Le mélèze, un conifère pas comme les autres

mélèze_cônes

Quoi, encore un résineux ? Alors, déjà, le mot résineux est impropre si l’on considère le conifère qu’est le mélèze, car il existe bien des espèces végétales résineuses qui ne sont pas des conifères. Donc, reprenons. Le mélèze, qui est un conifère – donc résineux – à nul autre pareil, est…

Ah, ah ! Cet arbre me perturbe. Ma première rencontre avec lui remonte au mois de novembre 1983, dans le Queyras où il y est très fréquent. A l’époque, j’ai été très surpris de constater que cet arbre n’avait pas de feuilles, comme s’il s’agissait d’un arbre mort. C’est en y regardant de plus près que j’ai remarqué que cet arbre dégarni portait de petits cônes de 3 à 4 cm de hauteur. D’autant plus troublant qu’on m’avait toujours appris que les arbres à feuilles caduques voient leurs feuilles tomber en hiver alors que celles des conifères persistent dans le temps, semper virens qu’elles sont. Avec le mélèze, non. Il s’agit de l’unique conifère européen qui, comme les « feuillus », perd ses aiguilles durant la saison hivernale. En voilà donc un qui ne fait rien comme les autres. Ou presque. Un petit portrait de la bête s’impose.

Ce conifère montagnard (mélèze signifierait « arbre de la montagne », ce qui est fort maigre comme indication ; quant à l’étymologie, elle est évasive à son sujet) est une espèce endémique à deux territoires originels, les Alpes et les Carpates (il est aujourd’hui naturalisé dans bien des pays européens dont l’Angleterre ; c’est pour cela que le Dr Edward Bach a pu concevoir l’un de ses célèbres élixirs floraux, Larch, pour avoir rencontré le mélèze dans la campagne anglaise).

Mélèze

Sa racine en pivot permet au mélèze de prendre pied sur des terrains difficiles que dénigreraient bien d’autres conifères et de jouer à l’équilibriste par la même occasion (cf. photo). La rocaille et les sols pauvres ne lui font pas peur, c’est une espèce pionnière qui pousse à la limite des arbres (2 500 m dans les Alpes).
S’élevant jusqu’à 35 m (50 dans des cas exceptionnels), le mélèze est un conifère dégingandé. Des rameaux graciles et pendants s’accompagnent de faisceaux d’aiguilles molles de couleur verte sur les deux faces. Sur cet arbre, on trouve des chatons mâles de couleur jaune et des chatons femelles tirant vers le rose carmin. L’écorce, brun grisâtre, devient fort épaisse (20 cm) chez les sujets les plus anciens (dont l’âge maximal avoisine les 600 ans). Sous cette carapace, on trouve un bois de couleur rougeâtre très résistant à l’eau, mais qui ne fait pas toujours le bonheur du bûcheron. J’explique. Le mélèze, comme beaucoup d’autres conifères, pousse en hélice, c’est-à-dire que les fibres de son tronc s’agencent de façon hélicoïdale. Quand un mélèze est jeune, cette hélice est sinistrogyre. Vers 20-30 ans, inexplicablement, le sens de rotation s’inverse : l’hélice devient donc dextrogyre et le restera jusqu’à la fin de la vie de l’arbre. Ce phénomène de spiralisation n’est pas typique du mélèze, on le rencontre chez les pins, les genévriers, les sapins, les épicéas. L’altitude à laquelle pousse cet arbre semble avoir une conséquence sur cet effet. Écoutons ce que Francis Hallé, grand spécialiste des arbres, nous dit à propos du mélèze : « Les mélèzes, arbres montagnards, auraient une spiralisation d’autant plus forte qu’ils poussent dans des conditions plus rudes, ce qui les aiderait à mieux résister aux vents forts et aux surcharges de neige […]. Dans les conditions extrêmes, la spiralisation devient si forte sur les arbres nanifiés que ces derniers sont recherchés par les producteurs… de bonsaïs » (Plaidoyer pour l’arbre, p. 71).

mélèze_chatons_femelles

Du point de vue des usages médicinaux du mélèze, on se sera déjà attaché à sa résine qu’on récolte comme celle du pin des Landes, c’est-à-dire en incisant le tronc et en plaçant un pot qui vient recueillir la résine s’écoulant de la blessure de l’écorce. Puis on distille cette résine et on obtient un produit connu sous différents noms : térébenthine de Briançon, térébenthine suisse, térébenthine fine ordinaire, térébenthine de Venise… Elle était utilisée dans des cas de bronchite, de cystite, d’inflammation rénale, mais aussi de diarrhée et de dysenterie.
Quant aux aiguilles du mélèze (la partie de l’arbre que l’on distille pour obtenir l’huile essentielle objet de cet article), elles secrètent une substance sucrée, la mélézitose. Surnommée manne de Briançon, elle est avant tout laxative et purgative.

Le mélèze en aromathérapie

Huile essentielle : description et composition

Il est très surprenant de découvrir une odeur douce qui n’est pas sans rappeler ce que je viens d’indiquer à propos de la manne de Briançon. On s’attend à une fraîche odeur résineuse de pin, eh bien pas du tout ! Pourtant, comme nous allons le voir, l’huile essentielle de mélèze contient bien des molécules aromatiques communes aux pins, sapins, genévriers, etc. D’un point de vue olfactif, cette huile essentielle se situe à mi-chemin entre celles de manuka et d’épinette noire.

Propriétés thérapeutiques

  • Anti-infectieuse, antiseptique
  • Hormon-like (au niveau des cortico-surrénales)
  • Neurotonique : stimulante (dose faible), relaxante (dose moyenne), relaxante et stupéfiante (haute dose)
  • Anti-inflammatoire

Usages thérapeutiques

  • Affections respiratoires : pneumonie, bronchite, manque de souffle
  • Dystrophie osseuse (cette huile essentielle améliore la mobilité articulaire)
  • Fatigue nerveuse, asthénie physique et nerveuse, fatigue chronique
  • Angoisse, anxiété, déprime, dispersion et confusion mentale, labilité mentale et émotionnelle

Modes d’emploi

  • Voie orale
  • Voie cutanée
  • Inhalation, olfaction
  • Diffusion atmosphérique

Contre-indications

  • Hormis une possible réaction allergique à certains monoterpènes contenus dans cette huile essentielle, je n’en vois pas d’autres (pour le moment).

P. S.

Bien des questions demeurent en suspens en ce qui concerne cette huile essentielle. Elles sont d’ordre technique pour certaines d’entre-elles : composition biochimique exacte, rendement, durée de distillation ? Par ailleurs, est-ce la mélézitose contenue dans les feuilles qui donne à cette huile essentielle un goût sucré ? L’âge des arbres que l’on récolte a-t-il une importance ? Du fait de l’inversion de la spiralisation, obtient-on une huile essentielle à la composition différente selon l’âge de l’arbre ?
Oui, cela représente bien des points à creuser, mais je ne pouvais pas attendre davantage pour vous présenter cette exceptionnelle huile essentielle. J’éditerai donc par la suite cet article en fonction des résultats de mes investigations à propos de cette huile essentielle pas comme les autres.

© Books of Dante – 2015

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