La marjolaine à coquilles

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Nous traiterons avec circonspection l’origine de la terre natale de la marjolaine, puisque certains la disent asiatique, d’autres africaine. Qu’importe, elle aura su apporter ses charmes au pourtour méditerranéen depuis l’Antiquité. Chez les Égyptiens, elle est cultivée depuis 3 000 ans, ce qui est toujours le cas à l’heure actuelle. En effet, on trouve sur le marché européen des huiles essentielles de marjolaine à coquilles cultivée en Égypte, bon, de piètre qualité il faut bien le dire, et vendues par de grosses enseignes dont je tais ici le nom afin de ne pas leur faire davantage de publicité qu’elles n’en ont déjà. Bref. A l’époque des anciens Égyptiens, la marjolaine était qualifiée de plante d’Osiris, mais il est difficile de savoir si c’était une plante identique à ce que nous appelons marjolaine à coquilles (ou marjolaine des jardins : deux noms différents pour une même plante). Avait-elle un rapport avec le dictame de Crète ou bien le sampsouchon (ou amarakos) grec ? Comme trop souvent, pas de textes précis, encore moins d’illustrations.

On parle aussi de marjolaine au temps de Mithridate, de Dioscoride et de Pline, autant pour ses vertus médicinales que pour la qualité de son parfum. Les Grecs et les Latins confectionnaient des couronnes de marjolaine destinées aux jeunes époux, ce que la symbolique crétoise de cette plante – l’honneur – accrédite, puisque cette plante est censée éloigner les séducteurs de tout poil. On le sait depuis, la marjolaine n’est pas arme d’Aphrodite, même si cette dernière l’aurait utilisée pour guérir Énée.
Lors de l’Antiquité, la marjolaine, sous forme de poudre, de décoction ou de potion vineuse, est déjà considérée comme diurétique, emménagogue et sternutatoire. La médecine, certes, mais aussi la cuisine, comme l’atteste sa présence au sein du De re coquinaria d’Apicius au IV ème siècle ap. J.C. D’ailleurs, au Moyen-Âge, on trouve très souvent le nom de la marjolaine dans le Mesnagier de Paris, un traité culinaire du XIV ème siècle. Mais, avant cela, on rencontre la marjolaine sous la plume d’Albert le Grand qui, selon toute apparence, connaissait bien cette plante. En effet, il indique des propriétés médicinales reconnues (apéritive, résolutive, fortifiante). Elle est aussi conviée pour des emplois parallèles (aromatiser les vins, conserver la charcuterie).
Bien qu’on ait dit que la marjolaine aura été un des nombreux souvenirs des Croisades, sa culture en Europe occidentale n’est pas attestée avant le XVI ème siècle. Matthiole et Pauli parlent d’elle, Lémery sera peut-être le dernier, au XVII ème siècle, à faire état de son cas, puis elle tombera lentement dans l’oubli jusqu’à être quasiment inemployée au XIX ème siècle.

La marjolaine est une plante annuelle, voire bisannuelle, sous nos latitudes, mais reste vivace sous un climat plus chaud. Par exemple, en Tunisie, elle est utilisée comme culture intercalaire dans les rangs d’oliviers et atteint facilement plus d’un mètre, alors qu’en France elle dépasse rarement la moitié. Elle est dite semi-rustique. Bien qu’elle supporte des températures pouvant descendre jusqu’à – 7° C, elle craint le froid et l’humidité comme le thym et la sauge, alors que la sécheresse ne lui fait pas peur. Bien que typiquement méditerranéenne, elle est cultivée en Allemagne et en Pologne, on la trouve aussi plus au nord, en Angleterre et dans le sud de la Scandinavie, mais elle n’y fleurit que peu, signe d’une inadéquation entre le caractère de cette plante et un climat inadapté. En cela, elle ressemble assez au basilic. Elle sera à son avantage sur des terres plus chaudes et plus sèches (Turquie, Chypre, Arabie, Égypte, Inde…). Là, on la rencontre vivace, aux racines ligneuses et menues, aux tiges dressées, rameuses et anguleuses, portant de petites feuilles opposées et ovales à l’odeur aromatique soutenue. Quant à ses fleurs, elles sont généralement blanches mais peuvent parfois légèrement rosir. Avant d’éclore, elles se trouvent enfermées dans les fameuses coquilles (cf. photo), puis disposées en denses épis terminaux, comme c’est de coutume chez de nombreuses autres représentantes de la famille des Lamiacées.

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La marjolaine à coquilles en aromathérapie

Description et composition

C’est une huile essentielle admirablement équilibrée puisqu’elle contient autant de monoterpènes que de monoterpénols : 45 % de chaque. Nous verrons plus loin en quoi cela fait de la marjolaine à coquilles une huile essentielle intéressante. Contrairement aux origans, thyms et autres sarriettes dont elle doit être rigoureusement distinguée, la marjolaine ne contient pas de phénols, ce qui autorise un usage moins précautionneux. Les feuilles et les sommités fleuries sont récoltées puis distillées en deux heures environ. Le faible rendement (0,3 à 0,4 %) explique un prix parfois élevé, en particulier si l’huile essentielle est de qualité biologique. L’huile essentielle de marjolaine à coquilles, de couleur jaune ambré, présente une odeur herbeuse, douce mais légèrement épicée, chaude sans excès.

Propriétés thérapeutiques

  • Anti-infectieuse : antibactérienne, antifongique, antivirale correcte, antiseptique atmosphérique
  • Neurotonique, stimulante et rééquilibrante générale, calmante puissante du système nerveux autonome, sédative, décontractante, anxiolytique, antidépressive (ses vertus à la fois tonique et calmante s’expliquent par l’équilibre moléculaire propre à cette huile essentielle)
  • Apéritive, régulatrice de l’appétit, digestive, carminative
  • Antispasmodique
  • Anti-inflammatoire, antalgique
  • Expectorante
  • Régulatrice cardiaque, hypotensive, vasodilatatrice artérielle, tonique circulatoire
  • Anti-oxydante
  • Diurétique
  • Cicatrisante
  • Anaphrodisiaque (à doses élevées)
  • Stupéfiante (à doses élevées)

Usages thérapeutiques

  • Troubles cardiovasculaires et circulatoires : hypertension, tachycardie, arythmie, extrasystole, angor, palpitations, acrosyndrome
  • Troubles de la sphère gastro-intestinale : spasmes, dyspepsie, gastrite, gastralgie, entérocolite, colite, inappétence, mauvaise digestion d’origine nerveuse, ulcère gastrique, acidose, flatulences, diarrhée
  • Trouble de la sphère respiratoire : rhume, sinusite, rhino-pharyngite, toux grasse spasmodique, bronchite, otite, coqueluche, dyspnée, hoquet, oppression respiratoire, sécheresse nasale, anosmie réversible, asthme nerveux
  • Troubles génitaux : obsession sexuelle, érotomanie, éréthisme génital
  • Contractures musculaires, crampes, spasmophilie, tics faciaux, torticolis, rhumatisme, arthrite, névralgie, sciatique, épilepsie
  • Affections virales : grippe, herpès labial
  • Hyperthyroïdie
  • Stress, anxiété, angoisse, nervosité, agitation, irritabilité, agressivité, panique, psychose, phobie, états dépressifs, chagrin, neurasthénie, troubles du sommeil, insomnie d’origine nerveuse, troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie)
  • Plaies, piqûres d’insecte

Modes d’emploi

  • Diffusion atmosphérique, inhalation, olfaction
  • Usage interne
  • Usage externe

Contre-indications et usages alternatifs

  • Attention de ne pas confondre cette huile essentielle avec celles d’origans, confusion qui tient au fait qu’on appelle parfois la marjolaine à coquilles du nom de grand origan. Quoi qu’il en soit, en aromathérapie, le nom scientifique de la plante permet de dissiper les malentendus.
  • Si cette huile essentielle ne présente pas de toxicité aux doses thérapeutiques et physiologiques, il est bon d’observer une relative prudence en cas d’application cutanée : les peaux fragiles pourraient y être sensibles. En cas de doute, il sera préférable de procéder au test du pli du coude.
  • Bien que la marjolaine entre dans la composition d’un mélange d’aromates mieux connu sous le nom d’herbes de Provence, il serait dommage de ne l’utiliser que sous cette forme, ses feuilles possédant un goût plus doux mais plus épicé que celles de l’origan. Elle se marie bien avec les légumes méridionaux que sont la tomate, le poivron, la courgette et l’aubergine. Elle relève à merveille une sauce tomate ainsi que les viandes blanches trop fades. Elle fait merveille avec les poissons et les fruits de mer, mais aussi avec certains fruits (pêche, nectarine, mangue…). Si vous souhaitez employer la marjolaine en cuisine, et cela que ce soit sous forme d’huile essentielle ou de plante sèche ou fraîche, veillez à ne l’ajouter qu’en fin de cuisson afin que la chaleur n’altère pas les arômes (si vous sentez la marjolaine dans votre cuisine, c’est qu’elle n’est plus dans votre plat ^^). Cela dit, cette précaution s’applique à l’ensemble des huiles essentielles employées en cuisine (géranium bourbon, citron, genévrier, etc.) ainsi qu’aux plantes sèches ou fraîches.
  • On utilise l’huile essentielle de marjolaine en cosmétique, parfumerie et liquoristerie.

© Books of Dante – 2014

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