Le ravensare, arbre-médecine malgache

Certains sites proposant des produits qu’on emploie couramment en aromathérapie se fendent de conseils attentifs, mais en prévenant le consommateur, ils font, dans le même temps, des erreurs qui alimentent encore plus la confusion. C’est le cas du ravensare. En lieu et place de cette orthographe, on trouve ravensara, et ravintsare au lieu de ravintsara. Ravensara et ravintsara, à l’orthographe particulièrement proche, ne peuvent que davantage brouiller les pistes. Ce sont alors compositions biochimiques, propriétés et usages thérapeutiques qui tombent dans le domaine de l’aléatoire. Et, on le sait, l’aléatoire n’a pas sa place en aromathérapie, où le danger consistant à employer une huile à la place d’une autre est bien réel. Il nous appartient donc de débroussailler ce terrain afin de rendre les choses claires au lecteur.

Ravensare_1

Tout d’abord, parlons un peu du ravintsara. C’est un arbre originaire d’Asie qui porte le nom de Cinnamomum camphora, autrement dit c’est un camphrier, arbre de la famille des Lauracées. Il a été introduit sur le sol malgache, contrairement au ravensare, un autre arbre de la même famille botanique, qui, lui, est endémique de Madagascar (Hautes Terres). Les deux dénominations latines permettent de les distinguer nettement. Mais, au fait qu’on distille les feuilles de ces deux lauracées tout deux implantés à Madagascar s’ajoute la proximité orthographique vernaculaire – ravensare et ravintsara. Tout cela a occasionné les erreurs qu’ont faites des sommités dans le domaine de l’aromathérapie (Baudoux, Franchomme, etc.). Encore aujourd’hui, on trouve des informations totalement erronées dans divers articles dont la lecture rend bien compte des mauvais chemins à travers lesquels se sont fourvoyés leurs auteurs.

Pour ne rien arranger, on a « inventé un autre ravensare, Ravensara anisata. Or, Ravensara aromatica et Ravensara anisata sont une seule et même espèce. De plus, en ce qui concerne le ravensare, contrairement au ravintsara, on ne distille pas que les feuilles mais également l’écorce ! Et cette huile essentielle extraite de l’écorce n’est autre que celle qu’on a appelé Ravensara anisata, comme s’il s’agissait d’un autre arbre alors que non !

Lauracées_ravintsara_ravensare

Ceci étant posé, attachons-nous maintenant à présenter l’huile essentielle de ravensare, tout en nous départissant des erreurs disponibles dans certains ouvrages.

Ravensare_2

1. Huile essentielle : description et composition

Liquide limpide, souple et incolore, l’huile essentielle de ravensare, en première olfaction – ou mieux, en massage radial – dégage un parfum où se mêlent des notes d’anis, de pin et de citron. C’est légèrement boisé et épicé, chaud sans excès. Effectivement, quand on observe la composition biochimique de cette huile essentielle extraite des feuilles, on note la présence de limonène (20 %) que l’on retrouve dans l’essence de citron entre autres, de myrcène, d’alpha-pinène, de béta-pinène et de delta-3-carène (20 %) , toutes présentes dans l’huile essentielle de pin sylvestre, enfin de phénols méthyl-ether (7 %), une famille moléculaire que nous avons abordée à travers l’article sur l’huile essentielle d’estragon. On est donc très loin, olfactivement parlant, du parfum de l’huile essentielle de ravintsara. Riche en 1.8 cinéole, elle se rapproche davantage d’un eucalyptus radié. Aussi, d’un point de vue olfactif, on ne peut confondre ravensare et ravintsara.

Il s’agit là d’une analyse de la composition de l’huile essentielle de ravensare « feuilles ». Le ravensare « écorce » est tout différent puisqu’il contient en grande quantité du méthyl chavicol (estragon, basilic) et de l’anéthole (fenouil, badiane).

2. Propriétés thérapeutiques

  • Tonique générale, positivante, immunostimulante

  • Antivirale puissante (?)

  • Relaxante, anxiolytique, rééquilibrante nerveuse

  • Anti-inflammatoire, antalgique

3. Usages thérapeutiques

  • Douleurs articulaires et musculaires, arthrite, arthrose, polyarthrite

  • Fatigue, asthénie

  • Stress, angoisse, insomnie d’origine nerveuse

4. Modes d’emploi

  • Voie cutanée diluée

  • Olfaction, inhalation, diffusion atmosphérique

5. Contre-indications et remarques

  • Cette huile essentielle ne présente pas de contre-indications majeures aux doses physiologiques normales. Cependant, certains composants (limonène, alpha-pinène) sont à même d’irriter la peau. On préconise généralement de ne pas l’employer durant la grossesse, tout du moins les trois premiers mois.

  • Pour finir, parlons un peu de l’huile essentielle extraite de l’écorce du ravensare, que l’on surnomme havozo. Elle est principalement oestrogen like, antispasmodique, digestive et antalgique. Mais compte tenu du fait que sa production entraîne la disparition de l’arbre, elle est relativement rare et précieuse. Ayant un profil biochimique proche de l’huile essentielle de basilic tropical, on préférera cette dernière, plutôt que de courir le risque de voir la flore malgache être détruite peu à peu.

© Books of Dante – 2014

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