marchandes d’oranges apparaissent le long des rues populeuses comme de mouvantes taches éclatantes où rayonne un peu de la lumière et de la chaleur des pays ensoleillés : l’atmosphère maussade et glacée en est tout égayée et des beaux fruits embrasés semble se dégager une flamme qui met aux joues de la marchandes et de ses clientes, filles anémiques du faubourg, midinette pâlies dans les ateliers, une pointe de l’incarnat des héroïnes de Mistral » (6). Nul besoin d’ouvrir un quelconque bouquin d’olfactothérapie pour y lire les mièvreries psycho-émotionnelles qu’on trouve dans la plupart : cette description de Leclerc y pourvoit très largement. Qu’est-elle, cette orange, sinon lueur d’espoir qui point en des temps sombres proches du solstice ? Je dis assez souvent que la perle n’est jamais bien loin du dragon. Nous en avons là un bel exemple : historiquement, les oranges bien mûres étaient disponibles en toute fin d’année. De plus, elles sont parmi les fruits (je dis bien les fruits) ceux qui apportent le plus de vitamine C (et C2, à ne pas oublier) en cette même période, où l’organisme est davantage fragilisé, d’où les rhumes et autres affections/infections hivernales. Ainsi, à cette progressive disparition de la luminosité et à l’inexorable avancée de l’obscurité, il faut trouver moyen d’opposer une compensation. C’est pourquoi les gens à l’ombre sont-ils si souvent en situation d’avitaminose, ce qui explique qu’on apportait des oranges aux prisonniers qui subissaient, eux, une autre forme d’ombre.
Mets de choix qui figura longtemps sur les tables les plus riches, là où aujourd’hui elle est extrêmement courante et presque vulgairement insignifiante, l’orange, il y a belle lurette qu’elle n’a plus le mérite de la nouveauté, bien que sa démocratisation ait été inégale d’une région à l’autre : il y a quelques siècles, dans les ports normands, des arrivages fréquents et conséquents d’oranges les rendaient relativement abordables, alors que dans certains coins reculés de France ravitaillés par les corbeaux, jusque même après les années 1950, l’orange restait un fruit de luxe qu’il était assez rare de s’offrir ou d’offrir tous les quatre matins : elle prenait alors fréquemment le rôle de cadeau de Noël (dont beaucoup d’entre eux conservèrent longtemps une nature alimentaire), ce que souligne, on ne peut mieux, sa rareté et sa cherté d’alors.
L’oranger doux en phyto-aromathérapie
Pour une bien étrange raison, on a durant longtemps opposé l’oranger amer (ou bigaradier) comme parfum et médicament, à l’oranger doux, considéré juste bon pour tenir sur les tables, mais jamais assez, semblerait-il, pour faire de lui un quelconque remède. Il faut dire que l’oranger amer s’y connaît, offrant pas moins de deux huiles essentielles (petit grain bigarade et néroli) et une essence extraite du zeste de ses fruits (essence d’orange amère). Mais comme de cet oranger nous avons déjà largement parlé, nous ne nous étendrons pas sur le sujet.
Des fleurs fraîches de l’oranger doux, l’on a dit que leur parfum était moins suave, moins aromatique que celles dont on tire l’huile essentielle de néroli, aussi ne s’intéresse-t-on pas aux fleurs de cet arbre qu’est l’oranger doux, non plus qu’à ses feuilles, son apport aromatique se cantonnant à son zeste couvert de poches vésiculeuses faisant saillie en surface. Les annales de l’histoire de la distillation nous apprennent qu’autrefois – tout comme on le fit pour le citron – on distillait l’écorce d’orange. Cependant, l’huile essentielle ainsi produite était beaucoup moins intéressante olfactivement parlant que l’essence qu’on obtenait en exprimant par la force mécanique ces mêmes zestes. Ainsi il n’y a pas de différence entre les micro-gouttelettes qui se fichent dans les yeux quand on épluche une orange et son essence issue d’une expression. Ce liquide aromatique – cette essence donc – aux notes fraîches mêlées de douceur fruitée, se distingue par son caractère hespéridé et acidulé, dont l’olfaction fait remonter, en arrière-fond, un soupçon légèrement amer loin d’être désagréable. Incolore à jaune orange plus ou moins soutenu, l’essence d’orange douce est prometteuse : son rendement varie de 0,5 à 1,5 % environ. Elle est essentiellement constituée de monoterpènes (98 %, dont 90 % de limonène la plupart du temps). Puis viennent quelques monoterpénals (décanal, octanal, géranial : 0,5 %), des sesquiterpènes (valencène), des monoterpénols (linalol), des cétones, ainsi que des furocoumarines, toutes deux à l’état de traces (0,5 % maximum).
Bien sûr, l’orange ne s’arrête pas qu’à son zeste. Celui-ci dissimule ce que l’on appelle l’albédo, substance blanchâtre qui sépare le zeste des quartiers d’orange centraux. Très amer, cet albédo est peu usité. Quand on se préoccupe des zestes, on recommande très souvent de supprimer cette matière spongieuse afin qu’elle ne communique pas aux futures préparations une amertume répréhensible. Malgré cette précaution, il n’en reste pas moins que l’orange douce recèle, malgré son nom, des principes amers, mais suffisamment de sucre (5 %) pour qu’on ne soit pas dans l’obligation de faire la grimace quand on croque dans un quartier. A l’eau généreuse de l’orange (90 %), il faut ajouter divers acides (malique, citrique, acétique, tartrique : 2,5 %), un peu de protéines (0,7 %), d’albumine (0,7 %) et sels minéraux et oligo-éléments (calcium, potassium, magnésium, phosphore, sodium, fer, cuivre, zinc, manganèse, brome…), des flavonoïdes, enfin ce qui depuis des lustres fait la réputation de l’orange, c’est-à-dire les vitamines, en particulier la célèbre vitamine C qu’on trouve à hauteur de 50 à 100 mg aux cent grammes de jus de fruit frais, mais aussi sa corollaire, la vitamine C2, ainsi que diverses autres vitamines du groupe B (B1 entre autres), de la provitamine A, de la vitamine P, etc., ce qui lui vaut le titre de « meilleur fruit d’hiver, suppléant aux carences vitaminiques », selon le docteur Valnet (7).
Propriétés thérapeutiques
- Sédative, calmante, apaisante du système nerveux, anxiolytique
- Apéritive, digestive, stomachique, carminative, laxative, purgative (les pépins exclusivement), cholérétique, cholagogue
- Anti-infectieuse : antibactérienne, antifongique, antivirale, immunostimulante, antiseptique atmosphérique majeure
- Tonique musculaire, reminéralisante, anti-oxydante
- Antihémorragique, fluidifiante du sang, protectrice vasculaire, décongestionnante lymphatique
- Diurétique
- Rajeunissante cellulaire et tégumentaire
Usages thérapeutiques
- Troubles de la sphère gastro-intestinale : idéale pour les malades gastriques et intestinaux, constipation, spasmes gastro-intestinaux, irritation des voies digestives, dysenterie, dyspepsie, ballonnement, lourdeur d’estomac, flatulences
- Troubles de la sphère circulatoire : hyperviscosité sanguine, thrombose, fragilité capillaire (8), stase, œdème, cellulite (9) d’où : cure d’amincissement
- Troubles de la sphère respiratoire : bronchite chronique, rhume, « refroidissement » (dans l’ensemble : prévention des maladies contagieuses par l’intermédiaire de son fort pouvoir antiseptique atmosphérique)
- Troubles de la sphère rénale : irritation des voies urinaires, néphrite
- Croissance, anorexie, anémie, déminéralisation, avitaminose (état scorbutique), asthénie physique et intellectuelle, convalescence, vieillesse
- Dermatose, eczéma, ulcère
- Stomatite, gingivite
- Diabète : l’orange ne le guérit pas, elle est juste recommandée aux diabétiques puisque 100 g d’orange fraîche contiennent moins d’éléments glycogéniques que 10 g de pain
D’un point de vue psycho-émotionnel
Agissant ostensiblement sur le système nerveux, l’essence d’orange douce induit un sommeil doux et profond : on a donc tout intérêt, quand besoin s’en fait sentir, de diffuser cette essence dans une chambre à coucher peu de temps avant l’endormissement, surtout chez les enfants : elle ôte en eux le stress, l’anxiété, la nervosité, l’agitation, enfin l’ensemble des résidus des trépidations de la journée, peu compatibles avec l’accès à un repos salvateur et réparateur, favorisant tout au contraire les cauchemars et autres terreurs nocturnes avec ou sans réveil. En restituant un peu de calme et de confiance, l’essence d’orange douce détend l’atmosphère, au sens propre comme au figuré, aussi bien à la maison qu’en extérieur : chambre d’hôpital, cabinet thérapeutique, salle d’attente du dentiste, etc., non seulement pour les débarrasser d’une ambiance viciée, mais aussi pour qu’angoisse et trac quittent l’enclave de nos pensées, apportant là davantage de sérénité aux « inquiets médicaux », les dotant de la sécurité et du soutien qui leur sont nécessaire.
Dans les espaces de communication, son rôle de tonique psychique, outre l’émergence de la joie et de la gaieté, favorise l’arasement des irritations et de la colère. C’est aussi pour cela qu’on ne peut pas la cantonner au seul domaine de l’enfance, même si elle évoque, de manière inexorable c’est vrai, cette époque de l’existence : ne vous souciez donc pas de ces vieux croûtons rassis qui donnent l’impression de n’avoir jamais été enfants, qui, se gaussant de vous, vous jettent une œillade mi amusée mi écœurée, considérant que vous faîtes le bébé, le nez dans l’orange ! Qu’importe, il n’y a pas un seul moment dans l’existence (séparation, chagrin, deuil…) qui devrait s’exonérer de sa juste part d’amour, son quartier d’orange en somme. Qu’importe, nous sommes, toutes et tous, une fois au moins dans notre vie, de ces créatures émaciées et faméliques fortement bien décrites par mon cher docteur Leclerc, pour qu’on n’ait pas à s’inquiéter de la vue basse de telle ou tel, car, pour reprendre les mots de la poétesse américaine Audre Lorde, « m’occuper de moi n’est pas de l’égoïsme, c’est de l’instinct de préservation ». Aussi, orangez-vous avec elle, cela vaut bien mieux, car, comme le professait Alain, toute tristesse est bien inutile.
Modes d’emploi
- Essence : diffusion atmosphérique, inhalation, olfaction, voie orale, voie cutanée (selon les besoins, en massage sur la colonne vertébrale, la voûte plantaire, le plexus solaire, la région cardiaque ; en friction radiale également).
- Le fruit et son jus en nature (frais, si possible : le jus d’orange de supermarché – désolé d’insister – même biologique, n’est plus du jus d’orange).
- Cataplasme de pulpe cuite d’orange douce.
- Infusion d’écorce d’orange douce (fraîche ou sèche).
- Sirop d’écorce d’orange douce (fraîche).
- Macération alcoolique d’écorce d’orange douce.
- Gelées, marmelades.
Précautions d’emploi, contre-indications, autres informations
- Les lithiasiques (vésicule biliaire) se garderont de faire de l’essence d’orange douce un usage interne.
- Phototoxicité : la présence de furocoumarines rend cette essence potentiellement photosensibilisante.
- Pouvoir allergisant : le limonène contenu en forte proportion dans l’essence d’orange douce est l’une des molécules les plus allergisantes qui soient. Il existe donc pour certaines peaux un risque réel d’irritation cutanée. Bonne raison (avec la précédente également) d’éviter, quand c’est nécessaire, de faire de cette essence un emploi via voie cutanée.
- Les essences d’agrumes s’oxydent assez rapidement contrairement aux huiles essentielles. On prendra donc soin de les stocker à l’abri de la chaleur et de la lumière, de préférence dans un lieu sec, afin d’augmenter un peu leur chance de se conserver mieux.
- Arôme alimentaire de choix, l’essence d’orange douce intervient aussi en dehors de la cuisine, en parfumerie par exemple, où sa fragrance hespéridée lui vaut de composer une bonne partie de la plupart des eaux de Cologne.
- L’orange en tant qu’aliment possède une valeur alibile non négligeable et se marie bien à l’état frais au melon, à la fraise, à la carotte, etc. Nous n’en dirons pas davantage, n’ayant pas la prétention de nous substituer à un manuel d’économie ménagère.
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1. Jean-Luc Hennig, Dictionnaire littéraire et érotique des fruits et légumes, p. 445.
2. Angelo de Gubernatis, La mythologie des plantes, Tome 2, p. 268.
3. Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, p. 708.
4. Ibidem.
5. Fruit du soleil souvent présent au Carnaval, l’orange était, comme les noix, lancée afin d’ouvrir le chemin de l’abondance en cette période qui précède de peu le renouveau de la Vie, de la Nature.
6. Henri Leclerc, Les fruits de France, p. 234.
7. Jean Valnet, Se soigner par les fruits, les légumes et les céréales, p. 353.
8. « Le zeste contient des substances à propriétés vitaminiques P qui sont indiquées dans le traitement de la fragilité des petits capillaires sanguins cutanés dont ils renforcent les parois, diminuant de ce fait les risques d’ecchymoses et améliorant la circulation périphérique. Ces substances appartiennent au vaste groupe des flavonoïdes, qui doivent leur nom à leur couleur, celle des agrumes précisément » (Jean-Marie Pelt, Les vertus des plantes, p. 41).
9. Le Petit Albert préconisait de manger les viandes avec des acides tels que le verjus, le suc d’oseille, le vinaigre, le citron et le jus d’orange. C’était-il que, déjà, on avait remarqué que l’orange était un « mange-graisse » ?
© Books of Dante – 2018